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 don't need your pity (ancael)

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Michael Healy

Michael Healy
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MessageSujet: don't need your pity (ancael)   don't need your pity (ancael) EmptyLun 29 Aoû - 18:18

C’était toujours la même rengaine, le même schéma toxique dans lequel il s’enfermait. Tous les jours, dans les neuf m² de chambre qui lui étaient accordés, il faisait les cent pas, se repassait les mêmes images dans la tête. Il revivait un passé où il n’avait pas mal. Car aujourd’hui la douleur ne le quittait plus, ni sous la douche, ni dans son sommeil, ni quand il bouffait. Sa seule amie qui la rendait moins vive restait la cannette de bière, les cannettes plutôt qu’il buvait à outrance. Une amie d’un soir qui le laissait avec un mal de crâne et la gerbe le lendemain matin, mais qui au moins l’aidait à s’endormir comme une masse sans se retourner mille fois dans son lit, incapable de se vider l’esprit. Et le lendemain, il se mettait à boire de plus en plus tôt, pour retarder le moment où ce manque le frapperait en pleine face comme une vague qu’on a pas vu venir. C’était donc sans surprise qu’à midi et quart il était déjà pompette et qu’à deux heures de l’après-midi, il était imbuvable avec tous les résidents du foyer. Le truc c’est que Michael avait l’alcool mauvais. Il n’était pas juste un peu déchiré, un peu vague, un peu. Non, il était trop. Pouvait-on l’en blâmer ? Cette situation était « trop » en elle-même. Il avait toujours été excessif. Petit déjà, excessivement chiant, puis excessivement con, excessivement rebelle. Et maintenant, excessivement en deuil. Il n’y avait pas de demi-mesure en lui, comme il n’y avait de demi-mesure dans l’éducation religieuse catholique-intégriste qu’il avait reçu. Comme quoi, on peut être en total désaccord avec les principes inculqués, on finit toujours par reproduire ce modèle. Soit le même, soit en miroir, dans l’autre extrême, et aucun extrême n’est bon à prendre. Surtout quand on souffre.

Et Dieu sait que Michael souffrait. Le truc c’est Dieu l’avait laissé tombé il y a bien longtemps. Peut-être ne s’était-Il même jamais intéressé à sa pauvre existence. A ses pauvres problèmes de clochard. Après tout, Bee n’était pas la première SDF à se faire faucher par une voiture parce qu’elle était trop décalquée pour voir les phares foncer sur elle. Et Micha n’était pas le premier à perdre l’amour de sa vie. Et penser que plus rien de beau ne lui arriverait jamais. Bee avait été son premier amour, la première fille qu’il aimait vraiment. Et il n’y a pas de peine plus grande que la perte de ce premier amour. Car on ne sait pas encore qu’on peut s’en remettre. Que le cœur est solide, et finira par se réparer de lui-même. Avec le temps.

Le temps, fucking bitch qui hantait. Il avait trop de temps maintenant qu’il n’avait plus à charger bouffe ou abris pour la nuit. Il était constamment seule. Sans Elle, et sans Lui. Lui c’est Junior, la seconde partie de son être, la continuité de ses membres qui avait été sauvagement arrachée à son corps. Junior n’était jamais loin, et pourtant, la douleur de cette séparation le hantait comme la jambe hante l’amputé. Comme une douleur fantôme qui n’a pas de raison d’être, mais qui est quand même là. C’est pourquoi, à trois et demi, il commença à gueuler partout qu’il voulait voir son frère. Et quand il était bourré, il gueulait fort et rendait dingue son entourage. Beth le savait, fatalement habitué à cette situation qui n’avait rien d’exceptionnelle. Elle accédait toujours à sa demande. Parce que Michael était comme un bébé. Les touts-petits, ça ne fait ne fait pas vraiment de caprice. Ca pleure, et c’est de la vraie détresse quand ils se sentent seuls dans leur berceau. Ouais, Michael était un putain de nourrisson arraché au sein de sa mère et qui pleurait encore et encore. Beth donc, elle avait appelé Junior, elle avait laissé un message pour qu’il vienne calmer son frangin.

Michael s’envoya de l’eau fraiche sur le visage. Il venait de se casser la gueule dans les escaliers en montant dans sa chambre. Ca tournait. Il était salement bourré, vraiment. Il eut même un haut-le-cœur au dessus du lavabo mais réussit à faire passer son envie de vomir grâce à nouvelle vague d’eau fraîche. Il s’accrocha fermement au bord du lavabo et se regarda dans le miroir. Son visage gouttant de sueur de d’eau, cette bosse qui se formait déjà sur son front. Il renifla. Ah oui parce qu’il chialait évidemment, comme il le faisait constamment depuis des jours, des semaines en fait. Il s’essuya les yeux d’un revers de manche et soupira longuement. Quand il se sentit enfin prêt, il sorti de la salle de bain, tomba nez à nez avec une caméra qu’il ignora simplement et puis entra dans sa chambre et ferma la porte derrière lui. Il avait besoin de lui parler. De lui écrire. C’était la seule chose qui le calmait, en réalité, c’était même la seule chose qui lui donnait envie de se lever. Car ces lettres qu’il écrivait à Bee, c’était la dernière ficelle de relation qu’il tenait fermement. Ca menaçait de lui exploser au visage à chaque instant, mais au moins, ce n’était pas comme si Bee avait juste disparu.

Manque de bol, ses plans furent légèrement contrariés. Car sa chambre n’était pas vide. Il ne l’avait pas vu jusqu’à maintenant, mais Anca Popescu était là, assise sur son lit, avec sa tronche de psychothérapeute et son air compatissant. Le pire ? Le cupcake qu’elle tenait dans sa main. Michael la regarda longuement. Qu’est-ce qu’elle foutait là putain ? J’crois que tu t’es trompé de jumeau. Junior ne vit pas là. Il disait ça sur un air de reproche. Parce qu’à chaque fois qu’il pensait que Junior ne vivait pas avec lui, ça sonnait comme un abandon au fond de son bide. Anca, c’était la bff de Junior, pas la sienne. Il n’avait pas envie de parler, d’ailleurs, il n’arrivait pas bien à parler. Il marmonnait tel l’ivrogne qu’il était en passe de devenir. Là, il s’approcha de son bureau et referma le cahier des lettres pour Bee, espérant sincèrement qu’elle n’y ait pas prêté attention. Dos à elle il ferma les yeux, il n’était pas sûr de pouvoir assumer une conversation suivie. J’te préviens, j’ai pas envie de papoter. Au moins, elle était prévenue.
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Anca Popescu

Anca Popescu
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MessageSujet: Re: don't need your pity (ancael)   don't need your pity (ancael) EmptyDim 4 Sep - 14:19


Ancael -  C'est la larme de trop qui fait déborder mes yeux et m'a rendu malheureux


Elle se demandait ce qu’elle foutait là, les pieds se balançant dans le vide et ses mains serrées autour de son cupcake emballé. Elle savait pas vraiment le pourquoi du comment elle était arrivée dans la chambre de Michael et que ne le trouvant pas, elle avait jugé intelligent de l’attendre sur son lit au lieu de rentrer chez elle. Une petite voix au fond de sa tête lui murmurait qu’elle perdait son temps, le peu de temps qu’elle pouvait avoir dans sa vie, et que de toute façon Michael allait l’envoyer bouler avant même qu’elle ai pu ouvrir la bouche. Parce que Michael ne l’aimait pas. Ça elle l’avait bien compris, avec ses regards noirs et ses lèvres pincées en une moue mécontente.  Mais Anca était incapable de quitter ce lit, malgré l’absence notable du jeune homme. Elle était tout simplement incapable de tourner le dos et de se casser, comme n’importe quel connard de base l’aurait fait. Parce que Anca était Anca et qu’elle était née avec un putain de gêne qui la forçait à se couper en quatre pour n’importe quelle personne qu’elle pouvait croiser dans la rue. Mais encore plus quand ça touchait les personnes qu’elle aimait. Et Michael était le jumeau de Junior. Et Junior était sans doute une des personnes qu’elle aimait le plus sur cette planète. Alors Anca était prête à tout pour lui. Pour eux. Pour essayer de les rendre heureux. Même si pour ça elle bousillait le peu de temps libre qu’elle pouvait s’accorder, même si pour ça elle se faisait rejeter, cracher dessus avec méchanceté, même si pour ça elle devait venir ici, dans ce foyer qui lui donnait envie de pleurer.

Anca avait cru pouvoir se poser. S’allonger dans son lit la musique dans les oreilles et oublier un instant toute la merde qui l’entourait, la douleur toujours présente dans son nez résultant de son passage à tabac de la semaine dernière, son cœur en folie dès qu’elle pensait à Jemmy, les explications de Joe pour son comportement datant du lycée. Elle avait l’impression d’être balancée 7 ans en arrière : de nouveau amoureuse (peut-être), de nouveau cabossée (surement), et un diplôme s’éloignant un peu plus chaque jour (définitivement.). Même Jedediah n’était pas dupe quand elle lui répondait en souriant que tout allait bien. Parce que ça n’allait pas. Ça n’allait plus depuis longtemps. Alors ouais, Anca s’était dit qu’elle allait profiter de cet après-midi pour oublier. Pas de Seven aujourd’hui, pas de Iulia ou de Madalina. Non. Juste elle en tête à tête avec ses problèmes pour essayer de les régler du mieux qu’elle pouvait.  Cependant la sonnerie de son portable l’avait tiré de ses pensées et en voyant le nom de Junior s’afficher sur l’écran, elle n’avait juste pas pu refuser l’appel. Parce qu’elle lui avait promis qu’elle serait toujours là pour lui. Quoi qu’il se passe dans leur vie, elle viendrait l’aider, même si pour ça elle devait tout plaquer. Y avait quelque chose entre eux deux, quelque chose qu’elle avait jamais ressenti pour personne. Pas de l’amour, non. C’était quelque chose de différent. Presque quelque chose de plus puissant.  Alors oui, elle avait décroché. Et quand Junior lui avait expliqué la situation, Anca n’avait pas su dire non. Apparemment Beth avait encore appelé Junior pour qu’il vienne calmer Michael, mais étant occupé par une de ses nombreuses parties, le blond était incapable d’aller aider son frère. Zut alors. Il s’était donc tourné vers Anca pour lui demander d’y aller à sa place.
D’accord
Putain. Anca, quand est-ce que t’apprends à dire non ? A croire que c’est un mot qui fait pas parti de son vocabulaire. Elle a jamais su, elle a jamais pu. Refuser quoi que ce soit à qui ce soit. C’était une des raisons pour lesquelles elle se détestait autant. Une des nombreuses raisons pour lesquelles elle avait essayé de se suicider. Pour sa stupidité. Pour son amabilité. Pour sa putain de naïveté. C’était pas une vrai Popescu Anca, loin de là.  Alors elle avait tout simplement enfilé un pull par-dessus son débardeur, relevé ses cheveux au-dessus de sa tête pour se donner un air à peu près soigné. En passant par la cuisine son regard s’était posé sur la fournée de cupcakes qu’elle venait de faire un peu plus tôt dans la matinée. Comme on dit, le meilleur moyen d’atteindre le cœur d’un homme c’est par son estomac. Alors Anca emballa un des gâteaux, espérant que cette offrande suffira à amadouer Michael, et qu’il accepte de la laisser l’aider. Elle glissa  aussi dans son sac sa trousse de premier secour, ainsi que quelques médicaments et autres bêtises qu’elle se trimballait à chaque fois qu’elle allait récupérer Ioan bourré, car après tout c’était pas vraiment la première fois qu’elle s’occupait de quelqu’un de torché, et en 23 ans d’existence, elle en avait vu des vertes et des pas mûres et aujourd’hui, Anca était prête à réagir, quelle que soit la situation.

Elle avait pris un taxi, grinçant des dents devant le prix affiché à l’arrivée, mais elle avait payé. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire d’autre de toute façon, c’était une urgence et elle ne pouvait pas de permettre de marcher d’Historic District jusqu’à Tybee Island à pied en 20 minutes. Une fois arrivée devant le foyer, Anca avait baissé la tête, évitant les caméras et autres rapaces qui s’étaient installés là depuis quelques temps déjà. Elliot lui avait parlé de tout ça, de cette émission de télé réalité. C’était d’un ridicule. Juste un show pour que les riches se gaussent encore plus du malheur des autres, se complaisant dans leur putain de bonheur artificiel. Connards. Elle demanda à un gars un peu paumé la direction vers la chambre de Michael et se dépêcha de la trouver pour s’y enfermer, le cœur battant. Merde. Et maintenant ? Qu’est-ce qu’elle allait dire ? Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Michael n’était pas là et Anca ne pu retenir un soupir de soulagement, elle n’était pas encore prête mentalement à affronter le jumeau maléfique de Junior. Ou du moins, c’était comme ça qu’elle l’appelait dans sa tête quand il l’envoyait bouler. Elle avait jamais compris pourquoi d’ailleurs, elle avait toujours fait en sorte qu’il puisse l’apprécier, qu’il puisse l’aimer. Mais ça marchait pas. Mais bon, il en fallait bien plus à Anca pour la décourager, après tout Seven était son frère, et malgré le nombre de fois où elle avait eu envie de lui exploser la tronche sur le sol de son salon, elle ne l’avait pas fait.
Lentement son regard se promena sur la chambre avant de se poser sur le bureau. Elle était pas curieuse Anca, juste extrêmement stressée et si quelque chose pouvait la détourner du malaise qu’elle ressentait actuellement, elle prenait. Sauf qu’à la première ligne parcourue, la jeune femme comprit tout de suite qu’elle n’aurait pas du. Un immense sentiment de tristesse vint chasser les particules de stress qui la pourrissaient et elle se laissa tomber sur le lit. Loin du cahier. Loin de la douleur cachée de Michael. Putain. Elle aurait voulu oublier ce qu’elle venait de lire. Mais c’était impossible pas vrai ? Et alors qu’elle se tenait là, droite comme un i sur la lit, son cupcake ridicule entre les mains, la porte s’ouvrit. merde pas maintenant. Pas maintenant alors qu’elle se retenait de pleurer comme la gamine qu’elle avait toujours été. Parce que cette histoire était beaucoup trop triste. Pas du genre qu’on raconte aux enfants. Anca était bien trop familière avec tout ce malheur. ? J’crois que tu t’es trompé de jumeau. Junior ne vit pas là. Anca relèva la tête pour le regarder. Il avait les yeux rouges et le front bosselé, il avait le visage peint aux couleurs de la douleur. Des couleurs bien trop dégueulasses selon Anca. « Je…Je sais. C’est toi que je viens voir. Pas Junior. » Elle a jamais su communiquer Anca, s’emmêlant les pinceaux à chaque mot prononcé. Elle le regarda se diriger vers le bureau pour fermer le cahier, cacher au monde ses ressentis, son cœur meurtri. « . J’te préviens, j’ai pas envie de papoter » Comme prévu, de toute façon, fallait s’y attendre pas vrai ? Alors Anca se lève, posant son gâteau sur la couette, elle fouille dans son sac pour en sortir une pommade à l’arnica et elle se plante face au jeune homme. Déterminée. « Alors on a qu’à pas parler. Laisse moi juste t’aider, rien qu’une fois Michael. S’il te plait. » Et rapidement, vite avant qu’il ne l’en empêche, Anca étala un peu de pommade su la bosse naissante de Michael. C’était un peu trop tard, mais au moins ça calmerait un minimum la douleur, ça lui empêcherait de se retrouver avec un œuf de pigeon en plein milieu du front. « C’est lui qui m’a demandé de venir…Il… Il est occupé et s’excuse de pas pouvoir être là. Il viendra dès que possible. Promis. » Ou pas. Mais Anca sait pas vraiment quoi dire d’autre pour le rassurer. Alors elle invente quelque chose, pour essayer de l’apaiser.

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Michael Healy

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MessageSujet: Re: don't need your pity (ancael)   don't need your pity (ancael) EmptyMer 7 Sep - 12:31

Le plus dur à supporter dans l'histoire ce n'était même pas le deuil en lui-même. C'était la façon dont les gens le regardait, comme si c'était lui l'accidenté de la route. On s'arrêtait pour jeter un coup d'oeil, et on était vite horrifié par les dégâts. Mais on ne pouvait pas s'empêcher de rester là, à voir comment il allait s'en sortir. Parce que tout le monde s'attendait à ce qu'il aille mieux, à ce qu'il se relève. Mais non, Michael restait désespérément étendu dans son propre sang sur le bitume. Il aurait aimé faire comme Junior, faire ce que tout le monde voulait qu'il fasse, aller mieux. Mais il était bloqué. Putain de tétraplégique sur la route il ne pouvait plus faire le moindre mouvement. Pas parce qu'il ne voulait pas, non. C'était juste impossible. Anca, malgré toute la bienveillance qui émanait d'elle, ne dérogeait pas à la règle. Elle avait ce regard plein de pitié. Ses grands yeux d'une douceur infinie étaient remplis de larmes. Voilà pour Michael ne la regarda qu'une seconde avant de se détourner d'elle, ne pouvant pas supporter ces yeux. Lancer des sarcasmes semblait le seul moyen d'éviter de tomber dans le pathos. Mais c'était mal connaître Anca (ce qui en soit était le cas, Michael la connaissait à peine et n'avait retenu son nom de famille que parce qu'il était nul.) Je…Je sais. C’est toi que je viens voir. Pas Junior. Qu'elle déclara avec tout le sérieux dont elle disposait. Là, devant le cahier pour Bee qu'il venait de refermer, Michael soupira. Ca ressemblait à une faveur de sa part, de venir le voir lui plutôt que son frère. T'as tord, Junior est plus marrant que moi. et ça, ça ressemblait à une blague. Parce que Dieu sait que le plus marrant des deux, c'était Michael. Ca avait toujours été Michael. Ce qui en impose, celui qu'on remarque en premier, celui qui se tient au centre pendant que Junior est sur le côté. Ca c'était avant qu'il ne se retrouve accidenté de la route, le coeur en miette et la tête éclaté sur le bitume. Anca ne lui laissa pas l'occasion de s'enfermer dans sa solitude. En réalité, elle prit les devants et se planta devant lui d'un air décidé. La bonne nouvelle c'est qu'elle avait posé son foutu cupcake sur le lit. Michael avait bien cru qu'elle allait lui faire bouffer de force pour l'empêcher de chialer. Après quoi, elle se confondrait certainement en excuse et c'est elle qu'il faudrait consoler. Insupportable. Pourtant, il l'avait prévenu qu'il n'était pas d'humeur à parler. Il ne pouvait pas parler. A quoi cela servirait-il d'abord ? S'il avait quelque chose à dire, il le disait à Bee. Il était la seule personne avec qui il voulait échanger en ce moment. Enfin, quand je dis "échanger" je parle bien sûr de toutes ses lettres sans destinataire ni réponse qu'il s'écrivait en réalité à lui-même. Alors on a qu’à pas parler. Laisse moi juste t’aider, rien qu’une fois Michael. S’il te plait. Non. Non ça ne lu plaisait pas. Ce plan était même débile. Il planta donc son regard dur, vaseux et las dans celui d'Anca, encore plein d'espoir. Réveille-toi fillette, l'espoir est mort, la vie est horrible, et rien ne s'arrangea jamais. Qu'il voulait lui crier pour la secouer un peu. Au lieu de ça, il répliqua sèchement : Oh ouais, génial. On pourrait hmm... j'sais pas, bouffer des cupcakes et se faire des tresses en se racontant nos espoirs et nos peines. T'en dis quoi ? il se moquait ouvertement d'elle et de son stupide gâteau qu'elle avait cru bon de ramener. Nota bene : les délicates attentions ne prenaient pas sur Michael. jamais. Mais voilà, pendant qu'il était entrain de se moquer d'elle, elle en profita pour lui étaler un truc sur la tronche. Il ne savait pas du tout de quoi il s'agissait mais le contact froid le fit sursauter et il se recula à deux secondes d'intervalle. Mais qu'est-ce que tu fous putain ? cracha-t-il en agrippant sauvagement la main pleine de crème apaisante d'Anca. Il la regarda, fronça les sourcils. C'était quoi ce truc ? Si vous vous posez la question, la mère de Michael lui avait rarement pansé ses blessures à coup de crème homéopathique. C'était plutôt l'inverse. Les parents Healy avaient un goût un peu trop prononcé pour le châtiment et la flagellation. Michael ne chercha donc pas trop à comprendre ce qu'elle avait voulu faire, lâcha le poignet de la jeune femme en l'envoyant en arrière de toutes ses forces et essuya d'un revers de manche son front, non sans un gémissement de douleur quand il tapa contre la bosse qui se formait sur son front. Maladroitement, Anca essaya de faire plaisir à Michael en parlant de Junior. C’est lui qui m’a demandé de venir…Il… Il est occupé et s’excuse de pas pouvoir être là. Il viendra dès que possible. Promis. Maladroitement car sa réflexion eut exactement l'effet contraire de ce qu'elle espérait. Cette simple phrase tordit le coeur de Michael qui se mit à rire sans aucun amusement. C'était triste putain, c'était vraiment triste. L'alcool le rendait de toute façon mauvais public. Ah ouais, promis ? Déclara-t-il comme si ces mots le dégoûtaient au plus haut point. Qu'est ce que Junior pouvait-il avoir à faire de plus important que d'aller au secours d'un frère qui avait besoin de lui? Quelles étaient ses priorités hein ? Michael commença à faire les cent pas d'une démarche sans équilibre. Il termina sa course folle en s'appuya contre un mur et recommença à rire. Et tout ce que Junior a trouvé pour me remonter le moral est de m'envoyer une gamine et un cupcake ? En soit, il savait qu'Anca n'était pas beaucoup plus jeune que lui, mais c'était l'impression qu'elle donnait avec ses yeux si candides. Elle et son idée si romantique de ce que pouvait être la vie, ou même la mort. Que pouvait-elle faire pour l'aider ? Soit elle savait ramener les morts, soit sa présence n'était pas désirée. Car rien, absolument rien sur cette planète ne pouvait soigner le coeur de Michael. Certainement pas un cupcake à la vanille. D'ailleurs, parlant de lui. Sans réfléchir -parce qu'il ne réfléchissait jamais, Michael s'approcha du lit, s'empara violemment du cupcake et l'envoya s'écraser contre le mur. La gâteau tomba par terre, laissant une trâce de chantilly derrière lui. ET IL FAIT QUOI JUNIOR HEIN ? demanda-t-il, montant en pression d'un seul coup. L'alcool ne lui réussissait vraiment pas. Et tout le monde lui répétait sans cesse. Cependant, l'alcool avait ce côté réconfortant, ce côté apaisant. Bizarrement, et même s'il se mettait toujours dans des états pas possibles, il restait convaincu que sobre ça serait pire. Tu sais quoi, mission accomplie, t'es venue me voir. Maintenant tu vas pouvoir dire à Junior que c'est fait et d'ailleurs, passe lui un petit message de ma part. il attendit quelques secondes d'avoir pleinement l'attention d'Anca avant de révéler le message fraternel qu'il voulait envoyer : JE-L'EMMERDE ! OKAY ? Vraiment, l'alcool ne lui réussissait pas.
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MessageSujet: Re: don't need your pity (ancael)   don't need your pity (ancael) EmptyMer 14 Sep - 19:39


Ancael -  C'est la larme de trop qui fait déborder mes yeux et m'a rendu malheureux


Elle avait jamais su comment se comporter avec Michael. Si elle devait lui sourire ou bien l’ignorer, se jeter dans ses bras pour le consoler ou bien lui offrir un mouchoir pour sécher ses larmes. Elle s’emmêlait les pinceaux, mélangeait les mots, les actions, quand elle se retrouvait avec lui. Car Michael n’était pas Junior. Et elle avait parfois du mal à ne pas l’oublier.
Bien sur les jumeaux elle connaissait tout le truc, elle en avait deux beaux spécimens à la maison, mais elle n’avait pas grandi avec Michael et Junior. Alors oui, souvent elle devait se retenir de s’adresser à Michael comme elle s’adressait avec son frère, c’est-à-dire de façon franche et honnête, avec des mots gorgés d’amours. Non. Avec Michael c’était plus complexe, il fallait prendre des pincettes, marcher sur des œufs, vérifier à ne pas dire la mauvaise phrase ou faire le mauvais geste pour éviter de l’énerver. Anca était arrivée à toutes ces conclusions alors qu’elle ne le connaissait pas si bien que ça. Elle savait juste qu’il avait un penchant pour la boisson qui lui rappelait tristement Ioan et que son cœur était en miette à ses pieds, sans que personne n’essaye de recoller les morceaux. T'as tord, Junior est plus marrant que moi. Et Anca doit se faire violence pour ne pas se rapprocher de lui, pour lui prendre la main.   « Je m’en fiche. »  Ouais, elle s’en fichait que Junior soit plus marrant ou plus beau ou plus intelligent ou autre connerie du genre. Anca n’était pas là pour ça. Elle n’était pas là pour passer une agréable soirée à jouer aux cartes en rigolant, à oublier un peu la merde qui les entourait. Non. Anca était là pour aider Michael, ne serait-ce qu’un peu, pour lui tendre une main, essayer de l’extirper de sa tristesse, de sa douleur. « J’ai pas besoin que tu sois marrant Michael…J’ai juste besoin que tu me laisse approcher » Pour qu’elle puisse essayer de te soigner.

Il avait l’air remonté, avec ses yeux rougit et sa détresse palpable. Il devait surement rêver de la voir dégager.  Pourtant elle tenta le tout pour le tout, plaidant son cas, son envie, peut être que Michael sentirait qu’elle ne lui voulait aucun mal, qu’une fois assurée que tout allait bien et qu’il serait calmé elle partirait. Mais non. Non. A la place il lui cracha son amertume au visage. Oh ouais, génial. On pourrait hmm... j'sais pas, bouffer des cupcakes et se faire des tresses en se racontant nos espoirs et nos peines. T'en dis quoi ? Il se foutait de sa gueule, d’elle et de son putain d’optimisme, de son envie de voir la vie changer, s’améliorer. Et mine de rien ça la toucha, ça la blessa. Parce qu’il ne la connaissait pas, parce qu’il se permettait de la juger alors qu’il ne savait rien. Pourtant y a sept ans, elle était comme toi Michael, prête à poignarder le monde si on osait s’approcher d’elle, un putain d’animal blessé. Et c’était exactement que ce que t’étais actuellement Michael, un animal qui agonisait sur le bord de la route, sortant griffes et dents pour effrayer les prédateurs et charognards, pour sauver le maigre reste de ta carcasse humaine.
Alors Anca ferma les yeux un instant, pour s’empêcher de se lever et de se barrer. Parce qu’au fond, Michael elle ne le connaissait pas si bien, c’était pour Junior qu’elle faisait ça, et même si elle avait cette putain de pathologie qui la forçait à prendre soin du premier venu, elle bousillait le peu de son temps libre à se faire rejeter par un gosse bourré. Elle inspira, expira, avant de fixer à nouveau le jeune homme. Non, elle ne pouvait pas le laisser dans cet état malgré tous les mauvais traitements qu’il lui ferait subir. Elle ne flancherait pas. Elle devait bien ça à Junior pas vrai ?

Il a eu un réflexe de rejet face à la pommade qu’elle lui étala sur le front, agrippant sa main pour l’empêcher de continuer son massage. Le cœur d’Anca manqua un battement. Mais qu'est-ce que tu fous putain ? La violence de son geste et de sa question la firent reculer un peu. Quelques pas seulement. Mais elle connaissait trop bien les ravages de l’alcool et les coups portés qu’on lui mettait sur le dos : ‘’c’est pas ma faute, j’ai trop bu, pardon pour ton nez’’ et autres conneries. Quand Michael rejeta son poignet, elle se massa discrètement ce dernier, grimaçant. Dire qu’elle venait enfin de finir de cicatriser de son agression au café, pas question de se retrouver à nouveau avec des marques sur le corps. Non. Pas question. « C’est de la pommade idiot. Ca va faire dégonfler ta bosse. A moins que t’ai envie de ressembler à un con les prochains jours. Et accessoirement d’avoir très mal aussi. »   Et doucement Anca essuie sa main poisseuse sur son pantalon avant de poser le tube de crème sur le lit. « Je te le laisse la, quand t’auras envie d’en mettre, suffit d’en étaler un peu sur ta blessure. Idéalement deux à trois fois par jour. » Elle laissa passer quelques secondes avant d’ajouter « Je sais ce que je fais »  Oui. Elle savait ce qu’elle faisait. Elle utilisait cette crème depuis le lycée. Sur elle. Sur sa famille. Sur tous les blessés qu’elle rencontrait. C’était pas grand-chose, mais ça aidait. Un petit peu. Ca soulageait.

Et elle se remit à bafouiller, légèrement intimidé par le personnage qu’était Michael. Bravo Anca, tu viens de mettre les pieds dans le plat. Parce que, pensant faire plaisir au jeune homme, elle évoqua son frère jumeau, lui assurant que Junior viendrait le plus vite possible. Ce qui n’étais pas spécialement un mensonge, juste qu’Anca ne savait pas pas quand. Ah ouais, promis ? Si seulement Michael. Elle voudrait claquer des doigts pour faire apparaitre Junior, pour que Michael se calme, pour qu’il ne s’énerve pas, qu’il ne crache pas sa haine contre Anca. Elle n’avait pas besoin de ça. Elle ne voulait pas de ça. Elle était bien trop sensible pour toutes ces conneries. Et tout ce que Junior a trouvé pour me remonter le moral est de m'envoyer une gamine et un cupcake ? Il tanguait, il rigolait, y avait quelque de fou en lui. Quelque chose de définitivement cassé. Anca ne réussit pas à se contrôler, elle laissa échapper un sanglot qui raisonna avec le rire de Michael. Elle n’avait pas envie de pleurer à cause de la méchanceté des mots de Michael. Non, il en faudrait bien plus pour la toucher, pour la faire craquer. Elle avait de pleurer à cause du spectacle que le jeune homme lui offrait. « Désolé, Mickey était plus disponible pour venir te consoler. »  Elle avait les lèvres qui tremblaient, et les yeux bordés de larmes. Putain. Elle se foutrait des baffes si elle pouvait. Non, en effet, Michael avait raison, Junior était bien plus marrant. Et quand il jeta avec hargne son gâteau contre le mur tout en hurlant sa rage, Anca ne pu s’empêcher de s’écarter d’un bon, portant la main à sa bouche pour étouffer un petit cri. La violence, quelqu’elle soit avait toujours cet effet là sur elle. Faut dire qu’après avoir passé plus de deux ans à vous faire tabasser à la récré, on développe une certaine phobie vis-à-vis des gestes un peu trop brusques. ET IL FAIT QUOI JUNIOR HEIN ? « je sais pas … je… Je sais pas. Il est à une partie…Il a pas le droit de partir…. Tu sais comment ça se passe ce genre de choses »  Elle bafouilla, confessant la véritable occupation de Junior. Les larmes pleins les yeux et le corps tremblant, elle a tellement mal. Mal pour Michael. Mal pour Junior. Mal pour ces gamins paumés détruits par la vie. Voir tout ça, ça la renvoyait à l’hôpital, en arrière, quand elle crachait sur Keiran et son putain d’amour, Keiran et ses bras ouverts. Tu sais quoi, mission accomplie, t'es venue me voir. Maintenant tu vas pouvoir dire à Junior que c'est fait et d'ailleurs, passe lui un petit message de ma part. «  Non… Je vais pas partir je…. » Mais elle n’eu pas le temps de finir que Michael hurla son dernier message, destiné à Junior plus qu’à Anca. JE-L'EMMERDE ! OKAY ? Et c’est plus fort qu’elle. En quelques pas elle fut à son niveau, lançant ses petits bras autour du torse tremblant de Michael, elle l’attira contre elle. Et elle serra fort ,Anca, pour pas qu’il lui échappe. Pour pas qu’il la rejette. Pour qu’il comprenne qu’elle abandonnerait, malgré sa peur, malgré la violence des propos du jeune homme. « Dis pas ça Michael. Dis pas ça s’il te plait ». C’était autant pour lui que pour elle qu’elle s’agrippa à lui. « Laisse moi t’aider Michael et promis après tu pourras jeter toute haine. Mais si tu reste comme ça tu vas jamais résister. » A la tempête qu’est la vie, à la violence de cette énergie qui coule dans vos veines.

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Michael Healy

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MessageSujet: Re: don't need your pity (ancael)   don't need your pity (ancael) EmptyLun 26 Sep - 23:12

Elle essayait, elle essayait vraiment. Elle avait envie que ça marche, elle avait envie que son discours si longuement préparé et répété sur le soulagement que l'on ressent une fois qu'on s'est confié prenne. Un discours qu'elle avait sans doute servit à d'autres, dans sa croisade pour qu'on s'aime enfin les uns et les autres, une connerie du genre. Un discours qu'elle s'était certainement répétée à elle-même. Parce qu'on ne peut pas avoir une vision aussi naïve de la vie sans être une vraie dépressive nerveuse. C'était en tout cas la conviction profonde qu'avait Michael. Parmi ses convictions, y avait aussi celle qu'un putain de cupcake et qu'une nana gentille ne résoudrait jamais rien. Elle n'arriverait pas à apporter de la lumière dans sa tête. La lumière avait disparu depuis longtemps, le plongeant dans cette nuit sans lune, dans ces ténèbres. Il s'y enfonçait de plus en plus, embourbé. Il ne cherchait même plus à s'en sortir et se complaisait dans sa souffrance. Cette souffrance, c'était la seule chose qui le ramenait à Bee. Le seul lien qui existait encore entre elle et lui était l'immense vide qu'elle avait laissé en mourant, et le chagrin immense qu'il ressentait à son égard. Pourquoi se séparer de la seule chose qui lui restait ? Cette seule preuve tangible que Bee et lui, ça a vraiment existé, dans une autre vie meilleure que celle-ci ? Il n'était pas prêt à la faire disparaître, et la laisser appartenir au passé. Parce qu'une fois que son deuil serait fait, il devrait vivre dans le présent. Et le présent sans elle, il ne pouvait tout simplement pas l'imaginer. Il ne pouvait pas vivre dans un monde où elle n'existait pas. Autant qu'Anca Popescu ne pouvait pas l'obliger à l'écouter, même si elle le suppliait.
Ca devait être rageait pour elle, en tout cas ça avait l'air. Elle fermait les yeux, soupirait, prenait sur elle. Tant mieux. Michael comptait bien la faire craquer. Il repoussait tout être vivant qui voulait l'approcher ces derniers temps. Junior n'était pas épargné. Il avait un seul avantage sur les autres, c'est qu'il connaissait Michael et qu'il savait à quel moment insister ou se taire et qu'il finissait la plupart du temps à calmer ses démons. Anca n'était pas habituée. Elle n'avait fréquenté les bons côtés des Healy. Elle ne s'était pas aventuré dans les zones d'ombres. Il n'avait jamais été confronté à un Michael tel qu'il était devant elle, maintenant. Elle semblait tantôt effrayée, tantôt résignée. Mais elle encaissait bien la petite, comme si elle l'avait fait cent fois avant ça. Comme si au final, il 'n'était pas si impressionnant que ça. Elle se jugea même assez courageuse pour une attaque frontale (comprenez qu'elle voulait lui mettre de la crème sur le front). La réaction agressive du mauvais Healy la fit à peine reculer de quelques pas et lui arracha une grimace, rien de plus. C’est de la pommade idiot. Ca va faire dégonfler ta bosse. A moins que t’ai envie de ressembler à un con les prochains jours. Et accessoirement d’avoir très mal aussi. Michael la regarda en fronçant les sourcils, comme s'il boudait d'avoir été pris de cours de la sorte. Il marmonna, comme le gosse insolent qu'il n'avait jamais cessé d'être, dans le fond : Qu'est-ce que j'en ai à foutre franchement... avoir l'air d'un con ? C'était une vieil habitude chez lui. Essayez un peu de vivre à la rue et vous apprendrez à ignorer le regard des gens. On le regardait de travers depuis qu'il avait seize ans. Et avoir mal ? Il n'attendait que ça. Avoir mal, vraiment mal. Ressentir une bonne vieille douleur physiquement pour occulter, juste un instant, la douleur dans ses tripes et le feu qui crépitait dans son coeur et brûlait son âme. Je te le laisse la, quand t’auras envie d’en mettre, suffit d’en étaler un peu sur ta blessure. Idéalement deux à trois fois par jour. Michael serra la mâchoire du plus fort qu'il pu. Il avait franchement envie de lui en coller une et de lui faire bouffer sa putain de crème. Il ferma momentanément les yeux jusqu'à ce qu'elle ne sente obligée d'ajouter, comme si elle passait un putain d'entretien pour devenir urgentiste : Je sais ce que je fais Là, il ne pu pas retenir la menace désobligeante qui sortit de sa bouche avec une insolence qui lui était propre : Ouais, génial ! il en avait clairement rien à foutre. Elle aurait pu avoir trois doctorat sur le traitement des bosses sur le front qu'il en aurait toujours rien à foutre. Elle ne comptait pas pour lui, elle n'était rien. Qu'une putain d'ombre, flou, sombre, une silhouette qui défilait devant ses yeux fatigués. C'était comme ça, comme s'il ne les voyait pas vraiment les gens. Elle était irréelle. Elle était là, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Il était mal. Il n'était plus de ce monde, vous savez.

Lui, il voulait Junior. C'est lui qu'il avait appelé, c'est lui qui parvenait à le calmer. Ne serait qu'en lui caressant les cheveux et en lui assurant qu'il n'était pas tout seul. Ca stoppait ses tremblements et son chagrin, juste une seconde, le temps que la fatigue extrème ne l'emporte. Ainsi il pourrait se reposer quelques heures. Il avait besoin de Junior. Pourquoi n'était-il pas là hein ? Pourquoi n'était-il jamais là en ce moment ? Alors il s'énerva. Parce qu'elle ne lui servait strictement à rien, cette nana. Il n'avait pas envie de tisser quoi que ce soit avec elle. Il n'avait pas envie de tisser quoi que ce soit avec les vivants. Il voulait la faire partir. Au lieu de ça, il la fit pleurer : Désolé, Mickey était plus disponible pour venir te consoler. qu'elle balança entre deux sanglots. Michael laissa échapper un rire froid, un rire cynique, un rire qui débordait de colère. Et puis, il balança le cupcake contre le mur et il vit le regard de la gosse changer, se transformer. Il était passé par plein de truc, son regard, parce qu'elle avait des yeux expressifs (un peu comme un golden retriever). Elle avait été pleine d'espoir, puis triste, inquiète, prévenante, empathique, pleine de pitié. Maintenant qu'elle avait peur. Peur de lui, pas pour lui. Il s'en fichait, Michael. Il criait. Il voulait voir son frère et pas cette petite interim qui devait l'occuper le temps que Junior ne trouve du temps pour son jumeau. IL ETAIT OU JUNIOR ? je sais pas … je… Je sais pas. Il est à une partie…Il a pas le droit de partir…. Tu sais comment ça se passe ce genre de choses Genial, PARFAIT. Ca aidait vachement Michael de savoir qu'il valait moins qu'un paquet de fric et qu'un jeu de carte. Il était de mauvaise foi, faut le dire. Il n'était pas compréhensif et il était extrèmement égoïste. Mais c'était comme ça, ça avait toujours été comme ça. Il pensait à lui avant de penser aux autres la majeure partie du temps. Junior ne pouvait pas en faire autant ? Penser à Michael avant les autres. Il lui devait bien ça, avouons-le. Il le lui devait. Alors voilà, il l'emmerdait ce mec. Il détestait son frère à l'instant présent, il le détestait de toute son âme. Il avait besoin de lui, il avait besoin d'aide. De la sienne, et pas de celle de cette fille. Il ne pouvait plus tenir debout, il ne pouvait plus... il allait craquer... il allait... Non… Je vais pas partir je…. Il craquait. Psychologiquement et physiquement. Il craquait. Et elle le sentit. Y a eu une sorte d'attraction terrestre qui la projeta contre lui. Elle s'agrippa à Michael comme un s'agrippe à la vie. Comme on la retient de toutes les forces, comme si elle refusait de le voir quitter le monde des vivants, et comme si ça avait la moindre espèce d'importance. Elle le prit dans ses bras, très fort. Et pour dire la vérité, il fut tellement surpris qu'il ne trouva pas la force de la repousser immédiatement. Et le temps qu'il ne comprenne ce qui lui arrivait elle était déjà accrochée trop fort. Il tenta de la repousser avec un demi-temps de retard, mais il était vidé de ses forces. Lâche-moi !! s'étranglait-il mollement en gigotant dans tous les sens. Lâche-moi tout de suite ! répétait-il sans y croire. Laisse moi t’aider Michael et promis après tu pourras jeter toute haine. Mais si tu reste comme ça tu vas jamais résister. Suppliait-elle sans le lâcher. Et Michael se débattait. Il n'avait pas touché une femme depuis longtemps, depuis Bee. Il n'en avait pas approché une, de près ou de loin. Parce que ça avait l'air mal. Parce qu'il ne supportait pas de voir le corps d'une femme contre le sien. .Parce qu'il faisait des liens dans sa tête, automatiquement, des comparaisons vous voyez. Et ça le rendait dingue la majeure partie du temps. Parce qu'il se rappelait sans cesse que la seule qu'il n'aimerait jamais était morte. Que les autres n'étaient rien. Et qu'il resterait seul. Dégage, DEGAGE, VA-T-EN ! tenta-t-il encore, et encore. Mais poussé à bout, il craqua. Complètement. Il éclata en sanglot, en gros sanglot de gamine. J'ai pas besoin d'toi ! J'AI PAS B'SOIN D'TOI ! gueulait-il, mais ses jambes l'abonnaient. On aurait dit qu'elles étaient faites de coton. Il tomba à genoux devant elle. Il avait la tête qui tournait, il était ivre, et triste, et seul. Il était mal. Et Anca était la seule ici pour le moment. Tous les autres étaient morts, ou n'avait pas de temps à perdre pour lui. Alors voilà, il était là genoux, juste devant elle. Il baissa sa garde, juste une seconde. Les yeux noyés de larmes il se cacha le visage de ses mains, honteux. Tu peux rien faire pour moi. Rien. RIEN ! rageait-il tout seul, le visage camouflé. Et là, il se releva, d'un bond, il manqua de se casser la figure et du coup, se retint à elle, à Anca, et ça la fit basculer contre le mur. Coincée entre cet ivrogne et le mur défraichi. Il lui hurla dessus en s'accrochant à elle. ELLE EST OU HEIN ? ELLE EST OU ? Pouvait-elle lui ramener l'amour de sa vie ? Pouvait-elle donner un sens à tout ça ? Il voulait des réponses. Il ne savait pas ce qu'il voulait. Il voulait qu'elle parte. Fallait qu'elle reste. Et puisque sa brusque poussée d'énergie l'abandonna aussi vite qu'elle était arrivé, il laissa tomber son visage contre Anca, posa son front contre son épaule et son cou. Vidé.
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MessageSujet: Re: don't need your pity (ancael)   don't need your pity (ancael) EmptyMar 11 Oct - 11:50


Ancael -  C'est la larme de trop qui fait déborder mes yeux et m'a rendu malheureux


Les gars comme Michael, elle ne connaissait que trop bien. Elle avait les mêmes spécimens à la maison, du genre à boire trop, noyer la misère dans un verre d’eau puis d’alcool, à cracher une rage enfantine à la moindre remarque. Oui elle en avait sa dose, à croire que c’était un trait récurrent dans son entourage. Le pire de tous c’était Seven. Alors en comparaison, Michael n’était pas grand-chose, juste une boule de nerfs qui implose Et Anca avait la peau dure. Bien plus qu’on pouvait le penser. Il faudrait plus qu’un ta gueule pour la faire partir. Elle était pire que la mauvaise herbe Anca, elle s’accrochait à vos jambes, à vos bras, sans jamais lâcher. Ballotée dans tous les sens elle se contentait tout simplement resserrer son emprise sur vous, se coller un peu plus à votre peau glacée pour communiquer sa chaleur.
C’était comme une maladie chez elle, un besoin primaire, de sauver toutes les âmes en peine qui croisaient son chemin. Peut-être qu’à défaut de se sauver elle, elle pouvait aider les autres. C’était ça qu’elle se répétait le soir dans le noir, le cœur battant et la respiration hachée par la panique. Elle savait Anca, ce qui pouvait vous terrasser un esprit. Bon sang ce qu’elle savait. Elle avait eu ce besoin primaire de destruction elle aussi. C’était pas l’alcool qui l’avait aidé à apaiser la douleur, non. Pas comme Micha. Elle avait préféré s’entailler les chaires à coup de lames : poignets, ventre, cuisses, mollets. De fines zébrures et le délice de la souffrance. La libération sans doute identique quand Michael brûle sa gorge à coup d’alcool bon marchés. Alors c’était aussi pour ça qu’elle était là, campant fermement sur ses positions malgré toutes les attaques de Michael. Malgré ses mots acides, les poignards qu’il lui lançait, pour la faire dégager. : Qu'est-ce que j'en ai à foutre franchement... Mais quel cas désespéré. Bon sang, l’alcool ça rendait définitivement tout sauf intelligent. Elle lui foutrait bien deux trois baffes pour le réveiller, pour le remettre à sa place, qu’il arrête de faire le gamin, l’enfant grincheux qui refuse de tendre le genou pour se faire soigner parce qu’il sait que ça va piquer. A la place elle se contenta de continuer d’expliquer les bienfaits de la pommade, les yeux rivés sur ses mains pour ne pas croiser le regard de Michael qui se durcissait à chaque seconde qui passait. Ouais, génial ! Oui génial. « Sois sarcastique autant que tu veux Michael c’est pas ça qui va me faire bouger » Parce que dans ce genre de cas-là faut s’accrocher, faut tout sauf laisser tomber, continuer encore et encore d’harceler la personne jusqu’à ce qu’elle abaisse ses barrières. Enfin. Et qu’elle accepte l’aide qu’on lui offre et qu’elle a toujours refusé. Ouais. Si Jedediah l’avait laissé tomber à la première remarque acide qu’elle lui avait balancé, Anca ne serait sans doute plus là aujourd’hui. Elle aurait tout simplement continué de s’ouvrir les veines encore et encore, avec tout et n’importe quoi, faisant sauter les points de suture avec joie.
Au fond c’était peut être pour ça aussi qu’elle s’acharnait autant avec Michael. Parce qu’elle avait l’impression de se retrouver balancé 7 ans en arrière, dans sa chambre d’hôpital, quand Keiran essayait de lui remonter le moral et qu’elle se contentait de lui balancer sa soupe à la tronche pour le faire dégager. Il se complaisait dans son malheur actuellement, il devait sans doute se dire qu’il ne méritait que ça, que c’était sa seule rédemption, qu’il n’avait pas le droit de ressentir autre chose que le vide.

Elle pensait pouvoir tenir Anca, jouer les femmes fortes comme celles qu’elle rêvait de devenir. Celles qui ne laissent rien transparaitre, pas même un éclat de sentiment dans leurs regards. Si seulement. Parce que dès que le sujet « Junior » vint sur le tapis, Anca perdit tout ses moyens en un instant. Putain, elle était belle la femme de glace hein ? Tu parles, plutôt femme fondue avec ses larmes dans les yeux et le cœur gorgé d’eau. En face d’elle y avait Michael avec ses rires froids, avec ses mots haineux, avec sa violence électrique qui ondulait sur sa peau.
Le cupcacke qui s’écrasa et le retour sur le passage à tabac de la semaine dernière. Les hurlements, la haine, l’incompréhension. C’était la panique dans le cœur d’Anca parce que actuellement elle ne savait plus quoi faire. Plus quoi dire. Elle avait mal Anca, et comme par transfert elle ressentait la force des émotions du jeune homme. Et putain ce que ça faisait mal. Ca montait en puissance, encore et encore, il avançait jusqu’à un point : le point de non-retour, celui de la rupture. Il fallait pas. Il pouvait pas. Alors Anca fit ce qu’elle savait le mieux faire. Sans prévenir ni rien elle entoura Michael de ses petits bras, se plaquant à lui de toutes ses forces. Il pourrait la taper ou lui hurler dessus plus tard mais pour le moment elle avait besoin de lui faire comprendre qu’il n’était pas seul. Qu’il n’était plus seul. Qu’elle était là , et même s’ils n’étais pas meilleurs amis – ni même amis – elle ne bougerait pas. Qu’il la mordre, qu’il l’insulte, qu’il la frappe, elle. Ne. Bougerait. Pas. Lâche-moi !! « Non. » Non, non et non qu’elle répondit contre son torse. Lâche-moi tout de suite ! « Pas question. » Pas question qu’elle le lâche, pas question qu’elle le laisse, pas question tout simplement. Elle allait l’aider un point c’est tout. Et toutes ses gesticulations ou refus ne pourraient rien faire, elle continuerait de s’agripper à lui encore et encore. Presque égoïstement. Comme si cette action pouvait combler ne serait-ce qu’un instant le trou béant qu’elle avait dans la poitrine depuis toutes ces années.
Dégage, DEGAGE, VA-T-EN ! qu’il hurla de sa voix brisée. Et Anca resserra sa prise, les larmes pleins les yeux, la gorge trop serrée pour pouvoir protester. J'ai pas besoin d'toi ! J'AI PAS B'SOIN D'TOI ! Et dans ses mots y avait des larmes, comme un enfant qui craque enfin, il pleurait. Elle voulait éteindre sa tristesse, sa détresse, prendre son cœur dans ses bras pour le consoler, déposer des baisers et le bercer, réussir à l’apaiser. Elle voulait pas Anca, putain, elle voulait pas qu’il ait si mal. Mais elle ne savait que trop bien que les vœux dans ce genre ne s’exauçaient jamais et que tout ce qu’elle pouvait faire actuellement c’était mettre un peu de pommade – encore de la foutue pommade – sur les blessures internes de Michael.
Elle le sentit flancher, et doucement Anca desserra son emprise pour le laisser tomber. Il était là, au sol, à genoux et en larmes, le visage caché dans ses mains comme s’il essayait de cacher le fait qu’il allait mal. Terriblement mal. Plus besoin de masques à ce stade, plus besoin de mensonges. Juste des larmes et des cris de détresses, des appels à l’aide étouffés entre deux rejets. Tu peux rien faire pour moi. Rien. RIEN ! « T’en sais rien ! Putain mais t’en sais rien Michael ! » Il la connaissait pas. Il ne savait pas. Il pouvait pas voir comme ça qu’elle était proche de lui, trop proche de lui, qu’en le regardant détruit au sol elle se voyait elle dans les toilettes, et que si elle essayait de le sauver, égoïstement elle aurait l’impression de se sauver elle. Enfin.
Soudain il se releva et Anca n’eu pas le temps de réagir, pas le temps de le retenir. En quelques secondes elle se retrouva coincée entre le mur de la chambre et Michael. Michael tremblant. Michael pleurant. Michael qui s’agrippa à elle et qui lui ouvrit son cœur, posant enfin la question la plus importante. ELLE EST OU HEIN ? ELLE EST OU ? Elle. Bee. Celle qui avait disparue de la Terre en un claquement de doigt, étincelle fauchée au passage. Junior lui avait raconté une fois. Elle savait les grandes lignes, mais pas tout. Et quand Michael posa son front contre sa peau, Anca se remit à pleurer. Doucement. Silencieusement. Elle le prit dans ses bras comme on prend un enfant inconsolable, une main dans ses cheveux pour le serrer un peu plus contre elle, pour lui faire comprendre qu’il avait le droit, qu’il pouvait craquer rien qu’une fois. «Elle est partie Michael. » Qu’elle murmura. « Ils finissent tous par partir. » Amère. « Ils nous abandonnent tous, préférant le ciel à la terre dégueulasse. » Elle parle pour elle autant que pour lui. Tremblante. Elle sait qu’il y a des chances qu’il refuse d’entendre ses mots, qu’il se remette à hurler, à crier. Mais elle a besoin de parler. « Elle est partie et toi t’es là. Et ça fait putain de mal pas vrai ? T’as l’impression qu’on t’as arraché le cœur entier et que ce qu’il reste dans ta cage thoracique c’est qu’un fantôme, qui te permet juste de respirer » Et à quoi ça sert de vivre quand y a plus rien pour pomper le sang dans vos artères ? Quand y a plus de motif pour vous faire avancer hein ? « Tu te sens seul pas vrai ? Moi du moins j’me sentais seule. » Et à quoi bon continuer de se battre quand y a plus personne pour vous attendre à l’arrivée. Alors elle s’écarta doucement et prit son visage entre ses mains, essuyant les larmes de Michael avec ses pouces. Elle voulait qu’il la regarde. Elle voulait qu’il entende ce qu’elle avait à lui dire. Peut être que ce serait trop tôt pour qu’il comprenne. Peut-être qu’il n’assimilerait ses mots que dans des années, quand il serait enfin prêt à avancer. « Mais t’es pas seul Michael. Faut que tu le sache. T’es pas seul dans le noir. » Elle ferma les yeux et posa son front contre le sien, les mains toujours sur ses joues, comme pour lui communiquer sa chaleur. « Tu me déteste peut être mais moi je serais là. Jte le promets Michael. Peut être que ça veut rien dire pour toi mais je serais là, juste à côté, t’auras juste à tendre la main. » Promis juré Michael, elle te lâchera pas. Et t’auras beau cracher, siffler, te débattre, elle abandonnera pas.


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MessageSujet: Re: don't need your pity (ancael)   don't need your pity (ancael) EmptySam 5 Nov - 18:00

Elle refusait de le lâcher, de l'abandonner, de le laisser tomber. Et Michael ne savait pas pourquoi. Etait-ce par loyauté envers Junior ? Etait-ce simplement parce qu'elle avait pitié de lui ? Parce quelle n'avait rien à faire ? Pourquoi vouloir à se point le calmer ? Tous les autres s'en fichaient de savoir dans quel néant chaotique il était en ce moment. Elle ne pouvait pas être comme tous les autres et espérer que l'alcool lui fera perdre connaissance sur la moquette et qu'il s'endormirait comme ça, comme ça lui arrivait bien souvent ? Ne pouvait-elle pas être autre chose qu'une foutue conne qui déborde d'amour, pisse de la tendresse et chiale de la compassion ? Sérieux ? T’en sais rien ! Putain mais t’en sais rien Michael ! SI-JE-SAIS ! Qu'il avait envie d'hurler sans y parvenir, parce que sa gorge était nouée. Pouvait-elle ramener Bee à la vie ? NON ! Donc elle ne pouvait rien faire pour lui. Elle ne soignerait pas son mal, elle ne ferait rien pour qu'il se sente mieux. Il aurait toujours l'impression d'avoir été brûlé vif, il aurait toujours l'impression que sa vie ne vaut plus la peine d'être vécu, il se sentira toujours autant coupable. Elle pouvait bien lui faire bouffer autant de cupcake qu'elle voulait, il aurait toujours cette envie de se tremper le coeur dans l'acide pour le désintégrer complètement. Mais en quelques secondes, ça devint trop tard. Il n'avait plus la force, ni de la faire partir, ni de garder son sang froid, ni même d'avoir une conversation normale. Non, c'était trop tard. Son coeur perforé s'était remis à pisser le sang. Sa culpabilité, son chagrin, sa douleur, tout ça s'écoulait de son corps de manière hémorragique. Il ne pouvait plus lutter. Alors, il s'était fondu en elle, sur elle. La tête dans le creux de son cou, il craquait complètement. Et il savait que cela brisait le coeur d'Anca. Parce qu'elle était ce genre de meuf, le genre à chialer avec les autres. Une empathique qui souffre de la souffrance des autres. Et putain, avec Michael elle était servit. Il hurlait, gueulait. Il voulait Bee, il voulait qu'elle revienne, il ne voulait pas qu'elle soit morte, il refusait qu'il se soit passé ce qu'il s'était passé. Il refusait de l'accepter. Ca faisait deux mois maintenant, peut-être même plus. Il aurait déjà dû passer à autre chose. Pas oublier, mais sortir de cette phase de dépression. Le déni, la colère, le marchandage, la dépression, l'acception. Ce sont les cinq étapes du deuil. Et il était bloqué à l'avant dernière. L'acception, elle ne viendra jamais putain. JAMAIS. Elle est partie Michael. ses sanglots redoublèrent quand les murmures sanglotants d'Anca lui parvinrent. Non, non, non, il ne voulait pas qu'elle soit partie. Il ne voulait pas. Ils finissent tous par partir. Oui. C'était vrai. Putain ne pouvait-il pas être de ceux qui partent ? Tout aurait été tellement plus simple. Ils nous abandonnent tous, préférant le ciel à la terre dégueulasse. Dégueulasse. Et cruel. Les sanglots de Michael se calmaient petits à petits. Il n'entendait plus que la voix d'Anca qui résonnait en lui tellement fort. Et il la sentait trembler sous ses mains. Il sentait ce petit corps frêle prêt à craquer sous la pression. Il restait contre elle, incapable de bouger, de la regarder. Mais ses mains descendaient doucement et s'enroulèrent autour de la taille fine de la brune. Pour la sentir contre lui, sentir cette peine et cette souffrance qu'ils semblaient partager, et lui léguer au passage une partie de son fardeau. Elle est partie et toi t’es là. Et ça fait putain de mal pas vrai ? T’as l’impression qu’on t’as arraché le cœur entier et que ce qu’il reste dans ta cage thoracique c’est qu’un fantôme, qui te permet juste de respirer Elle mettait des mots sur ses sentiments déchirés et confus qu'il ne comprenait même pas lui-même. Il s'était arrêté de pleuré maintenant, retenait même son souffle. Il ne voulait faire le moindre mouvement, de peur qu'elle arrête de parler. Car sa voix était comme une comptine, une berceau qui l'apaisait. Elle savait. Comment pouvait-elle savoir ? Ce que ça fait quand il n'y a plus rien qui vous raccroche dans ce monde, mais que vous êtes incapable de le quitter. Quand on est ni mort, ni vivant. Quand on est plus qu'une ombre dans la nuit. Quand on a disparu. Michael ne s'était jamais intéressé à elle, peu importe qu'elle soit si proche de son frère. Michael se fichait d'elle, de sa vie, de son passé. Aujourd'hui pourtant il voulait tout savoir. Entendre son histoire faire écho à la sienne. Partager ce qu'il ne pouvait partager avec personne d'autres, puisque même Junior ne semblait pas comprendre. Lui qui s'en sortait si bien tout seul, lui qui avait su tourner la page si vite -trop vite. Anca semblait dans le même flou que lui, dans le même chaos. Tu te sens seul pas vrai ? Moi du moins j’me sentais seule. Elle confirmait ce qu'il pensait. Et après ça elle se détacha de lui pour se donner du recul et le regarder. Michael fixait le vide, les yeux baissés. Il n'osait pas la regarder, elle était trop près de lui à cet instant et ça le terrifiait. Car il pouvait se voir lui dans les yeux de cette fille qui semblait le comprendre. Et son reflet lui donnait envie de vomir. Mais elle ne lui laissa pas le choix, attrapa son visage salit par l'alcool et le chagrin. Il leva le regard, leurs yeux se captèrent une seconde, assez pour qu'un lien invisible ne les rattache l'un à l'autre. Seul, il l'était. Même dans ce foyer rempli de monde, même avec des caméras qui tournaient en boucle, même avec son frère. Seul, incroyablement seul. Mais il ne l'était pas, c'était ce qu'elle se tuait à dire. Elle martelait chacun des ses mots et les enfonçaient dans le crâne de Michael avec son regard de biche. Elle voulait que ça pénètre en lui si profondément dans son inconscient qu'il ne pourrait plus jamais se sentir seul de sa vie. La vérité c'est qu'il avait l'impression qu'elle lui mentait lamentablement. Car Anca, elle semblait encore tout aussi brisée que lui, encore aujourd'hui. Alors, peut-être pour la forcer à dire la vérité, il demanda d'une voix rauque, inaudible et dénuée de tout espoir : Et ça passe ? Ca s'arrange ? est-ce qu'elle, elle s'en était sortie ? Ou bien jouait-elle la comédie ? Avait-elle simplement appris à faire semblant ? Parce que lui avait la conviction qu'il ne s'en remettrait jamais. Que Bee lui manquerait éternellement et que chaque pas qu'il faisait vers l'avant lui arrachait une partie de son être. Elle posa alors son front contre le sien, peut-être pour éviter de répondre, peut-être pour lui communiquer un peu d'espoir. Il ferma les yeux. Cette proximité soudaine avec une fille, cette proximité qu'il fuyait normalement, bizarrement ce soir, elle ne ressemblait pas à une trahison envers Bee. Chaque fois que son regard ne faisait que se poser sur une autre femme, y avait cette culpabilité qui l'envahissait et lui donnait envie de vomir. Là, non. Il se laissa donc faire, tenta de calmer sa respiration encore un peu haletante. Tu me déteste peut être mais moi je serais là. Jte le promets Michael. Peut être que ça veut rien dire pour toi mais je serais là, juste à côté, t’auras juste à tendre la main. Il avala sa salive. Ses mains se resserrèrent une seconde autour de la taille d'Anca. Il prit une grande inspiration. J'te déteste pas. chuchota-t-il comme un secret. Et enfin, il laissa ses mains pendre dans le vide.
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