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 où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)

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MessageSujet: où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)    où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)  EmptyDim 11 Déc - 22:17

où galopent tes meutes de chimères ?
Jael & Koso

Les longues nuits de veilles. Celles qui finissent par tirer dans le dos au petit matin, qui donnent au café un goût d’ambroisie et qui annoncent la couleur pour la journée qui suit. Des nuits qu'elle aime. Moulée de noir, armée d'un appareil photo, d'une fiole de vodka pour se tenir chaud et de toute la patience du monde. Elle aime son boulot. C'est carrément paradoxale et foutrement con. Un brin de fille à l'accent serbe et aux yeux de biches, qui aime traquer ses proies. Ça finira d'une balle dans le crâne ; bang ! Il y aura du sang mais surtout il y aura du fric. Et l'argent c'est le nerf de la guerre. Koso elle fait bien son boulot. On la voit pas dans la nuit, silencieuse comme un chat aux pattes feutrées, rapide et leste. L'objectif de son appareil photo est rivé sur une fenêtre. Elle est voyeuse pour le compte d'une femme qui a les moyens de s'offrir les services d'une tueuse à gages. Derrière la vitre, l'homme prend son pied avec sa nouvelle directrice marketing. Cette fois c'est un mari trompeur qu'elle abattra mais ça ne ressemble même pas à de la routine. Et de toute façon elle ne réfléchit pas à la culpabilité qui pourrait la bouffer si elle se laissait avoir. Elle fait son travail, ce  pour quoi on la paye, ce en quoi elle est douée. Abattre des cibles pour de l'argent. Le nez de Lobo est enfoui contre sa cuisse qu'elle ne sent plus depuis un petit moment, paralysée par l'immobilité et le froid. Même si l'hiver est plutôt doux à Savannah, rester dehors la nuit par seulement cinq degrés au dessus de zéro ce n'est jamais bien agréable. Mais ça y est. Monsieur le PDG a tiré son coup et il se rhabille. Koso a ses clichés et le ciel commence à s'éclaircir. Le lever du soleil n'est plus très loin.  Elle se lève et s'étirer, réchauffe ses nerfs en faisant rouler ses épaules, frictionne Lobo qui a patiemment attendu à ses côtés sans broncher de la nuit. Le chien fait preuve de plus en plus de sérieux dans le travail qu'elle lui demande. Il aura probablement droit à un supplément de croquettes en rentrant. Avant de pouvoir être aperçu par quiconque pourrait se lever aussi tôt, Koso déserte le balcon qu'elle a habité pour la nuit. Elle fait disparaître les traces de son passage, enfouie son matériel dans son sac à dos et dévale l'escalier de service avec le chien sur ses talons. Une fois les deux pieds sur le macadam, elle retourne sa veste. Son vieux blouson noir fait place à une veste en cuir beige. Elle enlève ses gants, attache ses cheveux. Tout pour ne pas donner l'impression qu'elle veut passer inaperçu. Il est six heures du matin et elle promène son chien. Les parties de son visage qu'elle estime quasi-congelée lui ordonne de s'arrêter dans le prochain café. Cinq minutes et un gobelet full size fumant entre les mains plus tard, Koso foule le trottoir l'esprit réchauffé. Lobo ne la quitte pas d'une semelle, les oreilles pivotant sans cesse dans tous les sens. Il aimerait sûrement se précipiter vers tous les bruits du petit matin qui l'interpelle mais il reste sagement scotché à sa maîtresse. Soudain une odeur familière chatouille la truffe du berger. Il dresse l'oreille et Koso n'a besoin que d'un seul geste pour le laisser se précipiter vers une petite masse informe affalée contre un mur reculé. Elle l'a reconnu aussi, avec sa chevelure blonde et son corps incapable de cacher sa beauté de gamine. Koso ne sait pas expliquer ce que ça lui fait de la voir dans cet état. A chaque fois elle voudrait l'arracher à cette vie qu'elle mérite pas. Lui donner toutes les paillettes qu'elle mérite, lui offrir tout ce dont elle a besoin. Puis elle se souvient de sa double vie et se rappelle que ce n'est pas possible d'aider les gens. Avec un soupir, la serbe s'accroupit à côté de Lobo qui a déjà entreprit de laver joyeusement le visage de Jael. « Petite Klimt, c'est pas un endroit pour toi. » Elle entreprend déjà de fouiller dans une de ses poches pour en ressortir sa fiole de vodka. On lui en voudra pas de vouloir réchauffer un petit corps fragile. Elle en verse une bonne rasade dans son gobelet de café qu'elle met de force entre les doigts trop fin de la jeune fille. « Tiens, bois et réchauffe toi. » Elle est un peu fatiguée Koso, elle aurait peut-être aimé rentrer chez elle pour prendre une douche brûlante et dormir avant son service au bar. Mais tant pis. Tant mieux. Elle réussira peut-être à faire manger un vrai petit-déjeuner à Jael. « Tu nous en veux pas si Lobo et moi on te tient un peu compagnie ? » Mais elle est déjà installée sur le sol froid de Savannah, le chien intentionnellement entre elles deux pour que son poil épais réchauffe l'enfant des rues.
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Jael Feliciano

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MessageSujet: Re: où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)    où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)  EmptyLun 26 Déc - 17:06

Il est tôt. Très tôt. Pourtant je tarde pas au lit. J’ai pas envie. J’ai besoin de sortir, loin, très loin de cet appartement qui une fois sur deux m’étouffe. Lentement j’enfile une robe et un collant de laine, avant de passer mes bottes et un long pull piqué à Lachlan ou bien Bren. Je sais plus trop tôt. Peut être que c’est un pull qu’a oublié Bren chez Lachlan un soir. M’enfin le principal c’est qu’il tient chaud et qu’il a une poche pour je puisse y fourrer Ali. Je prend pas le temps de me peigner ou autre chose, de toute façon c’est pas comme si j’allais rencontrer la reine pas vrai. J’ouvre la porte de la chambre de Peter et le réveille doucement pour lui indiquer que je pars, je dépose un léger baiser sur sa joue, et pendant un instant y a quelque chose dans son regard qui me donne envie d’en déposer un autre, sur son front. J’aime bien quand il est comme ça Peter, sans mots violents ou insultes acides. Je tourne sors vite de la chambre et attrape mon sac, une couverture et je m’échappe de ce huis-clos, de la panique latente.
Les rues sont désertes, toujours à cette heure-ci. Tant mieux. J’ai pas envie de croiser de gens ce matin, je veux juste ma solitude, profiter de cet entre-deux, quand la nuit se fait lentement chasser par le matin.
Marcher dans le froid me fait du bien, ça m’apaise un peu et je commence à me sentir de nouveau en forme. Je fouille dans mes poches et en sors un petit pilulier que je me suis amusé à décorer avec des gommettes que Sidney m’a donné. Je l’ouvre avec précaution, les doigts engourdit par le froid et glisse une petite pilule sous ma langue. Je sais pas trop ce que c’est. Je demande jamais. Je sais que Peter m’a toujours donné des trucs qui m’ont fait du bien. Lentement le produit se dissout dans ma bouche et je sens mon corps s’alléger, mon esprit s’embrumer légèrement et soudain tout semble quand même bien plus agréables autour de moi. Ça me fait rire et je regarde ses éclats s’envoler dans le ciel en millier d’étincelles. J’aime bien quand ça fait ça. J’ai l’impression de rêver.
J’atteins finalement mon coin habituel, pas loin d’une boulangerie et d’une école maternelle. Les parents quand ils me voient ça leur rappelle toujours que je pourrais être leurs gosses et ils deviennent généreux. Sourire aux lèvres je m’installe par terre, frissonnant au contact du pavé froid, avant d’étendre ma couverture sur mon corps. Il commence à faire froid. Peter m’a promis que j’arrêterais bientôt de faire la manche dehors et je le crois parce que je sais qu’il est humain. Qu’il me laissera pas devenir un glaçon dans la rue pour quelques dollars. La tête perdue dans mes pensées et les jolies couleurs qui défilent devant mes yeux je vois pas la boule de poils qui se jette sur moi. Je pousse un cri de surprise qui se transforme bien vite en gloussement quand le chien commence à me lécher le visage. « Arrête !! arrête ! » Mais ça ne fait qu’encourager le chien qui reprend de plus belle et moi je passe mes doigts dans sa fourrure pour le gratouiller. Petite Klimt, c'est pas un endroit pour toi. J’écarte un peu la truffe du chien pour lever les yeux vers la jeune femme qui a parlé. Koso. Et son drôle d’accent. Je l’aime bien Koso, elle vient toujours parler avec moi, elle a une aura chaleureuse qui me rend heureuse. Pourtant je réponds pas à sa phrase, parce que je sais ce qu’elle sous-entend et j’ai pas envie d’argumenter là-dessus aujourd’hui. Puis elle me tend un gobelet fumant que j’attrape avec une envie non dissimulée. J’ai rien avalée ce matin et le froid avait déjà commencé à congeler mes doigts. Alors je tiens le récipient un instant profitant de la chaleur qui se propage dans mes mains. Tiens, bois et réchauffe toi « Merci » que je murmure avant de porter le gobelet à mes lèvres. Le gout amer du café me fait grimacer mais je continue quand même de boire me brulant la langue au passage. J’ai jamais été très fan du café, préférant le thé ou le chocolat chaud. Mais je fais pas la fine bouche. Je la fais plus depuis longtemps. Puis y a un ptit arrière-gout qui me réchauffe la gorge et le nez, c’est pas mauvais. Tu nous en veux pas si Lobo et moi on te tient un peu compagnie ? Mais déjà qu’elle s’installe par terre et que le chien se glisse entre nous. Je me repose contre lui, enfouissant mon visage dans son dos en rigolant. « Non pas de problème, comme on dit la rue est à tout le monde » Même si c’est pas vrai. Je l’ai appris cette année et pas de la façon la plus agréable. Lentement je me relève pour boire une nouvelle gorgée de café avant de tendre le gobelet à Koso « Tiens tu veux pas en pendre un peu ? C’était le tien à la base » j’avais bien compris qu’il ne m’était pas destiné et je me sens un peu gênée de lui voler sa boisson comme ça. Puis je fouille dans ma poche pour en sortir Ali que je regarde grimper sur mon bras pour venir se nicher sur mon épaule, dans mes cheveux en pagaille. « Vous faites quoi debout à cette heure-ci Lobo et toi ? » Parce que c’est rare de croiser des gens quand il fait encore nuit, encore froid, comme ça.
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MessageSujet: Re: où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)    où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)  EmptyMar 3 Jan - 22:27

où galopent tes meutes de chimères ?
Jael & Koso

Si elle s’écoutait, Koso ramasserait tous les âmes errantes qu’elle rencontre. Elle aurait probablement une infinité d’animaux recueillis et tout autant de petits corps humains cherchant la chaleur et la compagnie. Mais elle a fait des choix de vies il y a longtemps. Peut-être si longtemps qu’au fond ce ne sont pas réellement ses choix ? Pourtant elle aime sa vie. Elle aime trainer avec le gang qui représente sa seule famille. Elle aime passer du temps avec son grand-père. Elle aime rire avec Bran, provoquer Saul, embêter Stevan. Elle aime leur accent qui lui rappelle la Serbie et ses parents. Elle aime aussi son métier, ses métiers. Ils la fascinent et elle ne sait même pas comment expliquer ça. Alors, oui, conjuguer son activité et son cœur en papier mâché, c’est parfois compliqué. Pourtant malgré tous ces questionnements, elle est de ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de s’arrêter discuter quelques instants avec un sans-abri. Lui donner de quoi se payer un repas, nourrir son animal de compagnie qui lui tient si chaud l’hiver. Donner aux associations caritatives, aux refuges pour animaux, aux centres d’accueil. Finalement, une grande partie de la revente de ses vols filent là-dedans. Comme si elle impulsait un certain équilibre entre l’investissement de son argent et le fait d’ôter la vie sur contrat. Comme si ça pouvait être aussi simple. Pourquoi pas après tout ? Sa vie pourrait se contenter d’être un agréable mélange entre ses traques nocturnes avec Lobo sur les talons et l’amour qu’elle veut donner à ceux qui en ont besoin la journée. Du coup, elle est bien là, Koso. Assise par terre contre Lobo, heureuse de donner un peu de chaleur à Jael. Elle est comme un petit chat, Jael. Un petit chat qui vit dans la rue mais qui n’en vient pas. Elle le sent ça, Koso. Elle sait aussi que Klimt prend des pilules, avale des couleuvres, visite des mondes. Koso en a trop vu des comme Jael pour ne pas le remarquer. Mais elle ne peut rien faire à part lui offrir un peu de tiédeur et d’amour. «Tiens tu veux pas en prendre un peu ? C’était le tien à la base » Elle hausse les épaules en enfouissant une main dans le pelage de Lobo. C’est normal que Jael continue d’être à la rue si elle rend aux gens ce qu’ils lui donnent. Avec un clin d’œil par-dessus les oreilles du chien, la tueuse secoue la tête. « J’en ai déjà bu un avant celui-ci, il est tout pour toi. » Elle ment sans remord, le sourire aux lèvres et les mains au chaud contre son compagnon. « Vous faites quoi debout à cette heure-ci Lobo et toi ? » Elle ne fait pas de détour Jael et elle est rarement timide quand il s’agit de poser des questions à la serbe. Son petit rat sur l’épaule semble particulièrement intéresser Lobo qui avance une truffe curieuse en direction de la jeune fille. Les oreilles pivotantes et les yeux malicieux, le berger souffle doucement sur la créature. Koso rit alors que son chien est fasciné par le rongeur. « Oh tu sais, je n’ai pas besoin de beaucoup d’heures de sommeil, et puis on avait besoin de se dégourdir les pattes lui et moi. » Elle ment un peu. Si peu. La vérité c’est que ces derniers temps elle a anormalement besoin de plus d’heures de sommeil que d’habitude. Elle qui se contente usuellement de quatre à six heures dans une nuit se trouve malmenée par ses activités nocturnes. Tournée vers Jael, elle plaque les mains sur les oreilles de Lobo, qui ne s’en préoccupe pas toujours absorbé par le rat, et se penche un peu plus vers la jeune fille. « La vérité c’est que si je ne lui fais pas faire son sport quotidien, il va se transformer en gros patapouf ce sale fainéant. » chuchote-t-elle sur le ton de la confidence. Elle adore divertir Jael, lui faire oublier quelques instants le sol froid et les murs glacés contre lesquels elle s’assoit tous les jours. « Et toi Klimt ? Il est tôt pour toi aussi, tu ne serais pas mieux encore sous la couette ? » Elle fouille un instant dans la poche de sa veste et en sort un paquet de cigarette. Droguée à la nicotine, elle n’apprécie plus autant les effets de la drogue douce sur son corps. Il a envoyé les poumons râler au chef en lui montrant qu’elle s’essoufflait plus vite qu’avant. Ça ne peut pas être la vieillesse tout de même ! Mais elle est trop accro pour arrêter maintenant. Plus tard. La pierre roule sous son pouce, le briquet claque entre ses doigts et la flamme vacillante dans le froid embrase la cigarette. « Tu n’as pas faim toi ? Ces balades me creusent à chaque fois. Ça te dirait qu'on déjeune tous les quatre ? » Elle se sait sans subtilité mais tout est bon pour essayer de nourrir son petit poussin sauvage.
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MessageSujet: Re: où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)    où s'échouent la plupart de tes rêves (jaeso)  EmptyDim 15 Jan - 20:25

J’en ai déjà bu un avant celui-ci, il est tout pour toi. Elle ment, je le sais. Ils mentent tous lorsqu’ils me font la charité : une tasse de café, une cigarette, quelques billets ou même un gâteau à moitié bouffé. Ils mentent tous, peut être parce qu’ils n’assument pas, peut-être qu’ils pensent que tout cela va me mettre mal à l’aise, que je vais refuser si je me rend compte qu’ils font les choses exprès pour moi. C’est mal me connaître. Je suis pas quelqu’un de fier. Je suis pas quelqu’un qui a un pseudo honneur ou un truc du genre. Si Koso veut m’offrir du café, je dirais jamais non, mais ça ne m’empêche pas de vouloir partager. Parce que c’est la moindre des choses pas vrai ? J’ai toujours appris qu’il faut partager avec les autres ce qu’on a, même si c’est pas beaucoup, même si c’est juste une tasse café au goût drôlement prononcé. Mais tant pis. Je hausse les épaules en souriant doucement. « Si tu le dis, mais si t’en veux, n’hésite pas. » Et j’avale une nouvelle gorgée, fermant les yeux un instant pour profiter de la chaleur qui se répand dans mon corps. Avant tous les matins j’avais mon thé fumant, mes tartines et mon yaourt. Aujourd’hui y a plus grand-chose pour moi, quelques miettes de biscottes à grappiller, un fond de café froid dégueulasse et un joint dès le matin. Ça coupe l’appétit, ça coupe l’esprit. Rien de mieux pas vrai. Mais j’y pense pas, j’y pense jamais, à la place jpréfère regarder Ali qui commence à embêter Lobo, comme à chaque fois que les deux animaux se trouvent face à face. Le chien ne semble pas vraiment s’en formaliser, plutôt curieux quand le rat commence à lui grignoter la truffe avant de grimper sur sa tête. Souvent je me dis que j’aimerais être un rat. Ou un chien. Ou un chat. Un animal quoi. Un animal posé, dans une jolie petite maison, avec une famille aimante. Pendant un instant je repense à ma jument, sans doute vendue quelque part et ça me brise le cœur. C’est le rire de Koso qui me fait relever la tête, qui me tire de mes pensées pas vraiment réjouissantes. J’aime bien quand elle rigole Koso, ça vole en milles éclats, et sa voix explose en couleur dans le ciel. Pas réel, je sais, mais c’est comme ça que je le vois. Un rire chaud, feutré. Oh tu sais, je n’ai pas besoin de beaucoup d’heures de sommeil, et puis on avait besoin de se dégourdir les pattes lui et moi. Hm ça je peux comprendre. Je dors pas beaucoup non plus. J’ai jamais beaucoup dormi de toute façon, j’aime pas ce qui se cache la nuit, quand je ferme les yeux, les monstres qui rampent dans mon placard personnel, j’en ai pleins. Trop. C’est terrifiant. Angoissant. Je déteste ça. Alors j’enchaine trop souvent des nuits sans sommeil, préférant somnoler quand je squatte la rue ou chez Nora ou bien Serena. C’est plus rassurant. Je m’apprête à répondre un truc quand je vois Koso boucher les oreilles de Lobo et son geste me fait rire, puis elle se penche vers moi, conspiratrice. La vérité c’est que si je ne lui fais pas faire son sport quotidien, il va se transformer en gros patapouf ce sale fainéant. Là, j’explose de rire. Sans attendre j’entoure le cou de Lobo de mes bras et l’attire vers moi, enfouissant mon nez dans sa fourrure. « Méchante Lobo sera jamais un gros patapouf » Non. Jamais. Il est trop beau pour ça. Je m’écarte un peu et commence à le flatter, gratouillant sa fourrure avec amusement. J’ai toujours voulu un chien mais mon père était allergique alors il avait toujours refusé. Et aujourd’hui c’est un peu trop compliqué. Pas sur que Bren accepte, et même si Bren disait oui faudrait que Peter soit ok. Et vu comment on était tendu en ce moment tous les deux, ça n’arriverait surement jamais. Puis un chien à l’appartement ? Hm. Non. Trop cher, trop de place. Un rat c’était mieux, plus coopératif, plus facile à cacher, à camoufler. Et toi Klimt ? Il est tôt pour toi aussi, tu ne serais pas mieux encore sous la couette ? Ah. Et moi ? J’avale une autre gorgée de café, le sang pulsant étrangement dans mes veines. Peut-être l’effet de la pilule de tout à l’heure, je sais pas. Je regarde Koso en souriant doucement, parce que je sais qu’elle se fait du soucis. Ils se font tous du soucis, gamine paumée sur le pavé. C’est mon argument majeur de vente, pour ça que je rapporte autant en ce moment, on met plus facilement la main au porte-monnaie pour une gamine angélique au bout du nez gelé que pour un pauvre gars la bouteille de bière à la main. « Pas sommeil, je me suis dis que j’allais profiter du petit matin pour m’installer dans un bon coin tu vois » parce que les bons coins se font rare en périodes de fêtes et qu’il faut souvent se battre pour rester à l’endroit souhaité. Et moi je sais pas me battre. Je sais que ramper, Seven me l’a bien fait savoir la dernière fois. Je la regarde allumer une cigarette et ça me donne envie. Je fume pas souvent, surtout des joints quand je traine à la maison, ça me rappelle les soirées à l’internat entre filles quand on faisait tourner une bouteille de vodka et un paquet de clopes tout en parlant des garçons, des profs, de nos parents. « Je peux en avoir une ? » Café, cigarette, je deviens grande, mon père me regarderait surement la larme à l’œil. Larme qui serait surement pas de fierté mais bon, on peut toujours espérer pas vrai ? Mais bon, la question ne se pose plus. Plus du tout. Ca me fait penser que je dois passer au cimetière changer les fleurs de sa tombe, nettoyer un peu. Personne doit le faire puisqu’il a été enterré à Savannah et non chez lui. Et je sais qu’on peut pas vraiment compter sur Cece pour passer. Elle ne l’a jamais aimé de toute façon, alors pourquoi commencerait-elle à prendre soin de lui maintenant qu’il est enterré ?
Tu n’as pas faim toi ? Ces balades me creusent à chaque fois. Ça te dirait qu'on déjeune tous les quatre ? Elle est directe Koso. Encore un truc que j’aime bien chez elle, c’est qu’elle me perd pas dans des dédales de sous-entendus. C’est rare les gens comme ça, autour de moi les autres sont trop compliqués, foutant des si, des peut être, des pourquoi pas ou des imaginons dans toutes leurs phrases. Non. Koso elle va droit au but. Est-ce que j’aimerais manger avec elle ? Et Lobo ? Je récupère Ali et le porte à la hauteur de mon visage « Je sais pas, je me demande si Ali a faim » moi oui. Mais j’aime bien prétendre que non. Je fais semblant d’écouter ce que me dit Ali, hochant la tête, concernée, avant de me tourner vers Koso «Il demande ce que tu voudrais manger. Il a des goûts très complexes pour un rat tu sais » Non, c’est pas vrai, mais j’aime bien prétendre que si. Inconsciemment je lui fous les maigres souvenirs que j’ai d’Alijah, le vrai, le biologique. Alijah le menteur, Alijah le lâcheur. « On devrait pouvoir venir, seulement si on est de retour dans moins d’une heure, après ça va être l’heure où les gens arrivent et je veux pas louper le coche. » Ca serait con, de revenir les poches vides, encore une fois.
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