Déménager était toujours quelque chose d’un brin stressant. Certes, cette fois, tu ne déménageais pas à l’autre bout du pays armée d’une bourse. À la place, tu te rapprochais de ta famille et ça rendait la chose nettement plus facile. Il restait néanmoins toutes les incertitudes qui ne pouvaient que naitre après avoir emménager à un nouvel endroit : les conditions de l’habitation, le quartier, mais surtout les voisins. Fort heureusement pour toi, tu avais été fort bien accueillie par une petite boule de bonne humeur qui se révéla être ta voisine. Voilà qui retirait un poids de tes épaules, il n’y avait que peu de doute quant au fait que vous pourriez bien vous entendre. Tu avais même tenu à faire une bonne impression de ton côté en ramener des biscuits que tu avais fait toi même. Si l’intention était louable, le résultat l’était nettement moins. Ce que tu lui avais offert était plutôt des morceaux de brûlés, mais Riley ne semblait pas t’en avoir tenu rigueur et c’était ce qui importait le plus. Le moins qu’on pouvait dire était que tu t’attendais à bien t’entendre avec l’autre jeune femme. Ça semblait même une certitude à tes yeux.

Ta voisine avait néanmoins réussi à te surprendre lorsqu’elle te proposa de t’apprendre à cuisiner. Tu n’avais pas mal pris la chose, bien au contraire, seulement, tu ne t’y étais pas attendu. Tu savais pertinemment que tu étais une piètre cuisinière. Il suffisait de se rappeler du nombre de fois que tu avais manqué t’empoisonner un membre de ta famille en raison de petits plats cuisinés par tes bons soins ou encore la fois où tu t’étais toi-même rendu malade après avoir décidé de te faire à manger plutôt que de commander comme tu le faisais si souvent. Bref, il n’y avait pas de doute à ce sujet, mais ce n’était pas pour autant que tu aurais pu prévoir une telle proposition. Pour autant, tu n’avais pas perdu de temps avant d’accepter. Apprendre à cuisiner ne pourrait être bénéfique pour toi et ça te permettrait en prime de passer du temps avec ta voisine.
Une fois l’heure attendue arrivée, tu quittas ton appartement pour te rendre à celui de Riley. Ce n’était pas très loin, mais tu tenais tout de même à être à l’heure. C’était une question de partir sur les bonnes bases et avouons que tu n’étais pas peu fière lorsque ta voisine fit remarquer ta ponctualité. « Je suis pressée d’apprendre après tout. » Ce qui n’était pas faux, tu étais bien contente d’avoir cette opportunité et c’était une autre raison pour arriver à l’heure. Sans plus attendre, tu enchaînas : « J’adore les chaussons. » Les pattes de dinosaures étaient quelque chose, mais dans un bon sens. Enfin là n’était tout de même pas la question et tu hochas la tête en réponse à la question que te posa alors Riley. « Plus que prête ! » L’enthousiasme de ta voisine était contagieux et tu étais on ne peut plus contente d’être là. Le seul problème restait sans doute le fait que tout l’enthousiasme du monde ne te rendrait pas soudainement douée pour la cuisine, mais tu pouvais vivre avec une telle chose. Du moment que tu ne mettais pas feu à l’appartement ce serait une victoire en soit. « Ace n’est pas là ? » Tu ne connaissais pas vraiment son colocataire, mais il était sans doute mieux pour lui qu’il échappe à la chose.  

Arriver à l’heure était la moindre des choses, faire un commentaire sur les chaussons était un plaisir. Ils étaient mignons comme tout et tu aurais pu t’imaginer en porter si seulement tu n’avais pas une préférence poussée pour te promener pieds nus dans ton appartement. Enfin, tu rigolas légèrement en l’entendant dire qu’Ace l’embêtait toujours sur la question. Ça ne t’étonnait pas vraiment, même si tu ne saurais expliquer pourquoi. Dans tous les cas, tu te permis un commentaire : « Tu peux lui dire, je les trouve géniaux. » Tu lui aurais dit toi-même sans aucune gêne, mais il ne semblait pas être dans les parages. Riley confirma la chose en indiquant qu’il était au travail et c’était pour cette raison qu’elle t’avait invité. Voilà qui était logique et tu ne pouvais pas t’opposer au raisonnement. De toute façon, tu n’aurais pas voulu t’imposer et déranger Ace par la même occasion. « Je vois. » Pas besoin de t’étendre sur la question, tu étais bien contente d’être là et c’était suffisant. Puis, il n’y avait aucun besoin de faire remarquer le rouge qui était venu colorer ses joues. Ça ne te concernait pas particulièrement et c’était le moment de commencer à cuisiner alors il valait mieux se concentrer là-dessus. Dans tous les cas, tu supposais que ta voisine avait d’autres personnes vers qui se tourner si elle voulait parler garçon.
Imitant Riley, tu attachas tes cheveux rapidement. Il était d’ailleurs étonnant qu’ils ne l’aient pas été auparavant. Suite à quoi tu reportas ton attention sur ta voisine qui indiquait la première étape pour bien cuisiner, c'est-à-dire mettre de la musique ou un film. Se mettre de bonne humeur était une idée logique, c’était, après tout, un conseil que tu avais mis à exécution lors de tes années en médecine. Pourtant, tu ne pus t’empêche de demander : « Il faut être de bonne humeur pour cuisiner ? » Après tout, c’était principalement pour se nourrir, du moins c’était ton poids de vue. Peut-être était-ce pour cela que tu n’étais pas très douée pour la chose. Dans tous les cas, une fois la question posée, tu passas tout aussi rapidement à autre chose. Tu ne voulais pas paraitre bornée, si Riley disait que c’était important, tu considérerais la chose ainsi. Tu la laissas néanmoins s’occuper de la musique ce qu’elle fit avant de l’imiter et te laver les mains. Tu étais peut-être une piètre cuisinière, mais tu savais respecter des règles évidentes d’hygiène.  

Puis vint l’explication de ce que vous alliez faire. Le choix de la recette semblait motiver par une raison évidente. « C’est plus simple donc. » Tu n’avais rien contre la simplicité, il n’était même pas certain que tu arrives à faire la chose. La preuve résidait évidemment dans les biscuits calcinés que tu avais offert à Riley. Cette fois, c‘était tout de même différent puisque cette dernière te donnait des directives et tu étais plutôt douée pour accomplir des tâches définies. Ton regard suivit l’indication qu’elle te faisait vers la recette. Tu commenças ensuite à mesurer la quantité voulue avant de t’arrêter lorsqu’elle te posa une question. « Pas vraiment non. Je dois avouer que je n’ai jamais eu beaucoup d’intérêt pour la chose. » Ce n’était pas de sa faute, elle avait essayer à de multiples reprises de t’initier à la chose, mais ça n’avait jamais fonctionné. Tu finis par ajouter avec un sourire amusé : « Je préférais manger ce qu’elle faisait. » Ça relevait de l’évidence, qui n’aimait pas manger des petits plats cuisinés par les bon soins de ses parents. Après ce commentaire, tu finis de mesurer le sucre et le vida dans le plus grand bol. « Je mets l’oeuf tout de suite ? » La recette pourrait sans doute répondre à ta question, mais parfois les gens aimaient diverger des étapes. Autant suivre celle qui t’enseignait le tout.  

Il ne fallait pas que cuisiner soit une corvée… Ça te semblait un peu paradoxal du fait que pour toi, c’était définitivement une corvée d’entrée de jeu, mais tu tâchais de garder un esprit ouvert si bien que tu n’argumentas point sur la question. Tu t’étais donc contenté d’hocher distraitement la tête, tout de même satisfaite par la réponse qu’on t’avait donné. Ce n’était peut-être pas ta vision des choses, mais ça ne voulait pas dire que c’était faux pour autant. Il fallait dire que ta mère n’avait jamais réussi à t’inculquer la passion de la cuisine et que par conséquent, tu ne le faisais que par nécessité ou pour faire plaisir à d’autres personnes. Dans les deux cas c’étaient bien souvent des échecs si bien que ça te décourageait assez rapidement de recommencer. Après tout, même si tu n’avais jamais eu la flamme pour la cuisine, tu avais appris à apprécier les bons repas - ce qui rendait souvent les choses difficiles. Tu rigolas légèrement lorsque Riley fit le lien avec ses frères. « Ils ont tout compris alors. » Manger de bons petits plats était définitivement mieux que les faire à tes yeux. Et c’était bien meilleur quand quelqu’un d’autre les préparait.

Cela dit, apprendre à cuisiner semblait être une excellente idée. Vous étiez à présent à l’étape de rajouter l’oeuf, mais tu pris soin de t’assurer qu’il s’agissait bien de ce qu’il fallait faire. Riley le confirma avant de lui donner des conseils dans l’éventualité où tu aurais peur de mettre une coquille dans le mélange. Ce n’était pas le cas, peut-être parce que tu te sentais apte à t’occuper d’un oeuf - peut-être parce que c’était une des seules choses que tu arrivais à faire, le plus souvent en omelette ou brouillés. Tu appréciais néanmoins les conseils, ça ne pourrait que t’aider à mieux faire les choses. « Si ça peut te rassurer, je sais faire des oeufs… en théorie en tout cas. » Le tout accompagné d’un petit rire. C’était un brin pathétique quand on y pensait, mais ça ne te gênait pas plus que ça. Tu ne comptais pas pour autant t’étendre sur la question. À la place, tu suivis le conseil à la lettre, donnant un bon coup de poignet ferme. Ce ne fut pas exceptionnel et tu manquas de mettre des coquilles dans le mélange, mais réussis à ne pas le faire ce qui était une victoire en ton sens. Venait maintenant le temps de mélanger, ce que Riley expliqua en donnant l’exemple. Tu fus moins contente de te faire donner le fouet, mais ne rechignas pas. « Bien sur.. » Ce serait bien inutile puisque tu étais là pour apprendre, mais ça ne voulait pas dire que tu étais à l’aise pour autant. Tu commenças donc à mélanger en faisant attention de pas faire sortir le mélange du saladier. Tu t’arrêtas dans le geste lorsque Riley reprit la parole pour t’indiquer ce qu’il fallait faire pour la farine pour recommencer à mélanger lorsque la farine fut dans le saladier. « En gros on manque toujours d’en mettre partout ? » Si tu te souvenais bien, ta mère t’avait déjà dit que cuisiner sans salir la pièce relevait du miracle et elle avait visiblement raison puisqu’un mouvement un peu trop brusque de ta part envoya de la farine dans votre direction. C’était à prévoir, que tu réussisses à tout faire sans te salir aurait été… plus qu’étonnant disons. Tu terminas ensuite de mélanger la farine, guettant ce que faisait ta voisine du coin de l’oeil.

Riley revint rapidement avec le chocolat et un commentaire qui ne te disait rien de bon. Le résultat était moins pire, mettre les mains dans la pâte n’avait rien de si terrible. Il fallait croire qu’être médecin t’avait endurci en ce sens puisque tu avais sali tes mains de façons pire que ça. C’était la triste réalité qui venait avec le fait de travailler dans un hôpital avec des enfants. « Pas de tout, me salir les mains fait partie de mon quotidien. » En théorie, tu portais des gants la grande majorité du temps, mais ça ne protégeait pas de tout et parfois il se passait des choses sans que des gants soient à proximité. Même si avouons que tu avais appris à trainer des gants des tes poches depuis le temps. Enfin, les mains dans une pâte ne posait donc aucun problème. Tu t’exécutas donc, mélangeant la pâte pour essayer de faire bouger les éclats de chocolat. Encore une fois, tu ne fis que t’arrêter que pour écouter ce que Riley te disait avec plus d’attention. Tu pouvais voir un monde de différence entre elle et toi, mais tu ne doutais pas que petite elle devait être mignonne à aider dans la cuisine. « Vu comme ça, cuisiner semble beaucoup plus intéressant. J’ai toujours vu ça comme une nécessité pour me nourrir. » Ce qui revenait donc à l’idée de corvée, en y pensant bien. Enfin dans tous les cas, tu n’aurais rien compte un changement d’avis, ça rendrait la chose plus agréable lorsque tu devrais te nourrir. « J’imagine que tu cuisines beaucoup dans ce cas ? » Après tout, quelqu’un qui appréciait autant la chose… peut-être que c’était une passion pour elle.  

Malgré des conceptions fondamentalement différentes la cuisine - puisque tu ne pouvais ignorer  ton esprit utilitariste - tu te plaisais à apprendre avec Riley. La conversation était simple, sans prise de tête et c’était tout simplement agréable. Tu n’avais aucune expérience en la matière, mais te contenter de suivre les indications que te donnait ta voisine te donnait te donnait une impression de réussite. Après tout, si le résultat pouvait bien ressortir tu pourrais considérer la chose comme une réussite personnelle quand bien même tu n’aurais fait qu’une partie de l’exécution. C’était déjà bien plus que tu n’avais fait par toi même, donc tu pouvais la remercier pour cela. Puis, elle avait aussi le mérite de te faire comprendre que cuisiner n’était pas nécessairement une simple réponse à un besoin essentiel, mais ça pouvait aussi être une occupation agréable. Tu doutais néanmoins du fait que tu pourrais de sitôt considérer la cuisine comme quelconque d’amusant à faire par toi-même, mais disons que c’était un pas dans cette direction. Qui sait, peut-être qu’un jour (lointain) tu serais un peu plus comme Riley et qu’ainsi ça ne te dérangerait pas de cuisiner régulièrement pour t’éviter de manger un énième repas congelé ou des plats à emporter. Il fallait croire que pour l’instant, tu ressemblais un peu plus à Ace qui ne cuisinait pas aux dires de ta voisine. « Tu vois moi je préfère manger la blinde de pizza. » C’était le moins qu’on puisse dire, au moins tu faisais du sport pour compenser tout le gras que tu pouvais ingérer dans ta grande paresse vis-à-vis de la cuisine. À quelque part, avoir quelqu’un comme Riley, quelqu’un qui n’aurait aucun problème à compenser ton manque d’envie de cuisiner serait une solution idéale. Ce serait un peu une solution de paresseuse, mais ça t’arrangerait bien au fond.
Sauf que ce n’était pas ce que vous aviez en tête pour la journée et pour le coup tu préférais te donner à fond pour réussir et ne pas te foutre la honte devant Riley qui t’accordait une partie de son temps. L’entendre parler de cuisiner pour se remonter le moral te faisait bizarre, encore une fois parce que ça ne cadrait avec ta vision des choses. Enfin, après tu ne pouvais pas parler puisque tu faisais généralement du ménage ou du sport quand ça n’allait pas. Tu pouvais tout de même lui concéder le fait qu’il n’y avait rien de mieux que manger du gâteau quand ça n’allait pas. « Pourtant c’est encore meilleur quand quelqu’un d’autre prépare le gâteau. » Peut-être que le fait que tout ce que tu préparais finissait complètement brûlé aidait à ce que tu dises une telle chose, mais tu ne le pensais pas moins.

Enfin, ton attention retourna rapidement sur la recette que vous prépariez puisque vous étiez rendues à une nouvelle étape du processus. Couper les biscuits ne te semblait pas très difficile et tu abordais cette nouvelle tâche avec une confiance renouvelée. « Ça m’a l’air assez simple ! » Tu parlais peut-être trop vite, mais tu supposais que tailler des morceaux avec un verre était à ta portée. Tu commenças donc à t’afférer en imitant les gestes que Riley avait fait. Tu faisais bien attention, ne voulant pas gâcher votre beau travail. Tu relevas ensuite la tête lorsqu’elle t’expliqua qu’entre ses frères et Ace, elle avait souvent eu quelqu’un à nourrir. Tu ne fis aucun commentaire sur le sourire que tu avais pu remarquer sur ses lèvres, préférant te contenter d’hocher la tête en écoutant ce qu’elle disait par la suite. « C’est certain que si tu ramènes à manger pour tes élèves, ils vont t’adorer. » Peut-être que tu pourrais faire de même pour tes patients, l’idée avancée par Riley en ce sens était excellente. « Je ne sais pas si la cafétéria apprécierait la compétition. » finis-tu par répondre en riant. À vrai dire, tu ne savais pas exactement les règles de l’hôpital au sujet de la nourriture extérieure, mais tu supposais qu’elle s’appliquait avant tout aux familles des patients. En tant que médecin - spécialiste qui plus est - tu avais un certain nombre de liberté à ne pas sous-estimer. « Mais c’est une bonne idée, j’en ramènerai pour mes patients, ça va me rendre bien populaire. » Non pas que c’était une nécessité pour que tu puisses bien faire ton travail, mais avouons qu’être populaire auprès des enfants que tu soignais ne pourrait que t’aider. Il fallait savoir s’y prendre avec les enfants et des cookies ne pourraient qu’aider.