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 made of glass (niamh)

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MessageSujet: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptyDim 25 Mar - 20:26


Flou total.

Elle sombre entre deux eaux, incapable de soulever les paupières plus de quelques secondes. Où est-ce qu'elle est ? Y a comme du coton tout autour d'elle, molletonnée dans un mauvais rêve que le soleil ne suffit pas à chasser. Où est-ce qu'elle est, c'est quoi ces fringues, c'est quoi cette luminosité, où sont les bruits de la rue, le froid du matin, l'étreinte du soir, où est son fils. « Matei ? » qu'elle souffle, incertaine. Comme s'il était assez âgé pour répondre. Comme s'il suffisait qu'elle baisse les yeux pour qu'il se matérialise dans ses bras. Y a rien, qu'un bracelet avec son prénom et une perfusion à demie planquée sous un pansement. Y a rien. Elle panique.

Flou complet.

Retour à ce matin – avant-hier matin ? Elle sait pas. C'est la nausée qui lui tord les tripes, les vertiges et leur danse infernale. Elle se vide l'estomac dans le caniveau, se rince la bouche mais c'est pour mieux recracher la flotte dans la bouteille à la suite. Elle jette le plastique par terre. Ça va pas. Putain, ça va pas du tout. Tu sais où me trouver si besoin. Jamais de la vie, jamais dans celle-là ou dans une autre, t'entends ? Jamais de... Sauf qu'elle trébuche sur ses pas, et la vie se marre fort. T'inquiète, elle veut pas de toi non plus. Pas dans celle-là, pas dans une autre. Tu sais où me trouver, trouve la d'abord, pitié. Asher est où quand elle en a vraiment besoin, il est où. Bordel. Et elle rit comme une dingue, parce qu'il est exactement là où elle serait dans le cas inverse. Loin de sa portée. C'est de sa faute, encore. Toujours, toujours, toujours. S'il y avait une autre option – y a une autre option. 123 River Street. C'est facile à se rappeler. Ouais Mihail, c'est facile. C'est simple aussi quand y a rien à expliquer, mais c'est pas le cas présent. J'ai un fils. J'crois que je vais claquer. Ils attendent que ça depuis des mois, ils veulent me le prendre. Qui ? Tout le monde et personne, putain mais essaie de suivre un peu. Cassée, elle retrouve le chemin de l'appartement d'Asher par défaut, corps branché sur le mode pilote automatique. Elle va plus tenir, elle le sent gros comme un décompte au-dessus de la tête. Mais on ne lui montre pas les chiffres, le suspens crève de se faire désirer comme une meuf facile.
Elle va plus tenir.
Elle va plus
Elle va

Flou artistique,

du paysage et de ses couleurs qui se fondent à la toile, l'aquarelle qui vire au marron de la boue. C'est la vision vague de la figure masculine devant elle, mêlée aux autres éléments qui se dessinent derrière ses épaules. Elle peine à produire un son audible. « Faut que tu l'prennes » ça veut dire faut que tu le prennes maintenant, ça veut dire qu'elle porte qu'à moitié attention à la fille en arrière-plan quand elle attend pas un mot de la part d'Asher pour le dégager du passage. Tâche de rouille dans le tableau. T'es qui. Vous êtes quoi. Elle titube dans l'appartement, plus doucement qu'elle n'a jamais fait claqué la porte d'entrée. Elle aimerait dire que les murs en tremblent encore, mais le monde tient debout, solide, inébranlable. Ça tient debout sans elle. Asher tient debout sans elle. Accuse le coup, et voilà que la gerbe est de retour. Si on lui parle, elle ignore royalement les mots. Boum, boum, boum, le cœur qui pompe sans relâche à ses tympans. Elle va plus tenir. « Prends-le » C'est un ordre à peine voilé, il n'a pas le choix. Elle lui tend Matei à bout de bras, à bout de force, prends-le, prends-le, parce qu'elle refuse de le lâcher mais qu'elle déraille sévère. Elle ne sera pas celle qui l'abandonne. Elle le retient jusqu'au bout, j'te lacherai pas, encore une promesse en l'air. Il a gagné. Les yeux embués, elle regarde le geste se faire au ralenti. Son fils qui quitte ses bras pour ceux d'Asher, passation de survie qu'elle n'a pas l'énergie d'observer jusqu'à la fin. Boum, les regrets qui cavalent dans sa tête. Boum, le battement de cœur feutré et lointain. Boum, son crâne qui rencontre le sol.

Flou délirant.

Et les cris déchirants dans l'ambulance entre deux réveils, elle a perdu le compte de combien de fois son poing a voulu s'encastrer dans la face de l'ambulancier. Mais j'vous dit que j'vais mieux, putain. La déshydratation est pas d'accord. Faut faire demi-tour, j'vais mieux, faites demi-tour j'veux récupérer mon fils. Elle se souvient pas de l'avoir laisser consciemment là-bas. LÂCHEZ-MOI. Elle aurait pas fait ça, ils se prennent pour qui ces connards à supposer des atrocités pareil sur son compte. Elle tire sur le plastique, paraît que c'est là parce qu'elle a pas mangé depuis trop longtemps. Ils arrivent à lire ça sur son visage ? Dans le creux de ses joues, dans ses chutes de tension ?
Ils sont doués pour prédire les chocs ?
Parce que surprise
Elle tombe encore.

Flou accroché à ses cils quand elle les fait battre, ce réveil ci est moins pesant que ceux d'avant. Mais la lumière explose toujours autant les rétines, elle grimace et se met à inspecter le reste de la chambre pour pas y penser. C'est vide, y a pas ses affaires, ni son sac. Son flingue. Merde. Elle soupire en s'enfonçant sous les draps – c'est pour ça qu'ils l'ont foutue en psychiatrie ? C'est pas pour basculer de l'autre côté qu'elle se balade avec une arme ou se marque la peau. Ils ont peur qu'elle se flingue ? Dans la famille Popescu, je demande la sœur. Mauvaise pioche. Peut-être que c'est plus pour les menaces de mort qu'elle a braillées contre tout le personnel, ouais. Elle le referait sans hésiter, parce qu'elle voit toujours pas Matei dans les parages. Mais y a bien quelqu'un dans le coin, elle l'avait pas capté. Elle se braque. « Vous êtes qui. » C'est pas une infirmière, elle porte pas les bonnes couleurs. Couleur. Rouille. Les souvenirs s’emboîtent maladroitement. « Qu'est-ce que vous foutez là » et où est Matei. C'est bon, elle se rappelle, c'est la fille de l'appartement. Mais ça explique par pourquoi elle se tient dans sa chambre, pourquoi elle, elles ne se connaissent même pas. Non ? Elle est certaine de ne jamais l'avoir vue avant... Avant, quoi. « J'vous connais pas, vous avez rien à faire là. »
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MessageSujet: Re: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptySam 31 Mar - 1:15

Y’avait vraiment quelque chose qui clochait dans cette ville. Ou peut-être que c’était juste les gens qui y habitaient. Mais ça arrêtait pas, ça arrêterait jamais, c’était vraiment à se demander ça serait quoi la prochaine connerie qui lui tomberait sur la tête. Fatiguée, et pourtant pas surprise. La vie pouvait être une vraie salope, parfois. Et elle venait de faire ses preuves à nouveau, alors que Niamh avait trouvé refuge chez Asher le temps de quelques heures. Peu importe l’heure de la journée, deux coeurs esseulés voulant oublier les autres qui font un peu trop mal. Comme les autres, rien de nouveau sous le soleil. Et puis quelqu’un avait toqué à la porte et Asher était devenu blanc comme un drap. Une fille. Elena. Un p’tit garçon. Mathei. Son ex et son fils. Son ex et son fils. Elle avait rien compris au début, Niamh, elle avait déjà un peu de whisky dans le sang mais c’était pas ça, ça changeait rien ça. Y’avait juste cette étrangère sortie de nulle part qui avait vraiment pas l’air dans son assiette et qui tendait un gamin à Asher. Un Asher qui l’avait pris dans ses bras et la fille qui s’était écrasée comme une poupée de chiffon. Niamh s’était presque demandée si Asher avait pas mis quelque chose dans son whisky, mais non. Tout ça s’était réel, tout ça s’était vraiment passé, et y’avait fallu appeler les secours, regarder l’ambulance démarrer en trombe dans les rues de Savannah. Niamh avait eu le vertige, un vertige qui n’avait rien avoir au whisky. Et pourtant elle s’était reléguée au rang de témoin, témoin de la détresse d’Asher, témoin d’une vie déchirée dans tous les sens, témoin des yeux tellement vides et tellement plein d’une inconnue.

Je sais pas qui t’es, mais je veux pas te laisser comme ça.

C’est la première pensée qui traverse l’esprit de Niamh quand elle regarde l’ambulance s’éloigner. Elle sait pas du tout pourquoi elle a décidé de la visiter. Pourquoi elle veut s’emmerder des problèmes d’une fille qui en a clairement plein dans le coeur. Peut-être que c’est à cause d’Asher. Ou de ce gamin dont elle a croisé le regard dans l’appartement. Elle sait pas. C’est pas important. Ses jambes l’ont menées à cette chambre d’hôpital, et elle a posé les fesses sur la chaise inconfortable. Elena, qu’elle s’appelle. Elena Popescu. Un patronyme qui lui dit quelque chose, des syllables qu’elle a déjà entendu, elle sait plus où. Elle dort, cheveux sombres et peau cireuse. Mal en point. Niamh se demande ce qu’elle a. Est-ce que c’est juste la vie qui l’assome comme ça, ou c’est autre chose ? Un insecte lui rongeant quelque chose comme ça, ou les déceptions et les coups au visage qui ont finit par la foutre K.O. ? « Matei ? » La tête de Niamh se relève de son téléphone, Novak peut bien attendre la réponse à son nouveau délire. La brune s’est réveillée, les yeux qui papillonnent. Niamh reconnaît le nom du gamin, mais elle dit rien, c’est peut-être juste un délire, ça serait pas le premier. Mais ses yeux vitreux se posent bien sur Niamh, qui ne cille pas devant la méfiance dans son regard. Lionne montrant les crocs. « Vous êtes qui. » Niamh ne dit rien. La regarde. « Qu’est-ce que vous foutez là » qu’elle continue. Bonne question. Même Niamh le sait pas. « J’vous connais pas, vous avez rien à faire là. »

Niamh la regarde. Elle sait pas ce que c’est. Y’a quelque chose chez cette fille qui lui tord le coeur et l’estomac. Stupide. Stupide de ressentir ça avec des inconnus. Mais Niamh elle sait une chose, et c’est suivre son instinct. « Il est avec Asher » qu’elle répond finalement, Niamh. Restant bien calée dans sa chaise, à quelques pas du lit d’hôpital. L’odeur de cet endroit lui lève le coeur, elle essaie de pas y penser. Au moins c’est pas elle dans ce lit. « Matei » qu’elle précise, en se redressant un peu. Elle chasse quelques cheveux de son visage, regarde Elena dans les yeux. Solide, inébranlable. Y’a aucune insulte et aucun regard noir qui vont la faire bouger. « J’m’appelle Niamh. J'étais là quand t'as perdu la carte. Tu t'rappelles pas ? » Elle range finalement son téléphone dans sa poche. Tapote des pieds. Maintenant quoi ? Tu t’attendais à quoi, Niamh ? « Tu veux d’l’eau ? » Elle se dit qu’elle va proposer. Elle sait pas ce que ça a besoin, une fille comme elle, dans l’état qu’elle est. « Ou tu veux que j’appelle une infirmière, p’t’être ? » Hausse les épaules. Qu’est-ce que tu fous là, Niamh. Qu’est-ce que tu fous.

J’lui tiens compagnie.
Pourquoi?
J’en sais rien. Mais j’le fais.
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MessageSujet: Re: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptyLun 9 Avr - 17:55


Elle aimerait se dire que c'est l'aiguille plantée dans le dos de sa main qui lui soulève les tripes, un instant suspendu dans le vide au sommet des montagnes russes, gamine perchée sur la balançoire juste avant que l'engrenage n'aspire ses jambes et la hape vers le sol, mais elle a déjà vu défiler d'autres seringues. Elle expire. Ça sert pas à grand chose qu'on a pas inspiré avant, l'air est sec alors qu'il grimpe hors de ses poumons et se dépose sur sa lippe comme l'iode après une journée au bord de mer. Soif. Elle goûte l'aridité dans sa gorge, on dirait qu'on a percé une centaines de trous dans sa trachée, elle rêve de pluie torrentielle et d'étendre les deux bras en se tenant juste en-dessous des nuages gris. Ou juste de prendre une putain de douche. Elle se redresse en esquissant une grimace, mais la conscience lui murmure à l'oreille que c'est toujours pas suffisant, y a plus de prestance, y a plus de présence qu'impose. Gamine dans un lit trop grand et sans barreaux. La fille est assise pas loin de son chevet, ses grands yeux de poupée battent des cils sur le spectacle ridicule qu'elle offre. Elle expire. Qui paierait pour la voir s'étouffer sur sa salive et jurer entre deux quintes de toux ? Parce que c'est impossible autrement, cette fille ne peut pas être là sans raison. Personne ne fonctionne qu'à la bonté de cœur. Elle saurait. Les soupçons s'agglutinent dans sa bouche, c'est un barrage prêt à craquer, le tourbillon de ses pensées pressent sur la barrière de ses lèvres. Elles sont scellées, mais plus pour longtemps, elle a une poignée de secondes, une minute tout au plus avant que les coutures ne claquent et n'emportent avec elles le colmatage des fissures dans le raz de marée. « Il est avec Asher » Elle relève pas la tête, elle a fini de se laisser berner par un prénom. Son côté sentimental exacerbé, ça finira par la perdre et elle le sait alors elle fait la sourde oreille et compte le temps qui s'écoule sur ses dix doigts. Asher qui ? « Matei » Putain, putain, putain. La frustration se déverse dans son système nerveux, toutes les terminaisons cliquent en concert. Elle la voit, femme enfant, fillette adulte, indescriptible inconnue aux mots qui fâchent. Elle la voit sur son téléphone, elle calcule le nombre de pas entre le matelas qui grince et la chaise que l'intruse occupe. Ça prendra trois fois rien, juste le temps de relever les manches et de presser ses empreintes contre la nuque de la rousse. Serrer très fort. Chut, promis, ça sera pas long. Elle ressert les poings, assombrit les lucarnes, prépare ses muscles à l'éventuelle agression. L'effet de surprise à ses côtés. Elle est pas d'humeur à ce qu'on pince les cordes de son cœur aujourd'hui.

« J’m’appelle Niamh. J'étais là quand t'as perdu la carte. Tu t'rappelles pas ? » Non. Si. C'est encore à déterminer, honnêtement. Elle se contente de l'observer en silence, essaie de piger pourquoi le personnel soignant s'est dit que c'était une merveilleuse idée d'accepter la visite d'une fille qu'elle ne connaît pas. Puis elle se souvient qu'elle a peut-être pas de contact d'urgence sous son blaze, peut-être même pas de blaze dans leur base de données. C'est ça, d'exister qu'à moitié. Il fallait bien que ça lui porte préjudice un jour ou l'autre. « J'sais pas où t'as trouvé l'impression que ça m'intéresse » Bêtement dans les questions qu'elle a posé dès son réveil ? T'es qui. Qu'est-ce que tu fous là. C'était de la rhétorique, elle cherchait pas de vraies réponses. Elle veut juste la voir sortir de là, de la chaise, de la chambre, du service, de sa vie. De la pitié qui dégouline de ses airs de bonne personne. Ecoeurant. Puis ça la fout salement mal à l'aise, la chair de poule éclot sur ses avant-bras et le désert dans sa gorge dévale sur des kilomètres. Elle va pas bien et ça inquiète. La banalité du geste a un goût amer. « Tu veux d’l’eau ? Ou tu veux que j’appelle une infirmière, p’t’être ? » Tu veux bien arrêter de faire ça ? L'envie de l'étrangler est pas totalement dissipée. Elle croise les bras sur sa poitrine et vise le plafond, la première partie de la question tourne en boucle. Non. Mais elle a tellement soif. Mais elle a tellement pas la fierté de lâcher le morceau. « Si tu cherches absolument à faire ta b.a. d'la journée, t'es pas dans l'bon service, Niamh. » Va voir les cancéreux, les amputés, va jouer avec les enfants malades, elle sait pas. Tu gagneras rien à vouloir tenir la main de miss mal-aimable. « Tu peux retourner t'faire le père de mon fils, ou qu'importe ce que tu fous avec, vas-y. Claque la porte en sortant. » Tant pis si Niamh le prend mal, qu'elle en fasse ce qu'elle veut. C'est plus le plafond qu'elle admire maintenant, c'est droit devant, à travers le mur. Mains tremblantes, yeux humides, il faut pas que Niamh capte les signes. Il faut pas.
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MessageSujet: Re: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptyLun 16 Avr - 21:08

C’est pas de ses affaires. C’est pas de ses affaires, cette histoire, tout ce drame entre Asher et Elena, elle a pas d’affaire là, pas d’affaire à se mettre le nez dans tout ça, à faire comme si elle y avait la place. Mais elle est là quand même, pour des raisons qu’elle s’explique pas. Peut-être parce qu’elle a l’impression qu’ils vont finir par s’entre-tuer, directement ou pas, que y’aura des morts et encore des coeurs brisés. Peut-être parce qu’elle voit le petit Matei dans tout ça, pris le cul entre deux chaises, entre une mère et un père qui vont pas bien, qui vont pas bien séparement et qui vont pas bien ensemble. Peut-être que ça lui rappelle trop Lulla, qu’elle revoit le verre brisé dans le regard de Willis, qu’elle entend les hurlements de Rosemary. Les histoires d’amour qui terassent, les gosses pris dans tout ça. Niamh qui a rien de tout ça, qui veut rien de tout ça, mais y’a quelque chose qui l’empêche de pas intervenir quand elle voit un enfant perdu dans les histoires de coeurs esseulés et de cris déchirés. Une volonté qu’elle ne comprend pas trop de vouloir préserver un peu d’innocence dans le regard des enfants, tout en sachant très bien que c’est inévitable dans ces chiennes de vie. Alors elle lui parle, à Elena, elle reste là malgré ses regards noirs et ses paroles crachées. Une étrangère, une inconnue, elles ne savent rien l’une de l’autre. Elena a raison, Niamh a pas du tout à faire là, elle devrait juste quitter la chambre et quitter sa vie, laisser tomber ces emmerdes, laisser Elena et Asher à leurs démons. Et pourtant elle reste, pourtant elle se laissera pas chasser, elle se s’explique pas mais c’est comme ça. Brannigan jusqu’aux bouts des doigts, pas question de le faire changer d’avis, pas quand elle est décidée comme ça.

« J’sais pas où t’as trouvé l’impression que ça m’intéresse. » Niamh ne répond pas, y’a juste un sourcil qui se lève, c’est toi qui me l’a demandé ma grande, et tu t’en souviens très bien. Mais elle insiste pas parce que ça fait partie du jeu, d’accepter la mauvaise humeur de l’inconnue étendue sur le lit. C’est peut-être cruel de sa part de s’imposer à un moment de vulnérabilité comme ça, à la place d’Elena elle lui aurait peut-être déjà sauté à la gorge, mais en même temps elle ne doute pas que la brunette y a déjà pensé. « Si tu cherches absolument à faire ta b.a. d’la journée, t’es pas dans l’bon service, Niamh. » Encore une fois ça arrache juste un sourire à l’irlandaise, elle commence à bien aimer cette fille, elle fait chier et se fait pas chier, ça lui rappelle quelqu’un tiens. « Tu peux retourner t’faire le père de mon fils, ou qu’importe ce que tu fous avec, vas-y. Claque la porte en sortant. » Niamh regarde Elena, les bras croisés et le regard obstinément tourné vers le plafond puis le mur comme pour regarder partout ailleurs que sur elle. Mais Niamh est pas conne, et ce genre d’attitude ça l’impressionne et ça l’intimide encore moins, tout au contraire ça redouble son intérêt et son attention, et elle remarque les petits signes. Tu peux faire la fière, Elena, mais ça fait même pas deux minutes que t’as les yeux ouverts, et c’est toi dans le lit d’hôpital.

Alors Niamh lâche un petit soupir et se dirige vers le pichet d’eau qui est posé sur la table de chevet, rempli un gobelet de plastique, tire le plateau pour le placer à la hauteur d’Elena et le dépose dessus, pas très sèchement mais un peu, au moins. « Bois donc ça avant d’tomber dans l’putain d'coma pour de bon. » Son regard reste stable et solide, elle sait qu’Elena va continuer de faire sa fière mais elle s’en fout. « T’es toujours aussi aimable ou c’est les médocs qui font ça ? » Son ton est même pas arrogant, c’est vraiment juste une question. Niamh trop de bonne humeur pour se laisser terrasser par la brune, puis ce qu’elle a besoin s’est pas de s’engueuler, Elena, c’est de se fracasser contre quelqu’un qui va pas se laisser vaciller et tomber. « J’sais que tu m’connais pas, mais j’suis pas là pour te faire chier. Alors arrête de faire autant la gueule, c’pas moi l’ennemi. Tu préfère p’t’être que j’appelle le putain d'médecin, qu’il vienne te fasse la leçon ? Moi j’crois pas. » Niamh, toujours vulgaire, toujours trop vulgaire, c'est jamais nécessaire, surtout pas dans un hôpital, mais c'est même pas agressif, ça fait juste partie de son langage. Je sais pas qui c’est ton ennemi, quels sont tes démons, mais c’est pas moi. Ils ont pas mon visage, ça c’est certain. Niamh qui retourne s’asseoir dans sa chaise, lâchant un long soupir, peut-être qu’au fond elle ferait mieux de foutre le camp. « Si tu cherches ton flingue, c’est moi qui l’ait. » Regard. Yeux dans les yeux. T’as bien entendu. « J’l’ai pris avant qu’ils le voit. T’as l’air d’avoir déjà assez d’emmerdes comme ça. » Et surtout me remercie pas. J'ai pas fait ça pour ça de toute façon.
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MessageSujet: Re: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptyDim 22 Avr - 22:12

On dirait qu'elle vient de perdre vingt années d'une traite.

Gamine capricieuse, Serghei l'a poussée trop fort, Valerian fait encore celui qui n'écoute pas, Iulia n'a pas le temps pour ses histoires. Elle fait la gueule comme c'est écrit dans règles de l'art. Les bras cadenassés sur la poitrine, le regard fermé à double tour, la silhouette étendue sous les draps crispée au point qu'elle sente déjà les crampes qui vont lui retomber dessus demain matin. Ou ce sont les séquelles de sa chute d’héroïne à deux balles, main sur le front et ciel je tombe. Pitoyable. Niamh pose – claque gentiment – un gobelet devant elle, l'eau en surface a capté toute son attention. Juste une gorgée, elle meurt de sentir le liquide descendre sa gorge. Une simple gorgée, mais pour ça il faudrait qu'elle desserre les bras et la mâchoire. Vingt ans de moins, gagner c'est se saboter. Scier l'arbre entier parce qu'elle serait trop tentée de grimper sur les branches.

Elle détourne la tête pour ne pas avoir à regarder le verre ou Niamh quand cette dernière lui adresse la parole. « Bois donc ça avant d’tomber dans l’putain d'coma pour de bon. » Si tu continues de parler, j'vais prier pour que ce putain de coma arrive plus vite. C'est l'impression de se sentir démunie, inutile, bonne à rien. C'est l'un de ces moments de faiblesse où elle songerait presque à se radoucir, mais on lui a refilé quelqu'un au hasard parce que c'est tellement plus marrant à mater. Sortez le popcorn, ça va seulement y aller crescendo. Même sans l'avoir dans le champ de vision, elle pressent que la fille n'a pas fini de l'ouvrir. Elle discerne presque les syllabes à venir, crash imminent. Houston, on a beaucoup trop de problèmes. La vie lui a appris à regarder droit dans les yeux quand on se mange un poing, alors elle se résout à orienter son visage vers la voix. « T’es toujours aussi aimable ou c’est les médocs qui font ça ? » C'est dur à dire. Cinquante-cinquante, les médicaments ont un effet mégaphone, une mauvaise réverb' qui fait siffler ses oreilles. Elle se demande combien de calmants ils ont du dissoudre dans la poche, ça lui paraît un peu intense pour une personne. Une personne qu'a juré qu'elle serait la seule à ressortir vivante de l'ambulance. Les gars à bord ont pas du apprécier l'humour. Elle soupire, envoie taper sa tête sur l'oreiller, appuie fort sur les paupières avant de marmonner entre ses dents. « Au moins j'peux utiliser cette excuse-là pour justifier à quel point j'suis une emmerdeuse. C'est quoi la tienne ? » C'est quoi ton excuse Niamh, pourquoi tu joues les infirmières bon marché ? Plus elle crache son venin, et plus Niamh revient à la charge. Elle est impressionnée, elle est saoulée. Elle est un mélange de tout, confusion au cœur de son cerveau ouaté.

« J’sais que tu m’connais pas, mais j’suis pas là pour te faire chier. » Ah bon ? Elle s'immisce en plein milieu de phrase « tu fais bien semblant alors... » et profite de la tirade pour avaler le contenu du gobelet, discrètement. « Alors arrête de faire autant la gueule, c’pas moi l’ennemi. Tu préfère p’t’être que j’appelle le putain d'médecin, qu’il vienne te fasse la leçon ? Moi j’crois pas. » De retour à la case départ, la chaise accueille à nouveau le corps de Niamh et ses soupirs. Un rictus victorieux s'étire à travers la fatigue, c'est bon, c'est vrai, elle va l'avoir à l'épuisement ? En toute honnêteté, elle admire la patience, c'est un nouveau temps record. Asher est en bas de la liste, sa cible préférée. Ça fait longtemps depuis la dernière fois que quelqu'un a réussi à tenir tête comme Niamh le fait. Elle lui manquera un peu, quand elle aura enfin passé la porte. « Si tu cherches ton flingue, c’est moi qui l’ait. » Merde. Retour à la case départ, hein. Le sourire fane, le poing se sert. « Pardon ?! » Elle aime son flingue. Elle aime se balader avec partout et le savoir chargé. Par contre, elle aime moyen que Niamh se donne le droit de mettre la main dessus. « J’l’ai pris avant qu’ils le voit. T’as l’air d’avoir déjà assez d’emmerdes comme ça. » Elle voit le point de vue. Elle accepte le point de vue. Puis elle casse les dents au point de vue parce qu'elle a pas demandé à ce qu'on la sauve. T’es toujours aussi aimable ou c’est les médocs qui font ça ? Quinze-quatre-vingt-cinq, elle dira pas dans quel sens. « La seule emmerde que j'aurais pu me rajouter sur l'dos, c'est d'expliquer pourquoi j'ai shooté une putain d'inconnue dans ma chambre. Et inutile de t'inquiéter, j'ai largement de quoi argumenter mon cas. » Mords toujours, c'est dans le vide que ça se plante. Vingt ans de plus d'un coup, elle réalise qu'elle perd trop d'énergie à aboyer. T'as gagné, elle abandonne. La lippe reste inlassablement pendue, mais la pression quitte doucement les membres. Elle étire les doigts un à un, souffle les dernières animosités. Ce qu'elle redoutait lui retombe sans appel sur la gueule – l'affaiblissement, puis la vérité. « T'es pas la personne que j'pensais voir en me réveillant. C'est tout. » T'es pas celle que j'espérais voir non plus. Elle grimace en voulant attraper le pichet d'eau, c'est trop loin pour ses forces en papier. Tout est décevant, putain. « Il va comment ? » Matei, Asher qu'elle y comprenne ce qu'elle veut. L'un dans l'autre, y a matière à la distraire de sa tête.
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MessageSujet: Re: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptyLun 14 Mai - 21:07

Niamh elle a l’habitude qu’on lui fasse de l’attitude. Qu’on lui réponde comme de la merde ou qu’on pense savoir ce qui est mieux pour elle - ça a été comme ça toute son enfance, alors ça fait bien longtemps qu’elle ne s’en formalise plus. Après tout, elle est loin d’être une fleur elle-même, et les gens trop gentils ça finit toujours par l’énerver. Elle aime la fougue d’Elena, comment elle se laisse pas mener par le bout du nez. L’irlandaise ne sait pas trop c’est quoi son histoire avec Asher, pourquoi elle se trimbale avec un pistolet et surtout pourquoi elle est tombée dans les pommes comme ça, et la vérité c’est qu’elle n’a pas vraiment besoin de le savoir. Elle a juste l’instinct que c’est ici qu’elle doit être, avec Elena, alors elle reste. Ne bouge pas, ne se laisse pas intimider. « Au moins j’peux utiliser cette excuse-là pour justifier à quel point j’suis une emmerdeuse. C’est quoi la tienne ? » Ça a le mérite d’arracher un sourire à Niamh, qui décide de ne pas renchérir sur le sujet. Parce qu’une excuse, elle n’en a pas, elle en a jamais eu besoin. Se justifier c’est pas dans ses habitudes, c’est un truc qu’elle a refusé de faire voilà bien des années. Elena a l’air profondément exaspérée, mais Niamh la voit bien boire dans son gobelet, et c’est déjà une victoire, si ça prend 3 minutes d’emmerdement pour une gorgée d’eau, on va bien finir par y arriver, elle l’aura à l’épuisement, elle s’en fout. Elle a envie de lui dire, clairement t’as besoin d’aide, alors pourquoi tu la fermes pas et que tu me laisses pas t’aider ? En même temps Niamh ne peut pas la blâmer, elle est en position de faiblesse et elle se défend avec ce qu’elle a. Mais l’irlandaise est satisfaite de sa décision, d’avoir été là pour le réveil de la Popescu.

La brune a pas l’air de trop apprécier le fait que Niamh ait pris son flingue, mais l’irlandaise ne bronche pas devant son regard. Elle est persuadée qu’elle a bien fait de prendre le pistolet, et de toute façon elle a aucune intention de le garder, elle le lui rendra si Elena sort de l’hôpital un jour. Au vue de comment elle rejette l’aide, c’est pas gagné. Mais de toute façon Niamh est pas là pour lui faire un bilan de santé. « La seule emmerde que j’aurais pu me rajouter sur l’dos, c’est d’expliquer pourquoi j’ai shooté une putain d’inconnue dans ma chambre. Et inutile de t’inquiéter, j’ai largement de quoi augmenter mon cas. » Le sourire se tranche sur le visage de Niamh, cette fille est excellente, l’irlandaise l’adore déjà. Pile dans le genre d’attitude qu’elle aime chez les gens, et puis faut avouer que c’est rare de voir autant d’honnêteté. « Oh, mais j’m’inquiétais pas » souffle-t’elle rapidement, toujours le sourire aux lèvres, les yeux posés sur Elena. Silhouette frêle dans le lit, elle n’a pas le physique d’une fille qui en a autant dedans, mais c’est un peu comme Niamh. On se ressemble peut-être plus que tu penses. Mais le teint pâle et les cernes ne mentent pas, le physique est pas au top. « T’es pas la personne que j’pensais voir en me réveillant. C’est tout. » Niamh la regarde essayer d’attraper le pichet d’eau, son sourire un peu calmé, mais toujours présent sur son visage. Elle se calme. Les griffes sont toujours là, prêtes à attaquer, mais elles sont déposées sur le lit. « Il va comment ? » Niamh lève les épaules. Se redresse, attrape le pichet. Ressert de l’eau à Elena, sans faire aucun commentaire. « Inquiet pour toi. » La vérité c’est qu’elle en sait rien, Asher ne sait même pas qu’elle est ici, mais elle peut le deviner à la tête qu’il a tiré quand les ambulanciers sont partis. Et le p’tit gars, elle en sait franchement rien. « J'sais pas. J'suis pas restée. Mais le monde s’est pas écroulé pendant que t’étais dans les vapes » dit Niamh, restant debout aux côtés du lit, bras croisés. « Y’a que toi qui a failli crever. » Y’a pas de jugement dans sa voix, pas d’accusation non plus. Ce ne sont que les faits, et si tu t’en faisais pour toi-même, un peu, Elena ?

« T’inquiètes, j’te ferai pas un interrogatoire. T’as tes raisons. La vie est une pute. » Niamh a pas besoin de toute savoir l’histoire. Les pièces sont là, ou du moins quelques unes, et elle peut les assembler toute seule. « Mais le plus vite tu seras sortie d’ici, le mieux ce sera. Pour tout le monde. Surtout toi. » Un silence, un battement. Le temps de n’entendre que les machines, que le vent qui souffle dehors. Que le regard de Niamh sur la silhouette frêle d’Elena.
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MessageSujet: Re: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptyLun 11 Juin - 19:06

Elle veut pas savoir la réponse.
Les rumeurs ont faux sur toute la ligne, c'est pas pour ça qu'elle tend attentivement l'oreille ou qu'elle séquestre l'oxygène dans ses poumons ou qu'elle joue des idiotes en regardant partout autour d'elle, sauf vers la seule nana qui pourrait abréger ses interrogations. Il va comment ? C'est vaguement présent dans sa mémoire, à vrai dire. Elle s'imagine pas qu'il se foute les nerfs en vrac pour sa gueule, pour ce qu'elle s'en souvient, il aurait très bien pu se marrer quand la tête a fait un avec le sol. « Inquiet pour toi. » Ou ça. Elle s'étouffe sur l'ironie qui détale derrière un rire forcé. Y a des envies viscérales de le secouer un peu, si seulement il était là. Les serres griffent le vide. Pourquoi il est inquiet. Pourquoi il a pas sauté de joie. Pourquoi il est pas là pour la narguer. Pourquoi il est pas là. Juste, pas là. Elle détourne le regard et attrape le verre d'eau que la rousse vient de remplir à nouveau. « J'aime pas les menteurs » assène la détentrice du titre. Vingt-neuvième année consécutive, de quoi avaler le liquide de travers et faire comme si de rien n'était quand Niamh reprend la parole. Ironie, quand tu descends pas le bon chemin exprès. « J'sais pas. J'suis pas restée. Mais le monde s’est pas écroulé pendant que t’étais dans les vapes » Jusque là, rien de nouveau – le monde s'écroulera pas parce qu'un Popescu a encore vrillé. Ils tiendraient un record d'apocalypses à répétition, sinon. C'est chiant à répertorier. Tirée aux épaules, elle se sent lourde, pantin, rien qu'à essayer de les hausser brièvement. Ça colle moyen avec les faits, le corps est pas dans un sale état, de ce qu'elle voit quand elle baisse les yeux. Pourtant elle se sent comme si sa carcasse venait de se faire rouler dessus, puis encore une fois juste pour marquer le coup. Marquer son visage d'une grimace douloureuse, et d'une demie seconde de répit volé alors qu'elle scelle fort les paupières. « Donc c'est encore merdique dehors. » Donc c'est encore comme avant. Super. Et comme une gamine mal lunée, elle aimerait bien flanquer un coup de pompe dans le monde et le voir se tordre de douleur comme elle s'est tordue. Faudrait déjà qu'elle sente ses pieds quand elle les remue sous les draps. « Y’a que toi qui a failli crever. » Ombre au tableau, elle se referme alors qu'un semblant de rictus dans le bon sens commençait à doucement étirer ses lèvres. Plus rien, enfin, plus grand chose. Ça lance partout à chaque fois qu'elle se fout en rogne, c'est tiède quand elle se veut cinglante. C'est tremblant quand elle avait imaginé ça posé, définitif. L'entre-deux lui  fait perdre sa présence. « J'allais bien. Ils sont payés à être dramatiques, putain. » Elle agite la main pour désigner le personnel soignant. Dans sa logique, ça se tient. Les hôpitaux seraient désertés s'ils commençaient à relativiser chaque cas. D'accord. Et dans la foulée elle croasse un autre juron. Parce que ça colle toujours moyen, impossible de se rendre compte de la gravité des choses quand y a pas d'hématomes à compter ou de plâtre coulé sur ses os. Rien que la migraine qui tape, tape, tape. Rien que Niamh qui arrange rien au vacarme, mais qu'a un timbre plus doux quand même. Elle admet. « T’inquiètes, j’te ferai pas un interrogatoire. T’as tes raisons. La vie est une pute. » Putain, si elle savait. Elle paierait une fortune pour que la vie ferme les cuisses de temps en temps. Mais elle a les poches percées, aucune idée de qui va se coltiner la facture de la chambre et du pichet qu'elle a presque fini de descendre. Ça sera pas elle, c'est certain. Niamh ? Elle croit pas non plus. C'est pas la pitié qui manque dans ses yeux, pourtant. Ou l'empathie, l'un dans l'autre, les bonnes intentions qui lui glissent maladroitement sur les bras. Au bout d'un moment, elle s'est rendue imperméable à ce genre de sentiment. C'est corrosif, les rares fois où ça lui tombe dessus. « Mais le plus vite tu seras sortie d’ici, le mieux ce sera. Pour tout le monde. Surtout toi. » A contre-cœur, elle acquiesce. Les murs sont pas à son goût, le matelas est un boulet à sa cheville, le bip de son palpitant lui fait miroiter la ligne continue contre quelques secondes de silence. « J'sors dans pas longtemps. J'vais bien. » Elle en est persuadée. Et elle joue des miroirs avec Niamh, croise aussi les bras sur la poitrine. « Tu veux pas que j'ai d'emmerdes ? Tu peux leur dire. » Elle a rien à offrir en retour, c'est un deal qui roule à sens unique. C'est pas le commun des gens biens, d'accepter ce genre de trucs sans broncher ?
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MessageSujet: Re: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptyVen 13 Juil - 22:03

« J’aime pas les menteurs. » La réponse d’Elena est ferme, directe. Et ça manque d’arracher un sourire à Niamh, parce qu’elle aime la franchise de la brune, qu’elle s’emmerde pas dans les politesses et les faux-semblants. C’est ça qui énerve l’irlandaise le plus au sujet du monde aujourd’hui, c’est tout les faux-culs et les sourires polis, pourquoi pas un peu d’honnêteté même si on finit par s’engueuler ? Elena, elle, s’enlise pas de quoi que ce soit, même étendue sur ce lit d’hôpital avec la mine un peu trop pâle. Et Niamh elle aime ça, elle comprend pourquoi elle est là, parce que du monde comme Elena, ils méritent d’être sauvés. Niamh reste assise dans sa chaise et elle observe la brune, sans trop parler, en regardant son visage changer. Les tempêtes déferler dans ses yeux, sans que l’irlandaise ne puisse vraiment y faire quoi que ce soit. Après tout, elles se connaissent pas, après tout, y’a pas grand chose qu’elle puisse vraiment faire. Elle ne sait même pas pourquoi elle est là, sinon garder un oeil sur celle qui a bien failli lui crever sous les yeux - peu importe ce qu’elle a bien envie de dire. Elena, elle a l’air d’en avoir lourd sur les épaules, lourd sur la conscience, un poids trop important pour un esprit qui a envie de liberté. Niamh connaît ça. Elle, a de la chance - on lui a donné suffisamment de nonchalance pour ne pas que les drames l’écrasent, malgré les nombreux fantômes derrière ses yeux. Pour Elena c’est différent - chacun gère à sa façon. Et Niamh respecte ça. « J’allais bien. Ils sont payés à être dramatiques, putain. » Et l’irlandaise esquisse un sourire, ça c’est certain. Tout le monde semble l’être ces derniers temps, pour un rien et pour un n’importe quoi. Elle accordera bien ça à Elena, malgré le fait qu’elle sache qu’il y a plus - que les maux d’Elena ne sont pas seulement inventés par les hôpitaux, que quelque chose la ronge, la grignote de l’intérieur, ça se voit dans le teint pâle, dans les joues creuses, dans les yeux brillant d’une lueur qui pourrait être plus vive - tellement plus vive. Et finalement, la voix de Niam se calme, s’apaise. Après tout, elle est sincère - tout le monde se porte toujours mieux une fois sorti de l’hôpital. Ces quatres murs blancs, cette odeur asceptisée, c’est bon pour personne. Ce qu’il faut c’est un peu d’air frais et de la liberté - c’est ça qui guérit le genre de maux qui ronge Elena, du moins il lui semble. Elle ne peut pas prétendre posséder le grand savoir - mais elle peut deviner, juste un petit peu. Elle a assez vécu pour comprendre.

« J’sors dans pas longtemps. J’vais bien. » Niamh arque un sourcil, mais ne renchérit pas. Si Elena en est convaincu, c’est soi un pas dans la bonne direction, soit un pas encore plus enfoncé dans le déni. Mais c’est toujours le plus compliqué, d’admettre que ça va pas, surtout à une inconnue. Et les circonstances de leur rencontre n’avaient pas été particulièrement idéales. Et alors le regard d’Elena se remplit de défi, alors qu’elle croise les bras, l’imitant. Niamh l’observe, attendant le verdict. Une genre de flamme qui s’est soudainement allumée. « Tu veux pas que j’ai d’emmerdes ? Tu peux leur dire. » Niamh, cette fois, ne peut retenir son sourire. Elle aurait du s’y attendre, et pourtant ça la surprend juste assez pour lui faire plaisir. Aider à sortir Elena d’ici, prétendre qu’elle est en pleine santé pour continuer de convaincre les médecins, malgré le malaise, malgré le creux dans les yeux, malgré la noirceur dans l’âme, malgré le nuage gris que la Popescu se trimbale au-dessus de la tête. « Très bien. » Niamh hésite pas, ce genre de plan ça lui convient, et puis de toute façon elle l’a dit - c’est en dehors du lit d’hôpital qu’Elena pourra reprendre du mieux. Elle en est convaincue. « Mais tu m’dois un truc en échange. » Petit sourire qui s’étire, au coin des lèvres. Le sourcil qui se lève, et les plans qui se forment dans sa tête. Elle se redresse un peu, le regard toujours plongé dans celui de la brune. « J’vais aller les convaincre que tu vas mieux, et que tu m’as promis vouloir prendre les étapes pour que tout ce bordel se reproduise plus. » La voix calme, mesurée, alors que Niamh élabore déjà le plan dans sa tête. « En échange, tu dois m’promettre de t’pointer chez moi. D’ici un mois. Pas plus. Tu t’pointes, et tu m’suis. Pas d’questions. Tu m’suis juste, et tu m’donnes ta soirée. » Une épaule qui se redresse légèrement, alors que les yeux de l’irlandaise pétillent. « Rien d’illégal, j’te promets. Sauf si c’est un truc qui t’botte. » Une soirée, que ses yeux disent. Une soirée, où j’te montrerai c’est quoi vivre.

Où j’te montrerai c’est quoi respirer.
Être libre.
Une soirée.
Une soirée, et après j’te fous la paix.

« Alors, t’es in ? »
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MessageSujet: Re: made of glass (niamh)   made of glass (niamh) EmptyMer 1 Aoû - 11:14

Tu peux leur dire. Y a une lueur de challenge qui scintille au fond de ses yeux noirs, ou c'est peut-être la lumière qui vient s'écraser contre le contraste. Vas-y, cafte, fais-toi plaisir. Puisque ça crève les yeux que la rousse est à des années lumière de vouloir se taire, parce que la patience meurt un peu plus à chaque ongle qu'elle fait claquer sur ses bras. Repose en paix – mais pour de vrai, aucun bruit, elle est fatiguée. Fatiguée de faire grincer les cordes vocales dans le vide, lassée de la conversation qui s'éternise et refuse de passer l'arme à gauche, de voir l'irlandaise et ses rictus toujours collés à l'endroit et qui forcément lui vont bien. C'est affligeant. Dans un univers où elle peut tenir sur ses deux jambes sans rejoindre les étoiles, y a des murs qui redoutent de tomber accidentellement sur ses poings. C'est par pur hasard, elle jure. Ses phalanges blanchies, d'ailleurs, elle les observe un moment. De toute sa vie elle n'a jamais su délier la tension et les marques restent, même quand elle finit par desserrer les mains puis les bras, les abandonnant plutôt à ses cuisses. Du haut de son lit elle regarde la compassion qui émane de Niamh glisser jusqu'à son corps de poupée de chiffon, et elle tente de rapatrier les jambes vite fait sous elle comme si le halo allait la dévorer vivante. Ne laisser rien que ses os et trônant fièrement au-dessus, le bracelet en plastique qui emprisonne actuellement son poignet droit. Ça pourrait bien, elle fait confiance à personne, surtout aux rousses qui échangent la ponctuation pour des sourires à chaque fin de phrase. « Très bien. » Elle se redresse, arque un sourcil, le visage traversé par l'ombre d'un rictus satisfait. C'est plus facile que ce qu'elle avait imaginé – les bonnes personnes, hein. Elle oublie à quel point c'est instinctif chez eux de sauter sur la première occasion de vouloir aider. Ça la fascine – et fait légèrement froncer ses sourcils.

Sauf que Niamh n'a pas fini. Non. Après quelques secondes d'hésitation, Niamh reprend la parole, et tous les efforts qu'elle avait réunis pour se tenir droite sur le matelas s'écroulent un à un. Le corps s'affaisse de plus belle et elle soupire, frustrée. « Mais tu m’dois un truc en échange. » Dans ses rêves, elle troque pas sur un lit d'hôpital, c'est pas dans ses cordes. L'avorton de rictus disparaît comme le reste, elle toise Niamh d'un air mauvais. Déjà tu m'as vu dans cet état. Avant-première, tickets VIP. Et j'suis pas naïve, j'sais dans quel état t'as vu Bloomberg. Ça marchera pas avec elle – y a pas de perte de vêtements à déplorer. Surtout, ça lui a passé l'envie d'être aimable. Elle détourne le regard, pourquoi pas regarder le mur à la place. Le mur c'est bien. Le mur c'est silencieux. « Arrête de sourire autant, ça m'fout la gerbe. » qu'elle marmonne au papier-peint. « J’vais aller les convaincre que tu vas mieux, et que tu m’as promis vouloir prendre les étapes pour que tout ce bordel se reproduise plus. » C'est suffisant pour la faire oublier le mur, lentement, elle reporte son attention sur l'irlandaise. Et comment ils vont la croire, elle ricane et hausse des épaules dans le même temps. Suffit d'un coup d'oeil vers sa carcasse pour se rendre compte que la cause n'est pas perdue. Elle est juste irrécupérable. « Ouais, comme tu veux, t'as carte blanche. Sois convaincante. » qu'elle lance en soutenant son regard. « En échange, tu dois m’promettre de t’pointer chez moi. D’ici un mois. Pas plus. Tu t’pointes, et tu m’suis. Pas d’questions. Tu m’suis juste, et tu m’donnes ta soirée. » Le flou lui donne envie d'en savoir plus malgré elle – une soirée, « et ? » Elle a l'impression d'avoir perdu le fil sans jamais l'avoir trouvé. Ses yeux se plissent, cherchent l'erreur, le piège que Niamh lui tend. Y a quelque chose de plus qui anime ses mots, quelque chose qui vrombit. « Rien d’illégal, j’te promets. Sauf si c’est un truc qui t’botte. » A nouveau, elle s'étouffe sur un rire dénué d'humour. « J'ai une tête à ça ? » J'suis née dans la poussière et j'retourne la mordre quand j'me sens mélancolique. Elle a peut-être une tête à ça, d'accord. « Alors, t’es in ? » Tentant. Elle fait mine de peser le pour et le contre mais la décision est déjà prise, c'est la curiosité qui l'emporte. Et l'infime chance sur mille que les médecins écoutent réellement la rousse. « Une soirée. Pas plus. », elle cède finalement. « Et tu t'débrouilles pour que j'reste qu'un mois. C'est ton problème, sinon j'me pointe bien chez toi et on verra si on parlait du même genre d'illégal, puisque ça me botte autant. » Le genre de phrase qui passerait mieux avec son flingue, mais ça aussi c'est dans les mains de Niamh. Alors elle tend la sienne. « Deal ? »
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