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 mord le métal (rollo)

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Moira Benssaïd

Moira Benssaïd
accident à chaque feu tricolore
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▹ crédits : elodie la queen (ava) & anesidora
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▹ signe particulier : achromate, elle voit le monde en noir et blanc - rescapée de la vague de kidnapping, elle a le bras en écharpe et un reste de PTS qui ressort
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MessageSujet: mord le métal (rollo)   mord le métal (rollo) EmptyDim 29 Juil - 1:58

Douleur. Partout, tout son corps. Quand elle se regarde dans la glace y a les trainées rouges qui virent déjà au violet autour de sa gorge, doigts sans pitié qui ont serré trop fort y a quelques heures seulement avant. Barbra qu’est partie, tornade blonde qui lui a filée entre les doigts pour aller finir de panser ses blessures ailleurs, pas ici, pas avec Moira. Trou dans le cœur qu’elle lui a laissé la blonde, gamine brûlante, qui joue à un jeu dangereux entre les Benssaïd, Moira qui ne sait plus quoi penser. Voudrait laisser la douleur tout bouffer, qu’il n’y ai eu qu’elle dans l’appartement et sans doute qu’elle s’en serait mieux tirée.
Porte fermée, elle se retrouve au milieu du désastre, l’appartement saccagé, ça la prend à la gorge, aux tripes, une envie de chialer qui remonte. Pleure pas Moira, c’est pas toi comme ça. Non c’est pas elle. Moira pleure jamais. Elle redresse la tête, bombe le torse et combat. A sa façon.
Le téléphone entre les doigts c’est à Asher qu’elle a le reflex d’essayer d’envoyer le premier sms : qui de mieux que la police pour régler tout ça ? Pourtant y a ses doigts qui s’arrêtent avant d’appuyer sur envoyer, les sourcils qui se froncent alors qu’elle relève la tête, fixe la porte de Rollo. t’es trop bête ma vieille. Alors à la place elle descend plus bas dans son répertoire, sms envoyé à celui qui occupe la chambre d’à côté, parce qu’au fond elle préfère que tout soit réglé plus calmement. Elle n’a pas besoin d’une nouvelle horde de policiers à venir la questionner, les heures passées à répondre après son sauvetage du kidnapping lui avaient suffi, pas plus, finit, stop. Le ping d’un nouveau message un peu rapide qui la fait sursauter, les mots du norvégien qui arrivent à tirer un brin de sourire sur son visage tuméfié, ça la fait grimacer alors qu’elle répond aussi vite que c’est arrivé.
Une heure à tuer. Une heure à l’attendre, la boule au ventre que les irlandais décident de revenir mettre les pieds dans l’appartement, qu’ils n’ont pas assez tout saccagé, qu’il reste des trucs à déchirer, bousiller, des corps à frapper. Elle sait pas quoi faire Moira, alors bêtement elle s’installe sur le canapé à peu près épargné, allume la télé malgré la fissure qui barre l’écran, émission débile pour oublier, laisser les pixels bouffer ses derniers neurones. Elle se laisse emporter.

C’est le bruit dans la serrure qui la tire de sa contemplation, ça la fait sursauter, premier reflexe c’est d’attraper un coussin qu’elle a sous la main, prête à le lancer à la figure de l’intrus, geste qu’elle suspend en plein vole quand elle comprend que c’est Rollo, et pas un irlandais revanchard.
Y a comme un soupire de soulagement qui traverse ses lèvres fatiguées, sourire illuminé qui s’étale sur son visage, un peu plus et elle se jetterait à son cou comme une gamine mal élevée. A la place elle attend qu’il la rejoigne dans le salon, le laisse admirer les dégâts laissés par un ouragan européen, puis les couleurs qu’ils ont décidé de peindre sur son visage, sur son corps, comme si le chaos était pas suffisant. « Oui alors non. Je me suis pas vraiment cassé un ongle. J’aurais préféré je crois » qu’elle finit par lacher en rigolant, c’est plus fort qu’elle, utiliser l’humour pour cacher le reste, même quand ils étaient venu la voir à l’hopital la première fois quand on l’avait retrouvée enfermée dans une cage. L’humour, toujours, camoufler le reste, le sérieux qui plait pas, qu’elle déteste.
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MessageSujet: Re: mord le métal (rollo)   mord le métal (rollo) EmptyLun 30 Juil - 0:07

mord le métal

f e a t.   MOIRA BENSSAïD



Elle parle et elle parle. S'étouffe d'une gerbe de paroles pour retenir l'angoisse qui lui bouffe les entrailles. Pas plus que cet acid qui menace, au fil des secondes, de lui exploser dans le bide. Elle se détourne du paysage, le fixe de ses grands yeux noirs. La bouche sèche, la langue collée par une pâte amère d'une salive sèche. Clack. Clack. Ca claque désagréablement contre l'oreille du blondin,le regard rivé sur les atterres de la ville, ses bâtiments comme tendus tel deux bras branlants prêts à les engloutir.

-" J'ai toujours rêvé de visiter Paris... un jour j'monterai dans un avion sans came dans l'fond du cul, j'monterai tout en haut de la tour Eiffel et je dégueulerais tout le vin hors de prix que j'ai ingurgité sur la gueule de ceux d'en-dessous... ouai, Paris c'est le rêve, plus que cette ville de merde."

Il a le mal du pays, le clébard. Se frotte le front pour lever la pellicule de sueur qui lui pique le coin de la gueule. Monte au passage le volume de la radio pour recouvrir la voix frénétique qui lui suçote le crâne. S'agite d'une fesse à l'autre pour trouver son feu, coincé dans la poche arrière de son jean. Trop grand. Trop délavé. Il a des airs d'errance dans le regard, un bout de glace dans le creux de la pupille. Quelque chose qui fait brusquement se taire la brunette sur le siège passager. Se renfonçant, boudeuse, dans le fond. 

-"j'sais bien que j'suis qu'une pute pour toi.. comme pour tout les autres, un paquet de fric avec sa date de péremption"

Les doigts finement manucurés lui extirpent violemment la clope éteinte dans le creux du bec, la cale au coin du sien avant de téter le bout de goudron pour en ré-attiser la fraise.  
-"Mais je m'appelle Alba, t'm'entends connard ?"

Pas de réaction. La mine se ferme et le pied s'enfonce un peu plus sur la pédale. Il a hâte. Bouillonne à l'intérieur de lui. Hurle silencieusement à la gamine de la fermer. Lui hurle, qu'au fond, il veut pas lui parler, juste pour ne pas avoir à se rappeler de son visage, si jamais tout ça tourne mal. La bonbonne remplie de came. Une bombe à retardement dont le minuteur impétueux résonne, dans le coin de sa caboche. Mais elle continue. Se présente à lui comme elle s'offrirait au premier venu. Se déchire le poitrail pour lui montrer, tout ce qu'il ne veut pas savoir. Son âge, son histoire, sa vie de merde. La crasse de son existence désuète, toute prête à brutalement se terminer si jamais le moteur de la caisse venait à mentir sur ses capacités. Et il grille un feu, puis deux. Coupe la route à un camion rempli d'essence. Il s'en branle, il doit arriver à l'aéroport avant qu'elle se mette à claquer, convulser, dégueulasser la bagnole qu'il devra ensuite nettoyer. Ca le ferait chier. Ca l'emmerde de toute part. Tout cette merde pour que d'autres se marrent. Ca le rend fou toutes ses histoires, lui font même peine à voir. 

Et il crache en pilant brusquement devant l'aéroport. Les klaxons frénétiques de taxis désabusés terminant de lui ronger la cervelle. 

-"Tires toi maintenant. Tiens tes papiers" lui enfonçant passeport et billet dans le fond du jean "dégages" dégages avant que j'ai à t'voir crever. dégages et reviens plus jamais.

Elle reste conne, la gamine. Le fixe, les yeux comme deux escarbilles. Une fraction de seconde et le blondin se demande si elle est pas sur le point de crever. Mais elle réagit, plus vivement qu'attendu. Comme un ouragan, fracassant la portière derrière elle. Folle à lier qu'elle est. Inconsciente, perfide dans sa stupide innocence. Roule de ses hanches trop étroites, trop maigres avec une valise rempli de conneries. Le cul rempli de frics. 

Il a fini. Soupire. Le front se pose sur le volant. Son parfum quitte peu à peu ses narines et l'angoisse retrouve sa place, dans le fond de son bide. Comme une vieille amie. Une somptueuse putain qui n'attend pas qu'on l'appelle pour rendre visite. 

Faut que j'me tire de là. 
Que j'me tire de cette ville. 
De c'te vie.


La vieille bagnole démarre, dans un crissement, hurle sa peine. Gueule son moteur rendu trop puissant pour sa carcasse branlante. Un tacos qui lui ressemble, au blondin. Tiré à 200km/h malgré les trous dans le pot, malgré les freins qui lâchent, malgré sa vie qui se décharne. Il s'y reconnait, quelque part. Un peu plus qu'en lisant les textos vides de sens qu'il reçoit. Ca lui pète dans la rétine quand on s'adresse à lui, comme à un type normal. Comme un gars sympa. Comme un coup d'un soir. Ca le fait grimacer, dans ce qui devrait être un sourire. Se sent maudit, dans le fond. A contempler le mensonge d'une vie. Une vie qui lui appartient pas. Une vie de mec paumé et de simplicité. Une vie qu'il aura jamais. Incapable de se contenter d'être juste perdu. Oublié. 

Ses doigts burinés glissent sur le tactile sans quitter la route. Retourne à l'entrepôt où tout se trouve, tout s'ouvre. Même les femmes; les mules qui ont trop tardées avant d'être livrées. Des sachets de poudres déshumanisées. Un tas de déchets empilés dans une prison qui n'a rien de d'orée. 

Moira et ses yeux bleus. Moira et sa bouche en coeur et ses sourires trop francs pour être sincère. Moira ou celle d'à côté, la nana qu'on peut pas s'empêcher de mater. Moira. Moira.

D'un geste du pouce, lui balance ses mots douteux. Ses phrases toutes faites. Le crâne à mille lieux de réellement penser à elle. Et pourtant, ça résonne un peu. A travers les enceintes. A travers l'auto radio. Il sourit, quelque part, le fond de ses gencives à l'idée de retrouver l'irréalité du mensonge d'une vie fantasmée. Simple. Au milieu de gens qui ont le mérites d'être perturbés sans être des monstres. Pas comme lui. 

...

Il a une odeur bizarre dans le piff. Probablement le parfum du labo" et toutes ces merdes qui y circulent... Puis des mots maussades sur l'écran lumineux qui lui brûle les yeux. Des yeux veineux, injectés d'une fatigue trop vile, trop vieille, pour être réellement récupérable. Un flingue... elle s'fout de ma gueule ?Il tique ; bug lamentablement alors que sa main libre faire tournoyer le trousseau de clefs autour de son index. Le cliquetis infernal se stop net. La porte de l'immeuble est poussée et les pas du blondin se font brusquement plus rapide. Montant les marches deux à deux, plus par curiosité que par réel intérêt.

Elle menace, un peu stupidement, la gosse. Le coussin brandit dans les airs, comme une épée au clair. Ca l'aurait fait marrer, si seulement ses yeux ne s'étaient pas pencher sur le planché. Dévasté. Saccagé. Dégueulassé par une tempête sans nom. Ni gueules. Il est hébété, de sa carrure un peu trop large, sous des airs de grand dadet vaguement éméché, une clope humide campée sur le bout des lèvres. C'est que ça le lâche plus, cette sale habitude, de fumer après avoir picoler. Vu la gueule de l'appartement, il en aura d'autre à griller, ce soir.

-"Mhm..."

Il sait pas trop quoi dire. Au milieu des décombres. Le sol crépitant sous ses chaussures. Du verre brisé. Partout. Les questions devraient s'accumuler dans sa bouche, mais se contentent de frapper durement son crâne sans piper mot. S'installant mollement sur le fauteuil en face.

-"Plutôt terrible pour un simple soucis de vaisselles..."

Les clefs sont jetées sur la table basse. Visiblement moins amochée que la gueule de Moira, le visage jonglant de plusieurs subtiles couleurs.

-"T'as une sale gueule Moira... et si tu m'expliquais ce qui s'est passé ?"Non parce que j'dois avoir loupé un paquet d'épisode depuis c'matin...

Son regard est perçant. Impudique. La dévisage de haut en bas, calculant davantage les dégâts peints sur son corps que sur le reste du décor. Les rires nerveux ça le connait, il en a bouffé toute la journée. Il soupire avant de jeter sa clope crevée au milieu du reste du bordel. Au moins, personne le fera chier d'avoir laissé trainer ses mégots. Il s'en rallume une en tendant son paquet, l'éventrant pour en faire jaillir un bouquet de clope en sa direction.

-"Et compte pas sur moi pour t'filer un flingue." Y'a déjà assez d'un tueur sous c'toit.


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MessageSujet: Re: mord le métal (rollo)   mord le métal (rollo) EmptyLun 30 Juil - 22:33

Plutôt terrible pour un simple soucis de vaisselles... bon sang t’as pas idée qu’elle a envie de lui jeter, mais à la place elle se contente de se marrer, rire froid, rire plat, rire creux. Celui qu’elle maitrise pas. Ouais. Plutôt terrible pour un soucis de vaisselle, elle aurait préféré mille fois rétamer les assiettes sur le carrelage plutôt que de se faire rétamer elle. Pourtant c’est ce qui s’est passé, foutue réalité qu’elle voit s’étaler sur le visage de Rollo quand il commence à comprendre ce qui s’est passé. Du moins quelques bouts de l’image, il a pas toutes les pièces, pas encore, mais ça ne saurait tarder. T'as une sale gueule Moira... et si tu m'expliquais ce qui s'est passé ? elle prend l’air outré par la remarque, main libre sur la poitrine, un : moi ? une sale gueule ? goujat qui se lit sur ses lèvres pourtant scellées. Putain. Même ça elle arrive pas à le balancer aujourd’hui, l’impression de pouvoir tout relacher maintenant qu’il est là, mais elle ne sait pas encore ce qui la retient de le faire. Elle reste en tension, sur son foutu bout de canapé. Et compte pas sur moi pour t'filer un flingue.
« Putain » ça lui échappe un peu plus fort que prévu, gamine pourrie gâtée qu’a toujours eu ce qu’elle veut, elle a l’impression que tout lui passe sous le nez en ce moment, elle aime pas trop, c’est pas agréable, pas vraiment. Main tendue elle attrape la cigarette offerte, la glisse entre ses lèvres abimées attend que le blond vienne la lui allumer, comme un parfait gentleman, ou du moins en apparence. « T’es pas drôle, tu sais que je ferais attention, j’ai pas fais deux ans de service pour que dalle » qu’elle marmonne alors qu’elle tire une bouffée de nicotine, ferme les yeux un instant pour essayer de faire le point sur les sensations contradictoires qui hurlent dans son corps. Deux ans à porter l’uniforme en Israël, deux années ancrées dans sa caboche qu’elle pourra pas oublier, cicatrice en relief sur le bas de son ventre pour le prouver. « Enfin bref passons, t’as là, ça marche aussi » sous-entendu qu’elle sait très bien ce qui se cache derrière cette tignasse blonde et ces yeux trop bleus qu’elle ne peut qu’imaginer. C’est de qu’elle couleur qu’elle avait demandé un soir, au hasard, la main perdu à l’arrière de son crâne, le doigt qui passe sur l’os de la joue, curieuse, souligne son regard. Je peux pas le voir qu’elle s’était ensuite justifié, sourire amusé quand il avait comprit que pour elle le monde ne se peignait que en gris. Fatalité pourrie, c’était son du qu’elle avait payé quand la Faucheuse l’avait relâchée.

Moira s’enfonce un peu plus dans son canapé de fortune, la cigarette vissée entre ses doigts valide, elle imite Rollo en ne se souciant plus vraiment d’où est ce que la cendre peut tomber. Ca peut pas être pire de toute façon. Pas vraiment. « Je sais pas trop ce qui s’est passé, c’est flou. J’allais partir au taff comme d’hab et y a des gars qu’ont sonné » la voix qui se serre un peu, elle secoue la tête, les images qui reviennent en marée dégueulasse dans son cerveau encore fracassé. « Putain tu les aurais vu. Ils cherchaient un mec, je sais pas, un nom Irlandais je pense. Ils pensaient qu’il était ici, au début j’me suis dit que ça pouvait ptêtre être pour toi » le regard qui vient se fixer à celui de Rollo, pas un gramme d’accusation dedans, ça aurait pu être pour lui que ça n’aurait rien changé. Ca n’a jamais rien changé. Peut être pour ça au fond que leur relation marche aussi bien, funambules sur leur fils, ils dansent en équilibre depuis quelques temps déjà, c’est étrange, quelque peu rassurant, elle pensait pas tomber sur ça quand elle l’avait attiré dans ses filets un soir de novembre, feu contre glace, elle était partie pour le cramer mais au final elle ne l’avait qu’effleuré, préférant l’adopter plutôt que de le réduire en cendre . « Mais non. Ils s’étaient juste trompé d’appartement ou je sais pas. C’est surtout Barbra qu’a pris, moi ça va » peut être que le nom de la blonde lui dit quelque chose, peut être qu’il l’a vu défiler dans les couloirs de la colocation un matin, quittant la chambre d’Ismaël, comme elle avait pu le voir ce matin, boule au ventre en observant la scène. Moira qui secoue la tête laisse sa cigarette se consumer sans penser à la placer entre ses lèvres, c’est le vide qu’elle fixe, repasse encore et encore la scène dans sa tête.
« Je me suis revue dans cette cage Rollo. Je me suis revue quand ils m’ont fait ça » main plâtrée qu’elle lève difficilement, souvenir de ces deux mois passés enfermée sans voir la lumière du jour, en compagnie d’autres corps volés à la ville. « Restes juste ce soir s’il te plait. » qu’elle finit par soupirer. Elle lui a jamais rien demandé. Jamais. Pourtant ce soir elle le fait, elle ose réclamer une sorte de dette, pour l’avoir fait entrer dans sa vie, pour lui avoir offert sa chaleur de soleil destructeur. Rien qu’une fois elle demande, et surement qu’il acceptera, en face de lui c’est plus Moira qu’il voit, juste une gamine terrifiée, dans un pyjama déchiré, rien à voir avec la femme en rouge qui s’était fracassé contre lui y a quelques mois de ça.
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MessageSujet: Re: mord le métal (rollo)   mord le métal (rollo) EmptyMar 31 Juil - 19:57

mord le métal

f e a t.   MOIRA BENSSAïD



Le rire résonne. Faux. Gras. Presque insolent. Garde ses fragrances mutines. Il sourcille pas, le clébard. L'observe toujours, au travers cette fumée opaque qui les sépare. Il fume. Du nez, de la gueule. Comme un dragon, bouillonne à l'intérieur. Éructe silencieusement, les mots se taisent contre la clope asphyxiée entre ses lèvres. L'écoute s'envenimer toute seule. Gamine capricieuse qui se heurte au non. Il essuie, d'un bref haussement de sourcils, le putain lâché à la va vite. Sait quelque part qu'il n'a pas à sourire. Mais ça le fait marrer, se droit d'exiger. Comme s'il avait un jour pu se le permettre, juste réclamer. Parce qu'il la sent blondin, cette épaisse amertume qui l'imbibe sournoisement. Le goût acide qu'elle laisse, une fois l'orage évanoui. Ca bouillonne en la gamine sur laquelle le regard distille, les quelques fraises laissées par le brasier. Il a presque envie d'en sentir les flammes lui lécher le coin du coeur. Juste pour se rappeler, quel effet ça fait d'avoir peur.

Deux ans de services. Il en a entendu parlé. Un souvenir arraché entre les volutes d'une étreinte et ses quelques soupirs envolés. L'extase organique des chaires qui se délient face aux fracas du temps. Les carnes malmenées, inlassablement. De coups. De balles. De ceintures. De souvenirs qui les retiennent et les empêchent d'oublier. J'sais très bien que tu sais t'servir d'un flingue... l'bémol c'est que j'sais pas dans quelque gueule tu vas la tire, c'te balle et j'veux pas qu'un jour tu t'retrouves toi aussi à détester ton miroir.

"...t'es là, ça marche aussi."

Parce que ça en devient pratique d'avoir un tueur sous son toit. C'est presque une aubaine, quelque part. L'homme de la situation, c'est lui parfois. Rarement dans le but de sauver, davantage dans celle de buter. Il reconnait, partout autour de lui, l'oeuvre que ses poings auraient pu commettre. C'est que détruire ça devient facile .. mais protéger. Ca semble brusquement moins inné.

L'encéphale se creuse mais reste silencieux. Se retient de commenter d'un merci salutaire, le sous entendu à peine masqué entre les lèvres ourlets. Se contente d'un bref hochement de tête en se penchant pour allumer le bout de goudron qui orne la bouche gonflée, tirant davantage sur le bleuté que son accoutumé rosé. Il se rassoit dans le fond du fauteuil, relève la visière de sa casquette pour laissé l'air flirter avec ses cheveux trempés. Les ébouriffe d'un geste nonchalant, relevant la courte chevelure sur le haut du crâne. Les images défilent. Se matérialisent en une scène qui le fait bouillonner encore. Avec un fond de remords. Il a des envies de fracasser. Ces gueules typiques des origines citées. Regrette de ne pas avoir pu se défouler sur le coin de leurs trognes. Après une salle journée.. ça fait pas d'mal.

Mais y'a rien qui lui vient. Mis à part que ça pu la merde. Il le sent, le clébard. Dans le fond de ses narines saturées par les effluves de nicotines et d'alcools, qui baignent contre sa barbe. Les emmerdes qui dépassent la gamine qui lui fait face.

-" J'connais peut-être quelqu'un qui pourra m'dire d'où ils sortent ces types... j'peux pas t'en dire plus pour le moment et j'peux rien faire.. à part t'protéger et t'promettre que ça n'arrivera plus jamais" parc'que l'prochain dude qui débarque ici sans sonner, regrettera d'être sorti des couilles de son père, ça j'peux te l'assurer. "essaye de te rappeler du nom du mec qu'ils t'ont lâchés.. t'es sûre que tu l'connais pas ? Que t'en as jamais entendu parlé ? Et c'qui Barbara ? Elle sort d'où celle la ? "

Après tout, elle l'a bien laissé entrer lui dans sa vie. Alors quel genre de personne est-elle capable de fréquenter, en réalité. Derrière ses airs de poupées. Y'a un truc qui déconne et ça, dans le fond, il le sait.

Le regard se durci. Y'a de l'autorité dans le creux de sa voix quand il se met à gronder.

-"J'reste avec toi.. j'resterai jusqu'à ce que tu m'demandes de m'en aller." j'ai d'jà vu assez de gens crever cette semaine. "mais t'amuses pas à m'cacher des infos"

Parc'que j'ai pas d'amis ici.. et si tu v'nais à crever, j'retournerai d'la où j'viens. Dans la merde et la crasse dans laquelle j'suis censé baigner.

Ses yeux se radoucissent brusquement face au silence. Le mégot est balancé, parti rejoindre le premier, alors qu'il se penche sur ses genoux pour y enfoncer ses coudes. Le menton soutenu sous ses poings liés. Bêtement songeur. Jamais à la bonne heure.
Il a envie de lui saisir la main. De se rapprocher. Sait qu'au fond il devrait la consoler. L'aider face aux souvenirs qui se mettent à zigzaguer dans le fond de ses prunelles azuréennes. Il en a l'envie, mais sans connaître la manière. Il sait qu'il sera gauche, mal compris, mal interprété. Une certaine forme de peur viscérale du rejet, plus difficile à assumer que celui d'être juste handicapé. Handicapé émotionnel. Sentimental. Social ? Plus simple à cacher, entre le fossé d'une distance calculée entre la silhouette féminine et la sienne. La distance, ça le connait. Ca le rassure. Quitte à passer pour un rustre.

-" Je vais te servir un verre et... t'aider à nettoyer. Vois ça comme une façon de me faire pardonner pour dégueulasser le plan de travail sans faire le ménage après."

Et il se redresse, passe dans la cuisine pour se jeter un coup d'eau sur la gueule. Trempe l'évier et ses alentours en soupirant sous le froid qui lui fouette le derme. Il s'en fout partout pour calmer le feu qui bouillonne sous ses veines. L'alcool dans le système n'aidant pas à calmer sa difficulté à s'adapter au climat de Savannah. Il laisse longuement l'eau couler contre ses avants-bras. Glisse le bout de ses phalanges contre le relief dissimulé sous l'ancre qui la recouvre. Se remémore ce que son frère lui a un jour confié : Les cicatrisent nous apprennent à ne pas oublier, on a tous un truc qui nous relie... parfois ceux sont elles qui nous lient. Il avait pas compris, sur le coup. En jetant un coup d'oeil du côté de Moira, les paroles s'éclaircissent et retrouvent sournoisement leur sens.

©️ MR. CHAOTIK


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Moira Benssaïd

Moira Benssaïd
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MessageSujet: Re: mord le métal (rollo)   mord le métal (rollo) EmptyLun 13 Aoû - 15:12

Fatigue, fatigue, fatigue, qui prend le dessus alors qu’elle accepte seulement maintenant de relâcher ne serait-ce qu’un dixième de ses nerfs, le soulagement de voir Rollo en face d’elle, l’idée stupidement naïve que sa présence chassera tout le reste, la haine, la rage, la violence. Si seulement. Elle sait au fond d’elle que c’est naïf d’espérer ça, qu’un jour ça finira par péter si Rollo continue de s’installer, que les hommes comme lui à l’odeur sanguine ne finissent jamais très vieux et trainent dans leur tombe avec eux souvent toute une armée d’âmes innocentes. Mais ce soir elle s’en fout Moira. Remarque demain aussi. Et hier aussi. Dans dix ans toujours. C’est ça l’amitié, un truc qu’elle a appris petit à petit, comme une enfant qui apprend l’alphabet. Amitié ou quelque chose du genre, qui la fait sourire quand Rollo lui allume sa cigarette, qui l’écoute sans broncher quand elle déverse ses peurs, ses craintes, les sentiments qu’elle refoule d’habitude. Parce que Moira n’a jamais peur. Jamais, jamais. Pourtant ce soir elle tremble un peu, cerveau cabossé, elle a trop pris de coups pour réussir à assumer. J'connais peut-être quelqu'un qui pourra m'dire d'où ils sortent ces types... j'peux pas t'en dire plus pour le moment et j'peux rien faire.. à part t'protéger et t'promettre que ça n'arrivera plus jamais. De nouveau ça lui tire un sourire, elle recrache la fumée dans un éclat de rire usé. « T’as de la chance que je sois pas fleur bleue, sinon c’est là que je tomberais dans tes bras » clin d’œil moquer, femme-serpent jusque dans la détresse, ils savent tous les deux qu’elle n’est pas de ce genre-là. Cœur en cage. Cœur en berne. Femme glaçon. « Je demanderais rien t’en fais pas. J’ai jamais rien demandé » qu’elle reprend plus sérieusement, hochant la tête. « Merci » parce qu’elle n’est pas avare, parce qu’il a dit oui, parce que déjà elle a un peu moins peur, elle est un peu plus elle.
essaye de te rappeler du nom du mec qu'ils t'ont lâchés.. t'es sûre que tu l'connais pas ? Que t'en as jamais entendu parlé ? Et c'qui Barbara ? Elle sort d'où celle la ? Ah. Barbra. Barbra. Blonde ou démon, ça lui fait vriller les entrailles putain. S’il savait Rollo, surement qu’il rigolerait. Qu’il se foutrait d’elle. Ils se foutraient tous d’elle. Arroseur arrosé, ça lui apprendra. « Hael. Le gars. Il s’appelle Hael. Et non je suis certaine, je connais pas d’irlandais » et encore moins d’Hael. Elle secoue la tête, la main qui se perd dans ses cheveux, mèche enroulée autour de son index alors qu’elle réfléchit. Non vraiment rien. « Barbra je te raconterais plus tard. Mais je te promets, c’est pas elle le problème. » qu’elle finit par marmonner tout bas.  Elle a pas trop envie de lui raconter tout pour le moment, elle dira que les grandes lignes. « C’est le plan cul d’Ismaël si tu veux savoir. Il a enfin tiré son coup ce con » et elle non. Putain. Amertume. La cigarette qui tangue entre ses doigts abimés, fatigués, elle dévisage Rollo pour lui souligner que c’est terminé.

J'reste avec toi.. j'resterai jusqu'à ce que tu m'demandes de m'en aller Ca fait déconner un truc dans sa poitrine quand il dit ça, avec tellement de hargne. Clébard qui lâche pas son os, qui secoue la tête, grogne trop fort. J’reste avec toi. Pauvre gars. Il sait pas dans quoi il s’embarque. Mais elle peut pas s’empêcher d’apprécier. Parce qu’ils finissent tous par se casser. Même Léonard, après l’hopital, il a juste disparu, la laissant seule avec Jeff au boulot, binôme devenu solo, sans son meilleur ami pour la soutenir. Alors ouais, ça la fait sourire bon sang, qu’un gars aussi froid que Rollo fonde un peu trop à son contact, assez pour lui faire des promesses en carton qui font mal dans la poitrine. mais t'amuses pas à m'cacher des infos. « T’es courageux, tu vas voir, dans quelques heures ça sera toi qui me suppliera que je te laisse partir. »  elle tire la langue, moqueuse, gamine. « Et je te cache rien. J’ai rien à te cacher » plus ou moins vrai, trop honnête, livre ouvert. Si on demande elle répond. Y a ses yeux qui se greffent au sien, elle bouge pas, ne tourne pas la tête, ne baisse pas. Elle l’affronte. Comme ce soir-là, dans le bar, ptêtre ça qui lui a plu, combat de regards, à en déchirer l’âme.

Je vais te servir un verre et... t'aider à nettoyer. Vois ça comme une façon de me faire pardonner pour dégueulasser le plan de travail sans faire le ménage après. Il n’attend pas la réponse, se lève déjà vers la cuisine la laissant seule au milieu du carnage, les mots restés collés sur les lèvres. Elle finit sa cigarette, écrase le mégot sur un cendrier brisé, avant de se lever tant bien que mal, tout son corps qui proteste mais elle le force, suit les traces du norvégien pour le retrouver dans la cuisine, à essayer de noyer son corps dans un lavabo déjà encombré. « La douche c’est plus facile tu sais » sourire amusé alors qu’elle le regarde sur le pas de la porte. « On est pas pressé pour le verre, pour ranger, t’as eu une journée toi aussi. »  bien sûr. Une journée. Surement tout aussi mouvementée. « J’imagine juste la tête de Rose quand elle va rentrer, surement qu’elle va nous claquer entre les doigts »  Rose, celle qui est trop soigneuse, du genre à râler quand Moira laisse tout trainer, tornade, tempête, qui se frotte à la foudre pour se marrer, qui s’attaque à la glace aussi au passage, trop souvent, ça lui retournera un jour dans les dents.
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