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 sacrifices transitoires (jake)

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MessageSujet: sacrifices transitoires (jake)   sacrifices transitoires (jake) EmptyLun 16 Juil - 20:35

Tu t’rends comptes du fossé, de l’abîme, creusé à la cuillère en argent entre toi et là d’où tu viens. L’abysse entre toi et ta sœur, ta chaire, et ton sang. Tu le savais, ça n’a rien de nouveau, mais quelque part, t’en avais pas pris la pleine conscience. abyssus abyssum invocat. qui danse dans un coin de ta tête mais tu l’ignores. Sans doute que c’est trop tard. T’y as déjà jeté un regard, en bas, du haut de ta tour d’ivoire, il y a quelques années de ça. C’est grâce à cela que tu es là, sinon, non, tu serais pas venu, tu n’aurais pas cherché à savoir, tu n’aurais pas su, tu n’aurais pris conscience de rien. Tu serais resté l’ermite des riches, aberration. Mais t’as jeté un œil en bas, tu t’es penché par la fenêtre et t’as même fait une corde de t’es drap pour t’échapper de ta tour. Le pire c’est que ça, ce truc pourri de conte de fées, de bds, ou de séries b, tu l’as tenté. T’es tombé. tu t’es pété le bras. Encore. Une franche réussite. Alors t’as préféré le plan A comme argent, le plan B comme blé ou C comme corruption pour pouvoir filer en douce, sous couvert des domestiques. T’es un connard de petit riche, tu l’sais, t’en as pris conscience plus que jamais là, tout de suite.

C’est ce même foutu argent qui t’as mené jusqu’ici. Le type que t’as payé pendant deux semaines pour qu’il retrouve la trace de ta frangine. Tu t’dis que si t’as procédé de la sorte, c’est parce que t’as pas le choix, ça t’aide à dormir surement, que tu pouvais t’aventurer tout seul sur Kayton, une fois, deux fois, trois fois, et toutes les fois qu’ils auraient fallu pour que t’arrives à tes fins. Dans ton état, c’est pas raisonnable. Mais peut-être que si t’as procédé comme ça, c’est parce que t’as pas appris à faire autrement que sortir une liasse verte pour régler tes problèmes. Alors c’est la même cette fois encore. T’es un petit con de gosse de riches.

Enfin finalement ‘es là. A te tordre les doigts, espérant quelques part que si tu y vas assez fort, t’arriveras à t’en péter un et ça te donnera une bonne raison de rentrer “à la maison”. Mais t’as pas non plus envie d’encrer à l’indélébile le mot « lâche » dans la liste des tes merveilleuses qualités alors qu’il en orne déjà le coin de la page. T’as la trouille, t’as la trouille, t’as la trouille, comme chaque seconde passée or de ta cage dorée, comme chaque seconde confronté à la vie. T’es tétanisé devant c’t’immeuble délabré, et si tu finis par rentrer dedans, c’est parce que t’as encore plus la trouille des types qui te regardent comme un bout de bifteck. T’as peut-être la peau sur les os, c’est sans doute l’odeur des billets qui reniflent à travers tes poches.

Et puis voilà, t’es là. A inspecter le moindre éclat de verni de la porte en face de toi, les bosses dans les murs, les tâches sur le sol, et chaque centimètres carré qui te hurle que t’as rien à foutre là. Ou alors c’est juste la peur qui danse sur tes nerfs, les préparant à la fuite. Parce que derrière cette putain de porte, y a peut-être ta sœur. Ta foutue sœur dont t’as pris grand soin d’effacer la voix et l’sourire de ta mémoire. Comme tes parents. Parce que tu pouvais plus les voir, et ça faisait trop mal. Alors tu t’es appliqué à les effacer de ta vie, sans jamais t’dire qu’un jour t’allais pouvoir être là. Derrière cette conne de porte, à courir après les morceaux de ce qu’on t’arraché et que t’as déchiqueté. A lever une main et faire résonner les coups contre la porte dans tes phalanges, métacarpes, carpes, radius et ulna jusqu’à ton cœur aussi fragile que ton squelette. Partagé entre l’espoir que Jake ouvre la porte. Et celui que celle-ci reste close.
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MessageSujet: Re: sacrifices transitoires (jake)   sacrifices transitoires (jake) EmptyDim 22 Juil - 15:28

Tu as toujours gardé une photo de ton frère. Même à l'époque où tu le détestais. Même à l'époque où il te manquait. Même à l'époque où maman buvait. Même à l'époque où papa est devenu un fantôme. Même à l'époque où le règne de ta famille s'est transformé en boule de gomme. Tu t'allongeais sur ton lit, les pieds dans le vide et le coeur dans la gorge. Tu mettais la musique qu'il écoutait souvent (c'est ce que disait maman), juste comme ça, en fond, comme pour invoquer sa présence, comme pour sentir son parfum de nouveau. Et tranquillement, en chuchotant, tu lui donnais des nouvelles des parents, de l'école, du chat de la voisine, de ton premier amoureux, de ton premier baiser, que c'était dégueulasse, que tu voulais même plus y penser, que tu recommencerais jamais. Tu lui as raconté la première cigarette, puis le premier joint, et la première fois où ton coeur s'est brisé en milliers de morceaux à cause du petit Jordan, et qu'il avait bien mérité que tu lui casses le nez. Puis, tu t'es perdue, Jake, tu t'es paumée dans la vraie vie, dans la réalité des personnes de chair et de sang, de vices et de rires, de méchanceté, de sourires, qui t'ont portés, qui t'ont lâchés, qui t'ont fait vivre comme tu le méritais. Et la photo est restée coincée dans le fond de ta table de nuit, dans le tiroir maudit, où t'aimais te dire que Castiel dormait, où t'aimais te dire qu'au moins ici, il existait.
Puis, il y eut la haine quand maman a sombré, quand papa est devenu vapeur et qu'ils t'ont tous abandonnée. Le prénom sacré est devenu cancrelat entre les lèvres pourpres de ta génitrice poubelle, dans ses prières, dans son supplice. Son souvenir s'est transformé en spectre, sa voix en disque rayé, son essence en fumée de cigarette. Castiel, Castiel, Castiel, souffrance, injustice, absence. Premier visage du manque, reliquat de l'amour enterré, sanctuaire de la petite fille que t'étais.
Mais Jake, t'es devenue une femme, et pas une des plus belles, ni une des plus sages. T'es devenue une bagarreuse, t'es devenue une amoureuse, t'es devenue une intoxiquée, une paumée, une camée et tu te disais des fois : « Eh, Cass, tu peux voir ça ? Est-ce que t'es fier, est-ce que t'as honte ? Si tu m'avais pas abandonné, ça s'passerait pas comme ça. Si vous étiez pas parti, j'aurai pas mal, j'ferai pas mal, j'casserai pas des os, j'casserai pas des coeurs, j'ferai pas le malheur ». Mais il est pas revenu pour autant, il s'est muré dans son silence de fantôme, de brise, de nuage et des fois, tu te demandes s'il a vraiment existé ou si tu te l'es pas inventé. Ca pourrait expliquer tout le malheur de ton monde, ça t'aiderait à comprendre comment le château a pu s'effondrer, comment Cendrillon a sombré, comment le prince s'est évadé. Tu t'es construit des histoires, tu t'es bercée à l'eau de rose et t'as noyé les souvenirs dans les liquides sacrés, sous les liqueurs bénites pour mettre en terre le cadavre exquis de votre famille décomposée.
Recomposée par les hurlements de Paz, par ses caprices de bébé qui veut pas manger, par ses pleurs tsunamis qui te font paniquer, par la détermination effritée qui le pousse à finir de manger. C'est une guerre amoureuse que vous vous livrez, où la louve ne laisse jamais le petit soldat gagner. T'as les cernes au niveau du nombril, les cheveux en pagaille, la taille trop fine et des bleus sur le corps trace des derniers combats, mais t'as l'âme en paix lorsque bébé arrive enfin à se reposer.
T'es pas sûre de comprendre tout de suite d'où viennent les tapotements qui te tirent de ta demi-sieste. T'es pas sûre qu'on t'appelle, que t'hallucines, qu'on vienne te voir en plein après-midi, dans la chaleur suffocante du Bronx de Savannah. T'es pas sûre mais tu poses Paz dans son lit-nid, imperturbable, vaincu par reine-mère qui vient ouvrir l'antre de sa tanière.
« J'ai pas d'argent et j'ai rien commandé » tu préviens avant même de poser tes yeux sur le visiteur. T'as les tripes qui se serrent instinctivement, le regard vipérin, la main serrée autour de la poignée, pas sûre de vouloir la refermer. C'est le rêve du passé, les neurones qui se reconnectent en mode flash-back, la respiration qui se bloque et la photo du gamin qui se superpose sur le visage presque inconnu, presque disparu. La pellicule de richesse sur son corps le nimbe d'une aura irréelle et t'as l'impression que c'est un ange, et t'as l'impression que t'es le diable. Pour une fois que quelqu'un te fait fermer ta grande gueule, pour une fois que tu dis rien, pour une fois que t'en restes coite ; pour une fois qu'on te coupe la respiration sans coups et sans violence. Tu mets longtemps à articuler un son, tu mets longtemps à comprendre, analyser la situation et t'as l'air stupide, pauvre et stupide quand tu grognes enfin : « merde, qu'est-ce que tu ressembles à maman »
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MessageSujet: Re: sacrifices transitoires (jake)   sacrifices transitoires (jake) EmptyLun 6 Aoû - 11:07

Elle ouvre la porte. Elle ouvre la porte et toi tu réagis pas. L’image de ta sœur toute petite qui te revient avec force en pleine poire, et qu’essaye de se calquer sur celle qui te fait face maintenant. Les mêmes yeux entre deux couleurs, et son nez en trompette. T’avais pas oublié en fait. Ton cerveau essaye de faire des liens entre les traits innocents de celle dont tu te souviens enfin et ceux marqués de celle qu’elle est devenue. Tu comprends pas les liens. La cause de la conséquence. L’histoire qui a creusé de fins sillons sur sa peau et terni le fond de ses pupilles. Enfin si tu sais, c’est les taches sur la moquette et les éclats dans les murs le lien. Les marques de guerres sans armées qui se livrent au quotidien dans ces quartiers. C’est toi, ou plutôt le non-toi, disparu. Envolé quelque part avec des anges qui ont payé leurs ailes quelques millions pour tenter de s’rapprocher du paradis. Mais elle méritait pas ça ta sœur à toi. Elle méritait un sourire et un visage hâlé, marqué d’avoir trop rit au soleil. Elle méritait pas une vie entassée dans ces cages à lapins sordides. Elle méritait peut-être pas non plus que tu reviennes la hanter. « merde, qu'est-ce
que tu ressembles à maman »
C’est elle qui brise le silence, dans une voix qui fait à peine écho à celle qui revient résonner dans un coin de ton crâne. « Ah oui ? » C’est tout c’que tu trouves à répondre. Une putain de question parce que d’elle, de votre génitrice, t’as toujours pas de souvenir. Ni voix, ni odeur, ni visage. Pas de morceau de vie en sa présence. Ni les baisers du soir, ni les cris de séparation. Rien. T’es responsable de c’qui s’est passé, de ton absence trop longue. Injustifiable. Alors t’as pas le droit de te souvenir de ta mère. Surtout qu’à un moment, t’as justement arrêté de l’appeler « maman ».

Tu t’sens de moins en moins légitime à chaque seconde que tu passes sur le pas de cette porte, à lutter pour garder ton regard dans celui de Jake. Pour ne pas baisser les yeux et compter tes doigts, comme un gosse qu’essaye d’oublier et de faire oublier qu’il a fait une bêtise. Trop énorme pour être oubliée. Tu voudrais t’excuser mais tout ça là, ce n’est pas ta faute. Ce n’est pas ta faute si tu es parti. T’as crié toi, pour qu’on te laisse avec ta famille, t’as pleuré aussi. T’as même mordu l’assistante sociale, de ça te t’en souviens, même du goût ferreux de son sang entre tes lèvres. C’est pas ta faute non plus si t’as des gènes en cartons qui t’ont fait pousser des os en verre pour faire voler en éclats votre famille. Ce n’est pas ta faute. Et c’est ce que tu te répètes souvent avec de dormir. Pour pouvoir le faire. Tu voudrais bien t’excuser mais il y a aussi le poids de ton orgueil de petit con qui est trop lourd à soulever. Le monticule de certitudes que tu as créé de toute pièce avec les ans, pour finir par t’assoir dessus, empereur d’un royaume en carton-pâte, sans la féérie de Disneyland. Alors tout ce que t’articules, c’est un « Salut. » S’il y a un truc qui n’a pas complètement été raté dans ton éducation, c’est l’apprentissage des bonnes manières. Tu ne sais même pas si tu le dois aux St John ou aux Black. Tu sais pas non plus si t’es un St John ou un Black. Mais pour l’instant tu n’es pas grand-chose. Mais pas ton ombre. Juste le reflet de ta propre image sur les cornées de la petite sœur que tu as abandonnée, toute seule derrière.

« Je peux entrer ? » Dans la tanière qu’elle a construit au milieu des loups, déjà plus forte à tes yeux que tu ne t’imagines ne jamais l’être. Dans son chez elle est tout ce qu’elle est devenue, sans toi. Elle dit « oui », elle dit « non », dans les deux cas t’en sera soulagé. Un pas en arrière ou en avant, mais la fin de cet immobilisme à peine supportable. Le temps qui s’est arrêté, ne sachant pas s’il doit ralentir ou s’accélérer, parce qu’ils ont trop de trucs à rattraper. Ou à oublier. Selon son choix à elle parce que c’est à elle maintenant de décider, toi tu l’as fait en engageant le privé, en quittant la villa St John ce jour-là, en frappant à sa porte. C’est à elle de décider si elle accepte ta soudaine réapparition, et comment la recevoir. Et tant pis si elle décide de le recevoir en te cassant le nez. Au fond tu sais que tu l’auras bien mérité.

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MessageSujet: Re: sacrifices transitoires (jake)   sacrifices transitoires (jake) EmptySam 18 Aoû - 12:48

Maman dans ses yeux, maman sur sa bouche, maman sur ses yeux baissés, maman et ses cernes marquées. Le reste tu connais pas, tu te souviens pas et t'es pas sûre de le vouloir, t'es pas sûre de rester droite, t'es pas sûre de pas trembler, là, toute seule, dans cette entrée. Peut-être que t'es trop fatiguée, peut-être que t'en as la respiration un peu coupée, peut-être que c'est trop dur, peut-être même que c'est pas vrai. T'as envie de lui dire que c'était une blague, t'as envie qu'il rigole, qu'il te prenne pour une folle, et qu'il retourne s'amuser dans son univers doré, dans sa planète qui sent bon, qui l'a fait beau, qui l'a fait grand. Tu remarques les détails sans le vouloir, pourtant ; sa stature bancale et cet air maigrichon que vous devez tout les deux à papa (c'est ce que disait Debra). Ces traits fins et enfantins qui vous font ressembler à de vieux ados, à de très jeunes adultes, qui poussent les bar-mans à vous demander (encore) votre carte d'identité pour acheter les liqueurs du bonheur. Mais surtout, surtout, cette étincelle dans le regard, ce crépitement secret, ce feu follet argenté qui s'accroche au tien, qui le surveille de loin. Peut-être bien que tu rêves, peut-être bien que tu songes, peut-être bien qu'il est fantôme et qu'enfin, t'es bonne pour la camisole.

Salut, il te dit. Sa voix, c'est pas vraiment la même ou alors, tout au fond, dans le ton fendillé, dans le soleil éteint de ses cordes vocales abimées. Salut, il te dit et toi, t'es pas sûre d'avoir espéré ça, dans les travers de tes espérances, dans les cauchemars de son absence, dans les rêves de vos retrouvailles. Tu croyais qu'il serait dieu, qu'il serait saint, qu'il t'emmenerait loin de ton appartement enfer, de ton adolescence purgatoire et de tous tes maux de fille unique forcée. Salut, il te dit. Mais toi, t'es pas sûre de savoir quoi lui répondre, t'es pas sûre de vouloir jouer à l'inconnu, t'es pas sûre de pas fondre dans le vide de votre étrangeté, dans l'horreur de vos retrouvailles glacées.

« Salut ? » tu répètes, les poings serrées, la gorge nouée, le ventre à l'envers, les tripes de travers. T'es pas sûre d'avoir la petite voix qu'il a connu, celle qui riait aux éclats quand il était là, tout près de toi. T'es pas sûre d'être la version magnifiée de ce qu'il a laissé, le modèle d'expo de la poupée de cire, de son, de sucre et de tendresse que t'as peut-être jamais été. T'as ce petit rire outré qui chatouille ta gorge, celui qui te prend quand tu te rends compte que t'as plus un rond, que t'as déconné, que Paz a faim et qu'il est nécessaire de ne rien céder. Jake est bien blanche face au miroir de son enfance ; Jake est pâle comme un spectre, Jake n'était pas prête à ce que l'embête.

« Oui » tu réponds. Oui, rentre, s'il te plaît, installe-toi, ne repars jamais. Je te trouverais une place dans le tourbillon de ma vie, dans le bordel que t'as laissé, toi, l'ouragan mêlé de sainteté. On sera serrés mais on sera bien, juste toi et moi, promis, on aura besoin de rien. Et tu pourras me raconter ton voyage, tes nouveaux horizons, tous les trésors que tu as ramassé sur la grande plage de ta nouvelle destinée. Et tu pourras m'amener voir la mer, voir les océans, voir la terre entière quand on aura fini de tout se raconter. Je modifierai les détails pour ne pas te choquer, j'embellirais ma galère de papier pour ne pas abîmer ta sensibilité dorée, pour ne pas te faire fuir, pour ne pas te perdre dans les secondes à venir. Oui, rentre, rentre, s'il te plaît et ne repars jamais.

« Non » Non, va-t-en, pars et ne reviens jamais. Tu te souviens, c'est ce que disait le grand lion à la télé, au petit qui venait d'être abandonné, au lionceau sans défense qui n'a jamais rien demandé. Tu devrais faire comme lui parce que t'as bien réussi la première fois, t'as pas merdé alors recule pas, joue pas au con et barre-toi. Ton souvenir je l'ai effacé, déchiqueté, j'l'ai fait saigner et j'ai adoré ça, j'me suis éclaté à te croire mort, absent et enterré. Non, non, rentre pas, efface toi de là, baisse les yeux et disparais parce que si je te vois, je pourrais pas m'en empêcher ; j'étranglerai notre amour agonisant de mes propres doigts.

« Tu te fous de ma gueule ? » C'est le tourbillon de la fausse extase, les sensations contradictoires, l'horreur cauchemardesque mêlée à l’apothéose vitale, sensorielle, sans égale. Tu te retrouves fille et maman, soeur  orpheline, rires et pleurs, sud et nord, sommeil profond et réveil brutal sans filtres ni protection, sans barrières, sans fond. Tu ressembles à une cocotte minute, à une cinglée, une internée qui flotte entre ses bras et la poignée, entre la rage et la tristesse devant le fantôme de l'époque révolue, de la tristesse disparue.

Alors tu t'enfermes
A double tour
A double ventricule
A double bile
A double sanglot
A doublie vie
Celle où il était là ; bonheur soleil tendresse
Celle où il a disparu ; ignominie lune détresse


« Mot de passe » Si tu te souviens pas c'est que c'est pas toi, si tu te souviens pas t'es même pas mon frère, t'es même pas un souvenir, t'es même pas un fantôme et moi, j'déteste ceux qui ont pas d'âme, ceux qui ont pas de race, ceux qui sont rien du tout et qui débarquent sans prévenir. T'es pas sûre qu'il ait gardé un souvenir de ce jeu là mais toi, ça te revient comme une bombe en pleine face et tes neurones saignent des cascades de nostalgie douloureuse, ton coeur vomit des arc-en-ciel de bonheur trépassé, sous le signe de vos années partagées. T'as l'air d'un vrai bébé, derrière la porte qui vous sépare, dans ton grand jeu de petite fille à aimer. 
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MessageSujet: Re: sacrifices transitoires (jake)   sacrifices transitoires (jake) EmptyMer 29 Aoû - 1:19

C’est polaire, le vent des glaciers qui s’insinue en bourrasque dans les couloirs, les électrons qui se repoussent toujours coincés dans la même orbite. C’est pas c’que t’avais imaginé, parce que t’avais rien imaginé. Tu as arrêté de rêver il y a bien trop longtemps pour espérer, ou désespérer ces retrouvailles. Tu as arrêté d’aimer depuis plus longtemps encore pour ressentir autre chose que de la peur, ou de la honte. Et faire autre chose que figer tes traits dans l’expression la plus neutre que tu puisses. Parce que tu peux pas sourire. Tu peux pas rire. Pas même comme elle le fait, l’ironie cisaillante. Et tu te maudit en silence de tes incapacités à être à peu près humain. De pas te mettre à chialer. De pas la prendre dans tes bras même contre son gré, parce qu’elle t’a manqué. Oui, elle t’a manqué, même si tu n’y pensais plus. Que tu avais enterré tout ça loin. Et que les couches de sédiments se sont finalement érodées sous les vagues de sa présence. Et que tu tangues sur le bord du vide qu’elle a laissé. Mais tu tangues juste. Tu tombes pas, et tu tomberas certainement pas, parce que c’est ce que t’as appris à faire. Ne pas tomber. Ne plus tomber. Pour ne blesser personne. Ni toi, ni les autres.

Oui. Tu as une ébauche de sourire. Fugace parce que franchir cette porte c’est en ouvrir une autre sur elle. Sur tout. Ce que tu lui a fait, et ce qu’elle a fait sans toi. Tu n’es pas sûr de vouloir tout savoir. Même si tu sais déjà pour l’autre être vivant qui partage son antre. Mais t’es pas sûr de pouvoir redevenir un frère. encore moins de devenir un oncle. Non. C’est plus simple. Ouais, c’est mieux comme ça au final. Tu ne sais pas bien qu’elle foutue idée t’as prise de revenir maintenant. De débarquer comme ça sans lui demander son avis. Parce qu’elle n’a surement pas envie que tu redeviennes un frère, ou que tu deviennes un oncle. Alors oui, stop, on arrête cette sordide tragédie et on baisse le rideau. Si personne n’applaudit ce n’est pas plus mal vu le pitoyable jeu des acteurs. Foutus de retranscrire correctement leurs émotions sur leurs visages trop similaires, trop différents, chaotique ou figé dans le marbre. Clap de fin dans le bruit de la porte qui se referme.

Mais tu n’as toujours pas bougé d’un pouce. Tu n’es pas parti. Tu n’as pas profité dans l’occasion qui t’es donné de fuir, et d’en rester là, de rester à l’ombre parce que c’est plus sûr que de te risquer à cramer au soleil. Mais tu restes là, derrière cette porte qui te sépare de ton soleil. Une main qui se lève en silence pour en effleurer la surface. Dans un vague espoir de la faire disparaître, ou de passer à travers. T’as toujours envié Kitty Pride. Sa faculté t’aurais été d’une grande aide. Mais nan, toi tu es juste l’inverse de Wolverine.

« Mot de passe » Ça débloque dans ton crâne. Tu ne sais plus quel âge t’as, tu ne sais plus où tu es. Tu sens presque l’odeur de la maison se superposer à celle de ce couloir sale. T’entends presque quelqu’un fredonner une chanson, mais tu ne distingues pas l’air, tu ne comprends pas les paroles, tu ne reconnais pas la voix. Tu crois un instant que si tu tournes la tête tu verras votre mère passer à côté de toi. Tu le fais, mais il n’y a personne. Mais tu te souviens quand même, de ça, de cette fichue blague qui t’avait tant fait rire, et que tu avais dû expliquer à ta benjamine. Qui s’était invitée de plus en plus de vos discussions d’enfants, à table le plus souvent. Jusqu’à devenir votre Marco Polo à vous.

« Jake, tu connais un bon restau ? » Tu avais hurlé. Hurlé à t’en arracher les cordes vocales la première et unique fois que les St John avaient tenté de te coller devant ce Disney. T’avais pas compris pourquoi, et eux non plus, et jamais personne n’était revenu sur le sujet. Ça te revient tout à coup, alors que la réplique de la hyène franchie tes lèvres dans un murmure. Un sourire qui tord le coin de tes lèvres. Elles vous faisaient rire les hyènes. Mais c’est le dégoût qui déforme tes traits quand une blague de dessin animé, un mot de passe de gosse, vient calquer l’image de ses fichues bestioles sur ta sœur. Tu as le plus grand respect pour les hyènes. Mais t’as pas envie que Jake en soit devenu une. Parce qu’elles en chient les hyènes. Parce qu’elle ont pas le bon rôle. Elles sont méprisées et moquées. Alors qu’elles font la même choses que tout le monde. Survivre.

« La bouffe est en train de se carapater. » Tu ne sais pas si elle t’as répondu, englouti par des émotions que tu refusent t’entendre et qui viennent t’assourdir de ton palpitant qui résonne dans tes oreilles. Tu ne sais pas si elle t’as entendu dans tes premiers chuchotements, alors tu hausses un peu la voix. Tu la pousses trop pour que tes mots ne se transforment pas en suppliques. Ouvre la porte, s’il te plait. Je suis ton frère. J’veux réussir à l’être. Cette fois.
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MessageSujet: Re: sacrifices transitoires (jake)   sacrifices transitoires (jake) EmptyDim 9 Sep - 21:37

C'est le face à face des astres contraires, tempête solaire contre iceberg corrosif, tous deux mués par le scandale familial, le choc des retrouvailles. Tu cherches, tu fouilles ces traits ; tu penses vitesse fusée, tu hurles à l'intérieur, en deuil de vos souvenirs, veuve de votre fraternité assassinée. Où t'étais, pourquoi t'es là, disparais si t'es un mauvais rêve, reste si t'es un beau cauchemar, crie moi dessus toute ta vie, dégueule ton existence mais bouge, rugis, réagis. T'aimerais qu'il te touche, t'aimerais qu'il se meurt, t'aimerais le suicide sauf de vos années perdues, de votre rencontre fortuite. T'es hystérique, t'es pas logique ; tu dis oui au passé, tu dis non à l'avenir parce que tu flippes, t'as peur, et c'est l'explosion atomique au creux de tes neurones de vieille maman usée, de soeur minuscule et abandonnée. T'aurais aimé faire comme si tu le connaissais pas, comme si vous vous étiez jamais regardés ; fermer la porte en souriant, lui assurer qu'il s'est trompé, qu'il reviendra jamais. T'aurais aimé feindre l'abandon final, la mort fatale de votre famille disloquée, portée de spectres lâchés aux quatre vents putrides de Savannah, le palais pour lui, la crasse pour toi. T'aurais aimé faire la comédienne, jouer la diva, mais c'est physique ; t'y arrives pas.
C'est comme un volcan en éruption, c'est comme un tsunami en pleine action.
C'est le froid intense, la chair de louve, le visage fixe, ton corps frêle contre la porte fermée, contre le bois condamné de ta décision impulsive et désespérée. Si tu fais semblant de pas avoir compris alors, il s'en ira, il se dira : oh tiens, quelle coïncidence, quel hasard bizarre d'avoir rencontré le reflet de mes cauchemars. Il se dira que c'était rien, que c'était que toi et comme tous les autres, il s'en ira. C'est même pas une plainte victime, c'est une volonté putride qui t'étreint le coeur quelques instants. Que tu trahis la seconde suivante.

T'es pas sûre qu'il se souvienne, t'es pas sûre de vraiment t'en rappeler non plus ; mais t'as toujours gardé les images manichéennes dans un coin de ta mémoire, rangées comme des trésors, protégées des trous noirs. C'est des flash d'éclats de rire, des éclairs de bonheur, de lèvres étirées, de dimanches nichés au fin fond du canapé défoncé. C'est l'époque des cassettes, celles que vous collectionniez ; habitude sacrée des walt disney, dès le réveil, devant le petit déjeuner. C'est le grand roi lion, ton amoureux animalier, et vos dialogues préférés, dansant sur vos langues d'enfants sultans dans votre royaume de paille, dans votre sanctuaire d'intimité. C'était ton moment préféré ; celui où, tu te redressais pour le rendre sacré, la voix poussée au maximum, piaillement aigu, cacophonie familiale, complicité sans faille. C'était sa voix qui t'expliquait tout, que tu buvais sans soif ; c'était le passé sans rayures, sans poussière, sans bourrasques. Le totem dorée de votre enfance côtes-à-côtes jusqu'au scalp pervers, la disparition soudaine, sa mort prématurée.

Le silence est long long long et le plancher supporte tout ton poids de petite fille impressionnée, de gamine perturbée. T'es toute seule dans ta tête, isolée, bulle ouverte par l'espoir, l'espoir que t'arrives pas à avorter, comme toujours, à jamais. T'es pas sûre qu'il soit encore là, t'es pas certaine qu'il se soit pas échappée, que t'aies pas rêvé ; il suffirait que t'ouvres pour te rendre compte qu'il s'est envolé. Tu tends l'oreille, malgré toi ; t'étouffes les battements de ton coeur, tu lui ordonnes de se taire, pour te laisser mieux savoir, prête à mourir pour entendre l'incantation, la formule magique, épileptique. S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait, souviens-toi, pour moi, pour nous, pour maman, pour sa joie, pour son bonheur, pour nos secrets. Souviens-toi, respire-moi, appelle-moi, rassure moi, Castiel, sois un Black, sois un frère, sois encore à moi.

Et t'es pas sûre, à cent pour cent, quand t'entends, quand tu crois discerner les chuchotements, les murmures à peine esquissés. C'est peut-être la voix de tes pensées, la force de tes idées et la volonté faussée de tes choix de petite fille. Personne te reconnaîtrait, Jake, si t'apparaissais dans cet état aux yeux de ton monde de perte et de fracas. Personne le reconnaîtrait non plus, à hausser le ton devant une porte fermée, perdu dans un vieil immeuble isolé, prince d'ivoire dans un couloir de peur et de sueur. Personne ne comprendrait le duo écorché que vous formez, séparés par une planche pathétique, frontière mythique, radeau de la Méduse pour ton corps désarticulé.

Il l'a dit, Jake,
Il s'en souvient, Jake
Il est vivant, Jake
Il est là, à portée de main

La porte grince joliment lorsqu'enfin, tu te décides à apparaître. Tes yeux, rougis par le sel, se glissent lentement sur son visage, sur ses lèvres, au fond de ses yeux. T'as l'air épuisé, mâchonné par le temps, ridé par le surplus de sentiment. Alors, tu te jettes dans ses bras, comme avant, comme autrefois. C'est différent, c'est pas parlant, mais t'es sûre qu'il est là, que c'est sa peau, que c'est sa voix ; et tu le serres peut-être un peu fort, et tu pleures peut-être un peu trop. C'est le chagrin que t'as jamais montré, devant le cadavre maternel, devant le spectre paternel, devant le kidnapping fraternel. C'est la gamine de quelques années qui resurgit du passé. « Si tu rentres tu pars plus. » Tu grommelles un peu, tes lèvres sur son tee shirt que tu tâches sans vergogne, comme pour  marquer ton territoire.
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