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 (speed-kissing) another mistake (mocha)

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Eve Lee

Eve Lee
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MessageSujet: (speed-kissing) another mistake (mocha)   (speed-kissing) another mistake (mocha) EmptyMar 9 Jan - 22:39

C’est toujours la même histoire, l’histoire stupide de la nana à qui on fout un lapin le soir du 31. Il lui paiera. Vraiment. Surement qu’elle lui donnera un coup de poing dans le ventre pour se venger, puis qu’elle l’embrassera quand même parce qu’elle a beau être en colère, putain ce qu’elle l’aime. C’est évident maintenant.
Et c’est sans doute ça le pire.
Elle tourne en rond Penelope, à cette soirée où elle ne connait pas grand monde, mal à l’aise sur ses talons elle rêverait de les troquer contre une paire de basket. Mais Billy lui a dit qu’elle avait pas intérêt à faire ça. Qu’elle avait pas intérêt non plus à sortir en pantalon, et la voilà saucissonnée dans une robe qui laisse trop de peau à nue, puis qui laisse trop de paillettes tout court. Pas vraiment discret. Mais après tout, elle a envie que Junior la remarque à l’autre bout de la pièce, qu’il se dise : c’est elle, la bonne. Putain de romantique à deux balles. Surement que Tex gerberait s’il voyait ça. Il est où Tex d’ailleurs ? A une autre soirée ? Elle aurait aimé, qu’il vienne avec elle, juste un peu, pour se rassurer. Mais ça aurait été putain d’égoiste. Ouais ; Egoiste. Bon sang ce qu’elle déteste ce mot Penelope, ça sonne mauvais dans la gorge. Egoiste. « Fais chier » et la flute de champagne qu’elle vide, la troisième de la soirée, sans compter les mini fours dont elle se gave sans aucune gêne. Y a une nana qui lui a demandé comment elle faisait pour garder la ligne en mangeant autant, Penelope avait répondu entre deux bouchées qu’elle faisait trois à quatre heure de sport par jour et qu’elle passait sa vie sur le tapis de la salle de sport. Pas la réponse satisfaisante apparemment, parce que la femme avait fait la grimace et s’était carapaté. Dommage, Penelope était prête à lui expliquer son planning détaillé.
C’est que les aiguilles tournent, et l’impatience remplacée par la déception. Voila, bravo Penelope. Encore raté. Toujours raté. Elle pensait que ça irait cette fois ci, nouvelle année, nouveau départ non ? Non. Pas vraiment. Tant pis. Nouveau verre par contre. Pas du champagne cette fois, de la tequila, ou un mélange qui y ressemble. Elle préfère ça, avachie dans son fauteuil, à siroter son cocktail trop sucré, à regarder les autres qui dansent, enlacés. Et moi dans tout ça ? Foutue jeune fille en fleur, elle aurait jamais cru être capable de se languir comme ça, qu’on la prenne à son tour dans les bras, qu’on dépose des baisers dans son cou, qu’on complimente sa coiffure, son maquillage, le miracle qui fait qu’elle tient debout avec ces instruments de torture qu’on appelle talons aiguilles.
Les aiguilles tournent ouais, et Cendrillon devra bientôt quitter le bal, parce qu’après minuit c’est plus permis. Non elle déconne. Surtout qu’elle commence à fatiguer, qu’elle rêverait de se vautrer dans son lit, bien au chaud sous les couettes et regarder un de ses films préférés, du genre la Ruée vers l’Ouest. Ouais. Voila. C’est un deal. Si à 00h01 Junior n’est pas là, elle se casse, traine Tom avec elle et ils passeront la nouvelle année à répéter les dialogues du film qu’ils connaissent sur le bout des doigts.
Plus que cinq minutes.
Et le cœur qui bat la chamade. Putain t’es où, merde t’es où. Toujours pas là, l’écran de son téléphone maladivement noir. Pas un message. Pas un. Il répond pas. Et merde. Elle brûle Penelope, et les verres qu’elle enchaine qui commencent à se faire sentir. Surement qu’elle tient plus aussi bien l’alcool, ptêtre même qu’elle a jamais vraiment tenu. Ou juste alors que ces fameux cocktails sucrés étaient peut être un peu trop dosé. Elle sait pas, contemple le fond de son verre, essaye de se lever et échoue. Allez ma grande. Deuxième essais, elle tangue.
Plus que quatre minutes.
Et là c’est comme une illumination. Parce qu’il est là, maladroit comme toujours, avec son air paumé. Vraiment Penelope ? Et c’est comme une poussée d’adrénaline, soudain courir avec ses talons ne lui semble pas si ridicule et elle s’élance – surement pas très gracieusement – vers Junior, sourire brulant au visage, elle se jette dans ses bras, serre fort. Trop fort. Rigole un peu bêtement. « ENFIN TU ES LA » oui enfin il est là.
Putain. Il est petit.
Ah non, c’est les talons. C’est vrai.
Mais il est petit quand même.
Pas grave. Le rire stupide qui la secoue, elle ne le quitte pas des yeux. Enfin elle essaye, c’est un peu dur de faire le focus quand elle est aussi près. « T’as faillis louper le décompte tu sais. Je t’en aurais tellement. Tellement. Tellement voulu. »   oui. Vraiment. Parce que la dernière fois qu’elle a embrassé quelqu’un pour la nouvelle année c’était Tex et que deux semaines après ils cassaient.
Alors elle inspire un peu Penelope, se retient à son cou, fait glisser ses mains sur son visage pour l’attirer vers elle.
Et elle l’embrasse.
Vraiment. Sincèrement. Elle l’embrasse. C’est moins timide que les autres, fois, plus décidé peut être. Cette année c’est toi et moi. Fougueuse elle se rapproche un peu plus, incitée par l’alcool qui crame dans ses veines elle prolonge le baiser. Cinq, quatre, trois, deux…
« Eh merde »  comme un goût d’échec quand elle s’écarte, le sourire qui n’atteint pas ses lèvres quand elle réalise l’erreur. Toujours la même erreur. Grossière erreur. Et pendant que les autres sautent de joie, elle fait de son mieux pour cacher sa gène. Sa tristesse aussi.  « Encore trompé c’est ça ? »  Parce que c’est pas Junior, parce que Junior n’est vraiment pas là. Et que c’est Michael en face d’elle, Michael qu’elle a confondu pour la seconde fois, Michael qu’elle embrassé avec tous ses sentiments.  « Bonne année sinon hein ? »  non. Non. Pas vraiment. Oh bon sang, ce qu’elle pourrait en pleurer. Et sans attendre elle attrape deux verres d’un liquide ambré sur le plateau d’un serveur qui passe, le tend à Michael avant de soupirer « Tu diras rien pas vrai ? »  encore un secret qu’elle empile dans le cerveau de Michael, elle s’en rend pas vraiment compte Penelope, que ça déborde bientôt, que la coupe est presque pleine. Mais l’alcool qui lui fait voir le monde plus brillant, les rires des autres en fond sonore, les éclats de lumière dans le ciel qui lui font croire que c’est bon.
Tout va bien Penelope. Tout va bien.
Alors pourquoi ça fait si mal ?
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Michael Healy

Michael Healy
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MessageSujet: Re: (speed-kissing) another mistake (mocha)   (speed-kissing) another mistake (mocha) EmptyMer 10 Jan - 12:06

Quand on sort de l’hôpital après un accident de voiture et une tentative de suicide, les médecins vous regardent avec un petit air triste, parce que si Michael tenait debout, il était loin d’avoir guéri ses blessures. Il avait refusé l’aide psychologique, il avait simplement demandé à rentrer chez lui contre avis médical. Chez lui. Vaste blague, quand on retourne dans ce foyer remplis d’une mauvaise humeur générale. Et pourtant, ses neuf mètres carré de tranquillité lui avait manqué. Il avait posé le sac sur son lit simple, peu confortable, et s’y était assis en regardant dans le vide pendant quelques minutes, profitant du silence qui ne durerait pas : Junior viendrait bientôt le rejoindre.
La fin d’année approchait. Un an s’était écoulé depuis tout ça. Une longue année qui ressemblait à un brouillard épais dont on ne distinguait rien de particulier. Un an de bière, de crise de larmes, un an d’une douleur aiguë dans les entrailles. Michael n’allait bien sûr pas fêter le nouvel an. À quoi bon de toute façon ? Qu’avait-il à fêter ? Quel voeux allait-il faire pour l’année à venir ? Qu’est-ce qu’il voulait ? Mourir. Vivre. Oublier. Aller mieux. Non rien de tout ça. Michael était désespérément indifférent et silencieux, triste à crever mais blasé. Il avait prévu de rester au foyer, peu de personne ici fêtait quoi que ce soit. Il cuisinerait pour les autres locataires de ces lieux comme il en avait l’habitude, ça ne serait rien de fou, pas de dinde, pas de foie gras, non rine de tout ça. On mangerait à la même heure que d’habitude. Pour ce qui est de trinquer au champagne, Michael avait de toute façon déjà bien entamé la journée et le champagne coûtait trop cher. Ensuite il irait se coucher et, en plein milieu de son sommeil sans rêve, on passerait à la nouvelle année. Il ne s’en rendrait pas compte, et en se réveillant le lendemain, tout serait exactement pareil que la veille. Un soir comme les autres. C’était sans compté sur Junior et sa popularité de quaterback qui faisait qu’il était invité à une soirée. Invité à une soirée. On invite souvent des SDF à des soirées, d’après vous ? Nul doute que c’était encore un plan de sa nouvelle petite-amie et sa tripoté de potes, tous hors-la-loi, dont Michael avait la gentillesse de se foutre royalement, faute de trouver le courage de les haïr comme il se doit. Junior y allait, et Michael avait tout d’abord été ravi : parfait, je resterais au foyer, t’as qu’à me rejoindre au moment de quitter ta fête si t’en as envie. Indifférent, vraiment. Junior ne l’avait pas entendu de cette oreille, parce qu’il refusait tout simplement de le laisser seul un tel jour, parce qu’il pensait certainement qu’il se pendrait au ventilo du plafond avec ses draps, et qu’il semblait avoir adopté une toute nouvelle stratégie : au lieu de laisser Michael se complaire de son malheur et le soutenir au besoin, il le pousserait dans ses retranchements, le forcerait à sortir de sa zone de confort pour rencontrer de nouvelles personnes, se faire des amis, et pourquoi pas, trouver une nouvelle raison de sourire, et donc de vivre. Tactique perdue d’avance, selon Michael, mais il n’avait pas la force de décevoir son frangin, il avait accepté.
Accepté ne voulait pas dire qu’il ne comptait pas lui poser un lapin, une fois qu’il serait trop tard. Pas pour nouer ses draps, cette idée ne lui traversait même pas l’esprit, simplement pour rester tranquille. Se fermer au monde, courir à contre courant, comme il savait si bien le faire. Tout Savannah s’amusait pour la nouvelle année, parfait, il ferait l’exact opposé par simple esprit de contradiction. Il se ferait royalement chier, et piquerait un ordinateur dans la chambre voisine pour regarder une série quelconque, une série dont il n’aurait vu ni le début ni la fin mais qui donnerait un fond sonore à la pièce, ainsi il ne prendrait même pas la peine de réfléchir, de penser, et l’histoire de la corde au ventilateur ne lui traverserait même pas l’esprit. Le programme était parfait.
Pris d’un remord sans doute, ou bien par simple peur que Junior foire sa soirée uniquement par inquiétude (il avait reçu une ou deux relances par sms jusque là, quand il allait se rendre compte qu’il était presque minuit, sans doute paniquerait-il deux fois plus), Michael s’est levé et est sorti de sa chambre sans un bruit sur les coups de 23 h 30. Le temps de se faufiler dans la ville, d’éviter les bouchons, de chopper un transport et de se souvenir d’où se tenait la fiesta, 2017 était presque enterré, et 2018 pointait déjà le bout de son nez. Il entend l’excitation générale qui dégouline des rues de très loin, comme s’il n’était pas spécialement concerné. Les mains dansles poches, n’ayant certainement pas pris la peine d’enfiler quelque chose de propre, l’haleine puant l’alcool sans pour autant que son état ne déborde de ses yeux, faute de l’habitude, il se rend au point de rendez-vous avec une appréhension certaine, et le sentiment de faire dans la charité : c’est juste pour Junior qu’il fait ça. Uniquement pour lui, même s’il ne le mérite pas. Une fois sur les lieux, il est presque minuit, il a déjà entendu des groupes d’amis se souhaiter la bonne année, leurs montres visiblement en avance. Et il a pas peine le temps de se familiariser avec l’endroit que Penelope, (c’est elle, la petite copine de Junior) se jette sur lui : ENFIN TU ES LA Qu’elle lui gueule dans les oreilles, Michael se contente d’hausser un sourcil. Quoi il manquait vraiment à la soirée ? Est-ce que Junior a été insupportable dans l’attente de son frangin ? Peut-être, quoi qu’il en soit, cette blonde, perchée sur des talons qui lui donne l’air d’une géante, le serra contre lui si fort qu’il en laissa échapper un hoquet de surprise. Il avait encore mal, ses os n’étaient pas encore tous reconstruits, et ça brulait à l’intérieur. Mais il se laisse faire, attendant simplement que ça passe comme pour un mauvais rhume. Enfin, elle se recula sans décoller ses mains de lui. Mais lâche-moi. Qu’il avait envie de crier, mais son air terne exprime que dalle. T’as faillis louper le décompte tu sais. Je t’en aurais tellement. Tellement. Tellement voulu. Hein? Comment tu peux m’en vouloir si toi et moi on n’est rien de plus que des étrangers qui se sont croisés une fois ou deux ? De toute façon, Michael t’en a voulu le premier, donc tu peux pas lui en vouloir. Ouais, elle la nouvelle copine, la nouvelle copine officielle depuis tout ça. Celle qui a décroché le titre et arraché sa couronne de la tombe de Bee. Michael lui en voulait par principe d’avoir pensé Junior libre, aussi injuste que ça semblait. Penelope le savait, non ? Peut-être pas. Quoi qu’il en soit, il ne tilta qu’une seconde trop tard, son cerveau décidément trop lent. Eh merde, elle se goure encore de jumeau. Il allait la prévenir, mais pas le temps, la voilà qui plaque ses lèvres pleine d’amour sur lui pour l’embarquer dans un baiser forcé, passionnément forcé. Michael écarta les deux bras et se figea complètement sans même penser à la repousser. Il sent l’alcool sur ses lèvres, et cette façon de faire le déroute un peu. Il se sent prisonnier, même si ce n’est pas si désagréable que ça. Ça n’évoque tellement rien en lui qu’il ne sait même pas quoi faire, quoi en penser. Profiter de la situation peut-être ? La faire croire, comme la dernière fois. Penelope ne s’y ferait jamais, à cette capacité qu’ils avaient de devenir l’un et l’autre. Trop impulsive pour prendre le temps de réfléchir à quel jumeau elle avait à faire. Le baiser s’arrête enfin dans un bruit de ventouse, Michael à les sourcils haussés et une grimace dérangée sur le visage. Il s’essuya d’un revers de manche ses lèvres humides la seconde d’après. Eh merde Ça y est, elle comprend. Elle s’améliore avec le temps, qu’il aurait aimé lui faire remarquer. Encore trompé c’est ça ? Sourire compatissant qui ne peut vouloir dire qu’une seule chose : oui. Michael retrouva enfin sa voix, par la même occasion : J’commence à m’y faire. Il lui donna un coup dans le bras, comme on le ferait pour une soeur. Il avait été agréable sans même s’en rendre compte. Donc, Junior n’est pas encore là. Qu’il ajouta, surtout pour lui même. La soirée allait être encore plus merdique qu’on ne pouvait le penser. Il soupira profondément, heureusement Penelope attrapait déjà des verres, la seule chose qui pouvait encore le faire rester. Il prit celui qu’elle lui tendit et quand elle lui souhaita la bonne année il fit un sourire qui ressemblait surtout à une grimace. Ouais, c’est ça. Qu’il répondit. Bonne année, hein ?
Et puis Penelope eu un air un peu bizarre, un air de nana qui a peur, stressée, embêtée. Michael le vit parce qu’il sentit bien qu’elle voulait dire quelque chose, sans le vouloir à la fois. Il bu cul-sec le verre d’alcool et la laissa parler, tout simplement, sans bouger. Tu diras rien pas vrai ? Ah. Donc elle a peur de la réaction de Junior. T’inquiètes pas blondie, si Junior peut me pardonner d’avoir voulu me foutre en l’air, il peut te pardonner de pas savoir faire la différence entre lui et moi. Qu’il aurait aimé dire, mais non, il fit une petite moue et laissa échapper un pouffement de rire moqueur. C’était quoi tout ça ? Ce baiser enflammé, cette façon qu’elle avait de se jeter dans ses bras et puis cette inquiétude ? Elle était amoureuse ou quoi ? ILS étaient amoureux ? Cette pensée lui retourna le bide. Et il ne réfléchit pas, avant de répondre d’un air égal : T’inquiètes pas va, partager les nanas, c’est notre spécialité. Il fit un grand sourire et leva son verre vide. Bon, j’vais en chercher un autre. Nouvelle tape sur son épaule, Michael prit congé d’elle la seconde suivante.
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