"Tu reviendras vite hein ?" Tu t'arrêtes dans la hall de l'immeuble, te tournant vers cette jeune femme, plus petite que toi, à la chevelure brune et aux yeux marrons. Remettant en place le col de ton uniforme, tu la regardes. "Je reviendrais avant même que tu ne te rendes compte que j'suis partis." Elle sourit, et qu'est-ce que tu aimes voir son sourire. " Tu prends bien soin de toi Anca, d'accord ? Sinon, je reviens d'Afghanistan exprès pour te botter les fesses." Et voilà son rire, son beau petit rire. Enlevant ta casquette, tu la prends dans tes bras. "Oublies jamais que t'es comme une sœur pour moi." Tu prononces ces mots en chuchotant doucement dans son oreille. Tu déposas ensuite un baiser sur sa joue et lui offrit un dernier sourire avant de lui faire un salue militaire et de ramasser ton sac. Te dirigeant vers la sortie, tu ouvris cette grande porte, laissant les rayons du soleil éclairer ton visage. Jetant un dernier regard à ton amie, tu sortis de cette immeuble, partant te battre pour ton pays.




Deux semaines... Deux semaines, coincé dans ce petit village après une embuscade après que les échanges de coups de feu ne détruisent les moyens de communications. Logé dans une petite maison habitée par une mère avec son fils, tu avais ta propre chambre. Cette petite famille était gentille avec toi. Tu t'entendais très bien avec le jeune garçon âgé de neuf ans, Salim. Tu sortais de temps à autre jouer au ballon avec lui lorsque tu n'étais pas occupé à parler et prévoir certaines choses avec tes frères d'armes. Mais bien souvent, le soir, tu restais éveillé. Tu regardais ces deux photos, ces photos que tu as toujours avec toi. Une photo de tes parents. On pouvait y voir ton père, avec ses cheveux bruns et ses yeux verts. Ton père, mort lorsque tu étais encore qu'un adolescent, mort pour son pays, pour sa patrie. Et dans ses bras, il y avait ta mère, avec sa chevelure blonde, ses yeux bleus et ce sourire qui illuminait son visage. Et l'autre photo, tu y es dessus, souriant avant ta bien aimée assise sur tes jambes, cette belle blonde aux yeux bleus... Ces photo, qu'est-ce que tu y tiens. Tes mains sales, couvertes de poussière, tenaient ces photo tout les soirs, tout simplement parce qu'a fond, voir ces deux photos te donnait le courage de continuer.






Quatre mois. Coincé dans ce village depuis quatre mois. Ceux qui te connaissent seraient surpris de te voir en ce moment même. De longues mèches brunes, une fine barbe, aucuns de tes proches ne t'on vu avec des cheveux longs et une barbe, aucuns. Comme as ton habitude, tu jouais au ballon avec le jeune Salim, en plein milieu de l'après-midi. Trois de tes collègues parlaient entre eux. Aucuns ne sachant parler arabe, ils ne se mélangeaient pas vraiment aux habitants. Le jeune garçon venait de te faire une passe quand des coups de feu se firent entendre. Tu arrêtas le ballon avec ton pied et tourna ta tête vers l'entrée du village. Et quelques secondes après, tu vis tes deux frères d'armes qui étaient partis en éclaireurs. "AMBUSCADE !" En entendant ce mot, tu te précipitas vers la petite table où était posé ton arme. Te mettant ensuite en face du petit Salim, tu le regardas dans les yeux. "Va te cacher avec ta mère, ne sortez pas et surtout, ne faites aucuns bruits." Tu prononces ces mots en arabe et lui tapotes l'épaule avec de courir te cacher derrière un muret. Et pendant dix minutes, des coups de feu résonnent dans l'enceinte du village. Pendant dix minutes, toi et tes frères d'armes repoussèrent les ennemis. Et quand le dernier coup de feu se fit entendre, tu te mis à courir vers la maison du petit Salim. En entrant, tu l’appelas. Aucun réponse. Tu crias une deuxième fois son prénom : aucune réponse. Puis, tu entendis un bruit venant de la cave. Prêt à tirer en cas de besoin, tu descendis les escaliers et une fois arrivé dans la cave, tu marchas prudemment. Tu remarquas alors une jambe dépassant d'un pilier, t'avançant, tu reconnus la mère du petit Salim. Et lorsque tes yeux se relevèrent, tu vis un taliban, tenant un couteau sous la gorge de l'enfant. Directement, tu le visas avec ton arme. Salim était en pleure, avec du sang coulant de son front, le regardant, tu décidas de lui adresser quelques mots. "Calme toi... Ne t'inquiètes pas." Encore une fois, tu parlas en arabe. Mais, dès que tu prononças ce dernier mot, tu vis le taliban sortir quelque chose de sa poche, et tu reconnus rapidement une grenade qu'il dégoupilla devant toi. Tu ne pu rien faire et sentis rapidement ton corps passer à travers un mur. Ta tête se cogna ensuite violemment au sol. Tes oreilles sifflaient, tu ne voyais que des pierres, tu sentais ton sang dégouliner le long de ta joue. Des débris pressaient ton torse, t'empêchant de respirer correctement. Tu ne voyais ensuite qu'une sorte de voile blanc, et la dernière chose que tu entendis avant que tes yeux en se ferment d'eux-même, c'est ton collègue, en train de crier ton nom en voyant d'autres débris tomber sur toi...





Poussière... Débris... Pierre... Métal... Sang... C'est autour de tout cela que tu ouvris tes yeux. Depuis combien de temps étais-tu là ? Tu ne sais pas. Qui es-tu ?... Tu ne sais pas. Où te trouves tu... Pas la peine de répondre à cette question... Puisque tu ne le sais pas non plus. De la peur, de l’incompréhension peuvent se lire dans tes yeux bleus, remplient de larmes. Regardant sur le côté, tu ne vois encore que des débris et des traces de sang. La seule chose que tu veux faire, sortir d'ici. Tu essais alors de dégager les débris se trouvant sur toi. Mais avec la fatigue, la douleur... Tu n'y arrives pas, tu essais, mais en vain. Un bras cassé ? Tu en as sûrement un, et pourtant, tu ne sens rien. Tu cris à l'aide, mais rien... Ta voix résonne dans le vide... Et c'est alors qu'en quelques minutes seulement, tes yeux se referment...






Aiden Charles Stewart, trente deux ans, ancien tireur d'élite et traducteur pour les Marines. Voilà les seules choses que tu sais sur toi. Après avoir passé plus d'un mois dans un hôpital à Atlanta, tu as été déposé à Savannah, la ville où tu es censé vivre. Et pourtant, les rues, les gens, tout t'ai inconnu. Une maison ? Tu en as sûrement. Mais où se trouve-t-elle ? Tu en as aucune idée. Des amis ? Tu en avais sûrement, mais qui sont-ils ? Tu n'en sais rien. Sans boulot, tu te retrouves dans les rues de cette ville, à enchaîner les petits boulots pour pouvoir te nourrir. Les gens, les voitures... Tu n'étais plus habitué à cela. Tu as une peur constante, peur d'entendre des coups de feu, peur de revoir du sang... Parce que la dernière chose dont tu te souviens, ce sont ces débris, ce petit garçon qui a explosé devant toi, cette poussière qui, pendant quatre, voir cinq jours, t'a recouvert le visage. Tes mains tremblent face à l'inconnu, et pourtant, tu dois vivre avec...