Carol, son ex-femme, l'hébergeait pour son retour, le temps qu'il trouve un logement où s'installer le temps de sa rééducation. Autour d'un café, ce matin-là, le silence était pesant. Elle connaissait la peine dont souffrait son ex époux : Dominic venait de perdre d'excellents soldats dont un qu'il considérait comme un petit frère, Ryann Fowley et ce matin lui incomberait la lourde charge d'annoncer son décès à ses proches. Après avoir terminé sa tasse, Dom se leva et alla dans le salon, où il avait dormi et pris place, pour enfiler sa tenue militaire. Carol vint l'aider à épingler ses médailles qui leurs avaient coûtés leur mariage mais également à passer sa chemise, son poignet handicapé par un plâtre. Dominic plaça son képi sur ses cheveux roux, coupés courts, avant de partir pour le domicile des Fowley où dès l'ouverture de la porte et comme le voulait la tradition, il retira son couvre-chef pour le placer sur sa poitrine. L'émotion dans le domicile familial l'ébranla. Dom tenait sincèrement à Ryann et celui-ci était décédé pour l'aider, pour le sauver, il en était convaincu. Malgré les circonstances, le sergent Fowley l'invita à pénétrer dans le salon et à s'asseoir afin d'expliquer les circonstances du décès brutal du soldat. Dom raconta brièvement le get-happens de leur indic, passant le détail du pied sur la mine, le jugeant trop violent. Dans ses sanglots, la mère du soldat lui demanda si son fils avait souffert. Non. Ce n'était pas le cas. C'était une mort violente, trop pour qu'il ait même compris qu'il était en train de mourir.  — L'officier Fowley n'a pas souffert, Madame. Vous avez ma parole. Dominic gardait la tête froide malgré la difficulté sentimentale de la situation.  — Vous avez des enfants, Caporal ?, demanda la mère.  — Oui, Madame, répondit Dominic. Il voyait où elle voulait en venir, la douleur de la perte d'un enfant et si Nikkola était toujours belle et bien vivante, Dom savait toutefois ce que l'absence faisait : depuis des années, sa fille entretenait des liens minimums avec lui.

Dominic retira sa veste après avoir fermé la porte au moment où sa fille de dix-sept ans, Nikkola, descendait les escaliers en pyjama, visiblement en train de se réveiller. Dominic étant rentré tard dans la nuit de Syrie, la jeune fille n'était donc pas au courant du retour de son père. Nikki s'arrêta net et dévisagea le rouquin, son paternel. — Papa ?, demanda-t-elle en clignant des yeux, comme si elle n'y croyait pas. Dominic ouvrit ses bras à sa fille ; celle-ci se contenta simplement de se hisser sur la pointe des pieds pour un baiser sur la joue légèrement barbue de son géniteur. Elle observa le poignet plâtré de Dom. — Combien ?, demanda-t-elle froidement. De morts, voilà ce qu'elle voulait savoir. — Trois de mes hommes ont succombés, répondit calmement le roux. Paisiblement, Dominic alla s'asseoir auprès de sa fille, quelques minutes plus tard. — Cela te tenterait que l'on sorte en ville, pour le déjeuner ?, demanda doucement le père de famille. Comme insensible, Nikki haussa des épaules. — Pourquoi, pour quoi ? Pour que tu m'annonces encore un coup que tu te barres dans un pays qui est je ne sais où sur la carte pour te faire flinguer ? Nikkola était révoltée, tant après son père qu'après ce pays qui envoyait ses hommes mourir au front. Mais si un jour Dom venait à mourir, il en serait fier : il serait mort pour la liberté des hommes et leur égalité. Elle se leva, abandonnant là un père décontenancé et déboussolé. Carol posa sa main sur l'épaule de son ex-mari, le rassurant. — Elle finira par comprendre.

Dom avait finit par déménager dès qu'il avait trouvé un petit appartement minuscule mais qui lui suffirait amplement, afin de laisser de l'intimité à son ex-femme ainsi qu'à son nouveau conjoint, que Nikkola avait appelé Papa, l'autre fois, cela lui ayant brisé le coeur. Il était rongé par la solitude mais prenait sur lui ; toutefois, on le sentait bien plus acariâtre et irritable qu'avant. Avec cette main qui lui faisait encore des misères, Dominic tenta de nouer sa chemise d'uniforme ; Madame Fowley l'avait invité pour un dîner d'anniversaire en mémoire à Ryann. Dominic n'était pas à l'aise mais à cette mère endeuillée, il ne pouvait rien refuser. Il était même allé lui acheter un magnifique bouquet ainsi qu'un second pour la deuxième femme de la famille, Reese, son père lui ayant appris les bonnes manières. Le soldat appréhendait.