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 le mal est fait (piky)

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Valdis Astadóttir

Valdis Astadóttir
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MessageSujet: le mal est fait (piky)   le mal est fait (piky) EmptyLun 9 Avr - 21:56

Tic tac, tic tac, tic tac… Les doigts qui se serrent sur le téléphone, encore, encore. Appuyer sur le bouton, lire les derniers messages. Faut qu’on parle. De quoi déjà ?  D’elle et lui, des mots qui se mélangent dans le crâne, les images qui se superposent, souvenirs fugaces. Ça la tiraille. Un peu comme la douleur dans sa jambe, parallèle désagréable qu’elle n’arrive pas à chasser malgré les anti douleurs délivrés.  Viens, viens, viens. Serre encore plus fort, si elle avait plus de force dans les doigts ptêtre qu’elle briserait l’écran, lèvre malmenée par les canines, elle souffle, soupire, siffle.
Excédée.
Impatiente.
Elle a l’impression de cramer.
Des minutes qui deviennent des heures, du moins dans son crâne, l’impression qu’elle ne sortira jamais. T’es où ? Elle a envie de hurler, contre tous les autres, ceux qui la regarde avec de la pitié, poupée aux jambes cassées dans son fauteuil cabossé. Pourquoi ? Comment ? Elle ne sait plus. C’est comme du vide dans son cerveau, la chute qui a tout expulsé, ses souvenirs, et tout le reste. Parait que c’est commun, d’après les médecins, qu’après un long coma le cerveau a du mal, les connections qui fatiguent. On parle de perte de mémoire partielle, Pia elle veut juste rentrer chez elle, se précipiter sur ses carnets, se rappeler. Elle veut se rappeler de Jax, de Zyki, de Sima, puis d’Halina aussi. Elle veut se souvenir pourquoi, comment elle a finit là, les os fracassés et la tête abimée, laissée seule sur le pavé.
Adela lui a demandé si elle avait tenté de se suicider. C’est mal la connaitre pourtant. Lionne malmenée, elle s’accroche à la vie comme elle peut, plante ses dents dans le reste, les jambes de ses proies, ne lâchera pas. Jamais. Plus jamais. Pas question de crever. Pas après tout ça, pas après tout ce qu’elle a vécu. C’est juste qu’elle ne sait plus.
Non. Elle ne sait plus.

Il est en retard. Comme toujours. S’il vient ce sera surement un miracle. Ca elle se souvient par contre, de Zyki trop simpliste, de Zyki et son sourire douloureux, Zyki et son regard qui lui donne envie de lui crever les yeux ou bien de ne plus le lâcher ; Zyki, Zyki, Zyki. Clown raté, du vent dans le crâne, du vent dans le cœur aussi. Brin de soleil éphémère, brulant. Zyki. Zyki le dernier témoin. Zyki entre elle et lui. Il sait. C’est obligé. Et il finira par cracher.
S’il vient la chercher.
Une heure d’attente encore, au milieu des autres, dans le hall d’entrée, affaire dans un sac posé sur ses genoux alors qu’elle observe la foule aller et venir, carnet de croquis entre les doigts, elle dessine. C’est le besoin de remplir le blanc, le vide, laisser le crayonné construire une sorte de structure pour l’empêcher de chuter. Des visages qui prennent forme, associé à des fleurs pétales fanés qu’elle ombre avec impatience, le crayon qui s’acharne contre la feuille de papier.
- T’es en retard.
Comme toujours, pas besoin de lever les yeux pour savoir qu’il est enfin là. Bruyant. Toujours trop bruyant. Comme Ninel. L’impression qu’à eux deux ils se trimballent une fanfare accrochée aux baskets. Claquement sec du cahier qu’elle referme, cherche un instant le courage pour relever la tête, affronter la réalité. t’étais où tout ce temps ? Quand je me suis réveillée sans personne dans la chambre ? et les reproches qui veulent déjà franchir les lèvres. Mais elle le connait. Faut pas le faire fuir. Faut l’apprivoiser. Alors elle finit par accepter de lever les yeux, le regarder, ça fait comme un pincement dans la poitrine, chercher un truc sur son visage brûlant un indice, quelque chose qui lui aurait échappé.
- T’as pas changé.
Surement que si. Surement que elle aussi. Cernes sous les yeux, joues creusées par la fatigue, teint trop pâle et la douleur au coin du couloir.
- Sors-moi de là Zyki. J’en peux plus des murs aseptisés.
Parce que sinon elle finira par y crever. Et ça lui fait peur. Tellement peur. Terriblement peur.
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MessageSujet: Re: le mal est fait (piky)   le mal est fait (piky) EmptyJeu 12 Avr - 11:35

Faut qu'on parle.

Ça veut tout et rien dire à la fois, pour lui c'est trop abstrait c'est pas assez imagé – elle veut parler du cirque, de l'hôpital, du temps qu'il fait, de la dernière chanson qu'elle a entendu à la radio ? Il en sait rien et il fait des hypothèses pendant environ sept minutes et trente-trois secondes, avant de passer à autre chose et de simplement oublier comme il le fait toujours. Il ne retient que ce qui l'arrange et cette fois c'est le fait qu'elle soit réveillée et prête à sortir. Le reste, il s'en fout.

C'est facile d'oublier. Oublier une partie de ce qu'elle lui dit, oublier qu'il était là quand elle a chuté, oublier que c'est sûrement un peu de sa faute si elle a fini dans le coma, l'oublier elle. Continuer à placarder des affiches avec la photo de Ninel un peu partout, comme celles qu'il a vues pour les autres disparus. Il a fait les siennes à la médiathèque mais la mise en page est catastrophique, la photo toute pixelisée est en plein milieu du texte, y a un tas de fautes, aucune ponctuation, et il a changé la taille de la police en cours de route sans le faire exprès – on dirait l'œuvre d'un môme de six ans qui découvre les joies de la technologie. Il est en train de planter un clou dans un arbre en bordure d'un jardin quand il se fait incendier par la petite vieille qui habite là, les insultes qui fusent et la canne brandie en l'air. On dirait Pia.

Putain, Pia.

Ça le frappe d'un coup et il lâche un merci à la grand-mère qui continue de beugler dans son dos, alors qu'il s'élance en trébuchant sur ses lacets défaits. Il s'met à courir, ses affiches stockées sous le bras, certaines qui s'envolent au passage. Il slalome difficilement entre les gens, en bouscule la moitié sans s'excuser, emprunte des petites rues en pensant raccourcir son trajet alors qu'il ne fait que le rallonger. Quand il arrive à l'hôpital, il a une heure de retard, les joues rougies par l'effort et le souffle court. Il se précipite à l'accueil pour demander Pia Buczek, mais à peine le temps de dire bonjour qu'il l'aperçoit. C'est le fauteuil qui a attiré son regard. Il avance jusqu'à elle en trottinant, son visage qui se fend d'un large sourire alors qu'il écarte les bras en s'exclamant : « PIA ! J'suis trop content d'te voir ! » Il fait trois pas avant de réaliser qu'il a lâché toutes ses affiches dans le processus, murmurant un juron avant de s'agenouiller pour les ramasser à la va-vite. Il fait un tas totalement chaotique, les feuilles qui se froissent et se cornent dans tous les sens, serrées entre ses doigts. « T’es en retard. » Un soupir lui échappe alors qu'il arrive enfin à sa hauteur. « Je sais, c'est à cause des affiches j'crois que cent c'était trop, j'ai vidé leur imprimante. Heureusement qu'la vieille était là avec sa canne ! » Si on lit pas dans ses pensées, son discours n'a strictement aucun sens. Mais il s'en rend pas compte et de toute façon Pia a l'habitude, comme tous les autres membres du cirque. Plus personne ne se formalise des élucubrations de Zyki.

Elle ferme son carnet, il pose toutes ses affiches sur ses genoux sans lui demander son avis. Et sans prévenir, il se penche pour la serrer contre lui, ses grands bras qui s'enroulent autour de sa silhouette trop frêle, dans une étreinte aussi ferme que chaleureuse. Il reste comme ça quelques secondes avant de la relâcher, toujours aussi souriant même si elle continue de tirer la gueule. « T’as pas changé. » Il hausse les épaules, se marre à moitié avant de répondre. « Toi si, c'est quoi ça ? » D'un mouvement vague il désigne le fauteuil roulant, l'air aussi curieux qu'un enfant. « Ils t'ont confisqué ta canne ? » Ça serait pas plus mal, au moins il serait sûr de pas s'en prendre un coup sur la tête, pour une fois.

« Sors-moi de là Zyki. J’en peux plus des murs aseptisés. » Il continue de sourire et mime un salut militaire, lâche un « Oui chef ! » avant de la contourner pour agripper les poignées du fauteuil. Il se penche en avant, son visage proche du sien alors qu'il esquisse un mouvement de menton vers le tas qu'il a abandonné sur ses genoux. « Fais pas tomber mes affiches, ça m'a pris super longtemps d'les faire ! » Il a dû mettre une demie-heure à tout casser, mais pour lui c'est déjà beaucoup trop. Et il se redresse tranquillement, poussant le fauteuil jusqu'à sortir de l'hôpital et commencer à remonter les rues en direction du cirque. « Dis, tu crois que si j'monte dans un caddie on peut faire la course dans une descente ? » Ça arrive comme un cheveu sur la soupe et c'est demandé si sérieusement que ça frôle le ridicule. Il a oublié tout le reste, les affiches et ce que Pia voulait lui dire et son foutu séjour à l'hôpital. Comme souvent ces derniers temps il préfère se concentrer sur ce qui n'a pas d'importance, son cerveau qui étouffe tout le reste pour lui permettre de n'pas sombrer. Sûrement que la chute sera brutale, quand tout volera en éclats.
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Valdis Astadóttir

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MessageSujet: Re: le mal est fait (piky)   le mal est fait (piky) EmptyDim 6 Mai - 20:22

- PIA ! J'suis trop content d'te voir !
Des cris, maladroit, comme toujours, un vrai éléphant dans un magasin de porcelaine. Parfois elle se demande comment il a fait pour survivre au cirque après toutes ces années, le regard qui se perd sur les feuilles qui lui échappent des mains. Vague sourire sur son visage trop souvent fermé alors qu’elle lui reproche d’être en retard. pour changer.
- Je sais, c'est à cause des affiches j'crois que cent c'était trop, j'ai vidé leur imprimante. Heureusement qu'la vieille était là avec sa canne !
Pas de réponses, elle se contente de soupirer, juste écouter ses mots sans queue ni tête. Une habitude chez lui, elle a arrêté depuis bien trop longtemps à chercher un sens à ses paroles. Enfant devenu adulte malgré lui, c’est d’autres mots qu’il comprend. Claquement de carnet, elle commence à protester quand il pose sur ses genoux les affiches, avant de froncer les sourcils quand elle voit ce qui est écrit. Ninel. Ca fait comme un vide dans son estomac. Elle n’a jamais apprécié la jeune femme mais elle ne peut pas s’empêcher de saisir une affiche pour mieux comprendre ce qui se passe. Mais y a Zyki qui la prend dans ses bras, trop vite, ça lui coupe l’air, comme toujours elle panique, ne sait pas vraiment quoi répondre, quoi faire. C’est comme un mélange de douleur et de plaisir, le retrouver lui, revenir parmi les vivants. Puis y a cette espèce d’amertume qui l’envahie, désagréable, comme un mauvais goût sur le bout de la langue. Il a cet effet là sur elle Zyki, depuis trop d’années maintenant, et la tempête dans son crâne, l’envie de lui hurler de la lâcher, alors que malgré elle, elle serre ses doigts autour de son t-shirt un bref instant.
T’as pas changé qu’elle lui balance avec le même air blasé qu’elle affiche en permanence. C’est plus simple comme ça, bâtir un mur pour repousser les gens, les autres, protéger ce qu’il lui reste d’intact encore. Puis en face d’elle c’est l’inverse, Zyki et les barrières de l’inhibition qui sont pulvérisées, son sourire qui lui donne envie de pleurer alors qu’elle ne comprend même pas pourquoi.
- Toi si, c'est quoi ça ? - Ils t'ont confisqué ta canne ?
Elle grimace quand il pointe le fauteuil du doigt. Oui. C’est nouveau. Combien d’heures avec le staff pour leur faire comprendre qu’elle n’en a pas besoin et pourtant la voilà, bloquée dedans, étouffée encore plus dans un cercueil métallique. Elle se baisse pour attraper à ses pieds sa canne et la tend vers Zyki, lui administrant un léger coup sur l’épaule.
- Tu rêves. Jamais ils ne me la confisqueront. Désolé les vacances c’est terminé mon grand
Elle rigole un peu, c’est bizarre, elle a plus l’habitude. Plus vraiment. Alors à la place elle continue, élude la question du fauteuil sachant pertinemment qu’il a déjà oublié de toute façon. Comme une supplique elle lui demande de la sortir de là et il s’exécute, brave petit soldat de plomb quand il commence à la faire rouler.
- Fais pas tomber mes affiches, ça m'a pris super longtemps d'les faire !
De nouveau elle regarde les affiches. Pas belles. Vraiment laides. Mais le message est plus ou moins claire. Un exploit pour Zyki et si les choses n’étaient pas si confuses dans sa tête, peut être qu’elle l’applaudirait. Mais pas pour le moment. Elle se contente d’hocher la tête, plongeant ses yeux dans les siens.
- T’en fais pas, je les tiens bien.
Les doigts qui se resserrent sur le papier quand il se met enfin en route, l’envie de chialer qui la prend un peu par surprise. De nouveau elle ouvre la bouche pour reprendre, lui demander ce qui se passe vraiment, mais le voilà reparti dans ses délires impossibles à suivre. Ca la ramène à avant, quand ils étaient juste gosses, avec Jax, les conneries faites à trois et elle qui clopinait tant bien que mal pour les suivre.
- Dis, tu crois que si j'monte dans un caddie on peut faire la course dans une descente ?
Cap ou pas cap, comme un frisson le long de la colonne vertébrale, des images qui reviennent en flash sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi, le défi dans la voix.
- Zyki…
Inspire, expire, les doigts qui froissent le papier alors qu’elle essaye de respirer, reprendre sa respiration comme on le lui apprit.
- Tu veux déjà me renvoyer à l’hôpital ? C’est pas cool ça dit moi ! Puis ça coûte cher les soins. Tu paieras ça comment hein ?
Les yeux levés au ciel elle lui donne une tape sur la main pour l’encourager à continuer, avant de lever une affiche en l’air.
- C’est quoi ça ? Elle s’est perdu l’autre gourde ? Tu l’as oublié dans un bar elle aussi ?
Les mots venins qui lui échappent tant bien que mal. C’est pas sa faute. Le cœur qui fait mal surement. La peur aussi. L’impression d’un déjà vu et les souvenirs qui se font la maille entre ses doigts. Le bar, Zyki qui la pose sur son épaule comme un vieux sac, les hurlements, les cris, les rires qui meurent. C’est parmi les derniers traits de lumière avant le noir. Avant l’abime. Ca lui fait peur. Si peur. Putain.
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MessageSujet: Re: le mal est fait (piky)   le mal est fait (piky) EmptyVen 11 Mai - 18:14

« Tu rêves. Jamais ils ne me la confisqueront. Désolée les vacances c’est terminé mon grand. » Il peut pas s'empêcher de sourire quand elle lui file un léger coup de canne sur l'épaule – ça a quelque chose de rassurant. Comme si rien n'avait changé, comme si elle avait simplement fait une sieste et qu'il était aux premières loges pour la voir se réveiller. Sauf que la sieste a duré plusieurs mois et qu'elle l'empêche de se tenir sur ses deux pieds pour l'instant. « On verra comment tu t'en sors quand j'la calerai en haut du chapiteau et qu'tu pourras pas aller la chercher. » Il se marre à moitié, sans voir l'ironie de ses mots, sans faire le parallèle avec ce qui s'est passé, ce qui a déraillé par sa faute.

Cap ou pas cap ?

Un coup d'œil sur les affiches qu'il a abandonnées sur ses genoux, qu'il s'est appliqué à faire même si le résultat est franchement discutable. « T’en fais pas, je les tiens bien. » Il la trouve presque trop gentille. Il l'a vue rire même si c'était discret, il a pas récolté une seule brimade – aucune qui soit sérieuse. Pas d'idiot sifflé entre les dents comme un serpent, pas de réel coup de canne, pas d'yeux qui se lèvent au ciel. Y a pas l'amertume qu'il a l'habitude de sentir chez elle, les épines brandies comme la carapace d'un hérisson. C'est si flagrant que même lui est en capacité de le sentir, sans le comprendre pour autant. Il ne dit rien. Haussement d'épaules dans le vent, comme s'il balayait tout ça du revers de la main, comme si ça n'avait pas la moindre importance. Il pousse le fauteuil hors de l'hôpital, se met à remonter la rue en regardant autour de lui plutôt que là où il met les pieds, l'esprit qui recommence rapidement à vagabonder. Des idées de courses et d'expérimentations foireuses, il imagine déjà des stratagèmes pour tirer le meilleur – ou le pire – du fauteuil de Pia. Peut-être qu'elle voudra bien le lui donner quand elle en aura plus besoin, il est persuadé qu'il peut le trafiquer pour en faire un bolide à tester avec les autres jeunes de la troupe. « Zyki... » Il entend même pas, trop occupé à observer les roues, les yeux qui se perdent sur les vis et l'assemblage des morceaux de métal, à imaginer comment ajouter son grain de sel au milieu de la mécanique bien huilée. « Tu veux déjà me renvoyer à l’hôpital ? C’est pas cool ça dis moi ! Puis ça coûte cher les soins. Tu paieras ça comment hein ? » Il est déjà ailleurs, trop à côté de la plaque pour comprendre ce qu'elle lui raconte, faire les connexions entre ce qu'il a dit et ce qu'elle répond. Ses sourcils se froncent, il s'arrête et en profite pour sortir son paquet de clopes machinalement. « Ben non c'est chiant l'hôpital, pourquoi t'y retournerais ? T'façon c'est pas moi qui paies si t'y vas, c'est Adela. » Il hausse les épaules en coinçant une cigarette entre ses lèvres, alors qu'elle lui tape la main pour qu'il reprenne la marche. Il obéit sans broncher mais ne pousse plus qu'à une main, l'autre trop occupée à fouiller ses poches en quête d'un briquet.

« C’est quoi ça ? Elle s’est perdue l’autre gourde ? Tu l’as oubliée dans un bar elle aussi ? » Il baisse les yeux sur l'affiche qu'elle a levée, son cœur qui se serre en regardant la photo de Ninel. Sa mémoire qui déconne encore, il fait pas le lien entre le bar et ce qui s'est passé la dernière fois qu'il a traîné Pia avec lui. Faut croire que tout ce temps sans la voir a endommagé les fichiers enregistrés. « Non non, pas perdue. Portée disparue, c'est– » Il se coupe en pleine phrase et s'arrête à nouveau, continuant de tâter ses poches sans succès. « Les kidnappings et blablabla là. Les flics c'est vraiment des nazes, demande à Jax, ils font n'importe quoi ! Du coup c'est nous et– attends. J'ai vou– mais– » Ses poches sont manifestement vides, si on oublie le marteau qui dépasse de sa veste et la ferraille qui tinte à chacun de ses pas. « Raaah mais merde ! » Il soupire, la clope toujours perchée au bord de ses lèvres, menaçant dangereusement de tomber à chaque fois qu'il se risque à parler. « T'as pas un briquet toi ? » En toute logique, non. Elle fume pas et il le sait, y a aucune raison qu'elle ait ce qu'il demande, surtout en sortant de l'hôpital. Ça l'empêche pas d'espérer quand même. « C'est chiant ces trucs, j'les perds tout l'temps ! » Ça, et un ou deux souvenirs quand ça peut arranger sa conscience.
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Valdis Astadóttir

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MessageSujet: Re: le mal est fait (piky)   le mal est fait (piky) EmptyDim 3 Juin - 22:01

Y a comme une danse qui reprend entre eux, quelques mois d’arrêts, ils sont un peu rouillé mais ça n’empêche pas leurs corps de se rappeler. Ronde de mots balancés, provocations et coups distribués, y a pas de colère cette fois ci. Ou pas encore. Ils sont comme l’eau et le feu tous les deux et ça peut trop vite dégénérer. Mais pour le moment c’est calme, amusant, presque joyeux. Presque. Et surement que c’est suffisant. Cependant il suffit de quelques mots pour tout faire basculer. On verra comment tu t'en sors quand j'la calerai en haut du chapiteau et qu'tu pourras pas aller la chercher. Tout en haut et ça résonne à l’arrière de son crâne, comme un truc désagréable qui lui file entre les doigts, qu’elle n’arrive pas à attraper. Ca lui retourne le ventre sans qu’elle comprenne pourquoi, silence qui se fait elle n’arrive pas à trouver les mots justes pour répondre à la provocation. A la place elle fronce les sourcils, se perd un instant dans ses pensées décousues, trouées de blanc qui l’empêche d’avancer.
Zyki par contre ça ne semble pas le perturber. Pourtant ça devrait. Mais Pia ne sait pas pourquoi cette certitude lui colle aux os. Mais Zyki étant Zyki, il continue de pousser le fauteuil roulant en énumérant toutes les conneries qu’il pourrait réaliser, et surement qu’il le fera s’il en a l’occasion, elle le connait que trop bien, malheureusement. Alors elle essaye de lui faire comprendre que cette fois c’est la fois de trop, qu’elle ne compte pas remettre les pieds à l’hôpital avant un petit moment – ou même jamais s’il le faut – que son corps en assez, qu’elle veut essayer d’être responsable rien qu’une fois. Elle aurait pu y passer qu’ils ont dit les médecins, un choc un peu plus fort et son crâne se brisait. Mais ça aussi il comprend pas.
Ben non c'est chiant l'hôpital, pourquoi t'y retournerais ? T'façon c'est pas moi qui paies si t'y vas, c'est Adela. Parfois elle voudrait pouvoir rentrer dans son crâne pour remettre les choses à l’endroit, taper sur les rouages qui font que le jeune homme est un peu trop souvent à côté de la plaque, comme s’il avait le cerveau embrumé par des vapeurs délirantes. « T’es vraiment con putain. » marmonnement blasé, un poil désemparé. « Bien sur que c’est chiant l’hôpital, et j’ai pas envie d’y retourner. Mais te connaissant, toi et tes idées à la con, tu risquerais de m’envoyer dans le décors une fois de trop et ça sera retour sur le lit d’hosto. » qu’elle grimace en imaginant une course de fauteuil qui dérape, son corps de pantin trop fragile catapulté contre un mur ou dans un fossé pendant que Zyki se redresse, indemne, comme jamais. Brin de jalousie qui s’empare d’elle mais qu’elle chasse comme elle peut, persuadée d’avoir tourné cette page depuis des années.
A la place elle change de sujet, s’intéresse aux affiches posées sur ses genoux qu’elle a promis de protéger. Ninel. Sale gosse qu’elle a jamais réussi à apprécier. Trop perchée, trop simple, trop joyeuse, trop solaire. L’impression qu’elle pourrait la brûler rien qu’en la touchant de ses doigts agiles. Non non, pas perdue. Portée disparue, c'est– Elle ne répond rien, silencieuse elle attend la suite, patiente. C’est pas nouveau qu’il se mélange autant les pinceaux Zyki, problème d’attention, problème de dosage, problème de tout et de rien. Les kidnappings et blablabla là. Les flics c'est vraiment des nazes, demande à Jax, ils font n'importe quoi ! Du coup c'est nous et– attends. J'ai vou– mais– Kidnapping, ça l’interpelle, elle fronce les sourcils et attend la suite. Pourtant la suite ne vient pas parce que Zyki s’arrête, parce que Zyki râle, parce que Zyki est parti ailleurs encore une fois. Raaah mais merde ! - T'as pas un briquet toi ? Pia qui se contorsionne pour le regarder, sourcils froncés, elle semble lui lancer de ces regards qui hurlent sérieusement ? avant de secouer la tête. Bien sur que non elle n’a pas de briquet. Elle a essayé une fois ou deux de fumer, Adela l’a prise en flag et lui a filé la rouste de sa vie. Depuis elle reste loin, sauf peut être un joint de temps en temps, aléatoirement quand elle arrive à mettre la main dessus et que la douleur dans sa jambe se fait vraiment trop grande. C'est chiant ces trucs, j'les perds tout l'temps ! « Y a pas que ça que tu perds » qu’elle marmonne avant de soupirer. Lentement elle attrape sa béquille et se redresse comme elle peut, tremblante sur ses jambes malgré les séances de rééducation. Sans demander l’avis de Zyki elle lui arrache la cigarette des lèvres avant de les glisser entre les siennes, boitillant jusqu’au passant le plus proche. « Vous avez du feu ? » accent polonais qui tranche avec son anglais maladroit, l’homme la dévisage un instant, regard qui descend jusqu’à sa béquille avant de détourner rapidement les yeux. Y a comme de la pitié qui s’allume dans ses prunelles quand il sort un briquet de sa poche et qu’il le lui tend. Toujours la même chose. Toujours la même réaction. Ca la brule de l’intérieur, l’envie d’envoyer balader sa béquille et tout le reste. Mais elle ne dit rien, se contente d’allumer la cigarette, tire rune bouffée qui la ferait presque tousser avant de retourner comme elle peut jusqu’à son fauteuil et à s’y laisser tomber, soupire de soulagement quand ses pieds quittent le sol. Cigarette qu’elle enlève de ses lèvres pour la tendre à Zyki avant de reprendre. « C’est bon t’es concentré maintenant ? Donc. Tu disais. Kidnapping ? Je te rappelle que j’ai passé je sais pas combien de mois dans le noir donc sois plus précis merci » voix un peu trop sèche, elle croise les bras sur sa poitrine en fixant l’horizon.
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