Ma journée s’était terminée un peu plus tard que je ne l’aurais imaginé dans un premier temps. Et cette fois-ci, je ne pouvais pas blâmer une réunion impromptue, un appel de dernière minute, rien de tout cela. En effet, je ne pouvais que blâmer ma propre personne et le fait que je n’avais pas su me concentrer suffisamment pour arriver au bout de ce que je devais faire dans les temps que je m’étais impartis dans un premier temps. Alors que ce matin, j’étais entré au bureau avec l’idée de terminer les croquis de cette nouvelle demeure sur mesure dont j’avais la charge pour les envoyer aux dirigeants de ce projet. Je n’avais pas nécessairement de pression, mais quand je proposais un moment pour envoyer ces croquis, je préférais de loin le respecter plutôt que de le décaler, surtout quand je savais que j’étais en mesure de m’y tenir plutôt facilement. C’était même avec aisance que je pensais les finir, pensant même que je pourrais les terminer plus tôt et commencer à consulter les autres dossiers que j’avais sur mon bureau. Par contre, alors que j’avais à peine posé les yeux sur ces dessins, un de mes collègues de travail vint à ma rencontre, m’annonçant avec la plus grande des joies qu’il avait appris qu’il serait sous peu papa d’un petit garçon. Vu son enthousiasme, je n’avais pas su faire autrement que de le féliciter chaleureusement, parce que ne pas le faire aurait été tout simplement ridicule et égoïste. Cependant, une fois qu’il eut quitté mon bureau pour retourner à ses affaires, que je m’étais retrouvé seul avec mes pensées, je n’avais pas su m’empêcher de ramener la situation à ma propre personne et m’en montrer quelque peu triste. Non seulement, Micah n’était pas avec moi cette semaine, ce qui, tout naturellement faisait en sorte que je m’en inquiétais, comme à chaque fois, mais de plus, et ce, depuis quelque temps, je ne cessais de réprimer l’envie d’avoir un second enfant, avec Arya cette fois-ci, sans avoir l’occasion de lui en parler. Et d’une certaine façon, j’enviais mon collègue, parce que moi aussi, à un moment ou un autre, prochainement je l’espérais, je voudrais annoncer ce genre de nouvelle à tous. Non, je n’allais pas détester ceux qui connaissaient ce bonheur avant moi, mais disons que cela me tourmenta suffisamment pour que je ne sois pas en mesure de me concentrer sur ce que je faisais pendant un bon moment. Puis, quand je regardai l’heure pour la première fois, je réalisai que terminer ces croquis à l’heure où je quittais normalement ne serait juste pas possible. Légèrement embêté, je décidai malgré tout de pousser un peu plus et finir en retard pour les terminer plutôt que de tout laisser en plan pour le lendemain ou pire encore, emmener mon boulot à la maison, là où clairement, je ne saurais pas du tout me concentrer. Heureusement, il me fallut une heure de plus que je ne l’aurais imaginé, mais au final, je terminai ces croquis. Satisfait, même si clairement, j’aurais voulu les terminer avant, je n’attendis pas plus longtemps pour les envoyer, puis finalement prendre mes affaires pour rentrer chez moi. Garé devant la maison cinq minutes plus tard - parce que bien sûr, j’avais fait exprès d’acheter un terrain non loin de mon lieu de travail - j’entrai dans celle-ci, entendant sitôt la voix de ma femme. Fronçant les sourcils, parce que j’ignorais si elle parlait seule ou bien s’il y avait quelqu’un dans la demeure, je me dirigeai vers la terrasse, là où elle se trouvait, la voyant devant son ordinateur, son paternel apparaissant à l’écran. Et visiblement, je ne saurais échapper à mon beau-père pour le coup, même si je ne me vis pas trop lui faire la discussion. Je me contentai donc de le saluer de loin par un signe de main accompagné d’un simple:  « Monsieur Rogers. », me faisant encore et toujours un point d’honneur d’être poli avec mon beau-père de la sorte. Clairement, il semblait mieux m’accepter que lorsque nous commencions à nous fréquenter, Arya et moi, mais je me disais que le mieux était de ne pas prendre cela pour acquis malgré tout. Une fois que ce fut fait, je laissai Arya seule avec l’ordinateur, me retirant seulement du cadre de l’ordinateur pour ne pas être vu. Je dénouai sitôt ma cravate pour m’en débarrasser, puis alors que je venais tout juste de déboutonner les premiers boutons de ma chemise, mon épouse revint à ma rencontre, me donnant un petit baiser auquel je répondis bien évidemment, même si celui-ci, bien malheureusement, n’avait pas grand-chose à voir avec ceux que nous pouvions nous donner au début de notre mariage, quand nous n’étions pas autant en froid en tout cas. Malgré tout, j’appréciai l’attention, comme j’appréciai le fait qu’elle semblait s’intéresser à ma journée. Le souci dans le cas présent était que de mon côté, je n’étais pas convaincu que j’étais d’attaque à en parler. Je me contentai donc de simplement dire:  « Ça a été. Je suis désolé d’être rentré plus tard, je devais finir les croquis pour la nouvelle maison à City Market. » Je ne me sentis pas d’attaque à lui parler de ce qui m’avait fait tant tarder en réalité, préférant de loin dans l’immédiat lui demander:  « Et toi ? » en me disant que cela me permettrait peut-être de voir comment elle allait et ainsi, qui sait, voir si je pourrais tenter d’aborder la question ce soir, même si ça, je n’en étais pas totalement convaincu encore pour le moment.

Puisque ce n’était pas nécessairement nouveau qu’Arya ne me raconte pas en détails sa journée, parce que bien souvent, le secret professionnel l’obligeait à ne rien dire tant et aussi longtemps qu’un dossier n’était pas clos, je n’insistai pas ou je ne me montrai pas embêté par ce fait, me contentant de simplement acquiescer à ses propos, simplement soulagé de ne pas l’entendre me dire que quelque chose n’allait pas. Pour sûr, si jamais cela arrivait, je serais là pour la réconforter, mais évidemment, je préférais de loin la voir aller bien plutôt que troublée pour une raison ou pour une autre. Jusque là, les choses allaient donc plutôt bien, et continuèrent à aller ainsi jusqu’au moment où ma tendre épouse me demanda si elle pouvait aller en montagne avec son frère et sa soeur le week-end prochain. À ce moment, je perdis un peu de mon enthousiasme, même si je tentai tant bien que mal de ne pas le montrer, sachant très bien que je devais encore être affecté par ce qui s’était passé plus tôt, au cabinet. Machinalement, je lui dis:  « Non, pas du tout. » même si dans ma tête, cela bouillonnait pas mal plus que ça. Sitôt qu’elle m’avait parlé de ce week-end, et que j’avais compris que ce n’était elle qui allait partir en week-end, et que je n’étais pas invité à l’accompagner, tout comme Micah, je n’avais pas pu m’empêcher de m’en montrer quelque peu sensible, susceptible. Pourquoi ? Parce que je savais bien qu’avec Micah, ce n’était pas tout à fait simple, et c’était limite si j’avais l’impression qu’elle voulait nous éloigner, pendant un moment. Évidemment, je me doutais que c’était stupide, mais je ne pouvais m’empêcher d’y songer, suffisamment pour qu’au bout du compte, ma contenance soit moindre que je ne l’aurais voulu dans un premier temps. Je le réalisai à la nouvelle question de ma femme, question suivie d’une proposition qu’en temps normal, m’aurait fait sourire et évidemment, aurait éveillé mes sens bien différemment que la façon que cela le fit tout de suite. Malgré tout, je tentai de faire un effort pour ne rien laisser paraître, mais ce fut avec trop peu d’enthousiasme, j’en avais l’impression, que je lui dis:  « Je suppose que je peux bien attendre un peu. » Sur ces mots, je lui rendis son baiser, mais peut-être de façon moins insistante que je ne l’aurais dû, bien malheureusement. Pour moi, ce fut alors le signal qui me fit comprendre qu’il me faudrait peut-être un petit moment pour me ressaisir, d’où le fait que je décidai d’affirmer:  « Je vais aller préparer la baignoire. » Puis, je n’attendis pas plus longtemps pour m’éclipser en direction de la salle de bains à l’étage, prenant soin de fermer la porte comme pour m’assurer qu’Arya ne me verrait pas si jamais je venais à avoir une réaction un peu plus impulsive que je ne l’aurais voulu dans un premier temps. Rapidement, je me congratulai de l’avoir fait, parce que sitôt que je me fus approché de la baignoire, je me sentis soudainement me tendre, si bien qu’il me fallut un petit moment pour passer ma main sous l’eau, puis sur mon visage, afin de me rafraichir les idées, et me ressaisir si je ne voulais pas provoquer une dispute qui, au final, n’avait fort probablement même pas lieu d’être.

Arya ne vint pas me retrouver tout de suite dans la salle de bains. En vérité, cela mit pas mal plus de temps que ça aurait dû en temps normal, me faisant comprendre qu’elle n’était pas pressée à venir me rejoindre et que par conséquent, si ma supposition était bonne, j’avais été grillé quant à ce que sa demande avait pu susciter en moi. Et pour ça, je m’en voulais, j’étais frustré contre moi-même, raison étant que clairement, je n’avais pas envie que cela se termine ainsi. Évidemment que je voulais que ma femme aille passer un bon moment avec son frère et sa soeur. Je ne pouvais quand même pas la priver de sa famille ou m’y intégrer sans être invité. Jamais nous n’avions ressenti l’obligation d’être constamment collés l’un à l’autre, et c’était un des avantages de notre couple. Pourquoi, ici et maintenant, j’en venais à faire un caprice ? Les choses s’étaient-elles emmêlées dans mon esprit au point que je n’étais même plus capable de réfléchir ? Définitivement, il me faudrait rattraper le coup, parce que sinon, ce ne serait pas du joli. Mais comment étais-je supposé faire une chose pareille ? En lui avouant ce à quoi j’avais pensé quand elle m’avait avoué qu’elle voulait aller en montagne pour un week-end ? En lui expliquant le lien bidon qui s’était formé dans mon esprit ? Ne sachant pas trop quoi faire, je restai donc là, à contempler la baignoire qui se remplissait, un air décomposé sur le visage, jusqu’au moment où j’entendis une voix à proximité. Perdu dans mes pensées, je sursautai, me reprenant heureusement avec rapidité pour répondre:  « Oui. », me disant que cela faisait pour les deux questions. Comme pour appuyer mon propos, je fermai les robinets, me retournant juste à temps pour la regarder entrer dans la salle de bains. Puis, sans mot dire, elle retira ses vêtements, me faisant comprendre que je ferais peut-être mieux de faire de même. Je le fis sans vraiment broncher, raison étant qu’au fond, cela m’arrangeait quelque peu, de ne pas parler pour le moment. Non seulement, cela me permettait un peu de réfléchir à ce que j’allais lui dire mais de plus, cela me permettait de jauger un peu son état d’esprit. Je la connaissais bien, après tout, je savais quand elle était contrariée. Mais là, je ne saurais pas dire vraiment si elle m’en voulait ou si elle ne voulait juste pas parler. Légèrement perdu pour le coup, j’oubliai cette idée, puis je terminai de retirer ma tenue de travail, quelques instants après qu’elle se soit glissée dans la baignoire. Sans poser de questions, je m’assied derrière elle, appuyant mon dos sur le rebord, la laissant s’installer tout contre moi et ne bronchant pas au moment où elle joignit nos mains ensemble. Je ne pouvais pas nier que ce simple fait me réconforta quelque peu, me doutant bien que si jamais elle m’en avait voulu ou quelque chose du genre, pour sûr nous ne serions pas en train de partager ce moment particulièrement relaxant après cette journée. Pour sûr, j’aurais pu rester plus longtemps ainsi, sans rien dire, mais les choses ne fonctionnaient pas comme ça malheureusement. En effet, quelques instants après, mon épouse en vint à me demander ce qui n’allait pas, insistant en me faisant comprendre que je ne pouvais pas vraiment la bluffer pour le coup. Ça, je le savais déjà, le souci, c’était que je ne savais pas quoi lui dire exactement. Soupirant doucement, je baissai mon regard vers le sien, laissant ma main libre caresser son bras au bout des doigts. Puis, me rendant compte que je n’arrivais même pas à chasser cette idée idiote que j’avais eue plus tôt, je grimaçai, puis sachant que peu importe l’angle que cela prenait, ça allait probablement mal tourner, je décidai de demander:  « Je sais que c’est complètement idiot mais… Supposant que ton frère et ta soeur auraient emmené leurs amis, conjoints, qu’importe… Tu nous aurais demandé de venir aussi ? » Voilà, c’était dit. Et étrangement, je réalisais que j’avais réellement besoin de savoir cette réponse, comme pour m’assurer que ce à quoi j’avais songé toute la journée au bureau n’était pas que mes propres idées, mes propres désirs en quelques sortes. Après, je me doutais bien que je ne m’y étais pas pris avec le meilleur tact qui soit, mais là, je voulais réponse à ma question, et j’espérais que pour le coup, elle serait d’accord pour me la fournir sans trop m’en vouloir.

Je savais ma question plutôt délicate, mais clairement, je ne m’attendais pas à une telle réaction de la part de ma femme, ni à ce tourbillon d’émotions mixtes qui vinrent m’envahir au fur et à mesure. Déjà à fleur de peau en raison de ce qui s’était passé pendant la journée, puis à la maison, je ne pus m’empêcher de me tendre légèrement à sa première réponse, ayant l’impression que celle-ci venait carrément confirmer cette hypothèse que j’avais eue plus tôt que jusqu’à ce moment, je trouvais complètement idiote. Évidemment, cela ne me faisait pas plaisir de penser ainsi, même si j’en étais blessé au point qu’il me fallut me faire violence pour ne pas réagir vivement. Heureusement, Arya vint aider à ma cause en me regardant pour me signifier que je n’avais pas à me vexer, ce qui me poussa à inspirer profondément et la laisser continuer son propos, me disant qu’elle méritait bien le bénéfice du doute. C’est en l’écoutant par la suite que la frustration que je ressentais se transforma lentement, mais sûrement en culpabilité. Culpabilité parce que d’une certaine façon, elle avait raison, et je m’en sentais particulièrement fautif, voire honteux. Je savais bien que j’avais mes torts dans les conflits que nous avions, tous les deux, et plus encore, j’avais mes torts dans le fait que ça n’allait pas pour le mieux entre Micah et Arya. Pourquoi ? Parce que je ne savais pas comment gérer la situation, et cela faisait de moi un piètre père et un piètre mari. Mais étais-je vraiment prêt à admettre des choses que mon fils n’était peut-être pas prêt à entendre ? Carolyn était sa mère après tout, et je savais qu’il l’aimait. Je savais aussi qu’il m’en voulait pour l’avoir quittée, parce qu’il était persuadé que je l’avais fait pour mon boulot, puis ensuite pour Arya. Il ne savait pas la suite, il était trop jeune pour l’entendre à mon avis. Et j’étais resté campé sur cette position pendant longtemps, je le restais encore, mais peut-être ferais-je mieux de lui en parler ? Pour le bien de notre couple à Arya et moi ? Après, j’ignorais si cela allait changer quelque chose, mais disons que dans l’immédiat, je ne pouvais faire autrement que d’y songer, surtout quand je voyais comment ma femme semblait contrariée par rapport à la situation. Enfin, j’étais consciente que ça n’allait pas depuis un moment, mais là, quand je l’entendis prononcer ces derniers mots et que je vis des larmes couler sur ses joues, mon coeur manqua un temps, et maladroitement, je tentai de lui dire:  « Hey… Ne pleure pas… » Puis, pour joindre le geste aux mots, je passai mon pouce délicatement sur ses joues pour chasser les larmes qui s’y trouvaient, me moquant bien que ma main soit trempée ou pas. Puis, tout en l’embrassant sur le front, je la serrai un peu plus contre moi, puis j’ajoutai:  « Je suis désolé, je ne voulais pas te bouleverser de la sorte… » Et c’est là qu’à nouveau, la culpabilité vint s’emporter de moi, si bien que je ne fus pas en mesure d’ajouter quoi que ce soit. Peut-être que j’aurais pu lui expliquer ce qui m’avait poussé à lui poser une telle question, mais c’était un sujet délicat de trop dans cette conversation à mon avis. Peut-être pourrais-je lui proposer une solution ? Mais laquelle ? Je devais admettre que j’étais quelque peu perdu et je ne savais pas quoi dire, donc je gardai le silence, me sentant idiot de réagir de la sorte, mais bien incapable de faire autrement pour le moment malgré moi.

Depuis quelque temps, la discussion était devenue plus difficile entre Arya et moi. Dans un premier temps, j’avais mis ça sur le compte de son nouveau boulot, le fait que celui-ci lui prenait plus de temps et surtout plus d’énergie, physiquement et psychologiquement. Sans rien lui reprocher et sans avancer quoi que ce soit, j’avais pris soin de me montrer ouvert à la discussion si elle en ressentait le besoin, sauf que rarement, c’était arrivé et bien souvent, je me retrouvais à décoder maladroitement ses émotions, ce qui donnait bien souvent place à des frustrations et, par conséquent, des prises de tête. Puis, je compris que peut-être le mieux, pour elle comme pour moi, aurait été de pousser, de l’encourager à parler davantage, mais jamais je n’avais osé le faire. Pourquoi ? Parce qu’au fond, j’avais toujours cette crainte que cela retombe sur moi si j’insistait trop, si j’étais trop franc avec la femme que j’aimais. Clairement, c’était là une marque que Carolyn avait laissée sur moi et qui ne voulait pas s’effacer, mais qui ne venait certainement pas aider à la situation. Là, il avait fallu tout mon courage pour la confronter pour obtenir, au bout du compte, une bribe de sa pensée, accompagné de quelques larmes. Pour sûr, cela ne m’avait pas plu, même si cela n’alla pas plus loin. Malgré tout, la culpabilité continua à me ronger tandis qu’elle poursuivait son discours qui, soudainement, prit une autre tournure. Par contre, je ne m’en plaignis pas, parce que j’entendis sortir de la bouche de mon épouse des choses que nous aurions dû nous dire il y a un bon moment maintenant, sans avoir osé le faire l’un et l’autre, visiblement. Ce fut ainsi que je compris que le comportement de mon fils envers elle l’affectait pas mal plus que je ne l’aurais imaginé, et que là, parce que je sentais qu’hésiter encore à le faire n’était plus une option, j’inspirai profondément, et je dis:  « Je parlerai à Micah, d’accord ? » Après, je me doutais bien que je ne pouvais pas l’obliger à aimer soudainement Arya, mais s’il cessait de m’en vouloir à moi, s’il savait la vérité, peut-être que cela aiderait ? Je ne savais pas trop, pour sûr, il me faudrait travailler sur la question, et je me doutais bien que ce n’était pas le moment de le faire. Parce que là, ma femme alla encore plus loin dans ses explications, ses confidences, comme jamais elle ne l’avait fait ces derniers mois. Enfin, ce ne fut pas grand-chose, même si pour moi, cela représenta une énorme source de réconfort, ce réconfort comme quoi elle m’aimait toujours comme moi je l’aimais. Outre calmer mes appréhensions quant à son nouveau partenaire, cela m’aida à me convaincre que nous serions capables de nous relever de cette mauvaise passe, comme nous l’avions toujours fait. Enfin, il faudrait plus que ça, c’était sûr et certain, mais là, j’avais une meilleure idée de ce qui pourrait aider. Pour exposer mon idée, il me fallut toutefois prendre mon courage, et dire doucement:  « Je t’aime aussi… Et je ne veux plus qu’on se dispute non plus, mais je ne veux pas qu’on se cache ce qui ne va pas non plus… » Ça, c’était tout moi; ne pas parvenir à aller directement à mon propos tout de suite. Mais cette fois-ci, je me repris, et j’ajoutai:  « Je sais que tu ne peux pas tout me raconter ce qui a à trait à ton boulot, mais si ça ne va pas, je veux le savoir, je veux être là pour toi. Et même quand ça va, je veux l’être aussi… Tu comprends ? » Finalement, puisque je jugeais que c’était assez clair, je choisis de m’arrêter là, me délectant momentanément du contact des doigts d’Arya sur ma peau, m’arrachant un petit frisson, malgré le sérieux de la situation. Gardant le silence, je laissai mon épouse reprendre la parole peu de temps après, faisant dévier encore le sujet d’une façon qui toutefois, cette fois-ci, fit en sorte que mon coeur rata un temps. Pendant un instant, je crus limite qu’elle avait lu dans mes pensées, ou bien qu’elle avait su ce qui s’était passé au boulot. Mais étais-je supposé de lui dire ce que je ressentais par rapport à cela ? Non, parce que je ne voulais pas le lui imposer, et puis, je ne savais pas de quel côté prendre cette affirmation, pas encore, en tout cas. Par contre, puisque j’étais désireux de savoir à quoi m’en tenir, je choisis de sourire doucement, puis de lui demander, sur le ton le plus neutre qui soit:  « Et toi, tu veux qu’il devienne grand-père ? » Je ne pus cacher que pour le coup, j’étais quelque peu nerveux d’entendre sa réponse. Non, en fait, j’étais vraiment nerveux, probablement encore plus que lorsque je lui avais demandé en ce qui concernait son week-end en montagne. Il fallait dire que c’était quelque chose de pas mal plus important, qui pouvait changer bien des choses dépendant de sa réponse, et pour le coup, je ne savais pas à quoi m'attendre, mais pas du tout.

Un petit sourire apparut sur mes lèvres bien malgré moi au moment où Arya me fit, en quelques sortes, la promesse d’essayer de se confier un peu plus. Ce sourire, je l’avais esquissé essentiellement parce que je m’en montrais soulagé. Non seulement, j’étais persuadé que cela ne pourrait que nous aider, mais de plus, je ne voulais clairement pas la voir péter un câble ou quelque chose comme ça parce qu’elle prenait trop de choses sur elle sans en parler, d’autant plus que son métier était prenant, physiquement comme psychologiquement, ce qui m’inquiétait davantage, même si ça, je ne lui avais jamais dit clairement, comme je ne lui avais jamais fait part de bien des choses, toujours parce que je risquais de l’énerver ou quelque chose du genre. Et cette habitude, j’en étais parfaitement conscient, faisait partie du problème, de la raison pour laquelle nous nous prenions la tête ces derniers temps, parce que je fuyais la situation, je ne parvenais pas à laisser l’abcès se crever et vivre avec les conséquences. J’étais conscient que c’était tout aussi malsain, d’où le fait que je ne cherchai pas à protester de quelconque façon lorsque mon épouse m’en fit part. Je ne pus nier que j’eus un pincement au coeur lorsqu’elle en vint à se comparer à mon ex-femme, parce que c’était la dernière chose que je voulais. Arya n’était pas Carolyn, bien loin de là. Je savais qu’elle ne pourrait pas me faire de mal. Le seul fautif dans cette situation, pour le coup, c’était moi. Il me faudrait travailler sur ces mauvais plis que j’avais pu prendre pendant mon premier mariage pour faire en sorte que ça aille mieux, et j’étais prêt à le faire. Ça, je le lui prouvai en hochant la tête positivement, avant de rouler les yeux lorsqu’elle en vint à parler de son partenaire de travail qui, ce n’était pas un secret, ne me laissait pas trop confortable. Enfin, je ne lui avais jamais expliqué le pourquoi du comment, et même si je savais que l’idéal serait que je le fasse, je décidai que ce ne serait pas pour maintenant. Non pas parce que je n’osais pas, mais parce que je ne voulais pas gâcher le moment, je ne voulais pas que ma femme cesse de rire. Elle était si jolie quand elle riait, même quand elle laissait planer des idées un peu loufoques, comme le fait que j’étais sexy quand je me fâchais. Inutile de mentionner que ça, je n’en étais pas trop convaincu. Enfin, je supposais qu’on verrait bientôt si jamais cela plaisait à Arya ou pas, même si bien sûr, j’espérais que ce ne soit pas trop souvent, non pas parce que j’allais garder une retenue, mais parce que je voulais vraiment que cela marche, je voulais qu’on puisse retrouver une certaine harmonie qui ne ferait que me rendre plus heureux, j’en étais persuadé. Voilà pourquoi, une fois que j’eus repris quelque peu mon sérieux, je lui dis:  « Je vais essayer. Promis, je ne vais pas me retenir pour m’énerver contre toi. » Un sourire un peu stupide apparut sur mes lèvres à ce moment pour montrer que j’avais fait exprès de tourner ma phrase de façon un peu étrange pour en faire une plaisanterie, même si cela ne changeait en rien le fait que je prenais cela très au sérieux et qu’à partir de maintenant, j’allais faire des efforts, c’était sûr et certain. Enfin, quand la situation allait s’y prêter, évidemment. Pour sûr, je n’allais pas m’énerver alors que ma femme en venait à aborder indirectement le sujet des enfants, alors que j’attendais, quelque peu nerveux, de connaître sa réponse à ma question. Au bout du compte, je ne fus pas déçu; bien au contraire, sa réponse, dans les circonstances actuelles, au vu de ce qui s’était passé plus tôt, n’aurait pas pu me faire davantage plaisir. Lentement, mais sûrement, tandis qu’elle développait sa réponse dans tous les sens, me faisant comprendre que visiblement, avoir un enfant n’était pas une idée qui lui déplaisait, un sourire apparut sur mes lèvres, puis lorsqu’elle se tut, je ne sus faire autrement que de la regarder, les yeux remplis d’étoiles. Finalement, je ris de bon coeur lorsqu’elle parla d’agrandir la maison, et suite à ce baiser que je prolongeai avec plaisir, je dis contre ses lèvres:  « On l’agrandira autant de fois que tu voudras, ma chérie. » , lui signifiant par ces mots que clairement, si ce n’était que ça le souci, alors ce n’en était pas un. En tout cas, de mon côté, ce n’était pas ça qui allait m’arrêter d’avoir un enfant si Arya le voulait, bien évidemment. Mais quelque chose me disait que visiblement, nous étions sur la même longueur d’ondes à ce sujet, d’où le fait que je me permis de prendre cette idée pour acquis, ne serait-ce que pendant un bref instant, soit le temps de passer de nouveau mes bras autour d’elle pour la serrer contre moi avant de l’embrasser une nouvelle fois avec amour.

Apparemment, il n’en avait pas fallu plus que ça pour convaincre Arya de tenter d’avoir un enfant. En fait, limite, ce fut une décision commune, prise sans aucune formalité, avec ce que j’estimais être un certain bonheur et une certaine impatience chacun de notre côté, mon épouse le montrant bien plus concrètement que moi pour le coup, m’arrachant un petit rire à ses gestes instigateurs. Évidemment, je ne m’en plaignis pas, au contraire, j’étais on ne peut plus rassuré. Maintes fois, ces derniers mois, j’avais voulu aborder la question avec elle, sans toutefois savoir comment m’y prendre, ou bien à quel moment avoir cette discussion, compte tenu que trop de fois ces derniers temps, nos conversations s’étaient soldées par des propos peu réfléchis, des conflits maladroits, bref, rien de bien sain. Mais maintenant, avec ces bases que nous nous étions imposés chacun de notre côté, avec cette volonté commune, j’étais persuadé que nous serions capables de faire quelque chose de bien. Peut-être que nous n’avions pas toutes les étoiles alignées pour que ce soit parfait, mais j’avais espoir que nous allions faire en sorte que cela allait marchait et ce, pour le mieux. Voilà pourquoi je ne m’opposai pas aux dires de ma femme quand elle déclara qu’elle allait cesser de prendre la pilule, venant ainsi mettre plus de chances de notre côté. Je me contentai de lui sourire, puis de la regarder avec un air rempli d’amour qui ne pouvait que lui faire comprendre que j’étais plus que partant. Sans me faire prier, je la serrai davantage contre moi, posant mes mains autour de sa taille, prête à les laisser glisser dans son dos à ma guise, mais je m’arrêtai au moment où elle en vint à me poser une question qu’elle sembla dire à la blague mais qui, de mon côté, m’obligea à m’y arrêter pour y réfléchir quelque peu. Cela ne m’empêcha pas de répondre au baiser de mon épouse, le prolongeant pendant un bref moment avant de la laisser poser ses lèvres dans mon cou. Puis, lorsque je compris une chose importante, que je constatai que même si ce n’était pas la lune de miel entre nous deux, jamais mon envie d’avoir un enfant avec elle s’était estompée, pas une seule seconde, je compris que le moment n’était pas ce qui jouait le plus dans le cas présent. Puis, d’un ton un peu plus philosophique que je l’aurais voulu dans un premier temps, je lui répondis:  « Non, il n’y en a pas. Je crois que tout est dans l’intention. » Par là, je voulais dire que si nous avions dit vouloir un enfant pour régler nos problèmes, alors là, peut-être que cela aurait été malsain. Mais il ne semblait avoir été jamais question de cela, et je pouvais le confirmer me concernant. Avoir Micah avait prisé mon précédent couple, alors j’étais le premier à être d’avis que ce n’était pas la venue d’un bébé qui pouvait recoller des pots cassés. Puis, histoire de montrer que sincèrement, ces propos n’avaient changé en rien mon point de vue sur la discussion que nous avions eue, je glissai une main dans les cheveux de ma bien-aimée, et je lui dis tendrement:  « Et moi, je crois qu’on a l’intention d’être de bons parents, toi et moi, ensemble. » Peut-être que pour le coup, compte tenu de notre situation, c’était énormément demandé, mais j’avais le coeur léger, plus que je ne l’avais eu depuis un bon moment j’en avais l’impression, et j’avais envie d’y croire. Et puis, ce n’était pas nouveau que je pensais qu’Arya ferait une bonne mère, malgré Micah qui lui donnait du fil à retordre. Ne comptant même pas cela dans l’équation tout de suite, je préférai de loin faire un nouveau sourire, puis prendre l’initiative de poser mes lèvres sur celles de ma femme pour l’embrasser avec tout l’amour que je pouvais mettre dans un simple baiser.

Je dus admettre que je fus quelque peu surpris par les propos de ma femme. Non pas quand elle sembla partager la même confiance que moi quant au fait que nous ferions de bons parents. Par rapport à cela, je ne saurais être plus ravi. Ce qui m’étonna, ce fut le fait qu’elle en vint à dire « nos » enfants, et pour tout dire, je ne m’y en attendais pas. Peut-être parce que contrairement à elle, je commençais à avoir passé l’âge pour avoir un jeune enfant, et je me disais qu’un, c’était un bon début, sans penser qu’à moins de jumeaux, il pourrait y en avoir plusieurs. Malgré tout, je n’en fis pas tout un cas, franchement, ce n’était pas comme si c’était cela qui allait me gêner. Une famille, c’était ce qui m’avait manqué bien souvent dans ma vie, quelque chose que j’avais toujours voulu. J’avais connu ce bonheur brièvement lors de la naissance de Micah, mais j’espérais pouvoir le reproduire avec Arya, et si cela signifiait avoir plusieurs enfants, tant et aussi longtemps que je serais capable de les prendre dans mes bras sans avoir le dos bloqué, alors pour moi, c’était tout simplement parfait. Et puis, Arya et moi avions beau avoir une différence d’âge relativement considérable, personnellement, cela ne m’avait jamais vraiment pressé. Peut-être étais-je inconscient et stupide de ne pas la ressentir, mais la différence d’âge ne m’avait jamais affecté et visiblement, mon épouse non plus. Et puis, je n’étais pas infirme, j’estimais que je me tenais en forme, pourquoi devrais-je craindre quoi que ce soit ? Conforté à cette idée, je laissai passer la surprise doucement tandis que je profitais du contact de ma femme qui, mine de rien, m’avait manqué. Après des disputes, ce n’était pas à tout coup que nous étions en mesure de nous réconcilier avec des câlins et des baisers. Plus encore, je devais avouer que je préférais de loin un moment rempli de bonnes choses, même si clairement, je ne m’attendais pas à cela dans un premier temps lorsque j’étais rentré dans la demeure. Je savais que pour le coup, j’avais fait la promesse à Arya d’être plus franc, mais étais-je vraiment obligé de lui raconter ce qui me trottait dans la tête quand j’étais rentré, considérant que cela aurait abouti à cette discussion ? À mon avis, je pensais que je pouvais m’en passer pour le moment, puisque là, je voulais vraiment profiter pleinement de cela, ce moment de répit que nous semblions avoir pour la première fois depuis longtemps dans notre relation tumultueuse. Et cet avis ne fit qu’être confirmé lorsqu’au bout d’un moment, mon épouse en vint à soudainement me proposer de prendre quelques jours de congé, histoire que nous ayons un moment juste à nous deux, en venant aussi à parler de se faire des vacances avec Micah pendant Noël. Décidément, cette incartade de plus tôt était loin derrière nous, et j’avais bien l’intention de continuer dans cette voie. Avec un sourire, pour signifier que même si je n’avais rien dit dans l’immédiat, j’étais d’accord, et je réfléchissais essentiellement à la meilleure réponse que je pourrais lui servir. Une fois que ce fut fait, je gardai le silence encore un bref instant, le temps de déposer un tendre baiser sur son épaule, puis je finis par dire: « Je crois que c’est faisable… Nous pourrions partir en croisière dès que tu pourras prendre congé si tu veux… » J’avais fait exprès de parler de sa disponibilité d’abord et avant tout, puisque je jugeais que c’était elle qui nécessitait de s’organiser pour des vacances, plus que moi. De mon côté, j’étais en quelques sortes mon propre patron, tant que je bouclais mes projets et que je ne perdais pas mes clients, je pouvais faire environ ce que je voulais. Puis, une fois que ce fut précisé, j’ajoutai: « Et je m’arrangerai pour avoir Micah au moins quelques jours… On pourrai aller à la montagne, il adore faire du snowboard, donc je ne vois pas pourquoi il n’accepterait pas. » Qui plus est, cela faisait un moment que je n’avais pas pu l’y emmener, donc je me doutais bien qu’il ne pourrait pas refuser. Fier de mon coup, je souris de plus belle, et je déposai mes lèvres contre celle d’Arya avant de demander, mon front contre le sien: « Qu’en dis-tu ? »

Ces vacances allaient être profitables pour nous deux, pour tenter de nous retrouver, mais j’étais d’avis qu’elles le seraient davantage pour Arya qui, comme elle me le rappela, n’en avait pas pris depuis un bon moment. Évidemment, nous avions eu l’occasion de nous octroyer des week-ends çà et là, parce que malgré son métier prenant, elle avait le droit à quelques jours de congé par semaine, ou limite aux deux semaines, mais il y avait longtemps que de longues vacances, ça n’avait pas été dans nos plans. Il fallait dire qu’avec sa promotion, il avait été difficile de s’absenter pendant un moment, mais maintenant que c’était elle qui le proposait, clairement, je n’allais pas m’y opposer. Je ne pouvais pas nier que parfois, je craignais que pour elle, dans certains cas, le stress soit trop fort, et que sa santé puisse en pâtir. Non pas que je ne la croyais incompétence ou quelque chose du genre, mais bien parce que c’était quelque chose qui pouvait arriver à tout le monde et que sommes toutes, son emploi n’était pas des plus simples. Puisque cela n’était pas encore arrivé que son comportement soit inhabituel, au point d’être inquiétant, je n’en avais pas parlé, mais je pouvais quand même me montrer soulagé qu’elle puisse prendre un recul pour le coup. Par conséquent, je ne pus que sourire au moment où elle me dit qu’elle allait régler cela dans le courant de la semaine, jugeant que je n’avais pas besoin de préciser que nous pourrions prévoir nos vacances par la suite sans problème. Je fis pareil quand elle en vint à approuver mon plan en ce qui concernait les vacances de Noël, ajoutant toutefois un froncement de sourcils intrigué et amusé au moment où elle en vint à dire qu’elle avait pensé à son cadeau. Personnellement, c’était trop peu instinctif pour moi, prévoyant mes cadeaux beaucoup d’avance que lorsque j’avais une idée que je jugeais imbattable, ce qui arrivait donc peu souvent. Ce n’était pas pour autant que j’allais m’opposer à l’enthousiasme d’Arya qui, bien au contraire de m’exaspérer, m’amusait énormément. Et puis, je ne pouvais pas nier que je trouvais cela d’autant plus adorable de sa part de penser au cadeau de mon fils de la sorte alors que cela n’allait pas pour le mieux entre eux deux. Touché, je ne vis pas pourquoi j’aurais des objections sur la question, même s’il nous faudrait en discuter plus sérieusement à un moment ou un autre. Parce que là, en ces circonstances, alors que mon épouse venait à sceller sa question d’un baiser, j’ignorais comment il me serait possible de me concentrer sur le sujet. Parce que bon, je voulais bien être sage et mature, il n’en demeurait pas moins que je restais un homme, dans une baignoire avec ma sublime épouse, dans une discussion des plus posées que nous avions depuis ce qui me semblait être une éternité. Comment étais-je supposé prendre tout cela au sérieux, surtout que mes envies semblaient plutôt réciproques ? En mon sens, ce n’était pas possible. Cependant, pour ne pas vexer Arya, je répondis quand même à sa question par un hochement de tête positif, mais après cela, je ne me gênai pas pour lui dire: « Par contre si ça ne te gêne pas, on en discutera plus tard, tu veux bien ? » Un sourire un peu malicieux apparut sur mes lèvres un bref instant, puis comme pour appuyer mes propos, j’embrasser une nouvelle fois mon épouse, plus furtivement, avant de me permettre de glisser mes mains dans son dos afin de la caresser doucement tandis que mes lèvres allaient se perdre dans la peau chaude de son cou en des baisers un peu plus fiévreux et insistants.

Heureusement pour moi, Arya ne sembla pas du tout vexée que je veuille bien reporter les discussions à plus tard. Évidemment, si nous avions traité de sujets plus sérieux, comme nous l’avions fait précédemment en nous faisant ces promesses d’être un peu plus présents l’un pour l’autre, d’essayer d’avoir un enfant ensemble. Bref, tous ces sujets qui semblaient si délicats dans un premier temps, qui, au final, furent abordés calmement, sans qu’on se prenne la tête. Inutile de mentionner que cela me fit le plus grand bien, et combiné avec ce bain en présence de ma femme, je n’aurais su me sentir plus détendu. Bien sûr, si on m’avait dit que je reviendrais chez moi et qu’au bout d’un instant, je me sentirais aussi serein, je n’y aurais pas cru, mais franchement, là tout de suite, j’étais bien loin de m’en plaindre. Au contraire, j’étais prêt à profiter pleinement de ce moment, célébrer, en quelques sortes, ces retrouvailles avec ma chère et tendre épouse, et ne pas laisser nos soucis emporter le meilleur de nous deux encore une fois. Comme pour le prouver, je ne me fis pas prier pour rendre ce baiser passionné qu’Arya me donna, joignant ensuite sa main à la mienne, soupirant doucement quand elle vint à poser ses lèvres dans mon cou, probablement un de mes plus grands points faibles. Puis, je me permis un petit sourire au moment où mon épouse me fit un compliment, reprenant la parole qu’à ses paroles suivantes, auxquelles je me fis un grand plaisir de lui répondre:  « Et moi donc… » avec une sincérité vulnérable, que rien ni personne ne saurait remettre en question. Parce que malgré les difficultés, rien ni personne ne pourrait me faire douter des sentiments que j’éprouvais pour ma femme. Je l’aimais de tout mon coeur, l’idée qu’elle veuille bien qu’on ait un enfant, qu’on ait cette famille, à nous deux, me rendait on ne peut plus heureux. Évidemment, Micah aurait toujours sa place dans celle-ci, il n’était même pas nécessaire de se poser la question. Voilà pourquoi je ne m’en faisais pas ici et maintenant, je n’avais pas envie de réfléchir à quoi que ce soit. Décidé à joindre mes actes et mes idées, dès que je sentis qu’Arya était positionnée de façon à être probablement confortable, ou assez en sécurité pour ne pas glisser et se blesser, je glissai mon bras autour de sa taille afin de rapprocher ses hanches contre les miennes, persuadé qu’elle ne tarderait pas à sentir le désir que je pouvais éprouver en ce moment précis. Puis, après un nouveau baiser contre ses lèvres dont je ne sus me détacher avant un petit moment, je penchai légèrement ma tête, venant enfouir mon visage tendrement au niveau de sa poitrine pour y déposer quelques baisers.

Mes lèvres passèrent bien rapidement, selon son désir, de sa poitrine à sa bouche, les baisers se firent de plus en plus fiévreux, les caresses de plus en plus insistantes, ce moment de plus en plus intense. Cela ne me faisait pas peur, bien au contraire, j’avais l’impression que c’était la chose la plus normale qui pouvait arriver en ce moment. Mon corps contre le sien, puis ne faisant plus qu’un avec elle, j’avais l’impression de la retrouver elle, mais de me retrouver également. Compte tenu de tous les soubresauts qui étaient venus affecter notre couple ces derniers temps, nos moments plus intimes, même s’ils n’avaient jamais vraiment cessé, avaient perdu, je m’en rendais compte maintenant, de leur finesse et de leur tendresse. Je ne disais pas non plus qu’un peu plus de passion, limite de violence, si le mot pouvait être utilisé à cet escient, c’était une mauvaise chose, mais là, ce qui était en train de se passer entre nous, dans ce moment présent, dans ce moment particulier de réconciliation, voire de retrouvailles, c’était, en mon sens, tout simplement parfait. J’avais envie de la traiter comme une reine, ma reine, la prendre dans mes bras comme si je voulais que jamais elle ne quitte mon emprise, et ce fut exactement ce que je décidai de faire. D’abord, je ne me fis pas prier pour me plier à ses désirs, me redressant sitôt que je compris que c’était ce qu’elle attendait de moi, au moment où elle glissa sa main dans mon dos. Évidemment, je ne fis pas exprès de le faire de façon brusque, même si me glisser plus haut dans la baignoire aurait fait le boulot. En délicatesse, je pris le temps d’entourant sa taille de mon bras, de sorte à ce que non seulement, je dois en mesure de me redresser, mais que nous n’ayons pas à couper ce contact qui nous unissait pour autant. Puis, une fois que ce fut fait, je la regardai avec un petit sourire, me surprenant à lui dire, de la façon la plus sincère qui soit:  « Tu es si belle… » réalisant qu’aussi, les compliments avaient malheureusement pris le bord quelque peu au fil de nos disputes. Mais maintenant, je m’en faisais la promesse sans ressentir l’obligation de le lui mentionner, il était évident que je ferais plus attention, parce que la dernière chose que je voulais était qu’elle sente que je prenais notre couple, notre mariage pour acquis. Jamais je ne me permettrais de faire une chose pareille, puisque j’avais déjà expérimenté à quel point cela pouvait faire mal, et je me refusais de vivre cela une nouvelle fois, et faire vivre cela à mon épouse par la même occasion. Puis, sur ces mots, je décidai de garder ma main dans le bas de son dos, venant ainsi guider et accompagner ces mouvements de bassin qu’elle effectuait et qui rendaient le moment si délicieux, d’où le fait que j’en laissais échapper des soupirs de plaisir contre son cou, là où j’avais décidé de nicher mon visage pour y déposer mes lèvres de temps à autre pendant nos ébats.

Arya disait qu’elle était une femme presque parfaite, mais moi, je ne pensais pas de la même façon. En vérité, quand elle disait à la blague qu’en fait, elle était parfaite, de mon côté, c’était là mon avis. En effet, pour moi, elle était parfaite. Malgré que nous ayons eu nos hauts et nos bas ces derniers temps, il n’en demeurait pas moins que je l’aimais de tout mon coeur, et ce moment intime que nous venions de partager le prouvait parfaitement. Si elle était allée jusqu’à me dire que j’étais un merveilleux amant, c’était parce qu’elle, elle me donnait envie de l’être, elle me donnait envie de la combler, elle et personne d’autre. Donc oui, pour moi, elle était perfection, même si à ce moment précis, je décidai de ne pas la contredire, de simplement rire avec elle, parce qu’après tout, ce n’était pas comme si elle avait tort sur quoi que ce soit. Parce que bien sûr, je ne pouvais pas nier que j’avais de la chance de l’avoir, ça, je n’en avais jamais douté, pas une seconde, même pendant nos disputes et nos froids. Et là, ce genre de moment que nous partagions ne faisait que le confirmer, en plus de m’encourager de ne pas mettre fin à cet instant, pas tout de suite. Après, ce n’était pas obligé que nous restions dans la baignoire, d’autant plus que nous y étions depuis un petit moment, que l’eau commençait à refroidir et que nos doigts commençaient à ratatiner lentement, mais sûrement. Par conséquent, il ne fut pas vraiment compliqué pour moi d’acquiescer à sa proposition, n’attendant pas plus longtemps pour me redresser et finalement sortir de la baignoire le premier. Non pas parce que je ne voulais pas être galant, bien au contraire; cette petite avance me permit de non seulement prendre une serviette pour moi-même, mais aussi être en mesure de prendre un peignoir destiné au même travail qu’une serviette et ainsi, le faire enfiler à ma chère et tendre épouse. Ce geste provoquant chez moi une nouvelle vague d’amour, je décidai de la garder dans mes bras un petit moment une fois qu’elle fut bien emmitouflée dans le peignoir, la relâchant qu’au bout de quelques secondes, après avoir déposé un baiser dans ses cheveux et lui avoir adressé un énième:  « Je t’aime. » qui, en mon sens, ne serait jamais suffisant. Puis, je me décalai, pris sa main dans la mienne, puis je l’entraînai hors de la salle de bains. Pour aller où ? Ça, je ne le savais pas encore. Peut-être ferions-nous mieux de préparer un repas et manger ? Regarder la télévision ? Remettre notre moment intime et recommencer ? Qu’importe ce que la soirée nous réservait, une chose était certaine, c’était que je voulais être en compagnie de mon épouse, et finalement profiter pleinement de sa présence qui, je m’en rendais compte plus que jamais, m’avait grandement manquée.