ADVY - APPELEZ LA (FASHION) POLICE

Elle aurait pu avoir l’aire d’une conne, assise sur le pavé, les pieds à l’air, devant une des boîtes les plus cotées de Savannah. Mais Ivy était Ivy et elle incarnait à la perfection la Cendrillon désabusée, regardant ses pieds avec ennui.
Elle était sortie, faire la fête, danser. Surtout danser. Parce que ça rendait fou Meo qu’elle puisse se déhancher et pas lui. C’était mesquin certes, mais tellement délicieux. Il méritait tout ça de toute façon, ce qui lui arrivait, les sorties d’Ivy et tous ces gars qui la draguait. Connard.
Donc ouai, elle était sortie, elle avait mis ses grandes chaussures, des Louboutins. Nouvelles. Sublimes. Ca lui faisait des jambes de folies. Sauf que pourquoi et comment, son talon droit s’était cassé au beau milieu de la soirée. Saloperie de chaussures françaises. C’était ça de faire confiance à des révolutionnaires.
Le groove brisé, et le moral dans les talons – ahaha trop drôle – Ivy était sortie de la boîte, abandonnant son partenaire en plein milieu de la piste. Il était moche de toute façon. Et ce soir elle avait pas envie de faire sa connasse finalement. Alors elle avait pris son téléphone et avait envoyé un sms SOS style à son policier préféré. Pour qu’il vienne la sauver. Elle lui avait indiqué où trouver ses chaussures de rechange, et où la trouver elle.
Il restait plus qu’à l’attendre, au milieu de la foule vivant à cent à l’heure, sur son petit trottoir pavé, les pieds commençant légèrement à se refroidir. Deux gars avaient déjà essayé de venir l’emmerder, mais la jeune allemande les avait envoyés chier dans sa langue maternelle, accompagnant ses paroles de gestes pas très gracieux, pour une aussi jolie fille comme elle. Bah ouais faut pas déconner non plus.

ADVY - APPELEZ LA (FASHION) POLICE

Hé Ivy, trop désolé, j’ai fait au plus vite. C’est la petite voix d’Aden qui la tire de sa tirade d’insultes endiablées. En fait ça la calme tout de suite. Les gars dégagent sans demander leur reste, parce qu’entre une princesse tarée et un policier fraichement débarqué, on n’avait pas spécialement envie de trainer dans le coin.
Aden, qu’elle a envie de renommer, son sauveur, lui tend une paire d’escarpin dorés à paillettes. Le choix du jeune homme la fait sourire et elle s’empresse de les enfiler pour ne plus sentir le froid du sol sous ses pieds.
Amen.
Elle peut tenir debout, et même si l’or de ses chaussures jure totalement avec sa robe bleu électrique, Ivy se jette au cou d’Aden pour déposer un baiser sur sa joue.
« Parfait. T’es le meilleur policier de Savannah. »
Bon. Techniquement ce n’est pas vrai. Mais bon. Aden c’était son ami et elle avait le droit de penser ce qu’elle voulait pas vrai ?
T’es vraiment bien habillée... J’aimerai avoir un style comme toi, je me ferai plus respecter. Est-ce que tu m’apprendras un jour ? Sa remarque la fait rire. Elle prend le compliment et le glisse dans son cœur, parce que ça fait toujours plaisir, d’avoir quelqu’un qui apprécie ce qu’elle fait. Surtout quand c’est un ami, ptêtre son seul véritable ami sur cette terre. (bon c’est un peu dramatique, parce qu’en vrai elle en avait des amis. Faut pas déconner.)
Alors Ivy s’éloigne un peu d’Aden, le menton dans sa main, pensive. Elle le dévisage, l’étudie de la tête au pied. On dirait un enfant qui joue au policier.
« Hmmm y a du boulot chéri. Mais….Comme je t’en dois une, bien sur que je vais t’aider. »
Doucement elle attrape sa main pour l’entrainer à sa suite dans la rue, direction chez elle. Ce soir Meo est pas là, enfin, il rentre tard. Alors autant en profiter pas vrai ? Et pour une fois elle pourra se justifier : promis je t’ai pas trompé, je lui apprend juste à s’habiller.
« Allez Cow-Boy on a du pain sur la planche ! mais tu verras tu seras beau comme un roi après. »

« T’es le meilleur policier de Savannah. »

*Kewaaa* Aden devint tout rouge. Quel beau compliment. Toute une vie à travailler jour et nuit pour ça, à sacrifier sa vie, sa famille, ses amis, à défendre la veuve et l’orphelin contre les oppresseurs de Savannah. Aden laissa couler une petite larme d’émotion le long de sa joue. *sob*

Maintenant que le jeune policier avait une amie comme Ivy, il était sûr que sa vie allait changer et cela commencerait par son style. Elle avait accepté sans trop broncher de donner un peu de son temps pour lui et l’avait amené chez elle. Mais Ivy avait l’air anxieuse, comme si elle s’attendait à chaque minute de voir débarquer quelqu’un en colère. Pourtant la situation n’avait rien de bizarre. Juste deux amis qui passait un moment tranquille et ce n’est pas parce qu’Aden avait une paire de menottes à la taille que tout deviendrait sale.

Aden avait hâte, il voulait briller tel Beyoncé, être flawless pour capturer les sales délinquants. Dès qu’Ivy ouvrit la porte, il se rua à l’intérieur, la reversant presque. Il fit une roulade arrière sur le tapis de l’entrée. Et bien que personne ne compris la raison, ce mouvement de gym lui donna l’énergie suffisante pour courir vers le dressing room.

Là, des rangées de veste, de chaussures, de paillettes l’agressèrent. Il était perdu. Il se tourna vers Ivy, enleva son haut et plaque contre son torse un débardeur rose et un mini-shirt turquoise.

« Et euh... Tu crois qu’avec ça je serai beau comme un roi ? »

Aden c’est le genre de gars, sur qui elle ne pensait jamais tomber. C’est le petit bonus de la vie, pour vous redonner le sourire, pour mettre du baume au cœur et vous aider à continuer. Aden c’est un enfant, dans un corps d’adulte, bien trop pur pour ce monde. Bien trop pur pour elle. Mais elle veut pas l’abandonner, parce qu’avec lui c’est comme si elle trouvait une certaine rédemption.
Alors elle peut pas lui dire non. Elle peut pas l’envoyer promener quand il la regarde avec ses grands yeux larmoyants, tel un chien battu par son maitre et qui demande que de l’affection. Et puis de toute façon elle a envie de se changer les idées. Fuck Meo, fuck Junior, fuck tous les mecs qui lui cassent les pieds. Au moins Aden il la fait pas tourner en bourrique.
Quoi que
A peine a-t-elle ouverte la porte de son appartement que le jeune homme se rua à l’intérieur et s’empressa de faire une roulade dans l’entrée. Ok. Pas grave dude. Entraine toi pour Whipe Out, elle rigolera quand tu passeras à la télé.
Toujours dans l’entrée, elle laissa Aden filer vers sa penderie pendant qu’elle prenait le temps de se déchausser, libérant ses petits pieds endoloris par le port prolongé de talon tout au long de la nuit.
Et puis soudain y avait Aden. Aden avec son sourire de gamin, torse nu, tenant contre lui un de ses ensembles préférés. Pas mauvais pour le choix de la couleur, mais on repassera pour le style. Et euh... Tu crois qu’avec ça je serai beau comme un roi ? « Plutôt belle comme une reine Aden. » Et elle dépose un petit baiser sur sa joue en rigolant avec de lui prendre les vêtements des mains et de les jeter au sol.
« C’est pas ça qu’il te faut. Tu vas envoyer les mauvais signaux si tu portes mes shorts… Et crois moi je pourrais pas te ramener intact à Jed après… Tu vois ce que je veux dire ? » Non. Surement pas. Aden c’était la licorne. Pur et innocent jusqu’au bout des ongles.
Alors Ivy le prends par la main vers sa chambre et ouvre le placard de vêtement de Meo. De toute façon elle a payé presque la totalité de ces fringues suspendues, alors elle peut bien les utiliser non ?
« Travolta ? Grease ? Ca te dit ? » et elle lui balance un pantalon moulant en cuir, un débardeur blanc et un bombers noir lui aussi. Premier essais, on allait voir ce que ça allait donner pas vrai ?

Tu sais, moi je suis plutôt Johnny Depp dans Crybaby. C’était pas faux. Un bon point pour toi Aden, tu venais de la surprendre. Elle lève le pouce pour marquer son approbation. « On pourrait faire ça aussi, avec tes cheveux chui sûr de pouvoir faire sa coiffure ! » Et elle le laisse passer à côté pour se changer. Impatiente, Ivy piétine sur place, réveillant la douleur dans ses talons. Mais qu’importe, dans quelques heures elle sera bien au chaud dans sa couette, alors en attendant elle allait profiter de la distraction que lui offrait Aden pour s’amuser, pour arrêter de penser, pour passer dans un univers parallèle rien que pour la soirée. Cool.
Quand il revint avec le pantalon en cuir, Ivy battit des mains, fière du résultat. Ca lui allait pas trop mal tout ça, à part peut être quelques centimètres au niveau des fesses, mais ça avait un certain charme. Si on aimait les culs plats. Et Meo en avait un. Alors pourquoi se plaindre de la vue ? Un tel badguy ne peut pas passer inaperçu dans les streets de Savannah Il passera déjà un peu plus inaperçu qu’Aden en uniforme au restaurant le dimanche. Mais c’était tellement drôle de voir Jedediah se cripser qu’Ivy n’avait jamais fait la remarque au jeune homme. « Tout à fait beau gosse, tu vas briser des cœurs comme ça, fait gaffe ! » Sauf que c’est elle qui aurait dû faire gaffe. Parce que quelques secondes plus tard elle se retrouvait menotté par son ami. Mais quel retournement de situation ! Vous nous vous n’y attendiez pas, pas vrai ? Ivy non plus !! Et puis d’habitude c’était elle qui menottait. Pas l’inverse. C’était tout de suite moins amusant. Elles viennent d’où ces fringues ? Chut chut… tu vas aller t’expliquer au poste maintenant. Parfois Ivy se demandait comment ce gars avait pu avoir son diplôme de policier. Elle adorait Aden, mais c’était peut être pas à lui qu’elle confierait sa sécurité. Faut dire qu’avec un raisonnement aussi sommaire, normal qu’il la prenne pour une voleuse. Il avait sans doute pas du remarquer toutes les affaires de Meo qui trainaient un peu partout dans l’appartement. La guitare cassée contre le mur, le cendrier remplis de joints sur la table du salon.
Ivy se laisse tomber au sol, entrainant Aden dans sa chute. Ca serre un peu sur son poignet mais qu’importe. « Mais Adeeeeeeen t’es nuuuuul pourquoi tu me menotte. Moi je t’aide et tu me remercie comme ça ? » Elle prend une mine boudeuse, gonflant ses joues comme une petite fille. « C’est les fringues de Meo… Tu sais ? Mon copain !!!! On vit ensemble…. Rolalalala…. » Et elle lève les yeux au ciel, feignant l’indignation. «  Et puis si tu me menotte, comment tu veux que je te coiffe mon beau ? » Bah ouai hein Aden ? Comment !!!!

Y avait chez Aden une étrange pureté qui ne cessait de la surprendre. Comme si la personne en face d’elle était âgée de 7 ans plus que de 27. Encore insouciante et intouchée par les marques la vie. C’était rare les gens comme lui, aussi rare qu’une foutue licorne. Alors malgré sa mine boudeuse et ses plaintes répétées, Ivy avait vraiment du mal à rester fâchée plus de cinq minute en présence du policier. Ouais, Aden avait cet effet là sur son cœur, du genre à tout alléger, à rendre la moindre chose pas si grave de ça, surtout quand il vous regardait avec ses grands yeux et son air désolé. Hé jsuis pas nul, j’mérite le respect ! Non c’est vrai Aden, tu mérites le respect, parce que t’arrive à tirer des sourires sincères à Ivy et que tu la rend heureuse à chaque mot prononcé. Du respect aussi parce que tu la supporte, elle et le personnage haut en couleurs qu’elle s’évertue à jouer.
Alors quand il la libère, elle se frotte doucement les poignets avant de répliquer : « T’es un peu nul quand même Aden, mais c’est pas pour autant que je te respecte pas. Rentre bien toi ça dans le crâne patate. » Il s’éloigne d’elle la mine boudeuse comme un enfant qu’on aurait grondé. Et Ivy ne peut s’empêcher de rigoler sous cape en le regardant. Vraiment. Y a pas un seul instant où elle s’ennuie avec lui. Et parfois Ivy se demande, ce que ça ferait, si elle l’aimait lui. Mais l’idée est bien vite dégagée, parce qu’Ivy sait qu’elle ne ferait que le bousiller. Et ça, c’est quelque chose qu’elle ne veut surtout pas voir arriver. Parce qu’Aden est bien trop précieux pour ses jeux dangereux, pour ses crises et sa folie. Oups… bon… ça tombera pas plus bas Le bruit du cendrier qui s’écrase sur le sol la faut sursauter, la tirant de ses pensées. Putain, elle avait pourtant demandé à Meo de le ranger ce matin. Mais non. Non. Monsieur laissait trainer ses carcasses de cigarettes froides et ça embaumait dans toute la pièce. Dégueulasse. « C’est pas grave, je nettoierais après. » Comme beaucoup de choses ici de toute façon.

Bon, la criminelle, tu me coiffes ? Fais-moi la même coiffure que ton ami là, celui dont tu as parlé tout à l’heure, Léo. Ah non, Meo. Ca fait loser comme nom, nan ? Genre, mec pas trop crédible, un peu dans sa fragilité et qui fréquente les mauvaises personnes, tu trouves pas Il est mignon Aden, avec son rire embêté et ses phrases alambiquées. On dirait presque de la jalousie. Presque. Alors Ivy se relève et le prend par la main. « Meo c’est pour Romeo, ça a tout de suite plus de classe tu trouves pas ? » Oh Romeo, Romeo, pourquoi es-tu Romeo. Ta gueule Shakespeare. Et elle tire son ami vers la salle de bain, le faisant s’asseoir sur le rebord de sa baignoire elle commence à farfouiller dans ses produits de beautés. « Jvais pas te coiffer comme Meo. Il a aucun style cet idiot. » Faux. Mais ça Ivy avait pas envie de le dire ce soir. Pas envie de l’avouer. Alors elle sort un pot de gel, un peigne, un sèche-cheveux et se met au travail. « Bouge pas, sinon jvais te rater » Et sérieuse comme jamais, elle s’attelle à la tâche.
15 minutes plus tard elle se recule satisfaite, avant de présenter un miroir à Aden. Il a de la classe comme ça, les cheveux gominés, la banane à la cry baby, la petite mèche rebelle tombant devant ses yeux. « Alors heureux ? »

Avec Aden, Ivy avait souvent l’impression d’avoir affaire à un enfant de 7 ans, alors qu’il en avait 20 de plus. Peut être pour ça au fond qu’ils s’entendaient si bien malgré leurs univers diamétralement opposés. Ils étaient tous les deux restés gamins dans un corps qui n’avait cessé de grandir, et c’était douloureux. En permanence. D’être tirée, d’être forcée à évoluer. Meo comprenait pas vraiment le besoin qu’elle avait de régresser dès qu’elle fermait la porte de l’appartement. Cet univers pastel et bonbon, remplis de douceur, de peluches enfantines, de souvenirs diffus aux odeurs de gamineries.
Pourtant avec Aden ça passait. C’était agréable, amusant, hors du temps. Deux adultes à jouer aux enfants, coiffures et maquillages, vêtements trop grands, comme lorsqu’ils piquaient dans l’armoires des parents, usaient le rouge à lèvre de la mère sur les joues, sur les murs. Oui, quand Ivy étaiet avec Aden, y avait cette espèce d’euphorie qui grimpait le long de ses os, qui lui donnait envie de rire, envie de sourire, envie de vivre. Et c’était bien trop rare des derniers temps pour qu’elle ne crache sur ces instants.

Il avait du charme Aden, sous son air juvénile et un peu trop gauche. Et là comme ça, avec sa coiffure à la Johny il avait la classe. Elle espérait sincèrement que ça lui plairait, qu’il serait content, heureux, de se voir ainsi transformé. Parce que y avait rien de plus gratifiant que le sourire d’une personne pour qui on a fait quelque chose. Même si ce quelque chose c’est 3 coups de peignes et du gel. Beaucoup de gel.
Alors elle attend, mais pas un mot ne sort de la bouche de son ami. A la place il attrapa un papier sur la table – oh non c’était l’arrière d’une photo d’elle qu’elle avait dédicacé pour une fan tibétaine – et écrivit quelque chose dessus. Tiens, pour te remercier ! Et il lui tendit presque nerveusement le papier. « Bon pour une soirée à passer avec Aden, valable tout de suite » Ah. Aden, Aden. Toujours pleins de surprise, comme un sapin de noël le matin du 25. Ivy se mit à rire doucement avant de regarder son ami. « Eh bien. Ca, ça a de la valeur, tu crois que si je le revend sur ebay je deviens riche ? » Elle rigole avant de tendre de nouveau la photo / bon / cadeau à Aden. « Tiens j’vais l’utiliser tout de suite ! Soirée ciné pop-corn ça te va ? J’ai absolument envie de revoir le rocky horror picture show. » Elle le traine dans le salon et l’installe sur le canapé. « Jte laisse démarrer les trucs je vais me changer cette robe devrait être interdit par la loi tant elle est inconfortable. » Et elle le laisse dans le salon pour s’enfermer dans la salle de bain.

Ivy était heureuse. Genre vraiment heureuse. Parce que ce soir y avait quelqu’un avec elle, quelqu’un qui voulait tout simplement passer une soirée au calme avec elle. Sans problèmes. Sans drama. Une soirée normale quoi, le genre qu’elle aurait du avoir avec Meo, film, pop-corn, verre de vin et une ambiance romantique. Connard. Tu parles. Deux ans qu’ils avaient pas passé une soirée ensemble tranquillement sur le canapé. Alors ouais, elle était bien heureuse quand Aden lui proposa sa présence comme remerciement pour la coiffure.
Dans la douche elle fit couler l’eau chaude, lavant tout le maquillage, les artifices qu’elle étalait en couche sur son visage pour ressembler à quelqu’un d’autre. Elle était enfin elle-même et son reflet dans le miroir lui renvoi l’image de la gamine qu’elle est vraiment. 21 ans tout pile et des cernes creusées sous les yeux. Elle enfile rapidement un survêtement avant de sortir de la salle de bain. « Desolé Aden j’ai fais le plus vite possible ! Mais tu sais ces mascara waterproof maintenant…..C’est une bataille pour retirer ça ! » Sauf que le salon était vide.
Vide.
Totalement vide.
Et la porte d’entrée entre-ouverte. Les chaussures d’Aden s’étaient volatilisées. Putain. Encore une fois. Ils finissent tous par partir. Encore et toujours. Et elle reste comme une conne, seule. Tellement seule. Putain de seule.
Elle arrive plus à respirer. Elle arrive même plus à pleurer. Elle se bloque Ivy. Elle se bloque et elle panique. Parce qu’elle sait pas Ivy, parce qu’elle sait plus. Elle a l’impression que tout son monde vient de s’effondrer. Parce que si même Aden la quitte, alors il lui restera quoi ? Des bras dégueulasses dans lesquels se perdre, un amour vénéneux qui brulera ses veines. Elle a envie de vomir. Mon dieu. Non.
Alors elle s’élance dans la rue, elle court pieds nus, et elle en a rien à foutre des regards. Elle veut juste comprendre pourquoi. Savoir pourquoi. Putain. Elle pleure Ivy, des larmes, des vraies. Et elle crie Ivy. Pour retrouver ce connard de flic qui a volé les fringues de son petit ami, ce connard de mec qui a piétiné son cœur, ce connard de mec qu’elle pensait différent. « ADEEEEEN !!!!! » T’es où Aden putain. Pourquoi tu pars Aden. Pourquoi tu fais ça ? Alors qu’elle est au bord de la rupture ?