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 Try to do what lovers do {Meram}

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MessageSujet: Try to do what lovers do {Meram}   Try to do what lovers do {Meram} EmptyLun 11 Sep - 4:41



am I lucky or not?
Are we too grown for games? Are we too grown to play around? Young enough to chase, but old enough to know better. Are we too grown for changin'? Are we too grown to mess around?
⋅ ⟐ ⋅ ⟐ ⋅ ⟐ ⋅

J’ai toujours été une gentille fille, serviable et parfois même obéissante. Surtout pour mon père. Mon papa adoré. Chéri. Probablement parce qu’il m’a toujours servi de modèle, de repère. Aussi, il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit moi, et pas lui, qui gagne le troisième œil. La première fois que j’ai mise un pied ici, je ne devais pas avoir plus de quinze ans. Si mon père à toujours renifler avec humour en regardant l’endroit – accepter la magie et le destin, ce n’est pas à la porté de tous – il n’a jamais hésité à s’y engager. Pour Chief. Pour le sous-sol, parce que seul un homme de son gabarit serait jamais autorisé à approcher de la moto de collection de mon papa. De fait, si les deux premières années de visite au Troisième œil, c’est en direction des cartes et des secrets de l’univers que je m’élançais – curieuse de tout – il m’a suffit une seule visite au sous-sol avec mon père, pour changer d’avis. Pour comprendre. Savoir. Être encore un peu plus curieuse. Par chief, Abram. Celui à la poignée de main solide pour mon père et ne m’offrant rien qu’un petit grognement pour me saluer. Puis, avec les années, mes visites ont commencés à se modifier. Parfois avec papa, parfois sans. Avec des amies ou toute seule. Les doigts trainant contre les cristaux ou les fesses sagement posées sur une chaise, dans la terrible attente du destin. Puis, les pieds me guidant jusqu’en bas, l’enveloppe de papa en main. Abram à toujours exigé d’être payer en espèce sonnante – mon père n’y a jamais vu d’inconvénient. Moi non plus, surtout si j’avais la chance de pouvoir m’occuper de la livraison.

Ainsi, le chief de tous les autres est devenu mon « tonton Ab. » À son plus grand malheur – dans mes gloussements de jeune fille. La jupe souvent trop courte, la bouche en coeur et le regard presque racoleur. Si seilement je n’étais pas aussi sage, hein? Aussi adorable, hein? Ça ne l’a jamais dérangé, jamais réellement troublé, Abram. Parce qu’il ne touche pas les petites filles, parce qu’il à des scrupules. Oh, ça m’a toujours fait rire, qu’un grand gars comme lui, la prison de tatouée sur le front – une gueule à faire tout autant peur que mouiller les petites culottes de toutes mes copines – aient des élans nobles. Un code moral, vis-à-vis des filles. Des femmes. Évidemment, le fait que je sois la fille de l’un de ses clients les plus fidèles, n’aide certainement pas. Et si j’ai toujours été une fervante partisante de l’idée qu’on attire plus de mouche avec le miel que le vinaigre – ne suis-je d’ailleurs pas une reine des abeilles? Du miel plein la bouche et le ventre? La peau sucré et délicieuse – je n’ai jamais su être réellement sage avec lui. Jamais entièrement. Toujours partiellement malicieuse. Petite fille aux doigts gommants, aux regards collants. Ce n’est pas tant que je sois amoureuse de tonton Ab – dieu nous en préserve tous les deux – mais plutôt que j’ai toujours été curieuse. De lui. De ce qu’il dissimule sous ses airs revêches, son sourcillement familier dès que je lèche lentement ma sucette.

Aussi, aujourd’hui je joue la nostalgie. Moi qui n’ai pas visité tonton Ab depuis déjà une année toute ronde – la faute à mes études, à mes amours orageux avec Tyfy – je suis de retour dans son sous-sol. Une sucette à la bouche, un sourire peint sur les lèvres et les cheveux parfumés à la fraise. Il n’a évidemment pas changé, les mains sales, un linge toujours prêt à être sacrifié et ses sourcils froncés. Comme si la vie en soi l’emmerdait à simplement être – ou bien c’est moi, qu’il ne supporte pas. Impossible, tout le monde m’aime. Du moins, d’une façon ou d’une autre. Alors j’atteint la dernière marche de l’escalier en sautant, pour faire émerger ma sucette de mes lèvres. Saveur orange, aujourd’hui. « Bonjour tonton Ab! » le surnom lui arrache assurément une grimace, mais je n’hésite pas. Pas moi. Non, j’avance. Les doigts glissant contre le bord frais d’un mur, pour le rejoindre. Pour venir plaquer un baiser sonnant sur sa joue, et tant pis si pour ce faire je dois me hisser sur le bout de mes orteils. J’étire même le cou, pour le regarder – faisant comme si je ne savais pas qu’il a dès lors un angle imprenable sur mon décolleté. Oh, j’ai peut-être fait exprès d’enfiler un t-shirt au col très échancré. J’ai peut-être aussi oublié d’enfiler un soutien-gorge dessous. Peut-être. Mais je souris, toujours. Adorable petite fille, chargée à nouveau d’une enveloppe pleine d’encore plus adorable billet. Pour lui. De papa. Mais avant que nous ayons pu jouer un peu. « Ça faisait très longtemps que je n’étais pas venu ici… ça fait plaisir de voir que tu n’as rien changé. La décoration, c’est très changeant après tout » que je souffle d’une voix chantante. Joyeuse. « Comment vas-tu? Je t’ai manqué, tonton Ab? » Non, évidemment que non. Mais j’aime jouer avec lui. J’aime poser les questions qui le font soupirer.
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MessageSujet: Re: Try to do what lovers do {Meram}   Try to do what lovers do {Meram} EmptyLun 18 Sep - 14:54

T'as déjà tout vu, tout entendu, t'as rencontré toutes sortes de gens : les bons, les moins bons, les carrément mauvais, les propres sur eux et ceux qui baignent dans le sale, un peu comme toi. Le Troisième Œil, c'est ton repère, et c'est aussi depuis que t'es là que tu rencontres des personnes d'autres horizons : les croyants, les perchés, les sorciers, et les midinettes qui couinent devant les cristaux de Diamond. A la cave en revanche, t'as plutôt droit aux gars plus ou moins baraques, plus ou moins gangrenés par ton milieu. Des mecs comme toi, des mecs comme Ken, et les friqués. Genre Vilhjálmsson; typiquement le genre de mec qui sort jamais sans avoir enfilé une chemise et passé un coup de peigne dans sa tignasse. Ce même genre de type pour qui les cheveux gris paraissent plutôt d'un argent délicat - t'apprendrais même que ses dents étaient fausses que ça t'étonnerait pas tant que ça. Bref, un gars aux antipodes de ta petite personne.

Ça fait déjà quelques années qu'il vient te voir, ou que tu vas le voir, on s'en fout, ça revient au même. Mais voilà, c'est un gros client. Le genre de client qui peut te rapporter autant - voire plus - avec sa bécane de collection que ce que tu peux te faire avec ta meth. Une poule aux œufs d'or. Un poulet. Ou un coq, qu'importe. Et cette semaine justement, il t'a contacté, comme il le fait souvent, pour des questions d'entretien, tout bêtement; parce que son genre de bécane c'est un peu le Freddy Mercury de toutes les bécanes, elle en jette, elle vaut de l'or, et elle a soif d'amour. Amour qu'évidemment tu lui apportes régulièrement, en échange de quelques liasses. Fut un temps, c'était sa gamine qui jouait les pigeons voyageurs. Insupportable. Elle pouvait pas s'empêcher de mettre ses doigts humides partout, de semer ses papiers collants sur ton bureau, de faire la moue à chacune de ses phrases mielleuses. Et dit comme ça, on pourrait bien s'imaginer une enfant en bas âge, un bambin, ce genre de petites choses aussi mignonnes qu’exécrables... seulement Medbh avait déjà passé l'âge de l'adolescence depuis quelques années. Heureusement pour toi, ça faisait pas mal de temps qu'elle avait laissé le flambeau à son père. Peut-être qu'un type moins patient que toi l'avait buté à coups de pelle, qui sait ? Hormis le décès, ça aurait pu lui remettre les neurones en place...

Mais tu savais qu'il fallait pas parler de malheur - surtout à propos des nanas, même si elles étaient aussi chiantes que Gengis - parce que le karma était une chose à laquelle tu avais encore du mal à t'habituer, malgré ton passif de taulard. Et aujourd'hui, là, tout de suite, maintenant... le karma frappait le sol de la cave dans un écho effroyable. « Bonjour tonton Ab ! » Non. PKLAVI. C'est pas juste. Elle n'a pas le droit. Tu plisses les yeux, tentant vainement de rembobiner tes pensées morbides, de la rembobiner elle, afin qu'elle n'apparaisse pas dans ton champs de vision, mais c'est déjà trop tard et la voilà qui s'avance, elle et ses effluves fruitées. Tu ne lui offres pas un regard, trop occupé à bidouiller le moteur d'un autre client, lâchant à peine un grognement de salutations. « Hrmpf... 'lut. » Mais évidemment, la gamine en veut toujours plus et elle s'approche, te collant un baiser sucré contre la joue, dans les poils de ta barbe, et tes narines se dilatent d'agacement. « Ça faisait très longtemps que je n’étais pas venu ici… ça fait plaisir de voir que tu n’as rien changé. La décoration, c’est très changeant après tout. » Gneugneugneu... Tes muscles se tendent légèrement, mais t'as l'droit de rien dire. Parce que si tu la vexe elle, tu vexera aussi papa par extension. Quelle idée pour le coq d'avoir une poussinnette. Et quelle idée d'avoir les cheveux d'une couleur aussi criarde. « Comment vas-tu ? Je t’ai manqué, tonton Ab ? » Cette fois tu expires vivement, un rictus se peignant au coin de tes lèvres. Comme si tu n'avais pas remarqué que ses « seins » pointaient droit dans ta direction. « C'est Chief. Et ça allait, jusqu'à maintenant. » Tu hausses les sourcils et tes paupières se ferment. Mon dieu, rangez-moi ces piqûres d'insecte. C'est indécent.

Si sa présence suffit à t'agacer, tu te tournes pour ne plus avoir à croiser sa mine bien trop joyeuse. Tes mains trouvent clés et chiffons, les bruits du métal couvrent le son de sa voix, mais même le fer ne peut rien contre l'odeur d'orange qui émane de sa langue. Sourcils froncés, tu retrouves ses prunelles brillantes. Curieux. « Qu'est-ce que tu viens foutre ici ? » Sous-entendu : T'es revenue d'entre les morts après les coups de pelle ou comment ça se passe ? Parce que oui, t'as bien vu l'enveloppe entre ses mains, t'as bien compris qu'c'était jour de paye. Mais c'que tu comprends pas, c'est la raison pour laquelle elle a disparu, la raison pour laquelle elle revient. Pas que ça t'intéresse vraiment, mais t'aurais préféré qu'elle cède définitivement sa place à son père; dont les connaissances en bidouillage auraient au moins suffit à nourrir une réelle conversation entre adultes. Il avait beau te payer pour prendre soin de sa monture, les frais de baby-sitting n'étaient pas compris dans la petite cagnotte que tu te faisais mensuellement. « Ça t'a pris tout c'temps pour aller soigner tes caries ? » Question qui n'en était pas vraiment une. On appelle ça de la rhétorique, il paraît. Parce que quitte à devoir supporter ses élans d'affection, autant la faire chier un tout petit peu. Histoire qu'elle se redresse, ou qu'elle enfile un sweat, déjà.
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