Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Partagez
 

 truth be told I'm lying (tag²)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité

Anonymous
Invité
☽ ☾

truth be told I'm lying (tag²) Empty
MessageSujet: truth be told I'm lying (tag²)   truth be told I'm lying (tag²) EmptyJeu 26 Avr - 18:32

Je mate la façade du musée, bêtement.

C'est presque l'heure de fermeture, j'invente rien, y a une vieille dame qui vient de me réciter les horaires parce qu'apparemment c'est bizarre de rester planté devant la porte sans rien dire. Je sais, que j'ai répondu. En vrai j'savais pas, mais j'aime pas avoir l'air stupide. Mes mains viennent tâter le fond d'mes poches, j'arrive pas à retrouver le briquet que j'ai fauché à Jaime avant de quitter Détroit. Il me doit au moins ça, le couillon, pour le nombre de fois où il a chouré les miens. En vrai il va me manquer un peu, comme un vaccin dans l'épaule, j'suppose. Ça pique sur le coup, puis on oublie la seconde où l'aiguille est sortie du bras. J'vais bien. J'ai arrêté de sentir la douleur fantôme le moment où mes pieds ont touché le bitume de Savannah. Je devine enfin la forme familière sous mes doigts, coince une clope entre mes lippes, approche le feu, pensif. Mes mains en coupole viennent faire barrage au vent. C'est facile de laisser les gens comme Jaime derrière, puis c'est pas comme si j'allais jamais revenir.

Moi.

La flamme lèche le bout de mes doigts, je lâche le briquet qui vient s'écraser au sol au ralenti. Tellement la tête ailleurs que j'ai oublié d'enlever mon pouce de l'gâchette, le bout de ma blonde est plus qu'allumé, j'ai la marque de la roulette incrustée dans le tendre de la peau. J'observe les dents qu'ont bouffé la première couche de l'épiderme, tandis que je tire une taffe avec la main qui va bien. Enfin, celle qu'a pris un petit coup d'chaud mais j'ai déjà vu pire. C'est trois fois rien. Je me baisse pour ramasser mes conneries, ma minute de distraction, et j'empoche le gadget avant que ça puisse tomber plus bas. Le soleil a pas totalement disparu encore, ma silhouette se dessine démesurée sur la devanture. J'ai l'air d'un géant. J'me sens roi du monde, moi et mes doigts cramés. J'inspire la nicotine que j'aime tant. Trop. La fin de journée est calme. Pendant que je crache la fumée, j'compte les ombres sur le mur et les fenêtres qui donnent sur la rue. C'est presque l'heure de fermeture – je sais, et j'ai rajouté mon plus beau sourire en prix de consolation au bout. La cerise sur le gâteau, le nœud rouge sur le papier brillant. J'ai remarqué que ça plait à la plupart des gens, les sourires, ça glisse sans faire de bruit dans leurs mirettes et se cogne en plein dans leur ego. Fléchette au centre, j'ai rarement besoin de rejouer. J'en prépare un particulier, à moitié insolent, je puise dans l'genre type qui se ramène à trois minutes avant la fin. Deux minutes. Eoin a intérêt d'apprécier l'effort, je m'entraîne plusieurs fois d'suite, j'décoche des rictus à la porte jusqu'à ce que je sois satisfait. Le dernier me plaît assez, je remonte l'cuir de ma veste d'un haussement d'épaules après avoir écrasé le mégot sous ma godasse.

La voix de la vieille me quitte pas quand je pousse la porte et que j'entends rien d'autre que le bruit de mes pas qui résonnent. Forcément que c'est vide, j'sais pas pourquoi je m'attendais à autre chose. Le vide, c'est chiant. On s'emmerde facilement dans le néant, et j'ai l'ennui qui démange. C'est comme ça depuis que j'suis assez grand pour tenir debout, avant, je m'en souviens pas, mais je suis persuadé que je devais crever de pas pouvoir gambader comme les autres. Je continue d'avancer, personne vient me sermonner ou me brailler les horaires de l'établissement à la figure. Ça me fait ricaner, c'est nerveux, j'ai prévenu que le silence et moi c'était pas le même délire. « Y a quelqu'un ? »  Quelqu'un de bien précis, le reste peut se taire, les traits me reviennent à l'esprit alors que je traîne des pieds dans une salle au hasard. C'est rarement la tête qui change, la personnalité se ravale plus facilement la façade. J'sais pas sur quoi je vais tomber, sur quel Eoin. Déjà si j'le trouve, je serais plutôt heureux, tout ce que je vois autour de moi me rend un peu perplexe. Peut-être que je comprends rien à l'art contemporain, la musique c'est plus mon truc. Je passe devant une sorte de sculpture, ma main gauche vient rencontrer la surface, c'est la curiosité qu'anime mes gestes. Sauf que ça se casse la gueule plus vite que mes réflexes, j'regarde la scène comme si j'étais pas dans mon corps, spectateur omniscient d'la suite des événements. J'sais que le musée est fermé maintenant, j'sais aussi que c'est mon pote d'enfance qui joue les gardiens des lieux. Mes jambes se renvoient mon poids, gauche, droite. Ennui ? J'le connais pas. Suffit de quelques secondes pour que le vacarme rapatrie la seule raison pour laquelle j'me tiens toujours sur la scène du crime. J'me retourne lentement, laisse seulement transparaître ce que j'ai révisé tout à l'heure dehors. Putain de sourire de champion. « J'lai trouvé comme ça ? » que je propose avant qu'il puisse l'ouvrir.
Revenir en haut Aller en bas
 

truth be told I'm lying (tag²)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
WE ARE BROKEN :: version dix-neuf-
RETROUVEZ-NOUS SUR
CROCODILE/GAMES