such a beautiful lie to believe in
« Elle est où maman ? » Ca fait des jours que t’as pas vu tes parents. Que t’es là. Dans cet endroit que tu connais pas. La femme s’accroupie pour être à ton niveau, un léger sourire triste vient marquer ton visage.
« Je suis désolé mon grand, mais tes parents n’étaient pas capable de s’occuper de toi … Tu vas rester là un peu … Puis on te trouvera une nouvelle famille qui s’occupera de toi. » Tu fronces un peu les sourcils. C’est vrai que parfois, ils t’oubliaient à l’école. Qu’ils hurlaient un peu trop fort en cassant des objets. Qu’ils laissaient le bazar dans la maison. Mais ça veut pas dire que tu veux plus les voir. Tu les aimes tes parents toi. T’en veux pas d’autres.
« … J’veux pas d’autres parents… » Elle se contente de te regarder un moment, caressant légèrement tes cheveux. Mais tu te recules brusquement. Tu l’aimes pas cette femme.
« Je suis sur que ça va bien se passer. Et puis, regarde, il y a pleins d’autres enfants … » Tu sers un peu le poing, restant silencieux. Elle essaye encore un peu avant d’abandonner, quittant le dortoir de l’orphelinat.
« Hey, salut ! Jm’appelle Ash ! » Tu regardes un instant ce garçon qui doit avoir ton âge. Tu hésites un peu avant de souffler doucement ton prénom
« … Sil ». Il te sourit et toi, tu ne peux pas t’empêcher de lui rendre un très léger sourire malgré ta tristesse.
Le visage fermé, tu ranges tes affaires dans cette petite valise que tu remplis et désemplis sans cesse. T’as pas envie de partir. Pas envie de finir dans une autre famille d’accueil minable. Tu les détestes, ces femmes qui se font passer pour ta mère.
« Tu pars ? » Tu ne te retournes même pas, haussant simplement les épaules.
« …J’reviendrais bientôt » Parce que c’est toujours comme ça. Pour chacun de vous. Vous partez un temps, puis vous revenez. Finalement, c’est un peu votre maison ici. Dans cet orphelinat moyen au beau milieu de Montsimpa. Ash s’assoit sur le lit à coté de toi. Il dit rien, mais tu sais qu’il veut pas que tu partes. Tu l’sais parce que c’est ce que tu ressens à chaque fois qu’il part. Que l’un de vous part.
Dix huit ans. L’âge critique. Aujourd’hui, tu sors du système. Plus de famille d’accueil. Plus d’orphelinat. Aujourd’hui, c’est toi contre le monde. Un léger sourire vient s’afficher sur ton visage lorsque tu regardes ceux que tu laisses derrière. Ash viendra bientôt te rejoindre dehors. La plupart y sont déjà. Et ça vend pas tellement du rêve. Mais ça ira. Tu t’en sortiras. Rien que pour prouver à tes parents que tu valais la peine. Qu’ils auraient du revenir te chercher ces connards.
i wish i was special, but i'm a creep, i'm a weirdo
T’es planté là devant cette maison trop grande. Trop belle. T’arrives à les voir à l’intérieur. Cette petite famille à l’allure parfaite. Et entendre leur rire te serre le coeur qui fort que t’as l’impression qu’il va juste disparaitre à tout jamais. Tu le détestes. Tu le hais de t’avoir juste effacé de sa vie pour en refaire une nouvelle. T’as fait des recherches. Là, depuis que t’as volé ton dossier à l’orphelinat. T’avais besoin de savoir d’où tu venais. Et puis t’as trouvé tout ça. Les notes de l’assistante sociale sur leurs états pitoyables. Y’avait même une photo. De vous. D’eux et leur gueule de camés et puis toi tout gamin. Tu l’as garde avec toi cette photo. Parce que t’as beau dire que tu t’en branles, c’est pas l’cas. D’ailleurs, c’est surement pour ça que t’es planté devant la maison de ton père et de sa nouvelle femme. A observer le gamin qui aurait du être toi. Et tu le hais plus que tout au monde. Ce gamin. Le beau-fils de ton père. Pourtant, c’est de lui dont il s’occupe. Pas de toi.
Et puis, dans le dossier, t’as aussi trouvé une copie du certificat de décès de ta mère. Pas longtemps après qu’il t’ai retiré de leur garde. Overdose. T’as pas pu te retenir de hurler quand t’as su. De tout péter dans le bureau. Ils t’ont dit qu’ils t’avaient rien dit parce que t’étais trop jeune et que t’avais besoin de stabilité pour t’adapter à ton nouvel environnement. Que des putains de conneries ! Tu t’en souviens à peine de ta mère putain. T’arrives même pas à te rappeler de souvenirs ! Y’a plus rien. Rien du tout. Et eux, ils ont juste tout niqué. Putain, tu les détestes. Tous.
Tu observes encore un temps la famille, le poing serré sur ta photo froissée. T’as cette colère au fond du coeur. Cette colère qui brule tout. Qui détruit tout. Et tu te jures qu’un jour, tu leur feras payer. A ton père. A ce mec qui a volé ta place. Tu les feras souffrir autant que t’as souffert et tu prendras un mal en plaisir à leur retirer les ailes. Qu’ils crèvent.
all this bad blood here, won't you let it dry
Un sourire malicieux aux lèvres, tu le provoques. Lui et ses gros muscles. Ce soir, comme souvent, très peu ont parié sur ta victoire. Trop petit. Trop frêle. C’est vrai, comment pourrais-tu gagner face à ce tas de muscles qui te fait face. Mais le tas de muscles est lent. Tellement lent. Tu évites chacun de ses coups avec une aisance déconcertante. Alors la violence des mots vient rejoindre celle des gestes.
« Vient là sale pédé ! » Un petit rire vient s’échapper de tes lèvres. Ils aiment ça, les gros muscles, te traiter de pédé. Tu l’es même pas vraiment. T’aimes les mecs certes, mais t’aimes aussi les filles. Et puis ils aiment moins quand ils se font humilier, allongés sur le sol froid de la rue. Brusquement, tu attrapes son bras qui vient de nouveau de te manquer. La surprise le bloque un instant. Assez pour que ton poing à toi vienne heurter violemment son ventre. Une fois. Deux fois. Il tente de répliquer mais ses gestes se font un peu plus aléatoire. Alors c’est son visage que tu viens frapper cette fois. Le sang gicle sur le sol sous les cris de la foule qui s’agite. Le gamin domine, et ça ne plait pas. Ce soir, beaucoup d’argent est en jeu. Un grognement s’échappe de tes lèvres lorsque ton adversaire arrive à te toucher, t’envoyant un violent coup dans le ventre. Mais tu fais face sans broncher, répliquant avec une rapidité qui ne tarde pas à mettre le tas de muscles hors de service. A terre. Le sang coulant sur son visage. Le corps transpirant et douloureux, tu te redresses dans un sourire. Il n’a réussi à te toucher qu’une fois mais la douleur est bien présente. T’es pas vraiment le plus fort, ni le plus résistant. Mais t’es malin. T’es rapide. Tu évites les coups jusqu’à assommer ton adversaire.
« Victoire du gamin ! » Le juge de ce combat de rue lève ton poing recouvert d’un bandage de sang. Et tu souris. Bordel, qu’est ce que t’aimes cet instant où l’adrénaline atteint son sommet. Cet enivrement face à la victoire. La foule s’agite. Beaucoup ont perdu de l’argent ce soir. Toi, tu viens d’en gagner. Alors tu t’en fou. Tu vas récupérer tes deux cent livres avant de t’éloigner rapidement de la ruelle glauque où se déroulent ces combats de boxe illégaux.
« Hey l’gamin ! » Tu te retournes un instant pour découvrir un groupe de mecs un peu trop éméché. Tu fronces les sourcils avant d’augmenter l’allure. Ca sent pas bon ça.
« Hey ! Part pas ! On t’fait peur blondie ? J’croyais que t’étais sans peur moi ! » Tu sers les dents. Accélérant encore un peu. Peine perdue. Les hommes ne tardent pas à t’encercler.
« Allez vous faire mettre ! » Tu craches avec violence. Un sourire aux lèvres, un des hommes s’approche. Tu recules, le fixant avec ce regard noir. T’as beau être du genre bagarreur, t’es pas non plus suicidaire. Et quatre mecs baraqués contre toi, t’as pas une chance particulièrement élevée de gagner. Bientôt, ton dos rencontre le mur et l’homme attrape ton visage entre ses doigts.
« Tu fais moins l’fière là hein … Tu sais que tu nous as fait perdre beaucoup d’argent là ? » Tu dégages ton visage de ses doigts, le repoussant avant de lui cracher à la gueule. Ultime humiliation.
« Qu’est ce que ça peut m’foutre ?!! » Il n’a pas l’air d’aimer ton agressivité l’homme. Vraiment pas. Et pour montrer son mécontentement, son poing vient cogner ton visage.
« Me parle pas comme ça, pédé ! » Tu tentes de répliquer, te défaire de son emprise. Tu parviens à donner quelques coups, mais rapidement, tu te retrouves au sol, sous des rués de coups de pieds. T’as l’impression que ça dur des heures. Tu sens leurs pieds atterrir sur tous les endroits de ton corps, t’arrachant des cris de douleurs. Mais personne ne vient. Personne ne vient jamais. Et ils t’abandonnes juste là, prenant simplement l’argent que tu as gagné avant de s’éloigner en riant.
Tu restes un moment là. Incapable de vraiment bouger. Puis faiblement, tu commences à te redresser, gémissant de douleur. Tu captes même pas l’homme qui s’approche dans la nuit.
« Hey, ça va …? » Tu redresses la tête vers la voix, te renfrognant avant de répliquer avec cynisme
« Très bien, ça s’voit pas ?! » Tu détestes son semblant de gentillesse. Putain de connard. Y’a pas de gentil dans l’monde réel. Y’a personne pour venir te sauver, tu l’sais bien. Alors tu l’jettes. Tu lui réponds froidement. Salement. Lui qui te propose son aide. Mais il s’accroche. Il reste même après ton énième insulte. Y’a rien à faire. Il s’obstine. Alors tu décides de te lever pour te barrer et échapper à les mots. Chaque pas est une douleur intense et tu finis par t’écrouler brusquement. Cette fois ci, t’as plus tellement le choix. Alors tu le laisses faire. Tu le laisses t’amener chez lui. Tu le laisses te soigner. Et doucement, tu t’endors. Tu t’endors dans un vrai lit. Pas un matelas de merde comme chez les lost boy comme peter les appelle. Quelle putain d’ironie. Peter qui recueille des lost boy. Qu’il aille se faire foutre. T’es pas perdu. Jamais.