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 si on s'en sort à peu près (ancael)

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Michael Healy

Michael Healy
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MessageSujet: si on s'en sort à peu près (ancael)    si on s'en sort à peu près (ancael)  EmptyMar 24 Juil - 15:21

Ce n’est pas qu’il ne réagissait pas. C’était qu’il ne réagissait plus. Comme s’il s’était pris trop de coups maintenant, que son cerveau avait freeze. Parce que la disparition soudaine de Junior l’aurait forcément foutu à terre. Mais le choc était trop grand, trop fort. Crash du système. Il n’arrêtait pas de le chercher, mais les connexions de se faisaient plus. Alors, il avait compris, avec un train de retard, que Junior ne reviendrait pas. Qu’il était parti pour de bon. Que maintenant fallait avancer.

Drôle de paradoxe que d’avancer tout en faisant du sur-place.

C’était ce qui semblait s’être négocié, sans doute un jour où il avait trop bu, quand Anca avait vu cet annonce pour l’appartement. Il avait dit oui, parce qu’il n’avait pas la force de dire non. Le fait est qu’il n’avait jamais été dans un appartement de sa vie, ni payer de loyer, et que même si ça semblait être le but de tous les citoyens, ça lui filait une frousse bleue. Michael avait promis d’être là pour le déménagement, même si la totalité de leur biens matériels faisaient l’équivalent de quelques sacs poubelles. Cela faisait déjà quelques semaines que Michael ne dormait plus au foyer, sans avoir pris la peine de quelques aurevoirs avec les quelques personnes avec qui il avait parlé. Il avait disparu pour retourner dans la rue, plus simple quand on passe ses journées à chercher un mec qui n’a manifestement pas envie d’être retrouvé. Aujourd’hui, c’était le grand jour. Aujourd’hui c’était l’emménagement. Il avait promis à Anca de l’aider.

Il n’était pas venu, de toute la journée.

Il était retourné sur ce banc. Celui du centre ville, à deux de là où tout avait basculé. Là où Bee s’était fait renversé, là où ils avaient arrêté d’être trois. Là où tout avait commencé à déconner. Il était retourné sur ce banc. Y avait plus les traces des freins sur le bitume, ni même la trace de sang de la forme du crâne explosé de la blonde. Y avait plus rien du trio qu’ils étaient autre fois. Et lui était tout seul maintenant. Seul sur ce banc, un pack de six à ses côtés qu’il vidait doucement, tout au long de la journée. Emménager avec Anca, c’était dire adieu à tout ça. Dire adieu à cette vie. Celle qu’il avait choisi à ses 17 ans. Cette liberté chérie qu’il avait embrassé à bras le corps. Il devait y renoncer, même pas par choix, parce que les autres avaient disparu. Y avait plus personne avec qui la partager. Ca ne servait plus à rien maintenant. Rien. Y avait plus rien.

Il écrasa la dernière canette dans sa paume et l’envoya sur une voiture qui passait. Il se fit klaxonner, ignora tout ça. Se leva d’un pas chancelant. Le soleil était en train de se coucher maintenant. Il attrapa le sac plastique rassemblant ses seuls biens et pris la direction de cet appartement dont lui avait parlé Anca. Il ne l’avait jamais vu, mais il s’en fichait complètement.

Sept putains d’étages. Pas d’ascenseur évidemment. Michael eut le temps de louper six fois une marche et s’est étalé seulement deux fois. Un miracle étant donné son état actuel. Ouais, l’alcool ça avait recommencé bien sûr. Il se planta devant cette porte, celle qui était sensé être sa porte. Il n’avait pas eu cette sensation depuis un bout de temps. De rentrer chez lui. Ça ne lui plaisait pas. Rien ne lui plaisait dans cet immeuble vieux comme le monde. Rien ne lui plaisait dans cette vie qu’il était en train de se bâtir, par inadvertance. Il toqua plusieurs fois à la porte, mais elle fermait mal, alors elle s’entrouvrit dans un grincement insupportable. Anca était en train d’arranger les lieux, dépoussiérer un meuble, dos à lui. Michael la regarda. C’était bizarre de la voir là. Bizarre de partager ce trop petit espace avec elle, soudainement. Ils étaient comme deux âmes perdues qui se raccrochaient l’une à l’autre sans vraiment de raison. Il la regarda un moment, claqua derrière lui la porte, ce qui attira l’attention de la brune. Désolé. Qu’il maugréa, vaseux. Il envoya le sac plastique sur le canapé en face de lui. Désolé de ne pas être venu, de ne pas t’avoir aidé, qu’il aurait pu ajouter. Désolé mais c’était trop dur. Ce déménagement ça signe la fin. La fin d’une époque qui est enterré depuis longtemps. Ce déménagement c’est l’acceptation que Junior ne reviendra pas, et c’est trop dur à encaisser, trop dur. Tout est trop dur en ce moment et j’ai juste envie de boire pour que ça le soit un petit moins. Qu’il aurait pu lui expliquer. Mais d’une façon ou d’une autre, il semblait qu’Anca était déjà au courant. Michael vacilla jusqu’à la kitchenette dans un piteux état pour regarder ce qui s’y trouvait. Il ouvrit les placards, le mini frigo. Tout était vide. Il soupira discrètement et se redressa pour s’accrocher au lavabo, dos à Anca pour camoufler les larmes qui venaient de survenir sans qu’il ne comprenne bien pourquoi. Il enfonça ses doigts dans l’émail, avala sa salive. De son autre main il sortit son paquet de cigarette et un coinça une entre ses lèvres. Autant l’habituer toute seule à l’odeur d’alcool et de tabac froid qui régnerait ici, ça ne serait pas pire que l’odeur qui s’échappait des coussins miteux du canapé. Il se racla la gorge et ravala ses larmes avant d’allumer sa cigarette et enfin il se retourna vers elle. C’était pas trop galère, c’matin ?
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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: si on s'en sort à peu près (ancael)    si on s'en sort à peu près (ancael)  EmptyLun 30 Juil - 19:19

C’était parti d’une idée à la con murmurée sur un lit d’hôpital. C’était parti d’une promesse à demi-mots entre deux âmes égarées. Surement que c’était pas la solution idéale, mais ça en était une, rester collé tous les deux sur le même radeau plutôt que de couler séparément chacun de leur côté. Elle lui avait proposé ça sur un coup de tête Anca, quand elle s’était rendue compte que chaque parcelle de la maison familiale lui donnait envie de hurler, de pleurer, de tout détruire. Elle devait partir, quitter ces murs, cette foutue prison, liens qui la gardaient dans le passé, l’empêchait d’avancer. Parce qu’il y avait trop de souvenirs là-bas, sur ces draps froissés, ce matelas défoncé, la tâche de sang qu’elle pouvait parfois encore imaginer sur le carrelage de la salle de bain ou bien le salon où Stefan c’était mis à genoux pour lui passer la bague au doigt. Il y avait la fenêtre, celle par laquelle Mazéo passait en secret, grimper les étages pour venir la retrouver, les rires échangés, les baisers aussi, un brin de sérénité. Même fenêtre sous laquelle il avait serré un peu trop ses doigts autour de son cou, imprégner sur son visage des ecchymoses pour souligner sa passion. Et tout le reste.
Elle ne pouvait plus Anca. Non. Elle ne pouvait plus.
Comme un vieux reste de syndrome de stress post traumatique, ça fait mal au cœur, l’impression qu’elle pourrait crever si elle partait, tourner la page et tirer un trait sur tout ce qu’elle a connu : Malo, Nash, Sidney, les gars du quartiers. Et puis sa mère, Lavinia, Ioan. Plus grand monde maintenant dans cette maison silencieuse, plus de cris, de rires, d’insultes. Juste du silence à en étouffer le cœur. Et là voilà qui soustrait sa présence à son tour.
Alors quand Michael était venu la trouvé, quand Junior était parti et qu’il ne savait plus où aller, elle l’avait pris dans ses bras un peu trop fort, attiré par cet espèce d’aimant coincé entre leurs deux cœurs, deux côtés d’une pièce, complémentaires. Je t’abandonnerais pas Micha qu’elle avait promis à l’hôpital la dernière fois quand il avait été renversé. Ca aussi ça avait été de sa faute, à croire que tous les hommes qu’elle avait aimé étaient voué à se faire massacrer par d’autres l’aimant tout autant. Je t’abandonnerais pas Anca qu’il avait réitérer à son tour quand il l’avait ramassé au sol dans cette chambre trop blanche, les bras glissés autour de sa taille trop fine, deux squelettes à la dérive. Ils se l’étaient promis. Juré. Craché. Ils iraient en enfer ensemble, quoi qu’il arrive. Pas question de se séparer.

Michael avait promis de l’aider pour le déménagement. Il avait dit qu’il serait là, pourtant elle avait entendu l’inverse dans le creux de sa voix. Je t’attendrais qu’elle avait murmuré, mais il n’était jamais arrivé. Pas vraiment surprenant. Faire un deuil c’est compliqué. Ils avaient tous les deux perdu quelque chose de trop fort, de trop important pour ne pas se comprendre, alors quand elle avait compris qu’il ne viendrait pas Anca avait téléphoné à Malo pour lui emprunter sa voiture, lui demander un coup de main pour les quelques meubles qu’elle avait négocié, retapé pendant la semaine, quand elle avait enfin signé le bail. Son job au Gentlemen’s lui permettait tout juste de payer pour deux le loyer, un appartement de misère au septième étage d’un immeuble trop bruyant, sous les toits, trop chaud en été, trop froid en hiver, mais c’était mieux que rien. Toujours mieux que rien. Puis elle comptait économiser, empocher un peu plus de pourboires quand elle aurait commencé à s’y faire, puis peut être que Michael réussirait à trouver un job, se sortir la tête de l’eau. Elle avait bon espoir.
Finalement ça n’avait pas vraiment pris longtemps, en quelques heures tout était installé, ou du moins posé en tas dans le salon qui sentait un peu trop le renfermé. Elle avait pris Malo dans ses bras, l’avait remercié, elle n’avait même pas versé une larme. Grande fille. Elle vieillit. Et quand la porte s’était refermée derrière son ami, Anca avait senti quelque chose se serrer au fond de ses entrailles, une angoisse présente. Elle en avait discuté avec sa psychologue pourtant, et malgré avoir préparé à l’avance le déménagement, maintenant que les choses étaient fixées, c’était pas vraiment aussi facile que prévu. Alors elle avait ce qu’elle savait le mieux faire : bandeau dans les cheveux pour empêcher sa frange de lui retomber sur les yeux, gants pour protéger les doigts. L’appartement était miteux, mais elle avait vu en lui quelque chose, une possibilité, elle comptait bien tout retaper petit à petit, en faire quelque chose de presque parfait où ils s’y sentiraient bien tous les deux. Au moins juste ça.

C’est la porte qui claque qui la fit sursauter, chiffon à la main elle se retourne les sourcils froncés, Michael soudain présent dans la pièce, le visage trop pâle, tristesse dans les pupilles, surement aussi souligné par l’alcool. Désolé. De quoi ? Elle ne répond pas, lui adresse un petit sourire avant de le regarder poser ses affaires – un sac poubelle – et se diriger vers la cuisine, fouiller dans le frigo, abandonner quand il voit qu’il n’y a rien encore. C’était pas trop galère ce matin ? « Hmhm » elle secoue la tête, retire ses gants, son bandeau et pose le tout sur la table. « Malo est venu m’aider » peut être qu’il voit qui c’est. Peut être pas. C’est pas important. Sourire glissé sur les lèvres elle sort d’un sac de course posé sur un coin du plan de travail deux bières, pas vraiment fraiches, mais ça fera l’affaire. « On échange ? » une bière contre une cigarette. Faut pas qu’il prenne l’habitude de la voir comme ça, c’est que dans les coups durs qu’elle craque un peu, qu’elle dérive du droit chemin. Et là tout de suite, ils en ont besoin tous les deux. Lui plus qu’elle surement mais c’est pas grave.
Le bruit de la cannette qui s’ouvre, elle se laisse tomber sur la chaise un peu bancale avant de soupirer. « Il reste encore quelques trucs, je pensais faire des courses demain, mon service commence dans quelques heures j’aurais pas le temps de faire ça » elle avait refusé de prendre un jour de congé même si Belladone le lui avait proposé. Pas envie de rompre le charme, les soirées au Gentlemen’s c’était ce qui l’empêchait de couler pour le moment. « Tu devrais passer ce soir. Je te ferais rentrer, Hunter sait que t’es avec moi » Hunter, le vigile, surement qu’il empêcherait Michael de passer s’il ne savait pas que c’était le nouveau colocataire d’Anca, mais elle avait prévenu la troupe, expliqué un peu, que c’était compliqué pour tous les deux. « de la musique, de l’alcool, des jolies filles » elle lui offre un sourire amusé, clin d’œil provocateur, de tous les deux c’est surement elle la plus mal à l’aise là-bas. Mais tant pis. Elle attrape la cigarette que lui tend Michael avant de l’allumer, la flamme qui vacille, la fascine un instant, avant de refermer le briquet. « On va être bien ici Michael » entre question et affirmation, elle sait pas vraiment.
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