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 Dazed and confused - Blake

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MessageSujet: Dazed and confused - Blake   Dazed and confused - Blake EmptySam 13 Aoû - 10:33


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Seize heures quinze.

Jedediah marche ne direction de l’école. Pour une raison qui lui échappe, il se sent un peu mal à l’aise, comme si quelque chose de terrifiant allait le rattraper. Il marche en longeant le trottoir, d’un pas vif, le regard vissé à sa destination, la commissure des lèvres basses. Les gens l’évitent, car il fonce tête baissée et attend des autres qu’ils s’écartent. Mais personne ne change de trottoir parce que malgré son air effrayant, il porte une veste : ça rassure.

Seize heures seize.

Jedediah tourne au coin de la rue. Il tient sous le bras un classeur, dans la main un verre en carton vide, qu’il jette négligemment dans la poubelle. Il n’est plus qu’à quelques mètres désormais et des enfants commencent à apparaître le long des rues, trottinant, courant, marchants au bras de leur pères ou de leur mères. Ils racontent leurs journées, leurs jeux, leur rêve, avec une implication qui fait grimacer Jedediah. Il aimerait pouvoir faire taire toutes ces petites voix nasillarde. Le malaise s’intensifie.

Seize heures dix-sept.

Jedediah s’immobilise devant les porte de l’école, sur le trottoir d’en face. Il tente de garder contenance, terrorisé qu’on lui adresse la parole. Qu’un enfant lui adresse la parole. Il jette des coups d’oeil insistant à la porte, une irritation grandissante au creux du ventre. Il déteste  lorsque les autres ne sont pas ponctuels.

Seize heures dix-huit

Jedediah tourne la tête et remarque, sur un banc adossé au mur, un gamin de sept ou huit ans qui le dévisage en silence. Jedediah lui retourne son regard méfiant. Comme deux loups acculés, ils se jaugent. Jedediah avec plus de contenance, parce qu’il a trente deux ans de plus.

Seize heures dix-neuf.

Jedediah supporte de moins en moins le regard du môme. Il est persuadé que le morveux l’imite : commissures baissées, air ombrageux, ses efforts pour se donner un air sont mis à mal par sa frimousse ronde et ses tâches de rousseur. Mais Jedediah se sent profondément crispé.

Seize heures vingt.

Le gamin le fixe toujours et Jedediah se souvient pourquoi il déteste venir ici, pourquoi il s’était promis de ne plus jamais le faire. Les flots continue d’enfants, et celui qui, le cul vissé à son siège, lui jette des œillades malpolies, le tendent profondément. Il voudrait que Blake arrive. Vite. Il jette un coup d’œil à sa montre et grogne, parce qu’elle est en retard, parce qu’à seize heures vingt précises elle aurait dû être là. Il est désormais

Seize heures vingt-et-une.

Le gamin lui court sur le système, il ne le lâche plus des yeux. Il sent qu’il va ouvrir la bouche, se lever, commettre un acte imprévu. Jedediah n’en peut déjà plus des cris, il est à deux doigts de coller une gifle au morveux pour l’empêcher de le dévisager. Un doigt.

Jedediah prend son courage à deux mains, et poussé par la colère, se plante devant l’enfant. Il plonge ses yeux dans les siens, en silence. Le môme soutient un long moment, sans doute plus longtemps qu’un adulte, par inconscience suprême, et fini par baisser les yeux.

- Sale gosse. » Murmure Jedediah.

Il n’a pas entendu que Blake arrivait dans son dos, et venait sans doute de le surprendre à l’instant de la suprême humiliation. Jedediah n’aura pas le temps de se chercher une excuse.
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MessageSujet: Re: Dazed and confused - Blake   Dazed and confused - Blake EmptyJeu 25 Aoû - 15:44


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Jedediah Innocente & Blake Stevens

C'était la dernière journée de cour pour la jeune femme, ses dernières heures en tant qu'institutrice pour cette classe avec qui elle avait passé une très bonne année. Aucun soucis particulier n'avait été à déclarer et elle garderai à jamais un bon souvenir de la plupart de ses élèves. Et pour ceux qui avaient faillit à son autorité -parce qu'il y en avait toujours- elle laissait sa collègue du niveau supérieur s'en occuper. Blake n'était pas du genre à abandonner un élève lorsqu'elle le sentait prêt à s'améliorer mais elle savait aussi que son temps était compté et que si à la fin de l'année elle n'était pas arrivée à obtenir les résultats espérés, elle ne pouvait rien faire de plus. Au grand damne de la jeune femme qui n'aimait pas s'avouer vaincue. Mais parfois il fallait savoir se mettre un peu en retrait, il était même arrivé que cette demande vienne de parents qui n'aimaient pas l'intrusion de la blonde dans la vie de leur enfant. « Vous n'avez pas d'enfants mademoiselle ? Vous n'avez donc aucun conseil à me donner. » Était probablement le genre de commentaire qu'elle recevait le plus souvent.
Non elle n'avait pas encore de petite tête blonde à chérir mais cela n'était qu'une question de temps, d'ailleurs son ventre commençait sérieusement à se voir maintenant. Elle était enceinte depuis plusieurs mois maintenant et le fait qu'on puisse remettre son jugement en question l'irritait de plus en plus. C'est elle qui passait ses journée avec les gosses des autres, qui leur apprenait les bases de leur langue, des mathématiques et de la vie dans sa généralité. Quelque part elle avait le rôle d'une autre maman, celle d'une vingtaine d'enfants en même temps. Et on osait lui dire qu'elle n'avait pas d'avis à donner ? Très bien, la jeune femme n'était pas du genre à faire des histoires de toute façon. Kill them with kindness chantait une jeune chanteuse du pays, Blake n'aurait pas pus être plus en accord avec ces paroles. C'est avec un grand sourire qu'elle accueillait les parents et c'est avec ce même sourire qu'elle les renvoyaient chez eux...

Pour cette dernière journée, l'institutrice n'avait rien prévu de trop spécial. Pas de leçons, plus de devoirs. De tout ses élèves, même des plus studieux d'entre eux. Ils avaient consacrés des heures à s'amuser, jeux de sociétés, énigmes... Tout était bon pour laisser un bon souvenirs aux écoliers, de cette façon ils auraient peut-être le cœur moins lourd à la rentrée prochaine. Du moins, c'est ce que Blake et ses collègues espéraient tous les ans.
Alors les grands moyens avaient étés adoptés pour atteindre ce but quelque peu utopique. Après une fêtes des école dont la recette avait été particulièrement bonne, chaque classe avait eut l'occasion de partir en voyage scolaire pour un week-end dans un parc d'attraction. Malheureusement, à cause de son état, la jeune femme n'avait pas pu profiter de cette sortie et encore moins des manèges à sensation. Les enfants eux, n'avaient pas perdu de temps à leur retour pour tout raconter à leur maîtresse. Aucun détail ne leur avait échappé et finalement c'était comme si elle était partie avec eux.
Lorsque la cloche sonnait, annonçant la fin des cours et de l'année toute entière, chacun des enfants se succéda tour à tour au bureau de Miss Stevens pour un dernier geste d'affection à son égard. La plupart lui laissèrent des dessins tous plus illisibles les uns que les autres et pourtant si adorables. D'autres lui apportèrent des lettres, des poèmes et quelques cadeaux en tout genre. Celui qui avait probablement le plus touché la jeune femme était le body pour bébé où l'on pouvait lire ''ma maman est une super maîtresse''. Ah les enfants, qu'y avait-il de plus adorable ? C'était probablement une question idéale pour Jedediah, un ami de la jeune femme. Celle-ci était d'ailleurs censée le retrouver juste après les cours.

La blonde s'empressait alors d'empaqueter tous ses cadeaux et de les emmener dans sa voiture, garée derrière l'établissement. Il lui fallait ensuite repasser devant le bâtiment pour apercevoir le psychologue visiblement en pleine querelle avec un jeune garçon bien connu de la jeune femme. De loin, on pouvait voir les deux enfants -l'un étant seulement un peu plus vieux que l'autre- se jeter des regards assassins face auxquels Blake ne put retenir un gloussement de rire. Les deux se livraient réellement à une bataille sans merci où le premier à baisser le regard serait déclaré perdant ultime.
C'est finalement le petit garçon qui déclarait forfait, probablement dérangé par cette homme d'âge mur qui ne l'était pas. Postée juste derrière lui, Blake entendait finalement les mots du victorieux mâle dominant face à sa victime. « Coucou Jed, tout va bien ? » lançait-elle tout en tapotant sur l'épaule de son ami. « Ricky, il semblerait que tu ai trouvé un adversaire à ta taille cette fois-ci. Je crois avoir vu tes parents devant l'école, tu devrais les rejoindre. » Dit-elle ensuite à son élève tant dit qu'elle lui lançait un clin d’œil. Ricky était probablement l'élève le plus perturbateur auquel elle avait dû faire face dans toute sa carrière, se faire un peu mater par un adulte ne lui ferait aucun mal c'était certain. Cependant, rien ne justifiait le comportement de Jedediah face au petit garçon et après avoir souhaité de bonnes vacances à celui-ci elle s’apprêtait quasiment à faire un sermon au brun qui se tenait face à elle. « Alors, dis moi, qu'est-ce qu'il a fait pour que tu lui fiche la trouille à ce point ? Me dis pas qu'il ta piqué ton goûté ? » Inutile de faire la leçon à Jed c'était un grand garçon, bien que ses agissements puissent faire penser le contraire. Voilà deux ans que la jeune femme le connaissait et il s'était toujours montré sous ce jour là, il n'était pas prêt de changer. Et de toute façon c'était aussi pour ça qu'elle l'appréciait à ce point.

acidbrain
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MessageSujet: Re: Dazed and confused - Blake   Dazed and confused - Blake EmptySam 3 Sep - 11:51



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Souvent la perspective de retrouver Blake poussait Jedediah dans les retranchements de sa jeunesse. Des images fulgurantes de ce qu’avait été son enfance envahissait son espace, face à cette école peuplée de petits êtres en devenirs, maintenus dans leur cohésion par une tripotée d’amiraux prêts à croiser le fer et à transformer leur énergie en flaque, à leur service.

Jedediah n’avait pas ce souvenir paisible que l’école dégageait, que Blake dégageait. Il gardait en mémoire des cours chaotiques, désolidarisés, des bagarres dans la cours d’école – Jedediah se souvenait qu’il se battait beaucoup, et qu’un de ses camarades le mordait systématiquement au sang.- pour tout, et surtout pour rien. Il se souvenait des instituteurs diaboliques qui, bien qu’il ai été un garçon relativement paisible et sage durant les heures de classes, le punissait souvent pour des fautes qu’il n’avait pas commis : le ressentiment, bien sur, se réglait ensuite sur le bitume, entre deux pneus, à coups de poing, d’ongles et de pieds. Ensuite le collège, période trouble où Jedediah avait passé les plus longues heures de sa vie à chercher un moyen de se faire moins chier, laissé de côté par des professeurs qui le considéraient brillant mais feignant. Beaucoup d’école buissonnière, beaucoup de devoirs terminés entre deux bières à quatre heures du matin – Jedediah avait toujours mis un point d’honneur à réussir à l’école comme dans la vie-. Et puis à seize ans, la mafia. Les courses dans les rues pour apporter des colis dont il ignorait le contenu, toucher des bakshish dans une arrière cours où certainement un type venait de se faire tabasser, rapporter un autre colis plus lourd et plus froid. Il avait garé des cadillacs, beaucoup de cadillacs, alors qu’il n’avait encore jamais mis les pieds dans une école de conduite.Un autre type de scolarité.

L’école, face à lui, émanait d’une sensation trouble et couverte d’une rouille sang étonnante. Il ne savait trop comment considérer le lieux : en un sens, tout lui paraissait si normal qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver un certain plaisir à rôder dans les parages. Le reste lui semblait si sensationnellement inconnu que cela ne lui évoquait pas grand chose de plus qu’un certain malaise, troublé par l’attente d’être placé dans une situation désagréable.

Il n’était certain que d’une chose : Blake devait être la meilleure institutrice au monde. Tous les gamins sortaient de l’école plus ou moins le sourire aux lèvres, et régulièrement en l’attendant, Jedediah avait entendu ces gosses roses raconter à leur parents ce que la maîtresse leur avait fait faire, comment, pourquoi, et pourquoi elle était jolie, gentille, et pourquoi ils voulaient presque tous lui faire plaisir. Jedediah était heureux pour Blake. Il concédait volontiers que, s’il avait dû choisir sa mère parmi toutes les femmes de Savannah, il l’aurait choisit elle. Sa douceur, son incroyable optimisme, sa patience, étaient des valeurs qu’il connaissait fondamentalement chez elle pour avoir employé son temps à discuter durant de longues heures de thérapie où il l’avait vu au plus bas. Désormais, fraîche, fringante, elle marchait sur ses deux pieds presque sans vaciller, le ventre rond et l’œil brillant d’une malice imperceptible et courante qui lui donnait au quotidien un air gracieux et intriguant.

Air que Jedediah aurait par ailleurs apprécié intercepter un peu plus tôt. C’est à dire juste avant de se ridiculiser face à un môme qui, rétrospectivement, lui  rappelait fortement un petit grincheux italo-américain de huit ans, l’air sévère, assit au fond de la cours, à attendre patiemment sous ses mèches brunes que Johnny-voleur vienne régler ses comptes.

« Coucou Jed, tout va bien ? » Il sursauta et une grimace se peignit sur son visage, fugace témoignage de la gêne qu’il éprouvait à être surpris dans une telle situation. Le gamin lui jeta un dernier coup d’œil avant de décamper, répondant aux implacables suggestion de Blake qui, un sourire aux lèvres et l’air franchement amusée, le considérait avec quelque chose dans le regard que Jedediah aurait sans doute très mal pris s’il n’avait pas s’agit d'elle.

Mais la jeune femme étant capable, sans le savoir, d’annuler chez lui sa morosité, son aigreur et sa méchanceté, il dû se contenter de se trouver ridicule, à défaut de se sentir insulter.

- Ca va, ça va. » Marmonna t-il, habitué aux douces moqueries de la jeune femme. « Ils me mettent mal à l’aise. Tu sais bien qu’ils me mettent mal à l’aise. » Il ne la regardait pas directement, et faisait un aveux qui lui coûtait, comme s’il avait dû assumer que Tobias lui donnait parfois des cauchemars. « Les gamins sont imprévisible. », tenta t-il de se justifier sur un ton neutre, qui se voulait dégagé mais laissait comprendre que cet aspect de leur caractère le troublait quelque peu.

Il n’aimait pas se faire rabrouer par l’honnêteté farouche des gosses. Ce n’était pas de l’animosité, et comme un ours qu’il faut apprivoisé, Jedediah pouvait, dans le fond, s’entendre bien avec la plupart des enfants. Il ne connaissait simplement pas les rudiments pour se sentir à l’aise avec eux dès les premiers contacts : dans les environnements de son passé, les gosses étaient souvent troublés, mis de côté ou abandonnés à eux mêmes, environnés par la violence implicite de l’organisation. Jedediah leva les yeux vers Blake et heurta son regard. Il ne put s’empêcher de sourire imperceptiblement, se moquant à son tour de la situation dans laquelle elle venait de le surprendre. Elle lui faisait souvent cet effet : sans le vouloir, la bonne humeur qu’elle répandait autours d’elle désamorçait tous ses états d’esprits négatifs. Une sacré prouesse, lorsqu’on sait que Jedediah en était à quatre-vingt-dix-neuf pour cent composé.

- Dernier jours, alors. » Dit-il en l’entraînant doucement vers un café où ils avaient l’habitude d’aller partager un verre après les cours. « Dans une semaine, tu te roules en boule et tu m’appelles en pleurant pour me dire combien ils te manquent. » Tentative d’humour, mais Jedediah connaissait son sujet : la sensibilité de Blake, et son attachement absolu à tous les rejetons qui passaient par sa salle de classe, même les plus insupportables. Jedediah entretint un silence de quelques longues secondes, pensif. Il jaugea la jeune femme et ajouta, après avoir un peu hésité : « Est ce que ça ira ? »

Il avait toujours peur de la période des vacances. Non pas une peur irrationnelle, mais une légère anxiété, car il savait quel rôle important jouait l’école dans la vie de Blake, comment il lui servait de canalisateur, d’équilibre. Il savait qu’en dehors des périodes scolaires, elle prenait toujours le risque de se focaliser sur des souvenirs qui lui faisaient du mal, inconsciemment ou non. Jedediah ne pouvait, à cause de son passif et de sa profession, s’empêcher d’anticiper systématiquement le fait qu’une Blake inoccupée risquait de replonger dans la mélancolie. Il n’était pas inquiet à proprement parler. Simplement prudent.
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