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 Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny

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MessageSujet: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyMer 5 Avr - 4:07



Are you coming to get me now?
Lenny & Ariel
Can anybody help? Can't you hear my call? Are you coming to get me now? I've been waiting for you to come rescue me. I need you to hold. All of the sadness I cannot live with inside of me.

Tout vacille autour de moi, alors je n’ose pas me relever. Ma tête est trop lourde, trop douloureuse, je préfère attendre un peu. Encore un peu. Quitte à perdre la notion du temps, à laisser les heures défiler. Parce que je ne pourrais pas rentrer dans cet état de toute façon, je ne suis pas sûr de trouver le chemin du retour. Je me sens trop désorienté, trop affaibli aussi. Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi, je suis venu vendre ma poussière de fée dans ce quartier ? J’avais besoin d’argent, voilà pourquoi. Mais ici, ce n’est pas mon territoire habituel. Et les habitués n’ont pas apprécié que je vienne empiéter sur leur royaume. Alors ils m’ont fait passer le message… A coup de poings. C’est douloureux, bien sûr. Mais je pense aux sachets qu’ils m’ont dérobé, comme un trophée, une punition supplémentaire. Cette came, elle devait me nourrir cette semaine. Avec, j’aurais pu tenir quelques jours, m’acheter une nouvelle veste aussi. Mais il ne reste que du vent et la douleur qui me vrille le crâne. Chaque mouvement m’arrache un gémissement et je me demande si je n’ai pas une ou deux côtes cassées. Mais peu importe. M’apitoyer sur mon sort ne m’aidera pas à sortir de là. Pour être honnête, je ne sais même pas où je suis… Quand ils m’ont entrainé dans ce bâtiment, je n’ai pas eu le temps de mémoriser le trajet, j’étais bien trop occupé à me débattre, à esquiver les coups. Comme si j’avais une chance de leur échapper. Comme si mon destin n’était pas déjà tout tracé. En même temps, j’ai toujours eu un de ces talents pour me foutre dans la merde. C’est presque inné chez moi. Mais tant que je n’entraîne personne dans ma chute, tant qu’il n’y a pas de dommage collatéral, je n’ai pas à me sentir coupable, à ressasser mes erreurs. Donc on peut dire qu’aujourd’hui est une bonne journée en fin de compte. Je ruine ma vie tout seul, comme un grand !

Mon portable vibre avec insistance dans ma poche. Qui peut bien m’appeler alors que je suis sourd et qu’il est évident que je ne pourrais pas entendre ce que la personne veut me dire ? Intrigué, je me contorsionne difficilement afin de vérifier qu’il s’agit bien d’un numéro inconnu. Mais lorsque mon regard se pose enfin sur  l’écran, c’est le nom de Lenny qui apparaît. Immédiatement, je regarde l’heure qui s’affiche juste au-dessus. « Merde… » Bien sûr, j’ai raté notre rendez-vous avec toutes ces conneries. Et il doit s’inquiéter de ne pas me voir débarquer alors que je ne rate jamais les cours qu’il me donne. C’est important pour moi, bien plus que je ne veux bien l’admettre. Et sans réfléchir, je décroche, sachant très bien que je ne peux pourtant pas prendre cet appel. « Lenny, écoute moi, je ne peux pas t’entendre tu le sais bien… » J’ignore s’il a entendu ce que j'ai dit ou si j’ai parlé en même temps que lui, alors je répète. « Je ne peux pas t’entendre… » Sur ces mots, je tente de me redresser légèrement, mais le moindre mouvement réveille la douleur et un grognement s’échappe de mes lèvres. S’il m’a entendu, il doit se poser tout un tas de questions alors je m’empresse d'ajouter. « Ne t’inquiète pas, je vais bien, mais je suis en retard… Je suis désolé, Lenny. Je… J’ai fait une connerie, je ne sais pas exactement où je suis, je vais t’envoyer ma position par message. J’aimerais que tu viennes m’aider. J’ai besoin de quelques pansements et de quelqu’un qui m’aide à me redresser. Tu peux faire ça ? Je n’entendrais pas ta réponse, alors tu n’auras qu’à répondre à mon SMS, d’accord ? »  J’aimerais pouvoir entendre sa voix à cet instant, pouvoir rassurer ses inquiétudes. Parce que même si je ne peux pas l’entendre, je sais qu’il doit être en train de paniquer. Alors je fais de mon mieux pour ne pas qu’il s’imagine le pire. « J’ai juste pris quelques coups parce que je trainais dans le mauvais quartier, rien de grave. Ne panique pas… » Sur ces mots, je raccroche sans attendre. Parce que si je perds trop de temps à lui expliquer, il ne pourra pas me trouver avant la nuit et je ne veux pas me retrouver dans ce bâtiment abandonné en pleine nuit sans personne à mes côtés… D’autant plus que Lenny ne serait pas plus rassuré que moi à l’idée de trainer dans le quartier à une heure tardive.

Comme promis, je lance l’application pour me géolocaliser et après avoir fait une capture d’écran, je lui envoie par message. Après une légère hésitation, je lui précise que s’il ne veut pas venir, je demanderais à quelqu’un d’autre. Lenny n’est peut-être pas le plus courageux d’entre nous, mais je sais que s’il accepte, il pourra me sortir de là. Je n’ai pas besoin de quelqu’un qui sache se battre, j’ai simplement besoin d’une main tendue pour m’aider à rentrer à la maison. Et lorsque mon téléphone vibre à nouveau, je n’ai pas besoin de regarder l’écran pour savoir qu’il viendra. Ou peut-être que je veux simplement que ce soit lui qui vienne panser mes plaies. Peut-être que oui, au fond, j’aimerais qu’il me voit autrement, et ne pas seulement être le gamin un peu perdu à qui il donne des cours.

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Dernière édition par Ariel Madden le Ven 7 Avr - 1:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyVen 7 Avr - 1:12

Il est arrivé quelque chose à Ariel. Lenny pense toujours au pire, il ne peut pas s’en empêcher. C’est une mauvaise idée, de se soucier des autres dans un environnement pareil, de se demander où ils passent leurs journées, ce qu’ils font, s’ils sont en sécurité. Ils ne sont en sécurité nulle part, des gamins qui traînent, sans défense à part leurs poings. Ça ne sert pas à grand-chose contre une bande, c’est même franchement inutile, et il en a déjà vu certains revenir dans un sale état, Lenny, avec leurs yeux au beurre noir, leurs ecchymoses et leurs coupures. Ce n’est pas comptable ou avocat qu’il devrait être, mais infirmier, pour panser toutes leurs blessures. Il est bien le seul à ne pas écoper de bleus à chaque sortie, l’université est plus sûre, malgré les sportifs lourdingues qui lui balancent une cannette à la figure, de temps en temps, comme une réminiscence des vieilles années de secondaire où il ne se passait pas un jour sans qu’on ne le persécute un peu, juste pour rigoler. Il se sent mal, assis sur le canapé, tout seul, dans l’appartement vidé de tous ses occupants, surtout avec cette place désespérément vide à côté de lui. Il craignait déjà le pire après cinq minutes de retard. Maintenant, les minutes s’égrènent, dix, quinze, vingt, trente, il sert le livre d’algèbre qu’il a sur les genoux entre ses doigts tremblants, complètement démuni. Ariel ne serait pas en retard à un de ses cours. Pas autant. Il n’oublierait pas, non plus, il prend ça très à cœur, plus à cœur que n’importe quel autre lost boy, et c’est lui-même qui a demandé à Lenny de l’aider à comprendre ce passage épineux du programme scolaire en mathématiques. Le livre tombe par terre. Trop nerveux, il l’a laissé tomber. Slight le regarde fixement, une éternité, lui semble-t-il, avant de dégainer son téléphone portable et de faire défiler son répertoire. Pas très loin, évidemment, parce qu’il n’a pas énormément de numéros – ou pas énormément d’amis, c’est selon – et qu’Ariel commence par un A. Il ne réfléchit pas, en vérité, quand il appuie sur appeler plutôt que sur envoyer un message, trop paniqué pour se rappeler qu’Ariel est sourd et que l’appeler ne sert à rien puisqu’il ne l’entendra pas. Il perd tous ses moyens quand il a l’impression que quelqu’un qu’il aime est en danger. Comme s’il ne savait plus rien. Ça date de l’arrestation de sa mère, des policiers qui déboulent dans le deux-pièces du Bronx et qui emmènent Darja loin. Il a toujours peur que des flics enfoncent la porte pour lui annoncer la pire des nouvelles. Même s’il suppose qu’ils ne détruisent pas de portes pour venir déclarer un décès.

« ARIEL, OÙ ES-TU, TU ES EN VIE ? » S’il répond, il présume que oui, c’est plutôt bon signe. Il ne crie pas pour qu’il l’entende, non, seulement parce qu’il est débout en train de tourner en rond et qu’il ne réalise qu’au moment où Ariel le lui dit. Il se mord la langue pour ne pas hurler d’autres questions, du genre tu vas bien ? dis-moi que tu vas bien, Ariel n’entendra pas, ni ses paroles, ni l’angoisse dans sa voix. Alors il écoute, et il a envie de pleurer, de soulagement et de peur, parce qu’Ariel lui dit qu’il va bien, mais il a pris des coups et il lui faut des pansements. C’est idiot, tellement idiot, de dire qu’on va bien quand on s’est fait tabasser par des types qui font deux fois sa largeur, mais Ariel doit savoir que Lenny n’aurait pas pu supporter sans ça. Il raccroche, toujours fébrile, tremblotant, prend une poche de froid dans le frigo qu’il enroule dans un essuie pour conserver sa fraîcheur plus longtemps, attrape une boîte de sparadraps, une bouteille d’eau et du désinfectant, fourre tout dans son sac à dos avant d’enfiler sa veste. Il est déjà tard et il n’aime pas sortir le soir, mais il le faut, cette fois, pas le choix. Il regarde son téléphone, enregistre la position d’Ariel dans un recoin de son cerveau et lui envoie un j’arrive tout de suite, ne t’en fais pas. Il est à peu près certain de plus s’en faire qu’Ariel, alors que ce n’est pas lui le blessé.

Il déteste ce quartier. Il avance tête baissée, la capuche de son sweat relevée pour ne pas qu’on voie sa tête de gamin paumé. Il flippe. Il flippe grave, il se retient de sursauter à chaque éclat de voix qu’il perçoit, ne se retourne pas, ne dévie pas de son chemin pour ne pas attirer l’attention, jetant quelques coups d’œil sur son GSM pour s’assurer de sa direction. Il sait assez bien où il va, il a un sens de l’orientation en béton, Lenny. Il aurait dû devenir scout, en vérité, il aurait excellé là-dedans. Ça lui aurait plu, sans doute, d’aider les grands-mères et de chanter autour d’un feu de camp. Oui, lui aussi il aimerait que son cerveau arrête de penser, parfois. Il se retrouve dans un bâtiment désaffecté, ouvre la bouche pour crier après Ariel, la referme aussitôt. Il va devoir se débrouiller tout seul, sur ce coup-là. Il ne met pas très longtemps à le trouver, heureusement, et il n’a pas le temps de comprendre qu’il est déjà à genoux devant Ariel à lui lancer un regard terrorisé tandis qu’il essaye de se souvenir de comment signer où est-ce le plus douloureux ? Il a appris à signer pour Ariel. Evidemment. C’est Slight. Il ne gère pas encore très bien, s’emmêle les pinceaux parfois, mais il continue d’apprendre sans se décourager. Encore une fois. C’est Slight. Mais là, il tremble, il n’arrive pas à se concentrer, il fait n’importe quoi et il a les larmes aux yeux, qui lui brouillent trop la vue pour qu’il puisse garder un semblant de sang-froid. « Je suis désolé. Je ne me souviens plus des signes. » Il articule correctement, bien en face, même s’il a du mal à ne pas détourner le visage devant un Ariel couvert de bleus et à ne pas baisser la tête parce qu’il s’en veut épouvantablement. « J’ai apporté de quoi m’occuper de toi », il déballe le contenu de son sac avant de continuer, en regardant à nouveau Ariel, « il faut que tu me dises où tu as très mal. Tu penses que tu as quelque chose de cassé ? » Il tend les doigts, juste pour frôler le dos de sa main, précautionneux comme s’il risquait de le briser.
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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyJeu 13 Avr - 15:46



Are you coming to get me now?
Lenny & Ariel
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Les yeux rivés sur mon téléphone afin de ne pas céder à l’envie de m’endormir, je relis le message de Lenny. Il va venir me chercher et je m’accroche à cette idée parce que sinon, j’aurais dû rentrer tout seul dans cet état et autant  dire que je risquais de passer la nuit dehors à errer. Parce que je n’ai plus l’esprit très clair, ma tête tourne encore beaucoup trop. Et je suis sur le point de céder, de me laisser un peu de repos, un peu de répit quand Lenny apparaît soudain devant moi, à genoux. Dire qu’il a l’air inquiet serait tellement loin de la vérité, que l’espace d’un instant, j’oublie ma douleur pour me pencher vers lui. Il tente de signer, mais ses mains tremblent, il semble si perdu que je me sens immédiatement coupable de l’avoir mêlé à toute cette histoire. La prochaine fois, je demanderais à River de venir me récupérer. Parce qu’il y aura forcément une prochaine fois, autant ne pas se mentir. Mais il n’y a rien de pire que de voir les yeux de Slight se remplir de larmes. Face à sa détresse, je me sens désemparé. « Je suis désolé. Je ne me souviens plus des signes. » Je souris, pour le rassurer mais aussi parce que sa détresse me touche. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’intelligence de Slight n’a rien d’une tare, au contraire, il en use pour découvrir ce que peu prennent la peine d’apprendre. Bien sûr, il n’est pas le seul de la bande à avoir appris quelques signes, mais il est  sans aucune doute celui qui met le plus de cœur à l’ouvrage, au point de se retrouver paniqué à l’idée de ne plus se souvenir des signes qu’il connaît pourtant par cœur. « J’ai apporté de quoi m’occuper de toi » Et sur ces mots, il vide son sac sous mes yeux, comme pour me montrer qu’il a pensé à tout. Même si, soyons honnête, je n’ai pas douté une seconde qu’il saurait quoi emporter pour me soigner. « il faut que tu me dises où tu as très mal. Tu penses que tu as quelque chose de cassé ? » Ses doigts frôlent le dos de ma main, comme s’il craignait de me faire mal.

Ignorant un instant mes blessures, je plonge mon regard dans le sien. « Lenny… Ne panique pas, ce n’est rien, je m’en remettrais. » Et comme pour appuyer mes dires, je lui adresse un vrai sourire, celui qu’il connaît bien puisqu’il le voit souvent plaqué sur mes lèvres quand il est dans les parages. Dis comme ça, ça peut paraître niais mais il dégage quelque chose, Lenny. Et il n’en a même pas conscience, ce qui le rend encore plus attirant. Mais si j’attrape doucement ses mains dans les miennes, ce n’est pas pour lui avouer que je le trouve drôlement sexy, mais plutôt pour tenter de calmer les tremblements qui parcourent son corps et pour le rassurer comme je peux. Je n’ai jamais été très doué pour ça, malheureusement. « Tu es là maintenant, je vais aller mieux. J’ai juste pris quelques coups, je suis un peu sonné. » Alors que je délaisse une de ses mains, mes doigts viennent effleurer sa joue, dans un geste qui se veut rassurant. « Je vais te montrer là où j’ai le plus mal. » Parce qu’il peut bien sûr voir les marques sur mon visage, mais la plus grosse ecchymose s’étale sur mon torse au niveau des côtes. Et pour qu’il puisse la voir, je soulève mon pull et mon tee-shirt, dévoilant ainsi ma peau qui prend déjà des teintes violacées. « Je ne sais pas si j’ai une côte cassée ou si c’est juste des bleus. Mais la pire douleur vient de là, c’est sûr… » Malgré mes dents serrées, je tente de garder un visage souriant pour ne pas qu’il s’inquiète davantage. Et pour lui faciliter la tâche, je décide de retirer les deux couches de vêtements – non sans grimacer sous les élancements douloureux qui se manifestent à chaque mouvement -  afin qu’il puisse me soigner au mieux. Même si je ne suis pas sûr que la pommade suffise, ça sera déjà mieux que rien. « J’aurais dû te le dire plus tôt mais… Merci d’être venu ! » Avant qu’il ne puisse réagir, je me penche vers lui et je dépose un petit bisou au coin de ses lèvres. Comme par erreur. Mais une belle erreur alors.

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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptySam 15 Avr - 14:17

Lenny se sent stupide, bien sûr, il aimerait pouvoir être aussi professionnel qu’un médecin urgentiste et ne pas se laisser déstabiliser par l’état d’Ariel. Et pourtant, il a l’air d’être plus mal en point que le vrai blessé, là, et le comble du comble, c’est que le blessé en question tente de le rassurer tant bien que mal. Ariel doit être habitué à ce genre de situations. Il fait exactement comme lui quand il se faisait tabasser à la sortie de l’école, il respirait un grand coup et relativisait, et ne racontait rien du tout à ses tuteurs lorsqu’il rentrait à la maison, eux qui s’imaginaient qu’il avait un tempérament bagarreur. C’est vrai que se recroqueviller sur le sol en attendant que ça passe était signe d’une personnalité violente. Il ne sait pas pourquoi ça le chamboule autant, au fond. Enfin, si, il le sait : il tient à Ariel. Il ne veut pas qu’il souffre ou qu’il soit en danger. C’est logique, quand on aime quelqu’un. Il essaye de rassembler le peu qui lui reste de sang-froid, les paupières closes alors qu’Ariel attrape ses mains comme pour en calmer le tremblement. Il faut qu’il se calme, il ne sera d’aucune utilité, sinon, et Ariel regrettera sûrement de l’avoir fait venir. Il rouvre les yeux en sentant ses doigts contre sa joue, pour observer le bleu qui s’étale déjà sur la peau d’Ariel. Il grimace. Ça lui rappelle l’hôpital et ses propres côtes brisées, tout aussi brisées que son amour-propre. Il sait que tout ce que dit Ariel ne sert qu’à le rassurer, à lui faire croire que tout va bien alors que, non, ça ne va pas du tout, mais il fait de son mieux pour ne plus rien laisser paraître de son angoisse, prenant de longues bouffées d’air parce que c’est une des meilleures techniques de relaxation. Il a lu ça quelque part. Il réussit même un minuscule sourire au moment où Ariel dépose un baiser trop près de ses lèvres, qui lui fait monter le rouge aux joues. « C’est normal. Je serai toujours là pour toi, tu le sais ? Je suis désolé d’avoir stressé autant, j’étais vraiment très inquiet. Ça va aller maintenant, je vais m’occuper de toi et on va rentrer. » Sa voix défaille encore un peu, mais heureusement, Ariel ne peut pas l’entendre. Il se frotte les yeux pour effacer toutes traces des larmes qui menaçaient de couler quelques secondes plus tôt.

Il se penche pour mieux examiner l’étendue des dégâts. Ça n’a pas l’air bon du tout, mais il n’ose pas le toucher de peur de lui faire mal. Il tend la bouteille d’eau et un comprimé d’antidouleur à Ariel avant d’étaler la pommade le long de ses côtes, le plus doucement possible. Il applique ensuite la poche de froid, se répétant constamment dans sa tête qu’il ne doit pas paniquer. « Tiens ça tout contre toi », dit-il en redressant la tête vers lui, les sourcils froncés. « Ça te fait très mal quand tu respires ? Sur une échelle de un à dix ? Ne dis pas un pour me préserver. Je pense qu’on devrait aller à l’hôpital… » Il réfléchit tout en continuant de prendre soin d’Ariel, désinfectant avec précaution deux ou trois blessures sur son visage et y collant de jolis sparadraps. « Mais on ne peut pas vraiment... » Il regarde ailleurs, les lèvres pincées, essayant de trouver la meilleure solution. S’ils vont à l’hôpital tous les deux, ça sera suspect. Même si ce n’est pas immédiat et même s’ils montrent leurs fausses cartes d’identité, on leur demandera tôt ou tard d’appeler leurs familles. Et s’ils refusent, même en supposant qu’on les croie quand ils disent être majeurs, ça sera suspect. Les hôpitaux ont probablement les signalements des enfants disparus, en plus. C’est beaucoup trop risqué. Il ne veut pas retomber dans le système et il est certain que c’est pareil pour Ariel, peu importe ce qu’il a fui. « On devrait retourner à l’appartement. Peut-être que Peter connaît quelqu’un. » Il n’aime pas trop compter sur Peter pour tout, Lenny, mais ils n’ont pas trop le choix. Ils sont encore des enfants aux yeux du monde, et ils n’ont pas le droit de vivre seuls. Il défait son écharpe pour l’enrouler autour du torse d’Ariel pour y fixer la poche de froid, histoire qu’il n’ait pas à la tenir en permanence, puis récupère ses vêtements pour l’aider à les lui remettre, faisant comme s’il n’avait pas du tout été perturbé par sa peau nue. Professionnalisme. Il remballe les affaires dans son sac à dos, se relève et tend les bras pour l’aider à se relever. « Viens, il faut qu’on sorte d’ici avant la nuit, ce quartier est très effrayant. »
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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyDim 7 Mai - 0:25



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Les joues rouges, le cœur en déroute, j’évite soigneusement son regard quelques secondes, un peu gêné. J’aurais aimé être capable de l’embrasser pour de vrai, de lui dire à quel point ça compte pour moi qu’il soit venu à mon secours, lui plus qu’aucun autre. Mais je ne peux pas, parce que je ne suis qu’un lâche plus enclin à prendre une bonne raclée qu’à avouer ce qu’il ressent vraiment. Et pouvoir fixer ses lèvres sans qu’il devine à quel point je les trouve belles et attirantes est  surement le principal avantage d’être sourd. « C’est normal. Je serai toujours là pour toi, tu le sais ? Je suis désolé d’avoir stressé autant, j’étais vraiment très inquiet. Ça va aller maintenant, je vais m’occuper de toi et on va rentrer. » Savoir qu’il sera toujours là pour moi suffit à me rassurer. Parce qu’il était inquiet alors il doit tenir un petit peu à moi et c’est déjà beaucoup. Surtout qu'il essaie d’être fort pour moi en essuyant les larmes qui perlaient dans ses yeux. Il se ressaisit avant de venir examiner l’étendue des dégâts. Son diagnostic ne doit pas être très rassurant parce qu’il me tend d’abord une bouteille d’eau et un cachet, que j’avale sans rien demander. Au fond, j’ai plus confiance en lui que je ne veux bien l’avouer. C’est pour ça que je l’ai appelé. Troublé, je l’observe alors qu’il étale délicatement de la pommade sur mes côtes. Ses doigts effleurent à peine ma peau pour ne pas accentuer la douleur et ce contact léger et froid éveille une multitude de frissons, qui ne risquent pas de s’estomper lorsqu’il me pose une poche glacée sur le torse. « Tiens ça tout contre toi »  Je m’exécute sans rechigner même si le froid me brûle presque la peau. « Ça te fait très mal quand tu respires ? Sur une échelle de un à dix ? Ne dis pas un pour me préserver. Je pense qu’on devrait aller à l’hôpital… » Ne voulant pas l’inquiéter malgré sa demande de ne pas l’épargner, je réfléchis. Je n’ai jamais vraiment su répondre à ce genre de question. Parce que je ne sais pas jusqu’où peut aller ma douleur et j’espère ne jamais en atteindre la limite. Mais une chose est sûre, je ne veux pas aller à l’hôpital et prendre le risque qu’ils appellent la police. Lenny doit s’en rendre compte parce qu’il arrive à la même conclusion que moi. « Mais on ne peut pas vraiment... » Alors que j’acquiesce doucement, j’esquisse un petit sourire qui se veut rassurant. Parce que je ne pense pas que l’hôpital soit indispensable. Même si j’ai une côte cassée, on trouvera sûrement un médecin ou un infirmier pour me soigner dans la plus grande discrétion. « Je n’ai pas si mal que ça. Je dirais 5 par là. » Je ne sais pas si c’est vrai, mais ça me semble être un bon compromis. Et c’est le premier chiffre qui me vient à l’esprit qui ne soit ni un mensonge, ni trop alarmant.

« On devrait retourner à l’appartement. Peut-être que Peter connaît quelqu’un. »
Qu’il mentionne Peter ne me rassure pas vraiment, mais peut-être que si c’est lui qui lui demande de l’aide alors il sera conciliant. Dans tous les cas, j’espère que j’aurais les moyens de me payer ce service… Avec Peter, rien n’est jamais gratuit. Mais Lenny lui, est vraiment attentionné avec moi et il se sert de son écharpe pour attacher la poche de glace contre mon torse avant de m’aider à me rhabiller. L’opération n’est pas évidente et m’arrache quelques gémissements de douleur mais on finit par y arriver quand même. Peu mécontent de quitter enfin cet endroit, je ramasse mon téléphone et mon sac avant de me relever avec son aide. « Viens, il faut qu’on sorte d’ici avant la nuit, ce quartier est très effrayant. » Je comprends sa peur, ce quartier n’est déjà pas très fréquentable le jour, mais une fois la nuit tombée, on risquerait de faire une mauvaise rencontre. Une de plus. « Je n’aurais peut-être pas dû te dire où j'étais… Je te force à venir dans un quartier dangereux pour rattraper mes conneries… » Et je me sens réellement coupable d’être aussi con. Mais maintenant c’est trop tard pour revenir en arrière alors j’essaie de l’entrainer vers la sortie sans le ralentir à cause de mes blessures. Ce qui n’est pas aussi simple que je l’avais espéré. Mais je serre les poings pour ne pas m’arrêter sinon on ne pourra jamais rentrer avant la nuit. « Je suis désolée, je vais nous ralentir… » Mon regard vacille de son visage jusqu’à la porte du bâtiment qui se trouve devant nous. Je ne veux pas manquer un seul mot qu’il pourrait prononcer et je suis habitué à être alerte. Même si je sais que Lenny est du genre à faire attention à ce genre de détail. Mais mon état l’a sûrement trop inquiété pour qu’il récupère ce genre de réflexe. « Si la nuit tombe, tu pourras partir devant, aller chercher de l’aide. » A présent, la rue me semble hostile. La dernière fois que j’ai longé ce trottoir, j’étais tiré par cette bande de gros bras prêts à me donner une bonne leçon. Et je sais que traîner dans les environs quand le soleil sera couché n’est pas une très bonne idée. Alors je dois à tout prix convaincre Lenny de ne pas rester avec moi. Parce que je ne me pardonnerais pas si mes agresseurs revenaient et qu’ils décidaient de le punir juste parce qu’il est venu m’aider. « Je ne veux pas que tu sois en danger à cause de moi… » En vrai, je ne veux pas qu’il soit blessé tout court, mais je ne sais pas si je peux lui dire. Même si j’ai conscience de ne pas être réellement discret à propos de l’intérêt que je lui porte. Le plus important pour le moment, c’est de le convaincre de se mettre à l’abri si jamais tout se complique, même si ça implique de me laisser derrière lui. Au pire, je me poserais dans un coin tranquille en attendant qu’il revienne avec du renfort. « Je suis sérieux hein, et si jamais tu entends quelque chose d’inquiétant, ne prends pas de risque Lenny… » Je sais qu’il n’est pas du genre à jouer les héros, mais il a l’air de se sentir responsable de moi, parce qu’il est venu me chercher, parce que je suis blessé. Alors que tout ce qui m’est arrivé est en réalité ma faute. Je n’ai pas réfléchi, j’ai pensé que me faire un peu plus d’argent valait la peine de tenter le coup. Et ce n’était pas le cas. Lenny n’a pas à payer pour ça.

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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyMer 17 Mai - 0:59

Cinq. C’était absurde de demander. Ce n’est jamais facile d’évaluer sa douleur, et il ne sait pas si Ariel a baissé le chiffre ou non pour l’épargner. Ça ne l’avance à rien, donc. De toute façon, ils ne peuvent clairement pas aller à l’hôpital. Ce n’est même pas une option viable, pour eux, avec leurs têtes de gosses, ce serait un retour direct dans les limbes du système. Il le soutient jusqu’à la porte, un bras passé autour de son épaule, un peu rassuré parce que le soleil ne s’est pas encore couché. Il fait attention aux expressions d’Ariel, pour être sûr qu’il n’a pas trop mal pendant qu’ils se déplacent, mais il s’inquiète même s’il ne décèle rien sur son visage. Il pourrait très bien faire le fort pour le ménager, le connaissant, et ses paroles ne font que confirmer cela. Lenny écoute, tout en surveillant les alentours, à la recherche de tout mouvement suspect ou d’ombre qui rôde. Il est paranoïaque, Lenny, et il panique vite, mais il tient bon pour Ariel, laissant à peine une grimace déformer sa bouche en entendant l’écho de leurs pas. Le bâtiment dans lequel ils sont fait sûrement office de squat pour les drogués du coin, c’est glauque, à l’écart et ça a l’air de tenir miraculeusement debout. Il préfère s’éloigner rapidement de cet endroit morbide. Ils arrivent enfin dans la rue et il n’y a pas un chat, pas d’individus étranges, et Lenny retient un soupir de soulagement trop évident. Il se tourne vers Ariel qui l’exhorte toujours à l’abandonner et, un court instant, infime, il dépose un baiser sur ses lèvres, juste pour le faire taire. C’est stupide et impulsif, il n’a pas vraiment réfléchi, pas vraiment préparé, mais ça émane complètement de lui-même, de son esprit logique qui a voulu répondre un peu trop vite à comment faire taire Ariel efficacement. Ça ne l’empêche pas de rougir violemment au moment où il se rend compte de son geste, reculant légèrement sans pour autant le lâcher. Parce qu’il aimerait pouvoir dire que c’était gratuit et sans conséquence, mais ça ne ressemble pas trop à Lenny, ça. « Pardon. Je voulais juste que tu te taises. » Il se force à sourire, gêné et détourne le regard quelques secondes.

Il se donne un peu de temps pour reprendre ses esprits avant de se remettre face à Ariel, pour qu’il voie bien sa bouche. Il n’essaye pas de faire les signes, parce qu’il a une main toujours occupée à tenir Ariel et qu’il est encore trop troublé pour se rappeler calmement. « Ariel, je ne te laisserai pas tout seul ici. Il pourrait y avoir une invasion extra-terrestre ou une chute de météorites, je ne te laisserais quand même pas tout seul ici. Ça va aller, on va rentrer et tout ira bien. » Il l’embrasse sur la joue, délicatement, en faisant bien attention de ne pas lui faire mal. Il a peur qu’Ariel se dise qu’il n’est pas important pour lui, qu’il peut être laissé derrière comme ça. Mais Lenny n’abandonnerait quelqu’un pour rien au monde, surtout pas Ariel, jamais il ne reproduirait ce qu’on lui a fait subir toute sa vie. « Je sais que j’ai l’air lâche et peureux et fragile– » Il marque une pause, roule des yeux. « Bon, je le suis clairement, mais j’ai l’habitude, promis. » L’habitude de quoi, il ne sait pas trop lui-même ce qu’il voulait entendre par là. D’avoir peur ? De se faire tabasser le cas échéant ? Sans doute. Ça ne veut pas dire qu’il aime ça, et ça ne sert probablement pas à grand-chose pour rassurer Ariel. Il lui frotte le dos gentiment pour joindre un geste à ses paroles. « Ça va aller », répète-t-il, comme pour s’en convaincre lui-même. « On va aller jusqu’au bout de la rue, et là on trouvera sûrement un taxi pour rentrer plus vite. J’ai de l’argent, donc tout va bien. Tu tiendras jusque-là ? Tu peux t’appuyer sur moi autant que tu le veux, d’accord ? » Il place à nouveau son bras correctement pour l’aider à marcher et commence à avancer, lentement, avec précaution, gardant le regard rivé sur l’objectif. Le bout de la rue. Ils trouveront un taxi. Tout ira bien.
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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyMer 17 Mai - 4:32



Are you coming to get me now?
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C’est un peu comme dans un rêve que j’aurais fait des milliers de fois. Un rêve que je connais si bien que je ne sais plus si je l’imagine encore où si cette fois c’est bien réel. Est-ce que les lèvres de Lenny se sont bien posées sur les miennes ou est-ce que leur chaleur est devenue familière au fil des fantasmes ? C’était si rapide que je pourrais tout aussi bien l’avoir rêvé. Parce que je ne m’y attendais pas. Jamais je n’aurais cru qu’il voudrait m’embrasser. Bien qu’il ait toujours été gentil avec moi, il n’y a jamais rien eu de plus. Juste de la gentillesse, parce que Lenny n’est pas du genre à se montrer méchant gratuitement. Mais il n’y a jamais rien eu d’autre que cette amitié, et les cours qu’il me donne pour ne pas que je me retrouve sans diplôme. Il n’y avait que moi qui le dévorais des yeux en silence, profitant de pouvoir fixer ses lèvres sans qu’il ne trouve ça étrange. Mais ce baiser, aussi furtif soit-il, c’est quelque chose de nouveau et mon cœur s’emballe dans ma poitrine. Mes joues se teintent de rouge et soudain j’ai chaud, j’en oublierais presque la douleur alors que je souris bêtement. Du moins, jusqu’à ce qu’il me dise la vérité… « Pardon. Je voulais juste que tu te taises. » Et c’est comme un étau qui se resserre dans ma poitrine alors que je lis chaque mot sur ses lèvres. Bien sûr, ce n’était pas un vrai baiser ! Qu’est-ce que j’espérais ? Soudain, je déteste mes rêveries. Je déteste mes fantasmes stupides qui se mélangent bien trop avec la réalité. Et je baisse les yeux, fixant un instant le trottoir usé sous mes pieds. Parce que je ne veux pas qu’il voit la déception dans mes yeux et la tristesse qui a remplacé le sourire sur mes lèvres. Même si je sais que c’est déjà trop tard. J’ai toujours eu du mal à cacher mes émotions. Pourtant, j’essaie de donner le change et lorsque je relève la tête, je souris à nouveau, comme je peux, comme si je trouvais ça amusant qu’il m’ait fait taire d’un baiser. A présent, il me fait face - sans pour autant - me lâcher et je reprends mes habitudes en fixant ses lèvres, même si ça me complique les choses de connaître leur goût. « Ariel, je ne te laisserai pas tout seul ici. Il pourrait y avoir une invasion extra-terrestre ou une chute de météorites, je ne te laisserais quand même pas tout seul ici. Ça va aller, on va rentrer et tout ira bien. » Sur ces mots, il m’embrasse sur la joue cette fois, et j’essaie de lui adresser un sourire plus convainquant pour le rassurer. Parce que ce n’est plus vraiment pour moi que je m’inquiète depuis qu’il est venu m’aider. « Je sais que j’ai l’air lâche et peureux et fragile– » J’ai envie de lui dire que c’est  normal d’avoir peur, parce que j’ai souvent peur moi aussi. Mais lui il a d’autres atouts, il est intelligent et toutes ces connaissances qu’il a accumulé, elles sont bien plus utiles qu’il ne peut l’imaginer. En réalité, c’est comme ça que je le vois, mais il l’ignore sûrement. « Bon, je le suis clairement, mais j’ai l’habitude, promis. » Pour être honnête, je ne sais pas si c’est moi ou lui qu’il cherche à rassurer mais je garde cette pensée pour moi. Il doit sûrement avoir besoin de dire tout ça à voix haute. Et puis voir ces mots sortir de sa bouche, ça m’encourage à me montrer fort moi aussi et je sais que je vais en avoir besoin.

Sa main vient frotter mon dos dans un geste doux qui se veut réconfortant. Mais ça me donne plutôt le sentiment gênant qu’il me voit comme un enfant et je ne parviens pas à garder le sourire, malgré mes efforts. « Ça va aller » Distraitement, je hoche la tête, sans grande conviction. J’ai seulement hâte de pouvoir rentrer et dormir un peu.  « On va aller jusqu’au bout de la rue, et là on trouvera sûrement un taxi pour rentrer plus vite. J’ai de l’argent, donc tout va bien. Tu tiendras jusque-là ? Tu peux t’appuyer sur moi autant que tu le veux, d’accord ? » Et tandis qu’il passe son bras sous le mien pour m’aider à avancer, je tente de fixer mon regard sur le bout de la rue, comme pour me donner un objectif. Même si je sais que les nuits – et même les jours – à venir vont être difficiles, j’ai hâte de pouvoir rentrer et que nous soyons tous les deux en sécurité. Surtout Lenny. Parce que je ne risque plus de me sentir en sécurité avant un moment après ça. Mais je me connais, ça reviendra. « D’accord ! Ne t’en fais pas, je tiendrais jusque-là, je suis plus fort que j’en ai l’air. » C’est sûrement faux, mais j’ai envie de le croire. Juste pour ce soir. Parce que si je cesse de m’en convaincre, j’ai peur de m’écrouler et de ne plus pouvoir me relever. Alors, je n’y pense pas et je marche. Le bout de la rue ressemble de plus en plus à une ligne d’arrivée, à la fin d’une course contre moi-même. Et de temps en temps, je regarde le visage de Lenny, pour pouvoir lire sur ses lèvres si jamais il souhaite me parler, mais aussi et surtout pour me donner du courage. Parce qu’il est avec moi ce soir et c’est tout ce qui m’importe pour l’instant. « Tu sais, je ne te vois pas comme quelqu’un de lâche… Je ne t’aurais pas demandé de l’aide si j’avais pensé ça de toi. » Et je pense chaque mot prononcé. Je ne dis pas ça pour lui faire plaisir ou pour le flatter. Malgré les sentiments que j’ai pour lui, je ne chercherai jamais à lui mentir pour le draguer ou quelque chose dans ce genre-là. D’abord parce que je ne sais absolument pas faire ce genre de trucs, mais aussi parce que ça ne me ressemblerait pas. Alors bien sûr, je sais qu’il n’est pas téméraire et que tout comme moi, il ne sait pas ce défendre quand des sales types viendraient l’emmerder. Mais il a eu le courage de venir jusqu’ici et personne d’autre n’aurait su comment soigner mes blessures. Il a bien plus de ressources qu’il ne peut l’imaginer. « C’est normal d’avoir peur. Tout le monde a peur. C’est ce qu’on fait quand on a peur qui compte… Et toi, tu es venu me chercher. C’était très courageux. » Lutter contre sa peur et l’empêcher de nous paralyser, c’est l’essence même du courage. Et je me surprends à sourire à nouveau, sincèrement sans avoir à me forcer pour ne pas qu’il s’inquiète. Instinctivement, je glisse mon bras dans son dos pour le caresser à mon tour. Parce que je veux qu’il sache que je suis là, que j’apprécie qu’il ait fait ça pour moi. « Je ne te remercierai jamais assez d’avoir fait ça pour moi. Parce que ya pas beaucoup de gens qui aurait pris le risque de venir me sortir de la merde dans laquelle je me suis fourré tout seul… » Je sais que je me répète, mais je veux qu’il comprenne à quel point c’est important et à quel point je suis reconnaissant pour ce qu’il a fait. Peut-être qu’à ses yeux, ce n’est pas grand-chose, parce qu’il pense qu’il est trop fragile pour pouvoir réellement sauver quelqu’un, mais je ne suis pas d’accord. Et alors que je m’arrête un instant, juste pour souffler un peu, je repousse une mèche de ses cheveux avant de déposer un baiser sur sa tempe. Je ne sais pas vraiment ce que je cherche à exprimer par ce geste, mais je n’ose pas l’embrasser, à cause de ce qu’il a dit après l’avoir fait alors je me contente de quelque chose de plus amical. Je ne suis pas encore prêt à prendre plus de risque. Pas tout de suite. « Tu es quelqu’un de fort, Lenny. J’espère que tu le verras un jour… Que tu te verras comme je te vois. » S’il se voyait vraiment à travers mes yeux, peut-être qu’il serait surpris. Mais c’est impossible alors en attendant, je devrais peut-être lui rappeler de temps en temps qu’il a des qualités qu’il ne soupçonne peut-être même pas. Cependant, maintenant que nous sommes arrivés au bout de la rue, notre priorité sera d’abord de trouver un taxi, pour ne pas avoir à trainer plus longtemps dans ce maudit quartier.

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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyDim 21 Mai - 14:54

Le bout de la rue semble enfin se rapprocher, même si ça a eu l’air de prendre une éternité, pour Lenny. Il a beau faire de son mieux pour garder un visage serein pour Ariel, c’est difficile de s’empêcher de sursauter à chaque bruit suspect, cri dans le lointain ou sons métalliques dont il préfère ignorer la provenance. Il frémit un peu plus à chaque fois, grimaçant avant de se souvenir de rester calme, calme, calme. Il se le répète mentalement, je dois être fort pour Ariel, je dois être solide pour Ariel, le cœur qui bat de plus en plus fort dans sa poitrine. Il tente de se concentrer sur les paroles d’Ariel, il essaye d’y croire, aussi, même si c’est difficile. Ça l’a pas toujours été, pourtant. Quand il était plus jeune, qu’il se faisait frapper par plus grand et plus fort que lui, il était persuadé qu’il valait mieux, à ne pas riposter, à refuser de s’abaisser aux poings, aux insultes gratuites, à la rage. Darja l’a éduqué ainsi, pour qu’il ne blesse personne et qu’il se montre toujours poli, quoiqu’il advienne. Il voyait ça comme une force, avant, mais après près d’un an passé chez Peter, il doute de plus en plus. Il se prend à se demander s’il n’est pas seulement lâche, au fond, qu’il pensait ça uniquement pour se sentir moins mal d’avoir peur et d’être incapable de riposter, de s’affirmer. Il n’a pas la trempe d’un Gandhi, quoiqu’il veuille, et les Lost Boys vont bien finir par élimer le reste de ses convictions. Ce n’est qu’une question de temps, pour Lenny, ça devient compliqué de ne pas se mentir à lui-même quand il se dit que tout ira bien, qu’il terminera ses études et qu’il aura la vie qu’il a toujours rêvé d’avoir, ou presque. Ça devient compliqué et ça lui brise le cœur, un peu, ça le rend nauséeux, tout ça, de continuer d’écrire à Darja que tout va bien dans sa nouvelle famille d’accueil. Il ne sait pas pourquoi il s’inquiète tant de sa réaction, quand elle saura qu’il a menti. Elle ne répond jamais à ses lettres, comme elle ne répondait pas à ses coups de fil à la prison du temps où il osait encore appeler. Il ne sait pas pourquoi elle a toujours tant d’importance, pourquoi il ne peut pas juste se caler dans la tête une bonne fois pour toutes que ce n’est qu’une meurtrière qui ne l’a jamais aimé. Jamais.

Il soupire, Lenny, de désespoir et de soulagement mêlés, alors qu’ils atteignent l’endroit qu’il a désigné quelques minutes plus tôt, alors qu’Ariel dépose un baiser sur sa tempe, et qu’il presse légèrement sa peau contre ses lèvres, en penchant doucement la tête de son côté, les yeux clos pour une seconde. Une larme perle, et il l’essuie, à la va-vite, en espérant qu’il n’ait rien vu. « C’est gentil », souffle-t-il, même s’il ne peut pas dire oui, c’est vrai, tu as raison, même si s’en sortir est devenu plus essentiel que d’être quelqu’un de bien, ces derniers temps. Il oublie de regarder Ariel en face, trop anxieux à l’idée de lui montrer son visage, son regard triste, tout en l’aidant à s’appuyer contre le mur le plus proche. Presque trop consciencieusement, il se met à observer la rue et les quelques voitures qui passent. Aucun taxi à l’horizon. La poisse. Il sort son téléphone portable et entreprend de trouver la dernière compagnie de taxi qu’il a appelée. Ça n’arrive pas souvent, forcément, il ne roule pas sur l’or, c’est un peu une règle d’or, pour tous ceux qui s’entassent chez Peter. Donc quand il pleut, il réfléchit à deux fois avant d’appeler un taxi, et, souvent, il opte pour marcher en longeant les murs, le col de sa veste remonté sur sa tête. Il se retourne vers Ariel, un peu plus certain que ses émotions ne transparaîtront plus. « As-tu le numéro d’une compagnie de taxi, par hasard ? » Il signe, tant bien que mal, surtout parce que ça l’aide à penser à autre chose, à présent, et qu’il tremble beaucoup moins. Il hésite à ajouter quelque chose, se mordillant la lèvre inférieure, mais lâche prise, au bout d’un moment : « Tu sais, Ariel, tu pourras toujours compter sur moi. J’aimerais tellement juste pouvoir vous aider mieux que ça, tu vois ? Toi, et Jael, et Sasha, et j’ai l’impression que je ne vais jamais y arriver. » Il a toujours voulu être optimiste, Lenny, toujours fait de son mieux pour l’être, pour se dire qu’il pouvait changer les choses, changer le monde, que toute sa vie jusqu’à maintenant ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Mais s’il était vraiment optimiste, il ne pleurerait pas tous les soirs, en se demandant s’il a sa place quelque part.
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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyMar 23 Mai - 2:07



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Cette larme au coin de ses yeux, aussi furtive qu’un battement de cil, elle ne m’a pas échappé. Elle a ouvert une faille, laissant la tristesse se loger quelque part au fond de moi. Et j’aurais voulu pouvoir l’essuyer avant qu’il ne le fasse, avant qu’elle ne disparaisse. « C’est gentil » Mais je sens bien qu’il me cache quelque chose, qu’il ne veut pas me regarder en face. Alors comme pour se donner une contenance, il m’aide à m’appuyer contre le mur. Et je reste là, à l’observer tandis qu’il cherche désespérément un taxi, au point de sortir son téléphone sûrement pour en appeler un, en dernier recours. Bien que j’ignore comment ça marche en réalité. Finalement, il se tourne vers moi, acceptant enfin de me regarder à nouveau. « As-tu le numéro d’une compagnie de taxi, par hasard ? » Reprenant ses habitudes, il a  utilisé la langue des signes. Mais je n’ai jamais pris le taxi et je ne pourrais pas les appeler de toute façon même si je voulais. Mais peut-être qu’ils acceptent de recevoir des textos, je ne sais pas, je n’ai jamais eu l’occasion d’essayer. Et c’est ce que je comptais lui répondre, quand je remarque qu’il se mord la lèvre nerveusement, comme si quelque chose le dérangeait. « Tu sais, Ariel, tu pourras toujours compter sur moi. J’aimerais tellement juste pouvoir vous aider mieux que ça, tu vois ? Toi, et Jael, et Sasha, et j’ai l’impression que je ne vais jamais y arriver. » Surpris, je fronce légèrement les sourcils avant de m’écarter du mur, boitant doucement jusqu’à lui. Pendant quelques secondes, je l’observe sans dire un mot, mon regard rivé dans le sien. J’essaie de comprendre pourquoi il ne voit pas ce que je vois, pourquoi il a l’impression d’être inutile, alors que toutes ses qualités me donnent l’impression que je ne serais jamais assez bien pour lui. « Je ne comprends pas… » Ma main s’empare de la sienne alors que mes doigts caressent doucement sa peau. « Je sais que je peux compter sur toi. T’es le mec le plus intelligent que je connaisse et on a toujours besoin de toi et de ton savoir. Parfois, je me demande comment on ferait sinon… Et puis t’es plus courageux que tu l’imagines, parce que t’es là, et je sais que t’as peur. Moi aussi j’ai peur, parce que je ne pourrais pas encaisser une autre attaque, parce que je ne pourrais pas nous protéger. Alors certes, tu n’es pas un superhéros avec une grande force physique. Mais ce n’est pas ce qu’on attend de toi, Lenny. Tu es parfait comme tu es… Et ça me rend triste que tu ne le vois pas et que tu te dénigres à ce point, alors que… »

Je marque une pause, j’hésite, le cœur comprimé dans ma poitrine, comme s'il était pris dans un étau. C’est douloureux, j’ai envie de fuir, de garder le silence et de ne jamais lui avouer ce que je ressens réellement. Parce que c’est effrayant, parce que ça pourrait tout  changer. Mais en même temps, je ne peux pas laisser cette phrase en suspens, il pourrait croire que je suis à court d’imagination, que j’ai tout inventé. Pourtant, je pense chaque mot et je veux qu’il le sache, je veux qu’il me croie. « Alors que tu me plais comme tu es… Tu me plais vraiment, Lenny. Depuis longtemps. » Je suis sûr que ma voix tremble, parce que mes joues s’enflamment violemment et mon regard flanche un instant. J’ai peur de ce que je pourrais lire dans son regard. Parce que je sais qu’il n’a aucune raison de s’intéresser à moi. C’est Lenny. Il est trop bien pour moi, je l’ai su, dès le début. Lenny est intelligent, il a tout ce qu’il faut pour s’en sortir, pour faire de grandes choses. Et quand il sourit, mon esprit se vide et j’oublie parfois de respirer, je me laisse happer. Alors un mec comme moi ne peut que le tirer vers le bas, corrompre la pureté de son regard, sans aucune promesse d’avenir, juste le vide qui m’entoure. Parce que je détruis tout ce que je touche. Alors j’aurais sûrement dû me taire, ne jamais lui révéler mes sentiments. Et instinctivement, je lâche sa main, de peur qu’il ne le fasse en premier et qu’il cherche à fuir mon contact. Quelque peu paniqué, je lève furtivement les yeux vers lui, avant de me souvenir que je n’ai pas répondu à sa question. Je saisis l’opportunité de parler d’autre chose, et vite, avant que mes révélations n’alourdissent davantage l’atmosphère. « Désolé, je ne peux pas t’aider parce que je n’ai jamais pris un taxi, donc je n’ai pas de numéro à te proposer. De toute façon, je ne pourrais pas les appeler… Est-ce qu’on peut leur envoyer un message ? Je ne sais même pas si c’est possible, je n’en ai jamais eu besoin. » Un sourire gêné se glisse sur mes lèvres et je tente d’adopter une attitude plus décontractée, mais c’est peine perdue. Mon corps tout entier refuse de coopérer, paralysé par l’angoisse. Parce que maintenant que la vérité est sortie, je ne suis pas certain de vouloir connaître le fond de ses pensées.

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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyJeu 1 Juin - 0:07

Il a envie de répondre qu’il ne se dénigre pas, qu’il est réaliste, c’est tout. Lenny est rationnel, il essaye, en tout cas, même quand il en vient à se juger lui-même. Il sait quels sont ses défauts, quelles sont ses qualités, il sait qu’on peut compter sur lui, mais que c’est en partie parce qu’il est incapable de dire non. Il a envie de répondre ça, mais il se retient, parce qu’il ne veut pas blesser Ariel en lui démontrant par a+b qu’il a tort, surtout qu’il ne peut pas prétendre avoir la vérité vraie. Il faudrait qu’il soit à cent pour cent objectif concernant sa propre subjectivité. Il connait beaucoup de philosophes qui lui expliqueraient que ce n’est pas possible. Il secoue la tête et sourit doucement, fait comme s’il acceptait le compliment. Ce n’est pas le moment de débattre, pas le moment de donner un cours à Ariel, pas le moment de lâcher sa main pour faire les grands gestes qu’il fait toujours quand il veut argumenter. Il la serre, sa main, un peu trop fort, peut-être, parce qu’elle le rassure. C’est toujours rassurant d’être à deux et pas tout seul. Pour lui, en tout cas. « Merci. » Il se contente d’un simple mot, d’un simple signe, glissé dans le silence laissé par Ariel, lorsqu’il pourrait protester de mille façons. Il est trop stressé par toute cette situation pour se concentrer sur une chose aussi bête que d’appeler un taxi, il le sait. Il n’y a qu’à voir à quel point il tremblote en se repassant tous les numéros qu’il a appelés en espérant reconnaître celui de cette fameuse compagnie de taxi. Ariel n’en a pas, évidemment. Ce n’est pas vraiment le style des Lost Boys de faire le tour de la ville en taxi.

Et puis, il fronce les sourcils, légèrement, ne sachant pas trop s’il a bien entendu ou non. Il aurait dû mieux écouter au lieu de chercher vainement dans son répertoire. C’est absurde, pourtant ? Lui, plaire à Ariel ? Il est tout le contraire d’un garçon qui plaît, non ? Il n’a jamais attiré un seul regard, enfin, si, un seul, justement, et ça a mal tourné. Il rougit un peu, tente de trouver sa réponse dans le regard d’Ariel, mais celui-ci l’évite, apparemment, et Lenny ne sait pas quoi faire de cette information. Il ne sait jamais quoi faire en matière de sentiments et là, la situation lui semble assez inappropriée pour qu’Ariel ait réellement dit cela, ou du moins voulu dire cela. Il veut sans doute le rassurer, tout au plus. Ariel lâche sa main, et ses doigts cherchent encore les siens une seconde, stupidement. Il se demande ce qu’il a fait de mal. Ariel ne voulait probablement pas dire ça. Et le fait qu’il replonge tête baissée dans un sujet aussi banal que celui du taxi ne fait que confirmer son hypothèse. Il croit. Il préfère ne pas y penser, laisser ça pour plus tard. Ce n’était pas le moment de débattre avant, ce n’est pas non plus le moment de poser des questions à présent. Il commence à se faire tard et Lenny a trop d’angoisses à l’esprit pour pouvoir penser à plusieurs choses à la fois. Il verra ça plus tard, si jamais Ariel ramène cette discussion sur le tapis. Pas lui, il n’osera pas redemander, il le sait, pas après qu’Ariel ait voulu changer de sujet aussi visiblement. « Oui, on peut leur envoyer des messages, c’est pour ça que je te demandais. Ne t’inquiète pas, je vais retrouver ce numéro. » Il soupire et focalise son attention sur l’écran de son téléphone, se repassant l’historique de ses appels. Beaucoup de Caïn, Rhoan, et des autres Lost Boys. Il n’a pas beaucoup de contacts, pour quelqu’un de son âge, il le sait bien. Il finit par retrouver le numéro, le seul sans intitulé parmi les autres, et appelle après avoir vérifié qu’il a de quoi payer une course sur lui, s’éloignant un peu d’Ariel en faisant les cent pas. Il revient vers lui avec son sourire le moins paniqué. « Il arrive dans cinq minutes », il signe, assez heureux que cette escapade dans un quartier malfamé soit bientôt terminée.
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MessageSujet: Re: Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny   Are you coming to get me now? ▲ ft. Lenny EmptyVen 16 Juin - 13:45



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Cette peur je veux m’en débarrasser, je veux être plus fort, plus solide. Je ne veux plus poser un regard inquiet sur Lenny et au fond, je me mens parce que je veux vraiment savoir. Je veux savoir si je lui plais aussi, si par miracle il pouvait s’intéresser à moi comme je m’intéresse à lui. Mais je sais bien que non… Et plus les minutes passent, plus je regrette de lui avoir dit la vérité. Maintenant c’est un poids supplémentaire qui comprime ma cage thoracique, parce qu’il ne répond pas. Parce qu’il ignore mes mots comme s’ils n’étaient pas importants. Je sais que j’ai changé de sujet, que j’ai paniqué… Mais n’importe qui serait revenu sur ma déclaration et m’aurait donné une réponse, même négative. A moins que ce silence ne soit une réponse ? Soudain, ça me frappe. C’est douloureux. Parce que Lenny ne m’aime pas. Pas comme ça. Et je dois serrer les poings, serrer les dents pour ne pas pleurer alors qu’il rebondit en me parlant naturellement des taxis - comme si ça pouvait m’intéresser - et je l’écoute à peine… « Oui, on peut leur envoyer des messages, c’est pour ça que je te demandais. Ne t’inquiète pas, je vais retrouver ce numéro. » J’ai envie de hurler que je m’en fous ! Parce que ça n’a plus d’importance. Ni la douleur de mes blessures, ni le fait de devoir rapidement rentrer à l’appartement, tout ça me semble futile à présent. Alors je l’observe de loin, passer son appel, le souffle court. Finalement, j’ai hâte de rentrer, de me réfugier dans mon lit, pour ne plus avoir à affronter son regard, à affronter son indifférence. Et lorsqu’il revient, un sourire un peu moins inquiet aux lèvres, je suis toujours incapable de sortir le moindre son. « Il arrive dans cinq minutes » Toujours muet, je hausse vaguement les épaules, remarquant à peine qu’il est en train de signer. Malgré moi, j’ai du mal à dissimuler ma tristesse. J’ai un nœud au creux du bide et une sensation de vide qui me donne la nausée.

Heureusement, le taxi finit rapidement par se montrer et je ne cherche pas à cacher mon soulagement. Cette journée a été éprouvante. Bien plus que je ne l’aurais imaginé. Alors sans un mot, je me traîne jusqu’au taxi, réveillant la douleur qui me vrille les côtes. Mais c’est presque agréable, parce qu’elle éclipse presque tout le reste, elle me permet de penser à autre chose, de ne plus me poser des questions. J’aurais aimé qu’il soit plus clair, qu’il ne m’oblige pas à lire dans ses regards, dans ses silences. Je n’ai jamais été doué pour ça, pour l’amour en général. Peut-être que je ne suis pas fait pour ça. Peut-être que c’est pour cette raison que, même si je suis cherché par la police, ma mère ne s’est jamais réellement inquiétée pour moi. Je n’ai jamais eu besoin de changer de numéro de téléphone, elle n’a même pas essayé de m’appeler lorsque j’ai disparu, elle a simplement signalé ma fugue à la police, parce que c’est ce qu’elle devait faire. Mais mon beau père a dû lui dire qu’ils seraient mieux sans moi, sans le bordel que je mettais dans leur vie. Au fond, je sais que les gens que l’on aime nous déçoivent toujours. Et je ne devrais pas en être étonné ou même leur en vouloir, parce que j’ai déçu mon frère, je ne vaux pas mieux que les autres, au fond. Et puis, c’était stupide de ma part, de confier mes sentiments dans un moment pareil, alors que je venais de le mettre en danger à cause de mes conneries. Si j’avais voulu qu’il me rejette, je n’aurais sans doute pas fait mieux niveau timing.
Epuisé, j’appuie mon front contre la vitre tandis que le taxi démarre. Puis, je ferme les yeux, essayant de faire le vide dans mon esprit. En vain.

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