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 daddy issues (luciev)

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Seven Popescu

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MessageSujet: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyMar 8 Nov - 13:40

Y a un sourire qui tremble sur ses lèvres, pas très stable, dans un espèce de flou artistique. Il termine un autre verre – incapable de dire à combien il en est – et rigole à une connerie balancée par l'un de ses potes. Il enchaîne encore et encore, comme s'il voulait qu'son cerveau soit tellement imbibé qu'il puisse plus fonctionner. Tout effacer. Tout oublier. Respirer. Mais il tourne la tête et aperçoit un type, qui le fixe sans bouger. Il le regarde de travers là, on est d'accord ? Il le regarde bien de travers ? Putain, il le regarde de travers. Il. Le. Regarde. De. Travers. IL LE REGARDE DE TRAVERS, CE CONNARD. Sev se lève d'un coup, sans que personne ne sache pourquoi, avant de foncer vers l'inconnu d'un pas décidé mais mal assuré. Il le chope au col et le force à décoller le cul d'son tabouret, plantant ses pupilles sombres dans les siennes. « C'EST QUOI TON PROBLÈME À TOI ? » Mais sans attendre de réponse, il le balance contre le mur le plus proche et trébuche jusqu'à lui, son poing venant cueillir sa mâchoire dans un bruit sourd. Le pauvre type ne comprend rien à ce qui lui arrive, comme tout le reste du bar. Mais Seven s'en fout. Seven se met à cogner. Sans raison valable, sans aucune logique à ce soudain éclat de colère. C'est juste que ça bouillonne à l'intérieur, depuis trop longtemps, avec tout ce qui lui tombe sur la gueule sans qu'il soit capable de le gérer. Il retient et il retient et il retient, jusqu'à ce que ça explose. Et ça tombe sur ce pauvre gars. Tant pis pour lui, il avait qu'à pas être là, il aurait pas dû l'regarder comme ça. Ses poings pleuvent comme de l'acide et il s'en prend quelques belles en échange, mais ça l'arrête pas. Il revient à la charge, encore, toujours. Ignorant le sang qui s'écoule de son nez, de sa lèvre éclatée, les bras qui tentent de venir le maîtriser et qui récoltent des coups comme des balles perdues. Ça gueule, ça l'engueule, ça essaie d'le contrôler mais il écoute rien. Il voit plus rien, aveuglé par la rage qu'il laisse un peu éclater, qu'il abat sur quelqu'un qui n'avait rien demandé, à défaut d'avoir ceux qu'il voudrait sous la main. Ses phalanges craquent à chaque coup qu'il porte et l'autre finit à terre, mais il continue quand même, il lui fout des coups de pieds violents, et faut croire que c'est de trop. On arrive enfin à le contenir, il sent une secousse plus forte que les autres heurter son visage et le sonner un peu, alors qu'on lui crie dans les oreilles. Il pige plus rien à c'qui se passe, il essaie de se dégager sans y arriver, et il s'remet à gigoter quand il voit les flics arriver. Les flics, putain. Qui est le traître qui les a appelés ? « Ouais, ouais, ok, allez-y embarquez-le c'fils de pute. Il est là-bas. » Qu'il crache d'un ton un peu emmêlé, désignant de l'index sa victime qui a un torchon sur la gueule pour éponger le sang, et un regard aussi haineux que celui de Sev est vitreux. Mais évidemment la police n'vient pas pour l'autre, la police vient pour lui et il le sait. Il a beau s'agiter comme un pantin désarticulé, il est fait comme un rat. On vient l'empoigner fermement et on commence à l'escorter, alors il se secoue d'autant plus brutalement, tentant de s'défaire de leur emprise. « EH MAIS LÂCHEZ-MOI ! » D'un mouvement ample, il arrive finalement à libérer son bras droit, et l'envoie automatiquement valser dans la figure du flic. La réaction s'fait pas attendre : l'étau se resserre autour de lui et on s'met à crier sur lui à nouveau, il s'fait plaquer contre un mur et on lui colle carrément des menottes. C'est du foutage de gueule. « Bande de tapettes. J'suis sûr que vous vous êtes enculés avant d'venir, c'est dégueulasse. » Et c'est l'hôpital qui se fout d'la charité, certes. Pourtant y a une telle conviction et une telle haine dans sa voix que ça en devient dérangeant. Certains préceptes de Lucian Senior se sont bien ancrés dans sa boîte crânienne ; ça ferait presque de la peine.

Coups et blessures, outrage à agent, c'est pas joli-joli. Il reste avachi sur sa chaise pendant qu'le rapport est tapé, avec un air suffisant collé sur la tronche. Clairement, il s'en fout, et il tente même pas de faire semblant. Non, il préfère aggraver son cas et s'armer de son sarcasme à chaque fois qu'il ouvre la bouche, prenant ouvertement les gens pour des cons. Il voit bien, qu'ça les agace. Alors ça le pousse à continuer, à pousser le vice, à jouer son rôle de sale gosse arrogant qui lui va comme un gant. Et on finit par l'accompagner en cellule alors qu'il ricane, aucunement perturbé par toute cette situation. C'est pas la première fois qu'il finit au poste, et c'est certainement pas la dernière non plus. Il s'en contrefout – il sait très bien qu'on viendra de toute façon le chercher, et qu'il pourra recommencer son p'tit manège comme si de rien était. Mais faut croire qu'il les a un peu trop emmerdés, les poulets. On l'enferme sans plus de cérémonie, et on lui donne pas accès à un téléphone. Sûrement qu'ils veulent le laisser un peu mariner, sauf qu'il est pas tout à fait du même avis. « Eh oh, il est où le joker du coup d'fil à un proche ? » Il demanderait bien celui de l'avis du public, mais ça serait pas en faveur – c'est jamais en sa faveur, ces trucs-là. Il est tenté de recommencer à s'énerver et les insulter, mais l'alcool est redescendu et l'euphorie avec lui. Il sait que c'est pas une bonne idée, alors il se tait. Il brandit son majeur bien haut, se prenant un mur d'indifférence pour toute réponse. Quelle belle brochette d'enfoirés. Il lâche un soupir exaspéré, cognant son front contre les barreaux pour exprimer toute sa frustration. Et puis il s'rend à l'évidence : il est coincé là pour un p'tit moment. Alors il finit par se désintéresser d'la volaille, faisant volte-face pour aller s'asseoir dans un coin. Mais à peine a-t-il fait un pas qu'il se fige, prunelles vrillées sur une carcasse qu'il reconnaîtrait entre mille. C'est pas faute de la fuir, de tenter de l'effacer de sa vie, de son esprit. L'ombre plane toujours sur lui. « Putain. » Il a l'impression qu'ça fait des siècles qu'ils se sont pas retrouvés face à face, et il sent son cœur se serrer, sa respiration s'accélérer. Ses traits se durcissent, son regard se fait noir et ses poings se crispent. Il a aucune envie de voir son père. Encore moins de s'retrouver dans un espace aussi confiné en sa compagnie. Il se sent soudainement pris au piège, comme une gazelle qu'on aurait jetée dans la fosse aux lions. Prudemment, il recule comme on le ferait face à une bête sauvage, fuyant les yeux de son paternel. Il les sent peser sur lui et ça lui fout la nausée, il a envie d'se cacher, il voudrait effacer les traces de sang qui ont séché sur son visage et sur ses mains, stigmates de son altercation. Il voudrait qu'on le sorte de là, qu'on vienne le sauver ou que le sol s'ouvre sous ses pieds. « J'veux téléphoner ! » Qu'il balance à la volée aux flics qu'il voit passer, mais on lui rit au nez, on lui dit « et moi j'boirais bien une bière mais on a pas toujours c'qu'on veut dans la vie » et on le laisse dans son agonie. Il tourne le dos à Lucian, il s'cramponne aux barreaux, il les couve tous d'un regard à mi-chemin entre la haine et la détresse. Il panique, son sang bouillonne, tambourine à ses tempes et lui donne beaucoup trop chaud. Mais il veut pas l'montrer. Il peut pas exposer ses failles. Sinon, l'autre en profitera pour lui déchirer les entrailles.
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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyMer 9 Nov - 13:44



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Lucian, c'est des putains de montagnes russes. Il oscille entre le chaud, le froid. Il fait vaciller les esprits qui l'entourent. Imprévisible. Un père minable de surcroit. Rabaissant. Amer. Destructeur. Lui n'en a pas vraiment conscience. Le père de famille voit ses enfants fuir le foyer familial les uns après les autres sans se poser la moindre interrogation. Pas de remise en question. Il préfère ne pas s'attarder sur le passé et jeter des regards en arrière, persuadé que ces enfants lui vouent un amour inconditionnel. Son père n'a pas été tendre avec lui. Pourtant Lucian ne lui a jamais tourné le dos. Jusqu'à la fin. Il suppose tragiquement que ce sera pareil pour ses propres rejetons. Son cœur est dur comme de la pierre. Lucian en a baver dans le passé mais il préfère respecter l'adage: ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. L'acceptation basique de ce précepte lui avait retiré une épine du pieds. La souffrance éprouve mais endurcit. Les chocs marquent mais le Popescu les encaisse sans broncher. Parce qu'avec le temps, les déceptions, on s'y fait. Accoudé à son bar préféré, son poing s'abat contre le marbre. « Serre moi un autre verre putain ! » Il est mécontent et c'est peu dire. Plus menaçant, il se lève de son tabouret. Sa main droite vient fermement agripper la chemise du serveur en face de lui. « Écoute moi gamin. Tu n'as pas envie de me fâcher n'est ce pas ? » le regard menaçant qu'il lui porte suffit à le convaincre à sortir la bouteille de whisky qui trône derrière le bar. Une victoire qui le rend souriant. Tout ce qu'il a obtenu dans la vie, c'est par la force. Croyez le ou non, on peut gagner beaucoup simplement en instaurant un climat de terreur. Notamment, le respect. En temps de guerre, Lucian aurait fait un excellent dictateur. Malheureusement pour lui c'est aujourd'hui l'argent qui règne en maitre. Quelques minutes et voilà les poulets qui débarquent. « Raah t'as pas fait ça ? » un dernier regard vers lui alors que les deux policiers s'avancent dans sa direction. Un regard qui en dit long et qui fout probablement les chocottes au bienheureux derrière son bar. Une chance pour lui, si l'épais meuble fait de marbre ne les séparait pas, il lui en aurait collé une. Il rend les armes, ce n'est pas la première fois que son comportement incite quelqu'un à joindre les flics. Se battre serait futile puisque les poursuites engagés derrière lui ferait perdre trop d'argent. Il règlera ses comptes plus tard avec le barman.

Il est là, allongé dans sa cellule, guettant les gestes inlassable de ceux qui se glorifient de faire respecter la loi. A attendre. Simplement attendre que sa femme ou Anca se décide à régler la plainte afin qu'il puisse sortir d'ici. Les mains derrière la tête, il fixe le plafond avec ennuie. « Eh oh, il est où le joker du coup d'fil à un proche ? » Il se redresse, son regard fixe la silhouette qu'il n'a plus vu depuis trop longtemps pour la reconnaitre de dos. Le gosse se tourne. Le verdict est sans appel. « Putain. » Sa progéniture donne l'impression de vouloir se rouler en boule et disparaitre. Triste au pathétique. La carrure frêle et désinvolte de celui qu'il considère toujours comme un adolescent le laisse pantois. Il ne s'est pas endurcit une seule seconde et la peur qu'il lit dans le regard de son fils confirme ce qu'il pense. Il fuit son regard comme s'il pouvait se brûler les yeux rien qu'à le regarder. Il n'a donc rien retenu des leçons qu'il a mener durant l'enfance. Un homme, un vrai, ne détourne jamais le regard. Il l'affronte. « J'veux téléphoner ! » La panique dans sa voix. Cabossé. Le gamin a perdu l'assurance qui lui sciait à merveille quelques secondes plus tôt. « et moi j'boirais bien une bière mais on a pas toujours c'qu'on veut dans la vie » Le respect qui ne s'impose pas quand il parle. Au contraire. Ca le met hors de lui Lucian. S'il y a bien une chose qu'il tolère encore moins que la faiblesse de ses propres enfants, c'est cette déférence envers eux.  « J'peux savoir lequel d'entre vous a dit ça ? » Un rire jaune et il reprend: « A moins qu'il n'est pas assez de couilles pour se dénoncer. » Prit dans sa fierté, le policier s'approche. Si sure de lui. De sa force. De sa position de supériorité. Si seulement il savait. Il ne se frotterait pas au diable. « un soucis papy ? » Un rire amusé, digne du joker dans sa première adaptation au cinéma, s’échappe des lèvres du père de famille. Il attrape le col du bouffeur de donuts avec une telle vivacité que sa gueule vient s'écraser contre les barreaux de fer qui forge sa prison. Crétin arrogant qui se croit tout permis. Une chance pour lui qu'il soit de ce côté et qu'il ne puisse rien faire de plus parce qu'il lui aurait bien plus abimé le portrait que ça. Après un aller retour entre les barreaux, il relâche sa proie et annonce: « Le gamin a dit qu'il voulait téléphoner. » Une victoire. Un sourire satisfait sur le visage. Le malaise ambiant dans la pièce alors qu'il a instauré un climat de peur. La porte s'ouvre finalement pour laisser Lucian Junior en sortir et passer son coup de fil.

De longues minutes défilent avant que Lucian ne voit son fils revenir dans la cellule. Il fronce les sourcils par égard pour son gamin qui s'obstine à ne pas le regarder. « Je vois que tu n'imposes toujours pas le respect. » lâche t-il froidement. Il veut être fort son gosse mais au final c'est juste une pauvre gamin bloqué dans le passé. Pathétique. Incapable de grandir ou de faire un pas en avant. « Pourquoi t'es là ? » Son visage en sang, ses poings aussi. Il s'est battu et cette simple idée comble le patriarche de joie.

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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptySam 12 Nov - 17:00

L'impression d'être fait comme un rat, de n'être que du bétail qu'on a balancé à un fauve affamé. Seven veut pas s'faire dévorer. Il veut pas affronter son père, il veut ni le voir ni lui parler, il veut pas rester une seconde de plus avec lui, à respirer l'même air, à suffoquer parce qu'il prend toute la place et l'écrase rien que par son existence. Il voudrait secouer les barreaux jusqu'à ce qu'ils cèdent sous le poids de la fureur qui l'agite, s'mettre à hurler à s'en péter les cordes vocales, jusqu'à ce qu'on daigne le sortir de là. Mais il peut pas. Il peut pas se montrer faible, il a pas l'droit – encore moins en présence de son géniteur. Les vibrations d'sa voix trahissent sa détresse quand il demande à téléphoner, et la moquerie qui lui répond lui donne envie de tuer, ou de crever. Tout, pourvu que ça mette fin à son calvaire. « J'peux savoir lequel d'entre vous a dit ça ? » Ça résonne dans la cellule et Seven se fige de la tête aux pieds, sans oser se retourner, serrant les mâchoires avec une telle hargne que ça en devient douloureux. « A moins qu'il n'ait pas assez de couilles pour se dénoncer. » Il reconnaît la texture de sa voix, le ton qu'elle prend et ses moindres subtilités – Lucian Senior n'est pas content. Il sait c'que ça veut dire, son corps le sait même mieux que lui et réagit en conséquence. Ses poings se crispent si fort que les jointures blanchissent, ses muscles se tendent, ses sens restent aux aguets. Il s'écarte un peu, devinant qu'ça n'en restera pas là. Sachant pertinemment qu'son père ne laissera pas passer ça. Et il voudrait lui dire de fermer sa gueule, de pas s'en mêler, de retourner végéter dans son coin et de faire comme s'ils se connaissaient pas. Mais les mots restent coincés dans sa gorge et ça brûle, ça fait comme un acide qui lui ronge la langue et les entrailles, qui fait bouillonner la rage en lui. « Un souci papy ? » Silencieux, il observe le flic s'approcher avec un air arrogant, se crispant d'autant plus quand il entend le rire de son paternel. Et il s'écarte encore un peu, pour lui laisser la place, pour n'pas être trop près, pour garder une distance de sécurité. Il le voit choper le type au col et le faire embrasser brutalement les barreaux, mais ses os vibrent en écho à ceux de la victime, en souvenir des fois où il s'est trouvé dans la même position. Vulgaire pantin, désarticulé par ses mains. « Le gamin a dit qu'il voulait téléphoner. » Son visage trop blême ces derniers temps reprend petit à petit couleur, une teinte un peu rouge, comme sa colère, comme la honte qui lui cuit l'épiderme. L'humiliation de voir son père parler en son nom, comme s'il n'était qu'un gamin incapable, comme s'il avait douze ans. Et sûrement que de l'extérieur c'est presque honorable, c'est un patriarche qui vole au secours d'son fils. Mais pas chez les Popescu. C'est Lucian qui s'impose, qui prouve une fois de plus que son rejeton ne fait pas l'poids, qu'il n'est pas à sa hauteur. Il se sent tellement rabaissé qu'il voudrait tout saccager, mais ça sort pas. Ça le déchire de l'intérieur, et tout ce qu'il peut faire, c'est ignorer son père quand il le contourne pour sortir de la cellule. Pas un mot, pas un regard. Il fait comme s'il n'existait pas, et y a c'truc en lui, qui voudrait que ce soit vraiment le cas. Que celui qui l'a façonné n'ait jamais été là.

On l'accompagne jusqu'à un téléphone, et il s'empresse de composer les numéros qu'il connaît. Quelqu'un qui puisse venir le chercher. Il appelle les Yobbos un par un, mais aucun ne répond. Il enrage, peste contre le combiné, balance ses pieds dans le mur pour laisser filtrer un peu d'sa frustration. Forcé de laisser de simples messages virulents, demandant à ce qu'on vienne le récupérer au plus vite. Condamné à espérer que l'attente ne soit pas trop longue, ou qu'un Popescu plus charitable que lui se charge du paternel rapidement. Tant que son père n'est plus là, il s'fout bien d'être enfermé toute la nuit. Mais sa présence reste désespérément écrasante quand on le raccompagne dans sa cage, et Seven continue de faire comme s'il ne le voyait pas. Évitant soigneusement son regard, se tenant aussi loin de lui qu'humainement possible. S'il pouvait s'incruster dans les murs pour lui échapper, il le ferait sans hésiter. « Je vois que tu n'imposes toujours pas le respect. » C'est froid, ça claque dans l'air, ça claque sur sa gueule comme les poings auxquels il a plus goûté depuis un bon moment déjà. Ta gueule. Ta gueule. Ta gueule. Ta gueule. Ça tourne en boucle dans sa boîte crânienne, comme une litanie, comme un cri silencieux qui suinte à travers tous ses pores. Ses traits crispés, ses poings qui se serrent et se desserrent frénétiquement. L'envie de cogner, mais la crainte qui l'en empêche. Faut juste qu'il l'ignore. Peut-être que l'autre se lassera et abandonnera la partie, peut-être qu'il aura la paix. Mais y a trop de guerre dans leurs gènes. « Pourquoi t'es là ? » Enfin, il daigne relever un peu le menton, vrillant ses prunelles sombres dans celles de son aîné. Il a le regard noir, teinté de cette lueur haineuse, pourtant chargé d'cette anxiété qui le prend aux tripes quand Lucian Senior est là. « Qu'est-c'que ça peut te foutre ? » C'est chargé d'amertume, lâché sur un ton sec et méprisant. La violence vibre dans son cœur, au bout d'ses doigts, mais il ne bouge pas. Figé à l'autre bout de la cellule, affrontant enfin le regard de son père. Et il finit par soupirer, avant de finalement obtempérer. Il lève légèrement les mains devant lui, montrant le dos de celles-ci, laissant apparaître les traces de sang séché sur ses phalanges. « J'me suis battu et j'ai insulté les flics. C'est bon, ça y est, t'es content ? » Il voit l'étincelle dans les yeux de son géniteur et ça lui fout le cœur au bord des lèvres, ça lui donne envie de tout effacer et de n'jamais recommencer. Mais paradoxalement, y a le besoin de frapper qui le démange un peu plus à chaque seconde, et il se force à l'immobilité pour n'pas céder. Pour ne pas se rabattre sur les murs en laissant éclater sa rage, pour ne pas lui offrir cette victoire. « T'as eu c'que tu voulais, maintenant tu m'lâches. Et puis t'façon, ces tafioles me garderont pas longtemps. » Il se tient un peu plus droit, refusant de ployer face à lui, retrouvant un peu d'son insolence habituelle. Au point qu'il a l'air de donner des ordres à son père. Au point qu'il déborde d'une assurance complètement factice, bancale et ridicule. Il ment. Il sait pas combien de temps il va rester coincé là. Il espère juste que ça durera pas, parce qu'il suffoque en la présence de celui qu'on appelle papa.
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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyMar 15 Nov - 17:52



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Il a grandit son gosse. C'est plus le gamin qu'il a laissé. Plus fort. Comme quoi, le manuel de savoir survivre que lui a imposé le paternel dans l'enfance a servit. Il sait pas Lucian que c'est à cause de lui que son gosse s'est barré dès qu'il a pu. Toutes ces fois où son fils a préféré se boucher les oreilles plutôt que de subir les remarques blessantes de son père. Il comprend pas qu'à force d'endurer jour après jour les coups, les remontrances, son fils a préféré se barrer. A force de vivre dans la peur. Dans l'ombre. Dans cette attente sournoise. Parce qu'on ne sait jamais quand le démon va s'emparer du corps de Lucian. La colère qui gronde en lui. Incontrôlable. Il y en a trop en fait, de l'amertume dans sa tête. Il sait pas quoi en faire. L'agressivité et la violence comme seuls remparts contre tous ce qu'il ne comprend pas. Tragiquement, il a enduré ça par le passé lui aussi et a finit par se convaincre que c'était ce qui l'avait rendu plus fort aujourd'hui. Que c'était les souffrances physiques et morales qui forgeaient l'homme. Alors il reproduit. De toutes façons, il saurait pas faire autrement. Le mysogine n'a que ça: sa violence et ses principes à la con. Cette vie de famille détruite par le patriarche. Lucian qui jure que c'est normal de trainer son gamin de dix ans et de lui foutre une raclé, juste parce qu'aujourd'hui c'est un homme. Juste parce qu'il considère que son gosse s'en sortira pas dans ce monde hostile s'il lui file pas les clés. Celle que lui même détient. « Qu'est-c'que ça peut te foutre ? » Qu'il se détrompe Seven. Lucian se soucie de ses enfants. Il les aime. Jamais il ne leurs dira. Parce que c'est pas comme ça dans sa tête. Les mots qu'il ne peut prononcer de peur de s'affaiblir. C'est con putain mais il le prouve à la force de ses poings son amour, de ses insultes en tout genre et dieu sait ce qu'il a pu manger le petit Lucian junior quand il était encore une âme naïve. « J'me suis battu et j'ai insulté les flics. C'est bon, ça y est, t'es content ? » Ses mains qu'il exhibe à son père pour appuyer ses propos. Dans les yeux de Lucian, y'a cette lueur de fierté qui s'éclaire. Il lui tarde de raconter ça à sa femme. Sa chère et tendre. Il se voit déjà autour de ce qu'elle lui aura préparer: tu sais le gamin, je l'ai croisé. Ca y est, c'est devenu un homme, un vrai. Il est content. Il jubile à la simple idée que son gosse ait foutu une raclé à quelqu'un d'autre. Il cherche même pas à savoir pourquoi. Il s'en fout pas mal de la raison qui l'a poussé à chier sur la gueule de ces putains de flics, ces connards l'avaient surement mérités. Il pourrait faire un aveu troublant à son gamin. Lui dire qu'il lui a manqué, qu'il est contente de le voir là, et de voir ce qu'il est devenu. Plutôt crever que d'admettre un truc pareil en même temps. Alors il se contente de regarder sa progéniture avec ce sourire glorieux sur le visage et il assène: « Tu deviens un homme. » Il est sincère l'indignation qu'il ressentait jusque là pour son rejeton s'évapore en une fraction de seconde.

Lucian se souvient avoir vu les médecins s'affairer autour de son cas la première fois où le père avait posé la main sur son fils. Faut dire qu'il y était pas allé de main morte. L'explication était presque vaseuse: il est tombé. Lucian Junior avait protéger le secret. Digne de confiance. « T'as eu c'que tu voulais, maintenant tu m'lâches. Et puis t'façon, ces tafioles me garderont pas longtemps. » Il reste là le gamin. Il ose enfin regarder son père. Comme s'il n'était pas terrifié par sa présence. Un stratagème habile. Sauf que le patriarche sent sa peur. Un sixième sens chez lui. Un truc un peu fou quand on y pense mais il est comme un animal, il pressent cette émotion. Il est pas dupe face au comportement trop méprisant de son fils. Comme accrocher au respect qu'il impose par la terreur. Il fixe son enfant sans cligner des yeux une seule fois. Provocateur né. Lucian prétend être tout puissant. Il n'hésiterait pas à punir le petiot s'il lâchait le moindre soupir. Aux aguets de ses failles, de ses faiblesses pour réussir à s'y engouffrer et protéger son statut d’oppresseur. Sans s'en rendre compte, il aime cette place, cette supériorité qu'il impose de sa stature. « Frappe moi. » lâche t-il froidement. Il mesure chacun de ses mots. Il veut froisser son fils. Il veut le faire déborder. Péter un plomb. Qu'il sorte ce qu'il a dans les tripes. Cette putain de colère latente au fond du cœur.  « T'en crèves d'envie ! Va y. » ajoute t-il, plus sournois encore alors qu'il le sent au bord de l'implosion. Prêt à éclater. Les policiers se taisent dans le fond. Sans doutes qu'un oeil maladroit se pose sur la scène mais c'est dans leurs intérêt de ne pas lever le petit doigt. Baisser la tête et fermer leurs gueules, c'est ce qu'ils ont à faire de mieux. Parce que s'ils s'en mêlaient, Lucian se trouverait beaucoup moins sympathique. Bien moins calme qu'à l'heure actuelle. « Alors quoi, t'en es pas capable ? De quoi t'as peur ? » ajoute t-il pour achever de le provoquer.

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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyMar 15 Nov - 20:44

« Tu deviens un homme. » Son cœur loupe un battement. Sa gorge se noue. Ses tripes se tordent. Ses prunelles se plantent dans celles du paternel, qui affiche ce sourire victorieux, ce truc écœurant et insupportable à regarder. C'est même plus un sourire – c'est qu'une foutue balafre, qui vient lui fendre le visage en deux pour lui donner des airs de vilain de dessin animé, de Joker un peu raté. Seven voudrait lui hurler de la fermer. Le forcer à retirer ce qu'il vient de dire. Effacer l'éclat presque fier qu'il voit dans ses yeux. Il veut pas. Il veut pas rentrer dans ses critères, il veut pas lui donner cette victoire, il veut pas devenir ce que Lucian a toujours espéré, il veut pas être son fils, il veut pas lui ressembler. Il veut pas être comme lui. Il peut pas. Ça fait des années qu'il lutte pour lui échapper, et pourtant, il suffit de quelques minutes ensemble pour que tous ses efforts soient balayés. Preuve que les fondations sont loin d'être aussi solides qu'il aime le croire ; preuve qu'il est toujours aussi vulnérable face à son géniteur. Il fait tout pour le cacher, pour rester droit et digne, pour faire mine d'être fort. Il lève le menton, le vrille de ce regard noir, regrettant de n'pas avoir des mitraillettes à la place des yeux. L'insolence dans sa voix coule comme de l'acide, pour camoufler le trouble que réussit à semer son père par sa simple présence. Mais même ça, c'est pas crédible. Même ça, ça suffit pas pour décoller la putain d'étiquette estampillée pauvre gosse, sale gosse, collée sur ses traits tirés, ses phalanges abîmées, son cœur déchiré. « Frappe moi. » Le masque tombe. L'incrédulité se lit sur sa tronche alors qu'il dévisage son père, sans comprendre. Et ça résonne dans sa tête, et ça fait un effet boomerang jusqu'au creux d'sa cage thoracique, jusqu'à l'arrière de sa boîte crânienne. Frappe-moi. Pour toutes les fois où les empreintes de Lucian Senior sont restées imprimées sur sa peau, pour tous les coups qu'il a encaissés sans broncher ou presque, pour toutes ces leçons ancrées jusque dans ses os. Frappe-moi. Pour ses dix ans, pour l'innocence arrachée, pour les pleurs qui n'ont trouvé aucun écho chez le paternel, pour les supplications restées sans réponse, pour le lit de verre sur lequel il s'est fait coucher et les cicatrices qui lui zèbrent encore le dos à ce jour. Frappe-moi. Pour tous les mots qui résonnent dans sa tête, pour tous ces préceptes à la con dont il parvient pas à se décoller, pour la misogynie latente dont il fait preuve à son tour, pour son incapacité à communiquer autrement que par la violence, pour ce dégoût envers sa propre personne à cause de tout ce qu'on lui a dit qu'il ne fallait pas être. Frappe-moi. Pour toute la honte qui lui colle à la peau, pour toutes les emmerdes qui viennent avec son nom, pour ces gènes maudits qu'il est forcé de se coltiner, pour la crasse dans laquelle il a dû se forger. Frappe-moi. Pour se retrouver septième de la tribu, paumé dans tout ce bordel, pour les plaies qui passent de père à enfant et de frère à sœur et inversement, pour être une bête de foire dans ce vaste cirque qu'on appelle bêtement famille. Frappe-moi. Frappe-moi. Frappe-moi. Ça tourne en boucle et ça l'étouffe, figé sur place, incapable de réagir. Pétrifié.

« T'en crèves d'envie ! Vas y. » Bien sûr qu'il en crève d'envie. Il est prêt à parier que c'est l'cas de toute sa fratrie – sauf peut-être Anca, qui est beaucoup trop bien pour tout ça, pour le patriarche, pour lui-même aussi. Il s'retrouve dans une bulle, comme si un ring venait d'être érigé au milieu de leur cellule. Lucian Senior installé au milieu, qui l'attend paisiblement. Et Seven, qui se colle contre le mur opposé, son dos s'enfonçant dans le béton comme s'il voulait le traverser. Il veut pas y aller. Il veut pas obéir, il veut pas le frapper. Y a une tempête qui se déchaîne dans ses veines et qui le démange, mais il veut pas céder. « Ta gueule. » C'est lâché entre ses dents serrées, tellement que c'est à peine compréhensible. Ses phalanges se crispent en deux poings contre ses flancs, et s'mettent à trembler alors qu'il lutte pour se contenir. Il comprend pas à quoi il joue, cet enfoiré. Il comprend pas ce qu'il veut et ça lui fait peur, parce qu'il a appris à s'en méfier, parce qu'il ne lui accorde aucune confiance. Le frapper, et puis quoi ? Se faire allonger comme un malpropre ? Se prendre une rouste devant tout le commissariat ? C'est quoi l'idée ? Ça lui manque, au padre, de foutre des raclées au numéro sept ? Il pige pas. Il sait pas. Il veut pas. « Alors quoi, t'en es pas capable ? De quoi t'as peur ? » Et ça gronde à l'intérieur, ça éveille le monstre qui lui ronge les entrailles, celui que Lucian a créé de ses propres mains, par la force de ses poings. Sev se sent rabaissé et la sensation d'humiliation refait son apparition, déclenchant sa rage et son indignation. Il supporte pas d'être traité de faible – et même si le mot n'a pas été prononcé, c'est clairement ce qui est sous-entendu. « Tu crois que tu m'fais peur ? » Et malgré lui il s'approche, ses pieds agissant de leur propre fait, son instinct prenant le pas sur sa raison. Il avance lentement, son regard assassin figé sur son père, sa carcasse vibrant sous la force de la colère qui l'secoue à l'intérieur. « Tu crois que j'vais pas oser te toucher juste parce que t'es mon père ? » Les traits déformés par le chaos qui le dévaste petit à petit, il continue de marcher vers lui, la respiration hachée et les mâchoires crispées. « J'AI PAS PEUR DE TOI, PUTAIN ! » Si. Il a peur de lui, peur de tout ce qu'il représente, peur de sa voix et ses mots et ses poings et sa carrure et lui tout entier. Brutalement, il le pousse vers l'arrière mais c'est à peine si sa cible recule d'un pas ou deux. « T'ES RIEN ! T'ENTENDS ? RIEN. RIEN. RIEN. » Et pourtant il continue d'avoir peur. Peur de lui ressembler, d'être comme lui – qu'on voit en lui le digne héritier de Lucian Senior. Il le prouve malgré lui, encore et encore, en recopiant les travers de son père, en devenant un peu plus comme lui à chaque geste qu'il fait pour tenter de s'en éloigner. Et y a tout qui remonte d'un coup – son altercation avec Iulia, la peur de perdre Anca, les retrouvailles avec tout l'monde en même temps, la peur d'être un monstre, la douleur fantôme dans son corps qui a été brisé, le carnage répandu dans son esprit fissuré, le poids d'ses mains sur le monde quand il détruit tout autour de lui. Ça l'prend aux tripes et y a plus aucune lumière dans ses yeux, il n'reste que la rage et la souffrance, sourde, qui vibre dans ses os jusqu'à venir suinter par tous ses pores. Son poing se lève, s'abat sur la mâchoire de son paternel une première fois. Et ça explose comme une grenade dégoupillée dans ses veines ; comme si tout se libérait en même temps. « J'SUIS PAS COMME TOI ! » Il vise le nez pour le second coup, puis le troisième vient cueillir Lucian Senior sous le menton pour faire basculer sa tête en arrière. Le sang a commencé à couler, les plaies sur les phalanges de Seven se sont rouvertes – mais c'est rien en comparaison de celles qui n'se voient pas, celles qu'il enfouit soigneusement. Et il finit par se ruer sur son père dans un cri aussi enragé qu'empli de détresse, lui faisant perdre l'équilibre, projetant leurs deux carcasses au sol avec fracas. Le front de Seven heurte les pavés suffisamment fort pour l'étourdir, et il se roule sur le dos, portant une main à son visage en lâchant un grognement plaintif, un peu sonné. Il voit flou alors il ferme les yeux, le souffle court et le sang battant à ses tempes. Et il voit pas, Sev. Il voit pas qu'en voulant faire croire qu'il a pas peur de lui, il a prouvé exactement le contraire.
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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyVen 18 Nov - 10:47



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Cette rencontre a pour effet de propulser Lucian au sommet de l’excitation. Il jubile de voir l'homme qu'il est devenu. Il s'est souvent demandé ce qu'était devenu le gosse. Malgré tout ce que l'on pourra penser de lui, il y tient à Lucian Junior. Comme à la prunelle de ses yeux. Drôle façon de le montrer, je vous l'accorde. Et le voir là, en face de lui a un effet rassurant. Il sait que son rejeton est en vie et ce simple fait est une satisfaction énorme. Parce que la seule peur que le patriarche ressent dans ces tripes, c'est celle de perdre l'un des siens. Et ne pas savoir, c'était pour lui une torture mentale. Une punition terrible qu'il s'est infligé à lui même sans le savoir. Tragiquement, Lucian n'a pas saisi que ces actions avaient mené ses enfants à le quitter, à se terrer dans un mutisme puissant pour oublier les coups, les raclés, les injustices prodigués par celui qui devrait être une figure bienveillante. Il aurait aimé traduire par des mots combien il a souffert de ses abandons succins mais il en est incapable. Au lieu de ça, il s'enfonce dans une méchanceté qui terrifie, qui paralyse. Il reproduit ce que lui même a subit dans l'enfance. C'est con mais c'est finalement la seule chose qu'il connait. Il se souvient d'avoir réprimer pendant des années sa colère, simplement pour éviter les coups. Plus tard, en grandissant, sa rage s'est réveillée pour s'adresser à ses propres enfants. Aussi sur les autres, tout ceux qui ont osé se poser sur sa route. Ces faibles. Ces boucs émissaires. Il s'était accommodé de tout ça et n'avait jamais accusé son père de mauvais traitement, parce que pour lui, c'était d'une banalité sans nom d'imposer sa supériorité par les coups portés, physiques ou moraux.

Son sentiment de toute puissance qui prend le dessus et qui induit pour bien rabaisser. Il ne crie pas Lucian. Il n'en a jamais eut besoin. Les mots qui filent entre ses dents, secs et efficaces. « Ta gueule. » Le gamin ne veut pas céder face aux provocation de son paternel. Sa hargne, sa cruauté n'a pas de limite et il continuera de terrorisé son entourage. Juste pour se sentir présent pour eux. L'amour qu'il ne sait pas donner. Pas bien en tout cas. « Tu crois que tu m'fais peur ? » Il reste statique face à Lucian Junior. Il le voit s'approcher. Lui maintient ce sourire victorieux sur le visage. Il est content. Ravi même de voir que le petit s'affirme de cette façon. Le rictus mauvais qui abime son visage lorsque l'autre sort de ses gongs. « Tu crois que j'vais pas oser te toucher juste parce que t'es mon père ? » Il le regarde. Ses yeux sont plus éloquent que tout le reste. Lucian n'attend que ça. Qu'il le frappe. Qu'il rende les coups. Leurs deux corps si proches qu'un câlin pourrait être de rigueur. C'est ce qu'on fait normalement dans les famille non ? Quand on ne s'est pas vu depuis trop longtemps, on s'embrasse, on se raconte nos vies et on se remémore les doux souvenirs. Pas chez les Popescu. Parce que les souvenirs sont comparable à un putain de venin. Ils sont pas heureux, ni doux, ni agréables. Ils sont incisifs, violents. Pas d'autre façon de communiquer que la violence. Le père qui impose son régime et la mère qui suit tragiquement son époux. Sans doutes parce qu'elle l'aime autant qu'elle le déteste. « J'AI PAS PEUR DE TOI, PUTAIN ! » Lucian cueille la rage de son gamin avec joie alors que celui ci le pousse vers l'arrière. Un imperceptible recul. Il n'est pas de taille à affronter son paternel. Plus fort. Le père ne famille ne cille pas. Il reste là, les bras croisés sur sa poitrine. Il regarde son fils crier sa colère. « T'ES RIEN ! T'ENTENDS ? RIEN. RIEN. RIEN. » Ses cries, ces mots abrupts qui prouvent lamentablement qu'en réalité, il représente bien plus qu'il ne le voudrait. Se sentir obligé de lui dire qu'il n'est rien. Cette émotion qui laisse vibrer sa voix. Lucian n'est pas rien pour son fils. Au contraire. On pourra lui attribuer bien des titres: bourreau, tyran, démon mais il n'est pas rien et ne le sera jamais. Parce que s'il en est là aujourd'hui c'est aussi parce qu'il a imposé cette violence au seins des siens. Et ça, Seven pourra jamais le changer. Il ressemble bien plus à son père qu'il ne voudrait le croire. Le patriarche obtient finalement ce qu'il cherchait depuis tout ce temps alors qu'un premier coup s'abat sur sa mâchoire. Lui, il sourit. Le gamin entre dans ce jeu malsain et bordel ce que ça peut lui plaire. Ce sentiment de partager. Il a réveillé la bête qui gronde à l'intérieur de son fils.

« J'SUIS PAS COMME TOI ! » Il voit pas le message caché. C'est pourtant si simple à lire: tu as détruit ma vie, j'étais qu'un gamin. Sans défense qui réclamait l'amour de son père. Et si aujourd'hui je suis aussi dysfonctionnel, c'est à cause de toi. C'est pas juste ce que t'as fait. Tu étais censé m'aimer putain. Non Lucian ne lit pas à travers les lignes. Trop stupide ou aveugle. Il voit juste que le bébé qu'il a laissé s'est endurci et ça lui plait. Un deuxième coup. Puis un troisième. Le carmin qui perle sur son visage. Les coups qui se font de plus en plus virulents. Le corps qui se tord de douleur silencieusement alors qu'il percute le sol dans un bruit sourd. Son fils qui roule sur le côté tandis qu'un rire digne des plus grands méchants de dessin animé s'échappe de sa lèvre ensanglantée. Celle qu'il essuie du revers de la main. Sonné. Il fixe le plafond un instant, son corps gisant sur le sol. Son gamin ne sait pas, il comprend pas qu'en cherchant à prouver qu'il n'est pas lui, il vient de faire le contraire. Parce qu'il s'enfonce chaque jour un peu plus dans la faille ouverte alors qu'il était trop jeune pour subir de tels traitements. Il a pas bronché Lucian. Il a pas bouger d'un poil. Il a laissé son enfant lui asséner les coups sans les rendre. Son objectif n'était pas de le brutaliser mais de réussir à obtenir un effet miroir. Et vous n'imaginez pas à quel point il est fier de l'effet obtenu à cet instant. Gagnant. Une fois de plus. Il impose son régime de dictature. Sans trop de difficultés, il se relève, observe son rejeton allongé sur le sol et lance: « C'est tout ? T'as déjà fini ? » Un rictus mesquin sur son visage. Ca le dérange pas de prendre des coups Lucian. Il en a l'habitude. Il les cherche. Il vit presque pour ça. Parce que la violence qui gronde à l'intérieur, il a besoin de la sortir pour ne pas devenir dingue. Il sait pas comment sortir toute cette rage autrement, il n'a aucun exutoire. Cette barbe mal taillé qui durcit ses traits. Il tend une main vers son fils, l'invitant à la prendre. Un geste immense. Un geste qui signifie qu'il considère enfin le gosse comme son égal. Il a passé le test avec brio.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyLun 21 Nov - 0:37

Sa tête lui fait mal et chaque cellule de son être s'met à hurler. Il voudrait qu'on vienne le libérer, qu'on l'sorte de là, qu'on le laisse sortir et fuir son paternel. Il voudrait mettre toute la distance du monde entre eux, se barrer sans se retourner, comme il l'a fait pendant des années. Comme quand il s'est mis à fuguer la première fois, du haut d'ses douze ans, avec un vulgaire sac à dos rempli de conneries – quelques fringues, un lance-pierre, une canette de bière et des biscuits. Il se souvient d'la facilité avec laquelle il les a tous bernés, de l'indifférence la plus totale quand il a annoncé qu'il partait à l'école en avance. Il se souvient d'ses baskets qui râpaient le bitume, de son pull trop grand qui couvrait ses mains et des trous dans l'tissu qui laissaient passer l'air glacé ; parce que quand on est le numéro sept, on a rien de neuf, rien qui nous appartient. Que des vestiges des aînés, des vieux trucs abîmés et déformés. Des trucs dont on n'veut plus, qui ne conviennent plus, qu'on refile aux derniers comme s'ils étaient des déchets, comme s'ils étaient bons qu'à bouffer les miettes qui traînent sous les assiettes ébréchés, fissurées, toutes brisées. Pourtant il se souvient d'avoir été heureux, pendant une heure ou deux. Il se souvient d'avoir cru qu'il était libre, qu'il allait s'en sortir. Qu'il aurait qu'à faire du stop et quitter la ville, traîner dans les rues comme un gosse perdu, en attendant de trouver Peter Pan et de s'faire embarquer pour un endroit meilleur, un endroit où il n'y aurait plus ni la peur ni la douleur. Il y croyait, le môme. Il croyait qu'il qu'il allait y arriver. Il croyait qu'il était sauvé. Et puis y a eu le froid, la faim, la loi du plus fort contre laquelle il ne pouvait rien. On a volé son sac, on a bu sa canette et on a bouffé ses maigres réserves, on a balancé ses fringues dans la boue et on a utilisé le lance-pierre contre lui. Il s'est battu – il a fait comme on lui avait appris, mais ça n'a pas suffi. Il est rentré le jour suivant, les genoux écorchés, les phalanges fracassées. Des hématomes plein le corps mais surtout plein le cœur, avalant sa première pilule de désillusions. Celle qui est restée coincée dans sa gorge, celle qui est jamais passée. Celle qui lui a fait comprendre que c'était qu'un vaste mensonge. Y a pas d'issue pour les gens comme eux. Y a que la crasse encore et encore, à des kilomètres à la ronde. La crasse et la violence et la colère et la douleur – bon sang, la douleur. Celle qui ne s'efface pas. Celle qui reste ancrée dans l'fond des yeux, sur le bout d'la langue. Celle qui suinte à chaque coup porté, à chaque baiser volé, à chaque coup de bassin acharné, à chaque goutte de sang qu'on fait couler. Seven a compris. Seven sait qu'il pourra jamais s'en sortir. Alors il s'enferme dans ses travers pour pas y penser, il massacre les autres pour oublier qu'il est lui-même déchiré, il dégueule sa rage à la face du monde avant qu'elle ne finisse par l'étouffer. Et il y arrive, parfois. Il arrive à n'plus trop y penser, à suffisamment se perdre dans sa spirale infernale pour que plus rien n'ait d'importance. Et puis y a les moments où un élément vient tout saccager. Aujourd'hui c'est Lucian. Lucian et son sourire, Lucian et la fierté dans ses prunelles, Lucian et la victoire imprimée sur son épiderme. Lucian qui lui donne l'impression d'avoir dix ans à nouveau et de sentir sa chair se déchiqueter sous l'impact du verre. Lucian qui le renvoie aussi à ses douze ans et qui lui donne envie de fuguer – chose qu'il a arrêté d'faire depuis qu'il a quitté le domicile familial. Lucian qui prend toute la place, trop grand, comme un titan. Et Seven qui n'est plus que les ruines d'une enfance morte prématurément.

« C'est tout ? T'as déjà fini ? » Il rouvre les yeux, s'rendant compte que son père s'est levé, qu'il n'a même pas l'air fâché. Malgré le sang qui perle sur son visage, malgré les coups que Seven vient d'lui asséner. Il continue de sourire. Il pousse même l'affront à lui tendre la main. Et Sev a le cœur qui se serre, la gorge qui se noue. Il comprend plus rien. C'est la première fois qu'il voit son père faire un truc pareil dans sa direction, et pourtant c'est tellement anodin, c'est tellement rien. Ça devrait pas le prendre aux tripes comme ça le fait. Il fixe ces phalanges, si semblables aux siennes et pourtant tellement différentes – plus larges, plus rugueuses, plus marquées par le temps et les épreuves, plus viriles, plus foncées, plus meurtrières. À côté il se sent ridicule, avec ses longs doigts noueux, osseux, les veines saillantes et d'un bleu irritant à travers sa peau, camouflées par les traces de rouge qui s'éparpillent en vrac. Et au fond, tout au fond, il a envie d'la prendre, cette foutue main. S'y agripper, s'appuyer sur elle pour se relever, pour arrêter de tanguer. Mais il peut pas. Parce que cette main, c'est surtout celle qui l'a cogné tant d'fois, qui l'a fait tomber, sombrer, qui l'a rabaissé jusqu'à finir par l'enterrer. Cette main, il peut pas la prendre. Parce qu'il peut pas lui faire confiance. Faire confiance à son père, c'est prendre le risque de s'faire bouffer d'une minute à l'autre, c'est offrir sa gorge en sachant pertinemment qu'il finira par y planter les dents. Il peut pas, putain. Alors il l'ignore et il s'relève, seul. Il fait un pas en arrière, pour mettre un peu plus de distance entre eux, pour s'assurer un périmètre de sécurité. Et quand il plante ses prunelles dans les siennes à nouveau, la rage s'est un peu estompée, laissant la douleur passer au premier rang, tout effacer, tout balayer. « Si j'continue, j'risque de te tuer. » C'est faux. Lucian le mettrait KO bien avant qu'il puisse mettre sa vie en péril, et ils le savent aussi bien l'un que l'autre. Mais y a quand même un fond de vérité – celui qui pue la rancœur et la haine, qui lui crache que dans un élan d'folie, il se pense capable de le tuer. Il se pense capable de franchir cette limite, capable d'être suffisamment détraqué pour arriver à une telle extrémité. « J'ai pas envie que mon séjour en cellule se prolonge à perpétuité, tu piges ? » Il fait le grand, il fait le fier, il lève le menton pour le jauger d'un air hautain. Comme s'il valait mieux que lui, alors qu'il est de la même trempe. Il veut avoir l'air froid et sûr de lui, mais ça marche pas, c'est même pas crédible. Parce qu'il sait pas garder ses émotions sous contrôle, parce qu'il sait pas faire disparaître la colère qui lui déforme les traits, la détresse qui suinte par tous ses pores malgré lui. Il veut jouer au caïd mais il ressemble juste à un gosse paumé, qui attend qu'on vienne le réparer. « T'en vaux pas la peine. » C'est assené avec une telle amertume que ça fait mal, et ça lui brûle la langue, ça lui tord les entrailles. Parce qu'il peut essayer d'mentir autant qu'il veut, Lucian reste son père. Et même s'il lui fait pas confiance, même s'il lui en veut, même si une part de lui le déteste, il peut pas couper le lien qui les unit. Il peut pas faire disparaître le gamin qui pleure en son for intérieur, triste d'avoir eu un fauve en guise de père. Triste de s'rendre compte que quoi qu'il fasse, il est condamné. Incapable de cesser de lui ressembler.
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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptySam 26 Nov - 18:50



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Toute cette rage. Toute cette haine. Seven n'a pas conscience que c'est ce qui a rendu son père aussi maltraitant. Les mots qu'il a entendu dans son enfance : tous les pères font ça. Reniant par la même occasion le caractère délictueux de ses actes répétés. Lucian n'avait pas été bien malin. Il n'était pas sorti de l'engrenage. Il n'avait fait que répéter les négligences de son propre père. Une blessure narcissique qu'il n'a pas réussit à colmater et qui entrave aujourd'hui la vie de ses propres gamins. Il a pas fait mieux. Il a pas fait moins bien non plus. Parce que Lucian, il a passé le plus clair de son existence a crée des barrières et il s'interdisait formellement d'aller au délà de tout ça. Il n'avait pas eu le courage d'affronter les démons qui se planquent derrière. Il avait préféré se cacher derrière ce qu'il connait de mieux : la violence. Cette main qu'il refuse. Un affront pour le père Popescu qui considère enfin son fils comme un des siens. Lui qui juge normal d'accepter un peu de reconnaissance de son vieux père quand celui ci se décide enfin à lui accorder. Il grimace. Il ne peut cacher son mécontentement. Le gosse se relève. Seul. « Si j'continue, j'risque de te tuer. » Il rit Lucian. Il se moque vilement de sa progéniture. Cette façon si particulière de prouver son amour. Gros con. Il insulterait volontiers son gamin en lui cramant un mégot de cigarette sur le bras pour lui prouver qu'il est là et qu'il sera toujours là dans sa tête. Quoi qu'il fasse, Seven ne s'échappera pas de cette emprise. Il pourra hurler, insulter, changer de nom. La vérité, c'est que Lucian est ancré dans sa peau comme une cicatrices. Celles qui viennent de lui sont d'ailleurs un rappel de ces origines. « J'ai pas envie que mon séjour en cellule se prolonge à perpétuité, tu piges ? » Il a l'air sure de lui Lucian Junior mais le senior n'y croit pas une seule seconde. Si le père de famille espérait se réconcilier avec l'un de ses fils, c'était raté. Trop de rancoeur accumuler. Des deux côtés. Parce que cette rupture franche et massive imposée par le gamin avait été brutale. Agressive. Il sait pas à quel point il peut aimer ses enfants, tous sans exceptions. Il est juste incapable de le montrer. Lucian a toujours eu des relations lointaines avec son fils. Il l'aime profondément, mais n'a pas eu l'occasion de tisser avec elle une vraie complicité. La faute a beaucoup de chose, le comportement du père, l'insoumission du gosse, la maladresse de chacun d'entre eux.

 « T'en vaux pas la peine. » C'est dit. Plus possible de faire marche arrière. Y'a un truc qui se tord à l'intérieur de son estomac mais il fait comme si de rien n'était. Il fixe le délinquant. C'est trop intense pour Lucian. Il ne gère plus l'émotion qui vient le noyer. Il tourne la tête une seconde et son poing rageur vient cogner la mâchoire du plus jeune des Popescu dans cette cellule. « Tu pourras te barrer où tu veux gamin. Ça ne changera rien au fait que je suis ton père. » Et puis merde. Lucian considère qu'il devrait recevoir un peu plus de reconnaissance de la part de son gosse. Il était pas absent. En fait, le patriarche n'a pas commis la moindre erreur éducative si on l'écoute. Aucune culpabilité qui le tiraille. Pas un once de regrets. En temps normal, il est pas du genre à se faire avoir par les émotions et les sentiments. ne denrée beaucoup trop risqué pour la carrure d'un homme aussi puissant que lui. Pourtant, son fils le touche. Le blesse même. Il se laissera pas dévaster par le chagrin qui s'impose en lui. Non. Il doit faire face. Extériorisé. Et c'est pour cette raison que ces doigts rugueux viennent s'abattre une seconde fois sur le gamin qu'il avait déjà tant malmené par le passé. Ses yeux fous. Incapable de contrôler cet accès attrait à la folie. Parce que ce qu'il lui faudrait à Lucian, c'est une camisole. Il écrase son fils pour se faire respecter un tant soi peu. Il n'y arrive pas autrement. Il n'a rien d'autre à offrir que ça. « Tu t'crois meilleur que moi gamin. » Il ricane nerveusement et reprend: « Tu m'arrives pas à la cheville, espère d'ingrat. » Il secoue son poing qui le démange. Il pourrait le refoutre une fois de plus sur la tronche de son enfant mais estime que c'est suffisant pour marquer un point. La parole qui ment mais le regard lui, qui ne trompe pas. Et si Seven s'attardait une seconde à observer un peu son père, il comprendrait que derrière ses iris sombre y'a un petit quelque chose de triste, le lucian qui n'était lui aussi qu'un gamin malmené et qui cri son désespoir au monde. « Tu devrais passer voir ta mère. Elle s'inquiète. » ajoute t-il d'un ton plus doux. Plus calme. Lavinia ne dit rien à Lucian mais il sait qu'elle rêverait de voir ses enfants plus souvent.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyMer 30 Nov - 3:39

Lucian Senior n'est pas content. Parce qu'il prend pas sa main, parce qu'il refuse de se plier à ce geste qui s'veut pourtant bienveillant. Il ne veut rien d'sa part, Seven. Il veut rien accepter de lui, parce qu'il aurait trop peur de devoir ensuite le payer avec les intérêts. Il a pas la moindre confiance en son propre père. Elle s'est évaporée, morte et enterrée y a des années. Quand il l'a emmené dans ce hangar dégueulasse. Quand il a cru qu'il allait devenir un grand, un homme, un vrai – comme ses aînés. Quand la réalité l'a heurté de plein fouet. Quand ses pleurs n'ont trouvé aucun écho chez le paternel. Tout s'est effondré. L'admiration un peu craintive s'est transformée en peur amère, en mépris acide. Il l'a plus jamais regardé d'la même façon. Et ça l'tue, de lire cet éclat de fierté dans les yeux du vieux. Ce truc que tous les gosses cherchent, qui est censé réchauffer le cœur et donner le sourire, qui devrait l'aider à se sentir mieux. Ça lui fout la gerbe. Tellement qu'il laisse un peu de sa haine lui échapper, qu'il crache ce désir malsain de le buter. Même s'il sait qu'il le fera jamais ; il est pourtant persuadé qu'il en serait capable. Ça l'fait un peu flipper dans le fond, et ses poings vibrent, une lueur sombre danse dans l'fond de ses iris. T'en vaux pas la peine. Comme s'il avait aucune importance, alors qu'il n'en a que trop, alors qu'il est au centre de beaucoup trop d'choses dans sa vie. Il voit le truc qui vrille sur les traits de son père. Il sent qu'il a dit le mot de trop. Mais il arrive pas à le regretter. Pas même quand le poing s'abat sur sa mâchoire brutalement, faisant basculer sa tête sur le côté, le faisant chanceler de plusieurs pas. Le goût de rouille envahit sa bouche et vient tapisser son palais, mais il bronche pas. Il bouge pas, tourne seulement son regard vers son assaillant – sa chair et son sang. « Tu pourras te barrer où tu veux gamin. Ça ne changera rien au fait que je suis ton père. » Il sait. Il sait qu'il a beau fuir, ça n'effacera jamais ses racines, ça comblera jamais le trou béant dans sa poitrine. Les cicatrices restent et s'mettent à lui brûler l'échine, comme si elles se réveillaient après tout c'temps. Comme si ce coup venait de tout faire remonter à la surface. Mais le second est pire, parce qu'il le voit pas venir. Ça lui fait perdre l'équilibre et il se retrouve agenouillé devant son père, se rattrapant de justesse pour pas finir de s'étaler – conservant un minimum de dignité. Il crache le sang qui s'est accumulé dans sa bouche, restant à terre, incapable de lever les yeux vers son géniteur, une douleur sourde se répandant tout autour de sa mâchoire. Ça s'incruste sous sa peau, dans ses veines, ça fonce droit dans son myocarde et ça lui tord les entrailles. « Tu t'crois meilleur que moi gamin. » Il ricane et Seven se tend, Seven s'met à trembler. Il espère, putain. Il espère chaque jour être mieux que lui, et chaque jour la chute est plus rude, parce que chaque jour il continue de répéter le même schéma que le patriarche. « Tu m'arrives pas à la cheville, espèce d'ingrat. » Bang bang. Ingrat. Le mot résonne à ses tympans, comme un écho dans sa boîte crânienne. Ingrat, comme s'il lui devait quoi que ce soit. Comme si Lucian méritait mieux que sa haine et sa douleur. Comme s'il pouvait lui offrir autre chose qu'un trop-plein de rancœur.

Péniblement, il se relève. Il s'met debout et lui fait face à nouveau, plantant son regard dans l'sien, comme on le ferait avec une lame chauffée à blanc. Il est secoué par la rage, qui assombrit ses yeux et fait trembler le coin d'ses lèvres. « J'espère bien. J'ai pas envie d't'arriver à la cheville. J'ai pas envie d'être comme toi. » Y a un tel flot de rage qui le submerge soudainement qu'il a l'impression qu'il va se liquéfier, s'écrouler, se transformer en raz-de-marée. Devenir une vague et le broyer sur son passage, l'avaler comme un tsunami, se changer en déferlante. Le désarticuler, l'engloutir à tout jamais, le noyer. « J'aimerais mieux crever que d'te ressembler. » Pourtant c'est déjà trop tard. Il a la même mâchoire carrée, le même regard trop intense, le même sourire railleur, la même posture trop fière. Les poings constamment déglingués, la violence incrustée sous la peau et sur les traits. Le même vocabulaire trop vulgaire, les même remarques désobligeantes sur la gent féminine, le même ego trop prononcé. Le même goût pour le sang, pour le sexe, pour la douleur. Putain, ils lui ont même donné le même prénom. Et pour ça il les déteste. Et pour ça il renie sa propre identité, se donnant un chiffre en guise d'appellation – un foutu chiffre comme s'il n'était que du bétail. Comme s'il ne valait rien. Comme s'il n'était que ce fantôme parmi la foule, oublié au milieu des nombres trop grands, trop forts, tous prêts à l'dévorer. « Tu devrais passer voir ta mère. Elle s'inquiète. » C'est plus fort que lui : il éclate de rire. Ça sonne faux, ça pue le désespoir, c'est aussi cynique que pathétique. Il s'marre comme une hyène et le sang lui peint les lèvres, lui macule les dents comme une toile dégueulasse. « Putain mais t'as toujours pas compris ? » Sa peur n'se voit plus, étouffée sous l'amertume qui prend toute la place, qui suinte par tous ses pores. La fureur vibre sous sa peau, sous ses ongles, sur le bout d'sa langue et au creux de ses poings. « J'm'en fous. J'm'en fous de vous. » Bam. Le couperet tombe. Il le répète depuis des années à qui veut l'entendre, à tous ses frères et sœurs, à tous ceux qui se risquent à en parler, au monde entier. Mais pas à son père. Jamais à son père. « Si j'me suis barré, c'est pour plus voir vos sales gueules. » La sienne. Surtout la sienne. « J'm'en bats les couilles qu'elle s'inquiète, j'viendrai pas. J'veux pas la voir. » Son ton se fait plus agressif, comme son attitude. Il reste un peu en retrait, prenant appui sur ses pieds, les poings serrés, tous les muscles tendus – prêt à bondir. Pas comme un prédateur, non. Plutôt comme la proie, qui s'prépare à donner son dernier combat. « J'veux plus vous voir, aucun d'vous. » Pourtant ils continuent d'apparaître partout. Ioan sur le pas d'sa porte pour avoir sa came. Anca à ses côtés pour le soigner même s'il tente de l'envoyer chier. Iulia dans la rue pour qu'ils en ressortent le cœur brisé. Tout l'monde à l'hôpital. Ils sont partout, bordel. Ils sont partout – il passe pas un jour sans avoir la crainte de tomber sur l'un d'entre eux. Chaque fois, ça lui vrille les tripes, ça lui fend le cœur. Il peut pas. Il supporte pas. « Vous êtes plus rien pour moi. » Si c'était vrai, ça ferait pas aussi mal. Si c'était vrai, il aurait pas autant envie de s'mettre à hurler. « Surtout toi. T'es pas mon père. T'es que dalle. » Du moins, il s'dit qu'il aimerait. Mais y a tellement de haine dans sa voix, dans son regard, que ça donne envie d'y croire. On dirait qu'il le pense du plus profond d'son être, alors que c'est la douleur qui parle, qui rafle tout sur son passage. Son palpitant, sa conscience, son instinct d'survie. Il sait qu'il devrait pas lui cracher tout ça, que c'est dangereux, surtout quand ils sont enfermés dans la même cellule sans aucune issue de secours. Mais c'est plus fort que lui. Ça bouillonne depuis tellement longtemps ; faut qu'ça sorte. Il lui a jamais dit tout ça. Il a jamais osé. Jamais jusqu'à maintenant. Il voudrait le noyer ouais, devenir l'océan. Être sans pitié et l'faire disparaître dans l'écume de sa rage. L'effacer, l'enfoncer dans les abysses, le laisser crever dans les bas-fonds, là où est sûrement sa place. Mais c'est juste lui qui est en train d'étouffer, les poumons remplis par ses propres émotions. La carcasse ébranlée par les torrents d'sa haine, sa colère, sa détresse, sa peur et sa douleur. Il contrôle plus rien.
Envahi, inondé, submergé.
Déluge.
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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyLun 12 Déc - 19:55



○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
how can you hate who i am so much
i'm your father
for god's sake.
lucian and seven

Ça le fout en rogne Lucian. Ça le rend triste aussi. Son estomac se tord à la simple idée que Lucian Junior éprouve aussi peu de compassion envers lui. Ca fait mal au cul de se dire qu'il l'a mener à le haïr. Il a mal joué son coup parce qu'un enfant vous aime de façon inconditionnelle, peut importe les erreurs. Supposément non, puisque Seven ne le pense pas. « J'espère bien. J'ai pas envie d't'arriver à la cheville. J'ai pas envie d'être comme toi. J'aimerais mieux crever que d'te ressembler. » Son gamin a de la trempe. Il défi son vieux père sans la moindre hésitation. Il aimerait se montrer placide face aux énièmes remarque de son fils. Imperturbable. Sauf qu'il a ce truc dans le regard. Il continue Seven. Il déverse ce flot de colère, une tornade qui détruit tout sur son passage. Les mots ne glissent pas sur lui comme il l'aimerait. J'm'en fous. Vous êtes rien. Il l'écoute avec attention, chaque mot est comme un coup de poignard. A ce moment-là, c’est venu. Unique. Un truc qui ne reviendra plus jamais de cette façon, une sensation d’une telle violence que ça lui en a coupé la chique. Et Lucian n'a pas les mots pour se saisir de ce qu'il ressent, son vocabulaire manque de richesse. Il déchante. Tout ce qu'il comprend c'est: je ne t'aime pas pauvre vieux, t'es qu'un abruti sénile. Il entend pas sa rage. Il entend pas que son fils essaye seulement d'atteindre, de voir briller un truc qui ressemblerait à de l'attachement dans les yeux de son paternel. Parce qu'il est clair qu'un bon psychologue lui même aurait du mal à comprendre ça. Impossible de l'arrêter. Retenir les mots. Dans un instant de courage presque insensé il le dit: « Surtout toi. T'es pas mon père. T'es que dalle. » Une attaque purulente qui vient nouer l'estomac du patriarche. S'il arrivait à lire entre les lignes, il comprendrait que c'est faux mais il manque de jugeote Lucian. Il décode pas. Il se contente de ce qu'il entend. Son coeur se serre dans sa poitrine. Il voudrait essuyer les mots de son fils d'un revers de la manche. Les balayer comme s'ils n'étaient rien mais c'est faux. Presque naïvement, il espère que son gamin va revenir sur ses mots, sur ces affronts.

Les deux pieds bien accrochés au sol, ça lui demande une force importante pour ne pas chanceler à cet instant. La force qu'il sent clairement décliner à l'intérieur de lui. Il a blesser son fils. Ce morveux a touché les cordes les plus sensibles. Bordel il aurait presque envie de chialer, un truc qui lui était pas arrivé depuis la mort de ses propres parents. Foutue faiblesse. Seulement, il peut pas le montrer. Trop fier. Il se sent confus. Et dans un monde où tout est sous son contrôle, c'est une émotion qui ne l'accable jamais d'ordinaire. Crispant la mâchoire, il finit par dire, après un silence lourd de sens: « T'as fini ? » lâche t-il froidement. Il garde un visage totalement impassible. Un succès quand on sait tout ce qui se passe à l'intérieur de sa boite crânienne. Ses bras qu'il croise contre sa poitrine pour appuyer une posture de dominance, celle qu'il a et aura toujours sur son fils. Il peut se battre, il peut essayer en tout cas. Seulement, son passé finira irrémédiablement par le rattraper, toujours. « Bien. » A lui de parler maintenant. « Viens pas frapper si t'es en train de crever petit connard. » Il secoue la tête et arbore un sourire empli d'un cynisme qui lui déformerait presque le visage. C'est facile de dire ça maintenant. Certes, il arrive à se débrouiller sans eux pour le moment, mais cela va t-il durer ? Après tout, on finit toujours par revenir aux sources non ? Un jour où l'autre, Seven aura besoin de sa famille, de lui. « On est que dalle. Très bien. » Il s'éloigne pour aller s'assoir dans un coin. « T'existes pu. » Terminé. Il voudrait le croire parce que son fils a touché son égo, son coeur. Il lui a fait mal et il cherche à faire de même. Il rêverait de se jeter sur son gosse pour le faire plier, s'excuser et revenir sur ses mots mais il est trop sonner pour le faire. Cette pièce devient trop petite pour eux deux, Lucian priait presque son dieu de le sortir de cette situation. Les étalages de sentiments, c'est pas du tout son truc. Il suffirait pourtant de lui avouer qu'il l'aime, que tout ce qu'il a fait, il l'a réaliser par amour pour ses gamins même si c'est dur à croire. Pour les protéger contre le reste du monde. Parce que tout est trop brutal quand on sort du cocon familial. Sa tête vient se caler contre le mur derrière lui alors que son bras pendouille sur son genou. Il a mal au crâne. Il ne saurait dire si ce sont les poings ou les mots de son gosse qui lui ont fait le plus mal mais une chose est sur: il se sent mal.
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MessageSujet: Re: daddy issues (luciev)   daddy issues (luciev) EmptyMer 14 Déc - 3:05

« T'as fini ? » Y a comme un vent glacial qui fend l'air en même temps que les mots du patriarche et Seven perd toute son arrogance le temps d'une seconde. Pris de cours, déstabilisé, il s'attendait pas à recevoir une gifle sans même être touché. Il le dévisage sans comprendre, sa confusion s'lisant parfaitement sur ses traits, dans son regard qui a perdu la moindre lueur d'insolence. « Bien. » Il a même pas encore ouvert la bouche, mais ça semble suffire à Lucian Senior quand même. Faut croire qu'il a plus envie de l'entendre après le flot de haine qu'il vient de recevoir en pleine gueule, qui a enfin été craché après toutes ces années. Mais Seven a du mal à saisir c'qui se passe – il reste sur ses gardes, les poings serrés, prêt à réagir en cas d'attaque. Il pige pas pourquoi l'autre ne bouge pas, pourquoi il se contente de croiser les bras contre son torse sans même approcher, sans venir lui filer la raclée qu'il a certainement méritée. Il attend Seven, il est prêt. Mais rien ne vient. « Viens pas frapper si t'es en train de crever petit connard. » L'insulte résonne des barreaux de la cellule jusqu'à ceux de son squelette, mais il bronche pas. Il continue de le jauger d'un air méfiant, clairement pas serein face à toute cette situation. Il sait qu'il est allé trop loin, il en est persuadé. Il s'en est bien rendu compte à chaque mot prononcé, mais il a même pas réussi à s'arrêter. Il mérite d'être puni façon Popescu. Il mérite de s'manger une mandale, de s'faire cogner jusqu'à plus pouvoir respirer, jusqu'à dessiner de nouvelles cicatrices sur sa peau déjà bien entamée. Il mérite de voir les mains du paternel s'abattre sur sa carcasse, il mérite son courroux et sa haine et sa rage, il mérite qu'on lui apprenne qui est l'chef ici, parce qu'il est parfaitement conscient que ce n'est pas lui, que ça n'sera jamais lui. Il mérite quelque chose, n'importe quoi. Un truc qui prouve qu'il a encore de l'importance. Qu'il a touché la corde sensible. Qu'il a réussi à l'atteindre. Il mérite de l'attention. Une preuve que l'attachement qui les lie n'est pas mort, aussi douloureux et détraqué soit-il. Il mérite que son père lui accorde de l'intérêt. Il le mérite. Il le mérite. Il le mérite. Non. Il aimerait le mériter. Mais faut croire qu'il s'est planté. Faut croire qu'il est pas si important que ça, finalement. L'autre s'met à sourire et pour lui, c'est bien plus violent que s'il était venu lui faire cracher une ou deux dents. « On est que dalle. Très bien. » P't'être que c'est maintenant. Son heure est venue. Il va payer pour tout ce qu'il vient de balancer. Il le pense – il l'espère. Ses muscles se crispent quand il voit son père se mettre en mouvement, il s'dit que ça y est, qu'il va enfin recevoir la branlée du siècle, qu'il va récolter ce qu'il a semé. Mais non. Toujours pas. Le fauve n'sort pas les crocs, comme si sa progéniture n'en valait même pas la peine. Il se contente de s'éloigner, allant s'poser à l'autre bout de la cellule. « T'existes pu. » Ça le heurte de plein fouet. Parce qu'il a beau dire ce qu'il veut, Seven ; il a beau fanfaronner et gueuler partout qu'il s'en fout, comme s'il avait perdu son cœur depuis trop longtemps. Il a besoin d'exister. Il a besoin d'savoir qu'il a encore une prise sur ça, sur eux, d'la même façon qu'ils en ont sur lui même s'il fait tout pour y couper court. Dans l'fond, c'était de la simple provocation. Le besoin de lui gerber toute sa rancœur, et de voir ce qui pourrait bien s'passer. Convaincu qu'il allait s'en prendre une. Que ça finirait en bain d'sang, et que les flics seraient peut-être même obligés d'intervenir. Il y a cru, jusqu'au dernier instant. Mais Lucian a coupé court à tous ses espoirs. Lucian lui rit au nez, Lucian le piétine sans même le regarder, Lucian lui crache dessus. Lucian l'a dit : il existe plus.

Aussi immobile qu'une statue, Seven ose même plus respirer. Il a peur de se trahir s'il le fait. Parce qu'il a envie de chialer, comme s'il n'était qu'un môme, comme s'il était fragile à ce point. Balayé par quelques mots, et un dédain plus assassin que n'importe quel coup de poing. Y a une boule dans sa gorge, une lame dans son cœur. Il a envie de tout envoyer chier et de s'mettre à pleurer, là, comme ça. Mais il peut pas. Il sait bien qu'il peut pas, il a pas l'droit. Il peut pas donner cette victoire à son père – pas alors qu'il vient de l'écraser comme s'il ne valait plus rien. Pourtant ses yeux sont plus humides que la normale quand il les lève vers lui à nouveau, mais il retient les larmes, il avale les sanglots et tant pis s'il s'étouffe avec au passage. « T'inquiètes pas, j'préfère crever comme un chien que vous demander quoi qu'ce soit. » Et en cet instant, il le pense plus que jamais. Parce que c'est comme si son père venait d'lui dire qu'il l'aime pas, qu'il l'a jamais aimé, qu'il a jamais eu la moindre importance et qu'il n'a été qu'un mioche de plus à nourrir. Pas une personne à part entière, pas son fils. Après tout, il en a tellement qu'il doit même pas faire la différence, qu'aucun d'eux ne doit avoir une réelle importance. Ses prunelles vrillées sur lui, Seven s'demande s'il a déjà compté à ses yeux. Et avec ce qu'il vient de recevoir dans la gueule, il est persuadé que non. Persuadé qu'il n'est qu'une vermine insignifiante, que c'est pour ça que personne n'en a jamais rien eu à foutre d'le voir disparaître et réapparaître au hasard, que personne ne s'est jamais demandé où il était. Pour ça que personne n'a jamais vu le changement, quand il a touché aux drogues dures pour la première fois, quand il s'évaporait dans le sillage d'Elena. Ils s'en foutent. Tous autant qu'ils sont, ils s'en foutent. Il compte pas – il a jamais compté, il comptera jamais. Il voulait qu'son père lui prouve le contraire. Par ses poings, parce que c'est la seule preuve qu'il ait jamais été capable de donner. Mais même ça, il refuse de le lui accorder. « C'est toi l'connard. » Il voudrait le cracher avec tout le mépris du monde, mais il y arrive pas. Il a trop mal pour ça et il a déjà craché toute sa rage – il reste plus rien. Juste l'amertume, la douleur et la détresse, qui suinte jusque dans sa voix. Plus vulnérable que jamais, suffirait d'un geste pour que son père puisse l'achever. Mais faut croire qu'son heure n'est toujours pas venue, puisqu'un agent s'approche de leur cage, les jaugeant d'un air fatigué. « C'est lequel de vous, Popescu ? » Personne ne répond. Le flic s'impatiente. « Seven ? » L'intéressé s'redresse, s'approchant des barreaux. « Ton carrosse est arrivé. Tu pourrais dire à tes p'tits copains d'utiliser ton vrai prénom. » Le fusillant du regard, Sev ne prend pourtant pas la peine de répondre, trop heureux de passer la porte une fois qu'elle s'est ouverte, incapable de respirer le même air que son père une seconde de plus. Pas alors qu'il vient de lui arracher le palpitant sans même hésiter. Mais c'est plus fort que lui, il s'retourne, lui adressant un dernier regard. « On s'retrouvera à ton enterrement. J'viendrai pisser sur ta tombe. » Et il s'barre enfin, une douleur diffuse dans la mâchoire, la fierté piétinée et le cœur en miettes. Cherchant à s'convaincre que cette fois, il les jette vraiment tous aux oubliettes.


(RP TERMINÉ)
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