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 Where do we belong || Thomas

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MessageSujet: Where do we belong || Thomas   Where do we belong || Thomas EmptyVen 19 Aoû - 17:35


THOMAS&IVY - Numbers they are new, but it's all the same, running from yourself, it will never change


Parfois elle s’imagine dans une autre vie. C’est comme un jeu, quand l’alcool commence à anesthésier sa bouche, son cœur. Elle se voit dans une jolie maison, petite robe florale et alliance au bout du doigts, deux gamins, un mari, elle a 30 ans. Elle est heureuse. Parce que y a de l’amour qui déborde de cette image, de ce foutu tableau. Parce qu’elle est à sa place, parce qu’elle a pas foiré sa vie, parce qu’elle a pas foutu en l’air son corps.
Parce qu’aujourd’hui le médecin lui a dit. Ptêtre qu’elle ne pourra jamais avoir de gosses. Si elle continue de refuser de s’alimenter, de détruire petit à petit les réserves de sa vie. Elle est trop mince, beaucoup trop mince. Mais c’est comme ça qu’on les aime pas vrai ? Les mannequins. Squelettiques avec des pommettes coupantes et les hanches saillantes. Parce il n’y a pas de beauté dans la graisse et les bourrelets. Y a sa voix à elle, le foutu démon, qui la hante à chaque bouchée qu’elle prend, la faisant culpabiliser. La terrorisant. Et même à des milliers de kilomètres de sa mère, Ivy préfère sacrifier sa descendance et sa santé plutôt que d’affronter cette règle.

Mais quand on a 21 ans, on est censé s’en foutre des enfants, on est censé aimer beaucoup trop fort et faire la fête, on est censé croquer cette foutue à pleine dent, le sourire aux lèvres. Quand on a 21 ans on est censé réfléchir à notre métier sur les bancs de l’école, même si c’est secondaire, on est censé quitter nos parents, s’envoler. On n’est pas censé s’attacher. On n’est pas censé pleurer sur le passé. Tout ça on le fera plus tard. Quand on sera posé. Quand on aura 30 ans. Mais pas avant.

Elle est qu’une gamine Ivy, une toute petite enfant balancée dans un monde de grand. L’Amérique, Savannah. Elle n’a plus sa mère Ivy. Elle n’a pas son père non plus. Elle a que Meo, l’handicapé au cœur atrophié. Qui refuse de l’aider, qui refuse de l’aimer. Pourtant c’est lui qui l’a entrainé là-dedans, y a deux ans, tout juste majeur en Allemagne, encore enfant selon les lois de ce pays. Elle aimerait qu’il la prenne dans ses bras, qu’il lui dise que ça va aller, qu’ils vont s’en sortir, qu’ils finiront par se marier, former leur parfaite petite famille comme elle l’a imaginé.
Si seulement.
Mais y a personne pour l’attendre, personne pour la prendre dans ses bras et la consoler. Personne puis l’embrasser et lui donner l’amour dont elle a besoin. Y a juste la nuit qui tombe et les putains de néons qui s’allument. Y a juste sa foutue solitude, sa foutue tristesse. Et ce manque grandissant dans son corps. Dans son être. Elle a besoin de chaleur, de baiser sur sa peau, de se sentir aimé, désiré. Et ce n’est pas cet empaffé d’oiseau qui pourra la satisfaire.
Elle ne réfléchit pas à deux fois Ivy, face à sa porte elle tourne les talons pour se diriger vers son bar préféré. Ce soir elle a besoin de boire. Elle a besoin d’oublier. Elle a besoin de partir avec quelqu’un, de se faire draguer même si c’est pathétique, même si c’est dégradant. Elle a juste besoin. Sinon elle va finir par étouffer. Par en crever. Dans sa solitude.
Elle s’est même pas fait belle ce soir, elle est juste elle-même avec ses cheveux bicolores encadrant son visage de poupée et ses lèvres teintées en rouge délavé. Elle fait plus jeune sans ses couches de maquillage, plus fatiguée. Plus désespérée. Ce soir elle est pas Dolly, elle est pas une foutue poupée. Elle est juste Ivy et son cœur en charpie, Ivy et ses sentiments piétinés.

Elle s’installe au bar, à sa place habituelle. Sauf qu’aujourd’hui y a pas Max à ses côtés. Y a quelqu’un d’autre. Un homme. C’est pas vraiment interessant.
Et elle commande à boire, un whisky coca : la chaleur de la première gorgée lui donne presque envie de pleurer. Alors elle en avale une deuxième pour se donner du courage. Pour se consoler. Le sucre tapisse sa langue, sa bouche, comme un goût interdit. Et elle rigole doucement.
Il est encore tôt, tout juste l’heure pour justifier la boisson. Ivy finit son verre et en commande un deuxième. Ça va vite avec elle, on dirait pas comme ça mais elle est entrainée, faut réfléchir à deux fois avant de la défier dans un concours de beuverie, elle pourrait vous exploser. Les glaçons n’ont pas vraiment le temps de fondre et elle les fait rouler entre ses dents avant de les croquer. C’est froid. Ça fait mal. C’est bon.
Ivy calme un peu le rythme à son troisième verre, prenant le temps d’embrasser la salle du regard, ils sont pathétiques. Peut-être même plus qu’elle au final. Puis son regard se pose à nouveau sur son voisin. Brun, grand, musclé. Plus âgé. Mais c’est pas ça qui la fait s’arrêter. Elle a l’habitude des « vioques » comme elle s’amuse à les appeler. Y en a toujours eu dans sa vie, et dernièrement y a Jed, avec son costume et ses yeux brulants. Jed et ses mains qui refusent de se poser, d’assumer ses désirs parce qu’il sait que c’est mauvais. Non. Son voisin c’est différent. Il dégage quelque chose d’impressionnant, de puissant, d’intimidant. Et Ivy a se prend à l’imaginer contre elle. Parce qu’il est différent, de Meo, de Junior et de tous ces gars qui s’enchainent.
Alors Ivy se tourne complètement vers lui, sourire charmant sur les lèvres. Parce que c’est ce qu’elle est, charmante. Et que même sans maquillage, avec un jean et des baskets, elle n’est pas dégueulasse Ivy. Et elle le sait. Un avantage d’être une star, c’est qu’on sait qu’on a un peu de talent, quelque part.
« Première fois dans ce bar ? Je m’en serais souvenue si je t’avais déjà vu là.» Wow. Bravo Ivy. Super sexy comme approche. Mais faut dire qu’après trois verres, elle a un peu oublié sa répartie. Alors elle se contente de jouer avec sa paille, pour feindre un peu de gêne. Un peu d’innocence.
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MessageSujet: Re: Where do we belong || Thomas   Where do we belong || Thomas EmptyDim 28 Aoû - 20:15




Il fait chaud. Terriblement chaud. Tu avances, le visage couvert pour espérer contrer le souffle de cette brise qui porte dans son sillon le sable des dunes pas si lointaines. C’est calme. Presque un peu trop calme pour être normal. La ville a été quasiment complètement désertée, les ruines encore fumantes témoignent de la violence qui s’est nichée dans ces rues et qui ne semble plus vouloir s’en aller; dans ce qui était autrefois un havre où la vie battait son plein, mélangeant langues et cultures, croyances et coutumes. De temps à autres, des cris brisent ce silence, et ils déchirent l’obscurité de la nuit tombante, ou bien l’aube prisonnière de la fumée. Des cris que tu ne cesses d’entendre, qui t’ont accaparés, la douleur que tu as lu sur ces visages et qui s’est imprimée dans ton esprit, mieux que n’importe quelle photo sur laquelle tu as pu poser les yeux.
Tu ne peux imaginer ce qu’a pu être la vie avant, et tu n’as pas besoin de te la représenter pour comprendre à quel point l’anéantissement est total.
Complètement réveillé, allongé dans ce canapé, tu regardes le plafond, te faisant tant bien que mal à l’idée d’être rentré. Tes pensées vagabondent encore dans ces ruines, dans cette désolation dont tu ne peux plus te défaire. Dehors, la lumière du jour commence à percer, vierge et pure. Tu te redresses, tu sais que tu ne pourras pas te rendormir, même s’il est encore tôt, même si la plupart des gens dorment encore, même si tu devrais aussi. Tu voudrais aussi. L’appartement est calme. Zoé est déjà partie travailler. Ou bien elle n’est pas encore rentrée, tu ne sais plus.
Elle t’avait fait faire le tour du propriétaire dans ce petit appartement, et vous vous étiez mis d’accord : tu allais loger là de façon provisoire, le temps de trouver quelque chose à toi. Tu te lèves et, fidèle à tes habitudes, tu décides d’aller courir, au moins, tu profiteras de cette tranquillité du petit matin, l’absence de bruit lorsque le bourdonnement du quotidien n’a pas encore pris d’assaut les rues de la ville.



En rentrant, tu avais rangé un peu, démarré une machine, mais tu avais vite commencé à te sentir à l’étroit et le silence s’était fait pesant. Pourtant, une fois dehors, tu n’avais plus su où aller, comme si tu étais cet animal aux abois dans un environnement qui ne lui est pas familier. Or c’est Savannah. C’est ta ville de naissance, là où tu as grandis et où tu te sens maintenant comme un étranger. Tu as erré, cherchant à te réapproprier cette ville que tu connaissais comme ta poche, et tu n’as pas vu le temps passer. Tu as parcouru des kilomètres dans la ville de ton enfance, tu as regardé les gens, absorbés par leur vie, par leurs préoccupations, ces soucis de la vie quotidienne que tu avais toi aussi, avant. Les enfants, dans le parc, jouaient avec insouciance, sous les regards des nounous ou des parents suffisamment dévoués pour rester à la maison et mettre leurs carrières en attente. Les rires, les conversations qui s’empilaient, tout te semblait presque surréaliste, presque obscène en fait, dans cet environnement protégé, loin des maux qui secouent le monde, loin de la mort et de la destruction.

Installé au comptoir, ta bière posée devant toi, tu laisses la musique ambiante t’anesthésier, comme si elle allait pouvoir, par miracle, te libérer de cette pesanteur que tu traînes avec toi depuis ton retour. Ici aussi, la vie bat son plein, la joie et la bonne humeur sont reines, mais tu as l’impression de les observer à travers une vitre sans teint, de ne pas pouvoir y prendre part. – Première fois dans ce bar ? Je m’en serais souvenue si je t’avais déjà vu là. C’est à toi que s’adresse cette voix féminine légèrement amplifiée à cause de la musique, tu imagines, mais que tu ne semblais pas avoir entendue immédiatement. Elle te tire de tes pensées et tu poses ton regard sur la jeune femme à qui elle appartient. Tu souris avec cet air un peu amusé un peu désabusé. – En quelque sorte… Réponds-tu. – Première fois depuis longtemps oui. Parce qu’au fond c’est vrai, tu redécouvres cet endroit qui t’es vaguement familier.

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MessageSujet: Re: Where do we belong || Thomas   Where do we belong || Thomas EmptyVen 9 Sep - 14:30


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Il lui sourit. Bingo. C’est un bon point pas vrai ? S’il sourit à sa remarque ? S’il l’envoit pas bouler. Elle aime les sourires Ivy, surtout ceux qu’on lui offre, ça lui met du baume au cœur, elle se sent tout de suite plus appréciée. Même les sourires factices, elle les prend, elle les met contre son cœur et elle les emporte avec l’hiver pour se réchauffer. On va pas cracher dessus. En quelque sorte… En quelque sorte ? Ivy hausse les sourcils. Comment ça, en quelque sorte. On est nouveau ou on l’est pas, c’est pas si compliqué que ça pas vrai ? Elle avale une nouvelle gorgée de son verre, pendant que l’homme reprend. Première fois depuis longtemps oui Ah. Ceci explique cela. Elle lui offre un sourire amusé par-dessus son verre, replaçant quelques mèches derrières son oreille, joueuse, entament les premiers pas d’une danse qu’elle connait si bien. « Oh… Je vois, j’aurais pas pu te croiser avant alors, je suis nouvelle en ville. » Légère pause. Elle rigole doucement. « Enfin, ça fait presque 2 ans que je suis là mais… On va dire que je fréquente ce bar depuis quelques mois seulement. » Et c’était vrai. Ivy changeait de bar environs tous les 4 mois, ça lui laissait le temps de faire le tour de la question, de se forger sa petite réputation et de filer en douce quand les choses devenaient trop compliquées. Faut dire qu’Ivy avait tendance à repartir avec le premier venu et changeait d’amant comme de culotte, c’est-à-dire tous les jours. Du coup ça créait forcément des tensions entre les usagers du bar en question et quand les choses devenaient trop insupportables, hop hop hop elle se carapatait et passait à autre chose. Autre chose comme ce gars qui se trouvait devant elle, au regard trop doux et au sourire douloureux. « Je peux t’offrir quelque chose ? Whisky ? Bière ? Vin ? Quoi que leurs vins ici sont un peu trop aqueux… j’éviterais si j’étais toi. » Et Ivy propose ça en toute simplicité. Au diable les préjugés, si elle a envie d’offrir à boire à un gars, pourquoi pas ? Après tout on est bien au 21eme siècle et les choses changent, une femme a le droit de prendre les devants et n’a plus besoin d’attendre en dépérissant de son côté du comptoir. Et puis Ivy est le genre de fille qui va droit au but, qui minaude pas pendant des plombes, qui bat pas des cils pour attendrir. Non. Elle a pas besoin de ça, elle sait. Elle plante tout simplement son regard dans celui de sa cible et elle ne la quitte plus, jusqu’à ce qu’elle obtienne ce qu’elle veut. Et elle recommence tous les soirs où ça va pas, les soirs comme aujourd’hui où elle sait que la simple vue de Meo la fera pleurer, la fera horriblement souffrir. Parce que Meo ne comprend pas, Meo ne sait pas. Il se contente juste de lui cracher des trucs acides au visage pour la faire encore plus souffrir. Il lui hurle qu’il ne l’aime pas, qu’il ne l’aime plus. Pourtant il voit rouge quand il apprend qu’elle a fait des folies avec quelqu’un d’autre que lui. C’est ça leur petit jeu amoureux, un jeu qui les blesses sans cesse, encore et encore, sans aucune pitié. Mais avec beaucoup trop de passion.
Ivy secoue la tête pour chasser ses idées et porte son verre à ses lèvres. C’est devenu mécanique, un geste qu’elle fait plus par reflexe que par envie. Elle ne se considère pas comme alcoolique, non. Pas comme Max qui passe sa journée dans le flou, qui enchaine la bière à 10h pour calmer le mal de crâne dû à la beuverie de la veille. Non. Ivy aime boire le soir, pour oublier, mélanger cachets et alcool, anesthésier sa vie, ses sentiments. C’est bien plus simple comme ça.
« Au fait moi c’est Ivy. Et toi monsieur mystère ? » Elle tend sa petite main pour que son interlocuteur la serre. Et soudain face à lui elle se sent toute petite. Un peu comme une enfant face à un adulte trop grand. Et au fond c’est surement le cas. Car il doit avoir quel âge ? Un peu plus de 30 ans ? Quelque chose comme ça, surement. Mais qu’importe, il en faut bien plus pour la dissuader. Bien plus la faire reculer. Y a qu’a voir comment elle aguiche Jedediah la plupart du temps alors qu’il pourrait être son père. Non, vraiment, Ivy n’a plus de limites depuis longtemps. Elle espère juste que l’homme en face d’elle ne retirera pas sa main, qu’il ne se lèvera pas et qu’il ne partira pas. Parce que ce soir, elle a désespérément besoin de compagnie.

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