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 for blue skies (sevanca)

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Seven Popescu

Seven Popescu
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MessageSujet: for blue skies (sevanca)   for blue skies (sevanca) EmptySam 19 Mai - 21:07

Dans sa poche son portable vibre mais il prend pas la peine de regarder – il est prêt à parier que c'est Mads. Il a plus d'une heure de retard. Pourtant il se presse pas en direction du motel, il essaie pas d'se rattraper, il prépare pas d'excuse à lui servir. Il s'en fout. Elle gueulera, ça changera pas beaucoup de d'habitude.

C'est pas sur le parking du motel qu'il se gare, c'est sur celui de l'hôpital. Au fond d'lui y a une voix qui murmure que c'est une mauvaise idée d'y aller avant de commencer son service, ça va le mettre en colère et c'est jamais bon pour personne. Ni les clients, ni le business, et surtout pas lui. Pourtant il peut pas s'en empêcher. Il a besoin d'y aller même s'il sait qu'il ne la verra pas, parce que c'est ce qui se rapproche le plus d'un contact avec elle et qu'il sait pas quoi faire d'autre. Peut-être aussi qu'il a besoin de se punir comme il le fait chaque jour, s'faire mal pour se rassurer, se dire que finalement il est toujours en vie.

Savoir qu'elle aussi.

Sous les néons des couloirs aseptisés il a l'air d'un zombie, les traces de son épuisement et de son état psychologique sublimées par la lumière dégueulasse. On dirait qu'il s'est évadé de la morgue. Pourtant ça ne choque personne, la femme de l'accueil qui lui accorde à peine un regard, l'air d'être blasée avant même qu'il ait ouvert la bouche. « J'viens voir Anca– » « Popescu, oui je sais. » Elle soupire, il serre les poings. « Chambre 211. » Pause. Il reste figé, à la fixer sans comprendre, la confusion qui se lit sur ses traits. Il s'attendait à l'entendre le rembarrer, à ce qu'on lui dise une fois de plus qu'elle refuse de le voir et qu'il peut rentrer chez lui, à ce qu'on lui demande de se calmer quand il aura commencé à les insulter. Mais y a rien de tout ça et il n'arrive même plus à bouger, la jaugeant d'un air méfiant. « Elle accepte désormais les visites. Toutes les visites. » Y a presque quelque chose d'encourageant dans sa voix, pourtant il continue de la toiser en silence. Anca a changé d'avis. Anca accepte les visites et soudain il se demande combien de temps ça fait, si quelqu'un est passé avant lui, si d'autres sont allés la voir sans prendre la peine de le prévenir. La simple idée de n'pas être le premier suffit à attiser sa colère – il est celui qui en a le plus besoin, celui qui aurait dû en avoir le droit avant tout le monde, celui qui devait être là. Égoïste encore et toujours, ce qu'il veut d'abord et le reste n'a pas d'importance.

Il ne la remercie pas avant de tourner les talons brusquement, pressant le pas vers les escaliers. L'impression que son cœur remonte le long d'sa trachée de la même façon qu'il monte les marches quatre à quatre. Pourtant quand il arrive au bon étage, quand il trouve la porte estampillée 211, il se fige à nouveau. Ça fait des semaines qu'il ne pense qu'à ça, des semaines qu'il explose à chaque refus qu'il essuie, des semaines qu'il se répète ce qu'il pourrait lui dire ce qu'il la voyait.

Et maintenant ?

L'air peine à s'engouffrer jusqu'à ses poumons, sa gorge trop nouée qui barre le passage et réveille la sensation de suffoquer – devenue trop familière ces derniers temps. Il a la main sur la poignée mais il ne bouge pas. Il reste comme ça une seconde, deux, vingt, trois minutes. Il lâche. La tension qui émane de sa carcasse toute entière alors qu'il rebrousse chemin lâchement, mais il ne fait même pas deux mètres avant de s'arrêter. Volte-face. Il fixe la porte à distance, comme si elle pouvait voler en éclats sous la force de son regard. Il peut pas partir sans la voir – pas après toutes les fois où il a exigé qu'on lui autorise l'accès. Il revient à la charge, tendu, rapide, un peu trop brutal quand il ouvre la porte à la volée.

Elle est là.
Elle est là elle est vivante et il a envie de gerber.

Il est silencieux quand il entre sans attendre qu'elle l'y invite, refermant la porte derrière lui. Ses yeux qui scannent les murs et le sol, le lit le plafond la fenêtre, tout mais pas elle. Tout mais pas le spectre de sa sœur, les dégâts qu'il a causés, la plaie qu'il a ajoutée à toutes celles qui la fissuraient déjà. Il ne dit rien, poings serrés le long de son corps, l'impression qu'on l'a enfermé dans une bulle et qu'on lui retire tout son oxygène lentement. Mais c'est rien comparé à l'instant où il ose enfin plonger son regard dans le sien – il étouffe. Il voit ses joues creusées, son teint pâle, son regard terne. Il la revoit étalée sur son lit, la seringue l'héroïne son air de cadavre l'envie de pleurer. Il serre les dents. Il la regarde et y a une part de lui qui voudrait se ruer sur elle pour la serrer dans ses bras, serrer jusqu'à s'en péter tous les os et s'en écraser les poumons. Serrer pour s'assurer qu'elle le laissera plus jamais.

Il est incapable de le faire. Planté là, à la fixer en silence. Peut-être qu'il pourrait repartir ; il l'a vue il sait qu'elle est vivante y a pas besoin de s'éterniser. Mais ça aussi, il en est incapable. Alors il finit par s'avancer jusqu'au centre de la pièce avant de s'arrêter, comme s'il y avait une distance qu'il pouvait pas franchir. Peut-être que c'est à cause du fossé qu'il a creusé entre eux comme il a creusé sa propre tombe.

Il la regarde et ça fait mal, il la regarde et il sait plus s'il veut hurler ou s'écrouler, il la regarde et y a une main invisible qui est en train de l'étrangler. La voix rauque quand il finit enfin par retrouver l'usage de la parole : « Pourquoi chez moi ? » Il sait pourquoi. Mais il veut l'entendre, il veut qu'elle le dise. Il veut qu'elle enfonce le poignard dans la plaie béante qu'elle a laissée derrière elle. Il veut qu'elle finisse le travail, qu'elle arrache tout et qu'elle l'achève pour qu'il ait la paix. « T'avais promis. » Il sonne comme un môme qu'on aurait trahi, le reproche et la douleur qui se mêlent dans sa voix, dans ses yeux. Il essaie même pas de cacher sa faiblesse ça sert plus à rien, il joue pas au dur au fort à tout ce qu'il n'est pas, cette fois il ne ment pas. L'armure est trop abîmée pour qu'il puisse continuer de l'utiliser comme rempart – pas face à elle. Il montre les brèches et il voudrait la détester mais il n'y arrive même pas, la culpabilité est plus forte que sa haine et sa rancune. La culpabilité l'étrangle et le cloue au sol alors que toutes ses cellules continuent de lui hurler d'aller s'échouer contre elle et de l'enfermer entre ses bras. Il peut pas. Il peut pas et il est là, prêt à la voir lancer les poignards. Cible facile, il se défile pas. Il ne cherche ni à attaquer ni à se défendre, y a pas de comédie à jouer, pas de venin à cracher. Il attend, ses yeux qui défient autant qu'ils supplient – elle a plus qu'à l'achever.
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