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 c'est vrai, je mens. (boo)

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Michael Healy

Michael Healy
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MessageSujet: c'est vrai, je mens. (boo)   c'est vrai, je mens. (boo) EmptyDim 4 Sep - 10:10

Ca faisait du bien de traîner ses vieilles savates dans les rues de Savannah. Un bien fou même. Ses converses all star noir, déchiquetées, avec des trous dedans d’ailleurs. Il avait ces chaussures depuis très longtemps, des années. Il les avait piquées dans un magasin une fois. Avec Bee. Tous ses meilleures souvenirs la concernaient. Michael ferma les yeux avant de se laisser envahir par cette peine immense, cette vague oppressante qui lui éclatait en pleine gueule chaque fois que le visage angélique de Bee lui revenait en mémoire. Aujourd’hui, ça devait être une bonne journée. Il le fallait. Il l’avait promis à Bee. Ce matin, dans la lettre qu’il lui écrivait. Aujourd’hui, ça va aller. Je vais sortir, sourire, piquer un porte-feuille ou deux dans la poche d’un « costume », ce soir je dormirais au squat avec Junior. Tout ira bien. C’est promis. C’est bête de faire des promesses à une fille morte. Mais ça l’aidait. De lui parler, de lui écrire, de canaliser ça quelque part, dans la pointe de son stylo bic par exemple. Il se donnait de petits objectifs, comme, sortir du foyer par exemple. Aujourd’hui devait être une bonne journée. Il le fallait. Histoire de se remettre droit dans son objectif, il se laissa tomber sur le banc public juste à côté. Il calla la canette de bière qu’il était entrain de boire entre ses cuisses et s’alluma une cigarette. Une fois fait, un tira une longue taffe, s’enfonça dans le banc et repris sa bière. Les gens lui lançaient des regards en coin. Il avait l’air dégueulasse, bourré et bizarre. Tout rentrait enfin à la normale.
Presque tout.
Putain c’est quoi ça ? Là. Juste devant.
C’EST QUOI CE BORDEL ?
Les yeux clairs de Michael était tombé nez à nez avec le poteau. Comme sur énormément de poteau en centre ville, des affichettes sur des chats disparus, des services de babysitter. Et là, par-dessus tout ça : Bee. Sa photo était en énorme, en A4, collée au scotch sur ce poteau. « HAVE YOU SEEN THIS WOMAN ? » qu’il y avait de marqué en grand, en rouge, au-dessus. En dessous une brève description de Bee, et puis un numéro de téléphone à contacter. Michael resta bloqué sur cette affiche pendant 10 grandes minutes. Il était clairement entrain d’halluciner. Ca y est, le deuil et la picole l’avait rendu fou, barge. Il n’était peut-être depuis le début. Peut-être que tout ceci n’était qu’une méga hallucination. Peut-être qu’il avait encore seize ans, qu’il était encore dans la cage de ses parents, ou dans la cave et qu’il subissait une torture si violente que son cerveau avait juste arrêté de fonctionner correctement. Il avait lu des histoires à ce propos. Parait que c’est possible. Au fond de son être, il aurait aimé que ça soit le cas. Car ça voulait dire qu’il aurait encore toute son innocence devant lui, tout le temps de fuir et d’être heureux. Bee ne serait pas morte et lui ne serait pas fou de chagrin. Michael se leva d’un bond, il renversa sa canette de bière au passage. Il alla se coller le nez contre cette affiche. Il toucha le poteau, comme pour vérifier qu’il était pas là, et il passa sa main sur le papier, sur la photo. Bee. Elle était là, parfaite, belle à en crever, avec ses jolis yeux, son sourire contagieux, ses cheveux blonds. Bee, elle était là, devant lui. Il n’avait pas de photo d’elle, même pas une seule. C’était la première fois qu’il revoyait son visage.
C’était la première fois qu’il revoyait Bee.
Une larme s’échappa du coin de son œil droit et poursuivit sa course folle jusqu’à sa joue. Un sourire fendit son visage. Elle était là, bel et bien là. Belle aussi. Surtout belle en fait. Putain, Bee ! Elle lui avait manqué. Chaque trait, chaque grain de beauté, chaque centimètre carré de sa peau lui avait manqué. Mais ce n’était qu’une photo. Inanimée, froide, en deux dimension. Rien qu’une stupide photo. Dans un mouvement d’humeur incontrôlé, Michael arracha l’affiche du poteau en rageant. Il déchira l’affiche en mille morceau qu’il envoya sur la route. Une voiture passa à ce moment-là et les fit disparaître. Mais il se rendit alors compte que la même affiche siégeait sur le poteau d’après, et encore celui d’après. Comme un dingue, il entreprit de toutes les arracher. Qui avait osé ? QUI PUTAIN ? Qui pouvait lui faire un truc comme ça ? Il foutait enfin les pieds hors du foyer et voilà qu’il tombait nez à nez avec… Avec elle. Alors qu’il allait déchiré un paquet de cinq affiches arrachées en même temps il se perdit à nouveau dans le regard vif de Bee. Il se remit à pleurer instantanément et se laissa tomber par terre en regardant le visage si parfait de celle qu’il avait un jour aimé, qu’il aimait encore, qu’il aimerait toujours.

Il ne savait pas ce qu’il foutait ici, ni pourquoi, ni ce qui lui était passé par la tête. Mais il avait appelé ce fichu numéro. Il ne savait pas à quoi s’attendre. A un parent inquiet qui avait cinq ou six ans de retard, ou que sais-je encore. Il était tombé sur une voix de femme, une voix qui lui était étrangement familière. Il avait assuré avec des informations à donner à cette fois concernant les affichettes. Parce qu’on annonce pas la mort d’une nana par téléphone, ça ne se fait pas. Qui que soit la femme derrière ces avis de recherches, elle attendait désespérément des nouvelles de Bee et méritait qu’on lui annonce sa mort dans les meilleures conditions possibles. Michael ignorait s’il était capable d’une telle chose. Mais cette fille connaissait Bee, et il fallait donc qu’il la rencontre. Bref, il ne savait pas ce qu’il foutait là, assit sur la banquette de ce café bobo. Sappé comme le clochard qu’il était encore au fond de son crâne, puant la bière et le tabac froid, il attendait. Il avait commandé un café et en versait la dose colossale de sucre habituelle. Et quand il leva la tête…. Imposs…ible. lâcha-t-il comme un idiot. Ses yeux brillaient, les yeux rouges des sanglots et de l’alcool trop ingurgitée. Il cligna plusieurs fois les yeux pour chasser son envie de chialer. Bee était là, juste devant lui. Une autre Bee, un peu différente mais… Mais c’était elle. Je…suis Michael. lâcha-t-il stupidement en tenant devant lui l’affiche qu’il avait arraché d’un poteau. Il n’avait pu se résoudre à la déchirer celle-ci, parce qu’au final, c’était la seule photo qu’il avait d’elle. Son regard bascula de la femme à la photo, puis de la photo à la femme. Be…Béatrice est votre sœur, j’imagine ? il avait ravalé le surnom. Il ne savait pas pourquoi. Peut-être avait-il peur. Peur qu’elle sache, tout :combien il l’aimait. Et comment il l’avait tué
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MessageSujet: Re: c'est vrai, je mens. (boo)   c'est vrai, je mens. (boo) EmptyDim 9 Oct - 22:26

my girl, my girl, don't lie to me, tell me where did you sleep last night? boo est face à la photocopieuse ; son affiche pour retrouver bee est merdique. elle a certainement changé en quatre ans, pris ou perdu du poids, le visage un peu plus creusé par la jeunesse qui s’évapore inexorablement, les cheveux courts ou longs, peut-être même tatouée ou percée de toutes parts. au fond, elle sait pas du tout si c'est la même bee qu'elle va retrouver, ou si c'en est une autre. son physique n'est qu'un détail c'est certain, sur le papier de ses lettres elle est restée la même personne ; sa complice, à boo, sa moitié. elle a récolté autant d'informations qu'elle pouvait au fil des échanges à sens uniques qu'elles avaient, des prénoms, des lieux, des anecdotes qui pourraient la guider vers celle qui serait sa salvatrice. parce qu'il y a que bee dans l'existence de betty. elle a personne d'autre, elle est son seul repère. la machine brûle sous ses doigts, et fait des bruits bizarres. ça va lui coûter bonbon, rien que d'en imprimer cinquante et d'acheter du scotch qui maintiendrait l'illusion quelques journées, avant que la pluie de ne les essore ainsi que ses espoirs. elle a plus que ça, boo, elle a déjà tenté de chercher dans la mairie voir s'il n'y avait pas de fille du nom de beatrice bolton dans un logement, n'importe où. introuvable, elle n'aurait jamais foulé le sol de savannah. elle a pas su quoi en dire, betty boo, elle s'est posée des questions par milliers. si sa sœur avait inventé cette histoire ? qu'elle n'était restée que quelques jours dans cette fichue ville, aurait été une nomade, lui aurait menti ? une part d'elle-même se brise, elle se sent trahie. mais que pouvait-elle espérer, après être partie avec tant de zèle, que la tache de trouver sa sœur serait si simple. elle vit dans une lubie, la pauvre petite boo, et ça lui revient en plein visage. alors oui, dans un dernier geste de désespoir, elle a fabriqué cette affiche de recherche de sa sœur, avec le mince sentiment qu'elle recevra une réponse. elle a dû s'acheter du crédit, sur son téléphone merdique mais avant tout incassable. elle le recharge quand elle peut, dans des macdos, des bars, des chiottes même.  c'est la vie qu'elle mène à présent, elle reproduit involontairement le schéma qu'a eu sa sœur quelques années auparavant. elle s'est seulement essayée à la délinquance en volant un ou deux fruits sur un étalage, la faim tenaillant son ventre ayant raison d'elle plus qu'autre chose. c'est l'bonheur simple, tout de même.
et le portable avait sonné; les doigts animés d'anxiété, et surtout d'espoir avaient décroché. un type, assurait en savoir long sur sa sœur. elle avait tremblé, demandé un prénom, proposé un rendez-vous. il était le seul fragile lien qui l'unissait encore avec bee, et encore s'il n'était pas un faux appel, ou pire, que le type en question s'avérait ne rien savoir sur beatrice. boo n'avait strictement rien à perdre, et quitte à occuper sa journée à rencontrer quelqu'un, cela serait toujours plus utile que de découvrir chaque rue de cette ville. honnêtement, cela avait été une véritable surprise d'entendre la sonnerie de cette antiquité, d'voir un numéro inconnu s'afficher. rien que ça, elle avait laissé sonné jusqu'au répondeur. elle avait rappelé immédiatement, les mots se heurtant contre ses lèvres à la recherche des termes les plus appropriés pour le tumulte d'émotions qui la balayaient. cette voix, c'était son morceau d'espoir. à présent, elle comptait un peu trop sur ce que ce garçon avait à dire, et la peur lui nouait le ventre. elle savait pas trop si elle était prête à entendre ce qu'elle avait toujours imaginé entendre de la bouche de sa sœur, des paroles pour combler ces quatre années parsemées de lettres à peu près toutes semblables. elle ne savait pas non plus qui était ce type pour sa sœur ; ami, petit-ami, collège, camarade, personne ? elle n'avait rien osé demandé, trop prise par l'émotion, et par le désir de plus d'informations, voire même le besoin. quatre ans, à n'avoir que des bribes de la vie que pouvait mener bee. des détails minuscules, noyés sous des "je vais bien, prote-toi bien", qui, malgré leur répétition, ne perdaient nullement en leur signification profonde. l'heure des révélations arrivait, malheureusement celle des déceptions aussi. boo n'oubliait pas la seconde partie de l'iceberg.
ce café était ce qu'elle avait trouvé de plus "décent" compte tenu de sa situation actuelle. elle n'avait pas de domicile, et si ce type était un employé chicos d'entreprise en costard et tout, elle aurait juste l'air d'une sale voyou crasseuse. ce qu'elle était en partie, il était clair. elle compta les dollars qu'elle avait, froissés dans le fond de sa poche, son seul trésor de la journée. elle pourrait avoir l'air moins pauvre avec ça, lorsqu'elle payerait son café, car elle refusait qu'il lui paye. c'était sa manière de voir les choses, elle ne souhaitait pas s'endetter et avoir des comptes à rendre, boo elle supportait pas ça. elle pousse la porte du café, balaye la salle du regard à la recherche du type qu'elle a eu au téléphone, s'il est là. elle a fait exprès d'arriver dix bonnes minutes en retard, même si réellement elle n'a fait que tourner dans le quartier pour créer l'illusion qu'elle était occupée. elle sait pas quel visage elle doit trouver, si c'est celui de ce mec de la trentaine avec son journal, ou celui du garçon de la vingtaine qui agite son petit café là-bas. elle décide de déambuler entre les tables, à la recherche de l'affiche par exemple, ou de n'importe quel point de repère. et là, ce jeune homme au café, il lève les yeux sur elle et c'est comme s'il venait de découvrir toute la vérité du monde rien qu'en ayant croisé son regard. elle en a même la chair de poule, tant c'était intense, l'espace d'une fraction de seconde. elle tourne des talons pour se rapprocher de lui, il semble bouleversé. betty boo pense à mille à l'heure. elle sait pas qui a été ce type dans la vie de bee, mais visiblement il est ou était important. il se présente, avant de lui présenter l'affiche merdique qui la fait rougir de honte. le regard empreint de mystère qui vient de la photo de sa sœur lui fait tout drôle, alors qu'elle a vu cinquante fois ce cliché, il la transperce toute entière et la glace. « enchantée... michael. » elle parle plus à personne, elle sait plus comment s'exprimer clairement, c'est l’ascendeur émotionnel dans sa pauvre boîte crânienne. il la dévisage, passe de la photo de sa honey bee à elle, et réciproquement. elle est mal à l'aise, et c'est pourtant pas la première fois qu'on les compare avec sa sœur, mais c'est différent cette fois. michael, puisqu'il faut l'appeler ainsi, remarque leur lien de parenté presque aussitôt, en même temps il faut vraiment avoir une mauvaise vue pour ne pas s'en rendre compte. bee a toujours eu les yeux plus pétillants que boo, et les cheveux plus sombres. on les a confondues mille fois, mais là, y'a que boo. boo sans sa bee. « c'est ça, beatrice est ma soeur. je suis betty. peut-être qu'elle vous a parlé de moi. » elle s'assoit finalement face à michael, qu'elle n'a pas encore dévisagé ; brun, yeux bleus, beau jeune homme, il sent la rue et a la dégaine d'y venir. d'un coup, boo se sent plus à l'aise, il est comme elle, en quelques sortes. les enfants du pavés. « je... je peux vous, enfin te, demander qui tu étais pour beatrice ? enfin qui est es pour bee. peu importe. » elle se retient de pleurer, de lui hurler de tout lui dire sur sa sœur, de ratrapper ce foutu temps perdu et de lui dire où elle se trouve.
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Michael Healy

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MessageSujet: Re: c'est vrai, je mens. (boo)   c'est vrai, je mens. (boo) EmptySam 5 Nov - 14:57

in the pines, in the pines, where the sun don't ever shine, I'll shiver the all night long + Il tremblait Michael. Chaque particule de son organisme le faisait souffrir. Parce qu'elles avaient été engourdi tellement de temps, comme plongées dans un coma quasi mortel, et qu'aujourd'hui la vision de cette fille les réveillait un à un. Et comme le sang et l'oxygène qui tentent de réanimé les tissus nécrosés ce survie de vie dans son enveloppe corporelle faisait mal. Autant que de voir une fille qui ressemblait à Bee, mais qui n'était pas elle. enchantée... michael. Qu'elle balbutia. Elle semblait capter l'intensité du moment, l'importance de cette confrontation. Mais elle ne pouvait pas savoir jusqu'où ça allait. Elle ne pouvait pas savoir sur que sa soeur était morte, que Bee était également l'amour de la vie de Michael, qu'il avait perdu le goût de tout maintenant qu'elle n'était plus là, et que c'était la première fois en des semaines qu'il retrouvait un sursaut d'envie de vivre. Parce que ça lui donnerait l'occasion de parler avec cette nana... et cette nana... Michael ferma les yeux. Ignorant la bienséance qu'il avait de toute façon oublié depuis longtemps, il sortit de sa poche un flasque, regarda autour de lui, et corsa son café. Désolée jeune fille, mais là il en avait cruellement besoin. Les présentations faites, Michael prit une gorgée de son café grimaça. De son côté la dénommée Betty confirmait l'impression qu'il avait d'être devant une réplique parfaite de son amour passé. 'est ça, beatrice est ma soeur. je suis betty. peut-être qu'elle vous a parlé de moi. Michael la regarda longuement. Non, absolument pas. Il n'avait jamais entendu parlé de cette fille. Mais rien d'étonnant, après tout, Michael n'avait pas mentionné Junior quand il avait rencontré Bee. Ils étaient deux inconnus, dans la rue, deux âmes de passages. Ils ne parlaient jamais du passé, ni de l'avenir. Avec le recul, leur conversation se résumait à chercher où dormir, quoi manger et qui voler. Ils ne parlaient ni de leurs sentiments, ni de leurs idéologies, ni même de projets. Parce qu'ils n'en avaient pas. Ils vivaient au jour le jour, voilà toute la beauté de vivre à la rue, marginalisés. C'est avec un peu d'hésitation, et la voix encore un peu fébrile, que Michael répondit : Non pas... vraiment. avant d'enchaîner sur une deuxième gorgée. Alors que Betty s'installait en face de lui, Michael tentait de faire le point. Elle avait encore de l'espoir dans la voix, bien que ça semblait irréel. Ca faisait tellement de temps que Bee vivait dans la rue, pourquoi se mettait-elle à sa recherche seulement maintenant ? Pourquoi est-ce qu'elle s'inquiétait, maintenant qu'il n'y en avait plus aucune utilité. Bee était...morte. L'espoir était mort, tout était mort. Mais voir cet éclat d'espérance au fond de ses yeux lui donnait l'occasion de croire qu'il y en avait. Comme un genre de jeu de rôle. Il eut un petit sourire vague, les yeux plongés dans son café sucré et alcoolisé. je... je peux vous, enfin te, demander qui tu étais pour beatrice ? enfin qui est es pour bee. peu importe. Demanda-t-elle subitement. Les yeux de Michael se voilèrent, voilà pourquoi il s'interdisait de la regarder, même si la tentation était très forte. Il avait envie de voir ses traits, car il les aimait tellement. Il aimait ses grands yeux clairs, ses cheveux dorés en bataille, sa bouche belle et ses joues. Il aimait l'arrête de son nez, la courbe de ses sourcils, sa mâchoire volontaire. Il l'aimait elle, ou du moins, la part de Bee en elle. Voilà pourquoi il ne pouvait pas la regarder. Car elle le verrait, combien il l'aimait, s'il la regardait. Elle verrait que Bee était tout pour Michael, et elle comprendrait qu'un truc horrible s'était produit. Et une fois qu'elle saurait la vérité, elle ne voudrait plus jamais voir Michael. Alors ça serait comme si Bee mourrait une seconde fois. Lorsqu'il rassembla assez de courage pour se remettre à parler normalement, il ferma les yeux une seconde, se concentra et la regarda d'un air tout à fait naturel, esquissa même un sourire désolé : Je ne la connaissais pas plus que ça, désolé. Enfin, si un peu... Elle est sympa comme fille, voilà... On squatte le même coin. Enfin, on squattait. J'suis parti vivre dans un foyer et... depuis je n'ai pas eu de nouvelle d'elles. Les mecs qui vivent encore dans la rue non plus, j'crois. J'imagine... qu'elle a changé de planque. Il s'était mis à parler rapidement pour ravaler sa peine, mais elle venait lui étrangler la gorge, l'empêchant de respirer. Sa vision se troubla. Il s'en voulait de lui mentir, il s'en voulait vraiment. Mais c'était... inimaginable d'annoncer la vérité. Qu'est-ce qu'il pourrait dire ? On était défoncés, Bee s'est faite fauchée par une voiture et on s'est barré en la lançant se vider de son sang ? Il n'arrivait même pas à y penser sans avoir envie de s'arracher la tête pour stopper cette torture, comment pouvait-il le dire à voix haute ? Comment pouvait-il le dire à la soeur de Bee ? Putain, fallait qu'il se reprenne. Il reprit une gorgée de son café, le termina par la même occasion et le reposa bruyamment sur la table en bois. Et.. Et toi quand est-ce que tu as eu des nouvelles d'elle pour la dernière fois ? Je... j'crois me souvenir qu'elle vivait à la rue depuis pas mal d'années... Il n'arrivait pas à croire qu'il se lançait à la recherche de Bee, qu'il allait enquêter sur sa disparition, qu'il allait courir après un fantôme. Il avait vraiment un problème. Si Junior apprenait ça, il allait l'envoyer dans un asile de fou, c'était sûr. Aller, juste quelques heures, on joue le jeu aujourd'hui, demain il lui dirait la vérité. Par SMS, comme un gros lâche, mais au moins, il n'aura plus jamais à la revoir. Il ne valait mieux pas y penser, maintenant. Surtout pas en fait. Je pourrais p't'être te montrer notre squatte, y aura peut-être un indice sur là où elle est partie... Enfin je sais pas. Si seulement elle était partie. Si seulement elle avait tout simplement fuit la ville et qu'elle vivait encore quelque part, que son rire résonnait encore contre les façades d'immeubles ou sous les ponts. Mais rien que d'y penser, le coeur de Michael se réchauffait, il se prenait au jeu. Un excellent jeu où il ne serait ni meurtrier, ni dépressif.
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