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| what you break is what you get (madney) | |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: what you break is what you get (madney) Dim 30 Oct - 14:35 | |
| Planté devant le château, Sid se sent particulièrement con. Les gens le contournent sans le voir et se pressent tous à l'intérieur, impatients que la soirée démarre et qu'ils puissent tous se lancer dans la découverte des lieux. Et il reste là, seul. Jouant nerveusement avec ses doigts, tentant discrètement de tirer son costume comme pour l'agrandir. Plus ça va, plus il regrette son choix. Ça lui paraissant pourtant cool de s'déguiser en Deadpool, l'un de ses héros de comics favoris. Il avait juste pas pris en compte le fait que cette foutue combinaison serait aussi moulante. Il se sent ridicule et il fait profil bas, à regarder l'heure défiler sur l'écran de son portable. Mads a dit qu'elle était en route, mais il l'attend toujours. Et il commence à trouver l'temps long – il se demande même s'il devrait pas faire un aller-retour express chez lui pour se changer, et éviter l'humiliation qu'il a l'impression de s'être infligée tout seul. Loser un jour, loser toujours. Mais ses plans partent en fumée quand il aperçoit une p'tite silhouette se découper dans l'obscurité, silhouette qu'il reconnaîtrait entre mille. Ça l'fait sourire et déjà, il commence à avancer vers elle, levant le bras pour lui faire signe. « Mads ! » Il se hâte dans sa direction, avant de remarquer la perplexité qui peint ses traits. Forcément. Avec son masque, elle risque pas de le reconnaître. Alors il se presse pour l'enlever, mais ça aussi c'est serré, tellement qu'il a l'impression de s'arracher la moitié du visage avec, et qu'il est obligé de lutter comme un imbécile sous les yeux de Mads. L'humiliation continue. Et il se demande si c'est vraiment trop tard pour repartir chez lui et se changer. Surtout qu'ses yeux se posent sur elle, et qu'il se sent foutrement ridicule à côté. Elle est habillée presque normalement, ayant choisi l'option maquillage plutôt que costume complet. Et l'pire, c'est que même comme ça, avec le teint cadavérique et le regard creusé et du faux sang, il arrive à la trouver belle. C'est ridicule. Il est ridicule. « T'es, euh... T'es jolie avec ton maquillage. » Pourquoi il l'a dit. Pourquoi il l'a dit ? Putain, pourquoi. Il. L'a. Dit. Il se fige un peu, et le malaise qui émane de lui doit être encore plus gênant que son compliment raté. Mais c'est sorti tout seul. Et il peut pas s'empêcher de continuer à observer ses traits – ceux qu'il a cru qu'il n'verrait plus lors de l'ouragan. Ceux qu'il a cherché désespérément, sans jamais y arriver. Mais il préfère pas y penser, ça risque trop d'éveiller cette culpabilité avec laquelle il s'auto-flagelle. Alors il se racle un peu la gorge, histoire de reprendre contenance. Histoire de s'donner le courage d'oublier tout ça, le courage d'être un lâche. « Viens, j'crois que ça a démarré, les gens sont quasiment tous rentrés. » Il l'entraîne à sa suite vers le château, qui lui paraît encore plus flippant que ses extérieurs. Ils se faufilent à travers les gens agglutinés, et Sid attrape le poignet de Mads pour être sûr de n'pas la perdre dans ce brouhaha. Il essaie de voir si le propriétaire des lieux est là pour donner le ton d'la soirée, mais visiblement, il est aux abonnés absents. Ça lui paraît un peu étrange mais il s'en formalise pas des masses. Après tout, il veut peut-être faire une entrée remarquée un peu plus tard. Ou c'est un mégalo dans l'genre du Great Gatsby, qui organise des superbes soirées sans que personne ne sache qui il est.
Mais si Sid se pensait trop à l'étroit dans son costume, c'est rien comparé à maintenant. Il est oppressé à la fois par le tissu, mais aussi par la foule. Et il a qu'une envie : respirer. « On visite ? » De toute façon, il lui laisse pas vraiment le choix et l'embarque une fois de plus avec lui, incapable de la lâcher. Une fois qu'ils se sont un peu extirpés de l'attroupement, il a plus aucune excuse pour la tenir comme ça, alors il la libère à contrecœur. Et maintenant qu'ils sont à l'écart dans les couloirs, il se dit qu'il devrait p't'être s'excuser. Il l'a déjà fait, quand ils se sont revus pour la première fois après l'ouragan. Quand elle l'a frappé et engueulé, laissant éclater toute son angoisse et sa frustration. Il s'est excusé encore et encore, il lui a dit combien il avait eu peur, il l'a serrée dans ses bras et a senti son cœur voler en éclats. Il est resté vague sur son aventure à lui – il a pas voulu lui parler de Tobias et du flingue qu'il a pointé sur sa tête à trois reprises. Il a pas voulu lui raconter la peur-panique qui lui a retourné les tripes quand il a eu son message vocal, l'élan d'adrénaline qui l'a poussé à vouloir la chercher. La sensation d'crever quand il a cru qu'il avait croisé son cadavre, et les cauchemars qu'il fait en revoyant le visage abîmé de cette femme. La culpabilité de pas avoir réussi à la trouver dans le chaos, d'avoir été trop faible, d'avoir été trahi par son corps et d'avoir été forcé à baisser les bras. La culpabilité d'avoir eu l'impression de la laisser tomber, la laisser crever, en essayant de sauver Tobias. Il peut pas lui avouer tout ça. Il peut pas lui dire qu'il n'est qu'un raté, même pas foutu de venir la retrouver. Alors il a préféré écouter son histoire à elle, et n'lui dire que l'essentiel sur la sienne – la peur et le froid, un homme à ses côtés, l'arrivée des secours pour les sortir de là. Pourtant il continue d'se sentir terriblement coupable, et il voudrait qu'elle sache à quel point il est désolé. À quel point il s'en veut. « Mads, faut que... » Il s'arrête en plein milieu, alors qu'une bande de joyeux lurons passe près d'eux, dans un concert de rires bruyants et d'éclats de voix pleins d'enthousiasme. Il passe une main sur son crâne rasé, comme il le fait chaque fois qu'il est nerveux, les observant s'éloigner au bout du couloir. S'il veut discuter de ça, vaut mieux trouver un coin plus tranquille. Alors il ouvre la première porte qu'il aperçoit, se tournant vers Mads pour l'inviter à entrer avant lui. Il la suit à l'intérieur, et la porte claque dans un bruit sourd, lugubre – d'ceux qui vous font croire que vous êtes enfermés dans une vieille cave bien glauque. Et il essaie de trouver le courage de reprendre là où il s'est stoppé. Il essaie vraiment. Mais y a ses prunelles qui s'accrochent à elle, à sa peau dorée, à ses cheveux emmêlés, à son visage de gamine sauvage. Et il peut pas. Il scanne rapidement la salle, les sièges de cinéma et l'écran qui leur fait face – ça fait une diversion parfaite. « Wow. Tu crois qu'on va avoir une projection privée ? » Il s'approche finalement d'une rangée de sièges pour aller s'installer au milieu, lançant un regard à Mads, attendant qu'elle le suive. « J'aimerais bien qu'ils passent des films gores vintage. T'sais, ceux avec la sauce tomate bien fluo pour faire le sang. » Et il s'marre un peu, en se demandant si on va vraiment leur passer un film comme ça. Il dirait pas non à un vrai film d'horreur aussi, ceux qui sont bien flippants – ceux qui pourraient pousser Mads à s'agripper à lui. Mais il regrette instantanément d'penser à ça, parce que ça lui fait mal chaque fois. Et sur ses lèvres, son sourire se meurt sans un bruit. Et au creux d'sa poitrine, son cœur se tord jusqu'à l'agonie. |
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Bip bip ▹ posts envoyés : 1301 ▹ points : 38 ▹ pseudo : miserunt (mathie) ▹ crédits : ailahoz (avatar) moi (gif) & whi (profil) ▹ avatar : mimi elashiry ▹ signe particulier : air mauvais, moue boudeuse, la crinière sauvage qui vient toujours cacher son visage ; tenues provocantes et allure d'allumeuse, pourtant elle n'assume rien et s'indigne lorsqu'on la drague un peu trop.
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| Sujet: Re: what you break is what you get (madney) Jeu 3 Nov - 14:35 | |
| FLASH-BACK.
Elle tambourine à la porte de son appartement, comme une folle. Et lorsque la porte s'ouvre, elle ne lui laisse aucune chance. A peine le temps de reprendre son souffle. Elle bondit sur lui, toutes griffes dehors, tigresse enragée. Et sa main droite qui vient gifler sa joue mal rasée avec une violence nouvelle. Un mélange de peur et de soulagement. - TU M'AS LAISSÉ TOMBER ! Qu'elle hurle, jusqu'à en perdre haleine. Elle lui refile une deuxième gifle, parce que l'émotion qui la traverse à cet instant est tellement forte qu'elle se sent comme obligée de l'extérioriser avec une telle violence. - J'AI CRU QUE T’ÉTAIS MORT SALE CON ! Elle se souvient encore de son souffle qui raisonne dans le combiné, puis du bruit de chute et puis plus rien. Elle se souvient de son cœur qui tombait en morceaux alors qu'elle tentait de le rappeler mais que l'engin sonnait dans le vide. Elle se souvient de cette terreur. Cette peur insupportable, celle de l'avoir perdu. Plus jamais ça. Elle ne veut plus, jamais, jamais, revivre ça. Elle finit par s'effondrer et vient se jeter à son cou, l'entourant de ses bras et le serrant tout contre elle, jusqu'à lui couper le souffle. Elle enfouit sa tête dans son cou, retrouvant enfin la douceur de sa peau, cette chaleur solaire qui émane de lui et son odeur, si particulière, qui parfume chacun de leurs souvenirs. - J'ai cru que j'te reverrais jamais. Qu'elle finit par murmurer, alors que ses larmes salées viennent mourir sur la peau de Sid. Elle voudrait ne plus jamais le lâcher. Rester pendue à son cou, tout le temps, toujours. Ils auraient pu arriver ensemble, c'est vrai. Mais Mads travaillait, pas très loin du château et il était plus simple pour elle ne pas refaire un détour par le centre-ville. Une fois les dernières photos en boite, elle range tout son matériel dans son sac-à-dos et en extirpe ses fringues de rechange. Elle quitte la route principale et se cache lamentablement derrière un arbre pour intervertir ses vêtements. Elle revient au bord de la route, se fabrique une installation bancale où elle coince le miroir de poche qu'elle a emmené, sur la selle de sa bicyclette et s'accroupit pour pouvoir se voir dedans. Là, elle commence son maquillage un peu laborieux. Le résultat n'est clairement pas aussi beau que sur le modèle, mais elle s'en fout pas mal, loin d'être obsédée par le regard des gens sur elle. Elle remballe tout, jette son sac-à-dos sur son épaule et dévale la route en direction du château, alors que la nuit est déjà bien installée. Avant d'arriver sur le lieu de la fête, elle va planquer son vélo dans la petite forêt adjacente qui semble être la propriété du château. Puis, elle remonte la route, se mêlant à la foule, son téléphone dans sa main, au cas où Sid essayerait de la contacter. - Mads ! Elle tourne la tête sur sa droite, à la recherche de la personne qui vient de la héler. Mais la voix de ne lui dit rien, une voix d'homme, à moitié étouffée. Elle fronce les sourcils, cherchant Sid par réflexe, mais ne le trouvant nulle part. Ses yeux se posent sur le Deadpool qui s'approche d'elle et elle le détaille de haut en bas, perplexe. Elle a ce réflexe idiot de regarder par-dessus son épaule, en se disant que ce n'est pas vers elle qu'il fonce. Jusqu'à ce qu'il retire son masque. Et là, ses yeux s'illumine, ses joues se gonflent légèrement alors qu'elle tente de retenir un éclat de rire, mais elle n'y parvient pas plus de trois secondes avant de se laisser aller à un rire moqueur et tendre à la fois. Rapidement, elle vient recouvrir sa bouche de ses mains, pour tenter de s'arrêter, à moitié confuse de se foutre de lui si ouvertement. Il a l'air tellement penaud, tellement mal à l'aise. - T'es, euh... T'es jolie avec ton maquillage. Son rire cesse brutalement. Elle se redresse et le dévisage, ses joues virent au rouge cramoisie et elle remercie le ciel d'être maquillée et dans la pénombre, ne laissant à personne la possibilité de voir cet élan de faiblesse incontrôlé. Elle se braque un peu et hausse les épaules, ignorant son rythme cardiaque qui s'est sensiblement accéléré et la nuée de papillons qui vient de s'envoler dans son ventre. - C'pas trop le but d'être jolie à Halloween mais ok. Elle ne sait pas quoi dire, alors elle fait sa Madusa, elle ronchonne. Sa seule échappatoire face à Sid, quand il la met dans de tels états. Elle le détaille de haut en bas, amusée. - Cool ton costume c'est... Elle marque une pause, se mord la lèvre inférieure pour s'empêcher de rire à nouveau. - .. moulant. Elle mord plus fort, sentant qu'elle va craquer. Elle prend une grosse inspiration et toussote discrètement pour se calmer. Elle ne s'attendait franchement pas à le voir déguisé. Encore moins comme ça. Et faut bien avouer que ce n'est pas pour lui déplaire. Surtout lorsqu'il se met à marcher devant elle, lui offrant une vue délicieuse sur ses fesses moulées. Elle lève les yeux au ciel, désespérée par la bouffée de chaleur qui l'étreint.
Ils se retrouvent au milieu des gens et elle sent la main délicate de Sid entourer son poignet. Elle ne proteste pas, le poignet, c'est ok. Ils ont beau toujours avoir été tactiles entre eux, y a quand même des choses qui la gêne. Par exemple, il ne peut pas lui tenir la main. C'est beaucoup trop ambigüe à ses yeux. Mais elle refuse de s'interroger réellement sur pourquoi elle ne veut pas de sa main dans la sienne, laissant son inconscient gérer tout ça pour elle. - On visite ? Elle se contente de hocher brièvement la tête, trop occupée à observer les lieux. Ses yeux pétillent, elle adore Halloween et elle doit bien avouer qu'elle n'est pas déçue d'être venue ici. Elle n'a jamais vu un endroit aussi beau, aussi bien décoré pour fêter les morts. L'excitation la gagne, totalement emballée par la soirée qui se dessine devant eux. L'ouragan est loin, Sid est tout près. Les choses sont revenues à la normale. Tout va bien. Tout va bien. Elle se répète ça comme une litanie, pour chasser ses sombres pensées et ses peurs encore bien vivaces. Toutes celles qu'elle a ressentit lors de l'ouragan. L'eau qui monte dans la voiture. Sid qui semble en danger. Elle toute seule. Et toute cette panique qui lui déchirait les boyaux. Si Ace n'était pas arrivé, elle n'est pas certaine qu'elle aurait survécu. Qu'elle serait là, ce soir, avec Sidney. Elle baisse les yeux sur lui, comme pour s'assurer que c'est bien réel, qu'il est bien là, qu'ils sont bien ici ensemble. Et elle sourit, à cause de son costume. Y a que lui pour faire ça et ne pas l'assumer ensuite. Ils se retrouvent enfin loin de la foule pressante et elle sent son poignet se faire libérer des mains douces de son ami. Son sourire disparait, laissant place à une certaine déception à peine dissimulée, qu'elle chasse rapidement, refusant d'éprouver ça. - Mads, faut que... Elle relève les yeux vers lui, haussant un sourcil, méfiante. Et elle n'est pas mécontente Mads, quand une bande de jeunes survoltés l'interrompt. Parce que y a quelque chose dans la voix de Sid qui ne lui plaît pas. Dans cet espèce de malaise qu'il dégage, à chaque fois qu'il veut parler d'un truc sérieux. Et Mads, elle n'a pas envie. Pas ce soir. Ni demain. Ni jamais, en fait. Elle ne sait pas de quoi il veut lui parler, mais elle ne veut surtout pas le savoir. Elle craint trop qu'il revienne sur le message vocal qu'elle lui a laissé. Ces quelques mots tellement gênants. Ces quelques mots qu'elle n'assume pas du tout. Alors elle tourne la tête pour suivre du regard les jeunes qui courent dans tous les sens, se désintéressant de lui, cherchant désespérément un moyen de le faire taire. De changer de sujet. Mais elle ne trouve rien. Dans sa tête, ça s'embrouille. Quand elle repose son regard sur lui, il n'est plus là. Elle fait un peu en avant, surprise, presque paniquée. Mais elle le repère rapidement, cinq mètres plus loin, dans l'encadrement d'une porte, l'invitant à y entrer. Elle ne sait pas si c'est une bonne idée d'aller s'enfermer quelque part seule avec lui. Sa tête lui dit non, lui hurle de faire demi-tour et de retourner dans la grande salle. Pourtant, elle s'élance et le rejoint, s'insultant intérieurement d'être aussi conne. Aussi faible. L'insultant lui, aussi. D'être aussi craquant, d'avoir ce visage auquel on ne peut pas dire non. Quel emmerdeur, putain.
Quand la porte se referme, le bruit est si fort qu'elle sursaute. Elle se retourne aussitôt, pas rassurée. Elle détaille la porte, étrangement épaisse. Elle hésite une seconde à foncer jusqu'à la poignée et tenter de l'ouvrir, juste histoire de s'assurer qu'ils ne sont pas enfermés. Mais la voix de Sid la détourne de son objectif. - Wow. Tu crois qu'on va avoir une projection privée ? A contrecœur, elle lâche la porte du regard et rejoint Sid, découvrant alors les lieux. L'endroit est joli, mais elle ne se sent pas à son aise. - J'sais pas. Elle a cette expression contrite sur le visage, signe que quelque chose la perturbe. - Tu trouves pas ça bizarre qu'il n'y ait que nous ? Elle se laisse tomber dans le siège d'à côté, continuant de regarder partout autour d'elle, nerveuse. Elle a ce truc dans le ventre qui lui noue les tripes. Un mauvais pressentiment. Tandis que Sid, lui, semble parfaitement détendu et heureux d'être là. - J'aimerais bien qu'ils passent des films gores vintage. T'sais, ceux avec la sauce tomate bien fluo pour faire le sang. Elle pose ses prunelles sur lui, observant son profil. Et pendant quelques secondes, elle s'autorise à oublier ses angoisses. Un petit sourire au coin des lèvres. C'est dans ce genre de moment qu'elle se souvient pourquoi elle tient autant à lui. Tout est si simple avec lui. Un rien l'enchante. C'est à se demander comment il fait pour la supporter elle et ses humeurs massacrantes. Elle et ses plaintes incessantes. - C'est tellement nul ce genre de films. Qu'elle ne peut retenir, avec ce ton cassant qu'elle emploie à chaque fois qu'elle râle sur quelque chose ou quelqu'un. Puis, oubliant l'écran devant eux, elle vient poser sa main sur la cuisse de Sid, tâtant le tissu. - La vache, tu dois crever de chaud là-dedans, nan ? Elle continue de jouer avec le tissu, tirant dessus pour tester son élasticité, ne prêtant pas attention au fait que sa main se balade tranquillement entre le haut et l'intérieur de la cuisse de Sidney. - P'tain, tu dois transpirer et puer à fond là-dessous. Elle retrousse son petit nez tout en se marrant, à moitié dégoûtée.
Mais elle se fait interrompre dans son petit manège par l'extinction des lumières. Elle retire sa main et s'enfonce dans son siège, venant poser ses pieds sur le dossier du siège devant elle, toujours dans cette attitude nonchalante et blasée. L'écran s'allume et les premières images apparaissent. - Mais.. ? Sid. C'est Sid sur les images. Elle fronce les sourcils, retire ses pieds et vient s'asseoir sur le bord de son siège, le buste penché en avant, le visage déformé par l'incompréhension. Elle tourne la tête vers son ami, dubitative. - C'est quoi c'délire ? Elle se lève et se tourne pour chercher du regard la salle de projection. Mais elle ne trouve rien. Elle pivote à nouveau, regardant les images qui défilent, perplexe. Qui a filmé ça ? Et qu'est-ce que ça fout là ? C'est une blague de Sid ? - C'est toi qui à fait ça ? Qu'elle demande, de plus en plus stressée. Et ça ne fait qu'empirer. Elle se pétrifie en reconnaissant les images. Ce point de vue, c'est le sien. Son palpitant s'affole et ses mains deviennent moites. Elle reconnait chacun des moments qui passent sous leurs yeux ébahis. Ses pupilles se dilatent au maximum alors qu'elle sent la panique monter en elle. Sur la vidéo, on ne voit que Sid se faire détailler de la tête aux pieds quand il ne regarde pas. La "caméra" traîne entre ses mains et ses lèvres, sa nuque et son profil, avec insistance. Et dès qu'il tourne la tête vers l'objectif, la caméra se détourne lamentablement. Mais putain. La caméra. C'est elle. On voit le clignement des yeux, on voit même ses mèches de cheveux qui passent par moment. Mads est livide. Elle ne comprend pas. Comment ? Comment c'est possible ? C'est impossible. IMPOSSIBLE. Elle passe ses mains dans ses cheveux, les tirant en arrière, au bord de la rupture. Elle a envie de crier, de pleurer, de se cacher. Ça tambourine dans sa poitrine, si fort que ça finit par faire mal. Elle reste muette d'effroi, alors qu'elle a l'impression d'être en train de vivre la pire des catastrophe. Une humiliation glacée. Ses jambes se mettent à trembler et elle a la sensation de manquer d'air. Ne supportant plus de rester là, elle fuit. Elle remonte la rangée à toute allure et se jette sur la porte pour l'ouvrir et se casser d'ici. Mais la porte refuse de s'ouvrir. Mads perd patience et s'acharne comme une folle sur la poignée. - Ouvre toi, mais OUVRE TOI PUTAIN ! Elle se secoue dans tous les sens, on dirait une échappée de l'asile. Pourquoi elle ne veut pas s'ouvrir cette conne ? Ses mains humides glissent sur la poignée et elle se met à taper contre la porte, avec ses poings, ses pieds. Elle craque complètement, assaillit par la honte et un malêtre encore jamais connu. Elle voudrait réellement disparaître. Mieux encore : que Sid n'ait jamais vu ça. Ou qu'il ne comprenne pas. Qu'il ne fasse pas le lien. Mais elle sait que c'est impossible. Et elle a l'impression qu'elle va crever tellement c'est horrible. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: what you break is what you get (madney) Jeu 10 Nov - 20:01 | |
| Mads se met à rire et il la regarde en silence, penaud, passant une main sur son crâne nerveusement. Faut croire qu'il aurait vraiment dû faire demi-tour et aller se changer, ôter ce costume ridicule pour s'épargner le sentiment de honte qui l'étreint instantanément. Alors il tente de faire diversion, de changer d'sujet pour qu'elle arrête de se moquer. Mais les mots qui lui échappent sont trop vrais, à dix mille lieues de ce qu'il aurait voulu – dû ? – lui dire. Il se fige, elle arrête de s'marrer. Pendant une seconde, il crève d'envie de continuer sur sa lancée, de lui avouer tout c'qu'il garde secret. Mais Mads le coupe en premier et il la remercie silencieusement, pour lui avoir évité une telle connerie, et une humiliation probable. « C'pas trop le but d'être jolie à Halloween mais ok. » Il laisse échapper un rire nerveux, parce qu'il se sent con et qu'il sait pas quoi faire d'autre. Y a son regard qui pèse sur lui et il voudrait y échapper, mais y a pas d'issue de secours. « Cool ton costume c'est... moulant. » Il voit bien qu'elle s'retient de rire à nouveau et il ouvre la bouche pour protester, la referme sans un mot, puis la rouvre à nouveau. Oscillant entre l'envie de rire avec elle, et celle de bougonner. « Oui bah oui mais bon, hein, euh, voilà... Tais-toi. J'suis déjà assez outré d'être en train de me balader dehors comme ça. » Y a un sourire qui vient étirer ses lèvres, aussi maladroit que désespéré, mais maintenant qu'il est là, il a pas d'autre choix que d'assumer. Ou en tous cas, d'essayer. Et ils finissent par entrer dans le château, Sid attrapant le poignet de Mads pour pas la perdre dans la foule. Ils se fraient un chemin au milieu des gens, déambulent dans les couloirs. Il voit la lueur qui pétille dans ses yeux et ça l'fait sourire, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il aurait pu ne plus jamais avoir cette chance. Il aurait pu la perdre. Alors il voudrait qu'elle sache combien il est désolé, combien il a essayé, combien il a fait tout ce qu'il pouvait – même si c'était pas assez, c'est jamais assez. Il essaie d'aborder l'sujet mais une bande de jeunes le coupe dans son élan, alors il invite Mads dans une salle avec lui. À l'abri. Là où ils pourront parler, là où il pourra tout lui expliquer, tout avouer. Mais à peine la porte refermée qu'il a déjà perdu tout son courage, incapable de finir ce qu'il avait commencé. Alors il fait ce qu'il fait de mieux : il change de sujet. Encore, toujours, étouffé par sa propre lâcheté. Il s'installe dans les sièges et fait mine d'avoir tout oublié, focalisé sur l'écran face à eux et l'éventuelle projection à venir. « J'sais pas. Tu trouves pas ça bizarre qu'il n'y ait que nous ? » Elle a pas l'air tranquille, Mads. Ça l'fait sourire tandis qu'il la suit du regard, haussant les épaules comme un gamin insouciant. « Vu comment c'est grand, y a plein de salles qui ont pas encore dû être découvertes. On a d'la chance, on est tranquilles comme ça. » Lui, ça l'dérange pas. Au contraire – il préfère être seul avec elle. Juste eux, dans leur bulle, sans l'reste du monde pour venir l'éclater. Et s'ils peuvent avoir un film d'horreur en prime, il dit pas non. « C'est tellement nul ce genre de films. » Sid tourne la tête vers elle, avec une petite moue déçue. « Roh allez, on pourra se moquer des effets spéciaux tous pourris. T'as pas envie d'rigoler avec moi ? » Il lui sort son regard de chiot, celui qu'il fait quand il veut la voir rire ou essayer de l'amadouer quand elle est en colère. Mais elle le regarde à peine, trop concentrée sur son foutu déguisement. Tellement qu'elle pose carrément sa main sur la cuisse de Sid, qui se fige à ce contact. Il la dévisage en silence mais elle ne le voit pas, et il ose plus bouger, à peine respirer. « La vache, tu dois crever de chaud là-dedans, nan ? » Non. Si. C'est elle qui lui donne chaud, à tirer sur le tissu, à laisser sa main vagabonder sur sa cuisse et l'intérieur de celle-ci. Il se crispe de la tête aux pieds, se demandant si elle le fait exprès, si elle se rend compte de ce qu'elle fait. Il ose pas lui demander d'arrêter mais il se force à contrôler sa respiration, l'angoisse au creux des tripes : celle de s'retrouver dans la même position que l'autre fois. Il veut pas l'entendre rire de lui à nouveau, il veut pas subir cette humiliation cuisante. Faut pas penser à elle. Faut penser à la mamie du troisième toute nue. Voilà. Ça calme. « P'tain, tu dois transpirer et puer à fond là-dessous. » Quoi ? Il la regarde sans comprendre pendant une seconde, chassant les images un peu dégueulasses de sa pauvre voisine. Transpirer. Oui. Sûrement. Elle aide pas, putain. « Hein ? Tu crois ? Je... sais pas. Peut-être, euh, c'est possible. Pas étonnant que Deadpool ait la gueule d'un avocat périmé, c'est trop serré ce truc. » Une fois de plus, il lâche un rire nerveux, se flagellant mentalement d'être incapable de s'exprimer en temps de crise. Sûrement qu'un tombeur lui aurait déjà dit de venir vérifier avec un p'tit sourire en coin, ceux qui font craquer toutes les filles. Mais Sid sait pas sourire comme ça, et Sid pourrait jamais lui sortir un truc comme ça. Condamné à trébucher sur les mots, et à penser à sa vieille voisine sous la douche pour garder ses ardeurs sous contrôle. Surtout avec ce costume là. Ça pardonne pas.
Heureusement pour lui, les lumières s'éteignent et la projection démarre, mettant fin à la ridiculisation qu'il s'inflige tout seul. Il lâche un soupir soulagé, s'enfonçant dans son siège avec un léger sourire aux lèvres. Qui s'efface dès l'apparition des premières images. Ça lui fait tout drôle, de voir sa tronche étalée sur plusieurs mètres carrés. « Mais.. ? » Il écarquille un peu les yeux, complètement incrédule, alors qu'il est toujours fièrement affiché à l'écran. Il tourne la tête vers Mads, complètement paumé. Mais à en juger par le regard qu'elle lui lance, elle est dans le même état. « C'est quoi c'délire ? » Il secoue la tête frénétiquement pour lui signifier qu'il sait pas non plus, avant de plonger à nouveau son regard vers l'écran. Et ça l'fait grimacer, de se voir en grand, là, comme ça. Il s'enfonce un peu plus profondément dans son siège, paralysé, un peu effaré, passablement inquiet. Il comprend pas d'où sortent ces images, il comprend pas pourquoi on leur passe ça. « C'est toi qui a fait ça ? » Il lâche un hoquet surpris, posant à nouveau les yeux sur Mads, choqué qu'elle puisse poser la question. Elle sait bien que c'est pas son genre. « Mais... NON ! C'est flippant, sérieux. Tu crois qu'on est tombés chez un taré ? » Ses méninges se mettent à tourner à plein régime, cherchant une explication, cherchant qui peut bien avoir filmé de telles images sur lui. Il pense à deux-trois potes pour une blague de mauvais goût, mais ils se seraient jamais donné autant d'mal. Il pense à son père, mais il voit pas l'intérêt qu'il aurait à faire un truc pareil – et c'est pas son genre non plus. Il pense même à Tobias, en s'demandant si c'est un avertissement, si c'est pour lui montrer qu'il peut le trouver et finir le travail qu'il a pas pu terminer pendant l'ouragan. Un frisson lui secoue l'échine et il sent sa gorge se nouer, alors qu'il commence à gigoter sur son siège. « On devrait p't'être se tirer. Sans déconner, celui qui a filmé ce truc, c'est un putain de stalker. J'veux même pas savoir qui est le psychopathe qui a fait ça. » Mais au moment même où il dit ça, il reconnaît un passage sur les images. Il reconnaît le moment, partagé avec Mads, qu'on ne voit pourtant nulle part à l'écran. Il fronce les sourcils et se penche un peu en avant, comme pour mieux voir, étudiant l'écran soigneusement. Il comprend que l'objectif, c'est une personne. Et plus ça va, plus il voit que les moments sont ceux partagés avec Mads. Certains où on l'voit rire, d'autres où il tire la gueule, d'autres où il a l'air lancé dans une discussion passionnée, d'autres où il s'énerve, d'autres où il regarde droit vers la caméra – et ceux-là le déstabilisent. Parce que dans ceux-là, il voit l'éclat dans ses propres yeux, l'angle de son propre sourire. Il devine qu'il est en train de regarder Mads, de lui parler à elle quand il s'adresse à la caméra. Il finit même par reconnaître l'une de ses mèches sauvages passer devant l'objectif, l'une de ses mains se tendre vers le lui qu'on voit à l'image. Et il remarque la façon dont la caméra se détourne fatalement, chaque fois qu'il semble la remarquer. Il comprend pas – il est pas sûr de pouvoir saisir ce qui s'passe. C'est Mads ? La caméra, c'est elle ? C'est elle, qui l'regarde comme ça ? C'est à travers ses yeux, qu'on voit ? Impossible. Aussi bien techniquement, que sur le principe. Certaines images s'attardent beaucoup trop sur ses lèvres, ses mains, sa mâchoire, ses clavicules, son dos. Ça peut pas être Mads. Elle le regarde pas comme ça. Pas vrai ? Comme pour s'en assurer, il tourne la tête vers elle, comme s'il espérait qu'elle lui montre combien cette idée est absurde. Mais elle est plus là. Elle est loin, là-bas, en train de s'acharner sur la porte en gueulant. Sid comprend plus. Il est complètement perdu, et il finit par se lever lentement, continuant de lancer des œillades vers l'écran. Il avance jusqu'à Mads, qui continue de s'énerver contre la porte, se secouant tellement qu'on croirait presque qu'elle est possédée. Quel merdier. « Mads ? Tu fous quoi ? » Il voit bien : elle veut sortir. Mais il pige pas pourquoi elle y met tant de hargne, comme un animal pris au piège avec son prédateur. « Calme-toi. » Il avance la main pour la poser sur son épaule, mais elle fait un geste brusque et il se prend un coup dans le bras, se reculant d'un pas. Elle est déchaînée. « Mads... MADS, ARRÊTE. » Avec plus de fermeté cette fois-ci, il vient la saisir par les épaules, pour la forcer à cesser sa crise et à se tourner vers lui. Il vrille ses prunelles dans les siennes, sentant la détresse qui irradie par tous ses pores. Et lui, il est juste un peu plus paumé à chaque seconde qui passe. « J'comprends pas... C'est toi qui a fait ça ? » Il voit pas d'autre explication, il a reconnu plusieurs moments où ils n'étaient que tous les deux. Mais il saisit pas pourquoi elle ferait un truc comme ça. Qu'elle suive des gens au hasard et qu'elle les prenne en photo, c'est une chose. Mais qu'elle fasse ça avec lui, ça le dépasse complètement, et il a du mal à croire que ce soit vraiment elle, la responsable. Pourtant, y a aucune autre hypothèse sensée qui lui vient. « C'est pour ça qu'tu veux tellement sortir ? C'est toi ? Ça peut être que toi, mais... Pourquoi ? » Il sait même pas comment elle aurait pu faire, pour filmer des images pareilles à son insu. C'est pas crédible. Toute cette situation n'a ni queue ni tête, et il a beau essayer de comprendre, il n'en est que plus perturbé. « Je... J'comprends pas. » Qu'il répète, comme un gosse perdu, cherchant des réponses dans le regard fauve de Mads. Mais il voit rien, rien d'autre que l'angoisse qui semble avoir pris possession d'elle. Il sent à quel point elle est mal, ça le heurte de plein fouet, ça l'fait presque vaciller. Il sait plus quoi faire, quoi dire, quoi penser. Il la dévisage, avec l'espoir qu'elle va lui lancer une bouée, venir l'éclairer, lui tendre la main – n'importe quoi, pourvu qu'elle l'aide à calmer le chaos dans sa tête. Mais elle l'air d'être dans une position encore plus bancale que lui. Il sait pas pourquoi, mais c'est comme si elle avait peur. Et la voir comme ça, ça lui crève le cœur. |
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Bip bip ▹ posts envoyés : 1301 ▹ points : 38 ▹ pseudo : miserunt (mathie) ▹ crédits : ailahoz (avatar) moi (gif) & whi (profil) ▹ avatar : mimi elashiry ▹ signe particulier : air mauvais, moue boudeuse, la crinière sauvage qui vient toujours cacher son visage ; tenues provocantes et allure d'allumeuse, pourtant elle n'assume rien et s'indigne lorsqu'on la drague un peu trop.
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| Sujet: Re: what you break is what you get (madney) Dim 20 Nov - 10:51 | |
| - Oui bah oui mais bon, hein, euh, voilà... Tais-toi. J'suis déjà assez outré d'être en train de me balader dehors comme ça. Elle joint son rire au sien, de bon cœur. Y a que Sid pour faire ça. Pour se foutre dans une situation totalement inconfortable sans le faire exprès. Avec le temps, c'est devenu un expert de ce genre de choses. Et elle ne compte même plus le nombre de fois où il a pu la faire rire avec ça. Sa maladresse et toute cette gêne qui émane de lui. Sidney est la personne la plus attendrissante qu'elle connaisse. Et à chaque fois, face à sa gueule de gentil voyou, elle se sent fondre, comme neige au soleil. Il sait pas, ce con, que quand il est là, elle a des palpitations. Qu'il lui réchauffe le cœur d'un simple sourire. Qu'elle a besoin de le voir au moins une fois par jour pour se sentir bien. Sans quoi, le manque lui terrasse le palpitant et elle donnerait n'importe quoi pour retrouver la douceur de ses bras. Non, il ne sait pas tout ça. En fait, il ne peut pas savoir, parce que même elle n'en a pas vraiment conscience. Elle se contente de subir toutes ces émotions, en se disant que c'est normal de ressentir cet attachement pour son meilleur ami. Qu'il n'y a rien de bizarre derrière ça. Et pourtant. Pourtant, elle n'assume pas. Elle le lui cache. Parce qu'une partie d'elle sait pertinemment ce que tout ce cinéma veut dire. Mais elle préfère ne pas l'écouter. C'est plus simple. Et ça lui évitera une probable désillusion.
Il leur faut quelques instants à peine pour se retrouver isolés dans une petite salle peu rassurante. Mais Mads n'y fait même pas attention. Elle est encore concentrée sur la sensation de brûlure sur son poignet, là où la main de Sid la tenait. Il lui faut un certain temps avant de redescendre sur terre et de rejoindre son ami dans la réalité. C'est là que le malaise s'installe. Cette pièce, complètement vide, alors que ça grouille de partout dans les couloirs. Pourquoi personne d'autre ne rentre ? Elle jette plusieurs regards anxieux vers la sortie, close. Elle souffle, nerveuse, tout en s'installant à côté de son ami et lui fait part de son inquiétude. Mais il n'a pas l'air concerné, ne partageant clairement pas son trouble. - Vu comment c'est grand, y a plein de salles qui ont pas encore dû être découvertes. On a d'la chance, on est tranquilles comme ça. Oui. Non. Peut-être. Elle peut pas s'empêcher de trouver ça bizarre quand même. Comme un mauvais pressentiment. Puis, elle se dit que c'est un peu bête. Qu'est-ce qui pourrait bien leur arriver dans une salle de projection, au beau milieu d'un château en pleine fête ? Sûrement rien. - Ouais, sûrement. Elle essaye de se détendre et elle doit avouer ne pas être mécontente de se retrouver seule avec Sid. Quoi que, si le film pouvait démarrer rapidement, ce serait une bonne chose. Elle n'a aucune envie qu'il reprenne là où il s'était arrêté. Parce que quelque chose lui dit qu'elle ne va pas passer un bon moment. - Roh allez, on pourra se moquer des effets spéciaux tous pourris. T'as pas envie d'rigoler avec moi ? Elle tourne la tête vers lui et se retrouve nez à nez avec sa tête de chiot. Elle tente de lui faire les gros yeux pendant trois secondes avant de finalement se mettre à rire. Elle pose sa main sur le visage de son ami et le repousse gentiment en arrière, hilare. - T'es qu'un con. Elle secoue la tête, un sourire rayonnant sur le visage. Bien sûr qu'elle a envie de rigoler avec lui. Son rire, elle l'adore. Même si elle prend un malin plaisir à le bâcher à chaque fois, parce qu'il ne transpire pas la virilité.
Voyant qu'aucun film ne commence, elle décide de combler le vide pour empêcher Sid de parler. Sa main s'aventure sur le tissu de son costume, dans le creux de sa cuisse. Ses gestes semblent innocents et elle se persuade qu'ils le sont. Mais une partie d'elle agit en parfaite connaissance de cause. Le souvenir de l'autre matin lui revient en mémoire. Et même si elle tente d'y faire abstraction, une partie d'elle demeure curieuse. Est-ce qu'il bandait à cause d'elle, où simple réflexe matinal ? Elle n'est pas certaine de vouloir connaître la réponse. Car dans un cas comme dans l'autre, elle serait soit troublée, soit déçue. Pathétique. Et pourtant, elle ne peut pas s'empêcher de continuer son petit manège, alors qu'elle le sent parfaitement se crisper sous son contact léger. - Hein ? Tu crois ? Je... sais pas. Peut-être, euh, c'est possible. Pas étonnant que Deadpool ait la gueule d'un avocat périmé, c'est trop serré ce truc. Elle se redresse, retire sa main et hausse un sourcil. - J'te préviens, si t'as transpiré dedans, en rentrant tu te douches avant d'aller au lit. J'dors pas à côté d'toi sinon. Elle s'invite chez lui, dans le creux de son canapé comme si de rien était. Faut dire qu'elle fait ça tout le temps, Mads. Elle ne lui laisse jamais le choix. Pourquoi le ferait-elle ? Il n'a jamais opposé une quelconque résistance. Chez lui, c'est un peu chez elle. C'est comme ça, c'est un fait établit qui lui convient très bien. Les lumières s'éteignent et elle s'installe confortablement dans le siège, croisant ses bras sur sa poitrine, affichant son éternel air boudeur. Alors qu'elle se sent juste bien, là, avec lui.
Mais ce bien-être s'évapore très rapidement. Les images défilent sous ses yeux ahuris et l'incompréhension la gagne en quelques secondes à peine. Complètement perdue face à l'improbabilité de ce qu'elle voit. A tel point, qu'elle en vient même à accuser Sid d'avoir fait ça. Mais il a l'air aussi choqué qu'elle face à ce qui défile devant eux. - Mais... NON ! C'est flippant, sérieux. Tu crois qu'on est tombés chez un taré ? Sûrement. Oui. Elle ne voit que ça. Ça ne peut être que ça. Mais elle n'arrive plus à réfléchir, parce que l'atroce vérité lui saute au visage et elle cède complètement à la panique. Elle ne cherche même plus à savoir qui, comment ou pourquoi. Elle s'en fout. Elle veut juste partir. S'en aller. Vite. S'éloigner de cet endroit, s'éloigner de Sidney. Elle se sent prise au piège. Comme quelqu'un qui verrait son mensonge éclater face à toute une assemblée. C'est insupportable. Son cœur qui cogne dans sa poitrine. Son sang, brûlant, qui lui crame les veines. Elle a l'impression de se consumer sur place. Elle n'est plus qu'un immense brasier et toutes ses émotions s'enflamment. Elle prend la fuite et n'entend même pas les paroles de Sidney. Elle est déjà en train de s'acharner sur la porte, qui refuse de s'ouvrir. Et ça la rend encore plus folle. Elle insiste, se déchaîne. Faut qu'elle sorte. Qu'elle aille prendre l'air, elle va étouffer ici. Elle a l'impression que sa cage thoracique rétrécit et vient appuyer sur ses poumons qui peinent alors à se gonfler pour se remplir d'air. Et lorsqu'elle sent une main sur son épaule, elle réagit de façon virulente et la repousse d'un geste sec. - LÂCHE MOI ! Qu'elle hurle au passage, frôlant la crise d'hystérie. Elle sait bien qu'elle réagit de la pire des façons, que ça va encore plus semer le doute chez lui et elle s'en veut. Elle s'auto-énerve à réagir de la sorte, aussi faiblement. Lamentablement. Et sa propre rage ne fait qu'aggraver son état. Elle est incapable de se calmer. - Mads... MADS, ARRÊTE. Il la saisit et l'oblige à se retourner. Elle gigote dans tous les sens, cherchant à se libérer. Mais dès lors que son regard croise le sien, elle s'immobilise, le souffle coupé. Elle a l'impression que tout son corps la fait souffrir. Et les mains de Sid sur elle n'arrangent rien. Encore moins son regard. Elle se sent défaillir et ses épaules s'affaissent doucement. - J'comprends pas... C'est toi qui a fait ça ? Aussitôt, son regard s'assombrit et ses sourcils se froncent. Elle se tend. - PARDON ? Qu'elle lui crache au visage, révoltée de cette accusation. Même si, d'une certaine façon, il n'a pas complètement tort. Ces images proviennent bien d'elle. Mais il n'aurait jamais dû les voir. - C'est pour ça qu'tu veux tellement sortir ? C'est toi ? Ça peut être que toi, mais... Pourquoi ? Je... J'comprends pas. Elle voit rouge. Il se fout de sa gueule ? Elle attrape les bras de son ami et tente de le forcer à la relâcher, jusqu'à enfoncer ses ongles au travers de son costume pour le faire céder. - Mais t'es sérieux Sid ? Ses prunelles se font assassines et elle enrage. Elle se sent à la fois humiliée et insultée. Cette situation est invivable. - Pourquoi j'ferais un truc pareil ? Tu t'prends pour qui franchement ? Elle fait ce qu'elle fait toujours quand ça tourne mal. Elle le rabaisse. Pour ne pas qu'il croit qu'il compte trop. Ce serait horrible pour elle. Elle finit par avoir gain de cause, à force de maltraiter ses bras à coups de griffes et il la relâche. C'est là que, sur l'écran, dans le dos de Sid, elle voit de nouvelles images. C'est elle, un appareil photo à la main, en train de le suivre discrètement à son insu dans les rues de Savannah. Elle écarquille grand les yeux et pâlit. Oh. mon. dieu. Non. Pas ça. Encore une fois, elle ne cherche pas à comprendre comment c'est possible. Probablement intrigué par sa réaction, elle voit Sid qui commence à pivoter la tête pour regarder derrière lui, mais elle l'en empêche. Elle écrase ses deux mains sur ses joues et lui bloque le visage, pour le forcer à la regarder elle. - Te retourne pas ! Qu'elle s'égosille, la voix tremblante d'émotion. Elle rabat ses yeux sur lui et comprend qu'elle a intérêt à inventer quelque chose rapidement, au risque de lui donner encore plus envie de se tourner pour voir. - Parce que... je.. je.. j'suis à poil ! Oui, c'est moi maintenant qu'on voit et.. et je suis.. toute nue et.. tu peux pas voir ça. Oui voilà, c'est bien ça, comme excuse. Avec ça, elle est certaine qu'il ne se retournera pas. Elle le connaît trop bien. Et puis ça lui ôtera de la tête l'idée que cette horreur est d'elle.
L'écran finit par s'éteindre et elle libère Sidney en échappant un soupire de soulagement. Enfin. La torture est terminée. Aussitôt, elle entend comme un bruit de verrou qu'on ouvre. Elle se tourne vers la porte, actionne la poignée et celle-ci s'ouvre sans opposer la moindre résistance. Enfoirée d'porte. Elle n'attend pas une seconde de plus et s'échappe de cet endroit de maudit, s'engouffrant dans les couloirs au hasard. Elle est tellement perturbée, qu'elle prend la direction opposée de la sortie du château et finit par trouver refuge dans une nouvelle pièce vide, sans se soucier de savoir si Sid la suit ou non. En fait, elle aimerait que non. Elle va s'asseoir sur un siège qui trône là, haletante, complètement retournée par ce qu'il vient de se passer. Elle redresse la tête, observe les lieux. Ils sont immenses. Comme un long couloir interminable. Elle grimace en reconnaissant des armes accrochées partout sur les murs. La porte s'ouvre à la volée et Sid pénètre à son tour. Elle le dévisage et subitement, y a comme une colère terrible qui prend vie dans sa poitrine, sans qu'elle ne sache pourquoi. Ses muscles se tendent et son cœur se teinte d'un noir profond. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: what you break is what you get (madney) Ven 25 Nov - 22:51 | |
| « Ouais, sûrement. » Elle a pas l'air rassurée, Mads. Il perçoit la nervosité dans sa posture, l'anxiété dans son regard qui navigue vers la porte, la méfiance dans la façon dont elle se déplace au sein d'la salle. Elle est pas tranquille, et même si elle lui donne plutôt raison, elle a pas l'air de vraiment y croire. Alors Sid essaie d'la détendre, il affiche son plus bel air de chiot et y a un élan de fierté qui gonfle son cœur quand elle finit par céder. Elle se met à rire et il fait pareil en la regardant, jusqu'à ce qu'elle pose une main sur son visage pour le pousser doucement. « T'es qu'un con. » Pourtant elle se marre, elle rayonne et il la fixe sans pouvoir s'en empêcher. Parce que putain c'qu'elle est belle quand elle est comme ça – elle illumine toute la pièce et c'est comme si tout le reste était soudain éclipsé, comme si elle pouvait chasser la moindre trace d'obscurité. Y a un large sourire qui vient étirer les lèvres de Sid, aussi victorieux que lumineux. « Peut-être. Mais au moins, t'as rigolé. » Et pour ça, il veut bien être le plus con de l'univers. Mais son sourire se crispe rapidement, alors que la main de Mads vient s'aventurer sur sa cuisse. Il sait pas ce qu'elle fout. Il sait pas si elle se rend compte de la portée de ses gestes qui frôlent l'indécence, et de l'effet que ça a sur lui. Il espère que non. Il se fige de la tête aux pieds et il s'met à prier pour ne surtout pas être trahi par son corps, pas une seconde fois. La première lui a largement suffi et il veut plus jamais se retrouver dans une telle position face à elle. Il veut plus jamais l'entendre rire de lui et de ses ardeurs mal contrôlées, mais ça devient compliqué quand elle le touche comme ça, sans sourciller. Comme si tout était parfaitement normal, alors qu'ses hormones se mettent à danser la samba. Il respire profondément, précautionneusement, luttant pour rester maître de lui-même. D'autant plus qu'avec ce costume trop moulant, ce serait encore pire que la dernière fois. Ça marquerait l'extinction définitive des restes de sa dignité, et il veut pas ça ; pas face à Mads. Il aimerait être plus courageux, il aimerait oser prendre les devants et se servir de ce geste pour se lancer, mais il peut pas. Il est sûr qu'elle le fait même pas exprès, et qu'elle serait outrée s'il tentait quoi que ce soit. Alors il serre les dents et il se contente de s'maudire en silence, alors qu'il arrive même plus à former une phrase cohérente. « J'te préviens, si t'as transpiré dedans, en rentrant tu te douches avant d'aller au lit. J'dors pas à côté d'toi sinon. » À côté. Pas avec. La différence est infime mais bien réelle aux yeux de Sid – comme une preuve qu'il a pas le droit de montrer quoi qu'ce soit. Parce qu'elle le considère sûrement comme un vulgaire coussin de plus, comme cette masse posée près d'elle mais qui n'a aucune utilité, aucune importance. Ce truc, là, qui passe la nuit à côté. Mais pas avec, parce que ça, ça voudrait dire qu'il peut la toucher. Alors le sourire de Sid se fane un peu et il la fuit du regard quand elle s'écarte, faisant mine de se concentrer sur l'écran qui n'affiche pourtant rien. « Ouais, t'inquiètes. Tes désirs sont des ordres. » Il a beau l'dire en rigolant, y a une pointe d'amertume dans sa voix, un truc qui lui noue un peu la gorge. Parce qu'elle pourrait lui demander n'importe quoi qu'il le ferait, et ça commence à le désespérer. Parce qu'il est jamais avec. Condamné à rester seulement à côté.
Puis la projection démarre et y a le visage de Sid qui s'étale en grand, sous leurs yeux écarquillés. Il se fige, complètement effaré, un peu inquiet. À se demander où ils sont encore tombés, et qui a filmé des images pareilles – des images un peu aléatoires, qui le montrent dans tous ses états, dans des angles de vue qu'il ne connaît pas. Il est sidéré, et même flippé à l'idée qu'on ait pu capturer de tels moments d'sa vie, à son insu, sans qu'il ne puisse se rendre compte de rien. Il a le palpitant qui s'affole et les mains moites, le regard scotché à l'écran, cherchant à comprendre c'qui se passe. Jusqu'à ce que ça le frappe. Ces moments, il les reconnaît. C'est des instants partagés avec Mads. Et ça l'perd encore plus, parce que ça n'a aucun sens. Ça voudrait dire qu'elle a orchestré tout ça, mais il voit pas pourquoi. On dirait qu'on l'voit à travers les yeux de quelqu'un – et ce quelqu'un ne peut être qu'elle. Elle, elle, elle. Ça s'peut pas. Parce que Mads, elle fait pas ça. Mads, elle le regarde pas comme ça. Elle s'attarde pas sur des morceaux de lui, elle détaille pas ses lèvres et ses épaules et ses doigts. Elle s'en fout de tout ça. Elle le voit pas Mads, pas comme ça – pas comme il le voudrait. Et pourtant, ce film absurde semble lui scander le contraire, comme une preuve qu'il n'est pas certain de comprendre. Il sait plus quoi dire, quoi penser, il a même oublié comment respirer. Et quand il remarque que Mads s'est barrée pour aller s'acharner contre la porte, il la rejoint rapidement, cherchant à la calmer même s'il ne récolte que son courroux. « LÂCHE MOI ! » Elle le repousse et il est obligé de hausser le ton à son tour pour qu'elle daigne lui prêter attention, forcé de la tenir en place pour qu'elle se tourne enfin vers lui. Elle se fige quand leurs regards se croisent et Sid a l'impression d'avoir été transféré dans une autre dimension, comme si plus rien n'avait d'sens, comme si on l'avait drogué et que toute sa perception du monde en devenait faussée. Il la dévisage et il essaie de lire en elle, mais il ne voit que sa panique et sa détresse, et ça le désarme totalement alors qu'il ose enfin demander si elle est la responsable de tout ce cirque. « PARDON ? » L'indignation de Mads le heurte de plein fouet mais il réagit même pas, trop sonné pour vraiment l'emmagasiner. Il continue sur sa lancée, trébuchant à moitié sur les mots, cherchant les réponses dans ses yeux. Mais il voit rien. Que le vent de rage qui la secoue quand elle plante ses ongles dans ses bras pour le forcer à la lâcher. « Mais t'es sérieux Sid ? Pourquoi j'ferais un truc pareil ? Tu t'prends pour qui franchement ? » Ouais. Ouais, pour qui il se prend ? Comment peut-il imaginer une seule seconde qu'elle puisse être à l'origine de tout ça ? Qu'elle puisse perdre son temps sur lui ? Qu'elle puisse lui porter le moindre intérêt, au-delà de leur amitié ? C'est stupide. Complètement stupide. Mais le dédain qui suinte dans sa voix fait mal, c'est pire qu'une coulée de lave, encore plus nocif que de l'acide. Son cœur se tord jusqu'à se fissurer et il la dévisage, incapable de camoufler la douleur qui transparaît dans ses prunelles foncées. « Je... » Il quoi ? Il sait même pas quoi lui dire, tant il se sent ridicule. Presque humilié d'avoir pu imaginer une seule seconde que c'est elle qui fait tout ça, alors que c'est pourtant la seule hypothèse sensée, la seule à laquelle il peut bien se raccrocher. « Si c'est pas toi, c'est qui ? Dis-moi, parce que j'vois pas d'autre explication. Les moments qu'on voit, c'est ceux où on était que toi et moi. » Il sait ce qu'il a vu. Pourtant y a aucune assurance dans sa voix, juste du doute et l'incompréhension la plus totale, parce qu'elle a été claire. C'est pas elle. Il n'en vaut pas la peine. Et ça fait tellement mal qu'il supporte plus d'la regarder, qu'il veut se détourner – voulant suivre ce qui a soudainement attiré l'attention de Mads, comme par réflexe. Mais elle l'en empêche, attrapant son visage pour le forcer à la regarder elle. Et il a jamais eu autant de mal à poser les yeux sur les traits de Mads. « Te retourne pas ! » Elle a l'air complètement déstabilisée et il fronce les sourcils, posant ses mains sur les siennes, prêt à s'en dégager. Prêt à lui désobéir, et à se retourner quand même. Mais elle le coupe en plein élan. « Parce que... je.. je.. j'suis à poil ! Oui, c'est moi maintenant qu'on voit et.. et je suis.. toute nue et.. tu peux pas voir ça. » Il s'immobilise, ses doigts se crispent sur ceux de Mads sans qu'il s'en rende compte. « Tu... Nue ? Quoi ? Mais... » On dirait un putain d'attardé. Mais pendant une seconde, son esprit imagine c'qui doit être projeté et il se retrouve tiraillé. Foutrement gêné de la visualiser nue – bien qu'il l'ait déjà fait même s'il ne l'assumera jamais – au point que le rouge lui monte aux joues pour irradier son visage, et qu'il ôte subitement ses mains des siennes, comme s'il devait surtout pas la toucher. Mais un peu choqué, et même énervé. Si des images d'elle à poil sont diffusées, ça veut dire que quelqu'un les a filmées. Et ça, il a du mal à le supporter. « Attends, y a quelqu'un qui t'a matée sans que tu le saches ? Mais... C'est du harcèlement, Mads ! Faut trouver ce cinglé ! J'vais le... Le... » Il voudrait bien lui casser la gueule, oui. Mais en quel honneur ? Après tout, il n'est pas son mec. Il devrait pas être aussi outré. Ces images, c'est peut-être même l'un de ses ex qui les a tournées. Rien que d'y penser, ça lui retourne les tripes. « Tu veux qu'on porte plainte ? » Il plonge son regard dans le sien, très sérieux. Que ce soit l'une de ses conquêtes ou un voyeur dégueulasse, ça reste inadmissible, et puni par la loi. Il déconne pas, Sid. Il est prêt à l'aider à choper le coupable. Et à essayer de lui refaire le portrait, même s'il sait pas vraiment se battre.
Mads le lâche. La porte se déverrouille. Et avant même qu'il ait pu réagir, elle se tire. Il la voit sortir et s'mettre à dévaler le couloir sans se retourner. « Putain. » Automatiquement, il s'lance à sa poursuite, se mettant à la suivre à travers le château. Il voit qu'elle va pas du tout dans la bonne direction pour s'échapper de cet endroit de malheur, et il comprend pas où elle se dirige. Il essaie de l'appeler pour qu'elle l'attende mais elle n'en fait qu'à sa tête, et il peste derrière elle, avec une furieuse envie de l'attraper et de la forcer à stopper ses conneries. Elle finit par s'engouffrer dans une pièce et il prie de toutes ses forces pour pas s'retrouver au milieu d'une foule de gens en la suivant. Manifestement, son vœu est exaucé puisqu'il ne trouve que Mads, assise dans un coin de cette pièce étrange. Mais il capte rien, il voit rien ; seulement elle. Et quand leurs regards se croisent, toute l'incompréhension et la détresse de Sid s'effacent, étouffées par une colère viscérale, tellement amère que ça lui brûle la langue. « TU M'CASSES LES COUILLES ! T'EN AS PAS MARRE DE FUIR TOUT L'TEMPS ? » Il hurle et il sait même pas pourquoi – il contrôle pas. C'est sorti tout seul et il s'rend à peine compte de l'agressivité de sa voix, de ses mots. Ses poings se serrent contre ses flancs et il a le souffle court, la cage thoracique qui se soulève trop rapidement. Les prunelles vrillées dans celles de Mads, il a l'regard tellement noir qu'on le reconnaît à peine. « Parce que moi j'en ai marre de te courir après, putain ! T'assumes jamais que dalle. » C'est balancé comme le pire des reproches, comme une grenade qu'il viendrait de dégoupiller. « La vidéo, c'était toi. » Il l'assène avec une assurance qui n'lui ressemble pas, une assurance qu'il n'a jamais eue. Son échine se redresse, ses épaules sont bien droites, son menton levé. Il a l'impression de faire trois mètres de plus que d'habitude, porté par toutes les rancunes qui s'accumulent soudain à ses pieds comme un tas de cadavres, des morceaux d'eux qu'il a envie de lui balancer à la gueule jusqu'à ce qu'elle saigne autant que lui. Ça lui vrille tellement la tête qu'il réalise pas que c'est pas normal, qu'il a jamais ressenti une telle rage à son égard, qu'il a pas l'habitude d'être comme ça. Il oublie tout, seulement aveuglé par toutes ses souffrances qui se transforment en lames acérées, prêtes à être lancées. « C'était toi et tu veux pas l'avouer, parce que t'es qu'une lâche étouffée par sa fierté. » Il ricane et ça lui ressemble pas, c'est pas lui. Il la regarde de haut, il la jauge d'un air haineux, la respiration toujours aussi irrégulière. Il a l'impression de suffoquer, et il sait plus si c'est à cause de son costume trop serré ou de toutes ces choses qui remontent à la surface pour l'étrangler. « Tu sais quoi ? J'espère qu'elle t'étouffera jusqu'à c'que t'en crèves. » Il en pense pas un mot. Il le sait au fond, tout au fond. Il lui a jamais parlé comme ça, jamais avec une telle haine. Mais il peut pas s'en empêcher. Il n'a aucune emprise sur les mots qui se bousculent au bord d'ses lèvres comme si c'était des morceaux de son cœur – les pires de tous, ceux qui sont calcinés par toutes ses peurs. Il sait plus ce qu'il fait, Sid. Y a comme un monstre qui gueule au creux de ses entrailles, et tout ce qu'il peut faire pour s'en débarrasser, c'est s'arracher la peau, s'arracher le cœur. Jusqu'à encrasser Mads avec toute sa douleur. |
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Bip bip ▹ posts envoyés : 1301 ▹ points : 38 ▹ pseudo : miserunt (mathie) ▹ crédits : ailahoz (avatar) moi (gif) & whi (profil) ▹ avatar : mimi elashiry ▹ signe particulier : air mauvais, moue boudeuse, la crinière sauvage qui vient toujours cacher son visage ; tenues provocantes et allure d'allumeuse, pourtant elle n'assume rien et s'indigne lorsqu'on la drague un peu trop.
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| Sujet: Re: what you break is what you get (madney) Mer 7 Déc - 12:01 | |
| - Peut-être. Mais au moins, t'as rigolé. Elle fait la moue et retrousse le nez en secouant légèrement la tête, mais son regard pétillant la trahi et y a ses lèvres aussi, qui continent de vouloir sourire malgré tout. Elle finit par soupirer et abandonner, échappant un dernier rire léger et discret. Y a que lui pour la faire rire comme ça. Pour des choses bêtes. Pour des choses pas vraiment drôles, finalement. Mais il vient constamment toucher son cœur, briser son armure pour atteindre ses sentiments cachés. Et à chaque fois, elle se sent démunie, désarmée, pendant quelques secondes, elle n'arrive plus à faire semblant. Son masque rigide qui tombe et son rire qui s'échappe, passant outre la barrière que ses lèvres tentent désespérément d'imposer. Son rire s'échappe et emporte avec lui toute la véracité de ses sentiments. Et ça l'énerve. Elle se sent mise à nue, dévoilée. Elle ne peut pas supporter ça. Alors aussi vite qu'elle le peut, elle se pare à nouveau de son sérieux et de sa mauvaise humeur générale, pour se cacher. Parce qu'elle est lâche Mads, ce n'est plus un secret. Foutue gamine qui n'assume rien, qui ne voit rien et qui ne comprend rien. Perchée dans son monde sale et gris qu'elle s'est imposée. Dans sa tête, tout est dégueulasse et y a pas de place pour l'amour et toutes ces conneries. Y a pas de place pour l'amour, mais y a Sid qui s'est imposé un peu partout. Et même si elle ne veut pas l'avouer, au final, ça revient au même. - Ouais, t'inquiètes. Tes désirs sont des ordres. Elle tique un peu sur son ton et relève les yeux vers lui. Il la fuit carrément, se concentrant bien trop sur l'écran pourtant toujours blanc. Elle fronce légèrement les sourcils en le détaillant, elle sent bien qu'elle a raté un épisode, mais elle n'est pas foutu d'identifier lequel. Alors, elle se contente de garder le silence, un peu méfiante. Y a des fois comme ça, où elle ne le comprend pas. Et bizarrement, elle fait tout pour ne surtout pas réussir à le comprendre. Comme si son instinct savait que ça la protégerait d'une vérité qu'elle n'est pas encore prête à entendre.
Et puis, y a tout qui vrille. Sa quiétude tombe en lambeaux pour laisser place à la panique et à l'incompréhension. Elle ne tarde pas à vouloir s'enfuir mais la porte est bloquée et l'en empêche et ça la fout encore plus en rogne. Elle crie, perd patience et s'excite contre la poignée, puis contre Sid lorsqu'il vient tenter de la calmer. Mais elle n'y arrive pas. C'est trop dur et dans sa poitrine c'est trop le bordel. Et Sidney n'arrange rien. Il se met à déblatérer un tas de conneries qui la foutent hors d'elle. Comment il ose ? Elle ne sait pas pourquoi il pense que c'est elle qui a fait ça, ça n'a aucun sens à ses yeux. Pourquoi elle ferait ça ? Et pourquoi elle viendrait montrer ça ici ? Et pourquoi elle réagirait comme ça alors ? Elle ne voit pas trop où il veut en venir, mais ça ne lui plaît pas et elle ne se gêne pas pour le lui faire rapidement savoir. Elle s'indigne, elle lui aboie dessus, pour bien qu'il comprenne qu'il s'engage dans un truc qui risque de le dépasser rapidement. Qu'il se met en danger en osant supposer une chose pareille. Ça le calme un peu, il a l'air perdu. Mais Mads, elle voit à peine à quel point ses mots ont un impact sur Sid. Elle est trop mal pour s'intéresser aux états d'âmes de son ami. Elle réalise pas que chacun des mots qu'elle a prononcé sont venus se planter dans le cœur de Sid comme des poignards aiguisés. Elle ne voit jamais rien de toute façon, elle a ce foutu voile devant les yeux qui déforme la réalité et qui lui permet de se rassurer dans son déni permanent. - Si c'est pas toi, c'est qui ? Dis-moi, parce que j'vois pas d'autre explication. Les moments qu'on voit, c'est ceux où on était que toi et moi. Elle le sait bien oui et c'est pour ça qu'elle flippe. Parce que ce n'est pas elle et que visiblement, ça n'est pas lui non plus. Alors qui ? Et pourquoi ? Mais surtout : comment ? C'est impossible. Impossible. Ça la dépasse complètement. Elle ouvre la bouche, prête à lui gueuler dessus une énième fois, histoire qu'il se rentre bien dans le crâne qu'elle n'a rien à voir avec tout ça. Mais elle n'en a pas le temps. Y a ces nouvelles images qui défilent sur l'écran et qui viendraient foutre le bazar si Sid les voyait. Alors, elle anticipe. Elle bloque sa tête, de toutes ses forces, malgré l'opposition qu'il exerce au départ, la forçant à mentir pour l'obliger à garder les yeux sur elle. Et ça marche. Elle sent les doigts de Sid qui se tendent sur les siens, mais elle en voit pas sa mine déconfite et confuse. Parce qu'elle fixe l'écran, le cœur battant. - Tu... Nue ? Quoi ? Mais... Elle ne réagit pas à ses cafouillages, ni même à ses mains qu'il finit par retirer des siennes. Elle ne ressent pas sa tension ni sa gêne. Elle est complètement occultée par la honte qui l'assaille alors qu'elle réalise que ces histoires de détective lui font un peu perdre la boule, au point qu'elle en arrive à suivre son meilleur ami au lien de passer du temps avec lui. S'il savait. - Attends, y a quelqu'un qui t'a matée sans que tu le saches ? Mais... C'est du harcèlement, Mads ! Faut trouver ce cinglé ! J'vais le... Le... Elle repose les yeux sur lui, confuse. Elle n'avait pas pensé à ça et elle ne sait encore pas comment elle va pouvoir le gérer. Elle fronce les sourcils et se braque, parce que ça, ça marche toujours. Et pourtant, elle peut pas s'empêcher d'être touchée de le voir réagir comme ça. C'est pas étonnant, l'inverse aurait même été carrément insultant et vexant. Mais malgré tout, il parvient encore une fois à attendre son palpitant malgré la couche de rage qui le recouvre à cet instant. Elle ne sait pas comment il fait, mais ça la fait flipper parfois. - Tu veux qu'on porte plainte ? Elle réagit enfin. Elle retire ses mains de ses joues alors que l'écran s'éteint et elle répond, agressive. - On ? Te mêle pas d'ça, j'peux me débrouiller toute seule. C'est surtout qu'il n'y a rien, mais ça, il n'a pas besoin de le savoir. La porte se déverrouille et elle s'échappe sans plus attendre, parce que la présence de Sid alors qu'elle est complètement retournée est insupportable. Comme si son voile laissait filtrer trop de choses. Des choses qu'elle ne veut pas voir.
Elle court, elle s'enfuit, elle n'écoute pas la voix de Sid dans son dos qui l'appelle. Elle veut le semer, s'éloigner de lui, le temps de reprendre ses esprits. Alors elle finit par s'engouffrer dans une pièce au hasard et le calme ambiant la saisit et lui fait du bien, malgré les ornements inquiétants sur les murs. Mais cette quiétude est rapidement balayée. Une colère nouvelle s'insinue sous sa peau sans qu'elle ne comprenne d'où elle provienne. Une colère immense, qui prend aux tripes, comme elle n'en a encore jamais connu. Et pourtant, elle est souvent fâchée Mads. Mais là, ça dépasse tout ce qu'elle a connu. Alors quand Sid rentre dans la pièce, elle perd les pédales. Elle se lève aussitôt, le regard assassin, prête à lui hurler dessus de s'en aller sur le champ. De foutre le camp, parce qu'elle ne veut pas le voir. Mais il prend les devants et ça la surprend. - TU M'CASSES LES COUILLES ! T'EN AS PAS MARRE DE FUIR TOUT L'TEMPS ? L'effroi prend le pas sur la colère pendant quelques secondes à peine et elle se fige, stupéfaite. Jamais auparavant, ja-mais, Sid n'avait employé ce ton sur elle. Et finalement, la surprise est mise en morceaux par une haine sans limite. Ça se déchaîne dans sa poitrine et elle serre les poings, furieuse. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle ressent l'envie de lui faire mal. Autant physiquement qu'émotionnellement. Une envie atroce, honteuse, inavouable. Une envie qui se glisse partout sous sa peau, dans ses veines et qui vient encrasser son myocarde. - Parce que moi j'en ai marre de te courir après, putain ! T'assumes jamais que dalle. Elle s'approche de lui, le pas sûr, la mine déterminée. Hors d'elle. - Et tu t'es jamais dit que j'en avais ras le cul que tu me suives à chaque fois ? HEIN ? Si j'avais envie qu'on me cour après, j'aurais acheté un chien ! Elle le darde de ses prunelles sombres, sans pitié. Elle a complètement arrêté de réfléchir, l'impression d'être devenue une autre personne finalement. - La vidéo, c'était toi. Qu'il ose affirmer, alors qu'elle lui a soutenu l'inverse quelques minutes auparavant. Et en plus de ça, il se permet de la toiser. Il prend des airs qui ne lui vont pas. C'est pas lui ça et elle peut pas s'empêcher de se mettre à rire. Un rire cynique et désagréable. - Mais regarde toi, t'es là à me prendre de haut ! Même comme ça personne ne pourrait te prendre au sérieux. T'es un faible Sid, tu t'écrases devant tout le monde, tout l'temps. Tu crois que tu m'impressionnes là ? Tu m'fais rire. Tu seras jamais crédible, t'es rien qu'un foutu trouillard. J'suis sûre que dans la rue, même les gamins de 6 ans oseraient t'agresser. Elle ne sait plus ce qu'elle raconte, elle déverse son venin sans s'en rendre compte. Ça sort tout seul, elle n'a aucun contrôle dessus. Elle sait que ses mots font mal et ça la fait jubiler. C'est pas elle ça non plus. Et pourtant c'est bien elle qui vient de lui balancer toutes ces insanités.
- C'était toi et tu veux pas l'avouer, parce que t'es qu'une lâche étouffée par sa fierté. Elle voit rouge. Ses pupilles se dilatent, sa mâchoire se crispe et son envie de violence double. Triple, même. - Tu sais quoi ? J'espère qu'elle t'étouffera jusqu'à c'que t'en crèves. Elle explose. Son poing vient violemment s'écraser sur le visage de Sid, sans aucune retenue. Elle y a mit toutes ses forces, à tel point qu'elle s'est fait mal au passage. Elle secoue sa main avant de se mettre à la malaxer, mais la douleur ne l'arrête pas pour autant. Elle se met à crier. - MAIS TU CROIS VRAIMENT QUE J'AI QUE ÇA A FOUTRE QUE D'TE FILMER ? Elle agrippe son t-shirt et se met à le secouer, alors que ses pulsions violentes deviennent de plus en plus incontrôlables. - Si j'devais filmer quelqu'un à son insu crois moi, JE CHOISIRAIS QUELQU'UN DE PLUS INTÉRESSANT QU'TOI ! Elle le relâche et le pousse en arrière, sa force de microbe semble comme décuplée. - T'es le pire sujet qui puisse exister Sid, il se passe jamais rien avec toi. Personne voudrait voir ça, voir ta vie, PERSONNE. Elle attrape son visage et le force à la regarder, alors qu'elle s'apprête à porter le coup fatal. Son expression faciale se tord de colère, les lèvres retroussées, elle vient murmurer en articulant exagérément. - Même ta mère a pas supporté la nullité d'son fils et a pété les plombs. Et elle ne s'en veut même pas d'avoir osé dire ça. Non vraiment, y a un truc pas normal qui leur échappe. Rien de ce qui se passe ce soir dans ce château n'est normal. Rien. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: what you break is what you get (madney) Mar 13 Déc - 17:19 | |
| « On ? Te mêle pas d'ça, j'peux me débrouiller toute seule. » C'est comme une gifle qui claque sur sa joue, qui résonne jusque dans son myocarde. Elle veut pas de son aide. Elle veut pas de lui. Elle veut jamais de lui – elle passe son temps à le repousser comme elle est en train de le faire là, dès qu'elle sent qu'il l'approche d'un peu trop près. Pourtant, il veut juste l'épauler. Il veut juste être là. Parce qu'il est persuadé que des images d'elle nue ont été diffusées et qu'au-delà d'sa gêne et sa confusion, y a l'indignation. Il supporte pas l'idée que quelqu'un ait pu la filmer à son insu, il supporte encore moins de se dire que la vidéo se retrouve sur un grand écran. Et s'ils avaient pas été seuls, hein ? Et si d'autres personnes avaient été à leurs côtés dans cette salle ? Ils l'auraient tous vue à poil ? Rien que d'y penser ça lui retourne les tripes et une colère sourde bat à ses tempes, même s'il la contient. De toute façon, c'est pas comme s'il pouvait y faire grand-chose. Il serait prêt à partir sur le front pour laver l'honneur de Mads, même s'il sait qu'il y laisserait sûrement la peau. Il est certes capable d'envoyer une bonne droite, mais dans un vrai combat, il ferait probablement pas l'poids. Il le sait. Mais il s'en fout. Elle aussi, elle s'en fout. Elle le rembarre comme s'il n'avait aucune importance. Comme si ce qu'il raconte n'avait aucun intérêt, comme si ses émotions n'étaient pas valides, comme s'il n'était qu'un vulgaire insecte venu lui tourner autour dans le simple but de l'agacer. « Mais putain, Mads, tu peux pas... » Elle le laisse même pas finir sa phrase. La porte se déverrouille enfin par on n'sait quel miracle, et elle en profite pour se faire la malle, sans prendre la peine de l'écouter, comme trop souvent. Il se fige en la regardant fuir et y a une enclume qui plonge dans sa poitrine, parce que c'est toujours pareil avec elle, toujours la même rengaine, toujours c'même putain de refrain qui le crame jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Elle se barre, encore et encore. Et il la suit, encore et encore. Encore et toujours. Comme s'il savait pas faire autre chose, comme s'il était incapable de la laisser filer sans essayer de la rattraper. Il peut pas. Il peut pas rester là, il a trop peur de la perdre de vue, il a trop peur qu'elle le sème pour de bon et qu'elle l'abandonne sans un regard en arrière. Il a trop peur qu'elle s'rende compte qu'elle est mieux sans lui et qu'elle le lâche pour trouver quelqu'un d'autre. Il sait pas s'il y survivrait. Il veut pas savoir. Alors il se lance à sa poursuite et il gueule mais elle ne l'écoute pas, elle ne l'écoute jamais. Il a même l'impression qu'elle l'entend pas. Il peste, il est aussi fâché que désespéré, mais c'est rien en comparaison du tsunami qui l'assaille quand il la suit dans une pièce inconnue. Ça le prend aux tripes et c'est violent, tellement violent qu'il en oublie comment respirer. Ça brûle de ses veines jusqu'à son cœur et y a une boule dans sa gorge, un vent de haine dans ses yeux. Il a envie de gueuler. De tout lâcher. Il a envie de l'attraper, la secouer, lui cracher tout ce qui le tue à l'intérieur. Il a envie de dégueuler toute sa douleur jusqu'à lui faire mal à elle aussi. Il comprend pas ce qu'il se passe. Il connaît pas ça, Sid. Il se met pas souvent en colère pour de vrai, et même quand c'est le cas, c'est jamais aussi brutal que ça. Il connaît pas la rage, il l'a jamais ressentie jusqu'à maintenant et il sait pas quoi en faire, c'est comme un poison qui court directement jusqu'à son cerveau, qui lui embrume l'esprit et qui fait disjoncter un truc. Ça tourne plus rond. Ses yeux deviennent abysses et sa langue aussi tranchante qu'un couteau, un fond d'amertume dégueulasse dans chacun de ses mots. Il sait pas ce qui lui arrive mais il y prête même pas attention, trop enfoncé dans cette rage qu'il ne contrôle pas, trop accaparé par la haine diffuse qui fait trembler ses doigts. Le Sid de d'habitude, il est plus là.
Les reproches fusent comme des balles mais Mads les arrête pour mieux les lui renvoyer, s'approchant d'un air déterminé. « Et tu t'es jamais dit que j'en avais ras le cul que tu me suives à chaque fois ? HEIN ? Si j'avais envie qu'on me coure après, j'aurais acheté un chien ! » Ça le heurte de plein fouet et pourtant, il reste de marbre, il ne bouge pas, la dardant de ses prunelles assassines. « Va t'faire foutre. » C'est balancé entre ses dents serrées – tellement serrées que ça en est à peine compréhensible. Sur le coup, ça lui fait trop mal pour qu'il puisse rétorquer mieux que ça. Parce qu'il est d'accord avec elle, dans l'fond. Parce qu'il est persuadé de n'être qu'un pauvre clébard condamné à la suivre jusqu'à ce qu'elle se lasse et l'abandonne au bord de la route. Alors il tente de reprendre contenance, il s'tient bien droit et il l'affronte comme s'il faisait trois mètres de haut, en lui crachant que c'est elle la responsable de la vidéo. Y a une telle assurance dans sa voix que ça lui ressemble même pas ; c'est comme si c'était quelqu'un d'autre qui parlait à sa place, quelqu'un d'autre qui avait pris les commandes. Mais elle s'met à rire et il le vit comme le pire des affronts, il la dévisage d'un air sombre, une nouvelle vague de rage venant crépiter sous sa peau. « Mais regarde toi, t'es là à me prendre de haut ! Même comme ça personne ne pourrait te prendre au sérieux. T'es un faible Sid, tu t'écrases devant tout le monde, tout l'temps. Tu crois que tu m'impressionnes là ? Tu m'fais rire. Tu seras jamais crédible, t'es rien qu'un foutu trouillard. J'suis sûre que dans la rue, même les gamins de 6 ans oseraient t'agresser. » Elle est lancée, comme un putain de serial killer qui accumule les victimes – et toutes portent le nom de Sidney. Elle le massacre à chaque syllabe qui glisse sur ses lèvres et il sent ses doigts s'mettre à trembler, en écho à ses entrailles qui s'effondrent. Tout l'monde le sait, tout l'monde le pense. Tout l'monde le dit, qu'il est qu'un faible, un loser, un pauvre gars que personne ne prendra jamais au sérieux. Tout l'monde le dit, mais pas Mads. Pas jusqu'à maintenant. Et ça fait mal putain, ça fait un mal de chien. « Alors c'est ça qu'tu penses de moi, hein ? Tu montres enfin ton vrai visage, t'es juste une sale garce qui cache bien son jeu. C'est pour ça que tu passes ton temps à m'traiter de sale con ? Parce que tu l'penses ? Ça te plaît d'me rabaisser ? DIS-MOI MADS, ÇA TE PLAÎT ? » Il fait un pas vers elle, se penchant en avant pour la défier du regard, une lueur sombre qui danse au creux d'ses iris. « Putain tu peux parler, mais t'es pas mieux qu'moi en fait. Tu vaux rien. Rien du tout. » Il lâche un rire et c'est amer, c'est corrosif comme la coulée d'acide qui creuse un trou béant dans sa poitrine. Il en pense pas un mot – c'est juste la souffrance qui le contamine.
Ça continue. Ça continue et il a l'impression qu'ça va jamais s'arrêter, qu'ils vont continuer de cracher, de s'entre-tuer pour le reste de l'éternité. Il voit bien qu'ses mots trouvent un écho chez elle, qu'il ont un effet. Mais il arrive pas à s'arrêter. Il arrive même pas à culpabiliser. Alors sûrement que c'est mérité, quand le point de Mads s'abat violemment dans son nez, avec une telle hargne que ça craque et ça s'met à saigner, lui faisant perdre l'équilibre le temps d'une seconde, le faisant reculer de deux pas. « MAIS TU CROIS VRAIMENT QUE J'AI QUE ÇA À FOUTRE QUE D'TE FILMER ? » Encore un peu sonné, il lutte même pas quand elle agrippe son t-shirt pour s'mettre à le secouer. Autour de lui le monde se met un peu à tourner et il lui faut quelques secondes pour réussir à poser les yeux sur elle, et à se concentrer pour n'plus la voir en flou. « Si j'devais filmer quelqu'un à son insu crois moi, JE CHOISIRAIS QUELQU'UN DE PLUS INTÉRESSANT QU'TOI ! » Brusquement, elle le repousse et il titube en arrière, sans savoir ce qui le désoriente le plus. Ses mots ou ses coups ? Il en sait rien. Il sait juste que ça fait mal, ça fait trop mal, il a envie d'crever, il a envie de hurler, il a envie de tout casser. « T'es le pire sujet qui puisse exister Sid, il se passe jamais rien avec toi. Personne voudrait voir ça, voir ta vie, PERSONNE. » Le sang coule jusqu'à ses lèvres et ça s'infiltre dans sa bouche, ça lui peint les dents, ça lui encrasse la langue. Mais le goût de rouille lui semble ridicule en comparaison de celui qu'elle lui enfonce dans la bouche à chaque parole qu'elle lâche – l'amertume qui lui donne la gerbe. Elle lui a jamais parlé comme ça, elle l'a jamais rabaissé d'la sorte. Il s'est jamais senti aussi minable qu'en cet instant et c'est dire, parce qu'il a jamais eu beaucoup d'estime envers sa propre personne. S'il pouvait creuser un trou jusqu'au centre de la Terre il le ferait, il la pousserait dedans et il la suivrait. Mais y a une main qui le force à sortir de ses pensées, s'accrochant à son visage pour le forcer à reporter son attention sur Mads. Et il veut pas. Il veut pas la voir comme ça. Mais elle lui laisse pas le choix. « Même ta mère a pas supporté la nullité d'son fils et a pété les plombs. » Bang bang. Tout l'reste est occulté. Le temps s'arrête, son cœur ne bat plus, son souffle est resté coincé quelque part dans sa trachée. Il cueille la balle en plein cœur et il le sent se briser en un millier d'morceaux. Elle a pas l'droit. Elle a pas l'droit de faire ça. De parler de sa mère. Elle sait combien c'est douloureux et elle s'en sert pour l'achever, sans qu'il puisse l'en empêcher. Y a un instant de flottement, un instant de vide intersidéral. Il est pas là. Il la regarde mais il la voit pas. Il respire pas. Il revient pas. Quand sa main attrape violemment le poignet de Mads, il est pas là. Quand il la force à lâcher prise en la serrant beaucoup trop fort, il est pas là. Quand il la repousse en arrière de toutes ses forces, il est pas là. Quand il la dévisage de cet air aussi haineux que meurtrier, il est pas là. Il est pas là, il est pas là, il est pas là. « FERME TA GRANDE GUEULE ! » Complètement enragé, il fonce droit sur elle, la repousse encore, et encore, jusqu'à lui faire perdre l'équilibre et la voir s'écraser au sol avec fracas. Il la surplombe de toute sa hauteur, les traits déformés par une fureur sans nom. « TU SAIS MÊME PAS DE QUOI TU PARLES ! TU CROIS QUOI ? TES PARENTS SONT PIRES QUE LES MIENS, PAUVRE FILLE ! » Sa voix vibre autant que ses poings et il s'fait violence pour ne pas aller plus loin, pour ne pas l'attraper et lui encastrer la tête dans le mur – une dernière lueur de lucidité peut-être, la peur de lui faire trop mal, d'atteindre le point de non-retour. Il reste figé sur ses pieds, la vrillant de ses yeux mitraillettes, visant à la trouer jusqu'à la voir saigner, jusqu'à la drainer. « Ta mère a une vie tellement merdique que j'me demande pourquoi elle s'est pas encore suicidée ! Avec son hôtel de merde, sa fille qui fout que dalle à part la faire gueuler et emmerder le monde. J'suis sûr que tous les jours, elle regrette de pas s'être faite avorter. » Il ricane et c'est dégueulasse, c'est aussi écœurant que l'hémoglobine qui lui tapisse le palais et qui lui donne un rictus digne du Joker. « Et ton père putain, c'est pas pour rien qu'il vient t'voir que quand ça l'arrange. Parce que t'es une putain d'chieuse, t'es odieuse ! T'es tellement insupportable qu'il peut pas t'endurer au quotidien, ça m'étonne pas qu'il ait jamais été vraiment là. » Du revers de la main, il essuie son nez, grimaçant à la douleur que ça cause, réalisant pas qu'il n'a fait qu'étaler une traînée de rouge sur son visage. Il continue de fixer Mads, comme s'il tentait de la tuer, sans avoir à la toucher. Comme s'il voulait réellement la voir crever, là, à ses pieds. « J'suis p't'être un loser, mais moi au moins, j'fais pas fuir les gens. Et j'ai pas besoin de faire la sangsue avec les autres pour exister. » Le mépris dans sa voix est tellement palpable que ça en devient presque douloureux. « Regarde-toi. Ta vie est tellement triste que tu t'sens obligée de stalker des inconnus dans la rue. T'es pathétique, Mads. T'es trop pathétique putain, va crever. » Y a un frisson qui lui parcourt l'échine et il finit par se reculer, lui lançant une dernière œillade haineuse avant de se détourner. Comme si elle valait rien. Comme si elle était une merde étalée sur son chemin, et qu'il préférait faire demi-tour plutôt qu'avoir à la regarder une seule seconde de plus. Il lui tourne le dos, les poings serrés et les épaules crispées, tendu d'la tête aux pieds. Son regard vagabonde sur les armes accrochées sur les murs, sur les armures qui les entourent. Il crève d'envie de s'en servir, de tout balancer à la gueule de Mads, rien que pour l'achever. Rien que pour être sûr qu'elle ne s'en remettra jamais. |
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Bip bip ▹ posts envoyés : 1301 ▹ points : 38 ▹ pseudo : miserunt (mathie) ▹ crédits : ailahoz (avatar) moi (gif) & whi (profil) ▹ avatar : mimi elashiry ▹ signe particulier : air mauvais, moue boudeuse, la crinière sauvage qui vient toujours cacher son visage ; tenues provocantes et allure d'allumeuse, pourtant elle n'assume rien et s'indigne lorsqu'on la drague un peu trop.
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| Sujet: Re: what you break is what you get (madney) Mar 3 Jan - 22:59 | |
| - Va t'faire foutre. Ouais, c'est bien tout ce qu'elle mérite, et encore. Elle ne sait même pas pourquoi elle dit ça, y a pas un mot de vrai. Elle supporterait pas de se retourner un jour et devoir qu'il n'est plus là. De vivre sans lui. D'avancer sans son ombre qui se mêle à la sienne. Sans sa présence. Elle pourrait pas. Il est là depuis toujours, tout le temps. Et elle s'ennuie de lui à chaque moment qu'elle passe loin de lui. Alors non, vraiment, elle ne comprend pas d'où lui vient cette haine ni comment elle peut en arriver à lui dire ça. Elle ne comprend pas et pourtant, elle ne se pose pas la question trop longtemps. Ça ne semble même pas la tracasser plus que ça. Comme si tout était parfaitement normal. Sûrement n'auraient-ils dû jamais foutre les pieds ici. Mais maintenant, il est trop tard. Elle est lancée et elle ne peut plus s'arrêter. Elle ne contrôle rien, les méchancetés s'échappent de ses lèvres comme un flot incessant. Elle déverse cette haine sortie de nulle part sur lui, l'écrasant avec, l'étouffant, jusqu'à le voir crever. Elle a cette envie qui la dévore, de le voir s'effondrer à terre, agoniser, la supplier d'arrêter, de cesser cette torture, de l'achever, de tout stopper. Alors elle parle, elle parle, elle parle. Elle invente des choses, dit absolument tout l'inverse de ce qu'elle pense, juste pour le plaisir de le voir souffrir. Elle veut qu'il morfle et elle ne sait pas pourquoi. Mais aujourd'hui, il ne se laisse pas faire. Il semble partager sa rage et se rapproche d'elle, prêt à engager le combat puisque c'est ce qu'elle veut. Tous les deux prêts à livrer une bataille sanglante et complètement insensée. - Alors c'est ça qu'tu penses de moi, hein ? Tu montres enfin ton vrai visage, t'es juste une sale garce qui cache bien son jeu. C'est pour ça que tu passes ton temps à m'traiter de sale con ? Parce que tu l'penses ? Ça te plaît d'me rabaisser ? DIS-MOI MADS, ÇA TE PLAÎT ? Elle s'imprègne de sa colère, s'en nourrit. Ça se diffuse de partout sous sa peau, ça crépite, ça fait presque mal. Mais le genre de douleur qui donne des ailes, pas de celles qui vous terrassent et vous laissent par terre. Elle soutient son regard, elle lui offre même un petit sourire en coin, les yeux mitrailleurs. - Ouais, ça m'plaît. Qu'elle répond, continuant de mentir. Bien sûr que c'est faux. Bien sûr qu'elle ne pense pas ça de lui. Mais à cet instant, ça n'a plus la moindre importance. Elle ricane, sournoise, mauvaise. Et c'est tellement pas elle. Mads elle boude, elle râle, elle beugle un peu, elle rentre dedans et raconte souvent n'importe quoi à cause de toutes ses émotions qui foutent le bordel dans sa tête. Mais ce n'est pas une méchante, pas de celles qui disent des choses terribles, qui savent trouver les mots justes pour assassiner quelqu'un. Elle est trop brute de décoffrage pour ça. Alors ce spectacle qu'elle offre, ses phrases bien tournées et ses rires narquois, ça ne lui ressemble pas. Il se penche vers elle et elle ne scille pas, faisant la forte tête, comme toujours. - Putain tu peux parler, mais t'es pas mieux qu'moi en fait. Tu vaux rien. Rien du tout. Son sourire s'efface progressivement, pour laisser place à une mine contrariée et amère. Ses mots lui crament le palpitant et l'atteignent bien plus qu'elle ne veut l'avouer. Ils l'atteignent tellement fort qu'elle finit même par baisser les yeux tout en serrant les dents, ses traits se tendent et elle se retient d'enfoncer sa main dans son ventre pour lui arracher les boyaux et le faire taire à tout jamais.
Et puis, ça dégénère. Les mots de trop et dans la tête de Mads, y a tout qui s'assombrit. Elle perd le contrôle, la rage devient pire que de la fureur et le coup par tout seul. Et elle ne regrette même pas. C'est même tout l'inverse. Le sang qui s'écoule du nez de Sidney la fait jubiler et lui permet d'oublier la douleur qui ronge sa propre main. Puis, elle se met à lui hurler dessus. Elle continue de lui déverser un maximum de saloperies, avec l'espoir que ça suffira à le faire taire. Elle finit même par le forcer à la regarder, lui attrapant le visage avant de l'achever. Elle parle de sa mère, assenant le coup fatal. Et elle se voit déjà grande gagnante du duel. Sid est estomaqué. Elle perçoit chacune de ses émotions et pourtant, elle n'éprouve toujours aucune culpabilité. C'est totalement l'inverse, plus il semble aller mal et plus elle se sent mieux. Elle savoure sa douleur comme on déguste un plat 5 étoiles. C'est un met de choix. Elle le dévisage, souhaitant ne pas perdre une seule miette du spectacle de sa mine déconfite. Et elle ne le voit pas venir, le retour de bâton. Faut dire qu'elle ne s'y attendait pas, bien trop persuadée de l'avoir fait taire pour toujours. Il se réveille d'un seul coup, le regard meurtrier, assoiffé de violence, de dégoût, de haine. Elle fronce les sourcils et n'a pas le temps d'éviter sa main qui attrape son poignet et qui le serre fort. Si fort. Beaucoup trop fort. Elle lâche ses prunelles pour regarder son étreinte autour de sa peau, elle grimace, serre les dents, gémit un peu et se tortille douloureusement, cherchant à se défaire de son emprise sans y parvenir. Sa main libre vient agripper celle de Sid pour tenter de le faire lâcher prise, alors que la douleur devient terrible. Elle a l'impression qu'il va lui broyer le poignet et ça ne fait qu'accroître sa colère. Elle se décuple, triple, encore et encore, sans limite, à l'infini. Et ça devient épuisant, éreintant. Tout son corps qui tremble, qui se fissure. Elle a l'impression qu'elle va tomber en morceaux tant ses émotions ont atteint un degré d'intensité anormal. Le souffle un peu coupé, elle râle. - Lâche-moi espèce de malade ! C'est la première fois. La première fois que Sid a un geste violent à son égard. Et ça a quelque chose d'incroyablement perturbant. Terrifiant. Et si triste à la fois. Comme une horrible désillusion. Comme une révélation inattendue et affreuse. Pleine de laideur et de déception. Mais tout ça, c'est rien. C'est rien en comparaison de ce qui l'attend, de ce qui va lui tomber sur le coin de la gueule.
- FERME TA GRANDE GUEULE ! Il la libère enfin et elle vient aussitôt malaxer son poignet. Elle le fusille du regard mais elle n'a pas le temps de réagir, de faire quoi que ce soit. Il fond sur elle et la repousse brutalement en arrière. Elle titube, recule de plusieurs pas, écarte les bras pour tenter de retrouver son équilibre, mais il réitère l'action, jusqu'à ce qu'elle finisse par tomber à la renverse et s'écrase lamentablement sur le sol, se faisant mal au coccyx. Elle échappe une longue plainte et ne cherche pas instantanément à se relever. Elle reste par terre, allongée sur le dos, les jambes légèrement relevées, les yeux fermés. Ça lui lance dans tout le dos et ça fait un mal de chien. - TU SAIS MÊME PAS DE QUOI TU PARLES ! TU CROIS QUOI ? TES PARENTS SONT PIRES QUE LES MIENS, PAUVRE FILLE ! Elle rouvre subitement les yeux et le darde de ses prunelles, le défiant du regard de dire un mot de plus. Il n'a pas intérêt à s'aventurer sur ce terrain là. Non, c'est une mauvaise idée. Une idée horrible. Et pourtant, après ce qu'elle vient de dire, elle le mérite amplement. Elle étend ses jambes par terre et se redresse pour se retrouver assise, venant passer sa main dans le bas de son dos. - La ferme.. Qu'elle grommèle tant bien que mal, encore un peu trop préoccupée par la douleur vive qui la lance de la nuque jusqu'aux fesses. Elle souffle, soupire, elle a l'impression qu'on vient de lui briser la colonne en mille morceaux. - Ta mère a une vie tellement merdique que j'me demande pourquoi elle s'est pas encore suicidée ! Avec son hôtel de merde, sa fille qui fout que dalle à part la faire gueuler et emmerder le monde. J'suis sûr que tous les jours, elle regrette de pas s'être faite avorter. Elle avale de travers, choquée et aussitôt, elle se met à tousser, s'étrangler à moitié. Ça remonte jusque dans son nez et c'est terriblement désagréable. Mais c'est rien en comparaison de la force de ses mots. En trois phrases, il vient de réduire son myocarde en lambeaux. Démunie, elle ouvre la bouche mais aucun son n'en sort. Les mots lui manquent. Ils se sont tous tirés de là, à moins que Sid ne vienne tous de les tuer aussi. Elle bafouille, confuse, tiraillée entre ses ressentiments à son égard et une peine immense. Mais il ne s'arrête pas là Sid, bien décidé à gagner lui aussi. - Et ton père putain, c'est pas pour rien qu'il vient t'voir que quand ça l'arrange. Parce que t'es une putain d'chieuse, t'es odieuse ! T'es tellement insupportable qu'il peut pas t'endurer au quotidien, ça m'étonne pas qu'il ait jamais été vraiment là. Elle se décompose. Lentement, ses yeux se gorgent de larmes et rougissent, malmenés par l'intensité de son tourment. Y a comme une déchirure là, dans sa poitrine, qui laisse s'échapper des litres de sang. Son regard dévie de celui de son agresseur et elle se met à regarder le sol, abattue. Elle referme lentement la bouche et déglutit, luttant pour ravaler ses larmes, refusant de chialer devant lui, comme ça, ici. Elle fronce les sourcils et serre les dents, furieuse. Hors d'elle. Progressivement, son irritabilité reprend le dessus sur tout le reste. Et ça ne fait qu'empirer alors qu'il continue de parler.
Lorsqu'il se tait enfin, ses larmes ont disparu. Il ne reste que l'agressivité. Un truc puissant, presque épouvantable. Elle se relève péniblement, tremblante. Elle regarde autour d'elle et son esprit se déconnecte totalement de tout le reste. Son esprit lui hurle de le faire taire. A tout jamais. Lui faire regretter ses paroles dégueulasses. Elle fonce vers un mur et chope un grand poignard avant de pivoter pour faire à nouveau face à Sid. Son regard n'a plus rien de normal. Il semble à moitié fou, elle perd la raison. Elle serre le manche entre ses doigts délicats. - C'est toi qui va crever Sid. Qu'elle articule froidement, la voix chargée d'une frénésie terrifiante. Elle s'approche de lui, l'air déterminé, sans la moindre hésitation. Mais elle a peine eu le temps de faire trois pas dans sa direction que subitement la porte de la pièce s'ouvre, dans un grand fracas. Elle sursaute et relâche l'arme qui tombe à ses pieds. Elle cligne des yeux, perdue, comme si elle se demandait ce qu'elle foutait là. Ses yeux vont et viennent entre l'arme, les gens qui viennent de rentrer et qui les dévisagent et Sidney. Elle recule de deux pas, le souffle court, haletante. L'air qui s'infiltre dans ses poumons la brûle et la ramène à la réalité. Les connexions se refont une à une dans sa tête et elle réalise lentement toute l'horreur de la situation. Est-ce qu'elle vient véritablement d'envisager poignarder Sid ? Mortifiée elle relève une dernière fois le regard vers son ami, la colère laisse progressivement place à d'autres émotions. - Oh mon dieu, Sid.. Qu'elle souffle, apeurée. Elle passe ses mains dans ses cheveux et échappe un hoquet de douleur alors qu'elle tente de reprendre son souffle. Et encore une fois, elle finit par s'enfuir. Parce que c'est trop. Parce qu'elle panique. Y a son cœur dans sa poitrine qui va exploser, elle le sent. Elle l'entend. Il cogne si fort que ça la blesse, que ça vient écorcher sa chaire. Elle tremble de la tête aux pieds et part subitement en courant, ne supportant plus de rester là. Elle fend la foule, se heurte aux gens. Elle cour, cour, cour, sans plus s'arrêter, jusqu'à regagner l'extérieur du château. Mais elle ne s'arrête pas pour autant. Elle continue de courir, jusqu'à rejoindre sa bicyclette. Elle l'enfourche et s'enfonce dans la nuit pour rentrer au motel de sa mère. Doucement, les sanglots viennent la secouer. Jusqu'à ce qu'ils deviennent si puissants qu'elle ne puisse plus pédaler. Elle s'arrête sur le bord de la route, descend de son deux roues et s'agenouille par terre, effondrée, en larmes. Les mots qu'elle a prononcé et ceux de Sid tournent en boucle dans sa tête. Et c'est pire que le pire des films d'horreurs. Elle se revoit prendre le poignard, prête à commettre l'irréparable. Elle cache son visage entre ses mains, honteuse, perdue. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ce soir ? Elle ne comprend plus rien et c'est beaucoup trop pour elle. Elle va imploser. Elle bouillonne, elle meurt de chaud. Et ses yeux qui fuient sans plus pouvoir s'arrêter. Elle va finir par se noyer dans ses propres larmes.
C'était un mauvais rêve. C'était forcément un mauvais rêve. Sinon, qu'on l'achève. rp terminé. |
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| Sujet: Re: what you break is what you get (madney) | |
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