Ça fait dix ans que je suis coincé là maintenant. Et c'est que le début, la sentence est sans appel : la perpétuité. Dix ans que je vois passer tous les jours les mêmes têtes, inlassablement. Ce sont toujours les mêmes qui ont le droit à une petite visite de temps en temps. Et pour moi, y a jamais personne. Ça fait dix ans que j'attends. Dix ans que je tourne en rond ici et que personne n'a trouvé cinq minutes pour passer me voir. Dix ans que je dépéris ici, privé d'oxygène, privé de lumière, de ciel, d'air frais. Que je vois tous les jours le même personnel défiler sans faire attention à nous. Ça fait dix, putain, d'années, que je suis plongé dans une solitude terrible, à contempler tristement mes voisins sans pouvoir me lier à eux. Tous cloisonnés entre ces murs tristes, à l'abri des regards. Faut pas qu'on nous voit, c'est trop moche. Faut que les gens puissent passer à côté de nous sans craindre d'être dérangés. Tous parqués, cachés, presque oubliés. Y a plus personne pour s'intéresser à nous. Nous les laissés pour contre de la société. Ouais. Ça fait dix ans que j'attends que quelqu'un vienne enfin fleurir ma tombe, mais la pierre grise reste désespérément vide. Personne ne viendra.