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 aquarelle d'ecchymoses ; nolan

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Billy Sheridan

Billy Sheridan
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▹ signe particulier : l'est pâle comme un mort et y se traîne des cernes de quinze km. s'ajoute à ça finalement pas grand-chose, seulement un trait noir tatoué sur majeur du côté de la main droite.
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MessageSujet: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptySam 1 Sep - 20:52


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
https://youtu.be/l1h4w-B58Aw

ça s'est abattu sur lui en averse, sur le visage, sur le corps tout entier. ça s'est abattu sur lui en averse, sans qu'il se souvienne vraiment pourquoi. le fait est que ça a gueulé, que le type s'est levé de son tabouret, qu'il a commencé les hostilités - auxquelles il a répondu sans trop de peine. parce que billy il a le teint pâle mais le sang chaud qui pulse dans chacune de ses veines, il sait pas se retenir quand commencent les tintements du ring - y'a des coups de pompes qui se sont perdus, des poings qui se sont loupés, des chutes mémorables comme pitoyables. puis l'un s'est fait jeter d'un côté, l'un de l'autre - en sortant il s'est pas bouffé les pavés, il a seulement senti le fer se glisser entre ses dents. y'a pas pire saloperie que de se mordre la joue sous un coup - et le voilà assis, assis billy, en bas du cabinet dont il voit encore les lumières à la fenêtre. cul posé sur le trottoir, il crache le sang mêlé de salive - il a la lèvre inférieure fendue, la carcasse marquée à tous les niveaux, parce que chez lui y'a tout qui s'inscrit à même la chair, aussi bien que de la peinture sur un mur blanc, ça se voit. il inspire profondément, le portable qu'il remet dans le fond de sa poche - il a un peu la tête qui tourne billy, faut dire qu'il a poussé à nouveau le vice en se prenant quelques verres, assez pour que ses jambes deviennent cotonneuses, pas assez pour qu'il dégueule à en perdre son intestin grêle. il laisse tomber sa tête en arrière, renifle un peu, tire sur sa cigarette au bout rouge - encore mieux qu'un rouge à lèvres signé de la bouche d'une succube. il inspire profondément - il attend. pas vraiment le messie, pas vraiment un miracle, seulement que l'autre descende.

y'a chez nolan comme une éternelle fuite, une course lente et douloureuse qui fait son pesant en années - il compte même plus combien de temps il a passé, à juste rester là où il est, à se dire vainement qu'un de ces quatre, y'aura mieux. mais ça lui va, ça lui va parce que y'a pas besoin de mieux, parce que ça convient, parce qu'il s'est fait une place, quelque part entre l'aorte et le poumon - là où ça bat fort. c'est ce qu'il se plaît à se croire, c'est ce qui fait grimper en lui la bêtise d'un adolescent en mal d'attention. la porte s'ouvre, laisse passer les loupiottes qui égaient la rue aux ombres fades. d'une main, il fait le salut d'un aviateur - il le regarde de haut en bas. lunettes rondes sur le nez, cheveux en bataille - indomptables - et chemise blanche, toujours, aux manches remontées, un bouton a sauté - rien à dire, peu importe les circonstances, nolan aura toujours cette prestance. il racle un peu le fond de sa gorge, crache les dernières gouttes carmines - il se demande s'il va pas se vider. la pensée fugace il la balaie, de toute façon, l'est un peu bourré.
- hey.



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Nolan Nerini

Nolan Nerini
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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 2 Sep - 11:04



un peu amoché → La musique à fond, il est en train de se faire un café, à minuit, dans la petite cuisine du cabinet. Une salle d'attente, deux bureaux, une petite cuisine, et des canapés, pour dormir dedans, en cas de fatigue extrême.
Pas ce soir, ce soir il travaille encore. Il s'est donné pour mission de lire intégralement quelques cas de jurisprudence où, en appel, il y a avait eu un non-lieu total. Motivé ? Certainement, mais il n'a rien de mieux à faire. Il faut se faire des amis, a dit son père. C'est pas facile quand on est dans la vie active, et qu'on tente désespérément de garder la tête sous l'eau. Il n'a bien que Juliet, mais elle est rentrée dormir il y a maintenant quatre heures, elle n'est pas complètement tarée et n'a pas un procès sur les bras, qui lui arrive rapidement dans les dents.
Et alors qu'il se sert son sixième café (the midnight cofee test est passé haut la main, mais il va peut-être avoir besoin de redbull dans les minutes à venir), son téléphone vibre. Il fronce les sourcils.
Un message un peu amoché de Billy. Tiens donc. Il lit attentivement, se marre un peu, (en bas de son cabinet ?) et envoie une réponse. Quelques secondes après, alors qu'il s'installe dans son bureau, sort un dossier, et reçoit un nouveau message. Ouai, il est arraché. Il répond. Il veut pas descendre, il a encore trop de trucs à faire.
Mais il insiste l'autre, il veut pas lâcher l'affaire.
Et ce 'steuplait', il l'avoue, lui touche un peu le coeur. Une vraie fleur bleue ce Nolan. Il pousse un soupir. Il fait pas très froid dehors, alors il descend, lunettes sur le nez, chemise un peu ouverte, manches remontées, il va encore se foutre de lui.
En bas du cabinet, il y a un bar, dans la rue d'en face. Un bar, et des gens qui parlent, des verres qui se renversent, et beaucoup d'amour, et de haine, échangées. C'est un canaliser d'émotion, un bar, et lui il y a passé trop de temps.
Il le voit, avec sa carrure de squelette, assis par terre, sur le trottoir (
tu fais l'trottoir ?).
A la lumière du lampadaire, il le voit. Avec une gueule défoncée, avec un truc rouge au coin des lèvres, avec des lèvres en vrac, et des yeux à moitié fermé.
Un peu amoché, dans tous les sens du terme.
Il se met devant lui, mains dans les poches, écoute la salutation, Nolan regarde autour, un peu ailleurs, pour vérifier que personne ne compte venir les frapper, encore. Puis il se met accroupi, face à lui. Il fronce un peu les sourcils, l'observe sous tous ses aspects, toutes ses coutures. Leurs regards se croisent, un long moment, dans le silence. Il ne l'a jamais vu, avec une gueule pareille. Ca fait partie de ses habitudes, de se battre ? Il n'en savait rien. Ca lui fout un coup au coeur. Il demande, doucement :
" Qu'est-ce qui t'arrive ?"

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 2 Sep - 11:39


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
https://youtu.be/l1h4w-B58Aw

y voudrait passer outre, y voudrait faire semblant, se prendre pour un brigand. y voudrait passer outre, y voudrait faire semblant, se prendre pour un conquérant. le fait est qu'il en chie, qu'il a des grimaces qui se placent ici là, sur sa face. il paie clairement pas de mine - il est même pas très fier de lui, ou juste un peu, parce qu'il a foutu l'autre dans un état presque pire que le sien. l'est pas si mauvais pour foutre des coups le billy, c'est son père et son frère aîné, le tout premier, qui lui ont tout inculqué, comment placer ses mains, comment le faire bien. les siennes, elles, elles sont un peu moins jolies, bien que fines, y'a les jointures qui se sont un peu ouvertes - il s'est loupé quelques fois, tapant le bois plus que la peau. il inspire profondément à nouveau, crache une dernière fois du sang - ça devient de plus en plus transparent. y'a nolan juste à côté, accroupi, qu'admire sans doute l'oeuvre des rues malfamées - même pas qu'elles le soient vraiment, il a tout bonnement tiré le mauvais lot, à force d'en avoir profondément rien à foutre de tout. même si la vérité, c'est qu'il en a tellement à foutre que ça le ronge, qu'il a l'impression de perdre des organes à mesure, comme des mites affamées qui passent de l'un après avoir terminé l'autre. il recrache la fumée par le nez cette fois, sourit un peu - il se permet pas de faire la gueule billy, on lui a toujours dit qu'y'a rien de plus trompeur ou de plus rassurant.
- ça ? il papillonne des cils, joue à l'étonné, hausse les épaules avec nonchalance et mollesse. une discussion vach'ment cordiale qu'est partie en couilles. il passe sa langue sur ses dents, enlève le reste de sang puis se met à tapoter du pied, cherche un rythme sur lequel se concentrer. il évite pas le regard de nolan, il lui fait bien face - parce qu'il a jamais eu honte de se retrouver dans des embrouilles, d'être la cible d'une grande gueule, qui quand elle se fait couper la langue, trouve rien de mieux que de sortir les griffes.
- j'sais même plus pourquoi il s'est excité. il m'a provoqué j'crois, j'ai pas répondu, ça l'a gavé. il racle un peu le fond de sa gorge - il arrive déjà à la fin de sa cigarette, alors il l'écrase sur le bord du trottoir. ses doigts finissent dans le fond de ses poches, il a envie d'en rire - jamais en pleurer. il a envie d'en rire parce que y'a rien de mieux pour se foutre des mauvais souvenirs, même si celui là, au bout d'une semaine, il en aura plus que les marques physique - pas au fer rouge.
- ça vaut pas l'coup d's'y attarder.
un temps.
- t'as l'air crevé.
encore. à croire qu'il s'est donné à la nuit, qu'il a abandonné les bonheurs d'un jour d'été - d'automne, de printemps ou d'hiver. à croire qu'il s'est vendu à la nuit, sans retour au soleil pour lui clamer la beauté simple d'une vie.



Dernière édition par Billy Sheridan le Dim 2 Sep - 20:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 2 Sep - 12:16



un peu amoché → Alors qu'il le voit, avec sa gueule cassée, il se dit qu'il ne connait, en réalité, rien de lui.
Il peut faire la liste.
Il vient d'une famille de redneck, pas de Savannah, mais il est plus où. Il a plusieurs frères et soeurs, il serait incapable de donner un chiffre exact. Il est très certainement pansexuel, mais ils n'en ont jamais parlé. Il est musicien, il est connu. Le nombre de son groupe est
catharsis. Il a 25. Ou 24 ans. Ou 26 ... Il ne sait même plus.
Il s'appelle Billy Sheridan, il le connait de la thérapie de conversion pour homosexuel, qu'ils ont suivi ensemble quand ils étaient au lycée.
C'est un type gentil, profondément gentil, qui pense aux autres avant lui, qui sourit souvent, et qui a un franc parler légendaire. Il s'adapte à tout et à tout le monde, il est assez intelligent pour savoir quand parler et se taire, il est assez con pour prendre la place des autres et se faire punir sans raison.

Voila tout ce qu'il sait sur Billy.
Et ça le frappe.
Ils ne sont pas amants, ils ne l'ont jamais été, ils ne sont même pas amis non plus.
Qu'est-ce qu'ils sont ?
Y'a mille points d'interrogations autour de Billy, mille questions à poser, et lui il choisit de le regarder, accroupi à côté de lui. Il choisit de ne rien savoir, il choisit de vivre le présent, et de poser les questions en temps voulu, même si réaliser qu'ils ne se connaissent pas à tout d'un coup au coeur, un uppercut en plein ventre, au moins aussi fort que ceux que s'est pris Billy. Il hausse les sourcils.
" Cordiale hm..." Evidemment, c'est une blague. Il pense que si, ça vaut le coup de s'y attarder. Mais il ne dit rien, pour le moment. Il le regarder écraser sa clope, alors qu'il vient s'asseoir avec lui, sur le trottoir.
T'as l'air crevé.
Ca a le don de l'énerver ça, tout le monde passe son temps à lui dire. Il répond, peut-être sèchement :
"C'est ça d'être adulte."
Ca sonne comme un reproche, ça sonne trop méchant, trop vieux pour lui. Comme si, en se prenant des coups dans un bar, il affirmait soudainement que Billy n'était pas adulte. Il fronce les sourcils, et se ravise immédiatement :
" 'Fin, c'est ça d'taffer tard quoi." Il le regarde, assis en tailleur. C'est une manie chez lui, il est peut-être bouddhiste, ce serait pas la dernière des surprises. Il demande, doucement : " Tu veux monter au cabinet ? J'ai une trousse de premier secours, et de la glace."



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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 2 Sep - 13:14


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
https://youtu.be/l1h4w-B58Aw

c'est que nolan il se prend pour un adulte, un vrai, qu'assume ses responsabilités, qui s'affirme en tant qu'être humain et qu'a plus à se retourner vers le passé. il a envie d'en rire billy, parce qu'il a beau se prendre pour un, il l'est pas vraiment - parfois il fait adolescent qu'est le cul entre deux chaises. alors il y répond rien, parce que parle à mon cul ma tête est malade, parce que ça vaut même pas le coup de s'offusquer - l'est pas futfut à ce niveau, pas envie de se lancer sur un champ de bataille de ce qui fait de quelqu'un un grand garçon ou une grande fille. au pire il est un gosse qui se ramasse dans la boue, qui balance des cailloux et se croit au-dessus de tout - il l'est sans doute, dieu qu'il s'en fout. il ferme les yeux, apprécie le petit coup de vent qui vient s'engouffrer sous ses fringues - puis il baisse la tête, percute qu'il a dégueulassé son tee-shirt blanc, y'a des taches ici et là, à rejoindre avec un marqueur pour créer une nouvelle constellation. il hoche la tête un peu mollement - il écoute quand même, l'est pas comme ça billy, il entend, il retient, il garde un stock de phrases dans une boîte à malice. il fait un peu craquer sa nuque - ça fait mal.
- monsieur est trop bon avec moi. il se marre en coin de lippes, cherche tout le courage du monde pour lever ses miches du bitume - il essaie avec l'esprit la première seconde, jusqu'à capter que ça sert à rien, qu'il va devoir se démerder avec ses genoux, avec ses mains. il attend quelques secondes, pousse un profond soupir - du genre qui vient du fond de son estomac imbibé d'alcool. il y arrive avec maladresse, en manquant de se reprendre un coup de la gravité. enfin debout il maudit sa tête qui tourne façon grand huit qui jamais s'arrête.
- si j'avais su j't'aurais apporté un tonneau d'café. haussement d'épaules à nouveau, ça devient tellement systématique qu'il s'étonne de pas avoir un os qui s'est déboîté. il passe le bout de sa langue sur la plaie encore ouverte, sur sa lèvre supérieure, il peste. mais quel fils de pute.
avec ce rictus éternel qui trône en roi sur sa gueule. il s'avance sans aide vers l'immeuble, il attend plus que la directive - il s'incruste, fout son bordel là où c'était si nickel. il en a conscience - c'est ce qu'il veut sans doute, quelque part, le tirer par le pull pour le jeter hors de son monde d'adultes robotiques. de toute façon, nolan, il a bien gardé sa répartie d'avant, c'un truc qui manque jamais, de quoi casser vivement, de quoi tacler avec la délicatesse d'une fourchette plantée subitement dans le dos de la main. il l'admire un peu pour ça - il aurait aimé avoir un peu plus de violence, billy, un poil plus de rancoeur, s'il était pas aussi éreinté par son coeur sous xanax.



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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 2 Sep - 19:32



un peu amoché → Peut-être que ouai, il est trop bon, qu'est-ce qu'il en sait. Peut-être qu'il ferait mieux de se taire, de le laisser sur le trottoir, de retourner taffer en bonne conscience de ce que son ami (?) est en train de vivre. Du sang dans la bouche, des mains un peu défoncées, une envie de se venger de tout et tout le monde.  Surtout du type qui lui a fait ça. A moins que ce soit une nana ? Il se demande si les nanas se battent dans le monde de Billy, pas dans le sien.
Il le regarde se lever, comme il peut, pester, autant que possible, et tourner un peu, tanguer, d'une jambe à l'autre. Nolan se rapproche, prêt à le rattraper s'il tombe.
" Ca va ?" Il a pas l'air de l'entendre. Bon bah en tout cas, s'il tourne de l'oeil, il pourra pas l'aider : rouler en vespa comporte des avantages (doubler des voitures, peu d'essence, un style inégalable) et des inconvénient (pas de banquette arrière pour les évanouis, aucun style en réalité). Il sourit à sa remarque. Un tonneau de café, oui la bonne idée. Il passe une main sur son épaule, l'aide à traverse la rue (complètement déserte). Ainsi, ils quittent le bar pour le bâtiment. Il compose un code, il le dicte à l'oral. " 8788A. Au cas ou tu veuilles revenir."
Et c'est stupide pour deux raisons. Déjà qu'il tient à peine sur ses jambes, comment pourrait-il retenir le code ? Et ensuite, pourquoi voudrait-il revenir ? Il en sait rien, il se trouve immédiatement complètement con. Il l'aide à passer la porte. Il appelle l'ascenseur.
" Ca va ?" Il a peur qu'il lui claque entre les doigts à chaque instant. L'ascenseur arrive, il l'aide à s'engouffre à l'intérieur.

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 2 Sep - 19:56


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
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si ça va, si ça va pas, y'a qui roule, y'a rien qui s'emboîte à la perfection, à foison, y'a tout qui déconne, qui détonne. y'a sa tronche à lui totalement ravagée, y'a la tronche à l'autre surplombée par la fatigue. ils craignent dans leurs allures - plus l'un que l'autre. il a envie d'en rire à s'en péter les côtes, il a envie de tomber par terre, de s'effondrer, hilare dans un élan naïf et inconscient. l'est pas assez torché pour tomber aussi bas - faut dire qu'il montre peu, billy, qu'il laisse en surface que le plus lisse, que le plus beau, alors que ses traits ont été dessinés grossièrement aux pinceaux séchés. sa démarche est pas vraiment droite, un peu à gauche, un peu de l'autre côté aussi, c'est ni linéaire, ni conscient - c'est la fatigue de la bagarre, de son sang qui continue de tapoter contre ses veines, les agrandit, fait battre son coeur à vitesse grand v. il inspire profondément, regarde du coin de l'oeil nolan qui suit vainement, prêt à le choper en cas de chute impromptue - ça le fait sourire encore, inlassablement, y'a de quoi en avoir mal aux dents, ou à décrocher la mâchoire à partir d'un moment.
- ouais, ouais. parce qu'il est debout, parce qu'il est pas six pieds sous terre, parce qu'il se concentre sur sa respiration pour se rassurer, se dire qu'il a pas clamsé - que cette escapade de coups de poings, ç'aura donné un peu de piment aux derniers jours parfois ennuyeux. il entre dans l'ascenseur sans se faire prier, s'adosse au départ contre la paroi - puis subitement le code lui revient à l'esprit, y'a un a quelque part, des nombres, des chiffres, un mélange dont il aura le souvenir peut-être demain matin. il oubliera. il fronce un peu les sourcils - ça se referme autour, ça laisse quatre murs, façon huis-clos infernal qui laisse les pensées s'agiter. les siennes se taisent, c'est le silence absolu dans sa tête, dans sa carcasse toute entière - il fait que regarde, que jauger. puis ça l'appelle, ça demande à collision, un accident de bagnole avec un huit tonnes, du genre qui laisse aucun survivant. il s'est rapproché - il a même pas capté. il s'arrête, il l'attrape.
il l'enferme entre ses mains, entre ses doigts osseux. il l'enferme entre ses mains, comme une interdiction à la fuite, un bestiau jeté en cage. il regarde, ça dure quelques secondes - moins encore. il sourit, il vole, il attrape. pression à mi-délicate, il lui laisse pas le choix. il lui laisse pas le choix, parce que ça a toujours été comme ça. parce que putain ça lui arrache les tripes - parce qu'il se fout bien des prérequis, des ce qu'on dit, l'a jamais eu de problèmes avec ça billy, il a survécu à la thérapie. alors il embrasse, il profite des yeux clos autour d'eux. ça a le goût de café, de clopes, le goût des escapades sur le balcon à parler des lendemains morts. il entend que les battements irréguliers, qu'un ramdam explosif dans les tympans - c'à cause de l'alcool, il le sait. puis y'a autre chose - il le sait ça aussi. il veut pas terminer, mais il le fait, sans trop se reculer. il reprend son étirement de bouche - comme si une force tirait ici et là.
- déchiré ou pas, j'l'aurais fait. tu l'sais. parce que maintenant y'a personne pour l'en empêcher, parce que y'a des horreurs que nolan a du mal à affronter - alors y'a rien de mieux qu'une boîte pour s'échapper, façon penderie dans laquelle un chiard se jette pour une partie de cache-cache. il baisse un peu la tête, pousse un soupir, jusqu'au tintement - c'est l'heure de sortir. au moment de passer de l'autre côté, il se dit que ça lui a manqué - et qu'il sort de son sommeil prolongé.



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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 2 Sep - 20:37



un peu amoché → Il regarde les portes se fermer, et il s'appuie contre.
En face de lui, le miroir (pour agrandir les ascenseurs, sinon ça donne des effets boites de conserve qui donnent le tournis, ou la claustrophobie), et tout contre, Billy.
Son coeur bat pas plus fort que d'habitude, il attend le quatrième étage, comme un chien de garde, prêt à sortir Billy de là, à l'asseoir contre une chaise, et panser ses plaies, comme un avocat reconverti en infirmière.
Il se regarde dans le miroir, il se trouve fatigué c'est vrai. Et puis son regard dérive sur Billy, qui fait un pas en avant.
Il n'a pas le temps de se demander pourquoi le Sheridan avance, pourquoi le septième de la famille (ça ne lui revient que maintenant, il porte chance) se poste devant lui, n'attend pas une seconde, passe ses mains osseuses et ensanglantées sur ses joues.
Billy vient de lancer le coeur de Nolan contre une paroi, comme une toupie qui rebondit, tourne, tourne, tourne encore, et ils se regardent.
Ca dure peut-être une seconde, d'attente, de surprise, mais déjà, tout est délivré.
Billy, il a toujours su comment s'y prendre avec un traumatisé, avec un blessé de guerre, avec un survivant de thérapie comme Nolan. Il ne lui laisse pas le choix, il l'embrasse simplement. Pas d'échappatoire, simplement les portes de l'ascenseur qui se rouvriront, à un moment, c'est certain. Et ils chuteront,
Et ils continueront à s'embrasser.
Parce que Nolan ferme les yeux, parce que Nolan goûte au sang dans ses lèvres, à l'alcool, à la tyrannie des addictions qui le prennent en ôtage. Y'a tout d'un coup, tout ce contre quoi il se bat, qui vient l'appuyer contre la paroi de l'ascenseur, qui vient l'assommer à coup de baiser, et il crève contre ses lèvres, parce qu'il avait oublié.
Comment peut-on oublier les lèvres d'un Shéridan. C'est doux, c'est ferme, c'est passionné, ça a goût de tendresse et d'envie insatiable. Un goût d'éternité sur le coup, un goût de tout est possible, tant que tu m'embrasses.
Une envie d'y revenir, c'est ça,
Il est revenu à Savannah pour ça.

Il se décale Billy. Le regarde et sourit (bien sûr, y'a d'quoi sourire, parfait). Et il lâche cette phrase.
"déchiré ou pas, j'l'aurais fait. tu l'sais."
Nolan fronce les sourcils. Son coeur-toupie s'arrête subitement, contre la paroi de l'ascenseur. Il fronce les sourcils, le regarde, et il comprend.
Les portes se rouvrent, il le laisse pas sortir. Pas tout d'suite, pas comme ça.
" T'as attendu qu'on soit qu'tous les deux, c'est ça ?"
Ouai il le sait.
Peut-être même que Nolan l'a su à l'instant où ils se sont revus, à cette fête. Qu'ils sont faits pour s'embrasser à l'abris des regards, parce que les regards les ont dénoncé par le passé, parce que les regards leur ont fait se rencontrer.
Il a le souffle court, il le regarde.
Sa main, étrangement, s'est posée sur sa hanche. Sa main, étrangement, ne l'a pas quittée, même maintenant que les portes sont ouvertes, qu'ils ne peuvent plus s'appuyer sur rien.


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Billy Sheridan

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 2 Sep - 23:16


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
https://youtu.be/l1h4w-B58Aw

attendre ça se fait, attendre ça vient, attendre c'est comme une seconde nature. il se la joue épouse d'un militaire encore envoyé sur le front. il se la joue maîtresse qui toujours tend l'oreille en attente de l'appel de cet homme marié. il se la joue animal fidèle qui sur la gare attendra des jours, des années encore son maître décédé à l'autre bout du monde. attendre sans se plaindre, attendre dans le silence, avec cette même confiance qu'ont les plus jeunes en une bonne étoile - non pas qu'il ait prié, billy, il a seulement posé ses pompes, et a attendu de s'enraciner, à plusieurs endroits, mais toujours pour le même cas. il a le frisson chaud qui vient traverser toute sa colonne vertébrale, il a la chute sous son squelette qui menace peu à peu - il se dit que sans nolan dans les parages, il serait sans doute qu'un tas de peau sans formes. il s'attend pas à se faire bloquer, à devoir rester entre le couloir et l'ascenseur, à attendre que les portes se referment pour se faire couper en deux. il ressent sur sa hanche l'accroche - toute bête, toute anodine, toute ridicule. il garde sa mine satisfaite, il écoute, il entend - pas sûr qu'il comprenne cette question rhétorique, elle vaut rien, elle vaut peu, elle sert qu'à meubler pour faire beau après cet enchaînement. y'a le reviens-y qui se balade sur sa bouche déglinguée, un peu d'humidité qui y traîne, traînée de poudre qui témoigne du baiser - qui ne se ressemblent que dans l'allure, mais qui dans le rythme, sont différents morceaux sans refrains.
- c'quoi cette question... joue pas au plus con. tout bas, amusé, il se marre pour dédramatiser, il se marre parce que c'est tout ce qu'il a jamais su faire pendant la belle année dans le centre, parce que c'était sa seule arme massive contre les prières au seigneur et les chants d'honneur. il l'attrape par le poignet, le tire hors des quatre murs, juste là dans le couloir. il y résiste pas - alors il s'y jette à nouveau avec cette bêtise incontrôlable. ça dure à peine, ça dure tout juste, de quoi reprendre ses marques, de quoi se souvenir de la forme de la lèvre supérieure, de l'inférieure aussi, de savoir où se niche sa langue, où s'arrête le vice. il a le souffle qui bute, se déboîte à la sortie de sa gorge - il garde ses doigts enroulés autour du poignet de nolan, incapable de le lâcher.
- 'scuse, ma bouche manque de discipline. il ricane à nouveau, presque fier de sa connerie, de ses boutades qui feraient même pas rire deux adolescents bourrés. il se mord un peu la langue - regrette derechef en se souvenant qu'il en chie. c'est qu'il en a presque oublié les plaies, les bleus qui poussent chaque seconde sur sa peau palote. il se laisse finalement adosser contre le mur en face - il tapote un peu du pied, l'arrière de la tête qui se colle pour bien regarder le plafond. ses paupières tombent comme un poids sur ses yeux - il se relâche peu à peu, tout continue de flotter dans son esprit. il a l'euphorie injectée en intraveineuse.

- p'tain...

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Nolan Nerini

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyLun 3 Sep - 14:06



un peu amoché → Un peu amoché ? Même, carrément amoché.
Il faut l'être pour s'embrasser. Comme si, jusqu'ici, ils étaient restés sages comme des images, rien dont ils puissent avoir honte en réalité. Juste deux (à peine) amis qui se parlent, tranquillement, à une soirée, qui s'imaginent bêtement un futur en commun, et puis un brunch, comme deux trentenaires. Futurs trentenaires, futur à venir.
Il le regarde un instant, dans l'ascenseur.
Pourquoi a-t-il succombé ?
Aucune réponse, enfin si, elle est tombée.
Déchiré ou pas, il l'aurait fait. Donc l'alcool ne tombe pas dans l'équation, donc l'équation est beaucoup plus simple que prévue. Aucune inconnue, juste un baiser.
Il sent encore la marque de ses mains, contre sa nuque.
Il est débranché Nolan, il sait pas quoi dire, ni comment réagir. Il sait pas s'il doit s'énerver, être heureux, pester, y croire, ne pas y croire.
Croire à quoi, croire en rien, croire en lui ? C'est du pareil au même.
Joue pas au plus con, il est pas le plus con, clairement des deux, il est encore celui qui a toute sa tête. Ou pas ?
Il en sait plus rien, il se fait tirer hors de l'ascenseur.
Il se fait embrasser encore, il ferme les yeux, il en veut encore Nolan, maintenant qu'il est retombé dans l'alcool, il veut finir le verre. Il a du mal à rouvrir les yeux. Manque de discipline des deux côtés, il doit bien l'avouer. Il sait plus ni sourire, ni parler, ni quoique ce soit, juste, il le suit jusqu'à la porte, au bout du couloir. Fébrilement, main tremblante, il ouvre la porte, allume la lumière, le laisse entrer. Il referme derrière lui.
Est-ce qu'il doit éteindre la lumière et l'embrasser encore, est-ce qu'il doit juste l'asseoir, l'aider à aller mieux ?
Il choisit la deuxième option, l'emmène dans son bureau. La lumière des lampadaires baigne la pièce. Il l'allonge sur le canapé, sans rien dire. Puis, il va chercher la trousse de secours dans la cuisine. Désinfectant, pansement, et surtout, poche de glace, qu'il sort du frigo. Il rentre dans le bureau, lui lance :
" Attrape."
Il sait pas à quoi il joue, est-ce qu'il joue d'ailleurs ? Il en sait trop rien.
Il joue au plus con sans doute, et ça le fait sourire. Il attrape une chaise, s'approche, et il lance :
" Enlève ton tee-shirt." Pas qu'il ait spécialement envie de le reluquer, mais il faut bien qu'il voit l'étendue des dégats.

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyLun 3 Sep - 15:18


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
https://youtu.be/l1h4w-B58Aw

ça tombe, ça s’essouffle façon gâteau loupé toujours dans le four - il sait que ça reviendra, comme ça, en claquant des doigts. en attendant il profite de la lumière du cabinet toujours en chantier, il inspire profondément billy, fait tomber sa veste en cuir dans un coin - y'a déjà sur ses bras quelques marques douteuses, il ressent tout trop fort, jusque dans ses pores les plus petits. d'ici quelques jours, y'aura plus qu'un étalage noir, comme s'il pourrissait de l'intérieur - sans même avoir besoin d'en rajouter, que ce soit en insultes ou en remarques inutiles, il se fait allonger. pauvre malade qui crève sous les vents violents d'une peste soudaine - il regarde encore son tee-shirt flingué. c'est con, il l'aimait bien, sans trop savoir pourquoi - parce qu'il est basique, que sa forme c'est même pas une vraie forme et qu'il est tout le temps froissé. il plisse le bout de son nez, prêt à pioncer, squatter l'antre des avocats et qui sait, se réveiller un beau matin, déterminé, assoiffé d'une justice qui le prend aux tripes. il passe une main dans ses cheveux, les fout en arrière, y dégage les quelques restes de poussière. au vol il chope la poche de glace, il obéit sans trop se faire désirer - se marre quand même avant et en profite pour rajouter.
- ah ouais, t'es comme ça toi, dès l'premier rendez-vous. regard entendu, il l'enlève avec maladresse, le fout en boule, le laisse à l'autre bout du canapé et se cale tout ce froid contre les côtes - c'est pas très beau, ni bien éparpillé, c'est brouillon, c'est de la peinture diluée sous une pluie torrentielle. il s'attarde sur le plafond qu'est sans bavures, tellement lisse qu'il s'étonne de sa blancheur, à lui en filer une migraine. nolan lui, il le surplombe un peu, le cul posé sur sa chaise à sans doute compter combien de coups il s'est bouffé - y'a de quoi faire, de la surface à vouloir retaper avec quelques bouts de tissu.

- c'est moche. il regarde son ventre, se met sur ses coudes pour se soutenir, pousse un profond soupir. il saurait pas dire si c'est sa mère qui lui a filé cette tare, ou son père - le fait est que quand il bouffe, il bouffe pas qu'un peu. lèvre inférieure qu'il se retient de pincer par habitude, pour pas réveiller d'autres soubresauts de douleur, il  tourne un peu sa tête pour regarder l'autre à nouveau. il sait pas quoi rajouter de plus  pour s'enfoncer - l'est déjà bien bas, sans regrets pourtant, sans honte. la honte il la connaît pas, la honte c'est comme un mythe, une légende des temps anciens - il a cessé de s'en faire, et préfère de loin, rire à gorge déployée plutôt que de la laisser l'assassiner.

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyLun 3 Sep - 19:12



un peu amoché → Il le regarde enlever son tee-shirt.
C'est comme une voie lactée, une galaxie sur tout son torse.
Tout un monde découvert, entre deux coups, deux bleus, des ecchymoses qui créent des univers entiers.
C'est pas qu'il a une âme d'artiste Nolan, c'est qu'il s'émeut d'un rien ce soir. Il suffit d'un baiser pour vous briser les articulations, pour vous briser les anticipations, pour vous briser vos prédictions, et vos promesses d'être sage, heureux en amour, heureux en affaire.
Il suffit d'un baiser pour le ramener des années en arrière, dans leur chambre qui sentait la sueur et le bois moisi. Dans leur chambre qui résonnait avec indifférence, avec violence, avec amour inavoué aussi.
Un monde qui semble aussi loin que l'antiquité, mais où, au milieu d'une nuit, il a été réveillé par une baiser.
Deuxième nuit, de nouveau un baiser, de nouveau de quoi s'arracher les cheveux, et fixer ce torse-voie lactée pendant plusieurs heures sans doute.
Il a une deuxième poche de glace, dans la main, il la pose sur son torse, son pectoraux blanc écarlate, sa peau qui marque. Il a toujours été comme ça le Sheridan, il prend les coups et les grave au creux de son épiderme. Il l'a déjà vu avec un bleu, qui était devenu noir, immensément noir.
Presque un téléscope sur son oeil.
Il le regarde, sans rien dire.
La vérité, c'est qu'ils restent là un moment, sans parler, à profiter de la présence de l'un, de l'autre. A se regarder à peine, à essayer de faire passer les douleurs, avec des glaçons, des coeurs de glace.
Puis doucement, Nolan se lève. Il soulève doucement la tête de Billy d'une main (des cheveux aussi fins que de la soie), et il s'assoit sur le bout du canapé, en déposant la tête de Billy sur ses genoux.
Il veut simplement prendre soin de lui, le laisser dormir s'il veut. Sa main reste scotchée à cette poche de glace sur son torse, et l'autre...
L'autre elle pend dans le vide, et elle crève d'envie d'attraper celle de Billy. Il regarde autour de lui, comme un animal en détresse. Peur d'être reconnu, peur d'être chopé en flagrant délit, peur d'être dénoncé, et de passer six mois en enfer. Il ose pas prendre sa main, il en a trop envie pourtant.


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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyLun 3 Sep - 19:38


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
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ça pique ici, ça pique là, il a le corps sur le qui-vive qui réagit un peu trop rapidement, qui voudrait s'extirper - même ses os veulent se tailler, pour pas avoir à subir la douleur lancinante qui se réveille un peu plus sous l'alcool dilué contre du coton. il la boucle parce que y'a rien à avouer, rien à ajouter, pas de longue tirade sur une vie putassière ou même d'aveux, à genoux devant dieu pour lui demander pardon de l'affront. il la boucle parce que ça fait du bien, parce que ça se jauge du coin de l'oeil, ça s'envisage, ça se dit que peut-être demain existera pas. il voudrait se relâcher totalement billy, abandonner sa carcasse esquintée juste ici, voler plus haut, se prendre un coup de nirvana en pleine gueule - plus faire face à la gravité, qui toujours le fait se vautrer. il sent que ça s'apaise, qu'il est moins psychédélique - ça s'entasse, ça se déploie, jusqu'à ce que nolan se cale en-dessous de sa tête, qu'il puisse prendre une place. il sait pas si elle est méritée. il s'est jamais posé la question, d'où il tirait cette légitimité, pourquoi il continuait de suivre à la trace les émois de l'autre - il croit pas à la foudre qui s'abat sur sa tête en en croisant une autre, pour lui c'est que des contes qui se racontent aux grands idiot. c'est un idiot - l'est pas convaincu d'être bien grand en revanche. il sait pas. alors il se dit que ce serait pas mal d'y réfléchir - mais un autre jour, parce que là il est pas assez pensif pour s'y pencher, il est pas assez sérieux pour faire des théories par a plus b. il continue de regarder face à lui, cherche à nouveau dans le plafonds quelques lignes à lire - il y trouve que dalle. alors il tourne un peu, revient au visage - indéniablement. il sourit pas pour autant, pas cette fois, il préfère se concentrer, s'attarder sur le reflet à mi-flou de nolan à l'éclat éteint. il aurait bien aimé lui filer un soleil de poche, qui se cache dans l'arrière du pantalon et se pointe si besoin - ou une sorte de flamme accrochée à sa chemise, qui toujours s'amuse de ses affaires, qui le pousse à ricaner.

il la lève sa main, regarde ses doigts qu'il écarte - c'est corné, c'est blessé, ça s'est au moins arrêté de saigner. y'a des fêlures, des cassures - presque une performance, il y cherche des images, sans pourtant trouver quelque chose de concret. puis elle se met à bouger, ses doigts volages qui cherchent un endroit où s'accrocher. il trouve son bonheur sur la paire de lunettes, il l'enlève, la regarde avec la même curiosité qu'un vieillard qui découvre les nouvelles technologies. il ouvre la bouche, tenté de siffler quelque chose - tenté mais pas inspiré, pas inspiré parce qu'il a pas de quoi briser la glace à coup de marteau. y'a tout qui se refroidit à l'intérieur - le tabassage, les veines, la moindre parcelle de son être.
- j'risque de m'endormir. assez bas pour faire confession, il regarde les verres, la monture - il papillonne des cils, s'émerveille en se remémorant les dernières lunettes sur le nez de nolan. elles étaient grosses, noires, bouffaient toute sa face - il reprend le soupçon d'un rictus. ses paupières tombent sur ses prunelles rougies - binocles posées sur son ventre, il tend sa main dans l'air, réclame la sienne sans gêne.  y'a tout qui s'éveille, qui fait belle nuit pour une catastrophe à petite échelle - l'est magnifique nolan, comme une vague qui s'échoue sur la roche.

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyMar 4 Sep - 12:06



un peu amoché → La plus grande douceur que le monde ait connu.
Ils ont subi tant de violence, tant de haine, ils ont été détestés, on a voulu les voir disparaitre, les voir crever, on a eu honte d'eux. Vous allez être malheureux toute votre vie, qu'ils disaient, vous n'allez jamais réussir, si vous ne vous conformez pas. Si vous n'êtes pas ce qu'on attend de vous, des mecs bien sous tous rapports, des mecs qui se marient, qui ont des gosses.

Nolan, de toute ses forces, s'est rattaché à cela, comme un lavage de cerveau permanent, comme une envie de bien faire, pour rattraper l'univers. Alors, il s'est éloigné de Billy, il a tout fait pour ne pas le voir, il a tout fait pour l'oublier, oublier leurs baisers, leur été, oublier une vengeance sur le monde. Il s'est rattaché à cet idéal, il a écarté Billy, le seul, l'unique, celui qui peut tout faire basculer, son système, son roi, sa reine. Le seul qui lui fasse cet effet, le seul aimant de sa vie.
Il s'est juré de ne jamais le revoir, de ne jamais succomber, pas avec lui, pas comme ça, pas pour ça. Il s'est rappelé ce qu'on disait, tu vas être triste, tu vas être triste, tu vas être triste si t'es avec un mec.

Mais il n'est pas triste là.
Il n'est pas triste avec lui. Il est plus heureux qu'il ne l'a jamais été. Il le voit prendre ses lunettes, il sourit, le laisse faire. Ses doigts sont fins, y'a d'la corne au bout, un peu plus à chaque fois qu'il le voit. Ca saignait sans doute beaucoup. Il les observe, ses doigts, sa main rougie par les coups. Il y trouve une douceur, une beauté étrange, une finesse aussi.
Sa main se ballade, en l'air, comme un ballet. Il a pas les yeux fermés, mais ouai, il va s'endormir, sans doute. Cette main tendue, en l'air. C'est un appel, ni au secours, ni à l'aide, un appel à la saisir, à l'embrasser sans doute, à pleurer dessus, à se sentir bien, heureux.
Doucement, sa main libre vient la rejoindre. Il réfléchit à peine, il glisse ses doigts sur les siens. Il observe, le geste doux qui s'opère entre eux, dont il est témoin plus qu'acteur. Le bout de ses doigts, sur le bout des doigts de Billy. Il sourit un peu, descend le long de ses phalanges, vient caresser la paume de ses mains ouvertes. Il y glisse un secret, entre ses doigts.
Doucement, il la serre, contre la sienne.

C'est rien, deux mains qui se touchent, et qui se serrent.
Entre eux, c'est beaucoup, beaucoup trop peut-être, il en sait rien. Il sourit. Et puis il pose une question, sans réfléchir :
" Tu m'aurais embrassé si j'étais marié ? "
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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyMar 4 Sep - 20:05


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
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c'est tout un microcosme qui s'ouvre, un jeu d'ombres qui se reflètent un peu contre les murs, qui montre diverses formes et images. ça le fait sourire un peu naïvement, un peu enfant qui veut pas passer derrière le drap blanc pour découvrir comment le marionnettiste en joue. il voudrait demander - se tait. parce que les bruits sont maintenant sourds, que même un crash pourrait pas briser - il a la tête ailleurs, un poil défoncée. il inspire profondément, appuie encore de son autre main sur la glace - ça se tasse, ça s'endort à coup d'endorphines qui font passer au travers les mauvais revers. il ferme les yeux un instant, ça tourne tout en dedans - façon fillette qui tourne et fait voleter sa jupe en pleine prairie verte. il voit clairement les jupons, les vaguelettes qui se forment grâce au tissu jaune - il se dit d'un instant à l'autre qu'il va tomber, se retrouver contre le parquet, sans doute se péter le nez. quand il rouvre ça lui fait tout drôle, il redécouvre un monde tout en profondeurs, en jeux de perspectives. il papillonne vaguement des cils - y'a une question qui tapote sur son épaule, lui propose de se retourner. y'a encore les lunettes sur son bide creux, il relève un peu les yeux - il voit nolan un poil à l'envers, ça fait pas tout drôle de le voir comme ça, y'a un air de déjà-vu.

- ouais. ça fend l'air en évidence planétaire - il aurait même pu trouver ça très con si y'avait pas autant de doutes, autant de complexité à juste le frôler. il fait pianoter un peu ses doigts sur le dos de sa main, tente de jouer de faux accords, il sait pas trop quel son pourra en ressortir. quelque chose de grave - d'aigu, il a même pas une once d'idée. tu l'sais, ça aussi.
il répète encore, il souligne sur le carnet les mots magiques qui font apparaître tout un pan d'univers pas encore exploré - il aurait aimé lui proposer plus, billy, il aurait aimé lui dire non, qu'il sait se maintenir, qu'il sait rester de côté, la boucler, faire preuve d'un minimum de décence, de respect pour l'épouse heureuse. faut croire qu'il en est pas capable, qu'il raie plus qu'il n'écrit, qu'il est pas bon pour les promesses à la croix de bois croix de fer, faut croire qu'au final, il est comme les autres de sa famille. un poil raté, un poil raturé - terminé du mauvais côté. y'a son coeur qui papillonne, qui ferme presque les écoutilles - il se dit à un moment qu'il s'est tiré au moment où il a respiré. il plane complet.

- t'aurais aimé que j'dise non.
un temps.
- mais j't'ai jamais menti. c'est pas c'soir que ça va commencer. murmure secret qui se fait généralement au creux de l'oreille - il reste là, allongé, à continuer de jouer d'un contact fugace, presque bateau. il s'y accroche - comme à une corde, comme à un reste d'humanité sur un bout de terre dévasté.

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyMer 5 Sep - 23:17



un peu amoché → Quelle question étrange. Un baiser, au final, ça veut pas dire grand chose. Embrasser c'est tromper ? C'est Tromper embrasser ? Il tromperait pas grand monde, mais s'il avait une Juliet à tromper, est-ce qu'il serait un Roméo infidèle, à aller voir ailleurs avec un meilleur ami, un Benvolio qui ne lui veut que du bien.
Ce serait une pièce beaucoup plus tragique que l'originale, sans doute, Shakespeare se retourne peut-être dans sa tombe, à cet instant précis.
Ou alors il était gay.
Ou bien il confond avec Dante...
Ou Aristote, ou Socrate, il n'est plus vraiment sûr de quoi appartient à qui, après tout Shakespear s'est inspiré de l'antiquité.
Il le regarde, il regarde ses doigts fins et cornus, comme s'il n'avait jamais été fait pour faire de la guitare. Et pourtant le voila, chanteur, guitariste, aimé, aimant, amant, sans doute. Il ne lui a pas demandé, s'il avait quelqu'un dans sa vie, parce qu'il a deviné que non. Sans doute qu'il devrait tout de même poser la question, pour la forme.
Et alors que son regard est perdu dans le creux de ses doigts, la réponse tombe, comme un coup de marteau. Rien de surprenant sous le soleil.

Quelque part, il sait qu'ils se sont donnés leurs coeurs. Que peu importe où ils sont, quand ils sont, s'il sont seuls, mariés, sans enfants, divorcé et séparés par la mort, ils auront toujours le coeur, les envies de l'un et de l'autre. Une exclusivité, une sorte de priorité.

Il le sait aussi, c'est tout à fait vrai. Il ne dit rien, réagit à peine, mais en dedans, c'est l'apocalypse, le point zéro, le déluge, le vertige. Ouai, cette relation lui donne le vertige, et ses doigts qui touchent les siens, il est certain, ça créer de l'électricité statique. Il répond, doucement, le regard ailleurs :
" Ouais, j'aurais vriament préféré." Il lui a jamais menti.
Il plante son regard dans le sien, comme il peut. Il veut lui dire, lui aussi, la vérité, la seule l'unique.
" Parce que comme ça j'aurais marié la première inconnue dans la rue, juste pour être à tout jamais débarrassé de toi." Maintenant il est certain que ça servirait à rien.
Y'a pas de méchanceté, pas d'envie de nuire.
Juste la vérité.
Il aurait tout fait pour l'éloigner, sauf qu'il lui a envoyé un message, sauf qu'ils ont parlé, brunché, qu'ils se sont embrassés.

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyJeu 6 Sep - 19:47


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
https://youtu.be/l1h4w-B58Aw

sans doute qu'il aurait préféré des tas de choses. il aurait préféré que ça se passe pas, il aurait préféré sortir de la thérapie grandit, il aurait préféré qu'ils se saluent à la manière de soldats la main sur le coeur, il aurait préféré qu'ils se voient platoniquement à parler de leurs mômes à venir, il aurait préféré qu'ils s'envoient des cartes postales des voyages faits ou encore des invitations pour leurs enterrements communs. il aurait préféré des tas de choses, nolan. sauf que billy il a jamais été doué pour les promesses aussi compliquées, qu'il est mauvais pour écouter totalement les autres - qu'il pense à moitié qu'à sa gueule. il peut pas s'empêcher d'encore sourire, même si en fin de course ça s'éteint, même s'il aurait tout à faire, tout à prendre, qu'il pourrait se lever, lui faire un doigt et se tirer, lui dire dans le fond des escaliers d'aller se faire mettre, qu'ils ont rien à faire, qu'ils ont rien à espérer. l'est assez idéaliste pour s'enfoncer, se dire que la nuit passera jamais - qu'il pourra rester avec cette même douleur et splendeur au-dessus des prunelles. il fait un peu pianoter ses doigts, cherche dans les siens quelconques réponses à des questions vaines - il les retrace à chaque fois, y découvre une micro-place pas encore explorée. faut dire que le corps de nolan il le connaît tout juste, à peine, c'est qu'une idée vague, qu'un croquis sur la dernière page de son carnet.
- tu crois vraiment que ça m'ferait partir ? qu'il le jauge en tenant une femme par la main, par les hanches, par le dos. qu'il se dise qu'il a plus sa chance, qu'il se dit que ça vaut pas le coup, qu'il se dise qu'ils ont plus rien à partager - sauf que chez lui y'a toujours de quoi causer, de quoi échapper un peu de battement, de quoi sentir des éveils en interne. tu peux t'marier, tu peux avoir des gosses s'tu veux, si tout ça, ça peut t'rendre heureux. j'm'en balance. il pousse un soupir, enlève un peu ses doigts des glaçons qu'ont commencés à fondre dans la poche - il passe un petit coup de langue sur sa propre bouche, retrace un peu la blessure. il s'arrête tout de suite billy - elle va être plus longue que les autres.

- ça m'empêchera pas d'te voir.
un temps.
- ça m'empêchera pas d'faire c'que j'fais.
inspiration profonde qui lui tire une grimace.

- juste, être là.

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Nolan Nerini

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyJeu 6 Sep - 20:14



un peu amoché → Une musique étrange, douce, résonne dans sa tête. Un air au piano, alors qu'il ferme les yeux en le sentant taposer sur ses doigts. Il aurait sans doute été meilleur avec un clavier entre les mains, et rien d'autre. Il aurait eu des phalanges fines, douces, et non pas torturées par les cordes.
Il réalise soudain qu'il effectue la première exploration du corps de Billy.
Il ne connait pas vraiment son torse, il le regarde à peine. Ses jambes, ses fesses, ses pieds, son sexe, son dos lui sont tout aussi inconnus. Il les a vaguement sentis, les a perçus, dans le noir profond de la chambre du musicien, mais il ne les a jamais vus, et il imagine un monde dans lequel tous les deux se connaissent sur le bout des doigts.
Il le regarde, la main posée sur les glaçons, qui doucement, relâche l'attention.
En fin de compte, ce qu'il connait le mieux, c'est encore sa voix.
Il l'a entendue au téléphone plus souvent qu'il ne l'a vu lui. Il l'aime, cette voix un peu rauque, dévastée par les paquets de cigarette. Cette voix qui, par miracle, parvient encore à émouvoir les foules, et lui, le coeur en guimauve, et lui, l'admiration, qui crève le plafond.
Il l'écoute, parce qu'il ne sait faire que ça.
Un Sheridan qui parle, ça vous cloue sur le plancher, ça vous force à écouter, ça vous accapare l'attention avec des sonorités que vous pensiez disparues depuis les dinosaures. Un Sheridan qui parle, c'est l'univers qui s'étouffe, les bruits du voisinages qui s'amenuisent, et un Nerini qui écoute, en le regardant. C'est un coeur qui se serre.
Il espère que ça le ferait partir.
Qu'est-ce qui te ferait partir. Dis moi, je le ferai. Je m'exécute, je me pends sur le champ.
Ca l'empêchera jamais de rien, y'aura jamais rien qui le fera céder, le Shéridan, le surdoué. Et Nolan écoute, il finit doucement par lâcher sa main, par pousser un vague soupir. Il souffle, un peu amusé :
" Ça t'empêchera pas d'faire c'que tu fais hein..." Il fronce les sourcils. Il ose pas le regarder. " Tu fais quoi au juste ? " Il voudrait prendre ses cheveux, les serrer un peu, venir l'embrasser de nouveau. " Tu m'fais culpabiliser, tu m'embrasses ? " La vérité le blesse affreusement. " T'appelles ça une amitié ? "

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Billy Sheridan

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyJeu 6 Sep - 20:31


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
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faudrait lâcher, faudrait abandonner dans le coin d'une rue ce qui a été fait. faudrait juste se casser, pas se prendre par la main - ce serait trop mauvais. faudrait juste mettre un point final, tout faire cramer. faudrait. parce qu'il sait pas, parce qu'il sait plus, parce qu'ils sont deux et que dans le fond ça veut jamais être trop clair. y'a comme un tiraillement qui se joue dans chacune de ses veines lorsque le contact se rompt - il aurait aimé l'éterniser encore, jamais finir ce concerto de violon, en faire jusqu'à ce que ses ongles se pètent contre les cordes bien tendues. il aurait aimé. d'en bas il voit juste une tête qui se décompose, qu'a le rire nerveux, qui veut juste plus avoir à se torturer le crâne - même si billy, lui, il a toujours réussi à dormir sur ses deux oreilles. il bouge pas pour autant, trop bien là où il est allongé, il pose le dos de sa main nouvellement libre sur son front. il voudrait être concis, lui dire à quoi ça peut mener, il voudrait au moins faire preuve de classe et lui créer un mensonge tout entier - il a jamais été capable de trop en faire, puis de toute manière, il a jamais su travailler ses phrases pour que ça fasse crédible dans les oreilles. même sa mère savait quand il racontait des cracks - et elle lui foutait une claque si ça allait trop loin, ou lui gueulait simplement dessus en attendant qu'il braille à plus savoir quoi faire de ses yeux. il laisse se placer finement un silence, pas capable d'entrer dans une dynamique d'engueulade où tout se joue sur la table de ping-pong, à celui qui aura plus de bol aura le point, l'autre restera avec sa raquette et la jettera contre le mur.
- j'appelle pas. parce que y'a pas de mot définitif, y'en qui s'en rapprochent bien, qui sont pas si mauvais, mais restent forts ou trop peu élevés. alors billy il se contente de le vivre plutôt que de l'expliquer, alors billy pas assez théoricien se jette dans l'action. l'est pas assez patient pour les longues réflexions - cherche pas plus loin que le bout de son nez, à un tel point qu'il en vient parfois à loucher. il le regarde à nouveau, voudrait lui tirer un peu la peau pour qu'il cesse de déformer ses traits - témoigne d'une once d'insouciance. il y arrivera pas.

- j'cherche pas à t'faire culpabiliser. c'est bien la dernière chose que j'cherche.
il se sait la pelle à la main, à creuser vers le centre du monde, à creuser encore et si fort qu'il pourra sans doute pas plus bas. il se fait rire tout seul dans son image, il laisse glisser sa main sur son propre visage, elle s'écroule finalement avec son bras dans le vide. plus loin y'a encore les restes des cotons blancs et rouges, plus loin y'a la porte aussi. mollement il se redresse, mollement il s'assoit à ses côtés - à pas oublier de ramener ses jambes sous son corps. tête baissée, souffle plus paisible.

- selon toi, c'est ça c'que j'fais ? j'te rends malheureux comme les pierres ? j'te fous ta vie en l'air ? parce qu'il est curieux de savoir, parce qu'il est pas sûr de la douleur que ça peut offrir, parce qu'il est trop aveugle pour se dire qu'il est parasite - il ose plus vraiment d'approche, garde sa distance. finalement l'arrière de son crâne tombe contre le dossier.
il aurait aimé lui dire que c'était pas vrai,
il aurait aimé lui dire qu'ils étaient rien, qu'ils étaient peu,
il aurait aimé, pour lui, souffrir au point de plus revenir.

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Nolan Nerini

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyVen 7 Sep - 16:47



un peu amoché → Nolan il est comme ça, à s'énerver d'un rien, à partir au quart de tour quand il s'agit de Billy. Quand il ne maîtrise plus la situation, quand il a l'impression de perdre le peu de résistance qu'il a acquis.
Peut-être que dans le fond, il a juste peur de Billy. Il a peur de ses actions, de ses pensées, de ses paroles, de ses gestes, de son corps, de son être.

C'est comme cette fois étrange, il y a quelques années maintenant, au cours de leur été d'évasion, où Billy s'était mis à chanter, sans doute pas au hasard, i would die 4 your, de prince. Il avait d'abord demandé s'il connaissait le chanteur -évidemment, et s'il était prêt à l'écouter, -bien sûr. Bien sûr...
Il aurait dû dire non, ne jamais l'écouter. Les paroles ont défilé, en flot, un univers désespérant, un univers dramatique, bien trop vrai, bien trop violent.

I'm not your lover
I'm not your friend
I am something that you'll never comprehend
No need to worry
No need to cry
I'm your messiah and you're the reason why
'Cause you, I would die for you, yeah
Darling if you want me to
You, I would die for you


C'était trop vrai, trop précis pour lui. C'était trop clair, alors que jusqu'ici, ils se complaisaient dans un brouillard épais, rassurant. Pas de question à se poser, pas de mots à donner. D'entendre dire que Billy mourrait pour lui, c'en était trop, il se souvient s'être braqué, avoir paniqué, sans doute.

Il se sent dans le même état d'incompréhension, de violence morale. Peut-être qu'il devrait simplement lâcher prise, oui sans doute. Il se redresse le blessé, il parle encore, parce qu'il veut toujours le dernier mot, ou se faire passer pour une victime, il n'en sait franchement rien. Ils se touchent plus, Nolan, avec ses manies, a monté un mur de glace entre eux.
C'est de ça dont il s'agit ? D'être malheureux à vie ? Oui certainement. Nolan se redresse un peu, voudrait partir, le faire partir, ou rester avec lui l'éternité, qu'est-ce qu'il en sait.
Il décide simplement de le lancer, en le regardant droit dans les yeux, précédant ses mots d'un court
regarde moi décisif. Il est seul.
"J'arrive pas à te rejeter.
J'arrive pas à te quitter.
Je sais pas comment te quitter.
Et toi tu sais pas non plus.
Tu sais qu'attendre, tu sais qu'm'attendre.
"
Il marque un temps, hésite, préfère dire la vérité.
"J'voudrais t'faire souffrir assez pour qu'on s'revoit jamais."

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyVen 7 Sep - 21:21


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
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y'a de ces poésies aux vers enflammés, aux désirs incandescents, aux fins trop brutales pour être expliquées. y'a de ces poésies qui résonnent pour toute une génération, une ère toute entière ou au pire pour être seul être qui fout le bouquin au feu pour garder cette beauté des mots. y'a de ces maux aussi qui viennent triturer son estomac à coup d'aiguilles qui se mettent à tricoter - y'a tout qui se resserre, c'est pas qu'il se sent étouffé billy, c'est qu'il va sans doute se décomposer de l'intérieur, être plus qu'une bouillasse étalée au sol. y'aura bien quelqu'un qui passera, qui se demandera qui était là, même si y'avait un qui à ce moment. y'aura bien quelqu'un qui se souviendra de lui comme un tas difforme qu'a été consumé par ses propres envies. faut croire que y'a rien d'autre qui lui permet d'avancer, que seul un surplus de passions désabusées l'aidera à se lever - un beau matin, une belle nuit, une heure imprécise, juste ouvrir les yeux, se sortir du matelas, se dire que ça ira. puisqu'il y a lui. puisqu'il y a les autres aussi. puis parce que y'a nolan qui respire à l'autre bout du monde - là il est juste à l'autre bout du canapé, à lâcher le venin, ouvrir les grands eaux pour déverser ce qu'a du mal à bien se dégager. faut croire qu'il est possédé, qu'il a un débit d'amertume aussi haut qu'un building - ça l'étonne qu'à moitié, y'a rien à faire avec les abîmés, c'est vouloir servir du thé dans une tasse qu'arrête pas de fuiter. y se dit qu'avec un peu de scotch, ou trois fois plus, ça passera, ça ira. l'est pas encore totalement déglingué.
- vrai, j'excelle dans l'attente. faudrait lui filer une médaille du mérite à ce stade, ou au moins mettre son nom en lettres d'or dans le bouquin des records - celui qu'est resté sans broncher, à attendre éternellement un geste, un signe qui le pousserait à sortir de son état de statue. il se mord un peu la langue, il retourne la tête, ferme les yeux cette fois-ci. mollasson, il voudrait se fondre dans la matière, devenir une atome parmi d'autres atomes - faire meuble ou parcelle d'univers.

- y'a plus qu'à, nolan.
inspiration,
expiration,
un temps,
trop long.
- y'a plus qu'à.
inspiration,
expiration,
un temps,
moins long.
- t'chopes un couteau, tu l'enfonces dans l'coeur et c'est fini. bouclé.

y'aurait pas plus dramatique comme fin - même si romeo et juliet savent se défendre en la matière. il laisse quand même sa main se pencher, chercher un peu la sienne, finalement se poser sur l'avant-bras de nolan - y'a qu'un moyen d'exterminer la vermine, la choper à la racine, arrêter de hurler à la mort et enfin l'écraser sous les semelles. faudrait qu'il y pense, un jour, à se ramener avec un revolver, le flinguer sur son pieu, à côté de sa guitare. peut-être qu'il resterait avec son cadavre, à pleurer son erreur. peut-être qu'il partirait, sans se retourner, et qu'il oublierait immédiatement de quelle matière ils étaient tous les deux faits.

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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 9 Sep - 13:03



un peu amoché → Il excelle dans l'attente. Au moins il le reconnait.
Cela fait maintenant dix ans que l'un attend, que ce n'est qu'une course contre la montre, avant que Nolan ne s'évapore dans la nature, ou dans un mariage malheureux. La course s'est arrêtée, Billy l'a rattrapé. Parce qu'il est doué pour l'attente, parce qu'au fond il ne sait faire que ça. Un record, encore un Sheridan au livre des records. Il lui semble que, lors de leur première entrevenue, Billy s'était vanté d'avoir un père inscrit dans ce gros livre merveilleux, comme celui ayant mangé le plus de hamburgers en huit minutes.
Mais... Ce genre de records, l'attente la plus longue d'un type, en sachant une relation impossible, il a pas envie d'y être mêlé pour être honnête. Il veut pas être l'instrument du malheur, pourtant il l'est, à ne pas s'y tromper.
Il le dit bien, y'a plus qu'à. Le blesser pour avancer. Le tuer pour se libérer.
Oh ils sont dans une tragédie  romaine, sans doute. Il en sait rien. Il en sait foutre rien, mais il veut pas le tuer pour aller mieux dans la vie, ce serait pas une bonne manière de faire. Alors il le regarde, avec un sourire triste.
"Y'a qu'comme ça que t'arrêteras ? Si j'te tue ? " C'est complètement idiot, est celui qui l'a appelé en premier lieu, qui a voulu recoller les morceaux après toutes ces années... Et il lui remet tout sur le dos. Nolan, cherche une logique dans tes propos, dans tes gestes. Il se marre un peu, et il ajoute : " T'es pas un peu mélodramatique ?" Clairement il l'est. Il se redresse un peu, se met debout et va à la fenêtre. Il devrait le ramener chez lui, à dos de vespa. Il fronce les sourcils et glisse : " J'suis avocat, pas tueur ou dramaturge. Et toi t'es musicien, pas amant maudit."



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MessageSujet: Re: aquarelle d'ecchymoses ; nolan   aquarelle d'ecchymoses ; nolan EmptyDim 9 Sep - 13:24


aquarelle d'ecchymoses
nolan et billy
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ça se délite, ça se défait, ça s'effrite, ça se déglingue en pauvres morceaux dans les gestes d'un papier qui se déchire en deux, en trois, en quatre, en mille bouts. c'est qu'il voudrait bien en crever de rire, billy, se taper une hilarité soudaine à en avoir l'estomac noué, l'intestin grêle en un noeud de papier cadeau. à la place il s'éternise sur le canapé, il se dit que demain il en gloussera sans doute dans le fond de son pieu - il propose à nolan, nolan en veut pas de sa proposition, nolan réfute, nolan s'énerve et se casse finalement. y'a aucune logique dans leurs mouvements, y'a aucune droiture dans leurs tracés, ça monte, ça descend, ça dessine des montagnes gigantesques qu'aucun sportif de haut niveau oserait grimper. il garde encore un peu cette poche de glace contre lui, la laisse finalement s'échouer sur le cuir - mollement il se redresse à son tour, se penche pour récupérer son tee-shirt blanc aux taches maintenant bien incrustées. ça le dégoûte un peu d'avoir flingué ce vieil ami - tant pis, il aura bien vécu. il le remet, il se tait, il chancelle encore légèrement - c'est redescendu, sans pour autant qu'il ait totalement décuvé. il renifle, jette un oeil derrière lui - y voit qu'un dos face à la fenêtre, typique d'un type qui remet en question sa vie et se perd dans l'immensité du ciel pour avoir un signe.
- j'suis pas un amant tout court. ça sort pas franchement comme un reproche, seulement un constat qui peut faire mal, peut piquer, à la dégaine d'une épine de rose blanche - pas rouge, rouge est passion, rouge est enflammée, rouge sera jamais synonyme d'eux dans toute leur longévité. paume de la main qui s'échoue dans sa propre nuque, il la masse légèrement, baisse la tête pour joindre son geste. et j'suis pas mélo, seulement réaliste.
l'a jamais été du genre à se percher en haut de la lune, billy, il est des rampants qui restent dans la terre, s'y enfoncent plus encore. il a beau chanter, il a pas les idéaux qui vont avec, il a pas la bêtise des artistes défoncés à l'opium qui jurent les sept merveilles du monde.
- mais merci, pour la séance réparation de bobos. il se sent plus franchement à sa place, faut croire que l'alcool a réussi à le rendre plus sensible à ces choses - aux ondes néfastes à son égard. depuis pas loin de dix ans, billy se sent pour la première fois de trop - ça l'emmerde d'être tombé dans de tels rebords. il mord sa joue du bout des dents, il reprend sa veste, l'enfile doucement - il sait même plus à quoi s'attendre. alors il s'attend plus.

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