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 I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna]

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MessageSujet: I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna]   I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna] EmptyJeu 15 Sep - 11:13



Je connais cette fille.

Est-ce une ennemie ? Est-ce une amie ? Impossible de me rappeler… Je suis sûr d’avoir vu sa tête sur un papier… Ha.. J’aurais dû mieux regarder. Qu’est-ce que c’est chiant de se farcir un parpaing pour savoir qui est qui…

Amuses-toi, qu’il disait. Si vous n’aviez plus ou moins qu’une journée à vivre, que feriez-vous ? Pas facile comme question. J’risque pas de dépenser tout le pognon possible, il faut quand même que je lui en laisse… Mais quoi d’autre ? Alors me voilà de sortie, arpentant les rues d’un air désœuvré. Je me suis arrêté prendre un café, ai regardé un moment la foule passer, soucieuse… Chacun a son job, son but, sa vie… Je n’ai rien de tout ça. Je peux m’amuser ou m’ennuyer à mourir, ça ne changera pas grand-chose à mes comptes. J’ai fermé les yeux, tranquille, profitant du beau temps et de l’air tiède… Après un moment, reposé, j'ai ouvert les yeux... Et puis je l’ai vu. Et j’ai du mal à arrêter de la regarder. Qui es-tu ? J’essaye de savoir, mais son apparence ne m’apprend pas grand-chose. Un nom me vient... Eva… Peut-être… Je ne vais quand même pas aller la voir avec si peu d’infos ?

Et puis après tout… Est-ce vraiment si important qu’il la connaisse ou pas ? Elle m’a l’air jolie et sympathique, après tout. Qu’ai-je à perdre à aller la rencontrer ?

« Eva ?... »

Elle fronce les sourcils en levant les yeux vers moi… Raté.

« Emma ? Anna ?.. Non… Euh… »

Je me gratte la nuque, gêné. Pire entrée en matière, ça s’appelle être socialement déficient. T’es Amnésique, David, pas crétin !... Si ?

« Moi c’est David… On se connaît non ? »

Moui… Voila… Le « on se connait » tant que t’y es. C’est quoi ton bouquin ? La drague pour les archi-nuls ? Le manuel de la première fois du grand timide ? Mais… Pourtant ta question est sincère, pure, justifiée. Comment pourrais-tu te souvenir ?


Dernière édition par David Niss le Mer 21 Sep - 15:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna]   I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna] EmptyMer 21 Sep - 13:09


Aujourd’hui, c’est jour de paye. J’me suis pointée au boulot juste pour ça, je suis arrivée et le patron il m’a dit « tiens, c’est jour de paye. » Parce que j’ai encore du mal à m’habituer à l’accent américain, j’ai entendu « paille. » Jour de paille. Du coup, maintenant, ça me trotte dans la tête, cette ressemblance entre les deux mots. Jour de paye. Etre sur la paille. Jour de paille. Etre sur la paye. Ça doit pas être pour rien, y a sûrement une explication logique. Déjà, c’est vrai que sans jour de paye, on est rapidement sur la paille. Mais un jour de paye n’empêche pas de dormir dans la paille : un jour de paye peut très bien être un jour de paille. Je pense à ça et je me dirige vers un café, pas loin. Parce que moi, quand c’est jour de paye et que je suis pas sur la paille, je joue aux filles bobos. Et les filles bobos, ça traine dans les cafés en lisant des bouquins. Je m’assieds donc en terrasse, d’abord un peu intimidée. L’endroit est beau, classe, propre, bref, c’est pas vraiment une place pour moi. Les gens commandent sans regarder les prix, ils sont sur la paye, que ce soit jour de paye ou pas, la paille c’est pas pour eux. Je me redresse, je singe leurs mouvements, entrant dans la peau du personnage.

Le serveur arrive, plus rapide que l’éclair, parce qu’on ne fait pas attendre les riches, la patience est le luxe du pauvre. « Mademoiselle, qu’est-ce que je vous sers ? » Je le regarde, je lui souris. Il a l’air intelligent, sûrement un étudiant qui bosse pour payer ses livres, alors je lui demande : « Si je vous dis Paye-Paille... ? » Je m’attends à voir passer un éclair d’intérêt dans ses yeux, je m’attends à ce qu’il plaque tout pour s’asseoir avec moi, pour m’expliquer, refaire le monde, reprendre les bases à travers les mots. Au lieu de quoi, le voilà qui fronce un peu les sourcils puis sourit avec compassion. « Quel accent ! Vous êtes Irlandaise ? Ici, on dit pa-paye. », il parle lentement, articule. Le con. « C’est un jus de pa-paye que vous voulez ? » J’en pleurerais s’il n’avait pas l’air si attentionné. « Oui, c’est ce que je voulais dire », je capitule. Ça me fout un peu le blues. J’ai l’impression de m’être pris un mur d’incompréhension, une douche froide de réalité, quelque chose qui dirait : arrête de déconner, Nana, rentre dans les clous, te pause pas de questions, réfléchis en ligne droite, comme tout le monde. Pour me remonter le moral, j’ouvre mon exemplaire des contes de la folie ordinaire. S’il y en a bien un qui me comprend, c’est Bukowski.

J’en suis à siroter ma connerie de jus de papaye, le nez dans le bouquin quand un type m’aborde. « Eva ?... » Je relève la tête pour le regarder. Je fronce les sourcils. Qui c’est ce type ? J’ouvre la bouche pour dire que je ne suis pas celle qu’il recherche quand il continue : « Emma ? Anna ?.. Non… Euh… » Bon, c’est pas fini ? Je te connais pas, ducon. Sa voix, pourtant, me dis quelque chose. J’inspecte les traits de son visage, m’attardant sur sa mâchoire. Je le connais. Qu’est-ce que ça le change, la lumière du jour. Qu’est-ce que ça le change, cette légèreté dans les yeux, lui que j’ai rencontré presque-suicidaire dans un bar du centre-ville. « Moi c’est David… On se connaît non ? » Oui, on s’connaît mec. T’es le premier type sur la terre auquel j’ai révélé que j’étais enceinte. On a passé une soirée ensemble. Tu m’as dit que j’avais de la chance d’attendre un enfant. Tu m’as dit que t’avais perdu le tien. T’as pris une photo de moi. Tu m’as promis de m’inviter à manger le lendemain. Pour me remplumer, t’as dit, parce qu’une femme enceinte mange pour deux et que tu me trouvais trop maigre. Mais t’es pas venu à notre rendez-vous. T’as dû oublier, parce que t’étais bourré. Moi je m’en souviens, moi j’étais sobre, parce que j’y ai plus droit, à l’alcool.

« Tu te fous de ma gueule ? », je demande, d’un ton sec. « T’étais bourré à ce point là ? » Je suis blessée. Ce soir-là, je pensais avoir trouvé un confident. Un mec à mi-chemin entre le père et l’ami, c’est bête, hein, mais j’y ai cru. C’était juste un type bourré qui se sentait seul, et, une fois dessaoulé, il a repris sa vie normale, de type riche et heureux. De type qui en a rien à foutre de mes petites histoires de conne. La rage m’aveugle, je ne vois pas son air véritablement concerné, innocent, et je continue : « Casse toi. Laisse-moi tranquille. Je tomberai pas deux fois dans le panneau du mec sensible et blessé. » Parce que c’est pour ça que je m’étais confiée à lui, parce qu’il avait l’air tout aussi mal que moi, parce qu’on était deux âmes errantes, échouées dans un bar miteux. S’il a oublié c’est que c’était pas aussi important pour lui que pour moi. S’il a oublié c’est qu’il cherchait juste une épaule sur laquelle pleurer. J’ai été qu’un vulgaire mouchoir pour lui.
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MessageSujet: Re: I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna]   I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna] EmptyMer 21 Sep - 19:46


Pourquoi porter une poche retournée vers l’extérieur ?

Est-ce que c’est juste un « je m’en fout d’mon apparence physique et j’vous emmerde » ? Est-ce qu’elle vient de fouiller ses poches pour se rendre compte qu’elle avait pas un rond pour payer son… Jus de carotte ? Est-ce que c’est plus poétique, genre « Maudits soient ceux qui prennent, ceux qui gardent. Dans la vie, il faut donner, il faut s’ouvrir. ». Est-ce qu’elle a gardé du fromage dans sa poche ? Est-ce que c’est simplement qu’elle a pas fait exprès ? En tout cas, c’est peu commun. Et puis…

Pourquoi se teindre juste une mèche de cheveux ? En bleu ?

C’est quoi ? La couleur de l’espoir ? La mer, le ciel, la planète ? Un grain de « j’aurais pu être ailleurs » dans un océan de brun ? Un « pourquoi vivre en brun, blond et roux, quand y’a tant de couleurs dans une palette ? » Une menace ? « Si vous m’emmerdez, j’teins l’reste ! » Un pari perdu ? Un manque de fonds pour teindre le reste ? Une blague ? « Il fait froid dehors… J’ai des ch’veux qui gèlent ! »

« Humph. J’suppose qu’il faut s’attendre à ça, oui… »

Ce n’est même pas une réponse, tout peine un commentaire général… Un mot pour moi-même. Je m’assois à sa table avec un léger soupir, comme si elle venait pas d’me dire d’aller me faire pendre par les parties génitales au fin fond d’une ruelle obscure de pékin. Je reste souriant, un peu rieur. Qu’en ai-je à faire qu’elle me rejette, au fond ? C’est donc comme ça que ça se passe mes journées ? C’est donc pour ça qu’il insistait tant sur ce putain de trombinoscope. Merde, j’ai vraiment besoin d’être un agent d’Interpol pour pouvoir m’adresser à mes connaissances maintenant ?

Bourré ? Sensible ? Blessé ? J’tomberais pas dans le panneau ? Et elle sait pas que j’perds la mémoire ? Qu’es-ce que t’es allé raconté, David ? Tu l’as pécho avec quel genre de salades ? C’est pas comme si ta vie était triste… J’veux dire, à par l’oubli matinal, dont tu lui a pas parlé, y’a quoi de grave ? T’as réussi à suffisamment foutre en l’air ta journée pour en pleurer l’soir dans un gourbi, à moitié agonisé avec trois grammes dans le sang ?  Et puis non, même pas pécho, j’suis sûr d’avoir bien lu cette page-là de ton tableau de chasse… Et si tu l’as prise en photo, elle devrait y être.

Alors quoi ? Elle semble vraiment vexée… Je fronce les sourcils… Tu l’as manifestement pas séduite pour l’amener dans ton lit… Tu as vraiment dû t’épancher sur ton sort… Mais quoi ? Y a-t-il eu autre chose ? Quelque chose de grave s’est passé pendant ces années ? Je me serais attaché à quelque chose suffisamment fort pour que cela me détruise, un jour ? Pouquoi tu ne m’en as pas parlé ? A moins que ce soit un plus gros coup encore que ça… A moins qu’elle sache. A moins que je ne sois tombé par hasard aujourd’hui sur quelqu’un qui sait quelque chose sur la raison de ma perte de mémoire ? Quelqu’un qui possède des Souvenirs qui ne sont même pas dans ma Mémoire ? Oh bon sang, toi, je vais pas te lâcher, non. Mon visage se fait d’un coup plus sérieux. Comment tourner ma question ? Elle ne sait pas pour ma perte de mémoire… Mais elle sait… Autre chose.

« Blessé ? Blessé pour quoi ? Pour quoi serais-je blessé ? »
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MessageSujet: Re: I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna]   I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna] EmptyVen 23 Sep - 15:37


Je suis blessée, alors je sors les dents, je me mets en colère, je lui dis de se casser. J’suis pas du genre à courir après des types qui se souviennent pas de moi. J’suis du genre à courir après personne. La vie est trop courte, ou quelque chose comme ça. Je voudrais juste retourner à mon bouquin. Je voudrais qu’on me foute la paix, qu’on me laisse disparaître dans la masse, quelques minutes. Histoire de n’être plus personne, plus personne d’autre qu’une cliente lambda qui lit un livre beatnik comme tous les adolescents pseudo-rebelles. On dirait que c’est trop demander car le voilà qui s’assied à ma table, comme si de rien était. J’en grognerais. « Humph. J’suppose qu’il faut s’attendre à ça, oui… » Je rêve ou le mec parle tout seul ?! Regarde maman, un psychopathe..., me souffle une petite voix. Je souris, j’ai même envie de rire mais j’ai peur qu’il le prenne comme une autorisation de me faire chier alors je reprends rapidement une tête d’enterrement. Le plan c’est d’avoir l’air aussi lugubre que débile. Parce que les mecs relous comme celui-là, ils veulent que se taper des meufs aussi bonnes que connes, le genre toujours de bonne humeur sans raison. La mauvaise humeur, c’est la clef. Je choisis donc de l’ignorer, replonge le regard dans mon livre. Regarde comme je suis ennuyeuse, va-t’en, ici c’est le club des dépressifs. Cette stratégie serait peut-être plus efficace si je tentais de me trancher les veines en direct. Je considère l’option mais il n’y a rien de coupant dans les environs. S’il dégage pas dans trente secondes, ça va chier.

J’essaye de me concentrer sur le bouquin mais je n’y arrive pas. J’tiens pas deux secondes sans le regarder, je suis vraiment très mauvaise pour ignorer les gens. Surtout maintenant qu’il a cet air grave, sérieux, comme s’il se jouait là quelque chose de très important. Merde, c’est quoi son problème ? En plus, il fait encore plus flipper comme ça. On dirait un animal qui fixe sa proie. Puis moi je suis pas une proie, alors il a pas le droit. « Blessé ? Blessé pour quoi ? Pour quoi serais-je blessé ? » La surprise gagne mon visage. « Quoi ? » Je le regarde, avec certainement autant d’intelligence dans les yeux qu’on poisson laveur de vitres, la bouche peut-être aussi ronde. « Ben... ton... enfin, ta... » Je fronce les sourcils, énervée. Je déteste être prise de court comme ça et me retrouver à bégayer comme une autiste. « Mais t’es con ? », je demande, désarçonnée par la candeur de son expression. Il pose sincèrement la question : il ne sait vraiment pas. Puis, je me rends compte que c’est moi qui suis conne. Il n’a jamais été blessé, c’était une supercherie depuis le début. Peut-être parce qu’il trouvait ça marrant, de mentir à une inconnue, ou peut-être parce qu’il est fou.

Cette fois-ci, je me lève de ma chaise, furieuse. Tant pis si ça veut dire qu’il a gagné ou j’sais pas quoi mais c’est moi qui me casse. « Bordel, mais souviens-toi au moins de tes propres mensonges ! Surtout que, merde, faut être complètement malade pour aller s’inventer une femme morte en couche ! » Ça pue le mauvais présage en plus, putain. Je veux pas mourir moi. Sérieux, les anges, si c’est vous qui m’envoyez un trou du cul comme ça pour m’avertir, la prochaine fois abstenez-vous. J’ai vraiment envie de le gifler. A la place, je lui  balance ce qu’il me reste de jus de papaye au visage. Puis je tourne les talons et je m’en vais. Il a réussi à me foutre le cafard avec ses conneries. J’trouve ça vraiment dégueulasse de mentir sur ce genre de choses, y en a à qui ça arrive vraiment et c’est pas marrant du tout. Si ça m’arrive à moi, je le retrouve et je lui éclate la gueule. Même si je suis morte, rien à foutre, faut pas me tester.
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MessageSujet: Re: I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna]   I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna] EmptyVen 23 Sep - 21:17


De la papaye ? Qui boit de la papaye dans un café ?

Je viens de prendre une sacrée douche froide. Physiquement autant que psychologiquement d’ailleurs. Dire que je suis démoli ne reflèterait que bien mal l’état dans lequel je suis. Le choc psychologique m’a assis d’un trait, le temps que mon cerveau assimile ces paroles.

Elle a d’abord semblé parfaitement désarçonnée par ma question. Si mon arrivée et mon oubli l’avait mise en colère, passablement gênée, et qu’elle avait finalement tout bonnement décidé de m’ignorer (au ou moins d’essayer) en s’enfermant dans un silence de plomb… Ma question l’a prise de court, et elle est désormais plus furieuse qu’une nuée de harpies.

Mais si ses insultes ne m’ont pas franchement fait ciller, le coup de la femme morte en couche, lui, je ne m’y attendais pas du tout. J’aurais aimé une femme, moi qui n’ai jamais eu suffisamment de lien avec quelqu’un pour la garder plus de quelques mois ? Et encore, j’aurais failli être père ? J’aurais été marié, et suffisamment longtemps pour qu’elle puisse le porter jusqu’à… Jusqu’au…

Des larmes coulent de mes yeux, sous le choc. J’ai perdu quelqu’un qui tenait vraiment à moi. Je l’ai perdu et je l’ai oubliée. La dure réalité de ces sept ans disparus me frappe en pleine face à nouveau, avec une force incroyable. Je suis un autre homme… Des tonnes de choses ont pu se passer pendant ces années, au point que je ne sache même pas qui a pu partager ma vie, qui a pu la rendre meilleure… Je me réveille d’un bien long sommeil, et pourtant la vie, elle, a continué… Tant de choses ont bien pu se passer…

Est-ce seulement plausible ? Plus d’un an avec une femme ? Oui, certainement, et j’aurais décidé d’oublier ça… A raison. Mais n’est-ce pas un mensonge ? Cette femme n’a pas l’air de mentir, certes… Mais moi, lui aurais-je menti ? Aurais-je été un suffisamment gros con pour faire ça ? Difficile de répondre, j’ai envie de dire non, mais je ne me connais pas vraiment, en fin de compte… Mon cerveau hésite un moment sur quel réalité choisir, celle d’une part entière de ma vie, féérie puis tragédie, disparue dans les limbes du temps, ou celle d’être moi-même un salopard égocentrique tirant un malin plaisir dans le malheur d’autrui et l’auto-lamentation factice. J’ai beau me connaître un peu mieux que ça, la difficulté émotionnelle du premier choix me ferait presque envier le second.

Alors que doit-elle croire, elle ? Elle qui a dû me voir brisé d’une terrible tragédie, qui a dû me consoler, peut-être, qui a dû s’épancher sur ses propres souvenirs… Pour me trouver aujourd’hui guilleret, fier de moi, content de ma bonne blague, ne me rappelant même plus de son prénom. Elle qui me semble honnête, pas franchement gâtée par la vie, du moins pas financièrement, au vue de sa tenue, ni vraiment psychologiquement, au vu de son regard. Ai-je le droit de l’ignorer, de faire passer ma peine avant la sienne, alors que je viens de l’insulter et lui manquer cruellement de respect, sans même le savoir ?

Je surmonte mes sentiments chaotiques,  mes envies d’abandon, et je relève la tête vers la rue. Je la vois encore, en train de s’éloigner, elle passera bientôt le coin d’une rue, si je ne l’arrête pas. Vite, je me lève, laisse un billet sur la table d’un geste à peine conscient, après la scène que nous venons de faire, et me met à courir derrière elle, encore trempé de papaye.

« Attends ! Attends !... Laisse-moi t’expliquer… Je suis amnésique ! J’ai tout oublié ! Je… Je ne me souviens même pas d’elle »

S’il te plaît, ne pars pas. Je n’avais pas le droit de te faire ça. Ma maladie n’est pas une excuse. S’il te plaît, laisses-moi t’expliquer.
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MessageSujet: Re: I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna]   I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna] EmptyMar 27 Sep - 10:29


Se barrer comme ça, c’est toujours très théâtral mais ça fait super chier, en vrai. J’étais bien sur ma terrasse tranquillement occupée à jouer les invisibles et voilà que je suis obligée de marcher droit devant moi, comme une furie, avec aucune putain d’idée d’où je vais. Je suis en rogne, ça je sais, mais ça s’arrête plutôt là. Qu’est-ce qu’on peut faire quand on est en colère ? Les gens n’auront certainement pas envie de me voir. Si j’avais de l’argent j’irais dans un stade de tir ou peut-être même faire un paintball. L’autre problème de ce genre d’activités, c’est quand même les fréquentations. Je suis certaine que tous les psychopathes font ça. Le paintball, c’est quand même la seule situation socialement acceptable dans laquelle on peut tirer sur des gens. Ce qui me dérange le plus là-dedans, c’est même pas vraiment qu’il se soit foutu de ma gueule. C’est chiant, c’est vrai et j’aurais vraiment dû le gifler mais c’est pas ça le pire. Le pire c’est le concept du mensonge. J’sais pas, des fois je me dis que j’ai seulement 23 ans et que j’en ai déjà marre du mensonge. Comme si j’avais eu ma dose, ou quelque chose comme ça. C’est un peu comme l’exposition au soleil : y a des gens qui peuvent faire des UV tous les jours et jamais choper le cancer et y a des gens – les roux – qui s’exposent une fois au soleil et qui terminent leurs jours à l’hôpital. Je dois être une rousse du mensonge, si vous voyez ce que je veux dire : je supporte mal et, un de ces quatre, je finirai peut-être à l’hôpital. Ou mieux : j’ouvrirai une ferme biologique en Alaska. Into the wild, bitch.

J’en suis à me demander si c’est un bon endroit pour élever un enfant – l’Alaska – et si mon gosse aura une bonne tête dans son pyjama en alpaga quand l’autre couillon me rattrape. Je l’entends courir derrière moi et ça recommence à bouillonner dans mes veines. Sérieux, il va prendre cher. Enfin, ça, c’est ce que je me dis avant qu’il parle : « Attends ! Attends !... Laisse-moi t’expliquer… Je suis amnésique ! J’ai tout oublié ! Je… Je ne me souviens même pas d’elle » Je m’arrête. Je fronce les sourcils. Je le regarde. Ça pourrait être un mensonge de plus. Mec, si tu continues tu vas devoir me le payer, le billet d’avion pour l’Alaska. Deux billets, même, parce que je pars pas sans JJ, quitte à devoir l’assommer pour le trajet. Sûr qu’il viendrait pas de son plein gré. Surtout que je suis persuadée qu’il a peur des alpagas. J’devrais lui demander. Ça me brancherait de le faire maintenant, de dégainer mon téléphone et de l’appeler mais j’ai toujours l’autre peut-être-menteur en face de moi. Il attend que je dise quelque chose. Ce sont ses yeux qui me touchent le plus. C’est con puis c’est même pas original mais ses yeux me crient qu’il dit la vérité. Les yeux sont les fenêtres de l’âme, askip. Je sais pas qui a dit ça mais l’mec devait être fier de lui, c’est sûr. Ah ça, des phrases comme ça c’est une fois dans une vie hein, t’as intérêt à être en public pour qu’il y ait des témoins, sinon c’est niqué.

Si mon esprit fuit de cette façon, ce n’est pas pour rien. C’est que, s’il dit la vérité, c’est du lourd. Perdre sa mémoire. Oublier sa femme. Oublier qu’elle était enceinte. Ça fait froid dans le dos. J’sais pas ce que j’aurais fait à sa place. J’sais pas ce que je serais devenue. Peut-être une SDF de plus qui traine dans les rues en disant des insanités. L’horreur. « Merde... », je souffle, tous les autres mots se dérobant à moi. « Comment c’est possible ? Mais tu sais encore comment tu t’appelles ? » Ça fait combien de temps ? Ça s’étend sur combien de mois, combien d’années ? « T’as été voir un médecin ? » Elles sont bêtes, mes questions, mais j’essaye de comprendre. « Je suis désolée... T’avais l’air serein et j’ai tout gâché. » Parce que peut-être que c’est pour ça qu’il a tout oublié : parce que c’était trop dur. Moi je pense que l’esprit humain, il a cette force-là. Il a la force de nous faire oublier ou de nous faire croire à autre chose. Tout ça, c’est peut-être rien qu’une course au bonheur, finalement. C’est pour ça qu’on devient fou, pour être heureux.
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MessageSujet: Re: I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna]   I'm sure we already met! Nope? [David & Eanna] EmptyMar 27 Sep - 23:29


Cette fille est une vraie tornade.

Je sors une serviette de ma poche pour m’essuyer un peu le visage. Un coup calme, un coup ravagée, un coup froide comme la glace, un coup tendre… Ses émotions font des montagnes russes, et les miennes avec. Est-ce pour ça que j’ai envie de gerber ? Est-ce le vertige, l’horreur, la tristesse ? Putain d’mèche bleue… Pourquoi une mèche bleue ?

Mes yeux rencontrent les siens. J’aimerais lui dire à quel point je suis perdu, j’aimerais lui demander tout ce qu’elle sait de cet homme que je n’ai pas connu, j’aimerais m’excuser pour ce que je lui ai fait subir, pour sa tranquillité foutue en l’air.

Ses yeux rencontrent les miens. Et je la sens relâcher sa méfiance. Au fond de ses iris bleus gris, c’est de la compréhension que je vois fleurir, saluer d’un air absent la rage qui se fane. L’empathie vient prendre le dessus sur le ressenti, et des questions naissent sur ses lèvres jusque-là si pincées. Je lui dois des explications. Plus qu’un simple mot, plus qu’un « amnésique » lancé à court de souffle.

« Les médecins ne comprennent pas. Mes souvenirs ne parviennent plus à se fixer… Chaque nuit, ils s’évadent plutôt que de s’inscrire, me laissant au matin avec un trou d’aujourd’hui plus de sept ans dans ma mémoire. J’ai des notes, des cassettes… Mais je n’peux rattraper que quelques bribes de tout ce temps qui m’a échappé… »

Mes yeux se perdent dans l’une des boucles de ses longs cheveux… J’ai eu une femme, alors ? J’ai presque envie de rire tellement cela me semble absurde… A quoi devait ressembler une journée avec une inconnue au matin ? Une inconnue avec un bébé dans le ventre ? Le cœur me sert… Certainement une bien plus belle journée que celles d’une futilité complète que je vie en ce moment… Décédée… Je comprends bien pourquoi j’ai préféré oublier… Plutôt vivre une vie naïve qu’une journée vide, à se demander ce que cela aurait pu être…

« Et apparemment j’ai préféré oublier certaines… Choses. Il y a des tas de Souvenirs, chez moi… Je suppose qu’elle en… Qu’elles en font partie… »

Je ferme les yeux et secoue la tête légèrement… A quoi bon essayer d’en savoir plus… Si ce qu’elle dit est vrai… Je ne peux rien y changer, et cela ne fera que de gâcher un peu plus cette journée pourtant pas si mal entamée… Je redresse la tête, la regarde dans les yeux, m’efforce à afficher un mince sourire.

« Tu avais l’air plutôt de bonne humeur aussi… N’en parlons plus, s’il te plaît. Laisse-moi m’excuser... Un autre jus de papaye ? »

Je jette un vague regard derrière moi, où notre départ furieux a fait du bruit…

« Dans un autre endroit, peut-être. »


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