C'est une habitude de voir un oiseau voler, de voir un chien aboyé, comme ce l'est de voir une Damian planer. Ouais, à chaque fois qu'tu croises des personnes, t'es dans un délire. Un trip qui t'fait voir des licornes, qui fait apparaître des chèvres d'vant ton lit et qui t'font paniquer en plein milieu de la nuit. Sauf que pour une fois, t'es pas stone. Et oui, tu t'es levée ce matin sans avoir besoin d'un coup d'pouce de Cookie et Mari. En fait, t'as préféré les éviter. Parce que y'a des journées, comme ça, qu'vous êtes en chicane. Qu'vous vous parlez pas, et qu'vous vous retrouvez en soirée. Des soirées comme aujourd'hui que tu bosses. Parce que t'as beau être paumée, t'es pas taré au point d'arriver au boulot stone. Tu tiens à c'boulot, parce que c'est lui qui te loge, qui t'nourrit et qui t'fournit. T'endures même les remarques perverses de ton taré d'patron, parce que tu veux pas tout gâcher et t'retrouver dans la rue. Tu t'vois mal vivre entouré d'gens sans-abri, ou même d'en devenir une. Ton appartement est p't'être un trou, où ça sent plus la mari' qu'une bonne sauce à spaghetti mais tu t'en fiches. C'est probablement mieux qu'vivre sans toit.
T'es en train d'servir une table, ridiculement vêtue d'une jupe tube noire et d'une jolie chemise noire que t'as piquée à Barbra un jour, que ton patron vient te voir. Son sourire de con aux coins des lèvres, ses yeux qui t'dévorent à mesure qu'il s'approche de toi. Damian ! qu'il dit, et toi qui s'crispe, des assiettes plein les bras. Pas l'temps ! J'ai fini, j'me tire ! Tu devrais p't'être pas te montrer aussi impertinente. Après tout c'est grâce à lui qu't'as ce boulot. Ou plutôt en fait grâce à ton joli petit cul. Tu files en cuisine pour donner les assiettes au plongeur et tu t'dépêches à sortir par la porte d'en arrière pour pas recroiser ton patron.

Quand tu sors dehors, tu sens la fraîcheur du vent et la chaleur du soleil se mélanger pour donner cette température agréable, qui caresse ta peau assez pâle. Tu t'sens faible, t'as rien avalé depuis ce matin. Sauf que tu sais que c'est pas d'nourriture que t'as besoin. Dans ton cas c'est pas ça qui vient t'guérir, te remettre sur pieds. Alors avant d'te lancer sur le trottoir, te faire entourée d'gens qui te méprisait, tu t'en grilles un. Un joint, deux joints. Et puis pourquoi pas un troisième ? T'en a jamais assez de Marie, elle fait qu'te dépanner quand Cookie est trop loin. Tu t'sens tout à coup plus légère et tu sors d'la ruelle derrière du restaurant pour te lancer dans la foulée des gens. Tu marches parmi eux, ton sourire niais habituel aux lèvres, celui qui montre que t'es pas défoncé mais qu't'es bien. Parce que t'as fumé. Et que sans fumée, t'es rien.

Tu tournes les coins d'rue, tu te trompes une ou deux fois et tu t'réorientes, pour enfin te ramasser chez toi. Tu débarres la porte et tu te débarrasses de tes souliers en les retirant à coup d'pied, les envoyant valser sur le mur. Ton appartement n'est qu'en réalité une grosse pièce, où ta cuisine et ta chambre sont adjacentes. Ton lit est au fond d'la pièce, et à côté il y a ta petite salle de bain. Alors avant d'aller t'écraser, tu t'laisses tenter par ton réfrigérateur. Sauf qu'il est pratiquement vide, y'a que des boissons énergisantes et des pommes pourries. Tu grimaces à l'odeur et le referme, te disant qu'tu le nettoieras une autre fois, comme tu t'es sûrement dit l'autre fois. Sauf qu'avant d'pouvoir atteindre ton lit, y'a des coups qui résonnent à ta porte. Et ça t'surprend, parce que d'habitude y'a personne qui vient chez toi. Tu fais demi-tour et tu ouvres la porte. Pour être sous le choc. Barbra ? Elle est en larmes. Son maquillage a coulé, son apparence t'frappe droit dans le cœur parce que c'est pas dans son habitude. Tu la fais entrer sur le champ, fermant la porte derrière toi. Tu la prends dans tes bras. Ça va pas ? Qu'est-ce que t'as ? Tu flattes son dos et tu t'promets de tuer le connard qui la fait pleurer. Son état te fait totalement débuzzer, ça vient te chambouler. T'as vu le désespoir dans ses yeux, tout l'malheur dans son apparence. À croire qu'c'est dans la tristesse de ta Barbie qu'un jour, tu vas finir par grandir.

Barbra dévalait la rue où se trouvait le petit appartement de Damian. Elle était à pied, c’était rare, et elle était à pieds nus, c’était encore plus rare. On aurait dit qu’elle faisait the walk of shame, sauf qu’elle était beaucoup trop sobre pour ça, que ce n’était pas le matin et que clairement elle avait pas honte. Non, elle était brisée. Ses talons pendaient au bout de ses doigts et ses cheveux avaient l’impression d’avoir fait la seconde guerre mondiale. Son mascara n’était plus qu’un gros amas de noir entourant ses yeux gonflés. Barbra avait pleuré. Barbara ne pleurait pas, en tout cas jamais en public. Mais là, Barbra se promenait dans la rue, en se foutant de son apparence. Le monde extérieur n’était plus qu’un endroit où son cœur martelé se baladait. Elle ne voyait presque plus rien, les larmes recouvraient sa vue et l’empêchait de discerner le monde environnant. Heureusement, barbra connaissait le chemin par cœur. Elle allait vers son seul refuge, après avoir errée dans son appartement, dépourvu de tout alcool, à ruminer cette discussion avec Joe. Elle avait attendu la fin de son service, car elle ne voulait pas la perturber dans son boulot. Elle se dirigea vers la porte et frappa. Celle-ci s’ouvrit instantanément et face à Damian, les larmes se déversèrent de plus belle. Elle a l’air choqué. Faut dire qu’on ne voit pas Barbra comme ça tous les jours. Elle sait, sa dada, que c’est un garçon, c’est TOUJOURS un garçon. Pourtant Barbara elle sait qu’elle doit pas laisser son cœur s’emporter, que les garçons sont tous pareils, qu’elle ne peut pas tomber amoureuses, que tomber amoureuse c’est être malheureuse.

Barbra ? Elle sent les paumes de Damian se posait contre son dos tant dis qu’elle laissait sa tête allait contre le cou de sa meilleure amie. Les larmes cessèrent, doucement. L’affection était l’unique arme contre les peines de cœur. Ça va pas ? Qu'est-ce que t'as ?
Tu essayas de te reprendre, de ne pas commencer à parler le "larme", cette langue que seules les filles comprennent et qui n’est parlé que par les filles en larme ayant le cœur brisé par un homme. Et pourtant, c’était son cas, à Barbara, c’était une fille en larme au cœur brisé par un homme, par Joe. Elle n’aurait jamais cru, parce que Joe, c’était son ami, c’était sa famille, son soutien, sa branche… mais son cœur refusait de relativiser. Il existe deux types de filles sur cette terre, celle qui parviennent à relativiser et à voir le positif quand une peine de cœur arrivait et puis celle qui se laissé totalement submergé par ce cauchemar et devenait des parfaites Drama Queen. Barbra faisait clairement partie de la deuxième catégorie. « Il… il…  »  Elle ne parvint pas à aligner plus de mots. Comment expliquer, comme lui dire, comment lui faire comprendre. Joe a couché avec Trixia. Mais pas avec elle, parce que oui, en fait, ils ont essayés mais ils ont pas réussi. Enfin plutôt il a pas réussi parce que t’es pas belle, t’es pas assez belle pour lui. il préfère trixia, il préfère trixia, et puis tout le monde préfère trixia et elle, elle est bonne à rien. Elle observe sa Damian dans les yeux, cherchant un moyen d’expliquer tout ça, mais qu’en vrai, c’est juste qu’elle croit qu’elle a eu le malheur de tomber amoureuse de Joe. Et que lui, il aime trixia et pas elle. « Il la préfère elle. Et moi je voulais qu’il m’aime moi. » Elle ne sait plus quoi dire, elle a passé l’étape de la colère, la colère elle s’est déversé sur lui. Maintenant elle n’a plus que la tristesse et la douleur. L’amour c’était pas le truc de Barbra, Damian le sait. Mais pour une fois dans sa vie, la Barbie n’était pas une sale garce manipulatrice, pour une fois dans sa vie, Damian pouvait percevoir la vraie Barbara derrière.

Elle est là, ta barbie. Devant toi, en pleurs. Et malgré les apparences, c'est toi qui t'sens impuissante. Parce que d'habitude, la situation est inversée. C'est toi normalement qui est en détresse. C'est toi qui a besoin d'être consolée, parce que t'as fait une autre connerie. Et puis c'est Barbra qui te console, qui te prend dans ses bras. Mais c'est à ton tour. C'est à toi d'faire preuve d'amitié, de te montrer comme la meilleure amie que tu es. Alors en ouvrant la porte, tu l'accueilles, la prenant dans tes bras, caressant son dos pendant qu'ses larmes se font plus fortes dans l'creux de ton cou. Et t'as pas les mots. T'as pas les mots pour apaiser sa tristesse, la douleur qui la pince dans la cage thoracique. T'as que tes mains dans son dos, pour lui montrer qu'tout va bien aller. T'as pas les mots pour sécher ses larmes, pour la faire arrêter d'pleurer, t'as que le revers de ta main pour les chasser d'son visage si joli, malgré son maquillage caché par sa tristesse. T'as pas les mots pour lui dire qu't'aimerais ça l'aider autant qu'elle le fait pour toi. T'as pas les mots pour être aussi forte qu'elle, et c'est ça qui est triste. T'as que ton corps pour la consoler, la serrer contre toi, pour essayer d'la recoller alors qu'elle est en train d'se briser, ta barbie.
Il… il… T'es pas surprise qu'elle prononce ce pronom. Celui d'la gente masculine, celui qui décrit son problème. Parce que y'a qu'une raison pour que Barbra se mette dans cet état, y'a qu'un truc sur lequel elle est sensible à ce point. Et c'est les garçons. Toujours. Ces cons qui la voient comme une poupée, pas comme elle l'est. Ces cons qui la font pleurer, qui la font sentir mal. Chuut ça va aller... Tu continues d'lui caresser le dos, sans la brusquer. Parce qu'en ce moment, ses sanglots parlent pour elle.

Elle se recule enfin pour te regarder dans les yeux. T'as réussi à chasser ses sanglots, mais tu vois la détresse dans ses yeux et ça t'déchire le cœur. Alors pendant qu'elle se remet d'ses émotions, tu la prends par la main, la dirige vers ton lit dans l'fond de ton appartement. Puis tu la fais s'asseoir, pour prendre place à côtés d'elle, pendant qu'elle te regarde dans les yeux. Tu vois bien qu'elle cherche quelque chose à s'accrocher et tu tentes du mieux qu'tu peux à lui lancer une ancre, un truc en toi qui la ferait sortir du gouffre dans lequel elle s'enfonce. Mais tu devines qu'elle est déjà trop dans l'fond pour s'en sortir comme ça. Elle finit par aligner des mots, pour faire une phrase. Il la préfère elle. Et moi je voulais qu’il m’aime moi. Tu poses ta main sur son épaule. Toute façon s'tun con s'il voit pas la canon qu't'es. Et tu lui souris, espérant qu'tes mots arriveront à éponger toute la tristesse qu'elle a craché en même temps qu'sa phrase. Sauf que t'es un peu perdue, et tu sais pas de qui elle parle. Alors tu décides d'lui demander, pour pas avoir l'air encore plus paumée. Donne-moi le nom d'ce taré que j'le remette à sa place ! Et tu ris.

Sauf qu'tu te demandes si c'est pas toi, la taré. Parce que tu vois pas de quel gars elle pourrait parler, en ce moment. Et là, comme dans les dessins allumés, y'a une ampoule qui se dessine au-dessus d'ta tête. T'as un éclair de génie, un peu trop en retard. Et tu te rappelles de cette soirée que t'as organisé, pour elle et Joe. Parce que tu voyais bien qu'ils s'étaient éloignés, et tu comprenais pas. Ils étaient inséparables. Sauf que tu veux pas penser qu'c'est Joe. Ça se peut pas, c'est impossible. C'est ton grand frère et tu l'connais, il pourrait pas avoir faire ça à Barbra. Ça te tuerait d'l'imaginer faire ça, parce que tu sais qu'c'est pas du tout son genre. Alors tu t'croises les doigts dans ton dos, tu mords ta lèvre et tu vas chercher une réponse pour te rassurer. C'est pas Joe, hen ? Tu peux pas l'imaginer faire ça. Ça te ferait autant d'peine qu'à elle, si ton frère se révélait être la raison d'ses larmes. Alors tu veux vraiment pas qu'ça soit lui, t'insistes. Dis-moi que je me trompe Barbra. Et tu prends sa main dans la sienne, parce que c'est toi là qui est en détresse, qui veut qu'elle te rassure.

T'as pas les mots. Tu les as jamais, dans ces situations-là. T'as pas l'habitude de voir les gens débarquer et pleurer, toi t'sa l'habitude et l'envie d'les voir s'amuser et s'éclater. T'as pas les mots pour décrire à ta Barbie comment ça t'crève le cœur de la voir arriver en larmes, qu'elle reste en beauté derrière ses larmes malgré tout. T'as pas les mots pour lui dire à quel point tu voudrais avoir la peau de ce con, alors tu balances une menace trop banale et trop peu effrayante pour un mec d'la carrure de Joe. T'as pas les mots pour lui dire comment tu voudrais l'aider, la faire rire, alors tu t'contentes de poser ta main sur elle, de l'attirer contre toi pour la consoler. Et si tu pouvais t'donner un prix tu t'en dédicacerais un en ce moment, parce que t'as réussi à lui soutirer un truc qui ressemble à un sourire, une grimace qui veut dire qu'il y a encore de l'espoir d'la retrouver heureuse. Sa grimace te fait sourire et puis tu continues d'la serrer dans tes bras en caressant ses cheveux, pendant qu'elle essaie d'caresser son cœur et sa tristesse. T'as pas l'habitude d'être celle qui console, normalement c'est toi qu'on doit recoller parce que tu t'es laissé tombé, parce que t'as trop bad-tripper, parce que t'as merdé. Sauf que là c'est pas toi qui est en pièce, c'est pas toi qui a l'visage rempli de larmes. C'est ta barbie, cette beauté d'la vie qui devrait jamais pleurer. Et puis y'a toi, qui la serre dans ses bras si fort, qu't'espères recoller tous ses morceaux.

Elle finit par retrouver la parole, et puis elle te balance un truc qui fait pas d'sens. Je suis désolé. Je sais que c’était infaisable. Avec Jimmy et puis, notre amitié. Si ça marchait pas. Et puis si ça marchait… Je sais que de toute manière ça n’aurait pas marché, parce que c’est Joe et que c’est moi. Et que on est pas comme ça … T'essaies d'comprendre ses explications mais tu t'y perds, comme Barbra semble avoir perdu son cœur en chemin. Elle cache son visage, mais toi tu peux pas supporter d'la voir se cacher dans ses émotions, dans sa tristesse. Alors tu relèves sa tête en la prenant par le menton, la forçant à te regarder. j’aurai pu vivre comme ça, juste oublier ça. Elle montre son cœur puis son ventre. Et ça t'crève le tien, parce qu'elle fait pitié barbie. C'est pas dans son habitude, de pas savoir comment s'exprimer. De pas être capable de tout casser sur son passage. Y'a que son cœur qu'elle a massacré, cette fois. J’aurai pu le voir tout le jour. Mais maintenant que je sais … Tu caresses son dos, maintenant, en espérant frotter tout l'malheur qui l'entoure loin d'elle. Que tu sais quoi ? Toi tu sais jamais rien. C'est les autres qui finissent par t'apprendre des trucs, alors c'est pas étonnant qu't'es toujours la dernière de la bande à savoir les potins.

Sauf que tout d'un coup, elle se lève. Elle bondit sur ses jambes, comme si elle venait d'retrouver la force qu'elle avait perdue. Elle se frotte le visage, les cheveux, à croire qu'c'est elle qui vient d'consommer et qui est en train de badtrip. Je suis désolé. Est-ce que tu peux me pardonner pour ce que je t’ai fait ? Et puis elle se met à genou, elle prend tes mains dans les siennes. Tu comprends rien, mais ça serait pas la première fois qu'tu comprends pas un truc. Y'a d'la surprise dans tes yeux, tu t'attendais pas à ça d'sa part. Et puis t'es même pas certaine de comprendre de quoi elle veut s'excuser. Mais de quoi tu parles Barbra ? Tu descends du lit pour te pencher à côté d'elle, tu vois bien qu'elle va pas bien. Qu'c'est pas son genre. Tu dégages tes mains des siennes pour prendre son visage entre tes deux petites mains et tu plonges ton regard dans le sien, lui donnant un truc à quoi s'accrocher. Écoute j'comprend rien à ce que tu racontes, mais tu dois savoir un truc. Tu es une fille merveilleuse et même si je comprends pas l'histoire, Joe est un con. Y'a aucun gars sur Terre qui t'mérite, t'es trop merveilleuse pour tous ces tarés. Tu l'attires vers toi pour la serrer contre toi à nouveau, vous laissant tomber sur le sol. T'es forte Barbra. Oui elle est forte. Parce qu'alors que c'est toi qui la console, qui lui caresse les cheveux, tu peux pas t'empêcher d'avoir les yeux humides. Tu l'aimes trop pour la voir pleurer.

Quand beauté devient éphémère, quand sourires deviennent larmes, quand soleil devient pluie. T’as cette barbie qui pleure devant toi, qui s’met à genoux pour se faire pardonner d’sa beauté, pour se faire pardonner de finalement s’assumer. Mais toi t’aimes pas la voir dans cet état. Alors tu t’es donné la mission d’lui redonner le sourire, d’lui redonner envie d’vivre. Et puis t’as réussi, derrière ses joues bouffies et ses yeux rougies tu r’vois un rayon d’soleil pointer le bout de son nez, montrez qu’c’est pas peine perdue, que t’as bien fait de pas la lâcher. Elle sourit et ça t’fait sourire, parce que c’est un truc contagieux cette chose, un truc qu’on partage et c’est tout. Tu trouvais tes paroles ridicules, t’avais peur qu’elle voit qu’tu savais pas trop quoi dire, qu’c’était pas toi la forte normalement, mais elle avait aimé. Et puis ça l’avait aidé. C’était le but recherché, c’est tout c’qui était demandé. Elle renifle bruyamment, un truc qui est pas digne d’une barbie, un digne pas élégant comme la princesse qu’elle est, Barbra. Et ça t’fait te marrer, tu peux pas t’empêcher d’rire. Je crois que j’aime Joe, mais pas, pas en tant qu’ami. Tu vois ? Et on aurait pu avoir quelque chose mais. J’ai appris qu’il s’était fait l’autre… T’as pas besoin de plus d’informations pour savoir c’est qui, l’autre. Trixia. Cette salope. Cette garce. Enfin, tu reprends les mots d’Barbra, parce que toi franchement t’as rien contre cette fille. Tu la trouves sympa, t’as d’la difficulté à cerner les gens d’un mauvais œil. Mais rôle de meilleure amie obligée, tu balances une vacherie. T’es mieux que cette garce. Ce mot t’brûle la gorge, t’as pas l’habitude d’le dire, c’est comme si tu venais d’te salir la gorge.

J’suis totalement perdue. Je sais pas si c’est parce qu’il a toujours été gentil avec moi et que je me suis perdue… Mais. Quand j’ai su ça, mon cœur … Je comprends plus rien non plus dada. La Barbra triste a disparu, elle est plus là. C'est maintenant une Barbra perdue qui a pris place, une fille qui cherche la sienne. Une fille qui vient d'te demander de l'aide pour retrouver le chemin alors qu'toi ça fait des années qu'tu l'as quitté, c'est à se demander si tu l'as jamais vraiment connu. Tu pinces les lèvres en l'écoutant parler, parce que tu penses déjà à c'que tu pourrais lui répondre. C'que tu devrais lui répondre, plutôt. Tu sais Barbra, quand tu arrives en pleurant chez ta meilleure amie, j'crois que c'est parce que c'est du vrai. Est-ce que ça l'aide vraiment ? De savoir qu'elle est tombé dans le piège que l'amour, qu'elle pourra peut-être plus en sortir ? Tu bafouilles. Mais tu sais j'dis ça, qu'est-ce que j'y connais à l'amour ? Ouais, t'en sais quoi ? Pas grand chose, puisqu'avec Seven tu continues d'être Dam la paumée.

Assises l'une à côté d'l'autre, le dos contre ton lit, y'a un silence qui s'installe. Un silence qui vous permet d'respirer, d'vous reposer. Un silence qui laisse place aux idées, un silence qu'tu viens briser. Tu sais ce qu'on devrait faire ? Tu te retournes vers elle avec cette étincelle enfantine dans ton regard, celle qui traduit ta joie. Parce que tu viens d'avoir une superbe idée, une idée qui va vraiment permettre à ton amie d'se changer les idées. Tu te lèves d'un bond et fonces vers ton frigo. Il doit t'en rester. Il faut qu'il t'en reste, sinon ton plan tombe à l'eau. T'ouvres la porte et tu soupires de soulagement, il en reste. Le sourire aux lèvres, tu attrapes la boite d'oeufs et te pose contre ton frigidaire pour refermer la porte et regarder Barbra. C'est pas ton genre, mais pour ta blonde tu ferais n'importe quoi. T'en penses quoi d'aller balancer des œufs sur la fenêtre de Trix ?