Bien que ma vie soit aussi belle que je l'avais imaginé lorsque j'étais encore une petite fille, il fallait avouer tout de même que tout n'était pas aussi clair comme de l'eau de roche. Il y avait parfois des jours où il était difficile de ne pas craquer. Je ne suis pas le genre de femme toujours en mal être constant, à broyer du noir ou à être de mauvaise humeur toute la journée pourtant aujourd'hui dérogeait à la règle. Je n'étais ni triste ni malheureuse ni prête à me donner la mort, j'esquissais toujours un grand sourire sur mes lèvres que j'accordais à quiconque croisait ma route, j'allais travailler avant de me rendre chez mes parents simplement pour leur dire bonjour, cela dit quelque chose m'empêchait d'être véritablement sur un petit nuage. Quatre mois. Quatre mois depuis le dernier jour où j'ai posé mon regard sur son visage, mon frère me manque plus que de raison. J'ai bien conscience d'être une sombre idiote lorsque l'on sait quel profession il exerce, si ce n'est quelques rares coups de téléphone et quelques petites lettres manuscrites je n'ai aucune nouvelle de lui et j'ai toujours eu des difficultés à me faire à l'idée que chaque jour qu'il passe loin de moi, il risque sa vie. Pour son pays, pour sa patrie, certes. Il est tard lorsque je me décide à rentrer chez moi sur Tybee Island. J'habite dans une magnifique demeure depuis quelques temps déjà, je ne peux définitivement pas me plaindre du lieu, tout le monde ou presque rêvent d'y vivre. Le bord de mer, le sable chaud, c'est un endroit magique quand on souhaite s'évader. J'avais appelé un peu plus tôt dans la journée la mère de Cole, mon fiancé. Mon futur mari aussi afin de lui transmettre un message concernant le mariage tout en lui expliquant que ce n'était pas une urgence. Quand mon père m'a demandé de me marier avec un pur inconnu, j'avoue ne pas avoir hésité une seule seconde. J'étais capable de tout afin de rendre heureux Cameron, quitte à agir sans penser aux conséquences futures. Je ne le connaissais ni d'Adam ni d'Eve avant de le rencontrer. C'est une relation plus ou moins alambique. Il n'est pas très causant, il est renfermé sur lui-même est d'une extrême froideur cela dit j'ai décelé de petites choses qui me donne tout de même l'envie d'en apprendre plus sur lui. Après tout, nous serons bientôt unis tous les deux. Ce serait la moindre des choses de le connaître plus amplement. Lorsque l'on frappe à ma porte, je sais que c'est lui. J'en viens à lui ouvrir pour le laisser pénétrer avant de refermer la porte derrière nous. Il m'offre une bouteille que je dépose sur le plan de travail de la cuisine. « Je t'en prie, mets toi à l'aise. » Je le regarde d'un air amusé, il a le don d'être toujours poli, toujours bien présenté et sûr de lui qui me donne envie de rire. C'est nerveux. « Dis-moi ta mère ne perd pas le nord, ce n'était pas si urgent. J'espère que tu n'as pas annulé quoi que ce soit pour... ça. » Je parlais bien évidemment du mariage, il est davantage moins emballé que je peux l'être, à dire vrai je ne me prend juste pas la tête. Pour moi c'est comme signer un gros contrat et en réalité si l'on regardait bien, c'était presque la même chose. J'attrape deux verres dans une armoire avant de déboucher la bouteille qu'il m'a apporté, je verse un peu de liquide dans chaque et lui en tend un. « Mais puisque tu es là, effectivement je voulais discuter avec toi concernant les fleurs qui trôneront fièrement sur les chaises lors de la cérémonie. » Je bois une gorgée en m'appuyant nonchalamment contre le comptoir. « Je ne sais pas si tu es au courant mais tout va se dérouler sous d'énormes chapiteaux, hum... je sais que tu es un homme et que tu te fiches certainement de tout ça mais comme on est deux dans cette histoire il me semblait juste de m'affairer avec toi. » Je lui adresse un sourire mutin avant d'avaler mon verre d'une traite.  

Le temps passait à une vitesse dingue, j'avais cette impression énorme que par moment la vie me filait entre les doigts, c'était comme si je n'avais le temps de rien. Je me lève le matin, je déjeune, je me prépare et ensuite j'entame ma journée au travail, je dîne à midi et je reprend. Quand je relève mon visage sur l'horloge qui trône fièrement au dessus de la porte de mon bureau, il est déjà dix neuf heures. Et c'est ainsi tous les jours de la semaine. Je n'ai pas une minute à moi même si je m'accorde tout de même un certain espace et des pauses. Je suis sportive, pas de haut niveau mais j'aime prendre soin de moi. Je ne dis pas que je suis une de ces pimbêches riches et heureuses de montrer mon argent à tout le monde, loin de moi cette idée incongrue et grossière, je dis simplement que prendre soin de soin: aller chez le coiffeur, s'habiller correctement a un certain minima. J'ai de l'argent, disons le, beaucoup, notamment grâce à mon père mais je n'ai jamais été du genre à en profiter ni dépenser sans compter bien au contraire, je fais très attention et il m'arrive très souvent de faire dons à des œuvres caritatives qui me tiennent très à cœur. Etant bénévole au sein d'une association humanitaire je trouve qu'il est de mon droit d'investir ce que je gagne au profit de la bonne cause et j'en suis extrêmement fière. Lorsque je rentre chez moi, il est, comme à mon habitude presque l'heure de dîner, je n'ai ni l'envie ni le courage pour me préparer quelque chose c'est pourquoi je n'hésite pas longtemps et je décide de faire appel à un service de livraison à domicile, une bonne pizza jambon, champignons et fromages ne me fera certainement aucun mal. D'ici une bonne demie-heure, le livreur sera là. Je me dirige vers ma salle-de-bain quand j'entend frapper à ma porte. Un fin sourire s'affiche sur ma physionomie, je suis amusée et je me doute de qui est là. Tandis que j'ouvre j'aperçois Cole. Toujours aussi charmant et mignon à souhait. Je le laisse entrer et je nous sers à tout deux un verre de ce bon vin qu'il m'a alors apporté. Je lui explique par la même occasion que ce n'était pas une urgence et que j'espérais qu'il n'ait pas annulé quoi que ce soit à cause de moi. Ce qu'il nie cependant. « C'est toujours amusant de travailler chez soi, j'adoooore moi » Je lui répond en riant, bien évidemment c'était de l'humour et je suis certaine qu'il en a compris le sens. Il me parle alors de sa mère, stipulant que j'avais raison, lorsqu'elle veut quelque chose généralement elle le veut très vite. Il laisse alors échapper un petit rire, très petit mais adorable. Cole est un homme très charismatique, il a cette attirance indomptable et j'avoue avoir du mal à ne pas détourner mon regard de lui, je sais qu'il n'est pas mon véritable fiancé et qu'il n'est absolument pas fou amoureux de moi cela dit il reste très beau et ne me laisse définitivement pas indifférente. J'avale le vin petite gorgée par petite gorgée en lui expliquant alors les raisons de sa venue ici. J'ose espéré qu'il s'engage un minimum dans ce mariage arrangé, je n'aime pas faire les choses seule lorsque je sais que cela engage d'autres personnes, j'aime à savoir ce que les personnes concernées pensent c'est pourquoi je voulais en discuter avec lui. Je lui adresse un léger sourire en finissant mon verre. « Je n'aurais pas mieux dit. Je ne vais pas t'embêter très longtemps, tu pourras repartir bien assez vite. » Je savais qu'il n'était pas très enchanté d'être ici, avec moi malgré tout et je n'ai aucunement envie qu'il se force à rester. Je m'apprête à parler quand l'on frappe de nouveau à ma porte. Pizza time. J'affiche un sourire plus large en regardant Cole. « Oh attend-moi, je reviens. » Je me rend vers la porte, paie le livreur et reviens aussi vite vers la cuisine. « J'ai trop faim tu ne peux pas t'imaginer. » J'ouvre la boîte, attrape une part et croque un énorme bout dedans sans même me préoccuper de sa présence ici et de mon comportement très peu élégant. Je tends une part vers lui. « Tiens sers-toi, je suis sûre que tu en meurs d'envie aussi. Je vous interdis de nier monsieur Warwick. » Je ris tout en continuant à manger et... à me régaler.