Parfois la journée est tout à fait normale. Parfois le père pique au hasard l'un des enfants et le rosse en gueulant. Parce que l'enfant ne veut pas faire ce qu'il veut. Le quotidien des Popescu depuis maintenant plus de trente ans. Et Lavinia qui domine l'effroyable scène à chaque sans trop pouvoir dire ou faire quoi que ce soit. Il regarde la silhouette de sa femme s'extirper du lit. Elle n'a pas laissé le réveil sonner longtemps. Elle le laisse jamais à  vrai dire. Elle fait attention à une myriade de petits détails. Des choses minimes et insignifiantes mais qui rendent le quotidien de la petite famille vivable. Il en a pas conscience Lucian mais si sa femme n'avait pas été là, il y a bien longtemps que ce mot n'aurait plus de sens. Elle est la glu qui maintient les liens restants. Son frein lorsqu'il va trop vite, trop loin. Son tout. Il se souvient l'avoir aimé sur le coup. Avec une brutalité troublante, elle l'a touché alors qu'elle n'avait même pas prononcé un mot. Une âme en peine, comme la sienne. Plus faible, plus douce. Quelqu'un à protéger. Quelqu'un à aimer. Et son choix était bon. Elle est toujours là Lavinia. Elle l'a soutenu toutes ses années. Elle l'a aidé à dissimuler. Elle a fait de lui quelqu'un de meilleur. Bordel, dieu seul sait ce qui serait arrivé à ses gosses si elle n'avait pas jouer les intermédiaires de temps à autres. Parce qu'elle a les mots pour lui parler, les gestes pour le calmer. A son tour, il sort de sa chambre pour rejoindre la salle de bain. Il se passe de l'eau sur le visage, un doigt qui effleure sa lèvre tuméfiée suite à un combat ayant eu lieu la veille. Un peu de gomina dans les cheveux, du parfum bon marché dans le cou et il enfile des vêtements propres, laissant son caleçon sale trôner au beau milieu de la salle de bain. Lavinia se chargera de le ramasser. L'odeur du bacon parvient jusqu'à ses narines. Ses papilles imaginent déjà le goût des morceaux de porc croustillants sur sa langue.

Il rejoint la cuisine. A la voir là, s'affairer à préparer de quoi satisfaire la petite famille, il est fier. Souverain de ce domaine familial, il se dit qu'il a de la chance de l'avoir pour Reine. Lavinia n'a rien a envier aux minettes de vingt piges avec lesquelles il s'acoquine le temps d'une fellation ou d'un coup rapide. Elle est bien plus joli. Ses jambes longues et charnues auxquelles il s'agrippe avec joie et délectation. Ses yeux de biche. Sa poitrine rebondie. Neuf enfants et pourtant, il s’extasie toujours autant devant elle. Pourquoi la trompe t-il me direz vous dans ces cas là ? Simplement parce qu'il agit à l'instinct, il veut un truc, il le prend Lucian. Il se pose pas plus de questions que ça. Il réfléchit pas vraiment à l'impact que ça peut avoir sur sa femme par exemple. S'il lui fait du mal. C'est comme ça. Elle se doit de l'accepter. Il vient derrière elle par surprise. Ses mains rugueuses et fortes qui enserrent sa taille, faisant d'elle une prisonnière. Ce qu'elle est dans un sens. Il veut pas la laisser sortir Lucian, il veut pas la laisser filer, même juste un peu. Putain il aurait trop peur qu'elle décide de le quitter. « Tu sens bon. » lâche t-il en humant la nuque de sa femme. Ses mains avides se font plus entreprenantes, venant câliner la poitrine de sa femme sans retenue. Ce n'est ni le lieu, ni le moment mais Lucian n'a que faire de tout ça. Il est chez lui. Il peut faire ce qu'il souhaite quand il en a envie. « Tu dormais hier soir. » et comment la blâmer. Il est rentré vers une heure du matin, quand on sait qu'elle doit se lever aux aurores pour s'affairer à jouer les bonnes ménagères. Elle ne peut pas en connaissance de cause tenir son rôle d'épouse quand son mari rentre ivre mort, du sang plein les mains. Ceci dit, s'il n'était pas aussi éreinté, il ne se serait pas gêné pour la réveiller et s'imposer à elle.