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 ravitailler les coeurs (nurace)

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Nur Al Shaikhly

Nur Al Shaikhly
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MessageSujet: ravitailler les coeurs (nurace)   ravitailler les coeurs (nurace) EmptyMer 29 Mar - 0:08


L’eau tombe sur mon crâne et j’entends encore crépiter la musique un peu trop fort dans mes oreilles. Comme un feu d’artifice. J’adore les feux d’artifice. Quand l’écho se propage jusque dans les os, créant une vraie caisse de résonance. Ça explose, c’est grave et sourd. Ça enveloppe et pourfend en même temps. Comme les boom bass des soirées médecine. C’était y a quelques heures et j’le sens encore bien dans mes veines. Mais j’ai été sage et j’suis rentrée plus tôt que d’habitude. J’ai écouté Grace et on est rentrées chez mes parents. Parce que les épices d’orient s’amusent déjà à chatouiller nos narines. J’le sens aussi d’là. Les bouillons de viande et de légumes parfumés à l’advieh-e khoresh avec son curcuma mêlé de pétales de rose. Le fesenja et sa sauce à la grenade et aux noix. Les istikan qui attendent patiemment le thé noir trop fort et trop sucré et qu’on remplacera à la dernière minute par un chaï noomi basra... Parce que quoi qu’elle dise, ma mère a toujours de la lime d’Oman en réserve. Et une fois par mois, elle passe en cuisine, tente de tous nous réunir à une même table, -Grace inclus. Même si je la soupçonne souvent de faire ça pour Grace, ce que j’approuve totalement. Nous vouons certainement la même admiration pour cette fille et cette soeur. Si elle avait pu l’adopter, elle l’aurait probablement fait. Et ma mère excelle dans l’art d’appâter les gens. La preuve : on est là, avec des heures de stage, de révision, de taff et de fêtes dans les pieds et les neurones, et trop peu de sommeil sur nos peaux. On n’a jamais assez dormi de toute façon. Vous dormirez quand vous aurez fait votre part et que vous serez morts., ajouterait le grand-père que je n’ai pas assez connu.
En sortant d’la douche, séchée, presque habillée, j’ai tout de même qu’une envie : me ruer sur mon lit et grappiller encore quelques minutes de songe. Mais à la place, il y a une vision. Grace sur mon lit. Un soleil de fin de matinée picorant sa silhouette en perçant à travers les rideaux. Y a quelque chose qui m’serre doucement le coeur et c’est pas désagréable. Alors je me rue sur ma soeur de coeur, la forçant à lâcher téléphone ou livre, peu importe ce qu’elle tenait dans les mains. Il n’y a qu’avec elle et seulement à ce moment précis qui fleure la ritournelle et les rituels, que je suis aussi câline. Dans l’fond, j’cherche peut-être à lui rendre ce qu’elle donne à tous les autres. C’est souvent comme ça que nos deux gamines intérieures finissent emmêlées, avec des projets plein la tête. Mais pour l’instant, j’me suis juste étalée en travers de ses jambes, tête sur ses cuisses, le soupir d’aise quittant déjà ma poitrine. Comme si elle m’avait manqué alors qu’on a passé une bonne partie de la nuit ensemble et qu’on a arpenté ensemble les couloirs de l’hôpital hier. J’sais pas comment elle tient. J’sais pas comment elle donne autant. Elle arrive à me complexer et m’faire douter de ma propre volonté parfois. Mais le sentiment est vite contrebalancé. Par les connaissances absolues ingurgitées depuis les bouquins, par les sciences du terrain distillées par Grace et ses collègues infirmières. Par le quotidien qui ne s’arrête que rarement de tourbillonner à l’exception de maintenant.
C’est sûr qu’on s’sentait seules avec ma mère. La gente masculine est en force au domicile Al Shaikhly. Et mes trois grand-frères ne se donnent aucun mal pour me le rappeler. Tellement prévisible que je sais d’avance lequel va venir toquer à la porte de ma chambre dans trois, deux, un : Reza. Autre fan de l’irlandaise, il croit qu’il a ses chances et vient donc minauder trop poliment. C’est triste à voir. “Oui oui c’est ça. Repasse plus tard.” J’ai pas écouté. Grace certainement. Et lui a esquivé l’oreiller que je lui dédiais, en claquant soudainement la porte derrière lui. Kids. Plus tard, il piaillera parce que je me garde Grace pour moi toute seule, même quand elle est là. Bah oui et alors ? C’est pas comme si j’allais essayer de les protéger. Chasses gardées. Jeiran est ensuite passé sans s’annoncer pour récupérer un bouquin. Et finalement, c’est la voix maternelle qui résonne pour rappeler de ne pas faire les idiots aujourd’hui et que le repas serait prêt dans une heure. En quelques mots et même à distance, étouffé par le béton, il y a toujours l’agile autorité qui perce. De ceux qui disent “je vous ordonne de vous asseoir et de faire comme chez vous”. Ça m’fait sourire. “J’sais pas, finalement, c’est peut-être à la coloc que c’est l’plus calme...” C’est faux, mais c’est pas l’même bazar quand tout le monde est là au même moment. “D’ailleurs, t’as réfléchi à ma proposition ? De venir à la coloc toi aussi ? On se serrera. Et j’suis certaine que ça ne dérangera pas non plus Zoé de partager son lit avec toi de temps à autre.” J’lui fais les yeux doux tout de suite ou pas ?
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MessageSujet: Re: ravitailler les coeurs (nurace)   ravitailler les coeurs (nurace) EmptyLun 17 Avr - 15:02

Elle rêve. Un tourbillon de couleurs imprimées en négatif derrière ses paupières, les paupières qu'ignorent que le soleil est déjà bien parti sur sa lancée. Elle sent seulement la chaleur des couvertures familières, et l'énergie qu'émane du corps plombé de fatigue à côté d'elle. Morphée les couvre d'un autre plaid, qui sait, peut-être qu'elles auraient froid sinon. Nur et Grace. Étalées tout du long, en travers du matelas, un pied qui dépasse et l'autre collé contre la jambe de sa voisine. Et elle rêve. Une béatitude qui pèse sur sa poitrine et apaise le souffle. Elle est bien – elle a toujours été bien ici. Bien reçue, bien accueillie, bien nourrie. Et puis d'un repas à un autre, d'une invitation qui traîne les heures en jours, c'était devenu tradition. Chose à ne pas manquer. Convoi exceptionnel. Elle aurait été contente avec un bout de pain, et on lui balançait un festin toutes les semaines. Al Shaikhly, ou le nom de famille qu'elle pourrait facilement raccrocher au sien si seulement on lui offrait un fil d'or et une aiguille. Mais il y avait jamais le temps pour la couture, tout juste de quoi sortir comme elles l'avaient fait la veille. Elle et ses rondes à l'hôpital, Nur et le stage qui se faisait plomb dans ses chaussures. Dans son sommeil, elle se retourne, agrippe son téléphone pour afficher l'heure. Et Dieu dit, que la lumière soit, et la lumière fût plein centre dans ses rétines. « Nur » Elle grince encore des dents et plisse toujours des yeux. Elle sort du rêve, les aquarelles artificielles dansent sur la silhouette endormie de son amie. Sa sœur. Tout comme, c'est qu'un détail. « Nur, la douche » Elle pointe une main lâche vers la porte, elle suppose la porte, elle voit pas la porte. Parce qu'elle vient de refermer les yeux une seconde, puis une minute, presque une heure. Elle veut rester comme ça, elle veut gâcher son jour de repos à dormir indécemment. Mais elle finit par se lever, le flanc qui s'écrase sur le bord du lit et le pas lourd de sommeil. Elle a entendu les chaussures au delà de la chambre. Déjà, elle imagine la mère de Nur s'activer aux fourneaux, et Reza faire les aller-retours pour monter sa prochaine tentative. Elle sourit. Il fallait attribuer des points pour la persévérance et l'imagination. A moitié éveillée, elle traîne les pieds vers la salle de bains, tourne le robinet et laisse l'eau couler sur son dos. Elle sent toute la fatigue de la soirée s'échapper dans le siphon et dans les nœuds qui se délient le long de sa colonne. Rapidement, elle coupe l'eau et enfile le pantalon de la veille, et un des t-shirts de Nur qu'elle trouve posé là. Ou peut-être qu'il s'agit du sien, ou c'est bien à Nur, ou ça a tellement défilé entre les deux que ça a perdu tout sens de nommer un propriétaire attitré. « Nur, ta mère est debout depuis presque trois heures, si tu prends pas ta douche je vais devoir amener la douche à toi » qu'elle chuchote en revenant dans la chambre. Elle lui lance une serviette propre au passage avant de se poser en tailleur sur le lit. Y a les cheveux qui gouttent sur l'oreiller et les bâillements qui dérobent son attention à chaque fois qu'elle essaie de vérifier les nouvelles sur son téléphone. Un autre attentat. Un autre scandale au pétrole. Triste monde. Elle se perd entre les photos de ruines et de mazout sur la plage au point de louper le retour de Nur, douchée et habillée. Et surtout affalée sur ses cuisses en moins de deux. « Mieux comme ça ? » Elle s'amuse de la voir à l'envers, un espèce de sourire posé comme ça au hasard. Et elle belle, elle se demande comment l'univers peut balancer autant d'horreurs sans se soucier d'envoyer plus de Nur pour équilibrer le ratio. Comme prévu, Reza fait une brève apparition. Jeiran suit alors que la porte vient de claquer, et tout ce qu'elle voit c'est la similitude avec ses propres frères et sœurs. Et l'oreiller qui s'est pris le mur au lieu du frère. « J’sais pas, finalement, c’est peut-être à la coloc que c’est l’plus calme...  » Distraitement, elle passe une main dans les longs cheveux bruns. « Visualise encore une fois tes colocs, et essaie de me redire ça. » Artie, Noa, Bo, Zoé, et elle veut vraiment lui faire croire que c'est plus calme ? Ça cuisine peut-être pas aussi bien, d'une. Elle a l’estomac qui gronde de savoir le repas dans une heure seulement. « D’ailleurs, t’as réfléchi à ma proposition ? De venir à la coloc toi aussi ? On se serrera. Et j’suis certaine que ça ne dérangera pas non plus Zoé de partager son lit avec toi de temps à autre. » Pourquoi Zoé. Pourquoi cette question. Pourquoi le rouge qui lui monte aux joues soudainement. « J'sais pas si je survivrai à vos vengeances permanentes. C'était quoi la dernière fois, une histoire de culotte ? » Elle soupire. Si ça tenait pas à sa famille … Mais y a encore Eoin, et Maebh, puis Bucky. Bucky. Qu'est-ce qu'il ferait sans elle ? « Là c'est bien,  pourquoi je voudrais aller autre part ? »
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MessageSujet: Re: ravitailler les coeurs (nurace)   ravitailler les coeurs (nurace) EmptyJeu 11 Mai - 12:32


Mieux comme ça ?” Je pivote légèrement avec un sourire incrusté sur les lèvres et dans l’idée de lui jeter dans les yeux que “Terriblement mieux. Indispensable même.”. Oui c’est primordial à mon équilibre tout ça, ce moment avec elle. Aussi déraisonnables que nous sommes... Grace et Nur, faut qu’on s’retrouve seules avec nous-mêmes de temps en temps. Sinon les funambules vacillent trop sur terre. Même si la tranquillité de leurs âmes est vite bousculée par la famille bouillonnante. Reza, puis Jeiran. Toujours les mêmes. Celui qui rêve trop. Celui qui pense trop. Y a une p’tite tendance à l’excès par ici. Et je ronchonne gentiment dans l’espoir que ça nous laissera en paix. Je chiffonne mes mots pour lui faire croire qu’à la coloc c’est pas comme ça. Mais elle sait pertinemment que c’est pire. “Visualise encore une fois tes colocs, et essaie de me redire ça.” Sa caresse dans mes cheveux berce mes yeux qui se ferment un instant sous la sensation. Sourire. “Touché. Et puis c’est moi qui tente de la toucher en lui proposant pour la centième fois peut-être de venir à la coloc, non sans louper d’appuyer là où c’est sensible : Zoé pour qui ça crush et crash dans la cage d’os de Grace. Il y a une nuance vive qui vient saupoudrer sa peau de lait. Et moi je souris bêtement. Elle est si pure. J’adore la voir comme ça. “J'sais pas si je survivrai à vos vengeances permanentes. C'était quoi la dernière fois, une histoire de culotte ?” Je lève les yeux au ciel et laisse une moue boudeuse s’installer sur mon visage alors que je me retourne sur le ventre et m’étale un peu plus sur ses cuisses. “C’est pas moi j’ai rien fait...” Et y a eu bien pire. C’est vrai que ça la fatiguerait peut-être tout ça. Et puis il y a sa famille à elle, sa vraie famille. Je les adore aussi. Ils font partie de mon univers comme la mienne fait partie du sien. Mais de toute façon, on gravite dans le même donc peu importe. “Là c'est bien, pourquoi je voudrais aller autre part ?” Je hume en guise de réponse, les pieds battants dans l’air comme une gamine. Parce que sa voix ressemble à du miel sur mon être. Ça soigne et ça protège tant Grace enrobe les gens de douceur rien que par sa présence. Ou alors c’est juste moi qui ai trop pris l’habitude de me rouler dedans.
Mes yeux se posent sur une photo de nous deux il y a quelques années. On ne se souvient même pas de quand ma mère l’a prise, trop concentrées sur la carte du monde qu’on redessinait de nos petits doigts -même si en réalité, la map monde se voyait occultée de quelques continents à cause de nos fesses échouées dessus. Où est-ce qu’on devait aller en premier déjà ? Je me redresse et vais récupérer la dite-photo avant de me jeter à nouveau sur le lit. Mais cette fois je finis sur le dos à côté de Grace qui tombe à la renverse. “Tu te souviens de cette journée ?”, dis-je bras tendus vers le plafond, souvenir au bout des doigts. Ma tête dodeline contre l’oreiller et se vrille souvent vers elle comme si une partition qui n’appartenait qu’à ces deux soeurs allait nous attacher un peu plus. “J’crois qu’on préparait déjà nos bagages. Tu jugeais que j’avais prévu trop de bonbons mais je reste persuadée d’avoir très bien estimée les quantités.” Non mais. J’ai toujours raison, c’est bien connu. Et puis au pire, on en aurait donné sur place. “Par contre, toi et ta montagne de chaussettes, j’suis toujours pas sûre tu sais...” Mon rire est interrompu par un gargouillement monstrueux. C’est toujours comme ça les lendemain de soirée, j’pourrais manger le double de mon poids plus deux Grace aussi. “Ça te dit qu’on aille aider ma mère ?” Ou plutôt, piquer dans les plats avant qu’ils ne soient servis. J’ai trop hâte. J’ai trop faim. Et franchement, je pèse ma chance. D’avoir été adoptée par cette famille qui me donne tout ce que je demande et plus. Ce sentiment de faim, je m’en souviens à peine, ça s’estompe et ça revient en flash. Comme les premières bombes et les premières évacuations de l’orphelinat à Bagdad au début de la guerre d’Irak. Ils m’ont sortis de là juste avant que ça ne s’envenime. Donc ouais j’ai pleinement conscience de ma chance et j’ai pas l’intention de la gâcher.
Même si nos deux squelettes mettent un peu de temps à se délier, à se remuer (parce qu’il faut bien profiter du confort moelleux de mon lit encore un peu), on finit par migrer en cuisine. Les mains déjà baladeuses, je regarde pas tout de suite mon téléphone quand celui-ci et celui de Grace bipent à l’unisson (true love 8D). À cet instant, ça me passe au-dessus. Loin de moi l’envie de percer la bulle qui nous unit en nous reconnectant à la réalité...
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MessageSujet: Re: ravitailler les coeurs (nurace)   ravitailler les coeurs (nurace) EmptyLun 5 Juin - 17:11


Là, c'est bien. Là, c'est réconfortant comme une grande tasse de thé fumante, une pointe de sucre, et l'assiette de biscuits à côté. Grace joue avec les cheveux de Nur sous ses doigts, les cheveux qu'elle a toujours gentiment jalousé. Bruns comme elle est blonde. Elle aime le contraste, comme celui de leur peau. L'été et l'hiver, le chaud et le froid, autant de différences qui finissent par se mélanger mieux qu'avec n'importe quelle autre personne dans son entourage. Et elle en aime d'autres, jamais comme elle aime Nur. Nur et ses cheveux, et sa peau, et sa voix, et les couleurs qui tintent ses pensées mieux que les vitraux de son église, et la chaleur qui anime chacune de ses actions. Et elle en aime d'autres, mais les autres ne sont pas sa meilleure amie. Elle le réalise encore une fois alors que Nur prend une seconde pour récupérer une vieille photo, avant de s'étaler tout du long à côté d'elle. La chute l'entraîne, et elle se décale pour retrouver leur proximité. Des pieds à la tête, soudées à vie. « Tu te souviens de cette journée ? » Il n'y a pas de date sur la photographie. Juste deux gamines, des étoiles pleins les yeux, et les doigts pleins la map monde. Ça la fait sourire, et d'un coup, là, c'est encore mieux. « Comme si c'était hier. » Et ça aurait pu être hier, elle reconnaît les expressions sur les visages. Les sourires simples, le lien infaillible qui les unit. Elles allaient faire le tour du monde, un jour. La logistique était pas précise, mais ça devait se faire. Elles allaient voyager plus loin, rêver plus grand, respirer plus pur, voler plus haut. Parce que s'il y a de la magie dans ce monde, c'est tout pour Nur. C'est tout en elle. C'est impossible, elle ne peut pas être la seule à voir comment ça brille aux bout de ses doigts de fée. « J’crois qu’on préparait déjà nos bagages. Tu jugeais que j’avais prévu trop de bonbons mais je reste persuadée d’avoir très bien estimée les quantités. » Et elle restera persuadée du contraire pour les vingts prochaines années à venir. La tête inlassablement attirée par le regard de Nur, elle feint le choc, bouche entrouverte et front plissé. Elle, tort ? Jamais de la vie. C'est elle, Nur Tort Al Shaikhly. La gravité la fait se coller contre son flanc un peu plus. « Tu partais pas pour faire dentiste, c'est sûr. On serait morte avant même de voyager avec une quantité pareil dans le ventre, tu le réalises maintenant, non ? » A l'instant présent, elle dirait pas non à une dose pareil de sucre. Elle sent le sommeil qui tient bon, et Morphée qui jalouse de leur relation. M'oublie pas, que lui crie l'oreiller. Elle oublie pas, y a les yeux qui bataillent contre les cils de plomb. Lourds, tellement lourds... « Par contre, toi et ta montagne de chaussettes, j’suis toujours pas sûre tu sais... »  Elle veut lui répondre que c'était pour conjurer le mauvais sort des chaussettes qui disparaissent en machine, alors qu'en vérité, elle avait juste peur de manquer. L'effet famille nombreuse. Y avait autre chose aussi, une logique enfantine toute bête. Plus sa mère mettait de paires de chaussettes dans son sac à dos, plus nombreuses étaient les nuits chez Nur. Si ça tenait qu'à ça, elle était prête à empaqueter l'équivalent d'un rayon sous-vêtements. Combien de soirées est-ce qu'elle gagnait avec ça. « Eh. On sous-estime toujours trop les chaussettes, je te le dis. Ça tient chaud, c'est beau – des fois. Et ça fait pas mal au ventre et aux dents comme tes bonbons. Le point est de mon côté, sweetie. N'essaie pas de me le retirer. » Elle se love tout contre Nur, rit d'entendre le grognement le plus sonore de la terre secouer son estomac. « Ça te dit qu’on aille aider ma mère ? » Oui, mille fois oui. Elle s'étire longuement, mais ça ne fonctionne pas. Elle réitère, même chance. Ça sonne l'abandon. « Toi la première. Je te suis. » Dans une seconde, une minute, ou mille ans. C'est une éternité qui file avant qu'elles n'arrivent à traîner leurs corps fatigués jusqu'à la cuisine. Elle salue la mère de Nur d'une signe de la main, l'autre étant trop occupée à écraser le reste de somnolence sous ses paupières. « Bonjour ! Ça sent super bon, comme d'habitude. » C'est au tour de son ventre de s'exprimer, la multitude des plats présents viennent de remonter l'appétit à la surface. Elle pourrait tout manger – elle peut tout manger ? Elle goûtera à tout, c'est sûr. Les mauvaises habitudes ne meurent pas facilement. Un téléphone sonne. Elle arque un sourcil. « C'est le tien ou le mien ? » C'est les deux ? « Excusez-moi » qu'elle adresse à la mère et la fille avant de sortir le portable de sa poche arrière. Un message de Zoé. Elle a le cœur qui s'emballe. C'est pour pas dire qui dégringole quand elle parcourt les quelques lignes. C'est vague, c'est incompréhensible. Il faut déglutir trois fois avant de réussir à produire un son potable. « Nur. Tu m'expliques ? Tu savais ? » et elle brandit l'écran devant sa sœur.
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MessageSujet: Re: ravitailler les coeurs (nurace)   ravitailler les coeurs (nurace) EmptyVen 9 Juin - 16:11


Gngngngn. “Une overdose de sucre c’est une belle mort je pense.” Succulente même. En fait non. Mais chut. Re-gngngngn. D’accord d’accord. J’entends l’argument des chaussettes. C’est surtout son rire et son contact magnétique qui achèvent de me convaincre. Parce que je lui cèderais tout à Grace. C’est ma faille, ma faiblesse, ma favorite. Et je n’ai aucun scrupule à le penser, à la préférer elle à d’autres. L’envie de lui accorder tous ses voeux, de la gâter plus que les autres. C’est pour ça que je ne dis rien quand elle m’invite à descendre la première et que mes yeux s’accrochent à sa fatigue. “Prends ton temps.T’en fais trop. Que je devrais lui dire. Encore. Reines de l’excès. C’est aussi pour ça qu’on se retrouve. Si je reste plus longtemps à errer dans l’hôpital, c’est par obstination certes, mais aussi parce que je sais qu’elle est là à trimer. Je ne sais pas si je la pousse d’une quelconque façon à rester dans l’action, mais c’est le cas pour moi. Sa présence me motive. Peut-être aussi… dans l’fond, pour que j’ai l’droit de rester à ses côtés, à sa hauteur. Grace et sa vertu. Grace et sa douceur. Grace et sa générosité sans fond. Ce que je ne suis pas. Ce que je n’ai pas totalement mais que je jalouse certainement. Dans le bon sens. C’est une admiration sans pareille que je lui voue. Presque la même que celle que je voue à ma mère adoptive. Talia. C’qu’elle est belle. Pas parce qu’elle maîtrise son royaume de saveurs comme personne -ma mère ne cuisine qu’une fois par mois, pour ce repas précisément. Mais parce qu’elle a la force et la dignité de résister à tout. J’en suis persuadée. Je lui glisse un petit mot affectueux en arabe avant de l’embrasser sur la joue tout en volant déjà dans un des plats. La réprimande tombe vite avec la claque sur la main, alors qu’elle salue Grace chaleureusement. Grace ne le voit peut-être pas, mais dans le regard de ma mère, je vois la satisfaction sucrée d’avoir “ses filles” à la maison. Quand l’estomac de Grace s’exprime enfin, Talia ne rate pas l’occasion de lui glisser une datte entre les mains. “Mange mon petit.” Je feins d’être offusquée par la préférence évidente mais elle se rue sur moi pour imposer un câlin dégoulinant d’affection maternelle. Je grogne pour le principe. Jusqu’à ce qu’elle me donne aussi de quoi patienter. C’est à ce moment là que le bip caractéristique résonne. “Les deux.”, que je réponds tout de suite, sans pour autant y jeter un oeil, concentrée sur les gestes de ma mère et ce qui se passe dans les casseroles. Mais j’ai bien senti mon téléphone vibrer sur ma fesse. Grace s’excuse de sortir son téléphone et mes mains se baladent entre les épices que je connais si bien. Ça fait longtemps qu’on n’a pas cuisiné rien que toutes les deux, entre mère et fille. C’est elle qui m’a tout appris, ça me manque soudainement. Avec nos rythmes de vie et ceux de mes parents souvent en déplacement, c’est déjà une chance que ce repas mensuel se fasse. “Nur.” La voix de la blonde me tire de ma rêverie et je lève les yeux vers elle, vers l’écran qu’elle me montre. “Tu m'expliques ? Tu savais ?” Je me rapproche pour mieux lire et fronce immédiatement les sourcils. Je sors finalement mon téléphone pour réaliser que Zoé vient de nous envoyer le même message. Mes épaules tombent et mes nerfs se crispent jusque dans mon visage. “Non. C’est quoi ce délire ?” Pour résumer : ma coloc’, le premier amour de Grace, sort de nos vies. Juste comme ça. Par sms. Ça faisait deux semaines qu’elle était partie voir de la famille à l’autre bout du pays. Et elle nous annonce qu’elle ne rentrera pas. Que mieux… Si on pouvait lui empaqueter ses affaires et les lui envoyer, ça serait parfait. “Depuis quand on se tire comme ça, sans plus d’explications ?!” Je sens l’attention de ma mère couler dans mon dos. Je lui précise que ça concerne Zoé. C’est vrai quoi ? On ne sait pas si il y a eu un problème avec sa famille ou si c’est tout autre chose. Et elle largue ça par sms, sans prendre la peine de passer un coup de fil. On représentait quoi exactement pour elle ? Si je me sens trahie, si la déception et l’incompréhension jouent du coude à coude dans mon coeur, je ne peux pas imaginer ce qui submerge Grace. D’autant que nous avons exactement le même message, à peu de choses près. Alors qu’elle et Grace se connaissent presque depuis aussi longtemps que ma soeur et moi. Y a ces fichues émotions qui vibrent au bord de mes cils quand je rive mes yeux à ceux de Grace. “Excuse-nous maman.” Ça sort plus froidement que je ne l’aurais voulu. Mais les deux femmes dans la pièce savent que ce stoïcisme ne tiendra pas longtemps la colère qui boue déjà comme du magma. J’agrippe la main de ma meilleure amie et l’entraîne à nouveau vers ma chambre. “Faut essayer de l’appeler.Si ça vient de toi Grace, elle répondra forcément. Putain j’espère, sinon… Sinon quoi ?
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