HISTORIC DISTRICT | broken bones and bruises on my soull (samij)

Radjit tremblait de peur. Debout téléphone dans la main, il regarda Seven fuir loin d'ici sans oser bouger d'un centimètre. Il y eut une seconde de flottement pendant lesquels le pauvre indien expatrié regarda l'état déplorable de sa supérette, et puis un gémissement plaintif l'attira au rayon alcool. Il s'élança sans attendre. Samih était là, étendu sur le sol dans une mixture étrange qui mêlait : ravioli, crachats, whisky et son propre sang. Le visage déformé par les cours et le regard fou. Radjit étouffa un petit cri avant de se laisser tomber près de son employer. Il ne doutait pas une seconde qu'il avait quelque chose à voir avec cette attaque, qu'il était la cause de tous ses malheurs et qu'il ne s'excuserait même pas du déficit créé, mais il restait son employer. Bon patron qu'il était, Radjit aimait bien cet égyptien. Sam, oh mon Dieu ! Ne t'en fais pas ! J'appelle la police immédiatement ! Sam ferma les yeux difficilement. Il respirait à peine, et chaque lampée d'air était terriblement douloureuse. Cependant, il rassembla ses maigres forces restantes et dans un souffle brisé, il supplia : Non... non ! pas de flic, jamais de flics ! C'était une règle de base dans la gangsta war qu'il s'était appliqué à respecter à la lettre. Même après tous les sales coups, même après le viol de sa propre soeur. Même après s'être tabassé par Seven Popescu. J... JJ ! qu'il réussit à ajouter avant de sentir ses forces l'abandonner.

Radjit n'hésita pas longtemps. Persuadé que Sam savait ce qu'il faisait. Si l'égyptien n'avait d'autorité sur personne en règle générale, bizarrement il en avait sur son patron. Voilà pourquoi, l'indien se releva et plongea sur l'eastpack de Sam près de la caisse, pris son téléphone, chercha dans le répertoire un dénommé JJ et l'appela de ce pas. Coup de chance, il obtint une réponse. Euh... JJ ? Vous... devriez venir à la supérette votre... votre frère s'est fait agressé. Radjit ne savait jamais comment appeler ces cinq individus bizarres qui gravitaient autour de Samih Scully. Mais puisqu'une fois ce dernier les avait présenté comme une tripoté de petits frères et soeurs dont il avait la garde, il avait décidé de ne pas chercher plus loin et surtout de ne pas poser de questions (il ne serait pas étonné de découvrir que Samih soit à la tête d'un trafique d'esclaves et ne voulait surtout pas être mêlé à ça.)

JJ débarqua plus vite que l'éclair, comme s'il s'était matérialisé derrière la porte. Radjit lui sauta dessus à peine le seuil franchi, et en profita pour indiquer la supérette "CLOSE". Il n'était jamais à l'aise devant JJ, (qui des 5 petits frères et soeurs, lui faisait le plus peur,) mais là, il était complètement paniqué. Un... un type complètement drogué est arrivé et... je ne sais même pas ce qui s'est passé. Sam ne veut pas que j'appelle la police je... je ne comprend pas... bafouilla-t-il tout en menant JJ au rayon alcool. Là sur le sol, Sam ne semblait même plus vivant. Un genre de morceaux de chairs déchirés, d'os en miettes, qui flottaient dans un mare de sang. Radjit se passa une main tremblante sur son front transpirant. Il eut une brève pensée pour son Bombay natal, qu'il regretta brièvement d'avoir quitté si vite. Il est mort ! s'exclama-t-il comme un con. Et comme pour lui donné tord, Sam fut secoué d'une respiration profonde qui fit tellement mal qu'elle ressemblait à une convulsion. Radjit fit un bond en arrière, à deux doigts de tomber dans les pommes.

Je bug devant l'écran de mon téléphone, alors que je vois le nom de Samih s'y afficher et la photo qui va avec. Sa putain de vieille face de merlu. J'hésite une seconde à lui raccrocher au nez. Mais je ne peux pas m'y résoudre. S'il m'appelle, alors que notre relation est au plus mal, c'est qu'il a sans doute une bonne raison. J'imagine. Je crois. Et y a ce mauvais pressentiment qui me rend nerveux. Alors je finis par décrocher et avant de lui laisser le temps d'en placer une, je râle, agressif, parce que faut pas déconner non plus. - Qu'est-ce que tu veux, Samouille ?! Je lui aboie presque dessus. Mais rapidement, je déchante. C'est pas lui de l'autre côté du combiné. La personne n'a pas encore commencé à parler, j'entends juste son souffle, mais déjà, je sais que ce n'est pas lui. Et je me raidit complètement alors qu'un frisson glacé me parcours l'échine. - Euh... JJ ? Vous... devriez venir à la supérette votre... votre frère s'est fait agresser. Je me pétrifie sur place. Attendez, quoi ? Je ne dis rien, ayant un peu de mal à percuter ce que je viens d'entendre. Supérette, frère, agression. Et puis, d'un coup, y a tout qui s'assemble et enfin, je saisis. Radjit. C'est ce gros con d'indien qui me parle et qui me dit que Sa.. PUTAIN ! J'étouffe un cri de panique et je raccroche le combiné sans avoir dit un mot et je pars aussitôt. Je dévale les escaliers de l'immeuble et je cours jusqu'à la voiture. Je crois sincèrement que je viens de battre tous les records de vitesse. Je n'sais même pas si j'ai grillé des feux ou manqué de renverser des gens. Peut-être même que j'en ai renversé. J'en sais rien, je ne voyais rien. J'étais tout simplement obnubilé par l'idée d'arriver le plus vite possible. Je grimpe sur le trottoir et arrête la voiture devant la supérette, ou Radjit m'attend déjà. Je me précipite sur lui et lui empoigne le t-shirt avant de me mettre à le secouer. - IL EST OU ?! Il referme la porte derrière moi et m'explique. - Un... un type complètement drogué est arrivé et... je ne sais même pas ce qui s'est passé. Sam ne veut pas que j'appelle la police je... je ne comprend pas... Un type ? Quel type ? Putain, qui est l'enculé qui a levé la main sur Samih ? J'me sens pris d'une fièvre violente, alors qu'une folie meurtrière me fait trembler de la tête aux pieds. Qui que ce soit ce mec, il est déjà mort. - IL EST OU PUTAIN ? Que je beugle à nouveau, au bord du craquage, n'ayant rien à foutre qu'il comprenne ou non qu'on ne veuille pas de la police. Il ne me fait pas attendre plus longtemps et me guide jusqu'au lieu du massacre. Et là, l'horreur. Mes yeux s'écarquillent alors que j'observe avec effroi les dégâts. Y en a de partout. Putain, c'est pas possible, ils ne pouvaient pas être que deux pour faire tout ça ? Et là, ça me vient clairement. Non, ils n'étaient pas deux. Ils étaient trois. Le type, Sam, et sa voix. Je sais très bien qu'il a ce truc dans la tête, qui le fait déconner grave. Que ses accès de violence et de colère, ça vient de ce truc, de cette voix, j'sais pas comment y appeler. - Il est mort ! Et là, je pète un plomb. Je me retourne vers lui et ma main vient violemment s'abattre sur le côté de sa tronche. - MAIS TA GUEULE SALE INDIEN D'MERDE PUTAIN ! Il peut pas dire ça, putain, il peut pas. Et Sam semble d'accord avec moi, parce que le voilà qui semble revenir à lui. Et ça a l'air sacrément douloureux. Alors j'oublie toute mon animosité et ma rancune et j'me jette à genoux à ses côtés. J'attrape son visage entre mes mains et j'le force à me regarder. - Sam, Sam ? C'est moi, c'est JJ. Je suis là, ok ? Calme toi, tu vas t'bousiller à respirer comme ça. J'pose une de mes mains sur son torse, comme pour l'inciter à ralentir. Je ne le lâche pas des yeux. - Sam, tu m'entends ? Qui t'as fait ça, Sam ? Qui ? Je tremble de colère, de rage même. J'ai jamais vu Sam aussi mal en point. Et putain, ça me fait mal. J'ai l'impression de souffrir avec lui. Sam c'est tout ce que j'ai. A lui tout seul, il représente toute ma famille. Si j'le perd, j'ai plus rien. Et quand on s'en prend à lui, on s'en prend directement à moi. - Il est mort Sam. Le mec qui t'a fait ça, j'vais l'tuer. J'te le promet. C'est juré. Et j'm'en fous que Radjit assiste à ma promesse de mise à mort. Rien à foutre. Y a que Sam qui compte. Mais j'relève quand même la tête vers l'indien pour lui hurler : - Putain mais reste pas planté là ! Va chercher de quoi le soigner ! PLUS VITE ! Que je hurle, la voix tremblante. Puis, je reporte mon attention sur Sam et je lui caresse doucement la joue avec mon pouce, histoire qu'il se raccroche à quelque chose. Qu'il reste là, avec moi. Déconne pas Sam, déconne pas.

Si Radjit avait oublié pourquoi il détestait JJ et qu'il lui faisait peur, il eut droit à un rappel en direct live. Crochet du droit dans la mâchoire à l'appuis, Radjit s'étala contre un rayonnage et fit tomber quelques bouteilles supplémentaires au passage. Mais.. je.. il décida de se taire, ne voulant pas risquer d'attirer à nouveau les foudres de ce type. Après tout il était inquiet. Radjit s'en voulait d'avoir sortie une connerie pareil. Tout était de sa faute, comme dirait sa femme ce soir quand il lui raconterait l'incident.

Sam fixait le plafond, sans savoir où il était, ce qu'il y faisait et dans quel état il était. Il savait juste que son corps tout entier criait à l'aide et que chaque bouffée d'air était comme un milliard de lame de rasoir qui fendaient sa peau en même temps. Enfin, il aperçut dans son champs de vision périphérique largement réduit, JJ. Il était là, juste à côté. Il mit ses mains autours de visage de Sam, lui arrachant un cri plaintif au passage. Sam, Sam ? C'est moi, c'est JJ. Je suis là, ok ? Calme toi, tu vas t'bousiller à respirer comme ça. Le regard de Sam vrilla légèrement sur sa gauche afin de regarder JJ dans les yeux. Il était paniqué, il en tremblait de tous ses membres et ça ne faisait qu'empirer son état. Chaque os semblaient brisés, et ses blessures crachaient du sang, tellement qu'il ne savait même plus combien il lui en restait à disposition pour faire fonctionner son cerveau malade. Il regardait JJ, qui était là, qui était venu malgré tout. Malgré l'engueulade de l'autre fois. C'était bien la seule chose qui lui donnait envie de rester dans ce monde et de ne pas céder à son irrépressible envie d'attraper le premier objet coupant qui passa, se trancher la gorge, et se laisser crever pour fuir la douleur insoutenable de son corps. Sam, tu m'entends ? Qui t'as fait ça, Sam ? Qui ? Il continuait de fixer JJ. Avec ses grands yeux injectés de sang, ses yeux qui paniquaient malgré le fait que JJ tentait de calmer sa respiration haletant. Il voulu répondre mais rien ne s'échappa de sa bouche gorgée d'hémoglobine. Rien sauf ce souffle caverneux. Il est mort Sam. Le mec qui t'a fait ça, j'vais l'tuer. J'te le promet. C'est juré. Y avait des flashs qui lui revenaient en tête. Il se voyait avec le bout de verre dans sa main, qu'il serrait tellement que ça s'enfonçait dans sa paume. Il se revoyait, là, Seven juste devant lui. Il entendait le cri malade qu'il avait poussé au moment d'enfoncer l'arme blanche dans le corps de son adversaire. Et puis plus rien. Un putain de blackout. Seven était peut-être déjà mort. Sam pivota sa tête sur le côté pour voir s'il n'y avait pas un cadavre. Il ne voyait rien. Qu'est-ce qu'il avait fait putain ? Au même moment, JJ s'était mis à hurler sur Radjit qui tapotait sur sa lèvre enflée en espérant qu'on l'oublie. Cependant il ne put ignorer les ordres du gamin et se précipita au rayon pharmacie. Quand ils furent seuls, enfin, Sam regarda JJ à nouveau. Sa respiration un peu calmée, il parvint à lâcher quelques mots : Seven... cracha-t-il dans un souffle avant de baver du sang. Il tenta de lever une main pour s'essuyer, ce qui semblait dérisoire, mais abandonna de toute façon rapidement cette idée. Je... sais pas... si... je.. l'ai tué... Avoua-t-il en se mettant à chialer, quelques larmes salées qui vinrent irriter ses plaies. L'avait-il tué putain ? Pas lui, mais l'autre celui qu'il ne comprenait pas. Celui qui surgissait parfois, qui arrachait sa mémoire et le laissait paniquer un moment, avant de revenir comme une fleur sans vouloir raconter ce qui s'était passé entre temps. Je crois... je crois que... il ferma les yeux et prit une inspiration horriblement douloureuse. Je crois que... je l'ai... Poignardé... Le mot lui faisait bien plus mal que tout le reste. Fallait qu'il sache ce qu'il s'était passé, fallait que... Fallait... Alors qu'il lança un regard à JJ pour y chercher son soutien, Radjit débarqua de nulle part et s'agenouilla à côté du gosse. J'ai du désinfectant, des bandages, du fil et... Ecoutez je pense qu'il faudrait appeler une ambulance je... je crois qu'il a besoin de passer une radio. Non sans blague connard ? Sam le considéra longuement avant de se murer dans son silence, incapable d'assumer ses démons devant un autre que JJ, le seul capable de le comprendre.

Il ne parle pas, il ne répond pas à ce que je lui dis. Et ça, c'est pas bon signe putain, pas bon signe du tout. J'me sens paniquer de plus en plus, perdre pied. C'est mon souffle à moi qui commence à s'emballer bientôt. Je ferme les yeux une seconde, non, allez, respire JJ. Tu peux pas péter un plomb, pas maintenant. Sam a besoin de toi. Je déglutis et je me recentre tant bien que mal. Je me raccroche au regard de Sam, complètement injecté de sang, les yeux exorbités. J'peux lire toute la douleur dans ses pupilles dilatées, éclatées et c'est à peine tenable. Je voudrais tellement pouvoir le soulager, d'une façon ou d'une autre. Mais y a rien que j'puisse faire. Si ce n'est rester à ses côtés. Qu'il sache qu'il n'est pas tout seul, que j'le laisse pas tomber. Jamais. J'le laisserais jamais tomber. Radjit disparaît après que je l'ai chassé et on se retrouve en tête à tête. Je reste le plus calme possible, et je patiente, pour lui laisser le temps d'émerger, de souffler. Et quand je vois qu'il tente de parler, je me penche en avant, pour rapprocher mon oreille de sa bouche. Il galère à parler, sous ma main droite je sens sa poitrine qui se gonfle et se baisse trop vite et péniblement à cause de la douleur. Putain, c'est horrible. Horrible. - Doucement Sam, vas y doucement. Et j'me tais, pour écouter ce qu'il a à me dire. Et là, c'est comme la fin du monde. - Seven... Je me fige, tétanisé par ce que je viens d'entendre. Non. Non, non, non. C'est pas possible. Pas lui. Pas Seven. Putain. Putain, putain, putain. PUTAIN. P.U.T.A.I.N. J'ai envie de hurler. Mais j'reste bloqué, le regard dans le vide, la panique qui brûle au fond d'mes prunelles. Seven. Sale petit enculé de merde. Mes pensées s'embrouillent, mélangeant rage viscérale et dégoût, alors que j'repense à certaines choses. MERDE. LE CON. J'vais devoir le crever. Le saigner à blanc. J'vais.. Putain. Ça n'aurait pas pu être Joe ? HEIN ? Je ferme les yeux une seconde et j'me redresse avant de passer une main sur mon visage, dépité. Comment ça a pu arriver ? Comment ils en sont arrivés là, tous les trois ? Je pige pas. Et puis soudain, si bien sûr, c'est évident. Assia. Je laisse retomber ma tête en arrière. Putain, Sam a faillit crever. A cause de moi. Et apparemment, Seven aussi. Je baisse la tête pour reposer mon regard sur Sam, surpris, inquiet. - Tu l'as.. poignardé ? Que je répète, presque choqué. Visiblement, on vient de passer un niveau dans notre petite guerre. Et ça m'excite autant que ça m'effraie. Au même moment, Radjit revient et se pose à côté de moi, avec tout ce qu'il a pu rassembler. - J'ai du désinfectant, des bandages, du fil et... Ecoutez je pense qu'il faudrait appeler une ambulance je... je crois qu'il a besoin de passer une radio. J'me tourne aussitôt vers lui, à nouveau fou de rage. Et j'le cogne à nouveau. - MAIS PUTAIN ! Que je hurle, déchargeant sur lui tout ce qui me perturbe. - T'APPELLE PERSONNE ! ALLEZ DEGAGE DE LA, DEGAGE ! Que je crie en lui balançant à la tronche tout ce qui me passe sous la main. Mais dès qu'il a disparu derrière un rayon, je me ravise. - ATTEND REVIENS ! OH BOUDDHA REVIENS J'TE DIS ! J'le vois passer timidement sa tête et j'demande, à bout d'nerfs. - Le mec qu'était là, le drogué là. Il est repartit sur ses deux jambes ? Il secoue la tête de bas en haut pour approuver et j'échappe un soupire de soulagement avant de lui faire signe de dégager. Je me repenche sur Sam et j'tente de le rassurer. - T'as vu ? Il est repartit Seven, il est pas mort d'accord ? T'as tué personne Sam, t'as tué personne, tout va bien. Je caresse son front, il est brûlant. - J'le ferais pour toi. J'sais pas trop ce que j'suis en train de faire, mais visiblement, j'suis en train de promettre à Sam de tuer Seven. Parfait. Génial. Encore une super idée JJ. Je secoue la tête et j'attrape de quoi le soigner. Pour l'instant, je tente juste de limiter les dégâts. - Voilà ce qu'on va faire Samouille. J'vais essayer d'te nettoyer au mieux, pour pas que tes plaies s'infectent. Tu vas en chier, mais tu vas y arriver. Après, j'te ramène au loft. Et j'appellerais Zoé, pour qu'elle vienne te soigner. D'accord ? Allez, serre les dents Sam. J'attrape une de ses mains pour qu'il puisse presser et tordre la mienne si ça l'aide, si ça le soulage. Et de ma main droite, je commence à passer sur ses blessures. Putain, y en a tellement. Y a tellement de sang. J'sais pas si je vais pouvoir le ramener en vie à la maison. Si y a bien un moment où il doit prouver au monde entier que les kids sont increvables, c'est maintenant. T'entends Sam ? Maintenant.

Sam détaillait la réaction de JJ. Il avait l'air mal, comme s'il avait un coup de chaud. Il prenait ça pour de la surprise, de la peur. La peur que Seven soit mort, que Sam aille en prison et que tout se casse la gueule, c'était forcément ça. L'égyptien avait la désagréable impression d'avoir fait explosé une barrière, d'avoir franchi une ligne et de tomber dans un gouffre dont il ne voyait pas le fond. Au plutôt, d'avoir été poussé dans ce gouffre par une tierce personne dont il ignorait encore trop de choses et qui lui faisait une peur bleue. Mais il n'eut pas le temps d'en raconter plus que Radjit revint. Il prononça deux phrases et fut envoyé au tapis. Sam ferma les yeux, fatigué par avance. Le petit cri de souris du patron ne servirent à rien. JJ le dégageait d'ici de la manière la plus indélicate possible. T'APPELLE PERSONNE ! ALLEZ DEGAGE DE LA, DEGAGE ! Ainsi, l'indien rampait du plus loin possible, puis se releva et disparut au rayon céréales à grandes enjambées. Sam aurait bien aimé dire à JJ d'arrêter, le fait est qu'il ne fallait pas qu'il dise quoi que ce soit. ATTEND REVIENS ! OH BOUDDHA REVIENS J'TE DIS ! Sam esquissa un sourire ce qui lui fit mal dans les côtes. Il parvint quand même à placer, contre toute attente : Il est hindouiste. comme si ça avait la moindre espèce d'importance. Sans doute que ça en avait. Quoi qu'il en soit, Radjit passa sa tête par le rayonnage pour savoir ce qu'on lui voulait, non sans contenir un tremblement de peur. Le mec qu'était là, le drogué là. Il est repartit sur ses deux jambes ? Voyant qu'on ne lui voulait pas de mal, il décida de répondre, en silence cela dit, puisqu'à chaque fois qu'il ouvrait la bouche il s'en prenait une. Cela dit, sa réponse était positive. Sam avait baissé les yeux pour tenter de le voir par lui-même, pour être sûr. JJ serait capable de cacher un cadavre uniquement pour ne pas que Sam ne fasse une crise d'angoisse. T'as vu ? Il est repartit Seven, il est pas mort d'accord ? T'as tué personne Sam, t'as tué personne, tout va bien. Qu'il assura. Un petit sourire fendit son visage tuméfié. Il hocha la tête en laissant couler une dernière larme. J'le ferais pour toi. Promis JJ. Sam le regarda, il avait envie de dire non. Il ne voulait pas que JJ fasse ça, surtout pas. Le fait est qu'au fond de son être, il voulait également que Seven crève, et en souffrant terriblement. T'en fais pas, c'est moi qui le ferait pour toi. Sam ferma les yeux. Il avait cru que la voix était partie, qu'il avait pris la fuite après son attaque sur Seven. Mais non, elle était encore là. JJ commença à parler d'un plan. Ce type avait toujours des plans. 99% du temps, il s'agissait de très mauvais plans, mais pourquoi pas. Sam l'écouta, sans rien dire. Jusqu'à ce qu'il ne se mette à mettre son plan à exécution. PUTAIN. DE. MERDE ! Ca faisait mal ! Sam hurla et poussa JJ d'une main pour le faire arrêter une seconde. Attends ! supplia-t-il. Le temps que JJ obéisse, Sam releva la tête très légèrement en direction de Radjit qui regardait encore de loin. Radjit allez... allez chercher mon sac il y a des... des antidouleurs dedans. L'indien écarquilla les yeux et resta interdit une seconde. Cependant il croisa le regard de JJ et se mit à courir en direction de l'eastpack qu'il rapporta à Sam et JJ, enfin qu'il leur tendit de très loin. Et, pour son plus grand malheur, il continua à parler. Je... tu... te drogues ?? Mais... mais je... Sam comment je peux te confier ma supérette si tu es... Drogué ? Sam inspira profondément, encore une fois, ça le fit grimacer. Excusez-moi Radjit. dit-il doucement. Et contrairement à ce qu'on pouvait croire, il était loin de s'excuser pour la drogue. Là, il adressa à JJ un regard lourd de sens avant de tout simplement dire : La remise. ça sonnait comme un ordre. Et c'était poru ça qu'il s'excusait. Radjit ne ferait que leur causer du tord, pour le moment Sam était loin d'avoir la patience de le supporter. Et alors que JJ comprenait enfin où il voulait en venir, Sam tendit le bras pour attraper une boite de médoc et en avala deux d'un coup. Savoir qu'il ne souffrirait bientôt plus autant lui donnait déjà la force de bouger. Très lentement il se mouva pour s'adosser contre les bouteilles d'alcool, assis sur le sol, non sans pousser quelques petits cris. Je... je crois pas qu'il... faille appeler Zoé... elle m'en veut depuis... depuis que je l'ai menacée pour... des cachets. Qu'il avoua encore. C'est alors qu'il se rendit compte que ces semaines sans adresser la parole à JJ avait été parmi les pires de sa vie. Normalement, il se confiait chaque fois qu'il allait mal et JJ avec son insolence et son immaturité réussissait toujours à lui redonner le sourire et lui dire que ce n'était pas grave. Sans lui, Sam n'avait fait que s'enfoncer dans sa dépendance, dans ses travers, dans sa paranoïa. Le véritable remède à la voix, c'était JJ et pas les cachets.

- Il est hindouiste. Quoi ? .. Sérieusement ? Je le foudroie du regard, à la fois exaspéré et déprimé. - Mais ta gueule Sam ! Que j'lui râle dessus. Putain, il était à la limite d'agoniser et il trouvait la force de me corriger là-dessus ? Quel con. Mais quel con. S'il n'était pas déjà dans un état aussi déplorable, je l'aurais sûrement frappé. Je lève les yeux au ciel, préférant ne pas m'attarder sur ce point, dont, clairement, TOUT LE MONDE SE FICHAIT PUTAIN. Après avoir rassuré Sam sur le fait que Seven avait clairement survécu -et très franchement, je n'étais plus tout à fait convaincu que c'était une bonne chose, étant donné que désormais c'est moi qui avait la tâche de le supprimer- je lui exposais mon plan, qui -pour une fois- me semblait vraiment bien. Crédible, parfaitement réalisable. Même Sam ne trouva rien à redire, pour l'instant. Mais dès lors que je passais aux soins, ce fut autre chose. Sam échappe un hurlement, si fort que j'eus l'impression que je venais de le poignarder à mon tour. Même pas le temps de riposter, Sam me pousse déjà de sa main libre. Je retire le coton imbibé de désinfectant de sa plaie en râlant. - Putain Sam, c'est pas l'moment de jouer à la fillette. Que je lui grogne dessus, vraiment inquiet à l'idée de laisser ses plaies s'infecter. Alors non, pas le temps d'attendre. Mais Sam m'ignore et se tourne vers Radjit. Il était toujours là, lui ? - Radjit allez... allez chercher mon sac il y a des... des antidouleurs dedans. Ah oui, bonne idée ça. Très bonne idée. Je hoche la tête, pour signifier que j'approuve. Et il file à la vitesse de la lumière, revenant presque aussitôt. Mais ce con d'indou -putain ouais, quel con- l'ouvre encore, visiblement incapable de garder ses pensées pour lui. - Je... tu... te drogues ?? Mais... mais je... Sam comment je peux te confier ma supérette si tu es... Drogué ? Putain. Franchement, est-ce que c'était vraiment le moment, là, tout d'suite ? HEIN ? FRANCHEMENT ? Je lâche la main de Sam, prêt à lui sauter à la gorge et à le saigner comme un cochon. Mais Sam me devance. - Excusez-moi Radjit. Euh, quoi ? Est-ce qu'il vient de s'excuser ? Est-ce que j'ai été propulsé dans une autre dimension ? Je suis perdu. Je me coupe dans mon élan et dévisage Sam sans comprendre. Faut qu'il m'explique là. Est-ce qu'ils auraient tissé des liens intimes pendant mon absence ? Parce que si c'est le cas, je les préviens : je vais y foutre le feu à leurs putain de liens à la con. J'enrage et je serre les dents. Sam se tourne à nouveau vers moi et je l'interroge du regard, à deux doigts de l'implosion. - La remise. La remise ? Hé bien quoi la remise ? Qu'est-ce qu'elle a sa remise ? Qu'est-ce qu'il veut j'en ai à foutre de sa REMISE DE MER... - Oh. Oui, la "remise". Il a fallut le temps, mais j'ai finit par piger. Et franchement, cette idée m'enchante. J'échappe un petit rire et relève les yeux vers Radjit, qui a l'air de se sentir comme un bébé gazelle encerclé par une horde de hyènes. Je me relève et attrape le t-shirt de Radjit au niveau de l'épaule, pour le forcer à se lever aussi. - Allez, debout Bollywood, retour à la niche. Il proteste lamentablement, ne comprenant pas ce qu'il se passe. Et moi j'le traîne derrière moi, au sol, parce qu'il n'a pas été assez rapide pour se foutre debout et que je n'ai pas la patience. Une fois arrivé au niveau de la remise, j'ouvre la porte, le jette dedans et récupère les clés qui pendant à sa ceinture. - J'vais avoir besoin de ça. Je les secoue fièrement et claque la porte alors qu'il se relève déjà en me suppliant de ne pas faire ça. Je donne deux coups de verrous et fin de l'histoire. Je cour pour rejoindre Sam, conscient que chaque minute compte. Je me jette à nouveau à côté de lui et vois qu'il a déjà pris des cachets. - C'est bon, l'affaire curry est réglée. Que j'lui dit pour lui signifier que Radjit est sagement enfermé dans la remise. Au moins, là-bas, il ne crèvera pas de faim. - Je... je crois pas qu'il... faille appeler Zoé... elle m'en veut depuis... depuis que je l'ai menacée pour... des cachets. Je fronce les sourcils. Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien me foutre à moi qu'elle lui en veuille ? Je la laisserais pas faire sa diva en regardant Sam agoniser. - Ouais, ben elle a plutôt intérêt à oublier ça, parce que sinon c'est moi qui vais la menacer et elle n'aura pas l'temps d'm'en vouloir. Rien à foutre de leur petite querelle, Zoé a intérêt à ne pas faire chier et à faire ce que je lui dis, ou je vais finir par vraiment me fâcher. - Bon, allez, pas le temps d'attendre plus longtemps, je m'y remets. Vu le dosage de ses anti-douleur, j'imagine que l'effet doit déjà être en route. Alors je récupère un coton propre et réitère l'opération. Je passe soigneusement sur chacune des plaies, élève appliqué, concentré. - Putain, mais comment vous en êtes arrivés là Sam ? Quel fils de pute, Popescu de merde. Roumains de merde.

Mais... MAIS LACHEZ-MOI ! Non.. non ! Qu'est-ce que vous allez faire ?? Sam ! SAMIH ! DIS QUELQUE CHOSE. Criait poulet vindaloo qui se faisait traîner sans ménagement sur le sol. Sam ne lui accorda pas plus d'une seconde un regard, avant de refuser de regarder les conséquences de ses actions, de ses ordres. A peine trois minutes plus tard, JJ revint dans le rayon victorieux : C'est bon, l'affaire curry est réglée. Sam hocha la tête lentement. Bien... on ira le... le faire sortir ce soir. Se promit-il à lui-même. Il n'aimait pas vraiment cette situation, malheureusement il y était contraint et il savait bien que Radjit passerait l'éponge, parce qu'il était comme ça ce type, à donner des secondes chances à tour de bras. Il fallait désormais passer à la partie médicale, et même si les cachets précédemment avalés commençaient doucement à faire effet, Sam redoutait la douleur. Parler de Zoé fit gagner un peu de temps, à peine. Ouais, ben elle a plutôt intérêt à oublier ça, parce que sinon c'est moi qui vais la menacer et elle n'aura pas l'temps d'm'en vouloir. Ravi de retrouver son vieux compagnon, Sam lui adressa un sourire complice. Il aurait aimé l'avoir à ces côtés tout ce temps. Il aurait aimé qu'il soit là pour foutre la trouille à Zoé à ses côtés, lui raconter comment ce gros macaque de Joe Donovan était venu le trouvé pour que dalle ya trois jours, mais aussi combien il galérait pour trouver un nouveau dealer. Sam n'était pas un type très loquace, mais à JJ il lui racontait tout. Bon, allez, pas le temps d'attendre plus longtemps, je m'y remets. Il hocha la tête pour dire qu'il pouvait y aller. Quand JJ se remit à soigner ses plaies, faut bien avouer que ça faisait moins mal. Sam se contenta de grimacer mais la plupart de temps il semblait que JJ passait de l'antiseptique sur de la pâte à modeler. Son cerveau s'anesthésiait en même temps que son corps. Putain, mais comment vous en êtes arrivés là Sam ? Quel fils de pute, Popescu de merde. Hmm, quoi ? Ouais, quel enculé ! Sam essaya donc de se rappeler de tout ce qui s'était passé, dans l'ordre. Le "DING DONG MOTHERFUCKER" et tout le reste... Il se perdit dans ses souvenirs violents, comme si tout ceci s'était produit à la lumière d'un stroboscope. Et puis, secoua la tête. Je... aie... je sais pas. Il a débarqué et... il a dit que je lui devais de l'ecsta parce que... ouais la semaine dernière j'suis... aiee ! j'suis allé embrouiller Damian, tu sais à cause de Zoé qui me lachait pour les médocs je voulais que... que damian m'en file et... Et du coup elle m'a donné de l'ecsta sauf que je m'en fiche de ça... donc je suis parti et j'ai jeté le sachet dans le caniveau et... Et Seven était complètement dingue... Au final, toutes ces dernières semaines avaient été une longue suite de merdes qui s'étaient accumulées. Tout avait commencé à Trixia, la perte de son sac à dos avec ses réserves dedans, puis son rendez-vous avec Zoé pour avoir des médocs, et puis sa longue quête d'un nouveau dealer... Sam secoua la tête et fixa le carrelage souillé. Après ça... ça a vrillé tu sais comment c'est avec Seven... J'pensais à Assia et lui... il disait qu'il avait rien fait et... Il m'étranglait j'ai cru que j'allais crever, j'ai cru pouvoir le faire s'arrêter en le maitrisant mais... j'ai été complètement dépassé il devenait dingue et après... après j'sais pas... C'est d'venu tout... aie ! tout noir et... Et puis j'crois avoir ramassé un truc par terre et... et l'avoir planté mais... Mais j'm'en souviens pas vraiment... Je sais pas comment... comment expliquer... Ca faisait du bien de sortir ce qu'il avait sur le coeur, même si le dire à voix haute ne le rendait pas moins terrifiant. C'était terrifiant, et ça arrivait de plus en plus souvent. Des blackout, des pertes de contrôle... Tu crois que j'deviens dingue ? demanda-t-il d'une petite voix. Il regarda une seconde JJ avant de faire tomber sa tête contre le rayonnage en fixant le plafond.

- Bien... on ira le... le faire sortir ce soir. OU ALORS. Ou alors, on le laissait là à vie et on reprenait la tête de la supérette. Ça me semblait être une bien meilleure idée. De la bouffe à volonté, ne serait-ce pas la plus merveilleuse chose au monde, franchement ? Si, bien sûr que si. Mais pas le temps de tergiverser là-dessus pour l'instant. Fallait que je m'occupe de Samih. Les médicaments faisant déjà effet, je m’attelle à ma tâche, commençant à le soigner. J'le vois qui grimace un peu, mais je n'y fais pas plus attention que ça. Si pour le sauver il fallait que je lui coupe un bras, que ce soit clair : je le ferais. Même si ça impliquait pour lui de souffrir atrocement, rien à foutre. Je le veux vivant. Point barre. J'finis quand même par lui demander comment il en est arrivé là, parce que très honnêtement, j'crois que c'est la première fois que je le vois aussi mal. C'est un vrai chantier de bataille ici. Même quand Joe m'éclate la gueule contre le bitume ça ne fait pas aussi peur. Et là, il m'explique tout. Lentement, avec plus ou moins de cohérence et plus j'en entends, plus je ralentis. Je finis même par totalement m'immobiliser, stupéfait. Je fronce les sourcils et le dévisage. Putain. Quel gros con. Et là, c'est plus fort que moi. J'lui fous une baffe. Pas hyper fort, mais vu son état, ça devrait faire son effet. Je me tends et crispe la mâchoire tout en lui jetant un regard noir. - Ben voilà ! Que je m'écris avec un certain agacement. - Tu m'fuis pendant quelques semaines et regarde ce que tu fous ! C'est à s'demander qui veille sur qui, putain. Je me renfrogne et me remet à le soigner, avec un peu moins de délicatesse, comme pour le punir d'être un sacré foutu enculé d'merde. - J'te préviens que t'as intérêt à arrêter d'me faire la gueule si tu veux que j'répare tout ton merdier Sam. Et à t'excuser aussi, d'avoir été un sale fils de pute et d'avoir presque essayé d'me buter. Je lui lance un regard très sérieux, signe que je ne plaisante pas. Je secoue la tête tout en finissant d'éponger ses dernières blessures. - Pour Zoé, estime que le problème est réglé. J'vais aller la voir et tout va rentrer dans l'ordre, j'te le promet. J'attrape les bandages et les pansements et viens recouvrir ses plaies. - Pour Seven, considère qu'il est déjà mort. Une fois que j'ai tout terminé, je me redresse et lui tend la main pour qu'il attrape la mienne. - Allez debout, faut pas traîner là, j'te ramène au loft. Je l'aide tant bien que mal à se relever, une fois debout je passe son bras autour de mes épaules et le soutiens du mieux que j'peux. Là, je tourne ma tête vers lui et j'le fixe, avec ces yeux d'gosse admiratif que j'ai toujours eu pour lui. - T'es pas dingue, Samih. C'est l'monde autour de nous qui tourne pas rond. J'lui souri, rassurant. - C'est promis. Bien sûr qu'il est dingue. On l'est tous. Mais c'est ça qui le rend tellement magnifique, Samih. Il le sait pas, ça le dépasse, il serait pas foutu de le comprendre. Alors j'lui mens. Pour son bien. Parce qu'au fond, il n'y a que ça qui compte.

JJ s'occupait de Sam avec toute la délicatesse dont il disposait. Et vous seriez surpris de constaté à quel point ça pouvait être un mec doux. Sam ne le voyait pas comme le sale gosse qui avait vrillé qu'il était véritablement, non. Il continuait de voir ce gosse de douze piges qui squattait chez lui et Assia dans le temps et à qui il filait des cigarettes en douce. Il continuait de voir ce petit frère à qui il pouvait tout raconter. D'ailleurs, c'est exactement ce qu'il fit, ce qui stoppa JJ net dans ses soins médicaux. Et puis, une claque dans la gueule. Sam étouffa un cri. Putain, ça faisait mal, même avec les médocs. Il ferma les yeux une seconde et inspira profondément avant de regarder à nouveau JJ. Ben voilà ! Tu m'fuis pendant quelques semaines et regarde ce que tu fous ! C'est à s'demander qui veille sur qui, putain. Sam regarda profondément son ami. Oui, il savait. Il se posait la même question parfois -souvent. JJ s'était retrouvé maintes fois à devenir assurer quand lui ne le pouvait pas. Quand il pétait un câble ou qu'il ignorait tout simplement ce qui se passait, muré dans son silence. JJ, c'était le petit frère obligé de jouer au grand pour les autres. Parce que si ce n'était pas lui, qui ? Sam n'avait pas confiance aux autres, pas autant qu'en JJ en tout cas. Et puis, ces dernières semaines, fallait bien avouer que Sam avait évité le maximum son vieux copain. Pas parce qu'il lui en voulait, non. Il avait pardonné quasi instantanément les agissements de JJ quand il avait appris que ce dernier s'était retrouvé à l'hôpital par sa faute. Sa culpabilité avait été plus forte que sa rancune. D'ailleurs, parlant de ça. J'te préviens que t'as intérêt à arrêter d'me faire la gueule si tu veux que j'répare tout ton merdier Sam. Et à t'excuser aussi, d'avoir été un sale fils de pute et d'avoir presque essayé d'me buter. Sam inspira profondément en grimançant, JJ s'était mis à tamponner si fort sur ses plaies qu'il était presque sûr que ça aggravait son cas, mais tant pis, maintenant il n'osait plus se plaindre. Je... je suis désolé. Je.. te faisais pas la gueule tu sais... c'était vachement bien imité, mais il ne mentait pas. Sam n'en voulait pas à JJ, il était simplement parti du principe que c'était JJ qui lui en voulait et n'osait pas l'affronter. Car l'affronter ca voulait dire lui expliquer ce qui s'était passé ce jour-là et il n'en avait pas la force. J'me sentais mal... de ce que je t'ai fais j'ai... j'ai perdu le contrôle comme pour.. Seven. J'voulais pas qu'on s'engueule alors... j'te parlais pas trop quoi. pas du tout même. Les techniques d'apaisement de Samih faisait carrément pitié (on en avait un autre exemple avec Radjit, enfermé dans la remise). Mais voilà, il était comme ça, maladroit avec le genre humain. Pour Zoé, estime que le problème est réglé. J'vais aller la voir et tout va rentrer dans l'ordre, j'te le promet. Sam fit un petit sourire en coin à JJ. Il aurait bien aimé lui dire qu'il avait trouvé une nouvelle dealeuse sympa, mais autant laisser JJ menacer Zoé lui-même, ça lui ferait les pieds à cette conne. Pour Seven, considère qu'il est déjà mort. Sam regarda les bandages couvrir les plaies. Et puis, d'un air pensif il commenta : Te fous pas dans la merde avec ce taré. Ca fait longtemps que j'aurais dû en finir avec ce mec de toute façon. C'est entre lui et moi JJ. Et moi. Ajouta la voix dans sa tête. Sam tiqua légèrement mais ne lui répondit pas, il fallait faire comme si de rien n'était, l'ignorer, elle finirait bien par se taire. Après quoi, il fallut se lever et ce n'était pas une chose facile. Sam manqua de se casser la figure et fit tomber deux ou trois bouteilles supplémentaire. D'ailleurs au passage il attrapa du whisky (en bon irlandais qu'il était) et prit appuis sur JJ pour le reste. Il indiqua du menton son sac à dos pour que JJ le prenne au passage. Quand ce fut fait, le skinhead lui lança un regard plein d’admiration, plein de bienveillance. Au final, il n’y avait que dans le regard de JJ que Sam ne se sentait pas comme une merde. Qu’il ne se sentait pas trop mal. T'es pas dingue, Samih. C'est l'monde autour de nous qui tourne pas rond. Sam eut un sourire tordu. Il mentait, il le savait. Comme un père qui détecterait le mensonge de son fils à dix kilomètres. Mais ça faisait du bien à entendre, vraiment. C'est promis. Renchérit-il. Sam se tourna doucement vers lui, et lui décrocha un sourire. Merci JJ. Merci de mentir, merci de le dire, même si c'est faux, parce qu'il avait cruellement besoin de l'entendre. Ils passèrent les portes du supermarché et Sam se dirigea devant la vieille caisse pourrave et mal garée. Il se laissa tomber sur le siège de mauvaise grâce. T'es le seul sur qui je peux compter JJ. T'es plus qu'un frère pour moi. J'espère que tu le sais. lui dit-il alors, d'une drôle de manière, comme s'il voulait s'assurer de la loyauté de son ami, comme si y avait un doute là-dessus. Mais Sam n'en fit rien paraitre, il fit un sourire tordu par ses blessures à JJ, et pénétra dans la voiture.

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