dix ans • Les yeux fermés, tu somnoles sur le banc inconfortable de l'église jusqu'à ce que ton frangin te lance son coude dans les côtes. Tu gémis de douleur en te tournant vers l'objet de son attention, une gamine semble ne pas avoir bien comprit que vous étiez dans l'antre du seigneur, elle porte une jupe si courte que même du haut de vos onze ans ça ne peut que vous faire de l'effet. Vous vous jetez un coup d’œil complice avant d'éclater de rire. Votre père vous donne une tape derrière le crâne pour vous ramener à l'ordre, mais tous les deux ensembles vous êtes de vrais canailles et personne ne vous fait peur, même pas lui et son éducation à la con. Vous détestez passer vos dimanches assis dans la même position pendant des heures alors que vos parents font croire à tout le monde que votre famille est si belle et si parfaite.

douze ans • « Je sais pas si c'est une bonne idée. » Tu roules des yeux en t'appuyant contre le dos de ton frangin. « Dis-moi, Cash est-ce que tu serais pas mort de trouille? » Il secoue la tête en serrant les poings. Tant dis ce que vos amis rigolent derrière vous en mordant dans leurs en-cas. « Non. N'importe quoi ! » « Alors saute, saute, saute. » Tu chuchotes à son oreille. Il se penche au bord de la falaise et tu fais un clin d'oeil à vos potes avant de crier et de donner une grande tape dans l'épaule de ton frère pour qu'il se jette à l'eau. Son hurlement fait rire tout le monde et tu plonges à sa suite. En sortant la tête de l'eau, t'es mort de rire, tu fais quelques brasses à la recherche du gamin et tu finis par le trouver entrain de jouer au mort. Tu souris en tirant sur son pied pour qu'il se remette à nager normalement et qu'il arrête de jouer au con. Mais en prenant sa jambe entre tes doigts, tu te rends compte qu'il bouge pas d'un pouce. Tu fronces les sourcils. « Cash? » Tu tentes de le soulever. « Cash ! » Paniqué, tu tires sur sa tignasse brune et tu la lâches immédiatement en voyant le sang qui s'écoule dans ta paume et dans le liquide turquoise autour de vous. « Cash. » Tu hurles désespéré. « Cash putain ! Les gars appelez quelqu'un. » Tes amis se précipitent au bord de votre perchoir, ils t'observent sangloter dans l'eau alors que tu te rends compte que tu viens de tuer ton frangin.

treize ans • Les yeux dans le vide t'observes cette nouvelle chambre qui est la tienne, tes parents supportaient plus los angeles, ils avaient besoin d'air, de quelque chose de nouveau, l'absence de ton frère était oppressante. Tu t'assois sur le lit deux places et tu te laisses aller aux larmes, tes épaules se secouent tant dis ce que tu repenses à ton frangin qui te manque tant. Dans tes affaires, tu trouves les lames que t'as retiré toi-même des rasoirs que t'as demandé à ton père. La salle de bain te sert de refuge pour enlever ton tee-shirt et te couper jusqu'à ce que tu sentes plus la douleur.

seize ans • « Ça aurait du être toi. » Tu te réveilles en sursautant alors que les mots de ta mère le jour de l'enterrement ton frère te revienne en mémoire. Tu jettes les couvertures qui te barraient les jambes sur le sol et tu secoues la gamine nue qui dort près de toi. « C'est l'heure. » Ta voix est nonchalante, ennuyée. Tu attrapes un jean et un tee-shirt propre dans ta penderie tant dis ce qu'elle se réveille doucement. « Qu'est-ce que tu vas faire pour Charlie? » Elle te demande. Tu tournes la tête intrigué. « Comment ça? » « Tu vas lui dire pour nous deux? » Ton rire résonne dans la pièce. « Il n'y a pas de nous, et il n'y en aura jamais, je ne sais même plus comment tu t'appelles et je ne me souviens même pas de ce que t'es capable de faire signe que c'était certainement pas exceptionnel alors replonge ton visage dans ton maquillage de pouffiasse, enfile ta robe qui te coupe la respiration et déguerpit d'ici avant que mes parents fassent un scandale à ma place et que tu te retrouves comme une idiote à devoir subir les critiques de mes sœurs. » Son visage se décompose. « J'en ai quatre. » Tu ajoutes pour lui faire peur.