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 face to face. (samij)

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JJ O'Reilly

JJ O'Reilly
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MessageSujet: face to face. (samij)   face to face. (samij) EmptyLun 16 Juil - 13:29

Je grogne un peu, alors qu'un bruit métallique me tire à moitié de mon sommeil sans que je parvienne vraiment à en déterminer l'origine. Et l'instant d'après, je sens des mains qui m'agrippent, nombreuses et déterminées. L'une d'entre elle vient se plaquer sur ma bouche pour m'empêcher de crier alors que je me mets à remuer. Il fait sombre et je ne vois rien, mais sous ma peau mon sang pulse, circulant à toute allure dans mes veines. Montée d'adrénaline subite qui embrouille mes sens. Je me débat, mes hurlements de protestations qui se font arrêter par la paume de main qui recouvre tout le bas de mon visage. Je tente de me défaire de l'emprise de mes agresseurs, je recule, me secoue, balance mes pieds furieusement, mais y a rien à faire. Ils sont trop nombreux et je me fais tirer hors de ma couchette puis carrément hors de ma cellule. J'aperçois un gardien sur le côté, qui fait mine de ne pas nous voir et très vite j'entends à nouveau le même bruit métallique, comprenant alors qu'il s'agit de la porte de ma cellule qu'on referme derrière nous. Je me contorsionne dans tous les sens, refusant de me laisser faire. Mais en passant prêt d'un panneau lumineux, j'entrevois le visage d'une des personnes qui me tient. C'est Ronald. Un gars de la bande. Perplexe, je me calme légèrement alors qu'une nuée de points d'interrogations envahie toute la place dans mon esprit. Et je repense à ma dernière altercation avec Don. Il m'avait dit qu'il y aurait d'autres tests. Est-ce que c'est l'un d'entre eux ? Au fur et à mesure qu'on avance, j'arrête de me débattre. Me disant que le test a peut-être déjà commencé ? Et j'veux pas décevoir Don. Je n'ai vraiment plus personne maintenant. Y a plus personne qui m'attend dehors. Sam veut me faire la peau, en tout cas, sa voix le veut. Eanna doit me haïr viscéralement désormais. Et Daire ne vient plus me voir. Elle m'a laissé tomber, alors qu'elle avait promis de ne jamais le faire. Encore des mensonges. Encore une personne qui jurait m'aimer avant de finalement m'abandonner. Toujours la même histoire qui se répète, encore et encore. Don ne le fera pas lui. Il a jamais laissé tomber personne, c'est ce que tous les gars ont dit. Faut juste pas que je le déçoive. Faut juste que je fasse ce qu'il me demande.

On finit par débarquer dans les douches, dans l'obscurité la plus totale. Et, enfin, les mains me lâchent et me poussent vers l'avant. Je fais quelques pas dans la direction indiquée, tout en gesticulant pour terminer d'éloigner les dernières mains qui trainent encore sur moi. — Putain ! C'est quoi ce plan encore les gars ?! Mais pour toute réponse, un silence pesant. Je finis par m'arrêter, le souffle court, sans savoir à quoi m'attendre. Et subitement, la lumière s'allume. Je sursaute, plisse les yeux le temps de m'habituer à la lumière, les protégeant brièvement avec ma main avant de regarder devant moi.

Je me fige.

Tout le reste de la bande est plantée devant moi et deux d'entre eux tiennent Samih par les bras. Il est dans un mauvais état. Je ne dis rien. La gorge nouée. Je me mets à le fixer sans savoir comment réagir, mon cœur qui se serre. Et nos regards se croisent enfin. J'ai du mal à soutenir le sien. Narines dilatées, je me mets à me mordiller l'intérieur de la lèvre nerveusement, ayant du mal à tenir en place. Je prends appui sur un pied, puis sur l'autre, mal à l'aise. Et je sens le regard de Sam dériver jusqu'à mon tatouage. Il ne peut pas le rater, je suis torse nu. Machinalement, je viens passer ma main sur ma clavicule pour tenter de le cacher ; en vain. Je détourne la tête, le regard qui se baisse, accablé par la honte. C'est Don qui finit par briser ce silence horrible. Les bras croisés, il se met à faire les cent pas devant Samih. — JJ, j'te présente Samih Scully. Il me teste. Mais je ne dis rien. Je fixe le sol un peu plus loin, de plus en plus nerveux. Mes doigts que je serre et desserre frénétiquement contre ma paume. Je déglutis et soupire, avec la furieuse envie de disparaitre d'ici. — Il a pris huit ans pour kidnapping d'enfant. Quoi ?! Je plisse le front et tourne aussitôt la tête vers Samih, l'incompréhension au fond des yeux. Il a fait quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Je l'interroge du regard, complètement démuni face à cette révélation que je peine à croire. Je le fixe, comme si j'attendais qu'il démente cette information. Mais rien ne vient. La bouche entrouverte, mon regard s'agite alors que mon cerveau tente de comprendre. Mais je n'y arrive pas. Ça ne lui ressemble pas. Samih ne fait pas ce genre de trucs. A moins que ce ne soit la voix. Mais pourquoi ? Dans quel but ? Pour se faire arrêter ? Pour venir me confronter sans qu'une vitre nous sépare ? J'ai du mal à y croire. C'est trop tordu, même pour lui. Je passe une main à l'arrière de ma nuque, tirant ma tête sur la gauche puis sur la droite, comme pour essayer de me détendre sans y parvenir. — Et nous, on aime pas les kidnappeurs d'enfants. Don s'approche de moi et se plante devant moi. — Surtout quand ils sont arabes et juifs. Pas vrai JJ ? Je peine à assimiler l'information. Qui est arabe et juif ? Mon regard tombe sur Samih. Putain. J'le connais depuis tellement longtemps, il a tellement été ma bouée de sauvetage à l'époque que je ne me suis jamais posé de questions. Je le sais pourtant qu'il est égyptien, mais ça n'a jamais vraiment percuté dans ma tête. Comme si ça n'avait pas d'importance. Et ça n'en avait pas, jusqu'à cette nuit, pour eux. Don hausse la voix, me criant presque dans les oreilles. — Pas vrai JJ ? Je me tends et ferme les yeux une seconde. La bouche close, je n'arrive pas à échapper le moindre son. Il vient me coller, si bien que je sens son souffle s'écraser contre ma joue. Je rouvre les yeux et hoche péniblement la tête de bas en haut pour confirmer. — C'est bien c'qui me semblait. Il s'éloigne, recommence à rôder autour de Samih. Comme un chasseur trop fier du gibier abattu. — On aime bien punir nous-même les prisonniers qui le mérite. Huit ans de prison c'est pas assez pour c'qu'il a fait. S'en prendre à un pauvre bébé sans défense, c'est bien un truc de bougnoule ça. L'insulte me fait tiquer. Spasme nerveux qui retrousse légèrement ma lèvre supérieure en un mouvement de mépris. C'est vrai que j'ai jamais aimé les noirs et les arabes. Mais je n'avais jamais considéré Samih comme tel et l'entendre se faire appeler de cette façon me dérange profondément. Je serre les poings. — Et puis, on s'est dit que c'était le moment de t'inviter à nos petites soirées privées. Tu le mérites JJ. Alors celui-là, il est pour toi. Et autour de moi, les gars se marrent et poussent quelques cris de joie, carrément échauffés par cette perspective. Moi pas. Machinalement, je recule d'un pas pour témoigner de mon désaccord. Je pointe brièvement Samih du doigt avant de hausser les épaules. — J'ai l'impression que vous vous êtes déjà occupé d'lui, j'vois pas c'que j'peux faire de plus. Don s'arrête et se tourne vers moi. Sa colère est palpable, elle sature l'air autour de nous et dans ma poitrine, mon myocarde s'accélère de plus en plus. Il cogne tellement fort que j'ai l'impression que tout le monde peut l'entendre. — Y a un problème JJ ? Avec toutes les bagarres que t'a déclenché ces dernières semaines, tu ne vas pas me dire que tu refuses de te défouler maintenant ? Si, c'est exactement ce que je veux dire. Je reste muet, mes sentiments tiraillés entre deux mondes opposés et ça fait un mal de chien. Don s'approche de moi et pose une main sur mon épaule, se plaçant au passage dans mon dos. — Cogne le putain ! Je tourne la tête vers Ronald qui commence à perdre patience. Et très vite, l'ambiance s'embrase. Les gars se mettent à hurler, à brandir les poings pour m'encourager. Pour m'inciter à me lancer. Mon regard qui se voile de détresse. — Allez fiston. Fais-le, pour le groupe. Mon regard perdu dans celui de Samih, je reste immobile. J'peux pas. J'peux pas.
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Samih Scully

Samih Scully
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MessageSujet: Re: face to face. (samij)   face to face. (samij) EmptyLun 16 Juil - 16:22

Ils disent que les cellules de prison font 9m2 mais ce n’est pas vrai. Ca ne peut pas être vrai. Sam avait l’impression d’étouffer dans cette cellule, et la partager avec quelqu’un c’était pire que tout. Il n’arrêtait pas de gesticuler dans tous les sens sous sa couverture rèche. Première nuit. Premières heures. Sam n’avait pas tellement eu le temps de profiter des joies carcérales et s’était contenté de faire les présentation avec Bobby son co-détenu. Un type qui semblait aussi vieux qu’on pouvait l’être. Visiblement ici depuis tellement de temps qu’il avait fini par faire parti des meubles. C’est comme ça qu’on va finir Sam ? Une fois qu’on aura buté JJ et qu’on aura repris perpette ? Toute une vie entre ces quatre murs. Non, ce n’était pas possible, Sam se pendrait avant d’avoir atteint l’âge avancé de Bobby -peu importe ce chiffre. Il inspirait, expirait, essayait de prendre une bonne position. Rien à faire. On devait être au milieu de la nuit et il ne trouvait pas le sommeil. Comment il allait tenir ici ? Comment ? Il se leva de son lit fit quelques pas sur le sol poisseux, froid. Ca faisait un peu de bien, il était en nage - en manque. Les tremblements commençaient. Quand il tomba face aux barreaux, il s’arrêta un moment, s’approcha de ceux-ci pour les toucher du bout des doigts et regarder les dizaines d’autres cellules alignées, devant lui et le calme plat de la nuit, quand les animaux sont endormis. Il respira bruyamment, commença à faire les cents pas en se grattant la tête, alla jusqu’à son lavabo pour se passer un peu d’eau sur le visage. T’inquiète gamin, c’est toujours comme ça la première nuit. Sam sursauta. C’était le vieux Bobby, sur la couchette du haut, enroulé dans la couverture. Il tourna sa vieille tête de fossile jusqu’à Sam. Tu finis par t’y faire et bientôt tu dormiras comme un bébé. Sam lui lança un coup d’oeil mais ne répondit rien. Il ne dormirait plus jamais comme un bébé. Pas sans 30 mg d’oxycodone en tout cas.

Un bruit métallique. Sam se retourna vers les barreaux, Bobby se releva dans la hâte. Merde. C’est… la fouille de nos cellules ? Bobby secoua de gauche à droite la tête. Pour moi ça peut être qu’une chose... Sam le regarda pendant que sa respiration s’accélérait.

Salut Scully. Un type apparu comme ça, d’un coup, dans l’entrebaillement dans sa cellule ouverte, la seule de tout le bâtiment. Sam recula d’un pas et buta contre le lavabo, quand il disait que ça ne faisait pas neuf m2. Bobby était descendu de sa couchette. Qu’est-ce que tu lui veux ? J’crois pas que ça te concerne, vieux débris. Sam reculait encore, même s’il avait déjà atteint le mur, s’il pouvait il se fusionnerait avec le béton pour y disparaître pour toujours. Ces types et leur allure, c’était comme un souvenir lointain. Comme quelque chose au fond de son crâne qu’il avait préféré oublié. Ces types et leurs crânes rasés, la blancheur de leur peau, leur haine, cette façon qu’ils ont de vous regarder, comme si vous n’étiez même pas de la même espèce. On va faire visiter le quartier à notre nouveau coloc. Allez, viens. Quatre heures qu’il était là. Comment ces types pouvaient déjà le connaître ? Et pourquoi il voulait l’emmener ? Les suis pas. No shit, merci du conseil. Ca va aller, merci. Qu’il répondit d’une petite voix, tremblante à cause du manque, ou de la peur. Le type se mit à ricaner et il lui suffit de se tourner vers deux gars, qui entrèrent de force dans leur cellule, plongèrent sur Sam, attrapèrent ses bras. Il commença à se débattre, du plus fort qu’il pouvait - c’est-à-dire pas très fort. Lâchez-moi ! GARDIEN ! Rire généralisé, il n’y avait que Bobby pour assister impuissant à la scène. Il savait bien qu’il n’y avait rien à faire dans ces cas-là. Don avait ses passe-droit avec les gardiens de nuit.

Sam se débattait comme s’il allait mourir. Presque sûr que c’était ce qui se produirait. Alors ça se terminerait comme ça ? Ton putain de plan ? Quatre heures de prison et tu te fais lâchement tuer dans la nuit ? BATS-TOI BORDEL ! Il y mit tellement de force qu’il réussit à déstabiliser l’un des larbins, qui tomba sur le sol. Mais c’était comme une ultime provocation. Le type se releva et plongea sur Sam avec deux fois plus de violence, lui tordit le bras si fort qu’il eu l’impression d’avoir les os brisés et envoya un coup de poing tel que Sam perdit connaissance quelques secondes, le temps de se faire trainer hors de la cellule. Quand il reprit ses esprits, ils étaient en route vers les douches.

Son sang ne fit qu’un tour.

Non, non, NON ! NON ! LÂCHEZ-MOI ! Qu’il hurla de toutes ses forces sans personne pour l’entendre, ou au moins, personne pour l’écouter. Les types hurlaient, ils hurlaient des insultats, les pires qu’on pouvait entendre sans doute, ils hurlaient des trucs, parlaient de règles à connaître, de quelqu’un à lui présenter, d’une petite séance de rappel. Lui rappelait que ce n’était pas les singes qui allaient faire la loi, qu’il n’était qu’un être répugnant, un malade, un sous-homme, ce genre de mots se fracassaient contre Sam, mais tant que ce n’était que des mots, il gardait cet espèce d’envie de vivre au fond de lui. L’envie de ne pas crever là, de ne pas vivre ce genre de trucs, pas comme ça. Jamais. Et tout ce qu’on entend sur les prisons s’avère être vrai, tout est vérifié, tout se passe si vite.

On envoya Sam sur le sol et il percuta son crâne contre le carrelage. Il se mordit la langue et cracha du sang juste après en se rétablissant mollement sur ses mains. Pas le temps de relever la tête qu’un coup de pied valsait dans ses côtes, il retomba sur le ventre en gémissant. L’instant d’après les coups pleuvaient de l’autre côté. Contre son crâne, contre ses côtes, ses jambes, chaque putain de bout de chair était pris pour cible. La bouche gorgée de sang, Sam tentait minablement de supplier. Supplier qu’on arrête, qu’il n’avait aucune idée de qui ils étaient. Mais ce n’était pas tellement pour ça qu’il se faisait passer à tabac et il le savait. Le problème n’était pas qui il était. Mais ce qu’il était.

Enfin les coups s’arrêtèrent une maigre seconde. Et Sam n’osait même plus bouger, là dans le sol ensanglanté, et trempé d’eau, car l’eau froide s’abattait sur son visage. On le redressa, en le tenant si fermement par les bras qu’il ne les sentait tout simplement plus. Il était à genoux, et contemplait les carreaux blancs et rouges, rouges de sang. Le même sang qui gouttait de son visage. Il voyait flou, et à peine dans cette pénombre. Il ne se passa rien pendant quelques minutes, quelques instants, une éternité. Rien du tout jusqu’à ce que la lumière ne se rallume subitement, agressant la rétine de Samih qui fronça les sourcils, un peu sonné, beaucoup en fait. Il releva la tête, sa tête aussi lourde que du plomb. JJ était là, juste devant. Et bah c’est lui qui t’a trouvé le premier. Commenta l’autre dans une envie d’être cynique. Sam en rirait presque si ce n’était pas aussi douloureux. Il regarda son visage, son visage d’enfant. Alors il voulait terminer le boulot hein ? Buter Sam avant que Sam ne le bute ? Peut être que l’autre l’avait prévenu qu’il viendrait ici. Peut-être qu’il avait deviné ses plans, peut-être que tout ça n’était rien d’autre que la loi du plus fort. Et pourtant, crevant les yeux de Sam, la croix gammée sur son épaule s’imprima au laser sur sa rétine. La croix gammée sur son épaule. La croix gammée. Symbole de la haine la plus terrible, symbole de la haine contre lui. Soudain c’était clair, ces types étaient les néo-nazi, les suprématistes blancs. Ils étaient tout l’inverse de Sam, et JJ était avec eux. Le regard de l’égyptien sembla brûler JJ qui se passa la main sur sa clavicule, pour cacher sa marque au fer rouge. Mais c’était trop tard et Sam en avait presque les larmes aux yeux. S’il n’était pas aussi assommé.

JJ, j’te présente Samih Scully. Il sait parfaitement qui on est. Que Sam voudrait hurler avec l’autre, si sa mâchoire n’était pas si douloureuse. Au lieu de ça il laissa retomber sa tête mollement en direction du sol pour continuer à compter les gouttes de sang qui tombaient de ses lèvres. …on aime pas les kidnappeurs d'enfants. Surtout quand ils sont arabes et juifs… Sam ne captait qu’un mot sur deux, c’était déjà beaucoup trop à assimiler. JJ sait même pas ce que c’est que le judaïsme putain. Rageait-il au fond, tout au fond. Mais au final, il ne savait plus rien. Il ne connaissait pas ce type, il ne connaissait pas JJ. Il avait pensé, il avait cru ces dix dernières années, il avait pensé être comme un genre de père, de grand frère. Mais il avait toujours eu tout faux. Il s’était gourré de A à Z. Le reste Samih ne l’écoutait pas.

Presque cinq mois qu’il était là, à se faire sa place, se trouver de nouveaux amis, devenir encore pire que ce qu’il avait pu l’imaginer. JJ avait déraillé à un moment donné et Sam tentait de se repasser le film en sens inverse pour savoir à quel moment il avait merdé. Car c’était lui qui l’avait élevé, lui et personne d’autre. Lui qui était responsable. Lui qui avait foiré. Mais à quel point on peut foiré pour que votre meilleur ami, frère ou peu importe quel était le meilleur titre, se transforme en espèce de nazi sans conscience ? Est-ce que c’est là que ça allait se finir ? Comme ça ? De cette manière ? Sur ce carrelage ? Dans cette prison ? Est-ce qu’il n’avait plus qu’à attendre que ça lui tombe dessus ? Parce que de toute façon il n’aurait pas la force. Il n’aurait jamais la force. Il n’était qu’un raté.

J’suis là. J’suis là Samih. Ce n’était pas ça qui allait remettre JJ sur le droit chemin. Pas ça qui allait changer les choses, qui allait effacer ce tatouage ignoble sur sa clavicule, qui allait effacer le viol d’Assia. JJ avait foiré de manière indélébile. J’veux pas le sauver. J’veux nous venger. On n’est pas vraiment en mesure d’y arriver. Il a le dessus. Il a le contrôle. Et comme tout ce que Sam avait un jour entreprit dans sa vie : son plan allait tomber à l’eau et il finirait mort dans des douches. On appuya violemment sur le bouton, et l’eau glacée se remit à tomber, fouetter le visage défait de Sam, comme un électrochoc, accompagnant le cri assoiffé d’un des types : Cogne le putain !
Fais-le… Lâcha alors Sam, mais tellement bas que personne ne put l’entendre. Fais-le JJ. Qu’il aimerait répéter sans en avoir la force. Allez fiston. Fais-le, pour le groupe. Oui, fais-le pour le groupe, JJ, car ils sont les seuls qu’il te reste maintenant. Sam releva doucement la tête, tout doucement, et ça faisait un mal de chien. Son regard accrocha celui de JJ, il voyait bien qu’il était mal, qu’il ne s’attendait pas à ça. Sans doute. On sait pas. Pourquoi ces types tomberaient sur Sam dès la première nuit si JJ ne leur avait pas dit ? Comment pouvaient-ils être au courant de ses origines ? De la religion que sa mère lui avait transmise avait de se faire tuer, elle aussi, par la haine ? Pourquoi s’en prendre à lui si JJ n’avait pas déjà tout raconté ? Les larmes coulaient enfin, se mêlant au sang et à l’eau froide. Les yeux de Sam, injectés de sang ne voulaient plus quitter JJ. Plus jamais. Il avait repris le contrôle, ou peut être que c’était l’autre, on ne sait pas très bien. Quoi qu’il arrive, il se redressa du mieux qu’il pu, avant qu’un type ne serre son étreinte et ne le mette presque à terre. VAS-Y COGNE ! Hurla Sam au travers d’un cri de douleur qui lui brisait les côtes. ALLEZ JJ FAIS-LE ! Qu’il ajouta, sans trop savoir si la douleur la plus vive était celle de son crâne ou de son coeur. Si c’est pas toi qui le fait, ça sera moi ! Les rires accompagnèrent ses menaces en l’air. Mais le patron des lieux ne tenta même pas de faire taire sa victime, peut-être même que ça l’arrangeait. J’suis là pour ça non ? HEIN ? HEEEIN ? La colère le maintenait en vie, comme si c’était son seul carburant depuis des mois maintenant. L’envie de vengeance. Sam se retrouva sur ses pieds, ses ravisseurs l’avaient tiré si fort en l’air pour ensuite le rabattre contre le mur. Ses vertèbres heurtèrent les tuyaux et on le laissa enfin libre, le temps que le sang ne se remettent à circuler dans ses bras. Deux secondes de battement. Sam regarda JJ. Il ne voyait plus de frère, plus d’ami, plus qu’un étranger avec un tatouage nazi. Il semblait tellement énorme, là, vu comme ça, et pourtant il ne l’était pas comme ça. Sam inspira profondément, ce qui lui arrachait les os. Et il se jeta en avant. Il plongea littéralement vers JJ dans un cri de désespoir, mais fut attrapé par les gros bras qui le poussèrent en arrière si fort qu’il s’éclata le crâne contre les carreaux et bascula à nouveau sur ses genoux.
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JJ O'Reilly

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MessageSujet: Re: face to face. (samij)   face to face. (samij) EmptyLun 16 Juil - 17:48

L'eau qui ruissèle sur son visage tuméfié, le sang qui roule de partout, qui s'étale, qui prend toute la place. Je fixe le liquide épais et je me surprends à rester impassible. Ça n'éveille rien en moi. Aucune envie de violence. Le calme plat. Et ça me perturbe. Je fronce légèrement les sourcils et tourne la tête vers une des cabines de douche. Celle où j'ai tué le gars. Et là, en une fraction de seconde, la colère monte en flèche. Souvenirs violents qui irritent mes nerfs. Je serre les dents et repose mon regard sur Sam. La pression redescend. Ses yeux injectés de sang qui se chargent de larmes et je les vois rouler à travers les gouttes d'eau. Plus épaisses, moins rapides. Je baisse les yeux. J'peux pas. Ça me fait un truc, là, dans la poitrine. Ça serre mon cœur et ça me rend triste. Bien trop triste. C'est presque douloureux comme émotion. Je ne la comprend pas, je ne l'explique pas. Mais elle est là, puissante et dévastatrice. Je me sens impuissant face à elle. Ça me broie les entrailles et me donne envie de remonter le temps. De retourner à l'époque où tout allait bien. L'époque ou personne n'était en prison. Ou personne ne détestait personne. Mais j'suis là, coincé ici, avec Samih. Avec eux. Et je voudrais vraiment croire que ce n'est pas eux ma famille. Une part de moi y croit encore, aux kids, à toutes ces années. Mais la réalité me rattrape bien vite lorsque Sam se met à gueuler, m'arrachant un sursaut. — VAS-Y COGNE ! Il s'est redressé, fauve enragé. Prêt à en découvre jusqu'à son dernier souffle. Et toute la haine qu'il éprouve se fracasse contre moi et brise un truc dans ma poitrine. Le désarroi dans mon regard, douleur vive qui comprime mes poumons ; je peine à respirer. Le souffle coupé par le rejet de Samih. Et très vite mes yeux imitent les siens, se chargeant de larmes qui refusent malgré tout de couler. La main de Don serre mon épaule encore plus fort, comme pour me soutenir. M'encourager. Me montrer qui est vraiment de mon côté dans cette pièce. J'ai serré mes poings encore plus fort, mais je n'ai toujours pas bougé, toujours rien dit. J'suis comme pétrifié, dégouté par cette réalité. Ça peut pas se finir comme ça, pas ici. Ça peut pas se finir, tout court. — ALLEZ JJ FAIS-LE ! Je le dévisage, complètement dépassé par la tournure des évènements. Et je reste planté là, sans que la moindre once d'animosité ne veuille pointer le bout de son nez en moi. Juste un putain de calme plat et je ne comprends pas. Il me faut moins que ça d'ordinaire pour allumer la mèche, pour que je pète un câble. Pourquoi est-ce que là, rien ne se passe ? Don me secoue un peu, il n'a pas l'air de comprendre plus que moi pourquoi je ne réagis pas. — Si c’est pas toi qui le fait, ça sera moi ! Je préfèrerais que ça se passe comme ça. Je donnerais n'importe quoi pour échanger nos places. Pour ressentir sa haine, sa fureur, pour être animé par des sentiments aussi violents et tranchés. Pour le sentir me cogner, pouvoir le haïr encore un peu. Mais non, je suis de l'autre côté ; inanimé. Sans haine. Juste une profonde souffrance qui grignote tout. Je tourne péniblement la tête vers Don, comme pour y chercher du soutien, des réponses, quelque chose. — J’suis là pour ça non ? HEIN ? HEEEIN ? Mon regard qui se braque sur lui aussitôt, le front plissé. De quoi il parle ? L'incompréhension qui plane dans mon regard pendant un moment mais elle s'envole rapidement alors qu'il se jette subitement dans ma direction. Je me dresse mais ne recule pas, prêt à encaisser le choc. Mais les gars l'intercepte avant qu'il n'ait pu faire deux pas et le jette en arrière. Il se fracasse contre le mur dans un bruit sourd qui me fait grimacer, puis retombe à genoux au sol, complètement sonné. Je réagis enfin, mais pas comme prévu. Je passe mes mains sur mon visage comme pour me réveiller, sortir de cette torpeur éprouvante. Et je fais demi-tour, cherchant à m'éloigner de tout ça. Don, qui a toujours sa main sur mon épaule, me retient et me repousse en arrière, fâché. — Où est-ce que tu vas putain ? Je commence à m'agiter, le sang qui vient s'éclater contre mes tempes et ça fait un bruit assourdissant dans mon crâne. — Laisse-moi passer, Don. Que je grogne, fatigué. Il me refile une gifle. Je recule d'un pas, surpris et vient posé ma main sur ma joue pendant deux secondes. La respiration qui s'accélère. — Qu'est-ce tu fo... Seconde gifle. — Putain ! Je vois ce qu'il essaye de faire. J'veux pas. — Arrête, fais pas ça. Réveille pas la bête. Le carnage a déjà eu lieu, pas la peine que j'en refasse un. Troisième gifle et ça gueule de plus en plus fort autour de moi, je perds mes repères, ça vrille dans ma tête. — Arrête.. Je supplie presque, recule encore d'un pas, me rapprochant au passage de Samih. Quatrième gifle, plus forte cette fois, ça se déglingue dans ma tête. Je hurle. — MAIS ARRÊTE PUTAIN ! Je fonce sur lui, prêt à me défendre, mais il me retourne précipitamment et me pousse vers Samih, je le frôle et m'arrête juste avant de le percuter. — Fais ce que tu dois faire JJ. Sinon... Sinon je finis tout seul. En prison et dehors. Ma poitrine se soulève et se baisse rapidement, rythme effréné, l'air me brûle la gorge et les poumons. Et dans mon regard se mêle rage et désolation. Et ça continue de crier autour de moi. Rugissements bestiaux qui m'envahissent et finissent de tout péter dans ma tête. Mes pupilles qui se dilatent, mes veines qui se gonflent et deviennent apparentes un peu partout sur mon corps. Nos regards qui se heurtent à nouveau et je repense à notre dernière entrevue. A ce qu'il a sous-entendu. Je repense à ces derniers mois. A quand il m'a frappé à cause de Trixia. A ses silences. Sa fuite. La façon dont il m'a évité. Laissé tomber. Je lève mon poing et il s'abat violemment sur sa mâchoire. Cris de joie autour de nous. Pourtant moi, je n'en éprouve aucune à cet instant. Le coup m'a fait étrangement mal. Pas à la main. Non, un truc plus insidieux. Deuxième coup de poing et je recule d'un pas, comme si je venais de me faire électrocuter. J'ai l'impression d'éclater en morceaux en même temps que lui. Mon souffle est rapide et bruyant, je m'emmêle dans le désordre de mes pensées, dans le chaos de mes sentiments. — FAIS-LE JJ !

Et je craque.

Un coup, un autre, encore un, encore, encore, encore. Je me déchaine, enragé. Les gars ne le tiennent même plus. Mes poings, mes pieds, tout y passe. Je frappe de toutes mes forces, je hurle, je chiale sans m'en rendre compte. Ils ne savent pas eux, mais à chaque nouveau coup que je lui porte, c'est moi que je démolis. Et j'le frappe, et j'ai mal. Et bientôt, je me mets à articuler tout ce qui me passe par la tête. Besoin irrépressible d'extérioriser des choses trop longtemps contenues. — J'LUI AI RIEN FAIT PUTAIN ! J'LUI AI RIEN FAIT ! Les autres ne comprennent pas, mais Sam oui. La voix aussi. J'ai rien fait à Assia. A force de me le répéter, j'ai fini par y croire dur comme fer. Je voudrais avoir une pierre sous la main pour pouvoir l'éclater contre le crâne de Sam. L'ouvrir en deux et y installer cette putain de vérité, ma vérité. Je voudrais lui arracher la bouche pour qu'il ne puisse plus jamais insinuer un truc pareil, encore moins me repousser. Mon pied qui s'écrase sur son visage, sans la moindre retenue. — TU M'AS LAISSÉ TOMBER ! Je m'étrangle dans mes sanglots violents, le corps qui tremble de rage. — TU M'AS, PUTAIN, DE, LAISSÉ, TOMBER ! Chacun de mes mots est entrecoupé d'un nouveau coup. — TOUT ÇA C'EST TA FAUTE SAMIH ! TA, PUTAIN, DE, FAUTE ! J'avais besoin de toi pendant que je partais à la dérive, pour me rattraper avant que je me fasse engloutir par tout ce qu'il y a de pire en moi. T'étais où putain ? C'est trop tard maintenant. Tu vois comme c'est trop tard ?

Il va l'buter... Don ? Il claque des doigts et très vite, des mains m'attrapent et me soulève pour tirer plus loin. Mais c'est trop tard pour me calmer. Véritable furie, complètement hors de moi, hors de contrôle, je me débats sans plus pouvoir me contenir. Je ne capte plus ce qu'il se passe autour de moi. J'ai sombré dans un volcan de colère en plein éruption. J'amoche les miens et ils sont finalement obligés de me cogner dessus pour me calmer. Don qui m'attrape la gorge et m'étrangle pour me priver d'air et me faire redescendre. Et ça marche, la haine se distille dans le manque d'oxygène et je finis par cesser de lutter. Il me relâche et je m'effondre au sol, le haut du corps qui a viré au rouge. Le sang de Sam qui perle un peu partout sur moi et qui me brûle la peau. — Bordel, c'était quoi ça ? Don ne dit rien, visiblement un peu dépasse lui-même, il n'avait probablement pas prévu que ça déraille autant. — Il respire l'autre ? Deux gars se précipitent vers Sam pour voir s'il est toujours conscient. Hochement de tête, il respire. Je reste étalé là sur le carrelage glacé et trempé, la respiration bruyante, on n'entend plus que moi qui peine à redescendre de ma transe. Je tourne la tête sur le côté pour regarder Sam. Les larmes qui continuent de rouler alors que je visualise l'horreur que je viens de jouer. Je voudrais m'excuser, ramper jusqu'à lui, le tenir contre moi, lui promettre qu'on va tout arranger. Mais j'suis incapable de bouger, de parler. Je cherche juste désespérément son regard, un signe de vie, un truc qui me dirait qu'il ne m'en veut pas. Qu'il sait que ce n'est pas de ma faute. Que je ne voulais pas tout ça. Sam, putain, j'voulais pas. C'est pas de ma faute, c'est eux. Ils rentrent dans ma tête et ils font ce qu'ils veulent après. Sam, tout ça, c'était eux. C'était pas moi. J'te l'jure.
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Samih Scully

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MessageSujet: Re: face to face. (samij)   face to face. (samij) EmptyMer 25 Juil - 10:26

JJ qui refusait de l’affronter, c’était presque pire. Parce qu’après tout ce temps, il avait toujours fuit. Il n’avait jamais rien assumé. Il n’avait jamais avoué. Il continuait son manège, persuadé d’être dans son bon droit, persuadé que ce n’était pas lui qui avait tout foiré. Pourquoi est-ce qu’il avait menti ? Pourquoi mentir à ce point ? Comment avait-il pu le faire ? Comment avait-il pu le consoler quand Assia était partie ? Comment ? COMMENT ? COMMENT T’AS PU FAIRE ÇA JJ ? Mais rien, rien ne faisait écho au regard enragé de Sam, juste l’air perdu de JJ, son air le plus démuni. Peut-être bien qu’il ne comprenait pas. Peut-être qu’il n’avait aucune foutue idée de ce que lui reprochait Sam. Dans ce cas, y avait rien à faire pour lui. Sam cherchait la confrontation, il en avait besoin. Ca serait l’ultime test, celui qui lui enlèverait ses dernières barrières. Celui qui voudrait dire, ok, maintenant on peut le faire. On peut tuer JJ. On doit le faire. Et même ça, JJ lui arracha des mains quand il fit volte-face pour sortir. Même à ce moment là, JJ n’était pas foutu de faire ce qu’on attendait de lui. REVIENS ! Criait Sam, la bouche pleine de sang. T’AS PAS L’DROIT D’ME TOURNER L’DOS JJ. Pas le droit d’abandonner, c’était allé trop loin maintenant, fallait qu’il assume les conséquences de ses choix. Fallait qu’ils l’assument tous les deux. Ses copains, ses putains de nazis de copains le retenaient et Sam était pendu à leurs lèvres aussi sûrement qu’il l’était à la vie. Le corps en ébullition et le coeur en vrac. Il n’avait même pas froid, malgré l’eau glacé. Il était trop enragé pour ça. Et ce type, le chef de gang, il gérait ça de la bonne manière. Il gérait ça comme un bourreau, et JJ était plus docile qu’un chien de garde. Et Sam le regardait faire avec ce sale sentiment au fond du bide, comme un coup de poignard à chaque gifle que ce type lui retournait. Ca faisait mal. Mal de le voir maltraiter JJ. Encore plus mal de se rendre compte que c'était ça qui marchait. Mal de comprendre à quel point ils avaient le contrôle sur lui et, au contraire, à quel point lui ne l’avait jamais eu. Une famille hein. Une famille, c’est ainsi qu’ils s’étaient toujours présentés les Kids. Parce que c’était le sentiment que ça donnait. Et tous ces derniers mois n’avaient été qu’une putain de blague. Tous ces mois avaient prouvé le contraire. JJ n’avait pas besoin d’une famille, juste d’une groupe n’importe lequel. Prêt à sacrifier tout ce qu’il était ne serait-ce que pour se sentir intégré. Prêt à défendre n’importe quel valeur tant qu’il n’était pas seul. Des valeurs ? Est-ce qu’il en avait vraiment ? Tout avait pris feu chez lui. Et les vapeurs toxiques qui se dégageaient de lui étouffaient complètement Sam, à l’agonie, sur ce sol mouillé. L’autre donna à Sam la force de se remettre sur ses pieds, par on ne sait quel miracle. Il avait les jambes qui tremblaient et la gorge nouée quand JJ fut projeté contre lui là, à quelques centimètres. Collisions des coeurs.

Pendant trois dixièmes de seconde, ce fut comme au ralenti. Sam le voyait de si près, son air désemparé. Mais il n’y répondait qu’un regard qui n’exprime rien d’autre qu’une déception sans limite. Les sourcils froncés par ce sentiment douloureux qui prenait de plus en plus de place en lui. Sam ne chercherait pas à l’aider. Il n’allait pas le défendre. Il n’allait pas essayer de lui faire comprendre à quel point il était tombé bas en traînant avec cette bande de skinhead. Il ne ferait rien, absolument plus rien pour JJ. C’était la fin, pour eux deux.

Si c’était le chaos pour JJ, il n’en était rien pour Sam qui est dans un silence presque religieux. Y a rien autour de lui, que JJ . Il n’entend plus les ordres du chef de gang, les rugissements de ses acolytes. Non rien , le silence. Et puisqu’ils ne sont plus que tout les deux, d’une voix brisée et avec un débit de plus en plus rapide, sentant venir l’impact, il commence : Vas-y, prouves-moi que j’ai eu tort. Sa voix est calme d’abord et le ton monte crescendo à mesure que JJ se remplit de haine comme il sait si bien le faire. Assia et moi on t’a tout donné JJ, on t’a élevé comme notre frère. Alors fais-le qu’on en finisse. Qu’il donne le premier coup, parce que Sam n’osera jamais le faire en premier. Il l’aime encore trop, la déception est encore trop immense pour qu’il ne puisse réfléchir correctement. Il ne veut pas laisser l’autre encaisser ces coups à sa place, parce qu’il sait qu’il en aura besoin, plus tard. Fais-le parce que j’te pardonnerais ja- Le premier coup s’abattit sur sa mâchoire. Deux secondes de blanc, un sifflement sourd dans ses oreilles, Sam s’était accroché à JJ par réflexe, plantant ses doigts sur son épaule. Mais il refusait d’abandonner, il refusait que ça soit aussi facile. Alors il reprit la voix tordue de douleur JAMAIS T’ENTENDS ? Mais déjà les autres coups se mirent à pleuvoir, et Sam se retrouva face contre terre à se noyer dans son propre sang, mêlé à l’eau froid. Si froide. J'LUI AI RIEN FAIT PUTAIN ! J'LUI AI RIEN FAIT ! Sam voudrait répondre encore et crier que c’était faux, que tout avait été faux depuis le début. Mais il n’en avait plus la force. Le coup de pied sur son crâne martelait les trop nombreuses trahisons. Comme un clou que JJ enfoncerait à grand coup à chaque fois. Au lieu d’y installer cette fausse vérité à laquelle il s’accrochait de toutes ses forces. Chaque respiration était douloureuse maintenant. Chaque seconde de vie était comme un coup de poignard. Sam rampait pour reprendre une bouffée d’air, mais chaque fois un nouveau coup le ramenait contre le carrelage. Et il ne put qu’articuler mollement, la mâchoire brisée : Evidemment que c’était toi. J’le sais d’puis… d’puis longtemps. peut-être même qu’il l’avait toujours su. Que je l’avais toujours su. depuis le premier jour. Depuis cette nuit où Sam avait trouvé sa soeur à l’agonie sur son parquet. L’autre avait compris.

Le sifflement dans le crâne, comme s’il s’était trouvé dans une grande explosion se faisait de plus en plus fort maintenant. Il ne comprenait qu’un mot sur deux qu’hurlait JJ de toutes ses forces. Et Sam accusait chacun des coups. Il l’a laissé tomber. Oui. Tout ça c’est de sa faute. Oui. Sam en était intimement convaincu. Il n’avait pas su le gérer, il l’avait laissé détruire sa famille. Détruire Eanna, détruire Assia, détruire Trixia. Et toutes ses autres victimes. JJ était un putain de serial killer, qui foutait en l’air toutes les vies autour de lui. Sam avait élevé un monstre. Le voilà en prison pour régler ça, payer pour ses fautes. Il s’était lui-même enfermé parce que c’était trop dur d’être à l’extérieur. Trop dur. Il enfilait lui même sa camisole, rassurante. Parce que maintenant ce n’était plus qu’entre eux. L’un finirait par payer.

Et puis il y eut le coup de grâce. Le coup fatal. Sam s’écrasa sur le sol, trou noir. Plus aucun signe de vie. Loque humaine, trop souvent maltraité. Ca avait des airs de dernier souffle quand JJ lâcha sa dépouille. Les yeux exorbités, le sang qui s’écoule de sa bouche, de son nez et des plaies ouvertes partout sur son visage et sur son corps. Ses côtes pétées, son nez de travers, chacun des membres fait un mal de chien une seconde, et puis plus rien. Rien. Rien. Que le néant. Et plus de voix, plus de cris, plus de coups. Une paix de quelques secondes le temps que tout le monde s’éloigne de son cadavre. Sam reprit conscience le premier, mais ne bougea pas d’un poil. Paralysé. Paralysé par une tristesse infinie. Il n’était pas assez fort pour ça. Pas assez fort. Il ferait mieux de passer huit ans planqué ici, loin de tout, fuir. Ouais c’était bien ça. Parce que c’était déjà trop douloureux. La joue contre le carrelage, il n’osait même pas respirer, ou à peine. Il regardait le vide, et voyait incroyablement flou. Il voyait des pieds, et rien d’autres. Et une larme s’écoula, silencieuse, il priait que personne ne l’ait vu.

Quand j’émerge à mon tour, Sam a rendu les armes et les autres sont encore là, en train de se demander s’ils doivent me traîner dans ma cellule ou me laisser ici. Sans faute qu’il faudra me porter, que je ne laisse pas une traînée de sang partout. J’avale ma salive et reprend peu à peu conscience de mon corps. Ca fait très mal. Je bouge un bras, et ça attire l’attention de tout le monde. Y a la rage qui me donne une force surhumaine. La force de pousser ses mes bras tremblants pour me relever, assis sur le sol. Et je monte le regard jusqu’à JJ que je reconnais à peine tant ma vision est troublé. Je le fixe, sans le sentimentalisme dont Sam sait faire preuve. Il a compris que c’était à moi qu’il aurait à faire maintenant. Tu f’rais mieux d’finir le job JJ. Allez, tues-nous. Je l’encourage. De toute façon il est déjà allé trop loin. Parce que sinon on s’occupera de toi. On est venu exprès pour toi. Je menace. Et ça fait réagir un des types au quart de tour. Qu’est-ce qu’tu viens d’dire ? qu’il grogne en s’approchant. Mais il se fait arrêter d’un geste par le chef de meute à qui je n’adresse pas un regard. Je ne fixe que JJ et je tiendrais jusqu’à ce que mon corps me lâche. Un grand silence. J’essuie douloureusement une traînée de sang qui coule entre mes dents cassées. Au fond d’moi, c’est presque jouissif. Je repense à notre dernière conversation, à JJ et à moi. Il pensait que j’gagnerai jamais. Et c’est fait. Merci pour ma première victoire.
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JJ O'Reilly

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MessageSujet: Re: face to face. (samij)   face to face. (samij) EmptyLun 13 Aoû - 1:50

ce rp contient une scène de viol (en italique),
donc ne lisez pas si c'est un sujet sensible pour vous.


J'suis maintenu fermement au sol, jusqu'à ce que je cède. Jusqu'à ce que j'arrête de me débattre, que j'arrête de vouloir buter tout le monde. Foutre le feu à cette prison, à Don, à Sam, à tout le monde, à moi peut-être. J'sais plus, tout s'embrouille. Amas brumeux dans ma tête, des étincelles qui pètent de partout encore, menaçant de refoutre le feu aux poudres. Je cherche Sam du regard, mais je ne trouve que son visage éteint, écrasé sur le carrelage rouge. Il n'est plus là pour l'instant, KO. Et à nouveau, je me retrouve seul. Je voudrais hurler, pour qu'il m'entende, pour qu'il revienne à lui, se réveille et me dise que tout est arrangé maintenant. Mais les mots restent coincés dans ma gorge. Je suis muet. Presque tétanisé. Épuisé finalement. Et pendant quelques instants, je me laisse aller moi aussi. Bercé par le brouhaha ambiant, par les flashs de lumières et les ombres qui viennent griller mes pupilles explosées. Je souffle, avec la sensation étrange de m'endormir tout en restant parfaitement éveillé. Je me perds dans des souvenirs diffus, que j'avais pris soin d'oublié jusqu'à présent.

***

décembre 2015, savannah.
Goûte, tu vas adorer ! Ça fait trente minutes qu'elle m'allume comme ça. J'ouvre la bouche et la laisse déposer dedans sa mixture. Je la fixe, avec insistance, mon corps qui se rapproche du sien sans qu'elle ne me repousse. Je vois bien ce qu'il se passe, c'est limpide. Elle en a envie, elle me bouffe du regard depuis des semaines. J'suis plus un gamin maintenant, elle l'a enfin compris. — Ouais, j'adore. Que je lâche tout doucement, son sourire se tord un peu mais je n'y fait pas attention. Un sourire c'est un sourire, non ? Ma main droite vient se poser sur sa hanche et je fonds subitement sur elle, mes lèvres qui se posent dans sa nuque pour y déposer un baiser osé. — JJ ! T'es dingue, recule. Elle ricane bêtement. Elle ne veut pas que je recule, non. Elle dit ça pour la forme, parce que c'est moi, parce que c'est bizarre, un peu. Mais si elle ne voulait pas, elle m'aurait repoussé, elle aurait reculé, elle se serait fâchée. Elle ne se serait pas contenté d'une petite réplique balancée sur un ton tranquille. J'ai bien vu dans les films - et pas que les pornos - comment ça se passe. La fille qui résiste pour le plaisir de se sentir désirée. J'dis plus rien, me plaque plus violemment contre elle, la coince entre le plan de travail et moi, ma bouche toujours dans son cou, de plus en plus avide ; impatiente. — JJ, arrête - je, arrête. Je la sens qui se raidit contre moi, c'est sûrement l'excitation. Ses mots qui ne trouvent plus de sens dans ma tête. Elle s'agite entre mes prises, je n'y fais pas attention. C'est rien, c'est normal, c'est un jeu. On joue, voilà. Mais je m'écarte une seconde, le sourire aux lèvres, prêt à venir capturer les siennes pour prolonger l'instant. Elle en profite pour libérer une de ses mains et me retourne une gifle monumentale. Perplexe, je la libère complètement et recule de deux pas la dévisageant, stupéfait. — Rentre chez toi ! Qu'elle m'ordonne en criant, des larmes pleins les yeux avant de me contourner et de quitter la pièce.

Et en une fraction de seconde, les plombs sautent, les lumières s'éteignent.
Y a plus de sourire, plus de regard de gamin.
Y a plus que cette rage dévorante et cette haine du rejet qui m'animent. De façon virulente.

Je fais demi-tour et m'élance à sa poursuite. Je la rattrape aisément, j'arrive dans son dos, attrape ses cheveux, tire violemment sa tête en arrière avant de la propulser en avant et de la lâcher au passage. Elle bascule et s'éclate sur la table basse en verre qui se brise à son contact. Je ne réagis même pas, indifférent à ses cris de douleur. Visage fermé, déterminé. Une assurance terrible. Convaincu de mes gestes, d'avoir raison. Je viens me foutre au-dessus d'elle, attrape son visage entre mes mains gigantesques comparées à elle. Elle pleure encore plus, ça ne me fait ni chaud ni froid. Sa voix vacille, se fait suppliante. — Arrête, JJ, putain, qu'est-ce que tu fais ? JJ... ? JJ, fais pas ça, c'est moi. JJ... Je reste stoïque et la voix d'Assia finit par disparaitre complètement de mon esprit. A cet instant, y a plus vraiment de JJ. Juste un corps qui vibre, animé par trop d'émotions négatives étouffées, reniées. Fallait bien que ça ressorte un jour. Et dans un plaisir évident je déchire ses vêtements, tire dessus pour les retirer, pendant qu'elle se débat, qu'elle hurle, tente de me repousser. Mais elle n'y arrive pas, le verre brisé sous sa peau la coupe à chacun de ses mouvements, lui arrachant des sanglots terribles. Le son de sa voix, suppliante, m'apparait comme une musique d'arrière plan, ne m'atteignant pas. J'suis plus vraiment là de toute façon. Et quand elle est enfin nue, quand elle capitule enfin, le corps déchiqueté par les débris, je rentre en scène pour le second round. Mon pantalon que j'abaisse et je viens me coller à elle. Mes lèvres qui capturent les siennes, mon souffle rauque et chaud qui se fracasse sur son visage trempé. J'entends le verre qui grince sous l'effet du poids de mon corps sur le sien. Et ça me fait jubiler encore plus. Mouvements saccadés et rapides, je pose une main au sol, écorche ma paume, mais je ne sens rien. Complètement obnubilé par le reste. Je ne sais pas combien de temps ça dure. Suffisamment pour que j'suis comblé, calmé. Mon corps qui se détend brusquement sur elle, le contact de sa peau a quelque chose de doux, de maternel. Son odeur familière m'apaise. Je reste quelques secondes dans cet état second, avant de me redresser. Je me rhabille rapidement, elle ne bouge plus. P't'être que je l'ai tuée. Symboliquement ou littéralement. J'sais pas. Ça change vraiment quelque chose ? Je file dans la cuisine, attrape une canette de bière dans le frigo et en ressors, complètement paisible. Serein. J'agite la canette et m'adresse à elle tout naturellement. — J'te prend une bière. A d'main. Et je m'en vais, la laissant inerte dans tous les débris, tous ces morceaux d'elle-même éparpillés sur le tapis du salon. Elle s'en remettra.


***

Tu f’rais mieux d’finir le job JJ. Je cligne des yeux, reviens lentement à moi. Il me faut un certain temps pour comprendre où je suis, pour me rappeler de tout. Je suis encore perdu dans mon souvenir. Je sens encore l'odeur délicate de la peau d'Assia contre la mienne et ça m'apparait comme un bon souvenir. Quelque chose de tendre et de nostalgique. C'était pas un viol. C'était Assia et moi, ça ne pouvait être que beau. Que bien. Il se plante, tout le monde se plante. C'était pas un viol. La phrase tourne en boucle dans ma tête, me martèle l'esprit jusqu'à devenir douloureuse. Ma poitrine qui se gonfle, l'injustice me noue la gorge, je continue de chialer sans m'en rendre compte. Le palpitant flingué par le rejet de Sam. Il ne peut pas me faire ça, il ne peut pas. Et puis, finalement. — Parce que sinon on s’occupera de toi. On est venu exprès pour toi. Je fronce les sourcils. Je sens des mains qui m'attrapent et j'entends partiellement la voix de Don ordonner aux gars de me ramener dans ma cellule. On me soulève et je me laisse faire, corps de chiffons. Mais mon regard ne quitte plus Sam. Ou l'autre, plutôt. Et, tout doucement, à travers le chaos de mes larmes et de mes émotions, je me mets à sourire. D'abord un truc timide, presque pudique. Et finalement, mes lèvres s'étirent sans que je ne puisse plus les arrêter. Jusqu'à se transformer en un rire détraqué, emprunt d'un soulagement inapproprié. On me traine pour m'obliger à quitter la pièce. Et je commence à me débattre, je ne veux plus partir finalement. On m'attrape les jambes, je ne touche plus le sol, je me fais transporter comme un vulgaire sac de marchandise. Mais je m'en fous. Je m'en fous putain. Je suis euphorique. Alors, je me remets à beugler. — J'le savais. J'LE SAVAIS ! Je ris de plus en plus fort et ça déstabilise tout le monde autour de moi. J'ai l'air d'un fou en pleine crise démentielle. — T'ES VENU POUR MOI SAM ! T'ES V'NU POUR MOI ! POUR MOI ! Et c'est comme une révélation, une libération. Sanglots et hilarité se mélangent pour un résultat étrange et dérangeant. Esprit dérangé, saturé, qui éclate. On me sort des douches mais je continue. — T'AS PRIS HUIT ANS POUR MOI SAM ! Je ris à m'en faire péter les cordes vocales. Et même lorsqu'Akker plaque sa main sur ma bouche pour me forcer à me taire, je continue de rire tant bien que mal, inarrêtable. Je craque complètement.

J'ai cru qu'il ne voulait plus de moi.
J'ai cru que tout était terminé.
Mais il est venu, il est là. Pour moi.

Parce qu'il m'aime.
Ou qu'il me déteste.

Mais hey Samih, c'est pareil tu sais ?
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