Sortir, Riley avait besoin de sortir, de prendre l'air de se rendre compte que le monde n'est pas si mauvaise que ça dans le fond, que ça n'avait été qu'un accident malheureux, que c'était tombé sur elle mais que ça pourrait aussi bien arriver à n'importe qui d'autres. Pourtant, habillée, prête à sortir, c'est sa porte d'entrée qu'elle fixe durant de longues minutes, un peu comme si le monde extérieur n'attend que ça, que Riley sorte pour pouvoir l'avaler. Ce n'est pourtant pas une peureuse, depuis qu'elle est petite on lui répète de marcher la tête droite que c'est elle qui mangera le monde et pas l'inverse, pourtant dès qu'elle a le malheur d'être seule, un drame lui tombe dessus comme si elle était un aimant à ennuie. Cette sensation étrange d'être aussi insignifiante qu'un zooplancton, qu'on pourrait l'écraser sans problème, elle et son mètre cinquante-six. Elle pose une main un peu tremblante sur la poignée. De quoi elle a peur au juste ? Riley se trouve idiote, stupide de craindre autant une personne qui l'a très sûrement oublié. Elle peut pas rester en fermer, ne plus vouloir sortir seule, elle sait bien que c'est ridicule. Inspire, expire, elle a fait le plus dur, elle s'est motivée et elle a ouvert la porte, un pas dehors. Et déjà-là, elle se sent mieux. Comme si la peur était créée par sa petite tête, qu'elle restait enfermée sans raison. Cette peur l'aurait bouffé, et Riley refuse de se faire manger, elle recrache la peur comme un vulgaire glaire, elle refuse de la laisser gagner. Elle doit y aller doucement, elle le sait, d'abord un tour du quartier puis, des trajets de plus en plus longs, s'éloigner de plus en plus de l'appartement. Cette rééducation mentale, elle a connu ça déjà et c'est pour cela que c'est si simple de rechuter. Mais, elle veut pas, parce qu'elle est pas seule dans cette histoire, il y  a Ace et elle veut pas qu'il connaisse ça. C'est bête hein, un simple petit vol lui a retourné la tête, lui fait remontrer d'affreux souvenirs.

Riley ne veut pas y penser, car oublier c’est un début, aller mieux. Alors, elle marche sans but, un peu trop sur le qui-vive mais elle avance, elle reste dans une certaine zone de confort, elle s’éloigne pas trop de l’appartement comme si le simple fait de le savoir au bout de la rue pouvait la protéger de quoi que ce soit. Pas un seul nuage à l’horizon, elle parvient même à sourire sans raison. Riley passe d’un état à l’autre très rapidement, du rire aux larmes comme on aime dire. Et puis à un moment, elle croit sincèrement que sa vigilance paye vous savez, parce qu’elle voit un portefeuille glisser d’une poche d’un garçon sans que la personne ne s’en rende compte, alors Riley la souriante, Riley la serviable, elle se précipite pour le récupérer et partir en direction du propriétaire. « Hey ! » qu’elle interpelle mais la personne ne se retourne pas alors, elle presse le pas pour arriver à hauteur et toucher l’épaule de l’inconnu. « Vous avez laissé … » Mais voilà que les mots se bloquent dans sa gorge quand elle voit le visage, son sang ne fait qu’un tour et des images en flash lui reviennent dans le désordre, ça cogne dans sa boîte crânienne, son cœur qui s’affole, Riley a l’impression que tout va exploser et le portefeuille lui glisse des mains. Par réflexe, elle fait un pas en arrière pour retrouver un peu de distance. « Vous… » qu’elle souffle à demi-mot. Lui, la personne responsable de la peur pour un simple vol, pour l’avoir menacé. Le lendemain, elle avait refusé de rester seule dans l’appartement simplement par peur de le voir débarquer parce que lui, il sait presque tout d’elle alors qu’elle ignore jusque son prénom. C’est un bordel sans nom dans sa tête, elle voudrait le frapper, lui cracher dessus et même hurler, partir en courant s’il faut, mais elle bloque, son corps se fixe avec cette impression que chacun de ses muscles se tétanisent.
Stupide peur.

Sa gentillesse lui jouera des tours, elle en est persuadée Riley, et quand elle ramasse ce portefeuille, quand elle va pour le rendre à son propriétaire, elle ne pensait pas que cela pourrait se produire maintenant. Face à face avec celui qui l’a dépouillé de ses affaires, elle lâche le portefeuille, elle se retrouve tétanisée et elle déteste ça. Aucun de ses muscles refusent d’obéir, son corps qui bloque et lui qui la dévisage. Il dit merci en ramassant l’objet, il n’a pas l’air de la remettre, il lui faut plusieurs secondes pour qu’il comprenne qui elle est. Ça ne le panique même pas, il a cette expression qui s’en fou puisque de toute manière c’est lui qui est plus en position de force, il a pas à s’angoisser, il a réussi à lui faire peur, ça avait fonctionné et maintenant, Riley se retrouve comme une pauvre conne bouffé par l’angoisse qu’il peut de nouveau prendre cet ascendant sur elle, sa petite personne. Puis il remet son visage dans son contexte, ça transparait comme une illumination sur son visage un peu en mode : oh oui… je me souviens. Il lui dit de se détendre qu’il ne lui fera rien, ça sonne comme un déclic à ses oreilles, elle retrouve doucement le contrôle de son corps. Lui, faire confiance ? Lui qui de toute évidence n’a eu aucun remords à la violenter, à l’effrayer pour ne pas qu’elle parle, lui il tente l’humour mais le visage souriant de Riley se ferme. Alors, ce n’est qu’une blague pour lui ? Il s’amuse à voler les gens, à les effrayer et puis voilà ? C’est juste drôle. Il lui dit sincèrement de respirer, mais il cherche quoi au juste, il la dégoute. Il veut pas qu’elle fasse de malaise ? Réellement, comme si son état pouvait l’inquiéter. Elle croit que même si elle venait à tourner de l’œil, il en profiterait pour la revoler une nouvelle fois et il la laisserait crever la bouche ouverte. « Comme si ça te dérangerait… » qu’elle souffle. Elle n’a aucun respect pour ce genre de lascars de bas étage, comme si voler ça leur permettait d’accomplir un truc grand, n’importe quoi, à croire que c’est plus cool que de vivre aux crochets de la société. Riley croise ses bras sur sa poitrine, un simple geste de défense comme si ça pouvait la sauver, elle est naïve, mais ça la rassure. Il l’interroge sur son prénom, comme si son visage pouvait hanter ses jours ou ses nuits, la blague, elle se doute bien qu’elle n’est qu’un nom supplémentaire sur une longue liste. Peut-être l’un de ses rares loupés. Elle veut pas trop savoir, elle retient juste que loupé ou pas il lui a tout pris alors… « T’as mes papiers non ? Tu devrais le savoir. » D’ailleurs, elle aimerait bien récupérer sa carte d’identité, ou son ancien portable, il y a des choses qu’elle aimerait bien retrouver, ça semble normal. « Si tu as ma carte d’identité, juste, j’aimerais bien la récupérer. Disons que c’est assez embêtant les démarches administratives…» et pourquoi elle lui parle même, elle devrait se barrer de là, partir en courant, rentrer chez elle et s’enfermer, appeler Ace, encore, pour un dire qu’elle a recroisé ce mec et juste pour lui dire qu’elle va bien mais qu’elle besoin d’être rassurée. Pourquoi, elle lui répond, pourquoi elle parle ? Simplement car elle n’arrive pas à bouger ses jambes de place, pas encore.

C’est la merde qu’il dit les formulaires administratifs, l’ironie de la situation lui arrache un rire mauvais. La merde qu’il dit hein, elle n’y serait pas s’il ne s’en était pas pris à elle. Dans le fond, elle s’en fou de son portable, de l’argent qu’il a pu lui prendre. C’est vrai quoi, Riley n’est pas très matérialiste, ça la fait juste royalement chier, elle aurait bien aimé s’en sortir sans dégâts physique et psychologique, il n’y a rien de très plaisant à avoir une marque bleue sur le bras, ça lui rappelle de mauvais souvenir, ça fait renaître la peur. Il dit qu’il a sa carte d’identité, bon un point pour elle, reste à savoir s’il va consentir à lui rendre et déjà là, Riley sent l’entourloupe se profiler au loin. Déjà, il ne l’a pas sur lui, le contraire l’aurait étonné, mais sûrement pas autant que la suite, il veut faire un échange. Non, hors de question qu’elle lui donne quoi que ce soit pour une pièce d’identité. Et là, surprise, il veut aller boire un verre. Ses bras se décroisent et se retrouvent à pendre le long de son corps. Il veut boire un verre avec elle, pour une carte d’identité ? Il se moque d’elle là, il y a une caméra cachée, il se fou de sa gueule c’est pas possible. Vraiment, il veut la traîner dans un bar ? Mais qu’est-ce qu’il cherche au juste ? Voir au combien elle est désespérée ou prendre l’ascendant sur elle ou peut-être qu’il veut juste s’afficher une jolie fille à son bras, parce que Riley est jolie. « Qu’est-ce qui me prouve que de un tu l’as encore et que de deux tu vas vraiment me la rendre ? » Il faut pas qu’il lui en veuille, mais c’est difficile de lui faire confiance avec leur passé. « C’est ridicule, je connais même pas ton prénom. » Ça serait la moindre des choses que d’avoir un prénom pour habiller ce visage. Riley, c’est pas une nana qui piège, elle veut son prénom pas pure curiosité et non comme une arme quelconque contre lui. « Tu manques pas d’air comme mec toi. Tu me dépouilles de mes affaires, t’essayes de me faire peur pour que je me taise et maintenant tu veux me rendre ma carte d’identité si j’accepte un verre en ta compagnie. » Aucune gêne ce type. Du haut de son mètre cinquante-six, elle le jauge un sourcil arqué. « En plus, je veux pas que tu te fasses de film, j’ai un copain. » Il manquerait plus qu’il pense avoir une touche avec elle. Rien que l’idée peut faire sourire Riley, c’est pas comme si elle craignait de souffrir d’un quelconque syndrome à cause de ce mec-là. « Je vais pas te suivre de bonne foi, je veux une preuve que je peux récupérer ma carte, un lieu avec du monde, et il est hors de question que tu t’approches de moi ou de mon sac. Et je ne bois pas d’alcool. » Ace s’arracherait les cheveux s’il apprenait qu’elle vient à demi-mot accepter de suivre son ravisseur, mais Riley est gentille et naïve et n’a vraiment pas envie de se taper les démarches administratives, de répondre milles fois aux mêmes questions et de se trimballer bureau en bureau.

Il pourrait lui donner n’importe quel prénom, que de toute manière elle est obligée de le croire, elle espère qu’il n’ira pas jusque la duper avec un prénom. Juste un prénom, ça ne l’aidera à rien. Il dit s’appeler Max, alors elle le croit avec sa bonne volonté, et dès lors il sera Max dans sa tête. Franchement, Riley ne sait pas pourquoi elle lui parle encore, vraiment elle le trouve agaçant, un brin arrogant même quand il tente l’humour mais elle veut vraiment récupérer ses papiers. Elle en a besoin pour un tas de choses et les démarches administratives sont trop longues et puis elle n’aime pas savoir sa carte d’identité entre les mains d’un inconnu, on sait jamais qui peut tomber dessus et ce qu’on peut faire de tous ces renseignements. Alors, elle accepte à demi-mot la proposition de boire un verre, disons qu’elle impose quelques conditions, qu’elle précise qu’elle n’est intéressée que pour ses papiers et que de toute manière elle est déjà prise. Elle sait pas trop ce que lui il cherche quand il demande si son copain est au courant être en couple avec elle. « Je pense qu’il était plutôt au courant ce matin avant d’aller travailler. » Elle est obligée de répondre, il l’a piqué un peu et donc elle se doit de répondre avec un ton tout aussi hautain que le sien, si sa voix est amusée, Riley le trouve hautain et elle a horreur des gens qui se pensent supérieur. Finalement, il donne le lieu de rendez-vous, l’heure et les précautions que lui veut qu’elle prenne, soit venir seule sans l’ombre d’Ace à proximité. Elle lève les yeux au ciel. Il est flippant un peu, parce qu’il est sérieux et qu’elle n’est pas bien rassurée à l’idée de se retrouver seule avec lui. « Pourquoi t’as peur qu’il te fracasse ? Parce que clairement il pourrait. Mais oui, je viendrais seule. » Puis sans attendre plus longtemps, elle a fait demi-tour, le cœur palpitant dans sa poitrine.

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Le fameux lundi est arrivé vite, plus vite qu’elle ne l’aurait pensé et ce n’est pas sans une angoisse certaine qu’elle s’était rendue sur le lieu de rendez-vous. Elle avait prévenu Ace qu’elle sortait sans préciser où ni même avec qui, elle avait juste dit sortir et il n’avait rien demandé de plus pour le plus grand des soulagements. Elle n’avait fait aucun effort, ses cheveux relevés en une vulgaire couette, un tee shirt trop grand et un short avec des baskets, elle n’avait rien pris de personnel non plus si ce n’est ce téléphone tout pourri qu’elle devait se trainer à défaut de s’en être racheté un nouveau. Vraiment elle n’a aucune envie d’y aller, c’est une nécessité, mais en tant que nana gentille, elle y va même avec un peu d’avance car le retard lui fait dresser les poils. Alors elle attend, les bras croisés devant la porte que ce fameux Max débarque et quand elle le reconnait au coin de rue, elle sourit même pas, il veut lui faire boire un verre, elle veut récupérer ses papiers et c’est tout. « Aller, plus vite c’est fait plus vite on sort respectivement de la vie de l’autre. » C’est elle qui ouvre la porte, lui indique de rentrer. « Parce que tu crois quand même pas que je vais passer devant toi. » On sait jamais jusqu’où son regard peut glisser si elle passait devant, même dans sa tenue plus confort qu’autre chose.

Riley ne sait pas vraiment pourquoi elle a dit oui à ce pseudo rendez-vous. Enfin si, elle sait pourquoi, pour récupérer ses papiers d’identité, mais ce qu’elle ignore encore c’est pourquoi elle s’est vraiment pointée, pourquoi elle a accepté de venir non accompagné. Elle essaye de se rassurer en se disant que c’est en affrontant ses peurs qu’elles finissent par disparaître. Comme lors d’une prise d’otage, elle avait lu qu’il faut parler avec la personne, dire son nom, son prénom, des choses personnelles pour se rendre plus humaine, c’est gagner du temps aussi. Riley exige à ce qu’il passe devant, et il lui rétorque que c’est uniquement pour regarder ses fesses, elle lève les yeux au ciel. Il ne manque pas de confiance en lui. Riley aurait bien aimé lui répondre qu’elle n’a pas besoin de ça, qu’elle a ce qu’il faut à la maison mais cet individu ne mérite même pas qu’elle s’attarde sur cette remarque trop longtemps. Dans un coin, elle s’installe en face de lui et se colle contre la vitre. Elle regarde à l’extérieur quelques secondes en restant silencieuse, c’est donc lui qui reprend l’initiative de la conversation. Déclarant qu’il est surpris de la voir belle et bien présente. C’est vrai, elle aurait pu se défiler mais elle a un minimum de conscience quand même. Sans doute trop. Elle ne porte aucun intérêt à sa personne jusqu’à ce qu’il dise que, peut-être, elle serait tombée sous son charme. Riley sait bien qu’il dit ça pour plaisanter mais c’est un peu la phrase qui fait tilt. Elle n’aime pas ce genre de réflexion, elle trouve ça un peu déplacé de sa part. C’est vrai qu’elle est venue, c’est vrai que si on se base uniquement sur le physique et en toute objectivité, il n’est pas repoussant. Mais, c’est une mauvaise personne et Riley sait très bien ce que c’est que de traîner avec les mauvaises personnes. Puis maintenant, elle a Ace dans sa vie, alors clairement, elle n’a pas très envie de nourrir une sorte de syndrome de Stockholm. C’est là qu’elle quitte du regard l’extérieur pour le porter sur l’homme assis en face d’elle. « Premièrement, je suis pas connue pour être comme toute les filles. Deuxièmement, je suis vraiment heureuse avec mon copain, et les pseudos délinquants c’est pas vraiment ma tasse de thé. Troisièmement, je veux récupérer mes papiers, c’est tout. J’en ai besoin, j’ai pas envie de remplir un dossier qui passera de bureau en bureau, avec toujours un truc qui manque. Une photo pas aux normes, une signature oubliée. » C’est l’enfer la paperasse et elle peut l’éviter en accordant quelques minutes de son temps à cet homme qui semble ne pas avoir beaucoup de valeurs. C’est vrai quoi… voler une femme comme Riley, la violenter, l’inviter à boire un verre contre ses pièces d’identité, ce n’est pas vraiment le summum de la galanterie.

Une serveuse débarque pour prendre leur commande, il prend une bière, s’arrête ne sachant pas quoi demander pour Riley. Ça la fait sourire, de toute manière elle déteste qu’on commande à sa place, c’est par principe, elle aime avoir le choix. Elle reste classique, elle demande un coca, c’est simple et elle s’est interdit toute goutte d’alcool. Elle veut rester consciente de ses actes, de ses paroles. La serveuse repart aussi vite qu’elle est arrivée. « Franchement, je veux juste mes papiers, je bois mon coca et je me tire, clairement, j’ai rien à te dire. » C’est vrai qu’elle ne veut pas lui parler, pour lui dire quoi ? Elle n’a aucune envie de tisser un lien quelconque avec lui. Riley essaye de virer toutes les personnes négatives de sa vie, il en fait partie. Il ne lui a rien apporté de bon. Il lui a fait mal, il l’a angoissé et il la fait chanter un peu aussi.

Riley n’a juste aucune envie d’être là en ce jour. C’est son estomac qui s’est retourné toute la journée, c’est l’angoisse d’être un peu trop naïve, le besoin aussi de retrouver ses papiers, de se prouver aussi à elle-même qu’elle est capable de gérer ses problèmes seule. C’est con de vouloir se prouver ce genre de choses, c’est même stupide et totalement inconscient. Quoi qu’il en soit, son interlocuteur à l’air de perdre patience, il pointe même du doigt qu’elle ne fait pas le moindre effort et que dans cette situation, c’est elle qui a besoin de lui. Elle souffle, c’est qu’il ne manque pas de culot. À quoi il s’attendait ? Sérieusement, Riley n’allait pas faire d’effort sur sa tenue, ni même tenir une conversation. Elle n’a aucune envie d’être là, il n’a pas l’air de comprendre. C’est d’ailleurs ironique que ce soit lui qui perde patience dans cette situation. Il reconnait qu’ils sont partis du mauvais pied tous deux et qu’en réalité, c’est un homme tout à faire charmant. Riley doit réunir tout la bonne volonté dont elle peut faire preuve à cet exact moment pour ne pas exploser de rire. Se rend-il seulement compte de ce qu’il a fait ? Du traumatisme qu’il peut créer chez une personne en lui volant seulement ses affaires et en la menaçant, en l’agressant aussi bien physiquement que mentalement. Il ose après ça, prétendre à être un mec adorable. Il y a bien une chose que Riley a remarqué ce jour-là, c’est bien qu’il avait l’habitude de voler de la sorte. En guise de bonne foi il lui rend son téléphone, elle pensait qu’il l’avait revend. Elle arque un sourcil, il en faut plus pour l’amadouer, mais elle attend tout de même qu’il lui permette de récupérer l’objet en question, il affirme qu’il n’y a rien dedans, pas de mauvaise blague. Pour le coup, elle veut bien le croire, disons qu’il n’y a aucun intérêt pour l’homme assis en face d’elle d’y insérer des dossiers compromettant. « Merci. » qu’elle vient difficilement à lâcher, c’est plus par politesse qu’autre chose. Ce téléphone, elle a bossé pour pouvoir se l’acheter et pour le coup il ne faisait pas partie du deal qu’ils ont mis en place. Elle le range dans sa poche et croise les bras par la suite. « Tu t’attendais à quoi ? Que j’allais être contente d’être là ? Que j’allais être souriante et que j’allais mener une conversation normale ? C’est du foutage de gueule. » Clairement, elle n’a pas d’autres mots. « Tu as pris des choses auxquelles je tiens et en plus de ça tu m’as menacé et j’ai eu des bleus sur le bras, à cause de toi. » Il faut pas inverser les rôles. Riley, c’est une éternelle gentille, c’est quelque chose qu’elle a en tête constamment. Sa venue prouve ça, ce trait de caractère qui la définit, c’est rendre son agression plus réelle, rendre l’agresseur plus humain, car elle ne peut pas totalement le déshumanisé. « Je trouve juste qu’il n’y a rien de charmant ou d’adorable à ça. » Dans le fond, elle veut juste comprendre, pourquoi elle, pourquoi faire ça ? Prendre ce risque inutile de tomber sur une personne plus maline et plus forte qui peut réduire le vol à un aller simple à l’hôpital. Un besoin d’adrénaline ? Il y a d’autres solutions pour faire monter son cœur dans les tours. Il ne peut même pas se cacher en disant que Riley est hautaine ou qu’elle a les moyens parce que ce n’est pas le cas. Elle n’est pas dans le besoin, mais… ce qu’elle a, elle a bossé pour. « Je ne comprends pas, ça me dépasse. Et honnêtement je trouve ça minable. » Ce n’est pas un reproche, il veut qu’elle se montre plus agréable, elle lui expose juste son point de vue.

Riley ne comprend pas qu’on puisse délibéremment faire du mal à une personne. Ca la dépasse totalement. Toute sa vie on lui a appris à être gentille, compatissante et serviable. Elle aime aider les gens, ne supporte pas les problèmes et pour avoir vécu la violence quotidienne, effectivement, elle ne comprend pas. Il lui dit que c’est parce qu’ils n’ont pas la même vie, mais elle trouve cette excuse totalement ridicule. Rien ne justifie la violence gratuite. Il lui accorde le point du fait que c’est minable. Bien sûr qu’elle a raison, qui oserait dire le contraire, elle a un air fier sur le visage, au moins il reconnait son tort. Il s’excuse, elle ne l’aurait pas cru l’entendre un jour, sans doute qu’elle avait besoin de ça, d’entendre qu’il était désolé, même si ça ne retire rien au fait qu’il l’a violenté, elle a besoin d’entendre que les gens peuvent être bon, qu’on est pas foncièrement mauvais. Il devient plus sérieux, il n’a jamais été sérieux avec elle, sauf peut-être la fois où il l’a menacé. Le peu que Riley avait échangé avec lui n’avait été que des blagues déplacées et un comportement inapproprié. Elle veut bien entendre qu’il n’aime pas faire du mal aux femmes mais le fait est qu’il ne devrait faire du mal à personne, pas seulement à elle parce que la vie à fait d’elle une femme. Rien ne justifie ce qu’il a fait, elle peut seulement prendre ses excuses en hochant la tête. Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, il avoue qu’il n’a aucune excuse, qu’il s’en cherche pas particulièrement non plus, il s’excuse c’est tout. Riley est étonnée, d’autant plus quand il avoue avoir culpabilisé par la suite. « Je m’en fou pas. Je prends tes excuses comme elles viennent. » C’est important de s’excuser, d’accepter de reconnaître qu’on a tort, de ranger cette fiche fierté. C’est tout aussi important d’accepter les excuses des autres, ça ne veut pas forcément dire pardonner, c’est juste passer outre, accepter l’erreur sans oublier les dommages. Elle voudrait lui dire que l’erreur est humaine, vraiment elle le pense, mais c’est trop tôt, trop douloureux pour l’admettre à lui. Riley va simplement cesser de lui en vouloir et peut-être même ne plus se liquéfier si jamais elle le recroise dans le quartier. Enfin, il lui révèle une autre supercherie, celle de son prénom. Il s’appelle Joe. Il le lui dit comme s’il lui devait, comme s’il voulait repartir sur une base plus saine. Pour le coup, ça la fait sourire. Joe, il est même allé jusqu’à mentir sur son prénom pour se couvrir, ça l’impressionne, elle qui ne sait rien cacher. Elle trouve ça bête de mentir sur un prénom, c’est stupide même, qu’est-ce qu’il pouvait bien craindre en lui révélant son prénom comme étant Joe. Enfin, il sort sa carte d’identité, la faisant glisser sur la table. Riley la récupère pour la mettre dans sa poche, maintenant elle peut partir, c’est lui qui le décide, lui qui l’autorise. Elle ne va pas se faire prier, elle n’oublie pas ce qu’il a fait. Alors, elle se lève, commence à partir avant de se retourner. « Hey Joe… la prochaine fois… ça sera peut-être pas une fille comme moi. Certaines filles dans ce monde peuvent te mettre une racler. Sache-le. » Comme un conseil, voler et user de la violence ne sert à rien. Un dernier signe de main, parce qu’elle est polie et elle quitte le bar.