Invité ☽ ☾
| Sujet: have you been crying? (zoé) Lun 15 Aoû - 23:35 | |
| Something just flaked in your eyes, there's a crack in your gaze. like those broken days. ★ yodelice
Tu as les traits tirés, la fatigue se lit sur ton visage ; tu ne sais pas depuis combien de temps tu n’as pas réellement dormi, passé une bonne nuit de sommeil, complète, réparatrice. Tu ne sais pas trop quel pays vous survolez mais tu sais que dans quelques heures vous serez loin de la poussière et de la poudre, loin du chaos, loin de cet enfer. Il fait nuit, la cabine de cet aéronef s’est beaucoup rafraîchie et tu déplies ta couverture pour espérer passer la prochaine heure à dormir. A côté de toi, l’un de tes camarades que tu ramènes à la maison, parce qu’il a payé chèrement cet engagement qu’il a pris, comme toi, trois années plus tôt. Il semble paisible pour le moment, et tu te dis que c’est sûrement l’effet des antalgiques. Il ne dort pas, tu vois son regard qui s’est perdu quelque part dans l’espace réduit de votre navette. Il ne dit rien, mais son silence parle pour lui. Tu ne sais pas exactement à quoi il penses, tu essaies de deviner, et ce qui te traverse l’esprit n’est pas particulièrement réjouissant. Que ferais-tu à sa place ? Comment affronterais-tu les retrouvailles avec ceux qui sont restés à la maison et qui attendent impatiemment le retour ? Forcément, ils seront effondrés, ils souffriront, et c’est un cercle vicieux qui guette le guerrier. Tout d’un coup, tu te trouves bien chanceux. Toi, malgré tes tourments, tu rentres entier, tu rentres chez toi, en vie, debout. Lui non. Lui et tant d’autres qui se sont endormis, qui sont tombés et ne se relèveront pas…
Tu ne sais pas si tu as dormi, tu ne sais pas quelle heure il est, il fait jour dehors mais tu n’as pas regardé ta montre, enfouie dans ta poche de pantalon. La descente est amorcée, vous n’êtes plus très loin et tu penses à elle, à ta petite hirondelle. Zoé. Elle ne t’attend pas parce qu’elle croit que tu doit arriver la semaine suivante. A la descente de l’avion, tu tapotes l’épaule de ton ami, une tape que tu veux encourageante. – Bienvenue à la maison mon vieux. Lances-tu en essayant d’être le plus détaché possible, pour empêcher la tension de se faire trop palpable. L’infirmière qui a fait le trajet avec vous s’occupe de l’emmener vers le point de rencontre, toi tu prends son sac et tu marches à côté, les jambes un peu engourdies par le voyage. Tu vois ses parents qui ont fait le déplacement depuis Charleston dans l’Etat voisin, et bien sûr, sa dulcinée, qui essaie de masquer son désarroi. Tu salues le comité d’accueil, serre la main du père qui ne sait pas trop quoi dire. Tu comprends son silence, c’est un choc pour eux aussi.
Et puis il est temps de les laisser se retrouver en paix, tu as aussi quelqu’un à aller voir, et après avoir promis de prendre des nouvelles sous peu, tu grimpes dans le bus qui t’emmène en centre ville. Les autres passagers te regardent, ils ne comprennent pas vraiment ton retour prématuré, mais personne ne dit rien, les civils ont pris l’habitude de voir des soldats partir et revenir à un rythme qu’ils ne comprennent pas toujours, ça fait partie de leur routine aussi. Un vieux bonhomme derrière toi parle tout seul, marmonne en fait. Tu ne sais pas trop s’il te parle ou s’il est en plein monologue, tu ne cherches pas vraiment à savoir. Tu essaies de ne pas trop penser à Cobb, il y a Zoé que tu penses surprendre à l’hôpital où elle passe le plus clair de son temps. Tu reconnais les bâtiments, ce que tu rencontres sur la route, et puis bientôt, plus vite que tu l’aurais cru, l’hôpital qui se dessine. L’appréhension point, là, au creux de tes entrailles. Est-ce le malaise lié à la nature de l’endroit ? Tu ne sais pas trop mais tu te sens un peu nerveux. Et puis tu te demandes comment elle va réagir ; sera-t-elle émue ? Heureuse ? En colère ? Tu n’es plus sûr que la surprise était la meilleure idée et tu t’en veux un peu de n’avoir rien dit. Sans avoir le temps d’y penser, tu es déjà dans le hall, et tu entends l’activité bourdonnante autour de toi. Tu demandes à une femme que tu ne connais pas si Zoé Brady est dans le coin. – Vous êtes de la famille ? Demande-t-elle par automatisme. Tu réponds en hochant la tête et tu suis la direction qu’elle t’indique, le regard fixé sur un dossier médical. A gauche au bout du couloir. Tu entres dans la pièce et tu la vois. Elle est de dos. Une lueur de malice s’allume dans tes yeux et s’invite au coin de tes lèvres. – Nurse Brady ? Lances-tu sans préavis.
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