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 ici-bas (neo)

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Jade Holmes

Jade Holmes
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MessageSujet: ici-bas (neo)   ici-bas (neo) EmptySam 21 Avr - 22:09

Bulle éphémère aux couleurs irisées, Noa est coupée du monde – ou plutôt plongée dans son monde. Un casque enfoncé dans sa tignasse sauvage, c’est elle qui est au platine ce soir. Elle ne refuse jamais de se produire sur scène, peu importe l’audience. La musicalité de ses sons ambiance la salle même lorsqu’il n’y a personne pour danser devant son installation, mais c’est surtout l’enivrement des effluves électroniques vibrant sous sa peau qui lui fait du bien, qui la fait survivre. Mais ce soir, on ne lui a pas vraiment laissé le choix, et si elle a accepté de le faire, ce n’est pas vraiment pas gaieté de cœur – d’autant plus gratuitement. Faut dire que cette soirée n’a rien à envier aux soirées mondaines, ou à toute autre festivité dans cette ville, c’est soirée Jeff. Ces deux mots suffisent toujours à la plonger dans un état hystérique, partagée en le besoin de fuir ce type de toute urgence et la nécessité de venir se crasher dans sa débauche la plus totale. Il le sait, il en a tellement conscience. C’est la menace muette qui plane entre eux si elle ne se montre pas, c’est le chantage au bord des lèvres au bout des doigts – c’est le marchandage du showbiz, quand ta carrière aussi bien que ta santé mentale peuvent être éclatés dans les mains d’un seul homme. Celui qui l’a déjà menée à la chute. Mais Noa est là, beauté des îles à la fois discrète dans cette masse dépravée que rayonnante en mixant ses sons. Jeff l’a parfaitement clamé, ce soir c’est le grand soir. En réalité, il dit ça à chaque fois, ce sont les mêmes promesses qui reviennent, la même débauche qui s’infiltre dans les veines et détruit les cœurs, la même médecine qui vint panser des plaies béantes le temps de quelques instants. C’est seulement la nature du caprice qui s’adapte aux saisons, à ses vices, et cette fois-ci, en plus d’avoir réservé un grand loft au sommet d’un immeuble vertigineux, il a voulu que ce soit Noa qui s’occupe de la musique, au moins pour la première partie de la soirée. Elle n’a pas exactement eu le luxe d’avoir un choix de réponse. Deux heures de transcendance musicale avant de sombrer dans une autre transe. Il y a quelque chose qui s’est fracassé au fond de sa cage thoracique au moment où elle a quitté son piédestal pour se fondre dans la masse pour le reste de la soirée, et sa conscience a vrillé sans qu’elle ne s’en rende compte. Ça ne manque jamais lorsqu’il y a Jeff dans les parages, des épisodes qui éclatent à son plus grand dam. Parfois, ce sont juste des épisodes lunatiques, exacerbés par trop d’alcool et qui finissent rapidement en crise de larmes ou dans un fou-rire incontrôlable. D’autre fois, c’est l’hystérie psychotique qui se fracasse par vague dans ses veines – souvent enclenchée parce qu’elle a simplement tiré une taffe sur un joint, ou alors en fonction des paroles de Jeff à son égard. En l’occurrence, c’est la marijuana qui a fait son œuvre, en sachant que ça ne marche jamais, que c’est le déclencheur par excellence qu’on ne doit surtout pas mettre entre ses mains.
 
Une crise amorcée aussitôt noyée dans une poignée de cachets. Il y a eu un moment d’absence, durant lequel elle a beaucoup dansé, pris des selfies, avant de se retrouver assise là. Autour de la table basse avec d’autres personnes installées sur de grands coussins de sol, dans l’euphorie générale. Devant eux, une quantité astronomique de poudre blanche émerveille sur le plateau de verre ; enfin c’est l’impression qu’elle en a, que ça forme une montagne. Son cœur de cocaïnomane est bercé de bonheur, elle ne s’embarrasse pas des détails quand ses narines s’empressent de prendre leur rail. Noa ne saurait dire combien de temps elle est restée là, seulement qu’à un moment il lui vient une idée lumineuse (qu’elle oublie aussitôt), mais qui la pousse à se lever trop rapidement. Elle a l’impression de planer, peut-être bien qu’elle a réussi à prendre son envol pour de bon cette fois. Sauf que non, c’est juste son pied qui s’est pris celui de la table ou le corps de quelqu’un avachi là, elle ne sait pas trop elle n’a pas fait attention, toujours est-il que la chute met beaucoup trop de temps à arriver. C’est dans cet entre-deux suspendu, au moment où le corps bascule mais qu’il n’a pas encore percuté le sol qu’elle a l’impression d’avoir des ailes. Il y a l’une de ses mains qui rencontre un obstacle un peu mou, ses doigts qui s’accrochent au t-shirt de quelqu’un alors qu’elle est en train de basculer tête la première vers le carrelage. Son subconscient vient probablement de lui sauver la vie, ou plutôt la personne qu’elle a percutée dans sa précipitation, mais en tout cas la collision avec le sol ne vient pas. Seulement ses genoux qui effleurent par terre mais elle est bien rapidement rétablie sur ses pieds en lâchant un cri d’émerveillement, d’exaltation ou de surprise – probablement les trois à la fois. « Woah ! » essoufflée comme si elle vient de parcourir un marathon tout simplement parce qu’elle a retenu sa respiration tout le long. Autant elle le fait souvent pour que l’absence d’oxygène apporté à son cerveau entraîne son corps à s’immoler plus rapidement dans les substances avalées ou inhalées. Autant là, elle ne sait plus vraiment si elle la fait pour cette raison ou parce qu’elle a été surprise par la sensation ressentie dans sa chute. En fait, elle s’en fiche, elle ne se pose même pas la question. Elle s’esclaffe dans tout ça, rire cristallin des îles qui n’en finit pas à se déverser de ses lèvres, alors qu’elle lève les yeux vers celui qui l’a sauvé in extremis d’un nez brisé sur le carrelage – vers Leonard. « Oups désolée, je t’ai pas vu ! » Noa le regarde en souriant comme sa face solaire le fait si bien, et puis ses prunelles noisettes dérivent sur l’individu à ses côtés et l’esquisse sur ses lèvres tressaute comme si elle a le diable en personne devant elle. Peut-être bien que c’est le cas, en fait. Jeff est le diable de toute son existence. Elle se rend compte en même temps qu’elle est toujours accrochée au t-shirt de Leo, elle finit par le lâcher en s’écartant, et s’inclina pour mimer une pirouette et les laisser passer, les bras tendus vers le reste de la tablée comme une offrande divine. 
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Leonard River

Leonard River
et le château de sable, il est dans l'eau maintenant
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MessageSujet: Re: ici-bas (neo)   ici-bas (neo) EmptyLun 21 Mai - 1:42

C'est comme attendre un blast qui ne vient pas. Tomber sans s'écraser. Foncer sans décoller. A chaque rail qu'il enchaîne, à chaque verre qu'il avale, l'explose se fait, mais silencieuse. Résultat son corps qui a trop assimilé la poudre se délite complètement sans même qu'il ne puisse le voir venir. La coke ne suffit plus à éveiller cette enveloppe ruinée. Pire que ça, il se sent décoller du monde des vivants, s'envoler pour autre chose, être au milieu de cette foule sans vraiment y être. Et pourtant parmi la masse compacte des corps en surchauffe et en surdose, chacun est un peu enfermé dans sa propre démence, ses propres vices. On est seul dans son trip cocaïné, mais on est ensemble dans cet espace temps arraché pour l'occasion. Y a pas à dire, Jeff a le dont de rendre les gens heureux d'être seul ensemble. Sacrée réflexion que Leo se fait en se redressant du lavabo. Et quand son regard tombe sur l'émail, les gouttes d'eau fraîche qui perlent de son visage en feu se teintent de rouge. La traînée de sang glisse le long de la paroi, il regarde ça une seconde avant de tilter. Ses pupilles hypertrophiées voient tout et rien à la fois mais la ligne de sang qui coule d'une de ses narines éclate dans son reflet. Sa main tremble quand il tente d'essuyer les symptômes de son addiction. il a perdu depuis longtemps le compte de sa consommation et pourtant les effets tardent toujours à se montrer. Quand est-ce qu'il ressentira autre chose que cette morsure au fond du coeur ? Quand est-ce que ça sera la délivrance, la légèreté brute, la liberté ? L'énergie débordante, l'euphorie démesurée ? Même la musique pas si mal, il n'arrive pas à l'appréhender. Tout est éteint depuis trop longtemps en lui maintenant. Ses meilleurs alliés sont comme un coup d'poing qui assomme mais ne guérit pas. La porte s'ouvre à la volée, le verrou a sauté depuis le début de la soirée. C'est Jeff qui est là, brillant et débordant d'une étincelle intoxiquée au fond du regard. Plus rien n'est comme au taf quand on est à l'une de ses soirées et les corps se mêlent, oubliant la brutalité du tournage de la veille, et celle de demain. Parce que, oui, Leo a bien dû reprendre le boulot, attraper sa caméra, continuer comme si de rien n'était. De toute façon quelle importance, puisque plus rien n'en a.

Qu'est-ce qu't'as ? Qu'articule le boss. Leo se contente de le regarder avec son regard cramé dans la glace. Comme on évite de regarder la Méduse dans les yeux pour ne pas se faire pétrifier. Jeff s'approche d'un pas chancelant, d'un pas ou deux, derrière le blond. Le rythme cardiaque s'emballe comme à chaque fois. Et c'est comme un mélange des fantômes qui le hantent et des désirs qui s’enflamme. Plus rien n'a d'importance. Plus rien n'a d'importance. Son nouveau mantra tourne en boucle dans son cerveau exalté de poudre. Alors il se retourne et sans prononcer un seul mot il s'accroche au visage de Jeff comme un petit garçon, ses mains moites collent contre la joue mal rasée du patron. Deux secondes plus tard il s'accroche à ses lèvres surprises mais conscententes, presque satisfaites de gagner si facilement la partie. Le baiser échangé s'embrase rapidement pendant que leurs corps s'entrechoquent par accoups à contre temps sur la musique qui résonne jusque dans leur plexus solaire.

Leo aurait pu essayer d'aller mieux, écouter ses conseils. Ceux de Serena. Faire tout comme elle a dit, ses mots sur la chaine stéréo sont si clairs dans sa mémore ravagée qu'il pourrait reproduire jusqu'à la plus discrète de ses hésitations, jusqu'à la plus belle note de son plus beau rire nerveux. Le fait est qu'il n'en a pas eu envie ; d'aller mieux. il préfère se complaire dans ses vices, attendre cette chute qui ne vient pas. Quand on sera au fond, il sera toujours temps de penser à remonter. En attendant, il n'a plus la force qu'elle lui conférait. Tout a disparu, emporté par une vague. Littéralement en plus.

Attend. Pas ici. Qu'il ordonne, minutieux. Cette porte qui ne ferme pas pourrait s'ouvrir d'une seconde à l'autre. Le secret est leur bien le plus précieux, même si l'attraction malsaine qui les poussent l'un vers l'autre (ou plutôt, Leo vers lui) éclate parmi les faux-semblants. Jeff prend la tête, Leo suit sagement, se mêler à d'autres corps en ébullision. La musique a changé, tiens. il a perdu la notion du temps, enfermé dans la salle de bain immaculée. Son nez saigne encore un peu, aussi, ce qui attire quelques regards qui ne s'attardent pas, surtout parce que personne n'est en état. Leo se faufile entre les corps, il s'agite un peu quand il sent la montée qui vient en même temps que l'excitation d'un nouveau rendez-vous à la sauvette programmée. Et puis c'est un nouveau coup qui se percute contre lui. D'abord la touffe brune de sa crinière léoinine qui fouette son visage et puis tout le reste qui s'effondre entre ses bras. Leo a un réflexe maladroit qui lui permet de rester debout. Et quand enfin leurs visages se croisent, il reconnait Noa aussi brutalement qu'elle s'exclame de surprise. Au même moment, Leo entend par on ne sait quel miracle par-dessus les basses, un rire net et court qui souffle dans son oreille, c'est Jeff. Faut pas se mettre dans des états comme ça. qu'il commente avec son air de petit roi couronné, en même temps qu'elle s'excuse auprès du blond. Du coup les prunelles tout aussi fracassées de Noa se cognent contre celles de Jeff. Leo les observe un à un en silence, sans trop savoir si le bras de fer se jouerait entre lui et elle, ou Jeff et elle. L'un ou l'autre la brisure est visible sur sa rétine, mais rien d'autre ne filtre, qu'une pirouette exagérée qui les sommes de prendre place. Non faut.. qu'on voit un truc pour... aucune excuse ne semble assez crédible pour ne serait-ce que faire un peu illusion. Le débit de Leo est trop rapide pour sa capacité à s'exprimer qui s'envole face à un trop pleine de tout. Jeff ricanne sans un bruit, intérieurement, et il surenchérit visiblement bien attaqué, c'est comme un micro explosion : T'peux te jondre à nous si tu veux. Tout est officieux. Rien n'est vraiment dit, comme un peu tout le temps dans ce milieu. Leo glisse son regard vers le boss qui ne la quitte pas du regard. Une seconde, deux peut-être. Et puis il finit par prendre la direction de la table basse saupoudrée de coke et se laisse lourdement tomber sur un canapé. Après tout rien ne presse. qu'il commente détendu. Leo hausse les sourcils, puis les épaules d'un air indifférent et suit le mouvement. Rien n'a d'importance. Rien. Et son corps s'échoue de la même manière que celui de Jeff qui fait signe à Noa de les rejoindre. De toute façon elle reste plantée là sans trop savoir ce qu'elle était sensée faire. Leo s'étire sur le canapé de droite, fixe le plafond pendant que tout son corps subit le contre coup, comme une gueule de bois qui ne passerait pas - plus et qu'il est seul à ressentir. Normal, il est seul à connaitre l'origine de son mal. il plonge alors sa main dans sa poche pour rouler une cigarette, mais tout son corps tremble si fort qu'il peine à installer le tabac sur la feuille, il doit s'y prendre à plusieurs reprise pour que ça marche. Et quand enfin le cône est entre ses lèvres, son regard tombe vers Noa. Passe-moi du feu. qu'il demande sans y mettre les formes. Cette jalousie mal placée, cette rivalité qu'il n'accepte même pas entre eux, Jeff l'observe dans son coin, et ça le fait sans doute bander vu son état actuel. Et pourtant Leo ne fait même pas attention à ravaler ses sentiments mâchés, puisque définitivement, plus rien n'a d'importance.
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